LE COMPLEXE DU MESSIE : SOUVENIRS MUTANTS AVEC HOPE SUMMERS

On revient sur un grand classique moderne ce mercredi. Le Complexe du Messie, ça vous dit quelque chose, bien entendu!
La race mutante est au plus mal, au bord de l'extinction. Depuis le serment magique prononcé par la Sorcière Rouge (No more mutants) à la fin de House of M, il ne reste plus qu'une poignée de mutants, moins de 200, là où auparavant ils étaient des millions. Isolés, menacés, ils s'en remettent à Scott Summers pour trouver un guide éclairé, et continuent de chercher désespérément une solution à cet épineux problème. Une mince lueur d'espoir se manifeste toutefois : la première naissance d'un enfant doté du chromosome X a été enregistré en Alaska. on pensait que cela ne se produirait plus, on s'était trompé. Tout de suite, c'est la foire d'empoigne pour savoir qui mettra les mains sur le nouveau né. Les X-Men sont bien sur de la partie, mais ils ne sont pas les seuls, puisque les Purifiers du révérend Stryker les ont devancé, et ont rasé par le feu le village tout entier. Il faut aussi compter sur l'alliance entre Exodus et Monsieur Sinistre, et un électron libre qui va avoir un rôle considérable à jouer dans le dénouement de la saga, et ce qui va suivre, le revenant Bishop, qui va s'aliéner au passage tous les anciens amis qu'il a pu se constituer lors de son passage chez les X-Men. Camp contre camp, l'univers des mutants (ce qu'il en reste) se divise et se déchire, entre ceux qui veulent perpétuer la race, en finir une bonne fois pour toutes, ou ceux qui veulent exploiter la situation à des fins personnelles. Violence, coups de théâtre, sentiment d'urgence permanent, monstres en liberté (le Prédateur X, une sorte de bête carnassière qui n'aime pas trop les mutants), le Complexe du Messie ne vous laisse pas un instant de répit pour souffler, et décide de l'avenir des X-Men : stop ou encore?

Il s'agit là d'un grand événement mutant, qui concerne plusieurs séries, comme Uncanny X-Men, New X-Men, X-Men (pas encore Legacy) et X-Factor. Du coup, les scénaristes et les dessinateurs sont légions. En vrac, citons le grand Marc Silvestri et son trait ultra précis et léché, qui assure le show dans le numéro d'introduction. Le réalisme est à l'honneur avec Billy Tan, très appliqué, et à l'aise sur les titres mutants. Humberto Ramos apporte une touche différente, d'avantage héritée des cartoons et du manga surtout, qui peut décontenancer vu le reste des tonalités exprimées dans ce Deluxe. Cotés narrateurs, Brubaker, ou encore Mike Carey, sont parmi les cadors qui s'illustrent. Après pas mal de palabres et de passages à vide, Le complexe du Messie permit lors de sa sortie de donner un joli coup de fouet aux titres X, tant il s'y passe des choses, souvent déterminantes pour la suite. Un personnage de grande importance meurt, Layla Miller gagne en profondeur (Facteur X), la jeune et jolie Hope Summers fait ses premiers pas, Bishop devient l'ennemi public numéro un, et Scott Summers durcit notablement le ton. Au point d'entamer une reconversion en bad-boy mutant capable de se salir les mains, et d'aimer les plonger dans le cambouis. Retrouver l'intégrale de cette saga dans un seul et bien fourni album (Marvel Deluxe chez Panini) est presque indispensable pour tous les lecteurs qui souhaitent mettre dans leur bibliothèque les meilleurs tranches de vie de Cyclope et de siens.  Fortement recommandé.
Le gros bémol avec le recul : Hope Summers. Après nous avoir fait miroiter un personnage fort, des liens étroits avec son héritage (Phénix?) indirect et des conséquences importantes pour tout l'univers Marvel, la petite a fini sur une voie de garage, dans l'attente de bonnes idées qui ne viendront plus.




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COVER STORY RELOADED (10) : CAPTAIN AMERICA #193 MADBOMB! (1976)

