MARVEL UNIVERSE 1990 : LES SUPER GROUPES (TEAM PICTURES)

Ah les bonnes équipes Marvel. Qu'on préfère les assemblées de boy-scouts comme les Avengers ou les X-Men, ou bien les vilains qui veulent dominer la planète, comme le Club des Damnés, on trouve de quoi satisfaire notre appétit. Retour en 1990, à l'aube d'une décennie qui allait voir Marvel oser tout et son contraire, avec des choses extraordinaires et d'autres complètement imbéciles. Voici donc une petite review des principaux "team" de nos chers personnages, tels que les collectionneurs les possèdent peut-être au fond de leurs tiroirs. Mention spéciale pour Excalibur, et ces Alpha Flight de la vieille époque, que je regrette toujours sincèrement. et vous, vous aviez vos favoris, il y a tout de même ... 28 ans de cela!! Mon Dieu, comme le temps passe vite...













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UNCANNY X-MEN ANNUAL #1 : WELCOME BACK SCOTT SUMMERS

On ne va pas vous cacher la vérité, le grand retour de la série Uncanny X-Men n'est pas pour l'instant particulièrement réussi. De plus, une question très importante est encore irrésolue : nous avons vu, au détour d'une case, que Scott Summers est de retour dans l'univers Marvel, mais comment cela est-il possible, puisque nous savons tous qu'il est mort et enterré? Et bien, disons que Marvel, par l'intermédiaire du scénariste Ed Brisson, présente enfin ses excuses au lecteur, et semble admettre au détour des pages, que le départ de Cyclope a été quelques peux bâclé, en tous les cas loin d'être à la hauteur de ce que le personnage méritait. Une telle figure emblématique des mutants, qui succombe à un nuage toxique pour les siens, non sérieusement... qui aurait pu y croire? 
Pour faire simple et ne pas vous spoiler complètement l'histoire, disons que le come-back de Scott est en partie du à la force Phénix, et aux efforts du jeune Cable, qui a pris la place de la version plus adulte. La narration se concentre sur la longue carrière de Cyclope, depuis ses débuts, lorsqu'il sauva la vie d'un futur brillant technicien des entreprises Stark, jusqu'à aujourd'hui, où ce dernier s'avère être une composante essentielle pour la résurrection de Mister Sumers. Le Cyclope qui revient est mis à l'épreuve, et de suite on comprend qu'il a enfin abandonné sa vision obtuse et va-t-en-guerre, qui a caractérisé sa fin de parcours. Finie la défense des mutants coûte que coûte, et place à un homme qui œuvre pour toute l'humanité, dans la droite ligne de ce que lui a enseigné Charles Xavier, durant ces jeunes heures.

Non, cette sortie ne sera pas élue comic book de l'année, mais il n'empêche, l'ensemble fonctionne plutôt bien, et on prend plaisir indéniablement, à revoir Scott sous cet aspect, avec cette philosophie de base. Enfin c'est lui et vraiment lui! De plus Carlos Gomez assure une prestation solide et soignée au dessin, et les personnages sont bien campés, et crédibles. 
On notera au passage que si on additionne les années qui séparent les différentes scènes composant le récit, on se rend compte que toute la continuité marvel se résume en moins de 15 ans. L'univers Marvel, tel que nous le connaissons, et donc daté de l'après an 2000! La réactualisation temporelle reste un des grands mystères de nos chers personnages! En attendant d'en savoir plus, Welcome back Slim. 


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GROUNDED : DE MARK SABLE ET PAUL AZACETA

Qui n'a pas eu l'envie, jeune gamin, d'être un super-héros? Certes, il ne faut pas non plus que ça tourne à l'obsession, mais c'est un désir légitime, que de devenir une de ces icônes en costume moulant, qui sauvent le monde et courent vers la gloire, quand on est encore innocent et assez naïf pour ne pas voir le monde super-héroïque avec le recul et l'esprit critique du lecteur adulte. Jonathan est dans ce cas. Pour lui, ce n'est qu'une question de temps. L'obtention de pouvoirs est inéluctable, il se demande seulement quand ils vont arriver. Parfois il se teste, histoire de faire le point sur la situation. Si faire la course contre un train est voué à l'échec et fait sourire, se jeter du toit de la maison au risque de se fracasser tous les os à l'atterrissage est bien plus discutable, et dangereux. Se coudre un costume et se coller des ailes postiches dans le dos ne sert à rien, si on veut émuler ces créatures de papier qui sillonnent les cieux de nos comic-books. Pourtant Jonathan a fait une découverte stupéfiante : ses parents ont des super-pouvoirs! Il s'en est rendu compte le jour où il a surpris son père au lit avec une autre femme, sorte de copycat de Wonder Woman. Le géniteur n'est autre que Apollon, le leader d'une équipe qui n'est pas sans évoquer la Justice League de Dc Comics. Hélas pour le gamin, la transmission filiale n'inclut pas les dons merveilleux, et Jonathan reste désespérément normal, même lorsqu'il est envoyé dans une école (pastiche du manoir des X-Men) où les étudiants semblent tous avoir des pouvoirs particuliers, et où il est le seul humain normal à frayer au milieu d'autres jeunes capables de courir à la vitesse de la lumière, possèdent une super force, ou sont intangibles. Même l'infirmière du lycée est remarquable : c'est un virus qui se sert de ses hôtes pour exister et pratiquer. 


