COSMOPIRATES TOME 1 : CAPTIF DE L'OUBLI (JODOROWSKY / WOODS)


 Xar-Cero est typiquement le genre de mercenaire sur lequel on peut compter. Si vous avez une mission à exécuter, soyez certain qu'il ira jusqu'au bout, vous assurant pleine satisfaction, quitte à recourir à la violence pour atteindre ses objectifs. Rien d'étonnant donc à ce qu'il soit recruté par sept barons, des "magnobankiers" qui possèdent et dirigent, à eux seuls, une portion considérable de l'univers. Ces types-là ne se contentent pas d'avoir une puissance militaire impressionnante : ils exercent également une influence économique écrasante sur de nombreuses planètes. Leur pire cauchemar ? Devoir délier les cordons de leur bourse sans être remboursés ou payés en retour. Leur vengeance est redoutable, et ils décident de se servir de notre pauvre Xar-Cero pour mener à bien une vendetta implacable contre des mauvais payeurs devenus, sans le savoir, une épine dans leur pied. Xar-Cero devient alors l’exécuteur d’un massacre d’ampleur cosmique et provoque la mort de milliards d’habitants, suite à une sombre et improbable machination dont il est l'agent. De quoi se révolter, même pour un mercenaire peu habitué aux états d’âme. Mais la rébellion contre des pouvoirs en place, habitués à écraser les sujets les plus insoumis, est un pari risqué, et les choses se terminent souvent très mal. Finalement, Xar-Cero est capturé. Les magnobankiers décident de le "déprogrammer" en implantant de faux souvenirs, pour le conditionner à une nouvelle existence. Désormais, il vivra sur une petite planète de directement sous leurs ordres, où il exercera comme médecin, sans plus aucun souvenir de ses anciens agissements.



Alejandro Jodorowsky revient aux affaires avec une nouvelle série en deux volumes, où la science-fiction explore des thèmes étroitement liés aux préoccupations actuelles. On le sait bien, l'argent et le pouvoir financier finissent souvent par détruire tout ce qu'ils touchent, et ici encore, leurs ravages s’étendent jusqu’au cosmos. Le héros de cette histoire — qui n’est d’ailleurs pas un véritable héros au départ — devient attachant par le fait même qu’on lui a retiré ce qui le définit en tant qu’individu : ses souvenirs, sa personnalité, tout ce qui l’a construit. Privé de cette identité, il se transforme en une sorte d’esclave médecin, au service d'une princesse. Cette dernière, malgré une attirance naissante pour lui, ne peut s’empêcher de le mépriser et de l’humilier, leur différence de condition sociale étant trop marquée. Cette bande dessinée s’inscrit parfaitement dans la lignée des œuvres publiées chez Les Humanoïdes Associés, avec un dessin détaillé, réaliste mais aussi légèrement caricatural, qui capte instantanément notre attention. Pete Woods réussit à séduire notre regard exigeant et à donner vie à ce parcours tumultueux, introduit dans ce premier tome. On y retrouve l’argent, qui salit et corrompt, et le pouvoir, qui conduit certains à se croire au-dessus de tous autres. Bienvenue dans une science-fiction humaniste et percutante, celle qui plaît tant à ceux qui, comme nous, aiment lire pour réfléchir, tout en voyageant et en se régalant. 


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MARVELS : VERSION ANNOTÉE ET ULTIME POUR LE CHEF D'OEUVRE DE BUSIEK ET ROSS


 Marvels, une des œuvres majeures pour découvrir le petit monde super-héroïque de la Maison des Idées, fête cette année son trentième anniversaire. Décliné à toutes les sauces et pour toutes les bourses, le récit de Busiek et Ross est de retour dans un écrin mastodonte, une édition annotée qui coûte tout de même… 90 euros. Marvels, donc. Qui s'avère vraiment une extraordinaire production de Kurt Busiek et Alex Ross, promis. Je me rappelle la sortie de la chose, à l'époque où Lug puis Semic nous proposaient nos parutions hautes en couleurs et en collants bariolés. Une claque. De celles qui vibrent et dont vous mettez des jours, des semaines à vous remettre. Busiek était un quasi inconnu avant cela, n'ayant rien écrit de bien formidable chez Marvel, malgré une qualité que tout le monde lui accordait depuis longtemps : un amour et une connaissance encyclopédique des moindres recoins du Marvelverse. Et d'un coup d'un seul, il livrait une fresque historique impressionnante, déplaçant le point de vue narratif vers le regard d'un simple quidam, ou presque. En l'occurrence Phil Sheldon, un photographe et reporter du Bugle, célèbre journal new-yorkais. Sheldon est le cobaye parfait pour expérimenter tous les états d'âme des mortels que nous sommes. De l'étonnement au merveilleux, devant certains prodiges, à la crainte et la haine, quand les batailles de rues dégénèrent et que des êtres différents semblent menacer l'existence routinière de notre monde et de notre espèce. Le point de départ du récit est fixé au jour où le professeur Horton présente son androïde (la Torche, celle des origines, pas Johnny Storm) au public, puis se concentre sur les années soixante, décennie charnière pour le genre, avec l'apparition des Fantastiques. Si Sheldon nous fait partager ses découvertes, son ravissement, ses doutes, ses hésitations, il est aussi père de famille, et simple citoyen, et la grande trame de l'héroïsme influence forcément cette petite quotidienneté qui nous est aussi proposée, et rend crédible et réaliste cet album remarquable. L'univers Marvel nait, se développe, prospère, se densifie, page après page. Sans jamais dévier de sa ligne directrice : l'impact de ces héros en collants sur l'humanité la plus banale, dont l'existence est à jamais remise en question.



Mais tout ceci ne serait pas un chef d'œuvre reconnu sans la partie graphique, sans les dessins magnifiques d'un certain Alex Ross. Son style est hyperréaliste, et emprunte beaucoup à la photographie. D'ailleurs, avant de dessiner ses planches, Ross demandait à certains proches de prendre la pose en costume, afin de réaliser des clichés lui permettant d'accentuer l'effet final escompté. Ce qui explique pourquoi certaines cases ressemblent à s'y méprendre à des photos. Je me souviens avoir été bluffé par ce Spider-Man grimpant le long d'un building, ou par ma rencontre avec les X-Men des origines, à la première lecture de ce Marvels. A quoi ressembleraient donc Giant-Man, la Chose, ou Namor, s'ils existaient vraiment, autrement que comme incarnations de movies super-héroïques? Ross livrait déjà une réponse éloquente dans les années 1990, avec une minutie, un soin du détail jamais égalé avant lui. Regardez ce jeune Scott Summers, traqué et surpris dans une ruelle sombre, avec son viseur lumineux. Jamais un mutant n'aura été dépeint avec autant de justesse; en une planche c'est toute l'hystérie anti-mutante, toutes les craintes et les angoisses dont Claremont nous a abreuvés, qui prennent corps et deviennent tangibles. Hulk n'a jamais été aussi puissant et monstrueux à la fois, et que dire de Galactus, dont l'arrivée est le point d'orgue de l'inimaginable devenu quotidien. Bien sur, un tel succès ne pouvait qu'entraîner une série de suites plus ou moins officielles et réussies, ou d'épigones surfant sur la vague. Busiek réalisa Astro City (formidable) , ou encore Arrowsmith (publié chez Delcourt), et Alex Ross le suivit durant son parcours, quelques temps. Chez Marvel on put lire des titres comme Code of Honor (les super-héros vus cette fois à travers les yeux d'un flic, la trame familiale jouant là également un grand rôle dans l'économie du récit) ou plus tard Eye of the Camera (l'oeil de l'objectif), qui marque le retour de Phil Sheldon sur la scène. Mais jamais plus la grandeur et la beauté de Marvels n'a été atteinte à nouveau. Cette nouvelle (sublime) version est disponible dans un format géant avec dos toilé, et vous livre bien des secrets, les annotations pour comprendre le dessous des cartes, le scénario et les instructions originales, des détails et des illustrations inédites. 504 pages qui vont jusqu'au bout du bout des choses, le cadeau ultime pour ceux qui en veulent toujours plus, encore plus. Pour les autres, un simple Marvels dans la collection Must Have fera l'affaire, à seulement seize euros. 


