JUSTICE LEAGUE L'ODYSSEE DU MAL (DC COMICS LE MEILLEUR DES SUPER-HEROS TOME 34 CHEZ EAGLEMO


La collection Eaglemoss poursuit son bonhomme de chemin avec L'Odyssée du mal, consacré à la Justice League. Il s'agit de la suite directe du volume Aux origines, et qui contient le second tome de la série éponyme publiée chez Urban Comics en 2013. Les New 52, quoi. Cinq ans après la première réunion de la Ligue de Justice, les membres du groupe sont plus ou moins au service de la nation américaine, en cas de coup dur. Ils ont un agent de liaison, le colonel Trevor, qui est aussi le petit ami attitré de Wonder Woman. Enfin, qui l'était, puisque la belle amazone a pris ses distances avec le militaire, qui depuis se contente de suivre sa flamme sur webcam, ce qui engendre son lot de frustration. Les héros de la Justice League ne sont pas des dieux, mais la perception du public s'en rapproche dangereusement. Jusqu'à ce qu'un écrivain blessé par la vie décide de révéler au monde entier l'envers du décor, et les secrets cachés de la formation. David Graves a perdu sa famille à la suite d'une longue maladie contractée, pense t-il, à cause du combat contre Darkseid et ses sbires, relaté dans le premier tome de la série. Il a ensuite rencontré d'étranges entités qui lui ont conféré le pouvoir de se nourrir de la détresse des autres, alors qu'il était lui même à l'article de la mort. Surpuissant et détenteur d'informations à même de mettre à mal ses ennemis, Graves lance sa croisade contre une Justice League qu'il va d'abord discréditer aux yeux de l'opinion, avant de la meurtrir dans sa chair, et ses affects. Ce qui faisait la force des premiers épisodes fait à nouveau la force des suivants : facilité évidente de la compréhension de l'intrigue, et dessins expressifs et dynamiques. A ce sujet, le grand Jim Lee est pourtant un poil en dessous de son standard maximal, et ce n'est pas lui qui officie sur les deux premiers numéros : nous trouvons Gene Ha, pas désagréable du tout, et un duo composé de Ivan Reis et Carlos d'Anda, qui ne sont pas à présenter pour les amateurs de Dc Comics.



L'humour est aussi une belle carte de ce récit, notamment dans les relations entre Green Lantern (Hal Jordan est dépeint comme un jeune frimeur et sur de soi, avant de se racheter et de gagner ses lettres de noblesse, grâce à une décision louable en fin d'album) et Green Arrow (qui souhaite intégrer la Justice League, en vain), sans oublier Batman (que Hal considère comme le maillon faible et râleur de la formation). L'idée de mettre en doute le rôle et la mission de la Justice League, aux yeux du grand public, est une trouvaille sympathique et plutôt bien menée. On se rend bien compte à quel point ces super-héros, bien que dotés de pouvoirs semi-divins, restent avant tout des êtres humains avec leurs failles et faiblesses, et que bien souvent ils sont plus facilement attaquables dans les affects et les sentiments, que par le biais d'un assaut frontal et physique. On apprécie, avec le recul, la linéarité et la programmation des trames mises en place par Geoff Johns, qui a su tisser une intrigue à tiroirs mais claire, durant toute la période (désormais révolue) des New 52. A se procurer forcément, si vous avez déjà le tome précédent (le numéro 4, chez Eaglemoss)


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ALL-NEW AVENGERS HS 2 : A-FORCE (LES AVENGERS AU FEMININ)

Vous souvenez vous des dernières Secret Wars? Parmi les territoires inventés pour l'occasion, le lecteur de passage a pu découvrir Arcadia, une contrée gouvernée par Medusa (la reine des Inhumaines en temps normal) et dont les défenseurs étaient un groupe de femmes, une sorte de version pro-active des Avengers au féminin. Et bien la série (A-Force donc) perdure, avec une nouvelle incarnation, qui s'insère dans l'univers All-New All-Different de Marvel. Le pitch est extrêmement simple, puisque Singularity, un personnage énigmatique et crée durant les Guerres Secrètes déjà évoquées, revient et retrouve ses amies et alliés d'il y a quelques semaines. Le seul problème est que sur notre Terre "classique" A-Force n'existe pas (encore) et personne ne parait la reconnaître. Chacune des héroïnes a oublié le souvenir de qui s'est produit, et Singularity se sent bien seul...d'autant plus qu'elle est pourchassée par Antimatière, une autre entité qui lui ressemble vaguement, et semble être attiré/attisé par sa propre essence.
Évidemment, la scénariste G.Willow Wilson et Kellie Thompson (en renfort aux dialogues) mettent l'accent sur les relations qui unissent les personnages. Nous sommes entre femmes, alors moins de testostérones au menu, et de petites bisbilles liées aux personnalités fort divergentes (Miss Hulk et Medusa n'ont pas exactement des caractères identiques) ou des élans amicaux et des bons sentiments, comme Nico Minoru, toujours prête à aider, particulièrement la dénommée Singularity. Captain Marvel (Carol Danvers) est un peu la meneuse paramilitaire du groupe, elle qui officie désormais depuis la base orbitale d'Alpha Flight, dont elle assume le commandement. Nous avons là une lecture typique de nos années décompression. Tenir quatre épisodes avec ce sujet, sans faire intervenir d'autres acteurs (actrices) extérieures, sans complexifier la trame, sans lancer diverses pistes secondaires, il y a vingt trente ans, cela aurait été totalement impossible. L'ensemble aurait été raconté en 20/22 pages, à coup sûr. Ce n'est ni un bien, ni un mal, juste une constatation de comment a changé la narration, depuis que je dévore du comic-book en quantité irraisonnable. 