Si la seconde partie de Grounded avait été à la hauteur de la première, Mark Sable aurait probablement accouché d'un chef d'oeuvre. Mais ce n'est pas le cas, malheureusement. Toute la période de la prime enfance, la volonté d'avoir des pouvoirs, les tentatives ratées, tout cela est réjouissant, frais, truffé d'humour, sensible et bien écrit. L'entrée dans l'école pour jeunes surdoués est également bien vue, mais c'est une fois les étudiants mis en place, et menacés par des ennemis qui désirent atteindre les parents à travers la progéniture, que le récit devient trop confus et brouillon par moments. Sable veut poursuivre sur une voie ironique et drôle, avec de nombreux clins d'oeil aux comic-books que nous lisons chaque mois, mais la corde finit par s'user quelque peu alors que tout l'aspect action/suspens/aventure souffre d'un manque de clarté et d'enjeux véritables. Le dessinateur est Paul Azaceta, dont je ne rafole pas spécialement, pour être honnête. Son bref passage sur Amazing Spider-Man avait été un ratage mémorable, par exemple. Mais là il s'applique à rendre des planches jouant admirablement bien sur la naïveté apparente du propos, magnifié par les couleurs pertinentes de Nick Filardi. Interprété comme une sorte de métaphore, de parabole de l'entrée dans l'âge adulte, Grounded reste une mini série surprenante et décalée, avec de longs moments de fulgurance et une conclusion plus poussive qui gâche les possibilités entrevues. L'album en Vf est sorti chez Angle Comics (un très bel objet fort soigné, soulignons le) et la Vo est aux éditions Image. Mérite assurément que vous vous y penchiez, si vous ne connaissez pas encore. 



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MON PÈRE CE POIVROT : DEMON IN THE BOTTLE

À la grande partie du destin, Lulu (Lucien Basset) n'a pas forcément reçu les meilleurs cartes. Sans famille, il est recueilli dans les années 40 par un couple de paysans qui souhaiterait l'adopter, mais ne peut le faire, en raison de l'opposition de leurs enfants. Il parvient néanmoins à passer son certificat d'études, l'obtenir, et en enchaînant les petits boulots il essaie de se construire une vie, et surtout sa propre famille. Et s'il y réussit dans les années 50, et promet de ne jamais l'abandonner à son tour, c'est sans compter sans un ennemi pernicieux, qui va lui ruiner l'existence. Face à l'alcool, peu de personnes sont de taille, lorsque le problème devient incontournable, et vous enserre dans ses spires vénéneuses. 
On le retrouve de nos jours, vieilli et brisé par la bouteille. Bien évidemment, sa femme est partie et a tenté de se refaire une vie, avec un autre. Lulu écume le bar du village, et flirte avec le coma éthylique, jusqu'au jour où à la télévision il croit reconnaître son fils, au beau milieu d'une manifestation organisée par les zadistes, que le gouvernement promet de réprimer dans quelques jours. Dernier acte de rédemption fabuleuse pour Lulu, la possibilité d'aller à la rencontre de sa progéniture, qu'il a également abandonné, pour l'empêcher de commettre l'irréparable et de gâcher son existence. Seulement voilà, ce qui serait un voyage de routine pour le quidam moyen, devient une odyssée quand on a peu d'argent et l'envie de sombrer dans les vapeurs de l'alcool, à la moindre vue d'une publicité qui en vante les mérites, ou d'un troquet. Lulu est une sorte de drogué pathétique, et en même temps, il est bon, sincère, mais la vie l'a plié, et en a fait un jouet dont les ressorts semblent brisés.




Cette œuvre de Stéphane Louis est basée en partie sur des faits autobiographiques; du reste elle est dédiée à son père. Bien entendu, toutes les pièces du puzzle ne sont pas exactement tels qu'elles devraient être, s'il s'agissait d'un documentaire en Bd. Néanmoins, cette fiction à une solide base, sincère et émouvante, et le drame humain qui se joue ne peut laisser indifférent, surtout si vous avez (mais pas uniquement) également connu cette situation chez un de vos proches. Les couleurs de Vera Daviet sont aussi un atout indéniable dans cette parution, que nous vous recommandons. Une bande dessinée simple d'apparence, accessible, parfois drôle, où la ligne claire de l'auteur se confond dans les volutes de l'alcool, qui est toujours là, subrepticement, entre les cases, prêt à s'emparer de Lulu pour le dévorer dans ses griffes. 
Disponible chez Grand Angle, depuis début janvier. 


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SECOND COMING : LE CHRIST SERA T-IL UN SUPER-HEROS?

Il y a quelques jours, ils étaient presque 85000. De qui parle t-on aujourd'hui? Pardi, de ceux qui ont décidé de lancer une pétition en ligne pour empêcher DC Comics de présenter une série bien particulière, qui met en scène Jésus Christ, en tant que super-héros...
Mark Russell explique ce que serait Second Coming : Disons que Dieu est tellement énervé de la prestation du Christ à sa première venue, qui a fini crucifié, qu'il a décidé de l'enfermer depuis.
Seulement voilà, presque deux mille ans plus tard, il s'est aperçu de tous ces super héros sur la planète, et c'est l'occasion pour Dieu de renvoyer Jesus, pour qu'il apprenne le super-héroïsme au contact des autres, les limites de leur approche aux problèmes du monde.