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BRZRKR BLOODLINES : LES RÉCITS DU PASSÉ D'UNUTE


 Si vous avez suivi et apprécié les trois premiers tomes de la série initiée par Keanu Reeves, qui racontent les aventures d’Unute, le BRZRKR immortel aux prises avec une profonde solitude et des questions existentielles, vous avez toutes les raisons de vous plonger dans la suite ! Delcourt lance le premier volume d'une série de spin-offs qui explorera les différentes époques marquantes de l’Histoire à travers la présence d’Unute. Chaque épisode mettra en lumière comment ce personnage unique a traversé les âges, tout en laissant derrière lui des carnages inégalés. Le premier album de cette série, intitulé Bloodlines, est composée de deux parties. Cela débute avec La poésie de l'insensé, qui nous transporte à l’époque légendaire de l’Atlantide. Dans cette histoire, il est dit que le royaume fabuleux, où les rues semblent pavées d'or et les joyaux architecturaux abondent, a pu bénéficier de l’aide de notre héros, qui a formé et protégé son jeune roi, Azaés. Sous l'influence d’Unute, l'apprenti souverain est devenu un leader respecté… mais aussi, au fil du temps, bien moins honorable. Nous découvrirons même que la chute de l’Atlantide est directement liée aux actes d'Unute lorsqu’il a dû affronter le démon Cthulhu dans un combat mémorable où le sang a coulé à flots. Cette histoire, scénarisée et illustrée par Steve Skroce, combine un style à la fois incisif et décalé, rappelant celui de John Romita Jr. chez Marvel, avec cette capacité à offrir une distance humoristique lors des scènes les plus violentes et sanglantes. Cependant, ne vous méprenez pas : cette œuvre n’est pas pour les âmes sensibles ! Au-delà de l’action brutale, le récit s’avère plus intelligent qu’il n’y paraît, en abordant notamment la notion du temps pour un être immortel. Pour Unute, chaque décennie n'est qu’une brève parenthèse, un simple épisode dans son existence infinie, lui qui n'a plus de larmes à verser et dont le destin s'éloigne irrémédiablement de celui des mortels.




Le second récit, intitulé Empire déchu, est particulièrement captivant. Il permet de comprendre, avec une grande acuité, comment la puissance, lorsqu’elle devient furie destructrice, peut également se transformer en malédiction. Chez notre protagoniste, ce besoin irrépressible de tout détruire, de provoquer des massacres réguliers, est un élan qu’il ne parvient pas à maîtriser. C’est ce qui se produit lorsqu'il se retrouve, dans le désert, face au souverain d’Olos. Contre l'avis de la reine, le roi décide d'utiliser ce guerrier comme une arme, un divertissement sanglant pour des sortes de jeux du cirque. Cependant, rien ne semble pouvoir briser le nouveau venu, qui ébahit la cour en revenant à la vie après avoir été décapité. Il finit par s’échapper avec la reine, donnant ainsi naissance à un récit poignant qui s’avère être un formidable jeu de dupes. Cette histoire est superbement orchestrée par le scénariste Mattson Tomlin, qui transforme un one-shot en apparence banal en une intrigue bien plus complexe et subtile qu’on ne l'aurait imaginée au départ. Le plaisir de lecture réside notamment dans le mécanisme narratif implacable mis en place. Les illustrations de Rebekah Isaacs ajoutent une touche de finesse ; elle excelle dans la représentation des personnages féminins et sait capturer des émotions intenses, qui prennent vie dans ces pages. Alors oui, ce Bloodlines est parfois expéditif, peut-être un peu bourrin. Ceux qui n’ont pas aimé les trois volumes précédents ne trouveront pas ici de quoi les convaincre. Mais pour ceux qui ont été happés par l'univers de BRZRKZ, cette nouvelle fournée est incontournable.


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LES RÉSIDENTS : LE TROISIÈME ALBUM DU "MYTHE DE L'OSSUAIRE"


 Quelque part à Toronto, dans une barre d’immeubles, un cadre de vie où tout semble banal, presque figé dans un quotidien morne. Là résident des individus sans véritable lien entre eux : un dealer et une jeune femme accro aux substances illicites, un enfant et sa mère célibataire, un homme qui lutte pour payer les soins de son épouse atteinte d’un cancer incurable, ou encore un locataire irascible dont la frustration éclate dans ses interactions avec les autres. Et puis il y a Félix, un Afro-Américain à l’âge de la retraite, dont l’appartement va devenir le point de départ d’une aventure aussi complexe que fascinante, surtout d’un point de vue graphique. Aux côtés de Jeff Lemire, nous quittons progressivement la grisaille des vies ordinaires pour plonger dans quelque chose de cosmique, de grandiose, d’extrêmement dérangeant. Tout commence avec Félix, retrouvé mort. Loin de leur quotidien qui basculent dans l'étrange, les autres habitants pénètrent dans son appartement et se retrouvent alors dans un territoire inconnu, une sorte de porte d’entrée vers les enfers. Une descente vertigineuse commence, comme si un autre monde s’ouvrait devant eux une fois franchie la fatidique porte. Ils n’ont d’autre choix que d’avancer, cherchant désespérément une issue, tandis que tout autour d’eux, la réalité semble avoir radicalement changée. L’immeuble tout entier est comme emporté dans une dimension parallèle, une vision cauchemardesque qui échappe à toute explication. Pour rendre tangible cette atmosphère oppressante, il fallait un artiste maîtrisant l’art de la pénombre, du drame et de l’horreur, avec une approche quasi expressionniste. L’Italien Andrea Sorrentino remplit ce rôle à merveille, lui qui possède déjà tous les automatismes nécessaires pour collaborer avec Lemire. Ensemble, le duo développe ici le troisième volet d’une fresque ambitieuse intitulée Le Mythe de l’Ossuaire, donnant vie à un récit aussi immersif qu’inquiétant.


