Côté intrigue, inutile de trop en dire, Duck and Cover ménage ses effets. Disons seulement que Del, après un cataclysme improbable, se retrouve avec une poignée de survivants, poursuivi par des créatures mutantes, et qu’un DJ nommé Popsicle joue les Saint-Bernard au son de la radio. Oui, vraiment. Et encore, vous n’avez rien vu. Un Popsicle qui est aussi complotiste avant l'heure, de ceux qui prédisent forcément une invasion extraterrestre imminente, à une époque où la Guerre Froide et les progrès de la science et de l'atome font vriller bien des cerveaux. Si l’on retrouve chez Snyder des obsessions récurrentes — trauma, mutation, société en déliquescence — il insuffle à cette mini série une sincérité nouvelle, presque candide. Del est un héros attachant, aussi rêveur que résilient. Duck and Cover, c'est savoir se glisser sous les tables de l'école, en cas d'explosion, mais clairement se planquer sous son bureau ne relève pas dans cette bande dessinée de la blague cynique, mais de la vraie stratégie de survie. Snyder est là avant tout pour nous divertir mais il ne faut pas chercher la petite bête si on veut profiter au mieux de cet album ; le basculement vers la science-fiction dure et pure est radical et contient en germe une centrifugeuse de bien des films ou situations célèbres de l'anticipation. Parcours initiatique d'un groupe de jeunes, qui confrontés à l'impensable parviennent tout de même à se hisser au niveau et à révéler les véritables personnalités de chacun, cette histoire réserve aussi une fin qui n'en est peut-être pas une, tant il est possible de prolonger cet univers et d'en faire un terrain d'expérimentation pour comic books décomplexés. Sortez le pop-corn et bonne dégustation (chez Delcourt).
DUCK AND COVER : FIN DU MONDE ENTRE TEENAGERS
ABSOLUTE WONDER WOMAN TOME 1 : LA DERNIÈRE AMAZONE
Kelly Thompson offre aux lecteurs la possibilité d’évoluer en terrain familier, tout en leur proposant une nouvelle approche de la mythologie propre à Wonder Woman. Steve Trevor est également de la partie, tout comme Etta Candy, mais les personnages ne sont plus tout à fait ceux que nous connaissions jusqu’alors. Quant à Wonder Woman, privée de la présence de ses sœurs amazones et de son rôle d’ambassadrice, elle se présente ici comme une guerrière, dernier rempart entre une population menacée et un monstre gigantesque nommé le Tétracide, capable de dévorer non seulement les corps, mais aussi les âmes. Le style de Sherman est extrêmement épuré : les lignes des visages, comme la plastique des corps, sont parfois réduites à l’essentiel. Textures rugueuses, traits anguleux sont au menu, mais cette simplicité formelle finit par séduire, avec un petit côté naïf qui s’accorde bien avec les ambitions de ce nouveau titre. Ce qui ne change pas, en revanche, c’est cette image de Wonder Woman compatissante, toujours prête à se sacrifier – qu’il s’agisse d’une partie d’elle-même, d’un bras, ou de sa propre tranquillité. Elle a d’ailleurs quitté Circé, sa mère adoptive. L’héroïne choisit la voie de la compréhension, du partage, de l’amour. Le monde entier va donc faire connaissance avec cette héroïne inspirante, mais qui peut aussi susciter la peur – notamment chez certains militaires paniqués, peu enclins à se réjouir de voir une inconnue leur damer le pion et se poser en interlocutrice privilégiée face à un envahisseur sinistre. Découpé en deux parties qui se répondent – l’enfance de Diana aux Enfers et sa révélation au monde dans le temps présent – cet album s’impose comme une lecture simple, directe, sans fioritures, mais attachante.