Pire encore, voici l'annonce faite par l'éditeur : 
"Soyez témoin du retour de Jésus-Christ, alors qu'il est envoyé dans une mission très sainte par Dieu, pour apprendre à être le véritable messie de l'humanité, en devenant le partenaire du sauveur préféré du monde: le super-puissant Sun-Man, le dernier fils de Krispex! Mais quand le Christ reviendra sur Terre, il sera choqué de découvrir ce que son évangile est devenu - et maintenant, il a aussi pour objectif de rétablir les faits. "

Pour certains ça en est trop, clairement.
"Une idée scandaleuse et blasphématoire" peut-on lire. "Pouvez-vous imaginer le tumulte médiatique et politique si DC Comics modifiait l'histoire du prophète Mohamed ... ou de Bouddha? Et s'en moquait? 
La série est prévue pour être publiée en six numéros. Nous on dit chiche! Et si on faisait apparaître les autres grandes figures des principales religions de l'humanité? Et pourquoi nous serait-il interdit d'en faire un comic-book iconoclaste, et probablement fort intéressant. Nous, on veut le lire, ce Second Coming!


GUARDIANS OF THE GALAXY #1 : THEY'RE BACK!

C'est le retour des Gardiens de la galaxie; une nouvelle série s'impose car il ne reste pas grand-chose de l'ancienne formation. Je ne sais pas si vous avez suivi Infinity Wars en version originale ces derniers mois, mais la situation est assez tragique. Par exemple Gamora est désormais recherchée par une grande partie des héros cosmiques, Drax est censé être mort, et Rocket Raccoon ne fait plus partie du groupe. Et pour ce qui concerne Groot, il parle maintenant, ça enlève d'ailleurs une partie du charme du personnage. C'est donc juste Peter Quill qui est aux commandes, et il va devoir reformer une nouvelle mouture des gardiens de la manière la plus inattendue et accidentelle qui soit.

C'est que pendant ce temps-là, sur l'ancien astronef de Thanos, un aréopage des plus grands héros et entités  cosmiques, réunis par Eros, le frère du Titan fou, assistent à ce qui ressemble aux dernières volontés de ce dernier. Thanos est capable de triompher même dans la mort! Certes il n'est plus là, mais voilà qu'il affirme que sa conscience a été transmise à quelqu'un d'autre, et donc en quelque sorte, que sa mission va pouvoir perdurer sous une autre forme. 
Donny Cates propose un premier numéro assez intéressant, où il se passe déjà beaucoup de choses, et qui plante les graines pour de nombreux rebondissement à suivre. Geoff Shaw au dessin est désormais totalement rodé et parfaitement synchrone avec le scénariste. Si certains choix peuvent prêter à discussion, ce qui est réjouissant c'est de voir que l'ensemble fonctionne, et qu'on ne s'ennuie guère avec ce premier jet. On constate que dorénavant le Cosmic Ghost Rider est parfaitement intégré à l'équation, et qu'il semble impossible de se débarrasser de Thanos, qui même dans la mort continue d'être le grand architecte absolu du nihilisme et de la destruction.  Un titre qui devrait ravir les amateurs de cosmique et qui contient de belles promesses.


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TRILLIUM : LA DERNIERE HISTOIRE D'AMOUR DE L'HUMANITE SELON JEFF LEMIRE

On revient ce mercredi sur une des oeuvres majeures de Jeff Lemire, à savoir Trillium, chez Urban Comics.
Jusque là Jeff Lemire nous avait habitué à des oeuvres personnelles ancrées dans un quotidien prosaïque, développées avec une verve poétique douce-amère. Sweet Tooth avait amorcé une petite révolution avec un récit de science-fiction apocalyptique, qui puisait toutefois sa sève vitale dans la grande humanité des personnages mis en scène. Cette fois, avec Trillium, Lemire peut donner corps à ses fantasmes d'enfance et tisser une grande et belle histoire qui convoque le cosmos, les étoiles, des extra-terrestres, et… l'amour. Le tout en huit numéros seulement, une petite grande fresque universelle, qui fut présentée en son temps comme la dernière histoire d'amour de l'humanité. Dans Trillium, nous suivons deux personnages principaux que tout éloigne. Nika est une scientifique qui tente d'établir un contact avec les autochtones de la planète Atabithia, en 3797. Elle évolue dans un univers où la race humaine est en voie d'extinction. Il ne reste plus que quelques milliers d'exemplaires en vie, les autres ayant été décimé par un virus intelligent. William lui est un ancien soldat, traumatisé par le champ de bataille de la première guerre mondiale, et qui part en 1921 à la recherche d'un mystérieux temple dans la jungle du Pérou. Bref, tout sépare ces deux-là, sauf une fleur blanche aux propriétés inconnues et mystérieuses. On en trouve un champ complet sur Atabithia et elle devrait permettre de synthétiser un antidote contre le virus opérant dans le futur. On en trouve également en ce début de XX° siècle, autour du temple inca recherché par William et son frère aîné. Tout s'emballe et s'enchaîne lorsque Nika et William ingèrent le Trillium (c'est son nom) et accèdent à un autre niveau de conscience, de réalité. La scientifique est ainsi projetée dans le passé, et rencontre pour la première fois celui qui va lui permettre de rompre sa solitude, et dont l'existence va finir par se fondre avec la sienne, au sens propre comme au sens figuré. 