Au dessin nous trouvons Jorge Molina. Allez savoir, moi je lui trouve des faux airs de Olivier Coipel, dans certaines vignettes, certaines poses. La fluidité de ses personnages, la manière d'en souligner les contours (un peu à la Adam Hughes), c'est finalement assez joli, clair, sans pour autant toucher au talent des artistes déjà cités. Nous dirons que le potentiel est clairement là, que nous sommes à un poil d'en faire quelque chose de réellement fascinant. Panini a le bon réflexe, à mon avis, de proposer cette série dans un HS, ce qui permet d'avoir accès à une histoire (presque) complète, une centaine de pages pour quelques euros, c'est abordable. Lire chaque mois un épisode d'un titre finalement assez lent dans son évolution aurait été contre productif. Bref, A-Force est un produit qui s'adresse en grande partie aux lecteurs les plus récents, tourne le dos aux vieux fans Marvel de 40 ans et plus, avec suffisamment de fraîcheur pour trouver son public, d'autant plus qu'il parait que désormais nous sommes autant de lecteurs que de lectrices. Cela me ferait plaisir, tiens, d'avoir ici même cette parité dans la fréquentation. 



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100 BULLETS VOLUME 1 : AZZARELLO ET RISSO EN VERTIGO ESSENTIELS

Si un jour vous avez la malchance de croiser la route de l'agent Graves, il est fort possible qu'il vous fasse une proposition tentatrice, qui risque de changer à jamais le cours de votre vie : il va déposer devant vous une mallette, contenant des photos, apportant la preuve irréfutable pour identifier le ou les responsables d'une tragédie qui a marqué votre existence. Mais ce n'est pas tout; vous allez trouver aussi une arme à feu, et cent balles (les 100 bullets du titre) totalement impossibles à identifier, qui font que si vous vous en servez pour abattre froidement la où le criminel qui a brisé votre vie, personne ne pourra vous retrouver et vous condamner. Vous voilà au-dessus des lois, Archange de la vengeance, devant juste décider du bon choix à accomplir. Céder à cette injonction de tuer, ou refuser, quitte à connaître un destin tragique. Isabelle Cordova alias Dizzy, une jeune latino des quartiers chauds de Chicago, est la première à rencontrer notre terrible agent. Elle est à peine sortie de prison qu'il lui propose le nécessaire pour se débarrasser de l'assassin de son mari et son enfant. Dizzy n'a aucunement envie de retrouver la détention, et elle aimerait en finir avec le cercle de violence qui l'étouffe, et s'appuyer sur la foi pour renaître, mais de trahisons en déceptions, le quotidien finit par la rattraper, et la mallette et son contenu pourraient bien devenir très utiles. Le même dilemme se reproduit avec Lee Dolan, barman dans un établissement miteux, et qui est privé de sa famille depuis qu'il a été condamné pour détention et trafic d'images pédophiles sur Internet. Il s'agissait en fait d'une machination ourdie par une riche désœuvrée, qui l'a piégé sans même le connaître. Grâce au contenu de la mallette, Lee va pouvoir décider si la vengeance est un plat qui se mange froid ou qui ne se mange pas du tout. Même topo pour Chucky, un joueur invétéré qui est désormais grillé dans toute la ville, car sacré tricheur aux dés. Son ami d'enfance a racheté sa dette et tente de le convaincre de faire profil bas, mais dans le même temps il lui vole une partie de sa vie et est le responsable de sa déchéance (un accident de voiture) quelques années auparavant. L'agent Graves passe dans le coin, mallette à la main... 

La misère humaine dans sa splendeur la plus crade. Des dialogues au couteau, des insultes, du slang, des putes et de la drogue, des délits arme au poing et des bars où grouillent les cafards. Oui, chez Brian Azzarello le quotidien semble tout de même un peu sordide. C'est dans cette humanité qui stationne sur le ban ce touche que le scénariste façonne patiemment son histoire, proposant tout d'abord des récits qui ne semblent pas connectés entre eux (hormis la présence de l'agent Graves) avant que le lecteur comprenne que l'ensemble appartient à une tapisserie vaste et à tiroirs. Dizzy et Dolan reviennent par exemple, en contrepoint à Graves apparaît un certain Sheperd, une conspiration semble se dessiner, avec des enjeux aux ramifications inattendues et profondes... Le puzzle est géant et demande une patience infinie, d'aller bien plus loin que ce premier tome. 100 bullets, c'est un polar dont chaque fil appartient à une trame floue et insaisissable, mais qui existe, qui est là, qui n'attend que le moment où le premier fil sera tiré, pour être dévidé, sans possibilité de revenir en arrière. Honnêtement, si sur le moment ça déroute voire ça rebute, en fin de parcours, on se dit que c'est fort, et superbement bien agencé.
Le dessin de la série est l'oeuvre de Eduardo Risso. Alors là, ça ne peut pas plaire à tout le monde. Le trait est très tranché, une violence presque caricaturale qui fourmille et prospère dans les jeux d'ombre, une immédiateté qui emprunte aussi bien à Frank Miller qu'à Mignola, une économie (apparente) dans le travail qui mise ses billes avant tout sur l'éclairage, les silhouettes, l'expressionnisme, rejetant l'idée de réalisme photographique. Clairement pas la came de tout le monde, clairement pas accessible au premier venu, par erreur. Mais furieusement adapté pour mettre en images les intentions d'Azzarello : les deux artistes signent là un des comic-book les plus poisseux et prenants de l'histoire du genre, qu'Urban Comics fait bien de nous offrir dans sa magnifique collection Essentiels, à un prix somme toute fort raisonnable. Collection en cinq tomes, vivement les quatre autres. 