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SPIDER-MAN L'EMPIRE 2 : KAARE ANDREWS ET LA SUITE DU "REIGN"
Reign 2 joue la surenchère permanente. Violence graphique, twists en rafale, timeline bancale, histoire délirante : l’ensemble a des allures de cauchemar éveillé où les repères explosent. Ce sera le grand point fort du travail d'Andrews, la raison pour laquelle beaucoup vont adorer, tandis que beaucoup d'autres vont détester. Peu importe les raisons rocambolesques qui permettent cela, Peter va avoir l'occasion de revenir en arrière et d'effacer la mort de Mary Jane. S'il avait su la laisser partir, peut-être n'aurait-elle pas succomber à la maladie, les choses auraient pu être fort différentes… seulement voilà, dans cette nouvelle réalité qui attend le Tisseur, il y a aussi une version inédite de Venom qu'il va falloir affronter, tout en composant avec la présence de Miles Morales, qui a lui aussi connu une existence tragique et qui a bien changé depuis le personnage gentillet que nous connaissons. Andrews s'amuse avec de nombreux points de l'histoire que nous avons tous en tête, à commencer par le Spider-Man de McFarlane, pour brouiller les pistes, redistribuer les cartes, revenir en arrière, pour nous raconter ce qui aurait pu être ou plutôt ne sera jamais, en raison de la malédiction de Parker, ici portée à son paroxysme au niveau de ses conséquences. Peu importe si le scénario n'est pas toujours très clair, si par moments ce que l'on lit semble perdre un peu de sens, ce qui est en jeu ici, c'est la représentation graphique explosive qui caractérise son travail, qui a subi une évolution ultérieure depuis l'Empire (premier du nom), au point de devenir aujourd'hui une version survitaminée et postmoderne des années 1990. Alors oui, c'est clairement brouillon, ça n'est pas quelque chose d'indispensable, mais pour autant, le produit fini à quelque chose de fascinant dans son imperfection. Notez que vous pouvez trouver une édition présentant les deux histoires, premier et second récit, disponible chez Panini Comics, dans un coffret pour 39 euros.
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ABSOLUTE BATMAN TOME 1 : LE ZOO (SNYDER ET DRAGOTTA POUR UN BATMAN EXPLOSIF)
Absolute Batman, c’est un peu comme si Frank Miller avait pris un café (très serré) avec Mark Millar, en relisant un bon paquet de comics des années 1990. Loin d’être une simple redite, ce nouveau départ targué Absolute ose, bouscule, et surtout réinvente le mythe à sa façon. Ce qui fait la force de ce Batman là, c'est-à-dire la décomplexion totale au niveau de l'histoire et du dessin, peut aussi être son talon d'Achille, notamment pour tous les pisses froid ou ceux qui sont allergiques au travail de Scott Snyder. Celui-ci continue d'œuvrer sur un personnage qu'il connaît très bien et il en renouvelle encore la personnalité, mais aussi le background, tout en conservant son caractère inflexible et une manière expéditive d'agir. J'ai déjà parlé de Martha, la mère de Bruce Wayne, mais il convient de dire que c'est ici son père, simple enseignant qui rêvait pourtant d'une carrière de grand chirurgien, qui a connu tragiquement la mort lors d'une sortie au zoo de Gotham. C'est d'ailleurs en cherchant refuge dans une sorte de dépôt à chauve-souris que le petit Bruce a fait la rencontre des chiroptères qui vont l'inspirer pour devenir la grande figure de la lutte contre le crime dans sa ville. Plus que de crime, en fait, parlons de décadence, de délitement de la société : tout ici est plus violent, tout ici semble exagéré et en même temps furieusement contemporain, étant donnée l'époque trouble à laquelle nous vivons. Cerise sur le gâteau, l'emblème sur le costume de Batman, donc, qu'il est possible de détacher et qui est en fait une plaque thoracique de métal, qui se transforme en une hache tranchante, au besoin ! Vous l'aurez compris, le Batman Absolute n'est pas là pour plaisanter et son titre se présente comme un comic book qui appuie sur l'accélérateur, une descente pied au plancher dans les méandres d'une Gotham plus corrompue que jamais, avec comme seule paladin un justicier privé de la proverbiale et colossale fortune qui l'assiste en temps normal, mais toujours animé par une croisade qui ne connaît ni pose, ni atermoiement. Sortie le 30 mai, pour finir le mois en fanfare et fureur, chez Urban Comics.