L'ingestion du Trillium est-elle une parabole pour évoquer ces autres substances opiacées qui nous font rêver, planer? C'est en tous les cas le déclencheur d'une expérience qui va mêler passé et futur, vie de l'un et vie de l'autre, souvenirs personnels et drames intimes. Ces derniers ne sont jamais loin, chez Jeff Lemire, et la filiation, la famille, est toujours présente, comme source de traumas, dans chacune de ses œuvres. Par exemple, la sentiment de culpabilité et de solitude de Nika est due à la disparition de la mère, dans des circonstances tragiques, qui sont narrés à mi-parcours du récit. Plus encore qu'une histoire d'amour, Trillium est une ode à l'humanité, qui puise son succès dans la crédibilité et la psychologie des personnages principaux. Osons même parler d'histoire d'amour de Jeff Lemire pour ses créations, ce qui permet aisément aux lecteurs d'adhérer naturellement à leurs vicissitudes, leurs détresses, leurs joies. Techniquement parlant, Lemire s'amuse à pervertir, à manipuler les limites de la mise en page, partant de la technique du flip-book dans le premier épisode, pour ensuite juxtaposer deux lignes narratives à rebours l'une de l'autre, dans un autre épisode. Nous avons affaire à un des artisans les plus doués de sa génération, à un storyteller de premier ordre qui parvient une fois de plus à mettre à nu les victoires et les défaites, les qualités et les défauts de l'âme humaine, toujours triomphante, même au fin fond du cosmos. La conclusion de Trillium revient par ailleurs nous évoquer celle de Sweet Tooth. Derrière le drame et la catastrophe redoutée, c'est à nouveau l'espoir et la transmission qui triomphent, pour une happy-end apaisée et d'une grande sensibilité, tout en dribblant le piège de la mièvrerie avec aisance. Sans être le chef d'œuvre de sa biographie, Trillium est un nouveau succès marquant dans la carrière de Jeff Lemire, qui fait preuve d'une redoutable régularité dans l'excellence et l'inspiration, dès lors qu'il s'affranchit des grandes majors, et de leurs exigences (comme son passage franchement dispensable sur les X-Men)


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X-MEN : MALICIA ET GAMBIT (TOGETHER NEVER AGAIN)

Ces deux là ont un sacré passé en commun, mais ils ont aussi un sacré passif. Vous qui lisez les X-Men depuis les années 90, vous faites certainement partie de ces lecteurs pour qui il est établit que le grand amour de Gambit, pourtant séducteur volage devant l'éternel, n'est autre que la belle Malicia, ou si vous préférez  la VO, Rogue. Ces dernières aventures, on ne sait plus trop sur quel pied danser. Un coup ils sont ensemble ou tentent de se rabibocher, l'autre coup c'est pour allez fricoter avec d'autres partenaires et tirer la tronche. Bref il faut suivre! 
Kelly Thompson choisi de ne pas choisir. La romance entre les deux mutants est présentée avec beaucoup d'ironie et une certaine distance, mais en même temps, on devine que sous les cendres, il y a toujours un incendie qui couve. Cette série est le prétexte pour mettre en scène un duo attachant et plutôt comique, composé de "deux meilleurs amis du monde ", anciens et peut-être futurs amants. Les dialogues sont savoureux et les situations amusantes, comme lors d'une conversation en avion, alors que Gambit s'offusque que la belle mutante ait pu avoir l'audace d'embrasser Deadpool. En avion oui, car les voici tous les deux partis en voyage, sur une île paradisiaque, là où d'autres mutants anonymes auraient mystérieusement disparus. Comme par hasard, on pratique là-bas une sorte de thérapie de couples, ce qui serait bien utile dans le cas de nos deux tourtereaux. 
Résultat... les voici obligés de partager une mission qui les rapproche à nouveau, même si c'est pour s'engueuler à longueur de journée. On déballe tout, et la thérapie devient aussi l'occasion d'autopsier une passion déchue, et de comprendre l'échec, tout en se remémorant les grandes heures des nineties. 
C'est Pere Perez, artiste espagnol, qui est au dessin de cette mini-série, et ma foi le résultat est fort agréable à regarder, comme toujours avec lui. Pas d'esbroufe, mais des planches solides, des personnages bien caractérisés et même parfois des constructions vraiment intéressantes et audacieuses, comme tout au début de l'album. Bref un choix pertinent, qui permet de rendre cette histoire désirable, bien plus que ce que j'en aurais pu penser, alors que Rogue et Gambit partent pour des "vacances de travail" qu'on devine totalement délirantes. 


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THE UNCANNY X-MEN 1-10 DISASSEMBLED - LE BILAN

Est-ce que vous vous souvenez de X-Man?

Ce personnage, produit typique des années 90 chez les mutants, avait disparu de la circulation, mais il a fait un grand retour à l'occasion du relaunch de la série Uncanny X-Men. Les 10 premiers numéros sont sortis en 10 semaines, un rythme effrayant qui a vu plusieurs artistes se succéder au dessin, et un scénario qui a fini par s'embourber dans un vaste conflit entre tous les mutants disponibles, et le dénommé X-Man de retour. 
Il faut dire qu'il n'est pas revenu exactement comme il était parti! Cheveux longs, look et intentions christiques, c'est pour racheter le monde et le refaçonner à sa façon, que ce mutant tout-puissant, que personne ne semble arrêter, se lâche et met la pâtée à tous ceux qui croisent son chemin pour le stopper. Il faut recourir à Legion, autre personnage qui est revenu en grâce par le biais d'une série télévisée, il y a peu de temps. Le lecteur médusé assiste à un petit détour par l'ère d'Apocalypse, même si c'est vraiment très marginal, et que ça ressemble plus à une trouvaille cosmétique. Plus on approche du 10e numéro, plus tout le monde tape sur tout le monde. Les mutants, qui était contrôlés et manipulés par X man, comme Magneto ou Blob par exemple, finissent par reprendre leurs esprits; au contraire c'est au tour de Tornade de péter un câble. Mais vous savez quoi... en fait notre grand méchant/gentil du jour est mourant, et s'il fait tout ça, c'est parce qu'en réalité il est généreux, il veut juste imposer sa vision pour que le monde soit plus juste. Tiens c'est bizarre, il était déjà mourant dans les années 90, il faut croire que finalement, il a meilleure santé qu'on pourrait l'imaginer.