Cover Story (reloaded) c'est une cover, une histoire, quelques explications. Dixième  épisode, avec Captain America en 1976.
La nation américaine toute entière est en péril. Une "élite" composée d'aristocrates racistes et mégalos s'est assuré les services d'un savant un peu pathétique (sa fille est gravement malade, il n'a pas d'autres choix que de prêter main forte à ses employeurs) pour mettre au point une arme redoutable : La bombe de la folie, qui en explosant déclenche chez ses victimes un accès de rage incontrôlable, et ravale l'homme au rang de bête sans cerveau ni sensibilité. Deux engins ont déjà explosé, mais ils étaient de dimension modeste par rapport au "Big Daddy" qui pourrait bien asservir les Etats-Unis au complet, le jour de la célébration du bicentenaire. Captain America et le Faucon mènent l'enquête pour le S.h.i.e.l.d, et ils ont d'ailleurs subi les effets d'une première explosion mesurée. Ils savent que si la bombe n'est pas découverte et désamorcée à temps, il ne restera rien d'autre qu'un pays servile et dominé par cette caste de fous furieux, qui passe ses journées en tenues d'époque (un peu à l'instar du Club des damnés, cher aux X-Men) à délirer sur d'improbables plans de reconquête de classe. Deux héros au coeur pur, sans autre pouvoirs que leur force et leur détermination, pourront-ils sauver une nation toute entière, alors qu'il ne reste que quelques heures, quelques jours, pour empêcher l'inévitable? C'est la question que pose ici Jack Kirby, de retour chez Marvel après une première période historique (avec Stan Lee) et un crochet chez la concurrence Dc comics (le temps de créer Kamandi et le Fourth World, entre autres). Il signe là une sorte de testament politique assez ingénu mais très dynamique, avec des personnages iconiques, un sens du mouvement démentiel et des héros qui bondissent hors de la page, au mépris du danger et parfois... des proportions. Kirby, le King, quoi, toujours aussi à l'aise quand il s'agit de mettre en scène des appareils fantasmagoriques, ou des scènes de bataille épiques. A cette époque, Kirby était aussi aidé par moments par l'encreur Frank Giacoia, qui sans aller jusqu'à atteindre l'osmose de l'ère Joe Sinnott, permettait à sa manière de magnifier le travail du maître, par ailleurs engagé dans la reproposition d'un Captain America plus monolithique et moins nuancé, après la prestation de Steve Englehart sur le titre, qui en avait fait un héros désabusé et circonspect vis à vis du gouvernement américain. Un vent de restauration flotte dans ces pages. Une autre façon de voir le comic-book, un bain de nostalgie, parfois salutaire, toujours édifiant, à l'heure où Steve Rogers endosse le costume et les idéaux d'Hydra, et domine la planète dans Secret Empire, qui a cours depuis quelques semaines en Vo.


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Du bon vieux Captain America dispo ici : 


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ECUREUILLETTE CONTRE L'UNIVERS MARVEL : SQUIRREL-GIRL PLUS FORTE QUE TOUS

Ecureuillette. Rien qu'à partir de cette entrée en matières, je sais que nous allons perdre une partie du public. Je ne vous cache pas, par ailleurs, que je ne suis pas le lectorat cible de cette parution. Mais que voulez-vous, il faut savoir garder l'esprit ouvert, d'autant plus que c'est la meilleure manière de faire d'excellentes rencontres, et de débusquer des albums surprenants, sur lesquels on n'aurait pas parié un kopeck.
Alors nous y voici. Squirrel-Girl est Doreen Green dans la vie civile. Elle est jeune, c'est une geekette qui est entourée par des amis dans son genre, et elle fréquente ces dernières années le gratin des super-héros. Elle aussi sauve la veuve et l'orphelin, elle est même capable d'éviter une catastrophe ferroviaire en s'allongeant sur les rails et en se faisant passer dessus (sans aucun jeu de mot, au sens littéral) par tout le convoi. Bref, il faut la prendre au sérieux. Même Tony Stark fait appel à ses services, surtout quand il récupère un étrange appareil arraché à un des doyens de l'univers, et qu'il ne sait pas faire fonctionner. A quoi peut servir l'engin? Quoi de mieux pour comprendre son utilité, que d'avoir des cobayes sous la main, genre...des écureuils? Bien entendu, chez Marvel (Disney) aujourd'hui, utiliser des animaux pour une telle tâche est impensable, alors l'histoire convoque une séance de baston sortie de derrière les fagots, excellent prétexte pour provoquer la confusion, le chaos, et pour que Ecureuillette soit projetée par inadvertance dans la machine. A sa sortie, grande surprise, ce sont deux personnes qui apparaissent, en tous points identiques. Deux Squirrel-Girl, qui vont pouvoir cohabiter, s'allier, ou simplement...se taper dessus, et provoquer une catastrophe. Bien entendu rien de tout ça n'est présenté avec grand sérieux, c'est du second degré à l'énième puissance.  


Deux Ecureuillettes, voilà qui est pratique pour éradiquer le crime. C'est à cette conclusion qu'arrive Doreen et Allene, l'autre elle même. Sauf que à bien y penser, qui est responsable de tous les malheurs sur Terre? Les écureuils (qui pourtant vivent peu et meurent facilement)? Certainement pas. les humains pardi! Ce sont eux la plus grande menace pour la planète et son écosystème. Ryan North fait un truc de dingue pour dingues, c'est à dire qu'il orchestre la domination programmée du monde par une Squirrel Girl qui se combat en personne, non sans demander de l'aide aux Avengers. Aveux de ma part, oui c'est assez fun, il y a des scènes qui font franchement sourire, bref c'est plaisant et on ne regrette pas de lire ce Graphic Novel tombé d'un peu nulle part. Le dessin de Erica Henderson lui pose un petit problème en soi. D'accord, c'est drôle et décalé. Mais est-il possible de dessiner ce genre d'histoire tout en prêtant une attention formelle aux personnages, aux planches? Oui, et la riche histoire de Disney nous l'enseigne. Ici, les prétentions "arty" ne cachent pas l'évidence. Trop souvent c'est laid. C'est ébauché, vite emballé, bref les amateurs de belles pages peuvent aller voir ailleurs. Reste le titre. Ce n'est pas un détail. Allez donc tenter de convaincre un lecteur parti avec l'idée de mettre la main sur du Dark Knight, du Avengers, ou même du Punisher, pour le diriger vers un volume estampillé Ecureuillette? Bon courage. Squirrel Girl a un seul avantage, les français sont nuls en langues (parait-il) et tous ne savent pas (loin de là) ce que signifie la première partie du pseudonyme. 
Ecureuillette contre l'univers Marvel, c'est tellement "WTF" que je vous laisser juger sur pièces. 