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RED DOG #1 : LA SERIE DE ROB COHEN CHEZ 451

Encore une série de science-fiction, allez vous me dire. Et bien oui, et voyons de quoi il s'agit! Red Dog nous emporte sur la planète Kurawan, où ne résident que 200 personnes, et un seul gamin. Kyle (c'est son nom) a heureusement son meilleur ami avec qui partager de bons moments, et c'est son chien, Q (pour Quantum), un animal androïde de compagnie qui n'est pas sans rappeler ce que j'ai lu récemment dans Descender (de Jeff Lemire) par exemple. Kirawan est une planète furieusement hostile, mais qui a une qualité indéniable : elle recèle un nouveau minerai d'extrême importance, l'Imperium, dont la structure moléculaire oscille en permanence entre passé et futur. En bref, les terriens sont venus jusque là pour exploiter cette découverte, qui rend possibles les voyages dans le temps. Dans cette gigantesque mine d'exploitation, Kyle tente, tant bien que mal, de convaincre son père qu'il n'est plus un gosse, et de participer à son tour à la vie de la communauté, comme un grand. Mais difficile de vivre chaque jour dans l'ombre d'un frère décédé, avec la désagréable sensation de décevoir le paternel jour après jour.
La vie routinière de la mine serait ennuyeuse si fort heureusement ce premier numéro ne présentait pas deux pistes à suivre pour toute l'histoire à venir (mini série en six parties). Tout d'abord l'Imperium est instable, et il peut provoquer la disparition d'objets (et donc d'hommes) quelque part dans le flux du temps... Ensuite Kirawan n'est pas seulement occupée par les colons, mais il y a aussi un peuple de natifs, des sortes de créatures insectoïdes qui paraissent avoir envie d'en découdre au plus vite. On les voit passer à l'offensive dans les dernières pages. Voilà donc un titre assez plaisant, qui assure le job avec aisance, et récupère tous les codes du genre pour produire une trame qui ne brille pas par originalité, mais par fonctionnalité. Les événements s'enchaînent sans fausse note, et on parvient vite à comprendre qui est Kyle, et à se pencher sur son cas. Rob Cohen (réalisateur de XXX, Fast and Furious, Un voisin trop parfait...) et Andi Ewington ont mis sur pieds en deux temps trois mouvement un comic-book qui fonctionne et s'adresse crânement aux fans d'aventures spatiales, sur fonds de récit familial. Robert Atkins s'occupe des dessins, et le choix est pertinent car il démontre un réel savoir-faire pour mettre en place toute un microcosme futuriste et robotique, tout en présentant des personnages expressifs. Copie soignée, assurément.
C'est publié chez 451, un groupe chapeauté par Michael Bay, qui donne dans le multimédia, et donc les comics, et ouvre ainsi des passerelles directes entre l'univers de nos chères bd et le grand écran. Raison de plus pour jeter un oeil sur Red Dog, qui s'annonce comme un mash-up entre les Chroniques Martiennes de Bradbury, le Descender de Lemire, et le Chrononauts de Millar. 



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THE WALKING DEAD "PRESTIGE" VOLUME 1 ET 2 : PARCE QUE LES ZOMBIES LE VALENT BIEN

Lorsqu'on tente de parler de The Walking Dead en 2016, nous avons un peu l'impression d'enfoncer des portes ouvertes. Le succès est tel que les zombies de Kirkman sont rentrés de plein pied dans l'imaginaire collectif, dans la pop culture la plus large. Alors revenir sur les premiers temps, les épisodes fondamentaux, est-ce bien nécessaire? Oui, car voici que Delcourt publie (enfin) une version "Deluxe" qui tombe pile avant les fêtes, et devrait en réjouir beaucoup. Commençons par le commencement. Walking Dead, ça démarre de quelle manière, déjà? Et bien une page suffit à Robert Kirkman, pour camper le décor. Une page, pas une de plus. Rick est un flic, dans une petite bourgade américaine, en apparence tranquille. Jusqu'au jour où il doit se servir pour la première fois de son arme, lors d'une fusillade en pleine campagne. Comble de malchance, il est touché et se retrouve dans le coma. Lorsqu'il se réveille, il ne trouve personne à son chevet, et pour cause... L'hôpital est désert, des cadavres putréfiés jonchent le sol, et les seules créatures encore debout et (apparemment) vivantes sont des zombies, des "morts qui marchent", d'où l'appellation d'origine contrôlée de Walking Dead. Un choc terrible pour Rick, qui se précipite vers sa famille, en vain. Sa maison est vide, saccagée, et il ne parvient pas à trouver la moindre trace de sa femme (Lori) et de son fils (Carl). Le récit de Kirkman insère alors intelligemment deux personnages, un afro américain et son rejeton, seuls survivants de la petite ville, qui rassurent le policier par leur humanité évidente, et lui narrent les événements des dernières semaines. On en apprend assez pour comprendre les enjeux, mais bien entendu on en ignore encore plus, afin d'instaurer ce qui sera un des grand suspens de toute la série : qu'est-il arrivé? La situation est-elle réversible? Le monde entier est-il concerné? Est-ce la fin de l'humanité? Pour trouver des réponses, Rick emprunte une voiture de patrouille, et fait route vers la plus grande ville voisine, Atlanta, où il espère en une communauté de "résistants", et surtout retrouver les siens. Las, la situation en ville est terrible. Des morts qui marchent, des cadavres, le danger est partout. Rick n'aurait d'ailleurs pas survécu à sa découverte si un jeune casse-cou du nom de Glenn ne l'avait tiré d'affaire.

Ce dernier lui permet de trouver refuge auprès d'une poche de survivants, qui se sont établis en bordure de la métropole. C'est peut être alors que le récit souffre de son seul et unique vrai "passage en force", mais qui se justifie pour le pathos à venir de la série. La famille de Rick est bel et bien là, elle a survécu, et lui fait fête à son arrivée. On en tire une petite larme, on se dit que c'est quand même bien le hasard (Rick savait que sa femme s'était probablement rendue chez ses parents, en ville) et que finalement, c'est un petit bonheur tout mérité. Kirkman prend le temps de dresser un portrait sommaire mais efficace des différents acteurs, en particulier de Shane, le meilleur ami de Rick, flic lui aussi, et qui est l'homme fort du camp. C'est lui qui a sauvé Lori et Carl d'un atroce destin, c'est lui the man of the situation. Mais on le devine aussi frustré et rageur. Un secret couve. Dale, le vieux sage de la compagnie, essaie bien d'avertir Rick de la sourde menace qui pèse... Et l'évidence s'installe lentement : il ne faudra pas seulement se soucier des zombies qui rôdent, mais aussi des vivants que vous fréquentez, ne pas trop leur tourner le dos... Dès lors le lecteur a compris le fil conducteur de la série. Des zombies certes, mais le pire danger n'est pas encore mort, n'est pas en décomposition. il est bien vivant, méchant, hargeux, jaloux, instable, colérique... Bref, c'est l'Homme, dans sa splendeur. TWD est un véritable petit bijou de narration, illustré avec une maestria évidente, tout en noir et blanc, par un Tony Moore particulièrement inspiré. Mais qui va vite quitter la série, pour être remplacé (sans dégâts, et dans un style plus clasique et gritty) par Charlie Adlard, devenu depuis une icône des fans de zombies.
Delcourt a enfin pensé que l'heure est venue de proposer une version "prestige". Je m'attendais à la transposition en vf des gros volumes oversized américains, avec papier glacé de grande qualité, mais ce sont en fait de beaux pavés certes (chacun de ces deux premiers tomes contient deux albums Vf originaux) mais dont les dimensions sont moindres par rapport à l'extraordinaire édition Us, et le papier conserve un aspect granuleux et plus rêche, qui certes convient bien pour le noir et blanc, mais se révèle de qualité moindre par rapport à nos amis ricains. Bon, ce sont les fêtes de Noël qui approche, alors si vous connaissez ne serait-ce qu'un lecteur potentiel qui n'a jamais dévoré la série.... 