Tout ceci pour vous dire que suivre l'intégralité des dix numéros à coûté presque une cinquantaine de dollars au lecteur... une cinquantaine de dollars pourquoi? Pour un vaste pugilat, et une fin tragique, où il n'y a plus aucun mutant sur terre. Oui vous m'avez bien lu, tous les mutants ont disparu, et je vous laisse découvrir le subterfuge assez peu crédible qui a été mis au point pour en arriver là. En parallèle, il existe de toute manière un virus, qui permet dorénavant de guérir les personnes affligées du chromosome X. Bref, comme le dit le titre "disassembled", c'est vraiment la panade, à l'heure où Cyclope et Wolverine sont de retour, pour guider ce qui reste des X-Men. S'il en reste? Je vais être honnête avec vous, je me suis quand même un peu ennuyé durant ces 10 numéros...


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MAGNUS : UN BON THRILLER ROBOTIQUE CHEZ PAPERBACK/CASTERMAN

L'avantage avec les robots, c'est qu'on peut leur faire faire plus ou moins n'importe quoi, ils n'ont pas d'autre choix que de nous obéir, c'est-à-dire de respecter leurs programmations. Ils n'ont pas de revendications corporatistes ou sociales, ne se mettent pas en grève, ne sont pas censés avoir des émotions, des rêves, des aspirations. Ils ne sont pas non plus censés souffrir ou éprouver de plaisir. Du coup les humains ne se privent pas pour les exploiter de la pire des façons. Si vous voyez là un parallèle avec la manière dont sont considérés certains ouvriers par les grands patrons, vous n'êtes pas tout à fait loin de la réalité... c'est une des raisons pour lesquelles ce Magnus de Kyle Higgins est intéressant, à de nombreux points de vue.

L'histoire dans cet album bascule le jour où un robot commet un geste irréparable, c'est-à-dire un crime vis-à-vis de son "maître". Nous sommes très loin des lois de la robotique d'Isaac Asimov, qui régulent les fonctions et la morale des êtres cybernétiques de fiction, qui ne peuvent jamais porter atteinte à l'intégrité physique d'un être humain. Ici, cela s'est produit, et pour en savoir plus il va falloir mener l'enquête dans cet espace virtuel global que fréquentent tous les robots de la planète, une sorte de monde parallèle digital, où ils peuvent se connecter pour vivre une autre existence, se prélasser durant un court laps de temps autorisé chaque jour. 
Dans cet autre univers, la révolution gronde, et la seule qui peut encore faire quelque chose et comprendre, c'est justement une cybernéticienne du nom de Kerri Magnus, qui a la particularité d'être la seule humaine à pouvoir rester connectée dans cet environnement particulier, pour un temps illimité, sans subir des dommages cérébraux irréversibles. Il faut dire qu'elle y a passé une grande partie de son enfance, ce qui fait d'elle le trait d'union parfait entre une humanité qui se sent menacée et perd les pédales, et des robots victimes de comportements dévoyés, et attirés par la violence.
Ajoutez à ceci le trait clair, limpide et très efficace, De Jorge Fornes, qui excelle dans la mise en page et le storytelling, et vous obtenez le genre de bande dessinée qui est passée un peu trop en dessous des radars, mais mérite vraiment qu'on s'y attarde, pour l'intérêt évident du scénario, la qualité intrinsèque de l'ensemble. Très intelligent et très pertinent, et c'est chez Paperback, la collection comics de Casterman. 


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L'INTEGRALE X-MEN 1993 (V) AVEC LIENS DU SANG - BLOODTIES


Il s'en est passé tellement en 1993 qu'il faut pas moins de cinq volumes pour venir à bout de l'intégrale de cette année-là. Voici donc (re)venir les Liens du Sang, un crossover "classique". Les lecteurs au long cours le savent, Avengers Vs X-Men est loin d'être le premier fight entre les deux formations, et ne comptez pas sur moi pas pour le considérer comme le plus abouti. En 1993, cela s'appelait Bloodties, Liens du sang en français. Une aventure initiée lorsque Fabian Cortez, un mutant des plus fourbes et lâches, avait décidé d'enlever la petite Luna, la fillette de Crystal et Vif Argent, par conséquent petite fille du seigneur du magnétisme, Magneto lui même. Contre l'avis de Peter Gyrich et du conseil de l'Onu, les Vengeurs décident de passer à l'action, et de filer droit sur l'île de Genosha, repère mondialement célèbre des exploiteurs de la race mutante, métaphore à peine filée de l'apartheid sud-africain, alors ravagée par une cruelle guerre civile. Cortez n'est pas tranquille, car il avait trahi Magneto, peu de temps auparavant, et si celui ci est désormais dans un état végétatif (une rafale psy du Professeur Xavier l'a réduit momentanément à l'état de légume), la nouvelle n'est pas encore parvenu à son ancien allié. Les X-Men entrent en scène également, car ils sont concernés au premier plan par les dramatiques événements qui se profilent. Leur dernier voyage à Genosha a exigé un lourd tribut, entre la mort de l'extra terrestre Warlock (depuis il s'est remis sur pieds, lui aussi) et la transformation de la jeune Felina. Mais ils ne sauraient tourner le dos à la requête de Vif Argent, et laisser les mutants et les habitants de l'île s'entretuer. Il y va du rêve de cohabitation pacifique de Charles Xavier, et de l'intérêt des lecteurs, qui attendent avec impatience les prises de position de chacun, de tous ces héros prêts à danser sur la poudrière.






