JOHN BYRNE : Hommage au maître

Je ne sais pas vous, mais moi j'étais déjà lecteur de comic-books dans les années 80. Et à l'époque, le grand nom que nous retrouvions le plus souvent, ce n'était pas Bendis, ou Geoff Johns, c'était un "ancêtre", John Byrne, qui se fait bien plus discret aujourd'hui. Ce type était un génie. Tout d'abord, il avait une faculté bluffante d'écrire dix titres par mois, tout en en dessinant une demie douzaine d'autres durant son temps libre. J'exagère, à peine. Non seulement il assurait coté scénario, mais ses dessins, sans être ce qui se fait de plus spectaculaire, ont toujours eu une lisibilité, une clarté, qui en font un vrai modèle du genre. Comment doit-on illustrer un comic-book grand public? Regardez ce que fait Byrne, admirez, et prenez des notes.
A l'époque, donc, c'était un festival. Les Vengeurs, côte Est ou Ouest, peu importe. Iron Man. Namor, qu'il reprend de rien, pour en faire une série ultra branchée, écologiste, une petite pépite. La Division Alpha, qu'il mène de main de maître au point d'en faire un de mes plus grands et beaux souvenirs de lecture du gamin que j'étais alors. Les Fantastiques, qui le sont vraiment, sous ses crayons. Superman, dont il redéfinit les origines et le quotidien (Man of Steel). She-Hulk, série maligne et bondissante, où l'héroïne abat la distance entre lecteurs et personnages bien avant Deadpool, et de façon oh combien plus drôle et pertinente. Sans oublier, avant tout cela, les X-Men en équipe avec Claremont. 
De temps en temps, il serait bon de se souvenir du grand John Byrne. Pour tous ces moments de lecture fabuleuse. Sans Byrne, je ne serais peut être pas en train d'écrire ces quelques lignes, ma passion ne serait peut-être pas la même. Byrne, pour moi, c'est le meilleur des années 80, une fontaine de jouvence. Allez, regardez moi ces super groupes, à l'époque où il en avait fait des incontournables qui sévissait dans Strange, la revue des super-héros à la sauce française :






MARVEL KNIGHTS 7 : L'EFFET OMEGA

L'essentiel du numéro de mars de Marvel Knights est consacré à un crossover entre trois titres : Avenging Spider-Man (invité pour l'occasion dans la revue), The Punisher, et Daredevil. The Omega Effect (de Mark Waid et Greg Rucka) est un crossover urbain aux ambitions mesurées, mais pour cela également plus contrôlé et probablement abouti. Il faut juste savoir que Matt Murdock est entré en possession d'une sorte de dvd/disque dur réalisé à partir des restes d'un costume des Fantastiques, c'est à dire avec des molécules instables (c'est l'Omega Drive). Du coup l'objet est virtuellement inviolable, et d'une capacité de stockage sans limites. Il contient surtout de la matière brûlante, à savoir toutes les données pouvant faire plonger 5 des plus gros cartels du crime, dont l'A.I.M, l'Hydra, ou encore le Black Spectre. Inutile de préciser que le diable de Hell's Kitchen s'est peint une cible sur la poitrine, et qu'il va devoir tôt ou tard se débarrasser de l'objet sous peine d'avoir un quotidien infernal. Certes, Spider-Man va pouvoir lui donner un bon coup de main, mais il n'est pas dit que l'aide du Punisher soit exactement ce dont il rêvait, à la base. Les méthodes des uns et des autres sont radicalement différentes, ce qui nous offre de bons dialogues savoureux et des situations cocasses, au risque même d'en faire parfois de trop. Le Punisher n'est pas en solo car la veuve du Lieutenant Alves, Rachel Cole-Alves, est aussi de la partie, et semble suivre les pas de Castle pour ce qui est de l'envie d'en découdre. Coté dessins, nous sommes gâtés. Marco Checchetto (dont l'interview a été récemment publiée sur ce site) continue de nous montrer qu'il est aujourd'hui un des artistes européens les plus doués que Marvel ait pu engagé. Sens de la mise en page, figures imposantes et anatomies sculpturales, il insuffle dans The Omega Effect une sacrée dose de crédibilité et de force. On pourra lui reprocher d'être par moment trop froid, ou de répéter plusieurs figures étalées sur certaines planches, mais le résultat fini force le respect. Un moment de lecture sympatoche même si pas foncièrement déterminant pour les trois héros (ça l'est un poil plus pour Daredevil).

