Vous cherchez un créateur de génie, capable de mettre sur pieds des univers ultra fouillés, crédibles, et truffés de créatures et de paysages merveilleux? Dans le petit monde des comics américains, vous avez Rick Remender, qui correspond bien à cette définition du rôle. Son nouveau titre sorti en Vf chez Urban Comics, Seven to Eternity, est une nouvelle fois d'une exigence évidente, et nécessite une lecture attentive.
L'histoire se déroule sur Zhal. Ce monde lointain est tombé sous la coupe d'un certain Maître des murmures, appelé aussi le Roi Fange par ses (très nombreux) opposants. Il a un pouvoir étonnant et pernicieux : ses mots, les rumeurs qu'il propage, finissent par entrer dans l'esprit de qui les écoute, devenir des faits établis, qui vous retournent le cerveau, surtout qu'il a la capacité de savoir quelles sont vos vrais désirs secrets, ceux pour lesquels vous seriez prêts à tout renoncer, y compris les convictions les plus ancrées, celles pour lesquelles vous étiez prêts à mourir quelques minutes auparavant. En retour, le Roi Fange vous contrôle, et voit et entend par vos oreilles. Vous devenez son pantin, et grossissez son armée. En face, on suit les vicissitudes de la famille Osidis, et plus particulièrement du père, Adam. Ce dernier est considéré comme le traître par excellence par les Mosaks, des mages guerriers en lutte contre le Maître des murmures, avec qui il n'avait pas souhaité s'allier par le passé, préférant rester neutre dans le conflit ravageant Zhal, et partir se terrer au plus profond des collines, dans un lieu inhospitalier et caché. Jusqu'au jour où on le retrouve, lui et les siens. Adam ne peut plus rester dans l'ombre, et de plus, il est malade, probablement mourant.
Seven to Eternity interroge donc l'éthique. Il est facile de se vanter d'avoir des valeurs, une ligne de conduite à laquelle on ne déroge jamais, mais cela est vrai jusqu'à quel point, quel prix? C'est cet axiome qui porte le pouvoir du Roi Fange, dont les murmures ont l'effet de bombes, et entraînent une reddition immédiate. Remender plonge l'ensemble dans un univers de science fiction cataclysmique, qui suinte la fin des temps et la déchéance continue, le truffant de créatures et de concepts qui font mouche, à en donner le mal de tête. Comme dans Low, ou encore Blak Science, nous avons ici un univers si stratifié et chargé en concepts audacieux et pourtant vite acceptés par le lecteur, qu'il est évident que cette série va vite atteindre le statut de petite perle du genre, et ravir ceux qui aiment les lectures à la frontière de la fantasy et du comics d'anticipation classique. En plus, Jerome Opena est le dessinateur, et c'est tout bonnement renversant. Une science du détail invraisemblable, une précision dans la mise en scène, chaque personnage fouillé et unique, c'est un festival dans le cadrage, l'alternance de composition des planches, et du style des vignettes. Les couleurs de Hollingsworth sont au diapason (il existe aussi une version noir et blanc dans un format plus grand, comme Urban l'a déjà fait par le passé) et achèvent l'impression d'avoir entre les mains un classique moderne.
Certains commenceront à reprocher une multiplication de séries assez similaires, chez Rick Remender, mais tant que le scénariste parviendra à rendre ce genre de copie, avec en plus un dessinateur aussi incroyable à ses cotés, ce serait bête de ne pas participer à l'aventure. D'autant plus que le prix de lancement, chez Urban Comics, est cette fois encore de dix euros.
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