De l'avis général des fans de l'homme chauve-souris, ce Sombre Reflet est une des meilleures histoires du héros depuis bien longtemps. Un classique moderne, pour ainsi dire. Urban Comics avait déjà eu l'opportunité de présenter ce récit sous forme de deux volumes, au début de son aventure sur le marché de l'édition comics. Souvenirs donc, alors qu'arrive la version en un seul et gros album. Le Batman à l'honneur est encore Dick Grayson, malgré le récent retour de Bruce à Gotham, après avoir été donné pour mort pendant quelques mois. S'adapter à sa nouvelle mission, son nouveau costume (fardeau?) n'est pas une chose simple, et on a l'impression (Alfred le majordome le lui fait d'ailleurs remarquer avec humour) qu'il ne s'investit pas plus que ça pour se couler dans sa nouvelle forme, comme si tout cela ne pouvait être que provisoire. Une mission périlleuse l'attend, lorsque un gamin de Gotham se mue en bête féroce, et que dans son sang est retrouvée une mixture semblable à celle qui est a la base de la transformation reptilienne de Killer Croc, un des ennemis légendaires du Dark Knight. Qui a bien pu voler la préparation chimique, détenue jusque là par la police? Dans quel but? Batman mène l'enquête mais ceux qu'il interroge sont froidement abattus avant d'avoir des réponses (y compris la mère du gamin en question). Toutefois, il finit par trouver une piste crédible : une vieille demeure témoin d'un effroyable carnage, à l'époque où Gotham fut quasi rasée par un tremblement de terre surpuissant. Là sont organisées de mystérieuses ventes aux enchères dans un climat satanique des plus oppressants. Dick parvient à s'introduire sous une fausse identité, grâce aux bons services d'Oracle (Barbara Gordon), mais son déguisement hight tech ne trompe personne. En pleine cérémonie, le voilà contaminé par un gaz hallucinogène et pris d'assaut par tous les témoins présents. Une bien mauvaise passe... En parallèle aux déboires de Batman avec la House of Mirror et de la lutte de Grayson contre les effets persistants du gaz hallucinogène, le commissaire Gordon a la désagréable surprise de voir son fils, James Gordon Jr, revenir à Gotham. Quand on sait que celui ci est supposé être un assassin, un être des plus instables, on comprend qu'il n'y a pas de quoi sauter au plafond. Le fiston a vu un analyste, et accepte aujourd'hui de se soigner, pleinement conscient de son statut de psychopathe (au sens médical du terme). Il demande même de l'aide au paternel pour trouver un job. Mais à votre avis, est-il prêt à se ranger des voitures, et vivre la parfaite petite vie de l'employé modèle, débarrassé de ses folies et de ses pulsions violentes?
Tout porte à croire que James Jr est un dangereux meurtriet, le genre de type qui pourrait vite basculer du coté des pires serial-killers de l'histoire. C'est ce que redoute et dénonce sa soeur. Mais le jeune homme est venu se racheter, mener une vie toute tranquille; c'est en tout cas ce qu'il a dit au paternel. Le Joker, comme à accoutumée, fait aussi une brève apparition dans ce Sombre Reflet, histoire de mettre son grain de sel dans un récit qui sème la folie à travers Gotham. Le climax de cette histoire est absolument spectaculaire et vient résonner comme un uppercut à la face du lecteur. Scott Snyder fait un travail remarquable d'écriture, avec ce Black Mirror. Il offre enfin une légitimité et une crédibilité à Dick, sous le costume de Batman (il état temps, vu que Bruce n'allait pas tarder à revenir). Il réintroduit de subtils éléments propre à choquer et interroger le lecteur, comme cette barre à mine qui servit autrefois au Joker pour massacrer le pauvre Robin d'alors (Jason Todd), et qui est ici mise aux enchères comme symbole du mal absolu. Aux dessins, Jock et Francavilla privilégient l'expressionnisme et la noirceur au réalisme détaillé et anatomique d'un David Finch, par exemple. Du coup, la folie de l'ensemble, la coté malade et torturé, finit par prendre le lecteur aux tripes, comme si le gaz hallucinogène respiré par Batman se répandait aussi par ses narines. Ajoutez à cela une interrogation sur la transmission, le passage de témoin d'une génération à l'autre, du père vers le fils (à double niveau, chez les Wayne, et les Gordon) et de ses ratés, et vous obtenez ce qui a été quasi unanimement salué comme le récit majeur mettant en scène Batman de ces dernières années (pré New 52), plus encore que ceux de Morrisson, taxés par moments (à tort!) de divagations confuses. Sans vouloir entrer dans ce genre de polémiques, je confirme qu'il s'agit là d'une très bonne histoire, croisement génétique entre un Year One et A Long Halloween, bref c'est proprement indispensable!
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