Un des grands personnages de ce crossover est Exodus, qui a pris la relève de Magneto, en tant que guide du peuple mutant, vers une émancipation, et même la domination sur le genre humain. Il est majestueux, très puissant, et gagne un vrai statut de vilain de première classe grâce à Bloodties. Hélas la suite de son exploitation sera décevante, au point que Bendis s'en soit débarrassé récemment sans fioritures dans All-New X-Men. L'équipe artistique à l'oeuvre sur Avengers était composée alors de Bob Harras, auteur d'un bon run truffé de petits exploits vraiment super héroïques (on bavarde moins et on agit plus dans les nineties) et de Steve Epting, encore un peu brouillon et maladroit dans les visages et expressions des personnages, mais capables d'insuffler beaucoup de vie, de mouvement, à chacune de ses planches. Coté dessinateurs, c'est Andy Kubert qui remporta la mise, avec des silhouettes majestueuses et anguleuses, des héros crispés et combatifs, comme taillés dans le marbre. Mais de mon coté j'ai eu un petit faible pour les planches de Dave Ross et Tim Dzon, cotonneuses et légères, aux courbes sinueuses (le contraire de Kubert, en somme). Sans oublier l'inépuisable John Romita Jr, déjà à l'oeuvre sur Bloodties, et plus appliqué que ce que nous connaissons de lui ces mois derniers. Ce crossover n'est certes pas un véritable affrontement entre Avengers et X-Men au sens du match de catch sans intérêt. Il s'agissait avant tout des soubresauts du rêve du Professeur Xavier, et de sa décision extrême d'éliminer Magneto de l'équation, en le rendant catatonique. Le tout sur fond de guerre civile et d'exploitation des mutants, à Genosha, quand cette île cristallisait en elle, avec intelligence, tout le problème de l'ostracisme et du rejet des êtres différents. A relire ou enfin lire, pour tous ceux que X-Sanction et AvX ont fait frémir de rage ou de peur. Une intégrale chargée en nostalgie. 




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THE INVADERS #1 : TOUS CONTRE NAMOR?

Ah les envahisseurs, ça nous ramène à la bonne époque de la Seconde Guerre mondiale... Bon je plaisante bien entendu, que du dramatique de ce côté-là, et dès les premières pages, nous sommes replongés en plein conflit. Ainsi voyons nous Namor combattre pour les forces du bien, contre l'Allemagne nazie... à l'écouter, il n'en n'avait rien à faire des simples humains comme vous et moi, il souhaitait seulement protéger son royaume, qui risquait d'être le prochain à être envahi. Vrai ou pas vrai , toujours est-il que les actes d'héroïsme de sa part sont véritables. Des moments de bravoure qu'ils partagent avec Captain America, Bucky ou la première Torche humaine. 
Mais aujourd'hui, la situation a bien changé, et une fois de plus le prince des mers semble avoir pété un câble, et décide de se lancer dans une grande croisade contre les hommes de la surface. En tous les cas, il a un plan pour mettre fin définitivement à tous les conflits, et ça a le don d'inquiéter ses anciens amis. Chip Zdarsky joue entre le présent et le passé dans cette nouvelle série, qui se focalise avant tout sur les différences existant entre Namor et les autres Envahisseurs. C'est vrai qu'il n'est pas tout à fait comme eux, il est démontré que ses centres d'intérêt ne sont pas les mêmes, qu'il n'est pas de la même "race" (homo mermanus) et n'a pas les mêmes exigences au quotidien (c'est un souverain). L'ensemble fonctionne assez bien, et il est plutôt agréable de lire quelque chose qui fait l'impasse sur les traditionnels super-vilains ou les nazis de retour, pour tenter de présenter un conflit interne à la communauté super héroïque. Le problème c'est le dessin qui n'est pas toujours égal... s'il n'y avait eu que Butch Guice, nous aurions été tranquille, hélas Carlos Magno n'est pas encore tout à fait au point, et par moments les planches manquent singulièrement de charisme. C'est de ce côté qu'il faudra soigner la copie, pour que le titre mérite vraiment qu'on s'y intéresse sur le long terme.