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ANDROIDES - LES LARMES DE KIELKO : LES FLUIDES DE LA PASSION CHEZ SOLEIL

Certes il s'agit du quatrième tome de la série Androïdes, publié chez Soleil. Néanmoins il n'est absolument pas nécessaire d'avoir lu les trois autres pour comprendre ce qui se passe dans cet album. Androïdes propose en effet des histoires qui se lisent indépendamment les unes des autres, avec à chaque fois une équipe d'auteurs différente. Ici c'est Jean-Charles Gaudin et Vincenzo Federici qui sont aux commandes. Forcément, vous l'aurez deviné, Kileko est un androïde; sa fonction primaire est d'assister une riche famille qui l'emploie à Los Angeles, en 2037. Entre les temps de pause qu'il met à profit pour se recharger, et les tranches de vie durant lesquelles il déchiffre l'intimité d'un couple de riches galeristes d'art, tout en assistant leur enfant dans les devoirs ou les tracas journaliers, Kielko comprend peu à peu ce qui fait la spécificité des êtres humains. Aucune construction mécanique ne pourra jamais atteindre le désir, le sexe, les fluides corporels, l'animalité de l'homme qui dicte ses choix, brouille sa perception et l'entraîne sur une pente qui s'avère toujours plus glissante, au fur et à mesure qu'on la parcourt. Lorsque l'on est habitué à se fier uniquement à la raison, lorsque chacune de nos réactions est dictée par un ensemble de circuits préprogrammés et de logiciels complexes, on ne peut pleinement appréhender l'irrationalité insondable du cœur et de l'esprit humain, et ses méandres périlleux, menant à la tourmente de la luxure et des pulsions primaires. D'ailleurs les constructeurs ne s'y sont pas trompés, certains documents, certaines lectures ou des films en particuliers, sont interdits aux androïdes, qui ne sont pas censés en savoir beaucoup sur le sang, les larmes, le sperme, bref sur la nature sauvage de l'homme dit "civilisé". Kielko regarde "Blow Out" de De Palma en cachette, il épie son "maître" quand il couche avec une cliente, et reste fascinée par l'épouse, qui use envers lui d'une froideur évidente. Qui a dit que les machines n'ont pas de sentiments? 

Au dessin Vincenzo Federici (ou Viska si vous préférez), qui avait déjà terminé cet album il y a plus de 2 ans (sa parution a été régulièrement repoussée) démontre qu'il a atteint une maturité impressionnante, fort utile pour réaliser une telle performance. Car il fallait un dessinateur capable de fortement érotiser les personnages et de nombreuses scènes, tout en gardant une distanciation et une froideur clinique, pouvant se marier avec le regard d'un androïde. Souffler le chaud et le froid dans les mêmes planches, exalter les corps et les courbes, tout en suivant une rigueur formelle et plastique. Viska opère une synthèse saisissante, qui contribue grandement à la réussite de ce 4e tome. Le scénario de Gaudin prend bien le temps de nous faire pénétrer dans l'intimité de la famille employant Kielko, et même si on devine assez vite (voire d'entrée), que l'union parfaite n'est qu'une façade, la lente décomposition du cadre idyllique, qui vole en éclat sous les désirs et les besoins primaires liés au sexe, à la luxure qui emprisonne et mène au désastre, n'en est que plus saisissante. La fin semble un peu brutale, comme s'il fallait achever en quelques pages ce que l'auteur aurait pris au moins le double du temps à dire, en début d'album. Mais n'entache pas le niveau de l'ensemble. Nous  recommandons bien entendu ce Kielko sans retenue; c'est une excellente porte d'entrée sur cet univers d'Androïdes, et c'est une publication particulièrement intelligente que nous propose Soleil.

Nous remercions la maison d'édition Soleil pour avoir mis à notre disposition, en avant-première, les copies de ce tome 4 durant le Printemps des Comics, les 5 et 6 mai dernier, à Nice. Et Vincenzo Federici pour nous avoir fait l'honneur et le plaisir de les dédicacer. 


