IRRECUPERABLE TOME 2 : TRAHISON



IRRECUPERABLE : Tome 2 (Trahison)

(Mark Waid/Peter Krause - Delcourt)

Tome 2 de la superbe série IRRECUPERABLE de Mark Waid. Pour les distraits, voici brièvement ce qui s'est passé dans le volume précédent : il s'agit du récit de la conversion au mal du plus grand super héros de la planète, un certain Plutonien, dont les pouvoirs ressemblent à s'y méprendre à ceux de Superman. Une sorte de demi Dieu, en somme. Epaulé par ses acolytes du Paradigme, un groupe rassemblant les plus grand méta-humains de la Terre, il a déjà sauvé le monde à moult reprises, et son nom est synonime de liberté, d'espoir, de courage. Mais derrière le masque, se cache Tony, un homme aux aspirations et aux besoins comme ceux d'un peu tout le monde : être aimé et respecté, et pas seulement craint. Trouver l'âme soeur et la paix, et non être constamment sur la brèche et se voir repousser par celle qu'il aime, lorsqu'il finit par lui avouer sa double identité. Le Plutonien a beau être tout puissant, capable de voler, soulever des tonnes d'une seule main, ou d'être virtuellement invincible, son coeur saigne comme vous et moi, et son esprit vacille. Jusqu'au jour où il franchit la limite, pète un cable, bascule du coté de la "force obscure" chère à Georges Lucas. Il rase donc au sol la ville dont il est le protecteur attitré, trucidant par la même des milions de personnes. Où comment passer du plus grand héros de tous les temps au plus grand danger public de l'histoire de l'humanité.




Le second volume est encore plus fort, plus irrésistible. Nous en savons enfin un peu plus sur les traumas d'enfance qui ont poussé le Plutonien à devenir ce qu'il est devenu. Régulièrement adopté puis rejeté par plusieurs familles d'accueil, Tony ne souhaite finalement rien d'autre que d'être aimé, et de ne plus être vu comme une "bombe ambulante sur le point d'exploser". Mais il est difficile de donner tort à ceux qui ont croisé son chemin, semé d'accidents déplorables ou de violence involontaire. Et même lorsqu'il est animé par les meilleures intentions, comme lorsqu'il confie à un savant certaines trouvailles technologiques récupérées après une invasion alien, le résultat s'avère catastrophique et particulièrement culpabilisant, même pour un tel surhomme. Ce tome 2 est aussi un petit régal pour ce qui est des révélations, trahisons, tensions, entre tous les membres restants (ceux que le Plutonien n'a pas encore explosé...) du Paradigme. Entre coucheries super héroïques et secret lourdement gardé, lorsque la réalité eclate, les liens et la confiance finissent par s'éroder d'une telle façon qu'on en vient à comprendre les motivations du Plutonien. Waid excelle, il est à son sommet avec cette série coup de poing qui ne connait pas la moindre baisse de tension et reste jouissive d'un bout à l'autre. Il est épaulé par un Peter Krause efficace et limpide, dont le trait est clair et immédiat, sans esbrouffe, et qui caractérise parfaitement chacun des (anti) héros de ce titre déjà incontournable. Irrécupérable, mais aussi et surtout indispensable, qu'on se le dise.

Rating: OOOOO

DC HEROES : Batman et les Titans en pleine Blackest Night


DC HEROES 2

(Batman Blackest Night 1-3 et Titans Blackest Night 1-3 / Panini)

Second numéro de Dc Heroes, et deux mini séries complètes, liées au grand crossover BLACKEST NIGHT, sont au programme de la revue. Certes, avec un certain retard par rapport à l'actualité habituelle de l'univers DC, mais mieux vaut tard que jamais. Tout d'abord, les réjouissances s'ouvrent avec la première mini en trois parties, Blackest Night Batman. Les anneaux noirs continuent de réveiller nombre de morts et d'animer leurs cadavres putrescents, pour les opposer à des héros avec qui ils partagent un lien, émotionnel, familial, ou historique. Ce qui tombe bien, car aussi bien le nouveau Batman (Dick Grayson, ex Nightwing) que l'ancien Robin Tim Drake ont perdu leurs parents de manière tragique. Les géniteurs sont donc de retour, possédés par un des fameux anneaux noirs, et ont devine aisément que derrière les apparences, leurs véritables intentions sont loin d'être amicales. Sont aussi de la partie le dernier Robin en date (Damian, fils de Bruce Wayne et de Talia Al Guhl), Boston Brand alias Deadman (qui peut momentanément prendre le contrôle des corps qu'il investit) et aussi le démon Etrigan. Manque bien entendu à l'appel Bruce Wayne, supposé mort, et dont le crâne a été dérobé directement dans sa tombe. Très sincèrement, je pense que si Bruce était vraiment trépassé, c'est à lui qu'auraient eu à faire Dick, Tim et Damian, et les choses auraient été bien plus corsées encore. Mais comme les nouvelles de son décès sont fortement exagérées, on se contentera de cette histoire de zombies de famille, qui se laisse lire sans grands problèmes, mais qui n'apporte rien de bien décisif dans le cadre complet de Blackest Night. Du travail honorable, sans plus, confié au duo Tomasi et Syaf.