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VENOM #1 : UN NOUVEAU VENOM SIGNE MIKE COSTA ET GERARDO SANDOVAL

Il flotte comme un parfum des années 90 au terme de ce premier numéro de Venom. Tiens c'est tout simple, je vais chercher voir si le nouveau WildCats ou Witchblade est arrivé en comic-shop... Je plaisante, mais ce sont les reflexes narratifs et artistiques de l'époque qui dominent ce nouveau titre, dont la lecture du premier rendez-vous ne me convainc pas à prolonger l'aventure. Comme souvent dans le monde merveilleux de Marvel, les choses changent, et puis rien ne change. Le symbiote était lié avec Flash Thompson, pour de périlleuses missions au service du gouvernement américain, avant d'être envoyé dans l'espace aux cotés des Gardiens de la Galaxie, dans un rôle de Spaceknight assez surprenant. Là, nous ramenons les pieds sur terre, et fréquentons à nouveau les quartiers malfamés de la ville, et les clochards et criminels qui la hantent. Un nouveau personnage est mis à l'honneur, un certain Lee Price, vétéran de guerre et qui ne trouve plus sa place (ni de job) à son retour aux States, avec de surcroît un handicap évident (il lui manque deux doigts). Le type n'est pas forcément très expansif, ni même voué à devenir une star chez Marvel, mais bon, vous savez comment vont les choses, il faut bien payer le loyer, les traites, la nourriture... Et parfois, ceux qu'on croise et qui nous offrent une opportunité ne sont pas des enfants de choeur. En l'occurence Lee se retrouve impliqué dans une transaction initiée par McGargan, alias le célèbre Scorpion des origines. C'est alors que le lecteur se rend compte du petit tour de passe-passe dont le scénariste Mike Costa a eu l'idée : inverser les rôles. En fait la narration appartient au symbiote, et lorsque celui-ci va fatalement fusionner avec Lee Price, ce sera pour être submergé par la haine et l'immoralité, et être controlé par ce dernier. 



Car oui normalement le symbiote est un parasite qui pousse son hôte à commettre des crimes horribles, et sans cette présence, ce dernier est en général un individu posé et porté au bien (Peter Parker, Flash Thompson, même Eddie Brock, qui n'était pas un psychopathe, juste un journaliste frustré). C'est vraiment le point intéressant de ce premier numéro, l'impression que la dynamique, dans cette nouvelle version de Venom, sera fort différente. Car le reste, c'est en premier lieu un récit somme toute assez banal, et en complément des dessins signés Gerardo Sandoval que je n'apprécie pas le moins du monde. C'est une explosion brouillonne qui pêche son inspiration dans de vieux mangas, ou chez Joe Madureira. Mais Joe Mad a l'avantage de présenter des visages et des formes qui ont un charme, un style racé, pour peu qu'on aime cela. Ici c'est très sombre, à l'emporte-pièces, et par endroits carrément amateurial, manquant de soin et de finition. Du coup, si certaines pistes peuvent devenir plaisantes et donner envie d'en savoir plus, beaucoup de lecteurs risquent déjà d'être rebutés après une vingtaine de pages. Mention passable. 


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BATMAN : SOMBRE REFLET (BLACK MIRROR REVIENT EN DC DELUXE)

De l'avis général des fans de l'homme chauve-souris, ce Sombre Reflet est une des meilleures histoires du héros depuis bien longtemps. Un classique moderne, pour ainsi dire. Urban Comics avait déjà eu l'opportunité de présenter ce récit sous forme de deux volumes, au début de son aventure sur le marché de l'édition comics. Souvenirs donc, alors qu'arrive la version en un seul et gros album. Le Batman à l'honneur est encore Dick Grayson, malgré le récent retour de Bruce à Gotham, après avoir été donné pour mort pendant quelques mois. S'adapter à sa nouvelle mission, son nouveau costume (fardeau?) n'est pas une chose simple, et on a l'impression (Alfred le majordome le lui fait d'ailleurs remarquer avec humour) qu'il ne s'investit pas plus que ça pour se couler dans sa nouvelle forme, comme si tout cela ne pouvait être que provisoire. Une mission périlleuse l'attend, lorsque un gamin de Gotham se mue en bête féroce, et que dans son sang est retrouvée une mixture semblable à celle qui est a la base de la transformation reptilienne de Killer Croc, un des ennemis légendaires du Dark Knight. Qui a bien pu voler la préparation chimique, détenue jusque là par la police? Dans quel but? Batman mène l'enquête mais ceux qu'il interroge sont froidement abattus avant d'avoir des réponses (y compris la mère du gamin en question). Toutefois, il finit par trouver une piste crédible : une vieille demeure témoin d'un effroyable carnage, à l'époque où Gotham fut quasi rasée par un tremblement de terre surpuissant. Là sont organisées de mystérieuses ventes aux enchères dans un climat satanique des plus oppressants. Dick parvient à s'introduire sous une fausse identité, grâce aux bons services d'Oracle (Barbara Gordon), mais son déguisement hight tech ne trompe personne. En pleine cérémonie, le voilà contaminé par un gaz hallucinogène et pris d'assaut par tous les témoins présents. Une bien mauvaise passe... En parallèle aux déboires de Batman avec la House of Mirror et de la lutte de Grayson contre les effets persistants du gaz hallucinogène, le commissaire Gordon a la désagréable surprise de voir son fils, James Gordon Jr, revenir à Gotham. Quand on sait que celui ci est supposé être un assassin, un être des plus instables, on comprend qu'il n'y a pas de quoi sauter au plafond. Le fiston a vu un analyste, et accepte aujourd'hui de se soigner, pleinement conscient de son statut de psychopathe (au sens médical du terme). Il demande même de l'aide au paternel pour trouver un job. Mais à votre avis, est-il prêt à se ranger des voitures, et vivre la parfaite petite vie de l'employé modèle, débarrassé de ses folies et de ses pulsions violentes?