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BLACK WIDOW #1 : LA NOUVELLE SÉRIE DE LA VEUVE

Voici venir une nouvelle série pour la Veuve noire, qui se rattache directement à Secret Empire. Bref, mieux vaut tard que jamais! Cela est intéressant, car dans cette saga, la belle Natacha est donnée pour morte, et le responsable n'est autre que le capitaine Hydra, la version distordue de Captain America. 
On retrouve ce dernier dès les premières pages, écrites par les sœur Soska, notamment pour une sorte de prêchi-prêcha sur la nécessité de ne pas tuer : les héros sont gentils, ils ne commettent pas ce genre de chose, etc... Pas sûr que ça parle vraiment à Black Widow, qui a un passé chargé, et autrefois ne s'embarrassait pas des détails. Les deux Avengers sont sur la piste d'un énième faux Captain America, qui répand la haine lors d'une soirée de jour de l'an. Pendant ce temps-là, dans les sous-sols, c'est une bombe qui menace de tuer tout le monde; une situation classique où tout est prétexte à des scènes de combat très rythmées, qui voient donc l'opposition de deux styles, de deux écoles. 
Mais le scénario semble tout de même très léger, et ce début d'épisode n'est qu'une excuse qu'on oublie vite, lorsque Natacha se rend à Madripoor, où elle va frayer avec la pègre locale, et se sentir comme un poisson dans l'eau. Très vite, elle rencontre Tyger Tiger et propose ses services, qui vont se révéler fort utiles, vu le cas horrible et répugnant qu'elle va découvrir et qui concerne de jeunes enfants. Au passage on notera que pour rester incognito, elle adopte la méthode d'un certain Logan avant elle, à savoir se coller un bandeau sur l' œil, et le tour est joué! 
Je vais être très sincère avec vous, après avoir lu le #1 je n'ai aucune intention de continuer avec le #2; il n'y a rien qui se dégage de ces pages, pas vraiment d'émotions, si ce n'est le regret de ce qu'avait pu faire Waid et Samnee il y a quelques temps, et qui en comparaison semble une incroyable leçon de storytelling. Flaviano (Armentaro) au dessin fait de son mieux pour rendre les pages pétillantes, mais je n'accroche pas à ce style un peu caricatural et manga-like, d'autant plus que les visages en premier plan ne sont pas toujours exceptionnels. Même Clayton Crain sur la couverture n'a pas l'air au top de sa forme. Black Widow pour nous, c'est tout de suite blacklisté.


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MARVELS : LES 25 ANS DU CHEF D'OEUVRE DE BUSIEK ET ROSS

Cette année, nous fêterons les 25 ans d'un chef d'oeuvre. Marvel proposera d'ailleurs en juin toute une série de variant covers thématiques. Quoi, vous ne voyez pas ce dont on parle? Hmm...
Et si je vous dis que ces covers seront l'oeuvre d'Alex Ross, et que j'évoque un certain Phil Sheldon, et ses photographie super héroïques? Vraiment? 
Il s'agit de Marvels, extraordinaire production de Kurt Busiek et Alex Ross, donc. Je me rappelle la sortie de la chose, à l'époque où Lug puis Semic nous proposaient nos Bd hautes en couleurs et en collants bariolés. Une claque. De celle qui vibre et dont vous mettez des jours, des semaines à vous remettre. Busiek était un quasi inconnu, avant cela, n'ayant rien écrit de bien formidable chez Marvel, malgré une qualité que tout le monde lui accordait depuis longtemps : un amour et une connaissance encyclopédique des moindres recoins du Marvelverse. Et d'un coup d'un seul, il livre une fresque historique impressionnante, déplaçant le point de vue narratif vers le regard d'un simple quidam, ou presque. En l'occurrence Phil Sheldon, un photographe et reporter du Bugle, célèbre journal new-yorkais. Sheldon est le cobaye parfait pour expérimenter tous les états d'âme des mortels que nous sommes. De l'étonnement au merveilleux, devant certains prodiges, à la crainte et la haine, quand les batailles de rues dégénèrent et que des êtres différents semblent menacer l'existence routinière de notre monde et de notre espèce. Le point de départ du récit est fixé au jour où le professeur Horton présente son androïde (la Torche, celle des origines, pas Johnny Storm) au public, puis se concentre sur les années soixante, décennie charnière pour le genre, avec l'apparition des Fantastiques. Si Sheldon nous fait partager ses découvertes, son ravissement, ses doutes, ses hésitations, il est aussi père de famille, et simple citoyen, et la grande trame de l'héroïsme influence forcément cette petite quotidianité qui nous aussi proposée, et rend aussi crédible et réaliste cet album remarquable, où l'univers Marvel nait, se développe, prospère, se densifie, page après page. Sans jamais dévier de sa ligne directrice : l'impact de ces héros en collants sur l'humanité la plus banale, dont l'existence est à jamais remise en question. 


Mais tout ceci ne serait pas ce chef d'oeuvre reconnu sans la partie graphique, sans les dessins magnifiques d'un certain Alex Ross. Son style est hyperéaliste, et emprunte beaucoup à la photographie. D'ailleurs, avant de dessiner ses planches, Ross demandait à certains proches de prendre la pose en costume, afin de réaliser des clichés lui permettant d'accentuer l'effet final escompté. Ce qui explique pourquoi certaines cases ressemblent à s'y méprendre à des photos. Je me souviens avoir été bluffé par ce Spider-Man grimpant le long d'un building, ou par ma rencontre avec les X-Men des origines, à la première lecture de ce Marvels. A quoi ressembleraient donc Giant-Man, la Chose, ou Namor, s'ils existaient vraiment, autrement que comme héros de movies super-héroïques? Ross livrait déjà une réponse éloquente dans les années 90, avec une minutie, un soin du détail jamais égalé avant lui. Regardez ce jeune Scott Summers, traqué et surpris dans une ruelle sombre, avec son viseur lumineux. Jamais un mutant n'aura été dépeint avec autant de justesse, en une planche c'est toute l'hystérie anti-mutante, toutes les craintes et les angoisses dont Claremont nous a abreuvés, qui prennent corps et deviennent tangibles. Hulk n'a jamais été aussi puissant et monstrueux à la fois, et que dire de Galactus, dont l'arrivée est le point d'orgue de l'inimaginable devenu quotidien. Bien sur, un tel succès ne pouvait qu'entraîner une série de suites plus ou moins officielles et réussies, ou d'épigones surfant sur la vague. Busiek réalisa Astro City , ou encore Kingdom Come, et Alex Ross le suivit durant son parcours, quelques temps. Chez Marvel on put lire des titres comme Code of Honor (les super-héros vus cette fois à travers les yeux d'un flic, la trame familiale jouant là également un grand rôle dans l'économie du récit) ou plus tard Eye of the Camera (l'oeil de l'objectif), qui marque le retour de Phil Sheldon sur la scène. Mais jamais plus la grandeur et la beauté de Marvels n'a été atteinte. Coup d'essai et coup de maître, pour une oeuvre majeure que vous pouvez offrir à n'importe quel ami, même ignare des univers à super-pouvoirs, pour peu qu'il ait un minimum de conscience artistique. Sublime. 