Place ensuite aux Titans, ces jeunes héros qui n'en finissent plus de faire leurs crises d'adolescence et d'hésiter à devenir de véritables adultes. Bonne poiche ce coup ci, à condition de connaître ces personnages et leur background, pour pouvoir apprécier le récit. Car oui, ces Titans ont tout connu, pour ce qui est du deuil et des décès. L'ancienne petite copine de Beast Boy est morte (Terra, et c'était une criminelle!), Hank Hall, le premier faucon, un gros macho imbu de sa personne également. Pire encore pour Donna Troy qui a perdu son compagnon et son bébé au même moment. Et bien figurez vous que tous ces trépassés reviennent, zombifiés et contrôllés par l'anneau noir du Black lantern corps, pour amener chacun des membres des Titans au point de rupture émotionelle, pour se repaître de leurs tourments, et les achever ensuite. Cela donne l'occasion à J.T.Krull d'ecrire de belles scènes déchirantes, de retrouvailles illusoires, d'amour et de rêves perdus. Mention particulière à Donna Troy qui doit rompre le cou à son propre bébé, un moment particulièrement poignant. Et bien illustré par le brésilien Ed Benes, le Jim Lee sud américain. Poses plastiques ultra dynamiques, attention aux détails anatomiques et figures féminines très sexy, Benes est souvent décrié, à tort selon moi. Son style convient particulièrement bien à ce type de comic-book où l'action prime, et ses planches sont toujours lisibles et jamais banales. Ce qui nous donne donc 6 épisodes, deux récits complets plutôt plaisants (ma préférence va au second), soit plus de 140 pages super héroïques, pour 5,60 euros. Ce serait bête de s'en priver, en pleine Blackest Night ! (14/15 mois de retard sur les publications américaines, c'est plutôt long, cela dit. Dc mériterait bien mieux, amis lecteurs motivez vous!)

Rating : OOOOO

Spoiler zone FEAR ITSELF : WHO ARE THE WORTHY ?

L'heure est donc à la spéculation. Qu'en sera t'il de FEAR ITSELF, et surtout, que signifient tous ces teasers que Marvel a pris soins, ces derniers jours, de semer sur le web? On y voit toute une série de héros (et de vilains, cela dit en passant) désireux de s'étriper pour posséder un marteau (ce qui fait immanquablement penser à Mjolnir, l'outil enchanté de Thor), avec en guise de légende un slogan efficace : Who are the worthy? Autrement dit, qui sont ceux qui en sont dignes, qui le valent. Une petite remarque en passant : les marteaux semblent en fait tous différents, ce qui exclu donc la course à Mjolnir uniquement. Suite à la destruction d'Asgard, advenue récemment sur les pages du dernier numéro de Siege, il est fort probable que nous assistions à un retour en fanfare de la mythologie asgardienne, et pourquoi pas, qu'une série de parangons, d'épigones du Dieu du Tonnerre fassent leur apparition. Comme le dit laconiquement Joe Quesada : Qui seront les huit héros les plus méritants de l'univers Marvel?". En quoi cette demande est-elle si importante? Seront-ils réunis au sein d'une nouvelle équipe, et munis d'un marteau enchanté? Seront-ils les survivants d'un "event" cataclysmique, qui laissera derrière lui un bodycount des plus surprenants. Début de réponse en avril, au plus tard, ou peut être avant, si d'autres informations pointent le bout de leur nez d'ici là.




