Tout porte à croire que James Jr est un dangereux meurtriet, le genre de type qui pourrait vite basculer du coté des pires serial-killers de l'histoire. C'est ce que redoute et dénonce sa soeur. Mais le jeune homme est venu se racheter, mener une vie toute tranquille; c'est en tout cas ce qu'il a dit au paternel. Le Joker, comme à accoutumée, fait aussi une brève apparition dans ce Sombre Reflet, histoire de mettre son grain de sel dans un récit qui sème la folie à travers Gotham. Le climax de cette histoire est absolument spectaculaire et vient résonner comme un uppercut à la face du lecteur. Scott Snyder fait un travail remarquable d'écriture, avec ce Black Mirror. Il offre enfin une légitimité et une crédibilité à Dick, sous le costume de Batman (il état temps, vu que Bruce n'allait pas tarder à revenir). Il réintroduit de subtils éléments propre à choquer et interroger le lecteur, comme cette barre à mine qui servit autrefois au Joker pour massacrer le pauvre Robin d'alors (Jason Todd), et qui est ici mise aux enchères comme symbole du mal absolu. Aux dessins, Jock et Francavilla privilégient l'expressionnisme et la noirceur au réalisme détaillé et anatomique d'un David Finch, par exemple. Du coup, la folie de l'ensemble, la coté malade et torturé, finit par prendre le lecteur aux tripes, comme si le gaz hallucinogène respiré par Batman se répandait aussi par ses narines. Ajoutez à cela une interrogation sur la transmission, le passage de témoin d'une génération à l'autre, du père vers le fils (à double niveau, chez les Wayne, et les Gordon) et de ses ratés, et vous obtenez ce qui a été quasi unanimement salué comme le récit majeur mettant en scène Batman de ces dernières années (pré New 52), plus encore que ceux de Morrisson, taxés par moments (à tort!) de divagations confuses. Sans vouloir entrer dans ce genre de polémiques, je confirme qu'il s'agit là d'une très bonne histoire, croisement génétique entre un Year One et A Long Halloween, bref c'est proprement indispensable!


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All-NEW IRON MAN & AVENGERS 6 : LE PLUS FORT VIKING DU MONDE

Tête de fer vieillit, mais il ne rouille jamais. La preuve, avec les deux séries mensuelles qui occupent une bonne partie du sommaire de la revue Panini All-New Iron Man et Avengers (le titre est un poil trop long, à mon sens). La première histoire est plus classique, puisque nous avons droit à une mission super-héroïque qui suit les codes du genre. L'ami de toujours Jim Rhodes est parti au Japon pour enquêter sur les ninjas technologiques qui ont traqué Madame Masque les mois précédents. Rhodey est en difficulté, et s'est fait capturer par un adversaire qui assimile son armure et ses gadgets, et semble bien plus fort que lui. L'occasion de voir que l'ancien garde du corps a appris à se battre comme un vrai gymnaste professionnel, et qu'il ne faut pas trop le chercher. La team de secours qui vient le sortir de là est composée d'Iron Man et Spider-Man. Bref, un dépannage à la cool avec beaucoup d'humour, et aussi une grosse déconvenue une fois arrivés sur les lieux. Ouvrez les yeux, si vous aimez le style photo réaliste (par endroits) et toujours aussi saisissant de Mike Deodato Jr, car il est à la baguette.
Scénario de Bendis of course, tout comme pour la suite, à savoir le titre International Iron Man (le premier, c'est Invincible Iron Man). Là le récit est plus intimiste, puisqu'il se rattache à la grande découverte de l'époque Marvel Now! (Gillen et ses histoires soporifiques) à savoir la révélation que Tony Stark aurait été adopté. Qui sont donc les véritables parents du héros, voilà une bonne raison d'aller remuer ciel et terre et raviver d'anciens souvenirs enfouis. C'est le motif pour lequel le play-boy et Avenger renoue avec une ancienne flamme de ses années étudiantes, une certaine Cassandra Gillespie. A l'époque les familles Gillespie et Stark étaient ennemies, comme dans un bon vieux remake de Romeo et Juliette, et aujourd'hui ça n'est guère mieux, puisque la charmante demoiselle n'est pas trop disposé envers son ex compagnon, et qu'elle lui réserve un comité d'accueil musclé et périlleux. Pauvre Tony. Le dessin est cette fois de Alex Maleev. C'est donc beaucoup plus sombre, expressionniste, avec un jeune Stark sans son bouc, ce qui nous change pas mal de son avatar poilu. Dans l'ensemble, les deux séries se laissent lire agréablement.



La seconde moitié du mensuel est consacrée à Thor. Qui est toujours une femme, à savoir Jane Foster, pour les plus distraits. Jason Aaron entend bien poursuivre dans cette voie, et comme les idées sont toujours au rendez-vous, pourquoi pas! Jane lutte encore contre le cancer, mais une fois transformée en déesse, c'est une autre paire de manches. Elle se rend en Asgard et affronte Odin, le père de tout, en combat singulier. Quelle jouissance de la voir s'en prendre à celui qui est éminemment antipathique, bourru, obtus. Et puis Odin fut responsable en son temps de la séparation définitive du couple Thor/Jane Foster, car cette dernière n'était qu'une simple mortelle, une sorte de racisme anti humain. Russel Dauterman aux dessins, un artiste que j'ai appris à beaucoup aimé, continue sa prestation de qualité. L'épisode suivant est le premier qui évoque "le plus grand des vikings", à savoir une légende comptée par Loki, qui place au centre du récit Bodolf, un viking violent et hargneux, qui va devenir le jouet du prince du mensonge, pour s'opposer à Thor. Rafa Garres en profite pour livrer des pages peintes qui oscillent entre cauchemar guerrier et style grotesque. C'est efficace, gentillement rétro, mais aussi disgracieux dans certaines planches. Disons que ce n'est pas ce que je préfère, la partie la plus faible du magazine. Qui est digne d'intérêt, cela rajouté en passant. Et comme il va être aussi concerné par la suite de Standoff/L'Affrontement, je vous recommande l'investissement. 