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POP HISTOIRE D'UN MARIN (DE FABIANO AMBU) : LES HEROS NE MEURENT JAMAIS VRAIMENT

Troisième et dernier album de la nouvelle venue It Comics en version française, Pop est probablement un de ces petits trésors qu'on conserve jalousement. Et on vous dit pourquoi.

Nous fêtons en ce début d'année les 90 ans d'un personnage phare de la bande dessinée américaine et mondiale, à savoir Popeye, inventé par E.C.Segar. Ce célèbre marin a connu de longues heures de gloire, des adaptations de toutes sortes, bandes dessinées, dessins animés, films, objets commerciaux... Mais comme beaucoup d'autres avant lui et après lui, Popeye a fini par tomber dans un relatif oubli, en tous les cas par abandonner le devant de la scène à d'autres types de héros et d'histoires. Imaginons un peu ce que serait devenu le marin aux gros biceps, de nos jours, s'il était bel et bien réel, au delà de ce qu'on connaît de lui sur le papier. C'est de ce postulat que part Fabiano Ambu, qui nous présente un protagoniste vieillissant et profondément marqué par la vie. 
C'est que sa femme (Olive, donc) son fils et son père ont été sauvagement assassinés, au cours de ce qui semble être un simple cambriolage qui a mal tourné. Depuis Popeye n'est plus que l'ombre de lui même, et il s'est installé à Venise, sur une embarcation qui mouille dans le port. Il survit au quotidien en organisant des spectacles de rue, alors que son plus jeune fils est un agitateur social, qui se rebelle devant l'apathie du père, et remonte peu à peu la piste qui l'amène à découvrir la vérité sur le carnage de sa famille. Il se pourrait bien qu'ils aient en fait tous été assassinés! L'enquête est périlleuse et se fait au risque de sa vie. 
Popeye lui, ne veut rien savoir... il préfère noyer son chagrin dans l'alcool, plutôt que de regarder en face cette autre version des faits. Mais une fois encore, le destin ne va pas lui laisser le choix. Le peu qu'il lui reste, on va aussi lui prendre. Dès lors, c'est un homme meurtri, totalement aux abois, qui va se réveiller et tenter un dernier tour de force; à défaut de pouvoir obtenir justice, pourquoi ne pas faire tomber le rideau sur une vie fantastique, en réclamant vengeance? 

Les amateurs de bande dessinée d'aventure, de parcours humain poignant, et de belles histoires tout simplement, ont tous rendez-vous avec cet album, qui est littéralement bluffant. L'art de Fabiano Ambu est ici merveilleusement bien mis en scène, du dessin mélancolique et élégant, opérant dans la suggestion, pour exploser dans une réalité crue, au scénario intelligent mêlant déchéance, puis résurrection humaine, et clins d'œil à l'amour de la Bd comme cette rencontre récurrente entre Popeye et Corto Maltese, ou l'emploi de tout le cast de la série traditionelle de Popeye. L'ensemble est aussi émaillé d'instants où explose une violence sociale latente, qui n'est pas sans rappeler certaines heures récentes de l'histoire italienne. Pop parvient à donner du corps et de la consistance à la matière de nos songes sur papier, pour en faire le matériau brut d'une chronique désabusée, mise en couleur et dotée d'une solide identité graphique, par Rosa Puglisi (Vorticerosa), ici parfaite dans son interprétation du pessimisme ambiant et la traduction d'une ville imprégnée d'une évidente décadence aquatique. Tout ceci fait de Pop un véritable petit bijou indispensable, qui débarque en nos contrées en cette fin janvier, après une publication sous forme de 4 fascicules en Italie. 


208 pages, 25 euros, It Comics

Fabiano Ambu et toute l'équipe de IT Comics seront présents au festival d'Angoulême, où l'album sera disponible. Courez-y vite, et allez saluer l'artiste. Vous le retrouverez aussi à Nice, pour le Play Azur Festival (9 et 10 février). POP est disponible par correspondance, les albums avec dédiace et sketch seront envoyés à partir du 11 février, pour toute commande, contactez-nous!

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COSMOPIRATES TOME 1 : CAPTIF DE L'OUBLI (JODOROWSKY / WOODS)

 Xar-Cero est typiquement le genre de mercenaire sur lequel on peut compter. Si vous avez une mission à exécuter, soyez certain qu'il ir...