WILSON NEBULA (PERDUE DANS L'ESPACE) : CHEZ UPPERCUT EDITIONS
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LE PODCAST LE BULLEUR PRESENTE : LA TRILOGIE BERLINOISE (La pâle figure)
Dans le 199e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente La pâle figure, deuxième tome de La trilogie berlinoise que l’on doit au romancier Philippe Kerr et qu’adapte Pierre Boisserie au scénario, François Warzala, un ouvrage publié aux Arènes BD. Cette semaine aussi, le Bulleur revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :
- La sortie de l’album La force de vivre que l’on doit à Laurent Astier et aux éditions Rue de Sèvres
- La sortie de l’album Deux femmes que l’on doit au scénario d’Arnaud Le Gouëfflec, au dessin de Laurent Richard et qui est édité chez Glénat
- La sortie de l’album La Muette que l’on doit au scénario de Valérie Villieu, au dessin de Simon Géliot et c’est édité chez La boite à bulles
- La sortie de l’album La rose et l’olivier que l’on doit à Mélaka, qui parle des amère Gudule, un titre édité chez Delcourt dans la collection Encrages
- La sortie de Soixante ans de solitude, quatrième et dernier tome de la série Charlotte impératrice que l’on doit à Fabien Nury au scénario, Matthieu Bonhomme au dessin et c’est édité chez Dargaud
- La réédition en intégrale de La déconfiture, album que l’on doit à Pascal Rabaté et qui est édité chez Futuropolis.
SENTRY LA SENTINELLE : PAUL JENKINS ET JAE LEE POUR UN VRAI MUST HAVE
SENTRY RENAISSANCE : LE SUPER-HEROS QU'ON AVAIT OUBLIÉ
Bob vit un calvaire. Il perçoit, en temps réel, chaque drame, chaque accident, chaque cri de détresse aux quatre coins du globe. Et il sait qu’au moindre moment de relâchement, au plus petit instant de repos qu’il s’accorde, des vies seront perdues — des vies qu’il aurait pu sauver. Son existence n’est donc qu’un dilemme permanent : se reposer, ou voler au secours du monde entier. Même ses interventions doivent être choisies, et ses choix ont des conséquences parfois lourdes, que l'opinion ne saurait voir ou peser. Toute cette aventure est profondément psychologique, ce qui peut déconcerter les amateurs de grandes bastons généralisées. Ce n’est pas tant ce que le personnage est capable de faire qui est au cœur de l’histoire, mais bien ce qu’il est réellement. Quelle est la part de délire et celle de vérité ? Pourquoi une grande partie de ses souvenirs a-t-elle disparu ? En quoi consiste exactement la dualité entre Sentry et Void ? Nous sommes ici face à une interrogation existentielle et psychologique poussée, incarnée notamment par le personnage du psychiatre, qui joue un rôle fondamental. Il permet d’explorer les méandres d’une psyché tourmentée tout en jouant habilement avec l’histoire des comic books Marvel, dans une sorte d’interpénétration continue entre l’univers de fiction que nous connaissons depuis des décennies et le monde réel supposé qu’on nous propose ici comme contrepoint. Un exercice d’équilibrisme narratif plutôt réussi, à mes yeux, pour ce qui demeure l’un des meilleurs travaux de la carrière de Paul Jenkins. Au dessin, il est épaulé par John Romita Jr., généralement bien plus à l’aise dans les scènes grand-guignolesques, pleines d’explosions, d’action et de violence. Ici, Romita doit souvent composer avec des moments plus statiques, des échanges verbaux, et pourtant il s’en sort avec les honneurs. Ceux qui apprécient son style devraient y trouver leur compte, même si l’on reste un ton en dessous de ses grandes réussites sur Daredevil ou Spider-Man. Ce Sentry-là est un héritage de ce que Marvel a pu produire au début des années 2000, une époque de grande liberté créatrice qui a permis, en quelques années, de redresser spectaculairement une compagnie que l’on croyait alors sur le point de disparaître. Avec toutefois cette certitude un peu amère : un personnage aussi fascinant, mais aussi puissant (un dieu, en quelque sorte), ne peut que devenir encombrant dès lors qu’on tente de l’utiliser de façon stable et continue dans un microcosme super-héroïque déjà bien établi.