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BATMAN : RETURN OF THE CAPED CRUSADERS (DVD - ANIME)

Vous le savez, l'univers de Batman n'a pas toujours ressemblé à un spot publicitaire pour une dépression neurasthénique en phase aiguë. Les années 60, avec la célèbre série télévisée bariolée, et le Comics code toujours prêt à faire passer le couperet de la censure, ont offert au public une toute autre vision de la chose, bien plus loufoque et ingénue. Vouloir reproduire ces caractéristiques un demi siècle plus tard, à une ère radicalement différente, est bien sûr impossible, et l'opération ne peut que se révéler postiche, même si parfois on obtient quelques petites pépites décalées. Cette version animée est donc avant tout un hommage, un gros clin d'oeil, plus qu'une véritable oeuvre majeure ou ambitieuse, c'est un produit d'entertainment, sans objectifs poussés à la clé. Le revival en images, après la série Batman '66 ces dernières années chez Dc, qui fut d'une qualité inégale et souvent ennuyeuse. La bande-son originale accompagne la présentation de ce dvd, qui démarre avec un mix entre les images d'alors, et les couvertures historiques de Detective Comics. Certains des acteurs de la belle époque reviennent ici pour prêter leur voix (bien que forcément plus empâtée et vieillissante) ce qui est une raison de préférer (comme toujours finalement) la Vo. Mention particulière au Batman d'Adam West, toujours aussi pédant et formel, choisissant un vocabulaire élaboré, et concluant ses enquêtes avec des déductions vraiment tirées par les cheveux, au grand plaisir des spectateurs séduits par cet improbable esprit éclairé. Chez les méchants, nous retrouvons Julie Newmar en tant que voix de Catwoman, et elle est flanquée du Joker, sans la moustache de Cesar Romero, du Pingouin, et du Riddler, c'est à dire le Sphinx en vf.


L'essentiel des moments forts de la série est utilisé, avec des ajouts qui raviront les fans hardcore, comme le moment où Batman et Robin enfilent le costume (jusque là ce détail n'apparaissait pas), ou la galerie parcourue par la Batmobile, pour sortir de la caverne. Bien entendu, n'oublions pas les onomatopées en surimpression, ou les traquenards absurdes dans lesquels tombent bêtement les héros, comme des nigauds. Finalement on appréciera que l'animation permette des choses que les pauvres moyens techniques de l'époque ne consentaient pas, et même si la candeur d'alors, et l'humour ravageur amplifié par la répétition des épisodes est y ici absente, on prend globalement du plaisir avec cet animé sympathique.
A noter aussi la transformation subtile de Batman dans la seconde partie, qui se rapproche de ce qu'il deviendra par la suite, portant un regard plus sévère et adulte sur la Gotham qui l'entoure, ce qui ne manquera pas de satisfaire les fans du personnage. Le final est un hymne au cartoon plus qu'à la série, avec des gags et des séquences qui autrement ne pourraient être réalisées tels quels. Bref, à voir avec innocence et envie de se divertir, et à conseiller pour les fans du Batman en pyjama psychédélique qui distribue des marrons à des ennemis, plus cossasses qu'inquiétants. 


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BATMAN TOME 9 LA RELEVE (Part 2) : CLAP DE FIN POUR SNYDER ET CAPULLO

Tout a une fin, y compris le cycle de Snyder et Capullo sur Batman. Le scénariste a vraiment tout fait pour s'approprier l'univers du Dark Knight, et en offrir une vision plus moderne, au risque parfois d'exagérer notablement, et de donner dans le mauvais goût. Il a su proposer de nouveaux défis fascinants (la cour des Hiboux) dépoussiérer certaines menaces habituelles (le Joker) avant de les caricaturer et d'en pervertir le sens (le Joker, bis repetita, en fin de parcours). Il s'est attaqué aux fondements de la légende (Année Un) et a momentanément éliminé la psychologie même du héros (Bruce Wayne amnésique et ramené de la mort) pour le remplacer par une version robotisée au service des forces de police de Gotham. Honnêtement, les deux dernières années de Snyder aux manettes m'ont semblé longues, et totalement exagérées. James Gordon, engoncé dans une armure technologique aux antennes ridicules, a vite trouvé son propre ennemi, qui l'a terrassé sans trop de mal, mettant la cité à feu et à sang. Mister Bloom est une menace presque plus adaptée à la Justice League qu'à Batman seul. Que peut l'ancien commissaire, face à ce type qui module son apparence, sa consistance, et a semé partout dans Gotham des graines mi organiques mi faites de circuits artificiels, qui une fois enfilées sous la peau transforment les victimes en des êtres capables de posséder momentanément des super pouvoirs, ou de mourir atrocement? Encore une fois Gotham chancelle et semble vouée à succomber. On peut d'ailleurs se demander le pourquoi d'une telle obsession dans les comics américains, de ces métropoles au bord du gouffre, où la loi et l'ordre disparaissent momentanément, comme si elles n'étaient pas partie d'un tissu plus vaste (la nation) qui se se priverait pas, dans un cas de figure semblable, d'organiser une riposte massive et expéditive. Bref, c'est le combat final dans les rues, et les citoyens perdent la boule à la seule idée de l'offre alléchante que Bloom leur fait ; devenir plus grand, plus fort, plus puissant.

