JOKER L'HOMME QUI CESSA DE RIRE : RIRA BIEN QUI RIRA LE DOUBLE


 C'est sa caractéristique principale, c'est ce qui le rend aussi dingue, même lorsqu'il commet les pires turpitudes. Alors du coup, pour quelle raison le Joker pourrait-il bien s'arrêter de rire… d'autant plus que ces derniers temps, le clown sinistre a dû s'éloigner de Gotham et en son absence, les équilibres criminels de la ville se sont reconstitués, avec les habituelles pointures qui se partagent le gâteau. Du coup, lorsque le Joker est de retour à Gotham, ça fait un peu désordre et ça se passe dans la violence. Mais le véritable problème, l'interrogation majeure qui se pose au lecteur dans les premiers épisodes, c'est que ce joker là n'est pas unique. Pendant qu'il tente de remonter la pente à Gotham (et ce n'est pas facile, car il est vraiment dans un sale état après s'être fait cribler de balles, y compris en pleine tête) un autre Joker a débarqué lui dans la cité des anges, et de là-bas, il orchestre une vaste opération à l'échelle nationale, contre un grand nombre de pontes de la mafia et de la criminalité. Il y aurait donc un imposteur aux dents longues et un Joker original complètement cabossé, traqué par Red Hood et pour une fois à la limite de perdre son célèbre sens de l'humour dérangeant. Pendant que nous lisons ces épisodes, que nous nous faisons balader à travers tout ce récit chaotique, nous devons également lire (ou devrais-je dire supporter) les blagues éculées d'un narrateur pas très drôle, des petits pavés de texte qui ne font que rendre plus grinçant l'ensemble. Et si vous aimez cette plongée dans la fragmentation de l'identité d'un des personnages les plus fous de l'histoire des comics, alors vous adorez aussi les petites back-up stories qui complètent chacun des douze épisodes de ce volume. Nous y découvrons de petites aventures totalement déjantées du Joker, souvent face à quelques-unes des super héroïnes les plus plantureuses de l'univers DC, le tout baignant dans un humour noir et absurde, magnifié par le trait grand guignolesque de Francesco Francavilla, ou celui plus traditionnel de Will Robson.



Maintenant, il faut être parfaitement honnête : était-il vraiment nécessaire d'étaler cette histoire sur douze numéros ? Matthew Rosenberg finit par mettre en scène une double baston qui devient assez stérile; d'un côté nous avons un Joker aux portes de la mort, entouré de bandelettes telles une momie et qui survit dans les égouts de Gotham, en compagnie de Solomon Grundy. De l'autre, nous suivons un autre Joker à Los Angeles, beaucoup plus flamboyant, mais qui finit lui aussi par se faire tabasser. Certains des épisodes deviennent uniquement des moments consacrés au combat, ça frappe, ça saigne, ça tire, ça tente de plaisanter… mais au bout d'un moment, les blagues éculées du Joker ne font pas rire grand monde, tout ça n'avance pas. La vraie bonne nouvelle de ce Joker qui cessa de rire c'est la présence continue de Carmine  Di Giandomenico. L'artiste italien, qui possède toujours un style très personnel, clivant mais fascinant dans la construction de ses figures, et qui se révèle parfaitement adapté à la noirceur de Gotham, nous livre ici une autre prestation très solide, sans avoir besoin de recourir à la moindre pause. Nous le savions déjà, il s'agit d'un stakhanoviste du dessin, un des rares capables de soutenir un rythme très rapide de production sans que cela ne se ressente trop sur la qualité du produit fini. Un vrai dessinateur à l'ancienne. De plus, les couleurs de Arif Prianto dans cet album lui conviennent parfaitement. C'est pour lui que l'ouvrage vaut surtout la peine d'être acheté, pour le fait qu'il parvient aussi à maintenir cette unité graphique, même si je le répète, les histoires back-up viennent à chaque fois obliger le lecteur à prendre une pause. Pour ma part, cela ne m'a pas dérangé car elles sont drôles, totalement décalées et c'était peut-être, à un moment donné, elles que j'attendais le plus ! En conclusion, vous trouverez les deux épisodes consacrés au Joker, insérés dans le crossover Knight Terrors. Ils sont l'œuvre de Rosenberg (toujours) et Stefano Raffaele, et ma foi, si ça se laisse lire, il n'y a là rien d'inoubliable à l'intérieur. Bref, un gros pavé qui coûte tout de même quarante euros mais qui ne va pas au bout de toutes ses promesses. 



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