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BATMAN DARK PATTERNS AFFAIRE UN : L'HOMME BLESSÉ
Si pour le GCPD, aucune piste ne semble de dessiner, Batman parvient à comprendre ce qui peut unir les trois premières victimes, et donc à anticiper les suivantes. D'autant plus que durant son enquête, qui le porte à investiguer dans les bureaux du premier individu assassiné (un avocat à succès), le héros affronte une escouade de vigiles, indice certain d'un complot plus vaste. Finalement, Batman identifie la prochaine cible du tueur, qui semble suivre l’ordre alphabétique d’une liste d’hommes ayant perdu un proche. Bruce attend donc l’assassin devant l’appartement du malheureux et va se retrouver nez à nez avec un homme dont le corps est couvert de clous, de pointes et de lames. Batman s’apprête à intervenir mais il comprend qu’il ne peut frapper nulle part. Chaque objet planté dans le corps du tueur est positionné de façon à ce qu’un coup porté le déplace — et que ce déplacement provoque sa mort. Batman ne peut rien faire sans transgresser sa règle : ne jamais tuer. Et ce n’est pas tout : l’homme ne ressent apparemment aucune douleur. Cette absence de sensations est la clé de cette première enquête, qui va emmener le héros jusque dans les banlieue pavillonnaires de Gotham, là où on n'a pas l'habitude de le voir en tenue. Dan Watters suscite l'adhésion avec une enquête où la tension est constante et savamment dosée. L’idée d’un ennemi que Batman ne peut frapper sans le tuer est une manière brillante de retourner contre le Dark Knight son propre code moral. L'album peut sembler un peu léger, du fait de sa faible pagination, mais la qualité de l'ensemble est indéniable, et pourrait même bien réconcilier ceux que le Batman intouchable de certaines histoires trop héroïques pour être honnêtes a fini par rebuter.
THE CRIMSON CAGE : DU CATCH ET MACBETH CHEZ AWA STUDIOS
The Crimson Cage (inédit en Vf à ce jour) est une relecture de Macbeth transposée à l'époque moderne et mixée à l'univers assez baroque du catch professionnel. Le protagoniste, Chuck Frenzy, est une grande vedette de la modeste fédération LPW, basée en Louisiane. Adulé par les fans, il aspire pourtant à décrocher une place plus prestigieuse et à offrir une vie meilleure à son épouse et assistante, Sharlene. Un soir, après avoir un peu trop bu, il erre dans le bayou et croise trois sorcières qui lui prédisent qu’il a la possibilité de devenir champion du monde… à condition d’être prêt à faire tout ce qu’il faut pour y parvenir. Par tout ce qu'il faut, il faut bien sûr comprendre des choses horribles, un meurtre, faire couler le sang ! L’idée de croiser Macbeth et le catch professionnel est quelque chose qui peut sembler totalement ridicule ou impossible, seul John Lees pouvait réellement la concrétiser avec autant de brio. L’adaptation reste fidèle à l’histoire d’origine tout en l’intégrant parfaitement au monde des catcheurs masqués, ce qui force l’admiration. Rien d’étonnant, puisque Lees est un grand passionné de lutte et d’histoire du wrestling. L’album regorge d’allusions aux catcheurs et ce qui est assez génial, c'est que même quelqu’un qui n’est pas initié à ce milieu pourra comprendre et apprécier le récit, tant il est vulgarisé avec classe et bien écrit. Son amour pour Shakespeare transparaît également, et il réussit de manière magistrale à fusionner ces deux univers.
UNIVERSCOMICS LE MAG' 52 (MAI 2025) : COSMIQUE ET VINTAGE
Mai 2025 - Gratuit
Vous pouvez lire votre Mag' en ligne ou le télécharger ici :
https://madmagz.app/fr/viewer/67f6300e7ce42a0013fa50f5
On replonge dans l'univers cosmique #marvel des années 1990
- Pouvoirs cosmiques chez Panini Comics France Thanos, et les autres, dans les années 1990.