Chaque personnage mis en scène par Jeff Lemire est marqué par ses failles : certains souffrent d'une solitude écrasante, d'autres sont pris dans les griffes d’addictions diverses, ou encore hantés par une jeunesse traumatisante. Peu à peu, des liens se tissent entre eux, même si parfois de façon superficielle. Cependant, la descente ne se fait pas de manière monotone : les dangers sont nombreux, et les "résidents" se retrouvent aussi menacés par des créatures surgissant de l’ombre, que Sorrentino représente dans un rouge sanguinolent. Ces créatures semblent même capables de prendre l’apparence des autres pour mieux les tromper. Au passage, on retrouve d'autres éléments graphiques caractéristiques du Mythe de l'Ossuaire, sans pour autant pouvoir relier tous les points. La performance de Sorrentino est d'autant plus saisissante qu'il parvient à varier les styles et les approches selon le cadre qu’il souhaite illustrer. Vers la fin de l'album, par exemple, les personnages atteignent un étage qui ressemble en tout point à un jardin d'Éden (et la sempiternelle question de la pomme et du serpent), tandis que la conclusion propose une vision frappante d'une cité cauchemardesque où triomphe le mal absolu. Récemment, Sorrentino a fait l'objet de vives critiques et d'une polémique dont il se serait sans doute bien passé. Dans un dessin publié dans le mensuel Batman, il aurait apparemment utilisé l'intelligence artificielle pour plusieurs vignettes (le conditionnel de rigueur, même si ça semble assez évident). On sait aussi qu'il a recours à des illustrations photographiques sur lesquelles il applique une saturation intense, puis qu'il les retravaille. Nous n'avons ici aucune preuve pour dire que cet album n'est pas uniquement le fruit de son propre talent. Il faut reconnaître que la dimension graphique des Résidents contribue largement à l'atmosphère envoûtante de cette histoire. Ces dernières années, Jeff Lemire a pour sa part multiplié les projets et les créations, parfois au risque de perdre un peu d'inspiration et de ne pas toujours livrer des chefs-d'œuvre à ses lecteurs. Toutefois, Les Résidents fait partie de ses meilleurs travaux des trois ou quatre dernières années et constitue probablement le chapitre le plus intéressant, jusqu'ici, du Mythe de l'Ossuaire. Malheureusement, les deux auteurs ont décidé de mettre cet univers horrifique en pause pour l’instant, mais vous pouvez parier que nous serons là lorsqu’ils reviendront aux affaires. Mentionnons aussi l’édition grand format proposée par Urban Comics, d'une qualité indéniable, qui trouvera aisément sa place en valeur sur vos étagères.


Lire aussi dans le Mythe de l'Ossuaire :


Des milliers de plumes noires

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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : MOI, FADI, LE FRÈRE VOLÉ (RIAD SATTOUF)


 Dans le 186e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente le premier tome de la nouvelle série de Riad Sattouf baptisée Moi, Fadi, le frère volé, une série publiée aux éditions du futur. Cette semaine aussi, je reviens sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :


- La sortie du deuxième et dernier tome de la série Habemus bastard baptisé Un cœur sous une soutane, un diptyque que l’on doit à Jacky Schwartzmann pour le scénario, Sylvain Vallée pour le dessin et c’est édité chez Dargaud


- La sortie de l’album Alessia que l’on doit au duo Zidrou pour la partie scénario, David Merveille pour le dessin et c’est édité chez Delcourt dans la collection Mirages


- La sortie de l’album Sur le front de Corée, album consacré au journaliste Henri de Turenne, scénarisé par Stéphane Marchetti, mis en dessin par Rafael Ortiz et c’est édité chez Dupuis sous le label Aire libre et dans une collection dédiée aux lauréats du prix Albert Londres


- La sortie de l’album Pour une fraction de seconde que l’on doit à Guy Delisle ainsi qu’aux éditions Delcourt dans la collection Shampooing


- La sortie de Monique, le deuxième tome sur trois de la série Les vents ovales que l’on doit au scénario conjoint d’Aude Mermilliod et Jean-Louis Tripp, au dessin d’Horne et c’est édité chez Dupuis dans la collection Aire libre


- La sortie de l’ouvrage Zep, dessiner le monde, un livre d’entretien et de présentation de ses dessins édité chez Rue de Sèvres.




 
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UNIVERSCOMICS LE MAG' 47 NOVEMBRE 2024 : LE Z DE ZORRO


 UniversComics Le Mag' 47


Novembre 2024


60 pages. Gratuit.


Pour lire et télécharger votre numéro

 https://madmagz.app/fr/viewer/6702c76bef737f0014774770


Lien direct Facebook ICI



LE Z DE ZORRO

Menu :

* Dossier ZORRO

L'histoire du personnage, le Zorro de Alex Toth (Urban Comics) et la série avec Jean Dujardin.

* Les X-MEN de Jim Lee. Retour sur l'histoire de la série.

* Le cahier critique. Les sorties du mois écoulé, passées au crible du Mag'.

* L'actualité de la BD avec les pages du podcast Le Bulleur

* Portfolio : découvrez le travail de Jean-Charles Bonomo.

* Preview : Ultimate one year

Un grand merci à tous pour votre fidélité.

Nous avons besoin de vous. C'est gratuit, on vous demande juste de liker, commenter, partager, nous aider à vaincre la bataille sans merci des algorithmes et de la promotion virtuelle. 

Cover de Dejan Delic et Benjamin Carret.




SURVIVAL APARECIDA PRISON : LA SURVIE DANS LES GEÔLES BRÉSILIENNES


 Il existe certains endroits sur Terre où il vaut vraiment mieux ne pas finir, et l’un d’eux est sans doute l'une des pires prisons du Brésil. Ce pays, tristement célèbre pour la surpopulation de ses établissements pénitentiaires, abrite dans la capitale de l’État de Goiás un complexe nommé Aparecida, où les détenus s’entassent dans des conditions indescriptibles. La population carcérale s’y divise en trois factions qui se disputent le pouvoir derrière les murs. On y trouve d'abord le PCC, composé principalement de malfrats de São Paulo, puis le CV, centré sur l’État de Rio de Janeiro. Et enfin, la troisième faction, la plus redoutable, est un groupe de néo-nazis spécialisés dans le trafic d’armes en interne. Dans ce contexte bien sombre, deux personnages principaux sont présentés au lecteur. Le premier est Marcus Anderson, un jeune footballeur qui a eu la mauvaise idée d’accepter de livrer un peu de cocaïne en échange d’une place dans son équipe. Bien qu’il n'ait pas encore été jugé, il est déjà incarcéré et fait des merveilles balle au pied. Ça tombe bien, car chaque année, un grand match est organisé entre les détenus et les gardiens, même si celui-ci se termine souvent en véritable bain de sang sur le terrain. Marcus, blessé dès son premier entraînement, finit cependant par se rétablir et devient l'élément essentiel d’une fragile unité entre les factions : tout le monde a besoin de lui, car il est de loin le meilleur joueur. Le second personnage est Cortereal, un détenu d'apparence plus équilibrée que la plupart des autres, mais qui est en réalité un policier infiltré dont la mission sera dévoilée au fil de l’histoire. Un autre prisonnier à prendre en compte est Francisco Barbosa, un ancien responsable de la police militaire avec un passé bien lourd : il est à l'origine d’un massacre ayant fait des dizaines de morts dans un autre pénitencier, ce qui lui a valu une condamnation à plus de 400 ans de prison. Pourtant, il bénéficie d’un traitement de faveur de la part du directeur d’Aparecida, une jolie crapule qui impose ses propres lois, selon ses intérêts.