MARVEL SAGA 9 : LA GUERRE DE FATALIS (Doomwar)


MARVEL SAGA 9 : LA GUERRE DE FATALIS

(Doomwar 1-6 - Jonathan Maberry/Scot Eaton)

Rien de va plus au Wakanda, royaume africain fictif, qui doit son immense fortune à sa haute technologie, et surtout à ses mines de vibranium, un métal précieux et fort utile pour l'armement et l'industrie lourde. La Panthère Noire, qui en était le souverain jusque là, a été défait et grièvement blessé par Fatalis, et même s'il s'est depuis remis de cet assaut, son pays est plongé dans le marasme. Sa soeur, Shuri, a assuré la régence et endossé à son tour le costume de la Panthère. Mais n'a pu empêcher un coup d'état fomenté par la faction des rebelles intégristes Desturi. Ces derniers ont capturé puis sommairement condamné à mort Tornade, l'épouse de T'challa, qui a décidé de demander de l'aide aux X-men, le groupe de mutants auquel appartient toujours Ororo. Mais c'est encore et toujours Fatalis qui est à la source du conflit : c'est lui qui manipule tout le monde, y compris les Desturi, pour mettre enfin la main sur toute la réserve de vibranium rafiné que contient la chambre forte du palais royal. La Panthère a beau avoir prévu un système de sécurité des plus complexes et sophistiqués, le souverain de Latvérie a plus d'un tour dans son sac, et ses motivations, bien qu'entâchées de méthodes expéditives et meurtrières, semblent même louables sur le fond. Il n'aspire qu'à la paix universelle et la fin de tous les conflits sur Terre. Une Terre à sa botte, cela va de soi.


 
Jonathan Mabery est un scénariste qui me semble des plus prometteurs. Ceci étant dit, l'arrêt du titre "Black Panther" avait fini par lui couper l'herbe sous le pied. Fort heureusement, ses projets pour le personnage n'ont pas été jeté aux orties, et Marvel lui a donné le feu vert pour cette mini série en 6 parties, cette "Doomwar", ou guerre de Fatalis en VF, qui réunit dans un même effort le Wakanda et ses héros, les X-men, les Quatre Fantastiques, et bien sur Victor Von Doom (qui n'a rien à voir avec Vincent Mc Doom, évitez de lui poser la question vu le sale caractère...). Scot Eaton est plutôt rassurant aux dessins, bien loin de ses débuts brouillons et caricaturaux, tels que je me les remémore sur Silver Surfer, dans les années 90. L'ambiance est à la géo politique mâtinée d'ésotérisme, pour un conflit aussi bref que nerveux. Dans les deux derniers épisodes, Deadpool est aussi de la partie. A l'instar de Wolverine, Wade Wilson est omniprésent et pointe le bout de son facteur auto guérissant dans n'importe quel titre, pourvu qu'il contribue à le faire vendre. Ici il participe au contraste saisissant, entre son humour décalé et sa verve insouciante, et la froideur machiavélique d'un Fatalis qui aime s'entendre parler. Seul petit point négatif : lorsque Fatalis accède au contrôle complet de toutes les créations basées sur le vibranium de la planète, nous aurions souhaiter en savoir plus, voir même constater certaines répercussions dans d'autres titres Marvel. Mais sans pour autant tomber dans un énième crossover qui n'en finit pas, pour ne pas dire grand chose au final. Probablement est-ce donc mieux ainsi, que Maberry ait pu développer seul sa saga, pour la conclure selon ses plans initiaux, sans la diluer dans d'insipides tie-in. A noter l'excellent rapport qualité prix de la revue française. 150 pages pour 5,60 euros, là où les américains ont du débourser six fois quatre dollars pour cette Doomwar. D'où le rating élevé. Vous ne serez pas lésés.

Rating : OOOOO

SUPERMAN : ORIGINES SECRETES Geoff Johns revisite le mythe



SUPERMAN : Origines secrètes

(Geoff Johns/Gary Frank - Panini DC Heroes)

