CAPTAIN AMERICA BRAVE NEW WORLD : PAS GRAND CHOSE DE NOUVEAU SOUS LE SOLEIL


 Tout ça pour ça. Et malgré la carte intrigante du Hulk Rouge (Harrison Ford, tout de même) à jouer en fin de partie. Bon, il n'y a pas grand chose de bien palpitant dans ce Captain America: Brave New World, 35ᵉ volet de la gigantesque saga du multivers cinématographique Marvel (qui a connu des jours plus fastes) et quatrième aventure « en solo » du héros au célèbre bouclier étoilé en vibranium. Un symbole qui, il n’y a pas si longtemps, a changé de porteur, passant des mains de Steve Rogers à celles de Sam « Falcon » Wilson, un personnage dont le charisme est loin d'être à la hauteur de son illustre prédécesseur. Une transition aussi délicate sur le plan narratif que commercial, amorcée dans la série The Falcon and the Winter Soldier et dont les répercussions s’étendent jusqu’à ce nouvel opus, porté d’ailleurs par la même équipe créative que le show télévisé. Au cœur du scénario signé Rob Edwards, Malcolm Spellman et Dalan Musson, ressurgissent donc le poids, les angoisses et les pressions inhérentes à cette promotion inattendue, le tout fondu dans une intrigue qui renoue avec un genre et des atmosphères qui ont, depuis les frères Russo, façonné les récits estampillés Captain America. Dans la lignée de The Winter Soldier, Civil War et de la série Disney+ déjà citée, Brave New World plonge dans un thriller paranoïaque aux accents d’espionnage et de géopolitique, mêlant conspirations, jeux de dupes, agents dormants et sociétés secrètes, sans oublier les manipulations mentales et les attaques contre les hautes sphères du pouvoir. Du bon gros complotisme de derrière les fagots. La seule véritable innovation concerne une mise en scène qui revendique ouvertement des codes, des ambitions et une tonalité plus proches d’un B-movie. Un film qui mêle l’esthétique du cinéma militaire à la Top Gun ou Des hommes d'honneur (la franche camaraderie sous les drapeaux, on aurait presque envie de s'engager), tout en assumant une patine résolument comic book, voire cartoonesque, avec des envolées parfois grotesques et en rupture avec la gravité des précédents opus. Bref, une version marvelisée et simplifiée d’un certain type de cinéma, où les thématiques – comme l’idée que le véritable ennemi, celui qui détient toujours la vérité, est souvent plus proche qu’on ne le croit – sont recyclées avec opportunisme. Mais aussi un nouvel épisode parmi tant d’autres, dans une collection devenue tentaculaire, qui s’étire encore et encore selon une formule éprouvée, sans jamais vraiment marquer les esprits. Ici on attend, longtemps, très longtemps, le Hulk Rouge, en croisant les doigts pour qu'il sauve le film de l'ennui.


Mais quel est vraiment l'objectif de ce Brave New World réalisé par un quasi-débutant du nom de Julius Onah ? Le but se révèle à mesure que l’on progresse dans un récit qui se contente du strict minimum, oscillant entre médiocrité bon enfant et clichés éculés. Le tout progresse péniblement, d’une péripétie futile à une résolution bâclée, dans l’unique but de jouer la montre, une forme de remplissage cinématographique assez stérile qui en laissera beaucoup sur leur faim. D’un point de vue promotionnel, le grand moment du film, c’est bien sûr l'apparition du Hulk Rouge, c'est à dire la transformation tant attendue du président Thaddeus "Thunderbolt" Ross (ou plutôt Joe Biden, à deux doigts de sucrer les fraises). Son face-à-face avec Sam Wilson – sur fond de tensions avec le Japon et d'infiltration au plus haut niveau de l'état, constitue le sommet, voire le véritable point de tension de Brave New World. Mais l'opposition n'éclate jamais vraiment, avec un Président Ross qui ne rêve que d'une seule chose, finalement : se rabibocher avec Betty, sa fille, et de l'emmener se balader sous les cerisiers en fleurs. C'est assez consternant. Du coup, au lieu d’être le tremplin fondateur d’une nouvelle ère, Brave New World finit surtout en fantasme geek, qui peine à s’imposer comme l’événement tant attendu. Et c’est dommage, car il marque aussi la première grande apparition de Sam Wilson en Captain America, un rôle dont le MCU a cruellement besoin – autant à l’écran que dans sa stratégie globale. Dans ce contexte, la solidité du casting s’avère précieuse : Danny Ramirez, Shira Haas, Giancarlo Esposito et Tim Blake Nelson parviennent à donner le change, et ce, même lorsque le scénario semble leur mettre des bâtons dans les roues, ou que les effets spéciaux flirtent avec le ridicule ou l'amateurisme (Le Leader est indigne d'un cosplay bon marché). Le cas d’Anthony Mackie est à étudier de près. Sur le papier, il a les épaules pour incarner un Captain America mémorable. Mais face à une mise en scène qui ne lui laisse que peu de marges de manœuvre, son intronisation reste inachevée. D’autant plus que, dans l’ombre, Harrison Ford lui vole sans effort la vedette et détient le seul élément de suspens de tout le long métrage, le moment fatidique où la contrariété de trop va faire de lui le nouveau Hulk vermillon et pas content du tout. En fin de compte, Captain America: Brave New World ne provoquera ni panique ni accès de rage dans la population habituelle des Marvel Fans au cinéma. Il ne fait que rappeler la trajectoire décevante d’une compagnie (Marvel Studios) qui, à force de démultiplier les expérimentations, les formats, de démythifier ses personnages, s’égare jusque dans ses récits plus terre-à-terre. Bref, un film Marvel de plus, auquel on ne prêtera pas plus d'attention que cela. Nous sommes blasés, mais sûrement aussi moins bêtes que ne l'espèrent les producteurs dépassés. 



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