Survival est en réalité une série de quatre albums, et celui-ci est le deuxième de la collection. Le concept reste le même à chaque tome : une expérience de survie dans un environnement extrêmement hostile. Heureusement, les albums sont complètement indépendants les uns des autres, ce qui vous permet de plonger dans l'aventure à partir de n'importe quel volume. Vous pouvez ainsi choisir celui qui vous semble le plus intéressant, sans risquer de perdre le fil. Christophe Bec, l'un des scénaristes les plus aguerris de France, est aux commandes. Même s’il n’a pas nécessairement mis (n'a pas eu besoin de mettre) tout son talent à l’épreuve ici, on peut envisager cet ouvrage comme un blockbuster estival (en automne). Oui, ça explose, oui, le langage est souvent cru, et oui, certaines scènes sont réservées à un public averti. Mais que peut-on attendre d’autre d’une histoire où des narcotrafiquants impitoyables règlent leurs comptes dans une prison surpeuplée ? Ce n'est certainement pas une ode bucolique à la manière de Terence Malick, ni un poème de Ronsard ! De ce côté-là, le lecteur en aura pour son argent. La seconde moitié du récit est dédiée aux conséquences de l’inévitable explosion, et là, c’est chacun pour soi. Deux dessinateurs se succèdent pour illustrer ce chaos : Mirko Colak ouvre le bal, et l’Italien Diego Bonesso le clôt. Tous deux offrent un style très réaliste, avec des dessins soignés et percutants qui renforcent l’intensité du récit. Une chose est sûre : on ne se sent pas floué. J'avoue que j'attendais un petit twist autour d'un personnage secondaire, la secrétaire du directeur de la prison. Elle passe la majorité de son temps à subir servilement les ordres de son patron et finit par être malmenée sans ménagement, dans une attitude de soumission presque anachronique. Je pensais que cela cachait un rebondissement… mais non. Si un reproche peut être fait, c’est d'ailleurs le manque de surprises dans le déroulement des événements. Cela dit, la dynamique est si efficace et explosive qu’on pardonne facilement ce détail. En tout cas, Survival est disponible chez Soleil, prêt à vous offrir une dose d'évasion (jeu de mot facile pour conclure). 



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LA MAISON DES IMPIES : BRUBAKER, PHILLIPS ET DU SATANISME


 Dans les années 1980, l’Amérique a été frappée par une vague d'hystérie satanique, une chasse aux sorcières qui impliquait même de jeunes enfants. Soudain, le Diable semblait omniprésent, notamment dans la ville de Natalie Burns, l'héroïne (malgré elle) de ce récit. Elle et quelques gamins, plus tard surnommés par la presse et les curieux les "Six de Satan", ont accusé des enseignants d’actes horribles, prétendant que le Diable en personne en était complice, ce qui a eu des conséquences dramatiques pour toutes les personnes impliquées. En partie pour attirer l'attention sur eux, mais également influencés par le plus pervers d'entre eux, les gosses ont affabulé et brisé des vies. Des décennies plus tard, les membres de ce petit groupe qui n'a rien de reluisant se font assassiner un par un, tandis que Natalie est devenue de son côté une sorte de détective privé, qui essaie d'arracher aux sectes les jeunes adolescents qui ont le malheur de se laisser embrigader. Suite au fiasco de sa dernière mission, elle s’allie à un agent du FBI tombé en disgrâce pour essayer de sauver les survivants des six garnements, et démasquer l’assassin qui les a pris pour cible, des années après les faits. Comme dans leur précédente collaboration, Là où gisait le corps, Ed Brubaker et Sean Phillips nous livrent avec La maison des impies un roman graphique qui fait bloc. Inspiré par une hystérie collective et satanique bien réelle dont nos amis américains semblent avoir le secret  – qui persiste encore aujourd’hui, d'une certaine façon, alimentée par les délires de l'internet – cet album n’est pas leur meilleure production, mais comme toujours avec le duo merveilleux (trio avec le fils de Sean, Jacob Phillips aux couleurs), vous auriez tort de ne pas y jeter un œil, tant le mécanisme narratif se révèle souvent délicieux et inspiré. Souvent, mais pas toujours. 

L’histoire alterne entre le présent et le passé : dans le premier cas, l'action va de l'avant, Natalie échoue, trouve un allié, échoue à nouveau, et abat sa dernière carte, désespérée. Dans le passé, on apprend quelles sont les erreurs et les atroces mensonges qu'elle a participé à créer, et les conséquences qu'ils ont eus sur sa famille, notamment sur le petit frère, devenu complotiste invétéré et qui aura son rôle à jouer dans l'album. Le petit problème, le grain de sable dans la mécanique souvent parfaite de Brubaker, c'est que l’histoire manque un peu de cohérence sur certains points – la présence de l’agent West, qui n'a finalement pas besoin de tant de mise en scène pour atteindre son but, ou encore le mobile des meurtres, assez faible – ce qui rend les révélations finales assez vite prévisibles. La toute dernière partie est alors un peu faible, et n'a de toute manière pas assez d'espace, pas assez de pages pour se déployer convenablement. La conclusion est abrupte, au point même qu'on pourrait douter que l'album est arrivé à son terme véritable. Ce sont bien sûr des remarques qu'il faut interpréter dans une optique particulière, celle des attentes très hautes que nous avons à chaque fois envers les histoires réalisées par ce duo magique, qui même lorsqu'elle n'atteignent pas des sommets historiques (comme ici) restent bien au-dessus de la majeure partie de sortie du trimestre. D'autant plus qu'on retrouve toujours cette ambiance glauque qui puise ses racines dans les années 1980, avec des personnages qui ressemblent à des perdants magnifiques ou des paumés de la vie, servis par une narration désabusée. À défaut de retrouver un nouveau chapitre des aventures d'Ethan Reckless (comme il nous manque tellement, nous avons adoré cette succession d'albums), nous tenons avec Natalie une détective capable de devenir le centre d'intérêt de nombreuses intrigues, tout comme son homologue masculin, sauf que la conclusion de la Maison des impies nous amène à croire que ce sera difficile à l'avenir… En tous les cas, Brubaker a toujours autant de talent pour brosser des portraits attachants et en perdition apparente et Sean Philips est toujours aussi pertinent et en adéquation avec le scénariste, pour illustrer tout ça. Est-ce une faute de ne pas toujours signer "la meilleure œuvre", à chaque fois ?