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I AM GROOT #1 : BABY GROOT EN SOLO

Impensable voici quelques années de cela, la réalité est pourtant évidente : une des stars du marketing, au royaume des super-héros Marvel, est un arbre. Groot a définitivement acquis ses lettres de noblesse grâce au premier film des Gardiens de la Galaxie, avant d'enfoncer le clou en tant que Baby Groot, la version enfantine de lui-même, en pleine phase de reconstruction/croissance. Du coup, il aurait semblé idiot de passer à coté de la poule aux oeufs d'or, et de ne pas utiliser cette idée narratrice dans les comics. Ici aussi Groot est bien jeune, dans une période flirtant avec l'inconscience et la rebellion, comme celle qui est mise en avant dans le second film des Gardiens de la Galaxie. Cela veut dire que le personnage sera une source inépuisable de quiproquos et de moment drôles, car c'est bien connu, les enfants ne sont pas réputés pour leur constance ou leur jugeote, sauf s'ils lisent des comics, signe d'une intelligence précoce et d'une existence qu'on devine riche et bien remplie.
Franchement, ce premier numéro est embarrassant. Il correspond à tout ce que le vieux lecteur comme moi redoute, à savoir un produit calibré "jeune" avec de jolis couleurs flashy et un scénario banal, des dessins dynamiques et explosifs, mais trop cartoony et caricaturaux pour mes attentes. On a du second degré à chaque page, mais à part un vague sourire, ça ne déclenche rien d'autre. Pas de folie furieuse épatante, juste un bordel mal ficelé, comme s'il avait fallu vite sortir le titre et gagner quelques dollars, sans avoir pris le temps de le construire de manière crédible. Pour l'histoire en soi, et bien le premier numéro de la série sert surtout à préparer la suite, expliquer comment Groot s'est retrouvé séparé des Gardiens de la Galaxie. On y découvre aussi un personnage qui va l'aider et l'épauler (Buddy), quelques instantanés sur la relation Rocket/Groot (qui finit par devenir assez convenue à force) et un Baby Gardien qui est happé par un vortex et projeté dans une situation où clairement il n'aurait aucune chance de survivre en solitaire.
Flaviano (Armentaro) joue avec la taille du petit personnage, selon les situations, accentuant son retard de maturité, ou exacerbant ses actions, peu en rapport avec celles d'une jeune arbrisseau comme lui. Sa version de Baby Groot est inspirée des Calvin et Hobbes de Watterson, ou de ce qu'on voit dans le Liberty Meadows de Frank Cho. L'artiste est un pur produit du monde de l'animation, du coup ce sont les gestes, les mimiques, qui viennent rappeler le caractère ingénu de Groot, et les situations bigger than life dans lesquelles il va se retrouver, avec Buddy, un compère tout aussi naïf à ses cotés. 
Qui suis-je pour dire que cette série est mauvaise? Personne. Je souligne juste qu'elle ne correspond en rien à ce que je souhaite lire aujourd'hui et que cette inflation de propositions régressives et ouvertement "récréatives/comics de dessins animés" commence à me lasser. Un titre exclusivement destiné au public qui s'esclaffe ou s'émeut en salle devant les grands yeux ébahis de Baby Groot, et qui va taper sur les nerfs de ceux qui en ont assez. 



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GREG RUCKA PRESENTE WONDER WOMAN Tome 2 : LES YEUX DE LA GORGONE

Il y a encore des gens qui ne lisent pas de Wonder Woman, car ils sont probablement bourrés de préjugés. Certes toute la production consacrée à l'Amazone n'est pas d'une qualité exceptionnelle, mais après des décennies d'existence, on peut dégager certains "run" qui oscillent entre le magnifique et le somptueux. Un de ceux qui méritent vraiment d'être connu est celui de Greg Rucka, qui nous a montré une princesse Diana tout aussi mythologique qu'humaine, puisque fort occupée dans son rôle d'ambassadrice de Themyscira, aux prises avec les machinations, la jalousie, l'incompréhension du monde, sans oublier des ennemis plus traditionnels comme la Gorgone, dans ce second tome. Tout commence par une interrogation : qui a bien pu tuer Darrel Keyes, le fondateur du groupe protégeons nos enfants, radicalement opposé au programme de paix de Wonder Woman. En menant l'enquête, notre super-héroïne est épaulée par Batman, le meilleur détective du monde, et très vite il s'avère que le docteur Psycho a eu un rôle à jouer dans l'affaire. Celui-ci séquestre même Veronica Cale, une scientifique milliardaire, directrice d'une entreprise pharmaceutique, qui voue à son tour une haine farouche envers l'amazone, et qui a tout tenté pour la discréditer. Sa collègue et associée en affaire, Leslie Anderson, est beaucoup plus raisonnable et c'est à elle que Wonder Woman demande aide et lumières pour sauver Silver Swan, défigurée et transformée en une sorte de cyborg reprogrammée. Au milieu de tout cela, la belle amazone garde le cap : elle est toujours égale à elle-même, aussi sûre que rayonnante, aussi apaisante que raisonnable, et elle tente de se frayer un chemin grâce à la justice et à la droiture, au milieu de tous ceux qui voudraient la faire chuter.