Et Bruce Wayne pendant ce temps-là? Il est apaisé, et privé de son obsession et du lourd fardeau de devoir jouer à la chauve-souris dès la nuit tombante, il peut enfin goûter au bonheur simple de la construction du couple, jusqu'à même aller demander la main de Julie Madison avec qui il a renoué. Une idylle qui serait parfaite si l'homme n'était pas amnésique, et en réalité une machine de guerre vierge de souvenirs. Alfred, en bon majordome et père de substitution, souligne d'ailleurs à quelle point cette vie là, libre et plus saine, ne peut et doit être sacrifiée, même si pour cela il convient de faire tout le possible pour que Bruce ne renoue pas avec ses vieux démons. C'est que Snyder réserve une ultime carte pour ramener le vrai Batman dans l'équation, et cela implique encore une fois un drame, une mort, une résurrection. Greg Capullo aussi rend son tablier avec ce neuvième et dernier volume, avant d'aller voir du coté de Mark Millar si l'herbe est plus verte (Reborn, déjà chroniqué sur notre site en Vo). Rien à dire coté prestation, il reste solide et plaisant, et ceux qui adhèrent et adorent son style trouveront là encore matière à se réjouir. A noter que Yanick Paquette est également de la partie, avec un épisode complet qui arbore fièrement une construction différente des planche, jouant avec des vignettes sphériques ou à motifs chauve-souris pour plonger le lecteur dans les errements mentaux d'un Bruce Wayne sur le chemin du retour à soi, à l'atroce et douloureuse (re)connaissance de soi.
Non, ce volume ne m'a pas enthousiasmé plus que cela. Too much, pour résumer en une formule éculée. Même si on ne pourra s'empêcher de noter que le travail conjoint de Snyder et Capullo est déjà entré dans la légende. Batman n'aura pas été le plus mal loti, durant les défunts New 52. 

THANOS #1 : LE TITAN FOU EST DE RETOUR AVEC JEFF LEMIRE ET MIKE DEODATO

Thanos est de retour. Tout simplement. Non qu'il soit parti très loin, nous autres lecteurs venons à peine de lire ses aventures, écrites par Jim Starlin, dans le graphic Novel La fin de l'infini. Mais cette nouvelle série, confiée aux bons soins de Jeff Lemire, part du postulat que la nature a horreur du vide, et qu'en l'absence du Titan fou aux affaires, ce sont ses adjudants qui profitent des restes. Prenez par exemple un certain Corvus Glaive. Un des grands méchants de la saga Infinity, que nous devons à Jonathan Hickman. Autrefois simple laquais de Thanos, il a mis à profit son pouvoir et le trône vacant pour renforcer son influence, et régner sur une portion du cosmos, par la force. Depuis sa base qui est un clin d'oeil à l'Etoile Noire de Star Wars, Corvus rêve de grandeur mais doit accepter l'inévitable : le jour où Thanos revient, dans toute sa fureur tranquille, il ne peut rien faire que de voir ses ambitions se briser en pièces, et observer son propre trépas, la mort pour avoir oser donner corps à ses ambitions, face à un adversaire qui fait trembler l'univers, dès lors qu'on prononce son nom. 
Lemire n'utilise pas que Thanos, pour ce premier numéro tant attendu. Nous retrouvons aussi un des doyens de l'univers, souvent présenté comme une brute sans cervelle, le Champion (qui portait en son temps une des gemmes du pouvoir, tout de même). Et également Starfox (Eros en vf) qui fut dans les années 80 membre des Avengers, et qui assume pleinement son hédonisme, en s'entourant généralement d'un harem de splendides créatures. Apparition pour finir de Thane, le fils de Thanos, et de la Mort elle -même, qui a une place prépondérante puisque c'est elle qui est à la source de la principale révélation de ce premier nuémro, qui risque fort de changer la donne, et de proposer une vision inédite d'un personnage au sujet de qui on pensait à tort avoir tout raconté. 
Le dessin est de Mike Deodato Jr, qui régale en termes de détails, de majestuosité, et offre à Thanos et ses actions un écrin digne de sa puissance et de son inéluctable retour. L'ensemble est fascinant, et en même temps déroutant. Jeff Lemire opte pour un choix large, et ne définit pas encore de vrai méchant (Thanos, bien sûr, mais on sent poindre qu'il va dépasser cette caractéristique) ou de vrai héros (Starfox et le Champion? Seriously?). Il embrasse une situation donnée, et prépare les cartes pour un drame qui pourrait être tout aussi bien intimiste (le split final le laisse à penser) que cataclysmique (Thanos revient avec pertes et fracas). Finalement ce nouveau titre en dévoile autant qu'il en dissimule à nos yeux. Nous attendrons encore un peu pour formuler une véritable opinion, mais la maestria habituelle de Lemire, et le peu que nous sentons déjà poindre, nous mettent assurément en appétit. 




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REBELS : LA NAISSANCE DU REVE (DE BRIAN WOOD ET ANDREA MUTTI)

Il n'est pas toujours facile pour un Américain, aujourd'hui, de revendiquer un patriotisme pourtant légitime. Il faut dire que si les États-Unis ont longtemps été la patrie de la liberté individuelle et de la libre entreprise, ils sont passés au 21e siècle de l'autre côté de la barrière idéologique, en prétendant imposer très souvent une certaine vision agressive du monde au reste de la planète. Fort heureusement, il suffit de se replonger dans l'histoire et les racines de cette grande nation, pour mieux appréhender l'esprit fondateur et les intentions de départ. Pour ce faire, une série publiée courant 2015 chez Dark Horse est tout simplement excellente : il s'agit de Rebels, de Brian Wood, dont une édition remarquable est sortie chez Urban Comics. Nous plongeons dans la guerre d'indépendance qui débute en 1775, avec les premiers insurgés, qui tente de chasser définitivement les Anglais. Le héros au départ se nomme Seth Abbott : nous le découvrons encore jeune, un gamin sous l'influence d'un père qui l'élève à la dure. Une éducation qui peut paraître rustre, mais qui sera utile pour le futur adulte et combattant. Seth va s'engager dans une milice du Vermont, les Green Mountain Boys, en compagnie de son meilleur ami, un renégat britannique qu'il avait échoué à éliminer, alors que tout jeune encore son paternel lui avait donné l'occasion de mener la charge, fusil au poing. Des inconnus rencontrent des figures célèbres, dans cette bande dessinée, qui tente de poser un regard clair et objectif sur une période cruciale de l'histoire américaine. Le scénariste multiplie les points de vue et tente de nous montrer que cette révolution américaine possède de multiples facettes, qui englobent par exemple les femmes. Elle peuvent être courageuses, patientes, résolues, mais jamais condamnées au rôle de potiches... à commencer par l'épouse de Seth, qui voit partir son mari défendre de lointains états, qui ne représentent rien pour elle, alors qu'elle est enceinte et devra patienter des années, pour présenter sa progéniture au père combattant. 