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MARCEL : CERDAN LE COEUR ET LES GANTS CHEZ DELCOURT


 Si nous avons l'habitude de traiter la plupart du temps de héros dotés de super-pouvoirs, de capes ou de costumes bariolés, il en existe certains parmi eux qui sont beaucoup plus prosaïques et s'inscrivent dans une forme de banalité du quotidien. C'est d'autant plus vrai quand ces héros ont réellement existé et qu'ils ont, durant un certain temps, incarné les rêves, les aspirations, les victoires d'une partie de la société. Marcel Cerdan est de cette trempe. C'est le boxeur qui a fait vibrer la France à la fin des années 1930 et jusqu'au terme des années 1940, lorsque le destin décida d'éteindre la lumière après un tragique accident d'avion. La Seconde Guerre mondiale, donc, est venue entre-temps porter un coup d'arrêt provisoire à la carrière fulgurante de celui qui est né en Algérie, mais a rapidement passé la frontière avec sa famille pour s'installer au Maroc, ou il a pu très tôt pratiquer la boxe. Discipline qui ne recueillait pourtant pas ses faveurs, mais encouragée par un père à la limite du tyrannique ! Le petit Marcel devient vite, à la force des poings, un prodige capable d'aligner les victoires par KO. Lorsque l'Allemagne parvient à occuper la France, il se réfugie de nouveau en Afrique du Nord puis s'inscrit dans la Marine, tout en continuant de boxer de temps en temps, histoire de remonter le moral des troupes, d'infliger des défaites symbolique mais puissantes à l'Allemagne nazie, d'apporter sa contribution au mouvement de résistance. Mais Marcel Cerdan a aussi un objectif : franchir l'Atlantique pour s'en aller boxer aux États-Unis, et après être devenu champion d'Europe, envisager, pourquoi pas, de conquérir la couronne mondiale. Pendant ce temps, il faut bien entendu aussi parler de la vie sentimentale de l'homme qui porte les gants, car c'est un des sujets prégnants de cette bande dessinée très réussie.




Ce que Bertrand Galic démontre parfaitement dans cette bande dessinée, c'est qu'à côté du sportif, il y a aussi un homme. Un homme qui a tendance à se disperser, à aimer plusieurs femmes, de son épouse légitime à celle qui va lui donner la première un enfant, jusqu'à, bien entendu, l'histoire passionnée avec Édith Piaf, qui est probablement une des informations que plus ou moins tout le monde retient aujourd'hui lorsqu'on évoque Marcel Cerdan. L'amitié également, la fidélité envers ses compagnons de toujours, son entraîneur, des valeurs importantes qui ont forgé le caractère du bonhomme. Et la mère de Marcel, refuge important de la jeunesse. On pouvait craindre le pire, c'est-à-dire une sorte de biographie monotone se contentant d'égrainer les temps forts de l'existence du boxeur; il n'en est rien ! Car Galic parvient à imprimer un vrai point de vue à l'histoire, à maintenir un rythme certain d'un bout à l'autre. Il est de plus parfaitement servi par le dessin et la couleur de Jandro, qui ne tente pas d'imiter servilement la réalité, mais présente des portraits qui parviennent à unir une fidélité d'intention évidente avec une vraie réélaboration personnelle, très dynamique. Du coup, nous avons entre les mains quelque chose de vraiment attachant, qui fait revivre une épopée à la fois sportive et humaine. On s'étonnera qu'il s'agit ici du premier ouvrage de ce calibre consacré à une figure aussi importante, dont nous célébrons (façon de parler, disons plutôt nous commémorons) les 75 ans d'une disparition bien trop précoce.



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W0RLDTR33 : L'HORREUR EST EN LIGNE AVEC JAMES TYNION IV


 Le danger vient de très loin dans les méandres du réseau, dans ce que l'on appelle l'undernet, autrement dit les profondeurs les plus inconnues et les plus périlleuses de l'Internet; à côté, le Dark Web c'est une simple promenade de santé. Il y a des années de cela, un groupe de potes techniciens avait découvert quelque chose de si horrible, de si potentiellement dangereux pour toute l'humanité qu'ils avaient décidé de "boucher" cet undernet, de tenter de murer à jamais ce programme exposé sur un forum, W0rldtr33. Le problème, c'est qu'aujourd'hui il a refait surface et ses effets sont absolument terrifiants : dès lors que vous regardez certaines images, que vous êtes en relation directe avec le programme, celui-ci vous hypnotise, s'empare de vous, vous pousse à commettre des meurtres atroces ou bien vous en êtes très rapidement la victime. Tout ceci alors qu'une étrange mais magnifique jeune femme qui se balade pratiquement nue rôde sur les lieux des massacres et semble être la clé pour comprendre ce qui est en train de se jouer. En attendant, c'est une véritable tuerie de masse qui a eu lieu dans un petit village, perpétré par un adolescent du nom de Gibson Lane. Nous faisons la rencontre dès le premier épisode de son frère aîné et de sa petite amie, qui font justement route pour aller le trouver, suite à des messages assez préoccupants. La réalité est bien entendu supérieure à tout ce qu'ils pouvaient redouter : le frangin vient d'abattre des dizaines de personnes et personne ne parvient à comprendre pourquoi. Avec James Tynion IV, l'étrangeté est généralement synonyme d'hémoglobine, tout aussi généralement synonyme de récit très glauque, et une fois encore, cette nouvelle série n'échappe pas à la règle.



Ce n'est pas la première fois que nous découvrons un récit basé sur les dangers de l'internet, une vision paroxystique de ce que cela peut produire à l'échelle mondiale. Nous avions d'ailleurs beaucoup apprécié récemment un ouvrage (Mindset) publié par Komics Initiative, qui traitait vaguement du même sujet. Ici, nous sommes évidemment à une échelle supérieure puisqu'un programme qui se comporte en fait comme un virus (finalement, peut-être une histoire héritière de la période covid ?) s'empare de tous ceux qui sont exposés par le biais de l'écran et de la connexion. Tynion IV donne beaucoup de charisme à son histoire, principalement grâce à toute une galerie de personnages très réussie. Que ce soient les innocents pris dans la tourmente, le génie de l'Internet richissime et en partie responsable de ce qui s'est produit, ses collègues informaticiens qu'il n'a pas vu depuis 20 ans ou bien le couple de détective chargés de mener l'enquête, tout ce beau monde est soit sympathique, soit intrigant, pour ne pas parler de la sculpturale menace aux cheveux blancs, qui semble être le point focal de la catastrophe imminente. L'ensemble est dessiné par Fernando Blanco avec beaucoup de brio; les planches sont toutes très léchées et il n'y a absolument rien à redire sur la partie graphique, qui parvient à créer intelligemment le malaise, pour représenter les effets du programme indésiré. La mise en couleurs de Jordie Bellaire est peut-être parfois un poil trop sombre ou clinique, mais là encore, il s'agissait avant tout de se mettre au service d'une histoire et ça peut se comprendre. Un tome 1 globalement très réussi, qui pose suffisamment de questions pour nous donner envie d'attendre la suite.