Bien sûr, les amateurs de mythologie ne seront pas en reste dans ce second tome. Outre une vision de l'Olympe toujours aussi moderne et ironique (avec des Dieux qui perdent peu à peu leurs pouvoirs, puisque peu à peu on les oublie), nous avons la menace des Gorgones, c'est à dire Meduse (dont le regard change qui la croise en pierre), Euryale et Sthéno. Manipulées par Circé la magicienne, elle trament contre Wonder Woman, et vont finir par s'allier, cela va de soi, avec la perfide Veronica Cale. Toute cette action "classique" a pour effet un attachement moindre à la vie quotidienne de l'ambassade et du cast des personnes y travaillant, mais il faut admettre que Rucka s'en est surtout servi au départ pour familiariser les nouveaux lecteurs avec les fonctions et les caractéristiques de Diana, et qu'il s'attelle là à une écriture un peu plus convenue, tout en gardant un oeil attentif aux moyens de dépoussiérer la tradition, pour proposer une Wonder Woman clairement insérée dans son époque, mais qui ne renie en rien ce qu'elle est fondamentalement.
L'essentiel du dessin est oeuvre de Drew Johnson. C'est une sorte de cas d'école car il s'agit d'un artiste qui n'offre pas une performance époustouflante, mais qui reste toujours égal à lui-même, c'est-à-dire doté d'un trait souple et agréable, conférant un confort de lecture notable, et possédant la caractéristique de bien définir chacun des personnages. Il n'abuse pas des splash pages, mais quand il y en a cela vaut le détour. 
En somme, la Wonder Woman de Greg Rucka a de fortes chances de séduire un public large. Tout en utilisant la plupart des codes attendus de ce type de série, voilà un travail de lifting original et respectueux, et une Amazone campée avec brio, boussole morale et courageuse pour la communauté super-héroïque d'alors. Cette collection que propose Urban Comics est une vraie bonne idée de cadeau, avant d'aller découvrir le film en juin, sur les grands écrans. 



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NIGHTHAWK : LA HAINE ENGENDRE LA HAINE (MARVEL DARK)

Aujourd'hui nous mettons le cap sur Chicago, pour aller découvrir les dernières aventures en date de Nighthawk. Qui est donc ce personnage? Le premier s'appelait Kyle Richmond et il avait été inventé par Roy Thomas et Sal Buscema sur les pages de la série des Avengers. Cette version là integra même le groupe des Défenseurs, alors qu'un autre Nighthawk, cette fois-ci incorporé à l'Escadron Suprême (un groupe de super-héros qui agissait sur une terre parallèle) obtenait aussi ses galons de personnage reconnu, grâce notamment à Marck Gruenwald. Plus récemment, Straczynski présenta une version retouchée du super-héros, toujours membre de l'Escadron Suprême (issu de la terre 31916), beaucoup plus violent et impitoyable que ses prédécesseurs, et afro-américain. Depuis les Secret Wars sont passées par là... désormais Nighthawk fait partie de notre univers, il évolue au sein du nouvel Escadron, qui est composé d'antihéros de différentes dimensions, et il est épaulé par Nightshade, une ancienne criminelle qui dans le passé a même transformé Captain America en un loup-garou. Sa mission est simple, débarrasser la ville de Chicago du crime... et ses méthodes font passer le Punisher pour un assistant social. Autrement dit, voici un album réservé à un public averti. Avec le scénariste David Walker, Nighthawk se retrouve à devoir évoluer dans un milieu totalement corrompu, que ce soit le crime, la finance, les entreprises et même les forces de l'ordre, il n'y a pas grand chose à sauver dans cette Chicago là. Dans cette histoire nous trouvons un riche entrepreneur qui désire faire construire un complexe résidentiel dans une zone pauvre de la ville. Bien évidemment ce ne sont pas les scrupules d'ordre éthique qui vont l'étouffer pour atteindre son but. Tout se complique à cause d'un groupe de suprématistes blancs (True Patriots) qui se consacrent au trafic d'armes, et un terrible serial killer qui élimine ses victimes de manière sadique. Qui est donc l'assassin et pourquoi s'en prend t-il à des victimes qui cachent des secrets? Et qui est donc Nighthawk, quelless sont ses motivations, pourquoi veut-il punir les criminels et faire triompher la justice de la sorte?



Walker nous explique tout cela et même si c'est très violent, ça n'est jamais complètement gratuit et sert le récit, qui plonge dans le hard boiled plus total. Nighthawk n'est pas antipathique, et des bribes de son background nous sont révélés, et on finit par le trouver même attachant. On n'oublie pas au passage d'aborder le racisme ou l'aliénation urbaine et on a le plaisir de lire quelque chose qui mêle divertissement et réflexion. Nightshade est ici présente pour quelques remarques sarcastiques, qui apportent une touche d'humour. Une dynamique fort sympathique se tisse avec Nighthawk.
Si les scènes d'action, la beauté plastique des moment dynamiques et des personnage est assez réussi, cela est aussi grâce au dessinateur Ramon Villalobos, capable de mettre en place une alternance intéressante de petites vignettes et de doubles pages, qui diversifie et densifie ces épisodes. Certes le réalisme n'est pas son fort, mais il est volontairement à placer du coté des épigones de Quitely, et son trait possède une classe innée, et un caractère bien trempé. Encore une fois on se rend compte que la plupart des meilleures séries Marvel du moment sont celles qui ne comportent pas d'enjeu commerciaux importants (le titre a été vite arrêté faute de ventes) et qui semblent pousser discrètement dans les sous-bois des séries mal aimées. Nighthawk en est un bon exemple et nous ne pouvons que le recommander à ceux qui désirent quelque chose d'adulte et de bien construit. Assurément une bonne surprise, dans la collection Marvel Dark de Panini. 




