LES FANTASTIC FOUR DE MARK WAID (ET MIKE WIERINGO) AU FORMAT "POCKET"


 Avec l’arrivée du film consacré aux Quatre Fantastiques au cinéma, nombre de nouveaux lecteurs se sont penchés sur une question d’importance vitale : quelles sont les meilleures histoires du quatuor que l’on peut se procurer sans devoir contracter un prêt bancaire pour acheter tout ce qui mérite de l’être ? Très vite, une évidence s’est imposée un peu partout : il faut aller jeter un œil du côté de la collection Pocket de Panini Comics, où l’on retrouve l’intégralité du run de Mark Waid pour une vingtaine d’euros seulement. Et quel run ! On y trouve un grand écart entre des épisodes drôles ou intimistes, centrés sur les liens qui unissent la première famille Marvel, et d’autres plongés dans un drame intense où la cohésion du groupe est mise à rude épreuve par des rebondissements tragiques. L’ensemble débute par quelques chapitres relativement anodins, qui permettent de redécouvrir avec plaisir l’ambiance old school qui caractérise les Quatre Fantastiques et de savourer leur routine, qui n’en est jamais vraiment une. Mais les choses ne tardent pas à évoluer, car l’ennemi juré de l’équipe, Fatalis, décide de revenir sur le devant de la scène. D’ordinaire, son terrain de jeu est la science, au point qu’il se proclame intelligence supérieure à Reed Richards. Mais cette fois, il choisit de recourir à la magie, spécialité de sa mère lorsqu’il était encore un enfant en Latvérie. Fatalis va jusqu’à sacrifier l’âme de la seule jeune fille qu’il ait jamais aimée durant son adolescence afin d’invoquer des démons de l’enfer, chez qui il expédie Franklin Richards. Son objectif : piéger et punir de la manière la plus cruelle la famille du gamin. Évidemment, les Fantastiques se précipitent en enfer pour sauver leur rejeton. Mais Franklin en sortira marqué de séquelles psychologiques profondes, et le sauvetage coûtera cher à Reed lui-même, momentanément défiguré. Fatalis, quant à lui, est châtié comme rarement, au point que l’on pourrait croire (mais juste l’espace d’un instant, vous l'avez deviné) qu’il est mort. À la suite de ces épisodes d’une intensité rare, les Fantastiques décident de pousser leur victoire jusqu’au bout : effacer jusqu’à l’idée même des crimes commis par Fatalis. Cela implique de se rendre en Latvérie, de s’emparer de tout ce qui lui appartenait jusque-là et surtout de libérer un peuple qu’il maintenait depuis trop longtemps sous son joug.



L’antagonisme légendaire qui oppose les Quatre Fantastiques à Fatalis justifie-t-il une intervention en terre étrangère, et une période de régence décidée sans l’aval des Nations Unies par un groupe de super-héros qui reste, à la base, composé de simples citoyens américains ? Tout cela ne pouvait évidemment que mener à un conflit ouvert : les nations voisines guettaient l’occasion de récupérer un peu de territoire et de mettre la main sur des armes ultra-sophistiquées, tandis que Nick Fury tentait de limiter les dégâts, obligé de servir les grandes puissances tout en surveillant le départ de Reed et de sa bande. Bref, on s’éloigne un peu du super-héroïsme pur jus pour plonger dans des considérations géopolitiques plutôt habiles, certes traitées avec la légèreté propre aux comics, mais avec suffisamment de fond pour donner à ces épisodes une saveur particulière. Inutile de dire qu’à leur retour à New York, les Fantastiques sont particulièrement mal vus par une grande partie du public, et qu’ils doivent galérer pendant plusieurs mois pour retrouver la considération de ceux qui, autrefois, les admiraient. Le run de Waid se termine par quelques épisodes un peu moins intéressants, où il est même question de l'inénarrable Galactus. Mais ce dernier est traité avec une superficialité à la limite du grotesque, ce qui fait que cette conclusion n’a jamais fait partie de mes lectures favorites. On y retrouve un Galactus réduit à une forme humaine, invité à vivre quelques temps au milieu des hommes. C’est complètement absurde, totalement à côté du personnage d’origine, et il est bien dommage que la grande prestation de Waid se conclue ainsi. Du côté des dessins, c’est le regretté Mike Wieringo qui assure l’essentiel du travail. Son style, ultra dynamique, puise à la fois dans la BD européenne et le manga. Ses planches paraissent au premier abord d’une grande simplicité et fluidité, mais elles révèlent en réalité la maîtrise remarquable d’un artiste qui avait su redéfinir ce que pouvait être un comic book mainstream moderne, avec une vraie identité graphique. Parmi les autres artistes au menu, on peut citer Howard Porter, Paco Medina ou Paul Smith, mais c’est bien ce duo Waid/Wieringo qui donne sa densité et son rythme à l’ensemble. Ces deux albums très riches forment un récit mouvementé et jamais ennuyeux, qui permet à la fois de saisir tout ce qui fait la particularité du quatuor et de vibrer avec quelques-unes de leurs aventures les plus rocambolesques et tragiques, sans jamais sombrer dans la sinistrose. Toujours plane cette touche de légèreté bienvenue, qui a fait des Quatre Fantastiques l’un des comic books les plus optimistes de l’histoire du genre. Une famille accueillante, toujours prête à vous tendre les bras.



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