La seconde partie est consacrée aux habituelles séries du magazine. Matt Murdock ouvre le bal. Il a enfin obtenu un rendez-vous galant avec Kirsten, substitut du procureur, convaincue (à raison) qu'il est aussi Daredevil. Les deux tourtereaux font un tour à la fête foraine, et la jeune femme s'y promène yeux bandés, pour mieux cerner son compagnon. C'est l'occasion d'un flash-back et d'en apprendre un peu plus sur la cohabitation entre Matt et son meilleur ami, Foggy Nelson, sur les bancs de la fac. Chris Samnee débarque en tant que dessinateur. A défaut d'être le meilleur à ce poste, il est auteur d'un découpage malin et intrigant, qui va s'intensifier au fil des épisodes. A suivre, donc. Le Punisher est quand à lui quasiment absent de l'épisode qui lui est dédié. On peut lire le témoignage de l'inspecteur Bolt, que Castle a décidé d'utiliser pour sa croisade contre le crime, pris dans une attaque de zombis en plein New-York, commandés par l'improbable Ergot Noir. Une récréation qui se lit assez vite, sans être mauvaise pour autant. Aux dessins, Mirko Colak essaie de faire du Checchetto, un ton en dessous. Pour finir, le Soldat de l'Hiver poursuit sa lutte aux cotés de la Veuve Noire et de Fatalis. Il s'agit de contrer l'infâme terroriste, Von Bardas, qui a décidé d'employer un Fatali-Bot (robot à l'apparence de Fatalis) pour s'en prendre aux bâtiments de l'Onu. Je dois vous admettre que ce titre m'ennuie beaucoup. Je trouve que c'est du Brubaker petit bras, du déjà lu, et que ça manque singulièrement de rythme. Les dessins de Butch Guice sont toujours aussi sombres et crépusculaires, mais ça n'est plus assez pour que je m'enthousiasme réellement. Un bilan comme très souvent mi-figue mi-raisin pour la revue Marvel Knights : un potentiel chargé en vitamines, mais une mise en application toute en retenue, pas assez folle ou explosive. 


GHOST RIDER : RESURRECTED - Danny Ketch devient le Rider

Je n'ai jamais été un grand fan du Ghost Rider, mais s'il y a bien une période liée à ce personnage que je retrouve toujours avec un plaisir évident, c'est bien celle où le rôle du Motard Fantôme est transmis en héritage au jeune Danny Ketch. Celui-ci a eu une bien mauvaise idée : aller se balader un soir dans un cimetière, en compagnie de sa soeur. Pas de chance, cette même nuit, un groupe d'assassins menés par un certain Deathwatch est en plein contentieux avec des hommes du Caïd pour le contenu d'une étrange mallette. Tout finit par tourner au vinaigre, et la jeune fille est grièvement blessée, à l'article de la mort. Danny lui connaît un autre sort : en voulant s'enfuir, il découvre une moto abandonnée, qui va lui conférer de bien curieux pouvoirs, lorsqu'il appose la paume de la main sur le réservoir luminescent. C'est ainsi qu'une nouvelle version de Ghost Rider est née, un nouvel âge pour ce personnage qui avait finit par tomber dans une certaine désuétude, au fils des ans. 
Pour corser encore les choses, Danny Ketch fréquente Stacy, la fille d'un flic qui est chargé d'arrêter son alter-ego infernal. Face à lui vont se dresser des ennemis redoutables, comme le tueur albinos Blackout, qui opère toujours dans une pénombre qu'il provoque, ou Deathwatch, dont je vous ai déjà touché un mot. Nous retrouverons aussi Ghost Rider en tandem avec le Punisher, face à la bande de terroristes du Flag Smasher. Un duo très bien assorti pour les goûts de l'époque, alors que les lecteurs réclamaient toujours plus de héros sombres et disposés aux mesures extrêmes pour venir à bout des menaces croisées en chemin. C'est Howard Mackie qui réalise cette nouvelle série. Il a de suite une intuition fort juste : placer dans le rôle du Rider un jeune homme plutôt paumé, qui va devoir tout apprendre de sa nouvelle condition, au point que la quête de l'identité même du démon derrière ces pouvoirs stupéfiants finira par devenir une des thématiques portantes de toute la série, au fur et à mesure des épisodes. Danny a une vie privée qui n'est pas des plus roses, souffre de son impuissance de la perte inévitable de Barbara, la frangine. Il perpétue le tradition de ces jeunes hommes tourmentés qui reçoivent un grand pouvoir mais en échange de grands tourments. Aux dessins, c'est Javier Saltares qui est le premier à annoncer la couleur : ambiance urbaine ultra sombre, et nocturne. Encré par Mark Texeira, le grand maître du genre, les figures ont un contour surligné grassement en noir, et se fondent avec élégance et facilité dans la pénombre qui inonde la plupart des planches. Une attention particulière est portée aux visages grimaçants, aux bouches grandes ouvertes qui communiquent la rage, l'effroi, la colère, la surprise.