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RIBBON QUEEN : DU GARTH ENNIS POLAR HORRIFIQUE CHEZ PANINI


 Amy Sun est inspectrice, elle travaille pour les forces de police et elle connaît particulièrement bien son métier. Mais même les agents les plus efficaces sont parfois obligés de commettre de petits mensonges, lorsqu'il s'agit de sauver des vies. C'est ce qu'a fait Amy il y a quelques années de cela, mais elle s'est fait prendre et c'est la raison pour laquelle elle n'est pas particulièrement bien vu de ses collègues. elle est tombée en disgrâce et nous la retrouvons au début de cette aventure, alors qu'elle s'apprête à livrer un témoignage très important à l'un de ses supérieurs. Le simple fait de fermer la porte du bureau semble paniquer ce dernier, qui s'attend à quelque chose d'explosif. Et il n'a pas tort : une jeune femme du nom de Bella a été poignardée puis jetée par la fenêtre. Certains considèrent qu'il s'agit d'un suicide, mais la théorie semble ne pas tenir debout, d'autant plus qu'Amy a la certitude que l'auteur du crime n'est autre qu'un membre des forces spéciales d'intervention, qui un an auparavant avaient libéré Bella lors d'une prise d'otage. Depuis, le type, un certains Connolly, semblait nourrir une véritable obsession pour celle qu'il a délivrée, convaincu qu'elle nourrissait à son égard des sentiments, ou en tous les cas un désir qui justifiait un véritable harcèlement permanent. C'est donc un dossier brûlant, puisqu'en règle générale il règne une certaine omertà dans ce corps de métier. D'autant plus quand les agents en question appartiennent à une sorte de fratrie de flics d'origine irlandaise, alors que Amy elle possède des racines asiatiques. C'est aussi une femme et donc sa parole vaut beaucoup moins que celle des autres. Garth Ennis se permet un certain commentaire social qui lui a valu d'être accusé de discours woke lors de la sortie de cette série en version originale. Pour autant, le scénario est bien ficelé, les personnages bien campés, les discussions font mouches et c'est un plaisir de voir la manière dont l'histoire évolue. Elle évolue d'ailleurs de manière complètement inattendue lorsque le harceleur et deux de ses collègues chargés d'intimider Amy sont sauvagement assassinés. Enfin, le mot est inexact. Disons que leurs corps semblent se décomposer, être découpés en petites bandelettes de peau, tout cela de manière atroce et presque instantané, sous les yeux des témoins effarés. Problème : Amy est sur la scène les deux fois.



Dès lors, le récit de Garth Ennis bascule dans le surnaturel. Bella, la victime, est aperçue sur des vidéos de surveillance en train de se réveiller dans la morgue et de partir comme si de rien n'était. C'est elle aussi qui apparaît sur les lieux des massacres et qui est la cause de ces meurtres effroyables, avec des types qui finissent découpés en fins rubans. Que se passe-t-il vraiment et pourquoi semble-t-elle prendre la défense d'Amy, voilà les questions auxquelles vous aurez les réponses, si vous décidez de donner une chance à cette mini-série initialement publié au States chez un des éditeurs indépendants les plus intéressants de cette dernière décennie, Awa upshot. Le dessin est l'œuvre de Jacen Burrows et cela ne va peut-être pas vous surprendre, mais il y a par moments dans le storytelling, dans la manière de jouer avec les expressions en apparence impassibles des personnages (avant que n'explose l'horreur et qu'elles ne se transcendent) un petit quelque chose de la bonne époque Steve Dillon. La tâche n'est pas simple car il y a de nombreuses pages relativement statiques, où ce sont surtout les dialogues du scénariste irlandais qui font mouche et qui permettent de faire progresser l'histoire, avec du brio et des répliques  bien senties. Je vous ai déjà parlé du pseudo discours woke mais on trouve aussi toute une analyse de la manière dont les Américains perçoivent la police et la façon dont celle-ci peut parfois utiliser des méthodes très violentes, voire même justifier l'emploi de tirs mortels. Bref, Ennis ne s'attire pas les sympathies de tout le monde mais il n'en a cure; son but est juste de nous raconter un récit qui parvient à convaincre et à maintenir en haleine le lecteur. Ribbon Queen est une bonne petite surprise qui mérite largement que vous décidiez d'y consacrer un de vos futurs achats.



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LES NAVIGATEURS : UNE GRANDE REUSSITE DE LEHMAN ET DE CANEVA


 Les navigateurs part sur un faux rythme particulièrement attachant. Une histoire somme toute banale, trois amis qui se connaissent depuis le lycée, qui ont grandi ensemble, qui sont forts différents, mais qui forment une bande inséparable. La narration est gérée par Max, un écrivain en mal d'inspiration qui s'occupe aussi d'une petite revue littéraire en train de péricliter. Avec lui, nous trouvons Sébastien, fils d'un éditeur important, qui semble ne jamais connaître de problème d'argent, et Arthur, tenté par l'aventure depuis sa jeunesse, lorsqu'il se baladait partout avec un sac à dos rempli d'objets hétéroclites, destinés à la survie en milieu hostile. Hélas, il a fini par perdre une jambe et aujourd'hui, il fume un peu trop d'herbe pour supporter les douleurs fantômes, mais reste néanmoins le genre de pote qui vous est toujours fidèle, même si parfois un peu lourd. Autre personnage d'importance : Neige. Dès son arrivée à Clamart, elle est devenue l'acolyte inséparable du trio et elle a même fini par se rapprocher de Max, dont elle aurait pu être finalement la petite amie. Jusqu'au jour où elle est partie pour Londres (après un drame qui nous est patiemment dévoilé), où elle est devenue photographe. Vingt ans ont passé depuis cette époque innocente et nous sommes en 2010 lorsque Neige revient là où tout a commencé. Elle est enceinte, vient de se séparer de son compagnon anglais et lorsqu'elle invite ses amis (qu'elle n'avait pas revu depuis) chez elle, c'est le début d'une véritable aventure, qui va dès lors glisser vers quelque chose de complètement inattendu, qui prend totalement à contre-pied les attentes du lecteur qui se serait contenté des 30 premières pages. Le grand tournant de l'histoire, c'est une sorte de fresque cachée par une tapisserie plus moderne, découverte chez Neige, mais aussi un bruit terrifiant qui retentit dans tout le quartier et qui correspond, en simultané, avec la disparition de la jeune femme.


Toute l'étrangeté de l'album, mais aussi ce qui fait son succès, c'est cette capacité de changer de braquet, de démarrer avec un récit intime entre des personnages qui se connaissent depuis longtemps, pour basculer vers le mystère et l'épouvante, au fur et à mesure que progresse l'enquête. Car oui, il s'agit bien d'une enquête : est-il réellement concevable qu'une femme puisse passer de l'état réel à celui de dessin dans une fresque, et cela suite à la découverte de cette dernière et à un cri terrifiant qui résonne dans tout un quartier ? Le genre de choses que la police n'est pas prête à entendre et qui oblige nos trois compères à se lancer dans une quête personnelle, une quête qui va les pousser à éplucher les archives, à poser les questions aux bonnes mais aussi aux mauvaises personnes, pour finalement découvrir qu'il existait quelque chose avant Paris, il y a très longtemps de cela. La ville était en fait un ensemble de marécages ou de territoire sous la mer, et que des lieux aujourd'hui célèbres comme Montmartre n'étaient en fait que de petites îles. Et dans ce contexte aquatique si particulier, se sont déroulés des faits glaçants, avec notamment des créatures monstrueuses, ou en tous les cas extrêmement singulières, qui frayaient avec les humains. D'ailleurs, la police fluviale le sait bien, aujourd'hui, ces "monstres" apparaissent encore, lors de certaines situations particulières, sans que le grand public n'en sache rien. Le décor tient de l'œuvre de Jérôme Bosch, avec une tête en partie émergée qui contrôle l'accès au territoire, mais aussi une araignée géante qui enlève les femmes enceintes et les emmagasinent dans des sortes de cocons. Tout ceci, nous allons le découvrir peu à peu, avant un final qui lorgne presque du côté de l'horreur et de la fantasy et qui démontre une maîtrise de la narration parfaite de la part de Lehman, qui signe là un album extrêmement convaincant. Quant à De Caneva, on ne peut absolument rien dire d'autre ou n'employer aucun autre adjectif que "remarquable" : d'un bout à l'autre, la prestation est extrêmement solide, les personnages particulièrement bien campés et toutes les planches fantastiques baignent dans une pénombre convaincante qui tranche intelligemment avec le reste du dessin. Notons également que l'album aussi en tant qu'objet de collection est des plus jolis. Une présentation très soignée, pour un ouvrage de grande qualité, qui ressemble à l'un des indispensables de cette fin d'année.