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LADY KATANA 1 : JE SUIS DE RETOUR (DE DAVID CAMESCASSE)

J'aimerais sincèrement aborder plus souvent la production française de comics, des albums aux tirages plus confidentiels mais parfois de grande qualité. Le problème est que les finances allouées à UniversComics sont loin d'être extensibles, tout comme le temps à disposition, et la place sur les étagères. Mais quand une maison d'édition ou un artiste jouent le jeu, nous sommes enchantés de pouvoir parler de ce genre de parution. Cap sur Lady Katana, premier numéro, par David Camescasse, chez ACB comics. 
Lady Katana est partie. Elle doit surmonter un drame terrible, la perte de ses enfants assassinés par Shogun. Chaque fois qu'elle ferme les yeux, c'est pour revivre la scène terrible, cela et le mari qu'elle a abandonné, Dan. La culpabilité est telle qu'elle souhaite en finir, mais le destin en a décidé autrement. Sous le masque du Démon, elle s'interpose face à un simple gamin des rues, qui venait de voler quelques fruits, mais la réaction est disproportionnée par rapport au larcin. A coté le Punisher passerait pour un bon samaritain. La voici tellement dévorée par les épreuves qu'elle est passée, sans s'en rendre compte, du coté du mal et des ténèbres qu'elle a combattu. Mais lorsqu'elle essaie de prêter main forte à une jeune demoiselle en détresse au bord du viol, Mariko (le prénom de notre héroïne) va faire la connaissance impromptue de Naginata, et de ses lames portail. Une rencontre qui va l'amener sur un autre plan d'existence, un autre monde, où est en cours une guerre entre Imperator et ses démons d'un coté, et la résistance d'un vieux sage et de sa fille de l'autre. Ce sera le point de départ d'une renaissance, d'une nouvelle existence, vers un nouveau but, pour Lady Katana all-new all-different.



Pas de temps à perdre avec cet album, publié donc chez ACB Comics, le label de Tony D'Agos. C'est rapide et rondement mené, avec une constance, l'action, et une violence qui doit être sublimée, au delà des concepts de bien et de mal. Davis Camescasse adopte un style qui emprunte autant aux cartoons qu'aux comics américains, particulièrement en accord avec le ton du récit. Lady Katana découpe au sabre, le sang coule, les couleurs sont volontairement sombres et angoissantes lorsqu'elle se perd, se cherche, avant un réveil teinté d'espoir, où revient, dans tous les sens du terme, la lumière pour le lecteur et l'héroïne. C'est certes classique sur le fond (le personnage torturé qui a chuté, vaincu par l'épreuve, et qui par un coup du destin va redresser la tête et se trouver un but) mais la narration est fort bien maîtrisée et se développe sans heurts au long de ces 32 pages de Bd, agrémentées des couvertures, de croquis préparatoires. Lady Katana se présente dans un grand format souple agréable à tenir en main, avec une qualité de papier et d'impression remarquables pour ce type de produit. Une bonne surprise que j'ai découvert ce week-end et qui a en plus un mérite évident, celui de donner envie d'en savoir plus et approfondir ce qui se passe chez ACB, qui a franchi le cap des trente ans d'existence, tout de même! 

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(ALL-NEW) DAREDEVIL TOME 2 : BLUFFEUR EN VUE

La suite des aventures de Daredevil scénarisées par Charles Soule est arrivée en librairie. Pour le moment nous n'avons toujours pas résolu le grand mystère de l'identité secrète du diable de Hell's Kitchen, comment se fait-il que plus personne ne se rappelle que sous le masque se cache l'avocat aveugle, Matt Murdock. La question revient dans ces pages, notamment lors d'un duo formé avec Spider Man, sur l'île de Macao, pour une doublette d'épisodes qui nous plonge dans une ambiance proche de Ocean's Eleven. Matt Murdock utilise en effet ses hyper sens pour remporter des parties de cartes aux enjeux colossaux, dans un des casinos les plus huppés du monde. Le véritable enjeu est de récupérer une valise contenant des documents compromettants. Régulièrement le scénariste fait donc allusion à ce qui s'est passé, sans pour autant nous dire de quoi il s'agit. L'ancien associé de Matt, Foggy Nelson, est lui toujours au courant de cette dualité, mais tous les membres de la communauté super héroïque, camarades ou ennemis, ont eu leurs souvenirs effacés. Cela concerne aussi la belle ninja Elektra par exemple, qui a de surcroît une autre raison d'être profondément énervé contre Daredevil : elle lui reproche en effet la disparition de sa fille! Une nouvelle déroutante car jusque-là nous n'étions pas au courant qu'Elektra avait eu une un enfant. En plus, selon ses dires et l'âge de la possible gamine, Matt pourrait bien être le père... Que s'est-il donc passé et pourquoi s'en prend telle avec une telle violence à son ancien amant? Qui a bien pu jouer avec son esprit pour lui mettre en tête de telles idées? La réponse dans les deux premiers épisodes ce ce second tome.