Qu'est ce qui peut bien pousser certains auteurs à vouloir écrire, encore et encore, les origines de nos héros de fantaisie, tant bien même celles ci sont archi connues du grand public, et régulièrement suggérées d'une aventure à l'autre? Personne n'ignore la génèse de Superman, même ceux qui ne lisent habituellement pas de comic-books savent que le petit Kal-El est arrivé sur notre planète à bord d'une fusée, dernier rescapé de la planète Krypton, et qu'il a été adopté par une famille d'américains moyens du Kansas, les Kent. Geoff Johns, qui avait déjà commis "un "Green Lantern - Secret origins" publié récemment en VF sur les pages de Dc Universe, remet le couvert avec le plus célèbre des personnages de l'univers de la Bd super héroïque. Le cahier des charges est bien entendu respecté scrupuleusement. On y trouve de l'émotion et des bons sentiments (avec les parents adoptifs et tout l'amour qu'ils transmettent à leur rejeton), le cast habituel de la série (Lex Luthor et le premier grand coup de foudre, Lana Lang, suivie de Loïs Lane) et les murs porteurs qui soutiendront par la suite toute la légende du héros. C'est aussi un récit initiatique, avec le jeune Clark qui découvre progressivement ses incroyables pouvoirs (il est quand même invulnérable, il sait voler, il a une vision laser, entre autres). John Byrne avait déjà admirablement raconté plus ou moins les mêmes choses, juste à la suite de la mythique saga "Crisis on Infinite Earths". Le titre s'appelait "Man of Steel" et il avait permis de remettre un peu d'ordre et de rationnalité dans le panthéon de Superman. 20 ans d'aventures et de continuity malmenée ont probablement posé les jalons pour cette énième relecture, qui soit dit en passant, est un excellent investissement pour les nouveaux lecteurs de la série.


Il faut dire aussi que le tout est bien raconté, et fait même sourire assez souvent. Comme lorsque le jeune Kent, encore inexpérimenté, embrasse pour la première fois la tendre Lana, ce qui déclenche par la même sa vision thermique (une belle parabole pour toute autre chose, inutile que je vous fasse un dessin. Dans le même ordre d'idée, voir Peter Parker, ado frustré, qui s'entraine tout seul dans sa chambre à lancer de la toile d'araignée gluante.) Clark Kent va devoir aussi apprendre l'amitié, ou tout du moins construire ce qui peut l'être, quand on a affaire à un génie arrogant et retors comme Lex Luthor. Il lui faudra aussi trouver les expédients justes pour maintenir son identité secrète, ce qui fait sourire quand on pense que depuis des décennies, il y parvient avec un peu de gel et une vieille paire de binocles. Les nouveaux lecteurs de l'univers Dc, qui souhaitent en apprendre d'avantage sur le kryptonien le plus célèbre, où les nostalgiques, qui apprécièrent à sa juste valeur le "Superman for all seasons" de Loeb et Sale, par exemple, ne rateront pas cet album simple et efficace. Magnifié qui plus est par le trait pur, clair et rassurant, d'un Gary Frank très inspiré. Ce n'est pas parce qu'il n'y a rien de bien nouveau sous le soleil que ce n'est pas agréable pour autant de lézarder le dos à l'air, par une belle journée d'été.

Rating : OOOOO

100% MARVEL DAREDEVIL 21 : LA MAIN DU DIABLE


100% MARVEL : DAREDEVIL 21

(The Devil's hand - Left hand path  soit Daredevil 501 à 507)

Matt Murdock est un être épris de rédemption : il a toujours la fâcheuse tendance à vouloir voir le bon coté des choses, à croire que tout et tous peuvent être rachetés. C'est probablement une des raisons qui l'ont poussé à prendre la tête d'une secte ninja composée des pires criminels de la planète : la Main. Devenir le Shogun de cette secte, pour en contrôler les activités et la désactiver de l'intérieur, ce n'est pas forcément la plus grande idée du siècle. Le vieux sage alcoolique, maître Izo, a bien tenté de prévenir son pupille des risques inhérents à ce projet audacieux, mais au final, Daredevil accepte de sacrifier son nouveau mentor en guise de rite initiatique, pour prouver qu'il est digne d'endosser le manteau de chef suprême qui lui tend les bras. Pendant ce temps, c'est la pleine panade dans les rues de New-York. Depuis que Norman Osborn est au pouvoir, la police est plus corrompue que jamais, les criminels sont parfois protégés (tel The Hood, qui a rejoint la Cabale d'Osborn), et Hells Kitchen est menacé de s'enflammer. L'idée de Daredevil est simple : utiliser la Main pour faire régner la loi martiale, sa propre loi, dans son quartier, pour le bien de tous. Andy Diggle nous offre une version torturée (quelle surprise) d'un Matt Murdock qui sait que pour mener à bien son nouveau projet, il va devoir pactiser avec des forces maléfiques qui pourraient bien faire basculer son existence même, dans les ténèbres de l'obscurantisme et du crime.