- Lectures V.O avec trois nouveaux albums inédits en Vf chez AWA Studios (Absolution, Chariot, The Crimson Cage)
- Le cahier critique, les sorties du mois chez Panini Comics, Urban Comics Delcourt Comics Les Humanoïdes Associés Editions Grand Angle
- Le podcast #lebulleur présente le meilleur de la #BD
- #DylanDog le mal aimé ? Le crossover avec #batman sera-t-il publié en VF ?
- Retour sur le #FCBD à Nice chez Les Fictionautes avec #fabianoambu et #vorticerosa
- Preview : le retour de #benjamincarret avec Crayons, Rassemblement. Benjamin qu'on remercie encore et encore pour être aussi le graphiste de toutes nos covers ! !
Cover de Gonzalo Byrne. Avec Monsieur Thanos !
Merci pour votre fidélité, on vous souhaite une excellente lecture avec ce Mag' de mai. Pour le prochain, rendez-vous dans un mois. D'ici là, vous pouvez nous aider : PARTAGER cette publication. Merci
FREE COMIC BOOK DAY 2005 - A NICE CHEZ LES FICTIONAUTES
Le Free Comic Book Day (ou FCBD pour les intimes), c’est le Noël des fans de BD, sauf que ça tombe le premier samedi de mai… et qu’on ne vous demande pas d’acheter un pull moche pour participer. Ce jour-là, les librairies partenaires offrent gratuitement des comics spéciaux édités pour l’occasion, parce que oui, parfois, la vie vous fait un cadeau sans demander votre carte bleue. L’événement a été lancé en 2002, aux États-Unis, avec une noble mission : attirer de nouveaux lecteurs dans les magasins de comics sans les effrayer avec trois décennies de continuité éditoriale. Les éditeurs jouent le jeu en proposant des numéros inédits, des introductions à de nouvelles séries ou des résumés pour les retardataires — un peu comme une bande-annonce sur papier. C’est aussi l’occasion pour les boutiques de se transformer en mini-festivals : cosplay, dédicaces, animations… parfois même des bonbons pour amadouer les petits (et les grands). Chez les Fictionautes, à Nice, deux invités : FABIANO AMBU et ROSA PUGLISI. Marvel, DC, Image, Dark Horse et tous les autres rivalisent d’ingéniosité pour sortir le titre que tout le monde voudra — même s’il est gratuit, l’égo éditorial reste intact. On y découvre parfois des perles, parfois des bizarreries, et souvent des histoires où Spider-Man explique à un enfant pourquoi lire, c’est cool. Les libraires, eux, espèrent que vous repartirez aussi avec un ou deux albums payants sous le bras, parce qu’un commerce ne vit pas que d’amour et de fascicules gratuits. Chez les Fictionautes, le simple fait d'entrer dans la boutique vous garantissait deux comics gratuits, et un autre offert pour chaque tranche de 5 euros d'achat.
C’est donc une journée où tout le monde y gagne : les lecteurs, les boutiques, et même les super-héros, qui trouvent enfin le moyen de recruter sans laisser de côté les plus pingres. En résumé, le Free Comic Book Day, c’est une déclaration d’amour à la BD, emballée dans du papier glacé… et servie avec le sourire (surtout si vous ne demandez pas les 15 numéros gratuits d’un coup). Voici quelques dessins réalisées pour l'occasion aux visiteurs, avec un minimum d'achats chez les Fictionautes.