Au dessin Garney nous quitte momentanément, et laisse la place à un artiste italien, Matteo Buffagni. Vous l'avez déjà aperçu sur d'autres séries Marvel, comme Punisher ou Dark Wolverine, mais pour ma part c'est sur les aventures du célèbre cambrioleur transalpin, Diabolik, que je me suis familiarisé avec cet artiste dont les progrès sont évidents, année après année. Ici le découpage et la mise en place est limpide et permet de suivre avec une grande facilité de lecture le duel entre Daredevil et Elektra, par exemple, alors que ces pages sont aussi un hommage évident aux vieilles techniques d'impression quadricolores, et donne un subtil charme rétro à l'ensemble. Le style de Goran Sudzuka, lui, est plus anguleux et joue plus sur les effets d'ombre et la noirceur de la nuit, et les éclairages artificiels de Macao. En fin d'album nous trouvons le premier annual de la nouvelle série, où Roger McKenzie repointe le bout de son nez, avec les dessins fantomatiques, élégants et inquiétants, de Vanesa Del Rey. Nous passions d'un concert de rock au retour de Klaw, le maître du son, qui tente une énième fois de conquérir le monde à sa façon. Matt Murdock est aveugle, mais pas sourd, et s'il va s'en sortir, c'est parce qu'il a parmi ses alliés une jeune femme qui elle n'entend guère, mais sait reproduire tout ce qu'elle voit à la perfection. Echo est elle aussi de ces pages, et chacune de ses apparitions est appréciée. Voilà un personnage qui mériterait bien plus d'attention. Un bon petit second tome pour les fans du Diable Rouge, qui manque toutefois de gros enjeux pour un lecteur de passage, par l'odeur attiré (des pages, j'aime les respirer à pleins poumons...)


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LES ENCHERES SPECIALES "PRINTEMPS DES COMICS"

Le Printemps des Comics, qui s'est déroulé à Nice les 5 et 6 mai dernier, est aussi un bon prétexte pour vous présenter une série d'oeuvres originales, réalisées par quelques uns des artistes présents lors de la manifestation, placées cette semaine aux enchères. Si vous le souhaitez, vous allez pouvoir acquérir un ou plusieurs de ces splendides dessins.
Au menu, vous avez une cover de Vincenzo Federici, consacrée à Star Trek (prix de départ 250 euros, comme vous le constatez elle est dense en personnages et en détails). Vous trouverez aussi deux des originaux insérés dans le portfolio de la manifestation. Le Daredevil de Toni Fejzula (prix de départ 120 euros, c'est un chef d'oeuvre) et le duo Harley Quinn & Deadpool, par la promesse locale Benjamin Carret (prix de départ 50 euros, une aubaine).
Ces originaux sont des grands formats A3, et ils sont placés aux enchères ici même, sur la page du Printemps des Comics et celle d'Alfa BD. Enfin ils vont être mis aux enchères sur Ebay durant sept jours. Une simple offre en commentaire vaudra participation aux enchères. Merci de laissez votre nom ou adresse mail véritable afin que nous puissions vous contacter si vous remportez ces enchères. 





Les enchères, liens directs





POURQUOI J'AIME LES COMICS. POURQUOI NOUS AIMONS LIRE DES COMICS?

Il est possible que vous vous posiez la question, tout comme moi d'ailleurs par moment je me la pose. Pourquoi aime-t-on autant les comics, qu'est-ce qui fait de notre passion cette chose si particulière qui nous tient autant à cœur? Essayons de répondre ce matin, au moins pour ce qui me concerne. Je vous laisse ensuite me donner vos propres réactions et les raisons pour lesquelles vous aimez les comics... à chacun la sienne!

J'aime les comics car j'ai commencé à lire avec. J'étais encore un gamin de 4-5 ans lorsqu'on a mis mes premières bandes dessinées entre les mains. J'ai davantage été happé par les images, les costumes flamboyants, avant de comprendre parfaitement les histoires et leurs mécanismes. L'aspect visuel est donc très important, c'est chamarré, bourré de couleurs spectaculaires, il y a de l'action... j'ai été conquis d'emblée.

J'aime les comics car on peut les lire à différents niveaux; ce ne sont pas simplement des histoires pour préados, mais aussi une manière formidable de décrypter la culture populaire, la géopolitique de nos sociétés occidentales. Oui, à travers les comics, c'est l'histoire du monde que nous lisons, de l'aube des temps et la mythologie, jusqu'aux enjeux politiques, commerciaux ou religieux, qui caractérisent aujourd'hui notre société si chaotique.

J'aime les comics car ils mettent en scène l'éternelle lutte du bien contre le mal, tout en évitant assez souvent de tomber dans un manichéisme rétrograde. On trouve de très nombreuses nuances de gris dans les comics, bien plus que les 50 célèbres nuances au cinéma et de la littérature érotique cheap... les comics c'est une leçon de vie sur ce qui fait un homme et l'humanité.