Comme il est de coutume chez Urban, l'album est ouvert et conclu par d'intéressants textes où Brian Wood nous éclaire sur son amour pour sa terre natale (le Vermont) et son intérêt pour l'histoire et ses racines. C'est de cela qu'il s'agit ici, avec un cast humble et inhabituel, qui puise ses héros parmi les fermiers du New Hampshire, pas forcément les politiciens ou les habitants des grandes villes, habitués aux premières pages des ouvrages historiques. Quand les grands pontes montrent le bout du nez (Georges Washington, ou de hauts gradés de l'armée américaine) c'est pour semer l'antipathie, et l'incompétence, au point que Seth en sort grandi, par son sens pratique, du devoir, son éducation rigide et taiseuse, mais bien plus efficace. De nombreux thèmes ou pistes sont mis en lumière : que sont vraiment les Etats-Unis (à l'époque treize états)? Laisser derrière soi femme et enfant à naître (même si Seth l'ignore lorsqu'il part), cela vaut vraiment d'être sacrifié sur l'autel d'un idéal d'union et de liberté, pour des "voisins" avec qui on partage si peu? Et la condition féminine, de Mercy, la femme au foyer qui se dresse comme un inébranlable rempart du quotidien qui perdure, quand la folie des hommes les mène sur le champ d'honneur, à Sarah Hull, qui contre toute attente se retrouve derrière le canon à Saratoga en 1777, mais qui sera profondément ignorée pour autant. Les destins des indiens, des noirs américains, sont aussi abordés dans ce splendide ouvrage, qui se lit comme une fresque douce-amère, les prémices de quelque chose de grand, qui inspirera le monde, mais qui ne naît pas pour autant dans un accouchement glorieux. Si les couvertures de Tula Lotay sont splendides et d'une richesse expressive évidente, applaudissons des deux mains le travail d'Andrea Mutti, aussi clair, précis, minutieux, que sale et organique, dans son dessin. C'est lui qui a surtout retenu mon attention de lecteur, et qui donne corps et âme aux premières luttes pour l'union et l'indépendance des États-Unis en gestation. Un comic-book profondément humain, voire salvateur, qui replace l'Amérique, la vraie, sans le masque arrogant du XX ° siècle, dans son statut de jeune nation fière de ses caractéristiques, mais qu'il faut régulièrement démythifier pour ne pas perdre de vue. 



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FLASH TOME 5 : LEÇON D'HISTOIRE

J'ai beaucoup apprécié le début de la série Flash, version New 52, en particulier pour les dessins de Francis Manapul, qui sont vraiment splendides, et son découpage dynamique qui colle parfaitement avec le ton des aventures de Barry Allen. Mais au fil du temps l'intérêt a fini par baisser, jusqu'à ce qu'arrive le Néga-Flash, qui à mon sens a été une grosse erreur de scénario, et qui s'est révélé être un coup dans l'eau. Depuis les choses vont de mal en pis, et ce volume 5 sorti chez Urban est tout simplement mauvais. La première partie est presque illisible. La leçon d'histoire commence avec le second annual de Flash, qui raconte pour la centième fois les liens qui unissent Hal Jordan -à savoir Green Lantern- au bolide écarlate. On les retrouve tous les deux sur un vaisseau extraterrestre où sont organisés des combats à mort, dans une arène, et dont l'issue finale pourrait décider de la survie d'enfants kidnappés sur Terre. Une histoire totalement dispensable, dessinée par Samy Basir, et qu'on croirait destiné à un public jeunesse. Le pire est représenté par l'épisode 26 de Flash, ou le héros doit combattre une sorte de terroriste, une pirate du ciel appelée Spitfire : du remplissage automatique, absurde jusqu'à la fin, qui mérite à peine d'être feuilletée. Que s'est-il passé pour que Dc comics insère ce genre d'ineptie dans un titre autrement bien meilleur? On sent que Christos Gage n'est pas impliqué le moins du monde dans ce travail de commande. La leçon d'histoire proprement dite commence ensuite, avec un Flash face à un fantôme issu du passé de Keystone City. Une légende racontant la création de la cité prend vie, alors qu'un mineur assassiné à coups de pioche, par un de ses collègues jaloux, des siècles en arrière, débarque parmi nous pour se venger, et prendre possession de tous ceux qui ont un rapport avec la descendance de l'assassin.



C'est l'occasion de croiser cette intrigue avec la propre généalogie de Barry Allen, qui tente toujours de disculper son père en prison, et qui va avoir une révélation quant à la vie privée de sa mère, morte assassinée. Tout cela est tiré par les cheveux, et ressemble fort à un dernier baroud d'honneur mal orchestré par Brian Buccellato, au moment même où Flash se cherche un second souffle qu'il peine à trouver. Au revoir Francis Manapul, merci pour tout, au suivant. Patrick Zircher est plutôt bon aux dessins, et il instaure des tonalités sombres et tourmentées, qui contrastent fortement avec ce qui se faisait avant lui. Vous m'avez peut-être trouvé sévère avec ce volume 5, publié chez Urban, mais quand on le compare avec ce qui se produisait au départ, on se rend compte que l'évolution a été clairement négative. Une chance que le titre "Rebirth" porte en soi un de plus grands espoirs, que vous ne tarderez pas à découvrir en Vf, du moins je le souhaite! 


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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : BILLY LAVIGNE

 Dans le 196e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Billy Lavigne que l’on doit à Anthony Pastor, un ouvrage publié chez Casterma...