Cet album propose, outre la saga "The Devil's hand" en quatre parties, un autre story-arc en trois numéros, "Left hand path", où Murdock se rend au Japon en compagnie du Tigre Blanc, pour rencontrer tous les responsables des différentes "succursales" de la Main, qui en compte une par continent. Parmi ces "Daymos", Bakuto est le plus rebelle à l'autorité de Daredevil. On peut même dire qu'il n'a qu'une seule obsession, se débarasser de ce gaijin (etranger aux japonais) qu'il juge indigne de sa nouvelle fonction. Entre trahison, duplicité, et ésotérisme ninja, le séjour de Murdock au pays du soleil levant ne va pas être de tout repos, et pourrait bien être la dernière étape avant une descente aux enfers inéluctable, que nous suivront prochainement en Vf sur les pages de "Shadowland", du nom de cette forteresse que Daredevil compte faire construire, comme refuge et base d'opération pour sa secte assassine. Aux crayons, aussi bien De La Torre que Checchetto (ce dernier plus encore) font de l'excellent travail, expressif, sombre, violent, tout à fait dans l'esprit de ce qu'est devenue la série du diable rouge. Si j'avais eu quelques réticences en lisant ces épisodes en VO, à leur sortie, il faut bien admettre que réunis dans un même album, et lus d'une seule traite, ils forment un tout cohérent et musclé, qui méritent votre attention.


Rating : OOOOO

100% MARVEL : LE PROJET MARVELS Brubaker revisite le Golden Age




LE PROJET MARVELS

(Ed Brubaker/Steve Epting - Panini 100% Marvel)

Le Projet Marvels est un comic-book didactique. En ce sens qu'il permet, à toute une nouvelle génération de lecteurs ignares du sujet, de se replonger dans le monde merveilleux des premiers personnages masqués, à une époque révolue où  Marvel était connue sous un autre patronyme (Timely) et où le monde était à feu et à sang, embourbé dans un second conflit mondial qui allait dépasser en cruauté, en abomination, ce que l'américain moyen pouvait alors imaginer. Ed Brubaker montre l'étendue de tout son talent, en allant repêcher tous ces justiciers et autres défenseurs du bon droit tombés dans l'oubli, en assemblant patiemment événements véritables (la guerre, Pearl Harbor...) et fantaisistes marquants ayant contribué à la genèse de tout un univers super héroïque (la naissance de l'androïde Human Torch, l'expérience ayant crée le super soldat Captain America, sans oublier des événements moins cruciaux mais tout aussi poignants comme l'assassinat de Balle Fantôme, premier "masque" à tomber en costume, dans une ruelle new-yorkaise.). Le Pojet Marvels convoque sur la scène tous les grand noms de l'époque, assigne à chacun sa partition et orchestre ce ballet des origines, où chaque figure rapproche un peu plus encore de l'univers des encapés tel que nous le connaissons : une irrésistible marche vers l'avant, vers un monde où le merveilleux devient règle commune.


 
Steve Epting en profite au passage pour nous livrer ce qui est peut être son meilleur travail artisitique à ce jour. Ses planches classiques et ombrageuses confèrent à cet album toute la gravité qu'il inspire, avec un brio certain. C'est Thomas Halloway, alias l'Ange, détective costumé et protagoniste de ce "golden age" des héros, qui est le narrateur de ce récit, qui puise ses racines et son rythme dans la plus grande traditions des aventures d'espionnage, entre trahisons, complots, et révélations. Nous passons avec plaisir de l'Allemagne nazie, où le Crâne Rouge prépare ses premiers plans diabloiques, et où un jeune Nick Fury organise ses premiers raids, au sol américain, qui doit subir les assauts du Prince des mers, Namor, qui ne tardera pas à se raviser, une fois qu'il aura découvert que les terriens qui ont assailli son royaume étaient en fait commandités par son rival, le perfide Merrano. Nous assistons aussi à l'attaque aérienne japonaise à Pearl Harbor, baignée par les larmes de Human Torch et de son jeune acolyte, Toro, impuissants devant une telle démonstration de force. Sans jamais céder à la facilité, se montrer banal ou lourdement réthorique, Brubaker et Epting réussissent le tour de force de raviver les étincelles de la légende, de leur rendre lustre et pertinence, à temps pour célèbrer les 70 ans de Marvel, anniversaire à l'origine du projet. Indispensable pour les amoureux du golden age.

Rating : OOOOO

PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...