J'aime les comics pour leur diversité : il y en a pour tous les goûts, de la science-fiction pure et dure, de la bande dessinée historique, du soap opera digne d'un bon feuilleton, ou tout simplement des récits adultes, crus, immoraux, policiers, sentimentaux, humoristiques... chaque public trouvera son comic book, à condition de chercher un peu. Il n'existe pas de personne qui n'aime pas la bande dessinée, seulement des personnes qui n'ont pas encore trouvé la bande dessinée qui leur convient.

J'aime les comics car ils sont là, toujours immuables et pourtant différents. Certes on reprochera souvent que la mort des héros n'est jamais définitive et qu'à force elle finit par perdre son impact, mais j'aime savoir que ces personnages que je lis depuis des armées -presque 40 ans- sont toujours avec moi, ils ont grandi avec moi et je continue encore aujourd'hui de prendre plaisir à suivre leurs aventures. J'espère encore longtemps.

J'aime les comics également car depuis quelques années je connais nombre des auteurs qui les dessinent, les écrivent... les rencontrer a été enrichissant; j'ai désormais un autre point de vue, un autre éclairage sur leur travail. La plupart sont des personnages fascinants, des artistes que je salue bien, et que je remercie quotidiennement pour leur formidable dévotion à notre passion commune.

Et tout simplement j'aime les comics parce que les heures, les jours, les mois, peut-être les années si l'on met bout à bout tous ces moments de lecture, ont fini par former la personne que je suis, une grande partie de moi vient de ce que j'ai lu, ce que j'ai compris, ce que je découvre au fil des pages depuis des années. Et vous pour quelle raison aimez-vous les comics au fait?


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EMPRESS : LE NOUVEAU MARK MILLAR (ET STUART IMMONEN)

Ne vous fiez pas à la couverture de ce Empress, vous auriez l'impression que le personnage central de l'histoire est une sorte de reine maléfique; mais il n'en n'est rien. En réalité Emporia est une victime : elle est mariée avec un tyran qui se complaît à faire couler le sang et avec qui il est impossible de discuter. Sa vie et celles de ses 3 enfants sont marquées par une violence absolue, et le seul espoir qu'elle a d'offrir un avenir différent à sa progéniture est de s'enfuir. Une fuite sans aucune possibilité de retour, puisque la punition serait la mort dans les arènes! Par chance elle a à ses côtés un allié précieux, le garde impérial Dane Havelock. Celui-ci est doué pour le combat et retourner les situations impossibles en sa faveur, et il connaît aussi un certain Tor, un nain capable d'agir par télékinésie sur la technologie ancienne, et qui possède une sorte de robot permettant des bons dans l'espace. Cette faculté de se téléporter va être utile pour notre joyeuse brigade, qui va sauter d'une planète à l'autre, pour tenter de faire perdre ses traces, jusqu'à aboutir sur le monde où réside la sœur de Emporia, quelle n'a pas vu depuis des années et dont elle a jusqu'ici caché l'existence à son mari sanguinaire. Mais ce plan, qui sur le papier semble déjà difficile à réaliser, va se heurter à toute une série de déconvenues et d'épreuves, qui vont le rendre extrêmement périlleux. Petit détail important, nous sommes dans un très lointain passé, à l'aube des temps, et Mark Millar nous explique qu'avant notre civilisation, il y en a eu bien d'autres. Du rétro futurisme sur fond de saga familiale. 


On se demande comment fait Mark Millar. La crème des dessinateurs collabore avec lui. Tout le monde y passe. Ici c'est au tour de Stuart Immonen de donner libre cours à son talent. Certes, coté découpage, il doit aussi se confirmer aux ambitions formelles du scénariste, et reste un peu plus prudent que lorsqu'il a carte blanche totale, mais l'ensemble est de belle facture, et offre de jolies envolées lyriques, dans un space opera simplifié et linéaire, où les liens familiaux font office de ressort dramatique principal. Il y a certes du Star Wars là dedans, mais aussi du Saga (le comic-book de Vaughan) ou du Black Science (Remender) pour les bonds d'un endroit à l'autre. Millar réinterprète comme toujours l'esprit du temps, pour un faire un produit lisible et efficace, qui suscite dès les premières pages la sympathie. Le seul bémol de ce Empress, qui l'éloigne de la catégorie des chefs d'oeuvres de Millar, c'est le besoin d'aller vite, de privilégier l'action, qui fait que certains personnages sont trop vité ébauchés. Par exemple la fille d'Emporia (Aine) qui est juste caractérisée par sa défiance à l'idée d'une relation extra-conjugale de la mère, où même Emporia elle-même, dont les sentiments profonds, une fois le premier épisode passé, sont vite évacués. Coté positif, cela donne le temps de monter des concepts à donner le vertige, comme cette race d'extra terrestres qui vous permettent d'échanger votre corps contre le leur, le temps de se remettre en forme, tout en se prélassant dans une enveloppe inconnue. Empress se veut avant-tout un grand divertissement pour tous les lecteurs, et globalement c'est fort réussi de ce coté. L'ennui n'habite pas ici, et le Millarworld, chez Panini Comics, s'enrichit d'une nouvelle histoire menée tambour battant, qui réserve un ultime coup de théatre prometteur dans sa dernière vignette. Mark Millar, aussi prolixe que malin. 



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