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JOKER FOLIE À DEUX : JOKER ENNUI À DEUX ?


 Que lève la main le premier d'entre vous qui ressentait le besoin impérieux de voir une suite au Joker de Todd Phillips ? Qu'on l'aime ou pas, ce film semblait abouti artistiquement parlant, suffisamment singulier et bien troussé pour mériter un titre à part dans la longue collection des adaptations cinématographiques de nos chers comics. Une des plus audacieuses, des moins stupides. Des plus pertinentes, rapportées à l'époque. Et puis voilà, Folie à deux, Harley Quinn, et le grand patatrac au box office. D'ailleurs, ne vous y trompez pas, Joker : Folie à Deux n'est pas la comédie musicale annoncée. Certes, il y a bien des séquences musicales – on voit même le Joker et Harley Quinn reprendre To Love Somebody des Bee Gees en duo, avec une petite touche à la Fred Astaire et Cyd Charisse – mais ce serait une simplification grossière de s'arrêter là. Clarifions les choses : les scènes chorégraphiés ne sont que des échappées mentales du Joker, des visions isolées, presque des clips hors contexte qui n’ont aucune connexion avec l'intrigue principale (c'est d'ailleurs souvent le traditionnel cheveu sur la soupe qui vous fait faire la grimace). En revanche, lorsqu'ils chantent et dansent vraiment, ce sont des moments lucides, conscients. Le Joker, à un moment, dit même "arrête de chanter", comme s'il voulait briser un charme déjà fragile, presque à contrecœur. Le tout se déroule sous les yeux des autres personnages, qui restent impassibles, totalement déconnectés de ce délire musical (et cinématographique). En somme, la musique n'est pas là comme langage universel ou comme mode d’expression propre aux personnages, mais elle accompagne simplement deux êtres qui se prêtent au jeu de la comédie musicale, sans jamais l’embrasser pleinement, sans que cela fasse sens pour eux, surtout pour nous. Folie à Deux apparaît comme une révolution avortée, vouée à l’échec. Si la seule manière de surmonter l’aura écrasante du premier Joker était d’oser une rupture stylistique – en s’appuyant sur la folie du titre pour explorer de nouveaux territoires, notamment celui du musical – il aurait fallu oser davantage. Le virage attendu était radical, et ce ne sont pas tant les attentes qui ont été déçues, que l’intention qui s’est perdue en route, qui a sombré dans la confusion. Reste tout de même le plaisir de voir Lady Gaga interpréter They Long to Be Close to You des Carpenters, ou de la regarder danser avec un Joaquin Phoenix qui retrouve ses mouvements désarticulés. On découvre des versions inédites de leurs personnages, bien qu’enfermées dans des scènes secondaires, de faible impact. Mais malgré ce charme sporadique, Joker: Folie à Deux ne réussit pas à échapper à une impression de redondance. Et surtout, de vacuité. Pas d'émotion, pas d'empathie, pas de folie. C'est un comble !



Entre drame judiciaire et thriller psychologique, où les procès ressemblent à des séances de psychanalyse et où l’amour n’est qu’un prétexte narratif très mal amené, ce nouveau Joker semble avant tout être une sorte de méta-commentaire sur le premier film. Ramener Arthur Fleck à son état d’avant la grande révélation (même si c’est sous l’effet des médicaments) est une hérésie. Lui faire revivre cette époque révolue, effacée par sa transformation en Joker, c’est rejouer une scène déjà vue, mais sans la catharsis libératrice du premier film. On s'en contrefiche, totalement. Le film échoue aussi en enfermant le Joker dans un cadre où il n’a aucune marge de manœuvre. Il est réduit à l'état de pion dans un procès dont l’issue est inévitable, sans la moindre tension née d'une incertitude. On a presque l’impression d’être face à une intrigue qui pourrait commencer par sa fin, où chaque scène revisite et dilue les événements du premier film, en approfondissant légèrement les idiosyncrasies d’Arthur Fleck, mais sans jamais nous reconnecter à la compassion que l’on éprouvait pour lui. On l'entend rire, sans conviction, comme si même Joaquin Phoenix n'avait plus qu'à user et abuser des tics du premier film, pour tenter de sauver les meubles dans le second. En vain. Harley Quinn, quant à elle, est plus un stimulus, le déclencheur de l'euphorie qui sommeille dans le Joker, une sorte de réceptacle, reflet de l'idolâtrie fanatique des masses, qu'un personnage qu'on incarne. Harley Quinn est alors un vecteur de réflexion sur le pouvoir déformant du spectacle, qui digère et recrache des idées plutôt que des individus, des figures iconiques et aplaties, icônes starifiées sans la moindre raison valable, sans esprit critique. Lady Gaga en sait quelque chose, elle connaît parfaitement cet univers glauque, ce miroir déformant; pour autant, elle s'ennuie et nous ennuie, la plupart du temps. C'est là pourtant que Joker : Folie à Deux semblait avoir quelque chose à dire, et c'est là qu'il pouvait trouver un fil thématique commun avec le premier film, dans la distorsion de la réalité par les médias mainstream et dans la chute des idoles, qui finit par induire une violence colérique et indomptable. Le film respecte le pacte en partie, en dénonçant le cercle vicieux de la masse qui déifie puis déboulonne les statues, qui érige des géants puis les démolit. Mais Joker : Folie à Deux se contente d'effleurer le sujet, de redire ce qui avait déjà été énoncé avec plus de génie en 2019. Sur la durée, on finit par se regarder, embarrassés, avec la certitude que ce second volet, totalement dispensable, va faire aussi beaucoup de mal aux souvenirs que nous conservions du premier. Le box office semble s'être déjà chargé de la juste punition. 