ROGUE TROOPER : LES VALLÉES D'ALBION, CHEZ DELIRIUM
Et là, changement de décor… mais pas de scénario. Une seule chose est sûre : une fois encore, les hommes sont en train de s’autodétruire. Un coup chez toi, un coup chez moi, tel va être la dynamique des faits. Car après avoir combattu en pleine Première Guerre mondiale, le peloton de soldats alliés qui découvre avec stupeur qu’un visiteur venu du futur a aussi emprunté le mystérieux trou noir pour apparaître sur le champ de bataille… vase retrouver à son tour propulsé de l'autre côté du trou noir. Un monde que ces soldats ne comprennent pas, et pour lequel ils sont bien mal préparés. À travers ce télescopage de temporalités, Garth Ennis donne à voir l’absurdité tragique de la guerre, quel que soit le siècle. Parmi les soldats, un pauvre Allemand capturé, charitablement épargné, devient le miroir de cette folie : un être humain avant d’être un ennemi, qui n’a pas choisi d’être là, et qui ferait n’importe quoi pour épargner à sa descendance – ou à lui-même – de revivre pareille barbarie. Ici, Ennis se montre moins irrévérencieux que dans certaines de ses autres séries. Il mise davantage sur l’émotion, l’intelligence du lecteur, et surtout, sur la charge humaniste d’un récit qui épingle avec force notre propension à l’autodestruction. Une critique en creux, sans jamais sacrifier le souffle du récit, ni l’efficacité du drame. Le dessin de Patrick Goddard, d’un réalisme fou et d’une finesse impressionnante, s’attache à soigner chaque détail : qu’il s’agisse d’une scène de combat ou d’un simple regard face à l’horreur, chaque case transpire la tension, le doute, la peur. L’ensemble est publié en français chez Delirium, dans quelques jours, une excellente occasion pour le public hexagonal de découvrir ce personnage culte outre-Manche Créée en 1981 par le scénariste Gerry Finley-Day et le dessinateur Dave Gibbons pour le magazine anthologique britannique 2000 AD. Une injustice qui pourrait être corrigée très bientôt, puisqu’un film réalisé par Ducan Jones devrait sortir plus tard dans l'année…
Créée en 1981 par le scénariste Gerry Finley-Day et le dessinateur Dave Gibbons pour le magazine anthologique britannique 2000 AD, Rogue Trooper met donc en scène un soldat génétiquement modifié, le dernier de son escouade, lancé dans une quête de vengeance sur la planète ravagée de Nu-Earth. Avec pour seuls compagnons les bio-puces de ses camarades intégrées à son équipement, Rogue incarne une critique féroce et qui sonne juste, de la guerre industrielle et déshumanisée.
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LES FESSES À BARDOT : PELAEZ, SÉJOURNÉ ET L'ILLUSION DU GRAND ÉCRAN
Sous ses airs de farce rurale, Les Fesses à Bardot (titre certes piquant, mais qui trouve sa justification dans l'histoire, y compris au niveau de l'erreur dans la préposition) brosse un tableau drôle et acide de la société d’(avant)hier. On y parle cinéma, désir, réputation, mais surtout, on observe ce que l’attente d’un miracle médiatique peut révéler de la vraie nature des gens. L’hypocrisie côtoie l’enthousiasme sincère, la naïveté flirte avec la roublardise, et le lecteur s’amuse à voir tomber les masques un à un. Avec son dessin limpide et expressif, Gaël Séjourné donne vie à ces trognes campagnardes et à cette comédie de mœurs signée Philippe Pelaez, qui joue habilement avec les clichés sans jamais y sombrer. On pense à Don Camillo revisité et dépolitisé, à Pascal Rabaté version cinéphile, mais on reste dans un registre bien à part : celui d’un village qui croit encore aux miracles… surtout quand ils viennent de Paris et portent une jupe. Moralité ? Méfiez-vous des messies qui débarquent avec une photo et des promesses de pellicule. Surtout quand la seule chose qu’ils savent réellement tourner, c’est l’histoire à leur avantage. Très sympathique et bien exécuté, on recommande. Disponible chez Bamboo/Grand Angle.
DUCK AND COVER : FIN DU MONDE ENTRE TEENAGERS
On savait Scott Snyder féru d’histoire, amateur de frissons surnaturels et scénariste infatigable, mais on ne s’attendait pas forcément à c...

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Comme chaque samedi désormais, nous vous proposons de plonger dans l'univers de la bande dessinée au sens le plus large du terme,...
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UNIVERSCOMICS LE MAG' 46 Octobre 2024 / 60 pages / gratuit Disponible ici (lecture + téléchargement) : https://madmagz.app/fr/viewer/...
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UniversComics Le Mag' 45 Septembre 2024 84 pages Dispo ici : https://www.facebook.com/groups/universcomicslemag/permalink/1049493353253...