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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : L'ESCAMOTEUR


 Dans le 185e épisode du podcast Le bulleur, je vous présente L’escamoteur, album que l’on doit au scénario de Philippe Colin, au dessin de Sébastien Goethals et c’est publié chez Futuropolis. Cette semaine aussi, je reviens sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :


- La sortie de l’album Les petits métiers méconnus que l’on doit au scénario de Vincent Zabus et à de nombreux dessinateurs, ainsi qu’aux éditions Dupuis

- La sortie de l’album À la ligne, l’adaptation en bande dessinée du roman de Joseph Ponthus par Julien Martinière pour un album sorti chez sarbacane

- La sortie du second tome de la série Voleur de feu que Damien Cuvillier consacre à Arthur Rimbaud, une biographie publiée aux éditions Futuropolis

- La sortie de Dentelles et Wampum, deuxième tome de L’ombre des lumières, série que l’on doit au scénario d’Alain Ayroles, au dessin de Richard Guérineau et le tout est édité chez Delcourt

- La sortie de l’album Grégory, titre pour lequel Jean-Marie Villemin a participé au scénario en compagnie de Pat Perna, le tout mit en dessin par Christophe Gaultier et c’est publié chez Les Arènes BD.

- La sortie de l’album Le corbeau — l’affaire Villemin, titre que l’on doit au scénario conjoint de Béatrice Merdrignac et Tristan Houllemare, au dessin de Grégory Lé et c’est publié chez Petit à petit dans la collection Docu BD

- La sortie de la première intégrale comprenant les tomes 1 et 2 du Château des étoiles, la saga que l’on doit à Alex Alice et aux éditions Rue de Sèvres.



 

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AVENTURE(S) ITALIENNES ET MARSEILLAISES AVEC DEMIAN CHEZ ALTER COMICS

Demian Tome 1 Chez alter comics

Avec Alter Comics, les fumetti sont de retour. De quoi parlons-nous ? En vérité, il est extrêmement facile de donner une définition de ce genre de production. Le terme (en italien) signifie tout simplement une bande dessinée, tout comme les Anglo-Saxons appellent ces mêmes publications comic books. Nous autres, lecteurs qui avons dépassé la quarantaine, sommes habitués à la production sérielle des fumetti populaires, puisqu'un grand nombre des petits formats qui étaient publiés, des années 1960 aux années 1990, notamment chez Lug/Semic mais aussi Mon Journal, avaient pour origine des BD italiennes adaptées en français. La plus grande maison d'édition italienne du genre est incontestablement Sergio Bonelli Editore, que nous connaissons chez nous grâce à des héros légendaires tels que le cowboy Tex Willer (qui était publié entre autres dans la revue Rodéo) ou bien l'esprit à la hache, le grand Zagor (qui lui était adapté en VF dans Yuma). Citons également, parmi les personnages un peu plus récents, l'archéologue Martin Mystère ou bien le détective du surnaturel, Dylan Dog. Demian est justement un fumetto (singulier de fumetti) publié par cess éditions Sergio Bonelli Editore, entre 2006 et 2007. Créée par Pasquale Ruju, cette série s'inscrit dans la longue tradition des récits d'aventure et de mystère et suit les péripéties de Demian, un ancien membre d'une sorte de confraternité héritée des chevaliers d'antan, qui a décidé de lutter contre l'injustice et le crime dans la ville de Marseille, qui sert de fond aux premiers épisodes. Après le meurtre de sa femme, Demian n'avait plus vraiment le goût pour vivre, mais il a finalement surmonté à sa façon le trauma, pour venir en aide à ceux qui en ont besoin. C'est un héros complexe, et ses aventures l'amènent à affronter une série de personnages puissants et dangereux, souvent des figures du crime organisé, mais aussi des individus corrompus appartenant à l'élite sociale et politique. L'ambiance de cette bande dessinée oscille entre noirceur et héroïsme, avec un ton souvent mélancolique. La série mêle action, drame et réflexion sur des thèmes comme la rédemption, le sens de la justice et la lutte contre nos propres démons intérieurs. Les dessins, réalisés par une équipe de dessinateurs talentueux comme Luigi Piccato, Walter Venturi ou encore Luigi Siniscalchi, proposent un soin particulier accordé aux décors urbains et aux scènes d'action. Et à l'heure où je rédige ces lignes, le second numéro de Demian est sur le point d'être disponible, chez tous les bons libraires !


En apparence, Demian s'appuie sur des éléments narratifs relativement classiques de la bande dessinée d'aventure. Nous avons affaire à un héros plutôt beau de sa personne, blond, tourmenté, et dont la noblesse d'âme est inébranlable; à ses côtés, un faire valoir exotique légèrement borderline mais toujours prêt à aider (Gaston), tandis que la présence de la femme aimée, désormais morte, s'insère dans le récit sous forme de flashback. On découvre aussi une nouvelle flamme potentielle, qui tente de faire brèche dans le cœur du preux chevalier. En apparence uniquement, car plus on avance dans la lecture, plus en réalité Demian se stratifie (après une fausse mort qui ouvre le tout premier épisode, il fallait y penser) et devient un personnage plus moderne, capable d'affronter des questions très contemporaines, comme par exemple la pollution, le recyclage sauvage des déchets, la corruption qui règne entre les grands industriels et la politique. Les ennemis de Demian sont également bien amenés : nous avons notamment affaire à une organisation basée à Marseille, du nom de "trait d'union", qui interprète à la perfection cette porosité entre les affaires privées de mafieux sans vergogne et les grands intérêts des compagnies internationales… mais aussi de l'État, qui accepte un peu trop facilement les pots de vin. Le premier numéro de Demian est illustré par Giorgio Sommacal, tandis que le second a droit à un Luigi Siniscalchi des grands jours, qui fait partie des artistes les plus appréciés chez Bonelli. Le format est le même que l'original en Italie et le prix plus élevé de 9,99 € s'explique facilement par l'énorme différence d'exemplaires concernés par le tirage. Et probablement par la vente, tant en France il est difficile, voire carrément risqué, de proposer ce genre de produit. C'est d'autant plus incompréhensible qu'une grande partie de nous autres, lecteurs de plus de quarante ans, avons commencé par lire ces bandes dessinées et que leur qualité moyenne dépasse très largement l'essentiel de la production de mangas ou de comics, en 2024. D'ailleurs, je vous invite vraiment à donner une chance à Demian et à tester cette série, tout comme il est très recommandé d'aller jeter un œil aux trois autres titres que propose Alter Comics (Julia, Saguaro et Adam Wild). Dossier complet à retrouver dans notre Mag' du mois d'octobre. 


Il convient d'être juste. Un autre éditeur propose régulièrement des fumetti en VF. Swikie édite par exemple Nathan Never, Napoleone, ou encore Brad Barron et Lukas. Mais ces titres ne bénéficient pas d'une distribution librairie nationale et sont pour ainsi dire publiés à la demande (Nathan Never est excellent). Enfin, UniversComics traduit les fumetti Alter Comics à partir des numéros 2. Comme vous le savez, nous sommes très engagés pour la promotion du média en terre française, et ce projet a besoin du soutien de tous. Grazie !

Les fumetti sont aussi mis à l'honneur sur notre page Facebook !

COSMOPIRATES TOME 1 : CAPTIF DE L'OUBLI (JODOROWSKY / WOODS)

 Xar-Cero est typiquement le genre de mercenaire sur lequel on peut compter. Si vous avez une mission à exécuter, soyez certain qu'il ir...