Pour revivre ces premiers pas du nouvel Esprit de la Vengeance, il existe un Tpb intitulé sobrement Resurrected, qui reprend les sept premiers épisodes de la série (1990 et 1991). Vous le trouverez très facilement sur Amazon ou Thebookdepository pour une dizaine d'euros. Disponible aussi les volumes 1 et 2 de Ghost Rider : Danny Ketch, qui reprend également cette belle période, avec dix numéros par album (ici). La version française, elle, est contenue dans ces fascicules de 48 pages édités par Semic à l'époque : les Version Intégrales Ghost Rider. Le niveau qualitatif moyen est très largement supérieur à ce que nous avons pu lire ces derniers mois avec le Ghost Rider publié dans Marvel Knights. Certes, ce n'est pas dur, tant il s'agit d'une purge. Conseils aux lecteurs les plus jeunes : essayez vraiment de jeter un oeil sur la matériel présenté aujourd'hui, vous pourriez avoir une bonne surprise. Panini nous offrira peut être un jour cette saga dans la collection Best-Of Marvel


GREEN LANTERN : EMERALD KNIGHTS (Tpb)

Nous sommes dans la seconde partie des années 90. Green Lantern, alors, est en fait Kyle Rayner, un jeune dessinateur, investit d'une lourde tâche : être le dernier représentant de cette force intergalactique de sécurité,  décimée peu auparavant par Hal Jordan, lors de sa phase de transformation en Parallax, l'avatar de la peur. Depuis, Hal est mort en héros (il s'est racheté en "rallumant" le soleil, menacé de s'éteindre, dans la saga Final Night) et Kyle a gagné sa place au sein de la Justice League, même s'il continue à se sentir dans un costume trop large pour ses frêles épaules. Un jour qu'il vit une aventure hors du commun, dans un lointain futur, il est ramené dans le continuum espace temps avec une marge d'erreur de dix ans. Cette fois plongé dans le passé, il rencontre Hal Jordan, à ses débuts sous le masque vert, si jeune et si impétueux, encore si innocent. Les deux Green Lantern finissent par bien s'entendre, mais lorsque les gardiens renvoient Kyle à notre époque, un accident survient : Hal également est du voyage. Le voilà dans son futur, dix ans plus tard, là où il est décédé aux yeux de tous, après avoir traversé un long moment d'égarement et de destruction dans sa phase Parallax. Bonjour la confiance de ses anciens amis! De plus, il va lui falloir accepter de bien dures réalités : Green Arrow, son futur meilleur ami, est mort lui aussi, et c'est son fils, dont il ignorait l'existence, qui a repris le flambeau. Flash n'est plus Barry Allen, mais son neveu. Coast City, sa ville, a été rasée au zone dans un enfer nucléaire par Mongul et le Cyborg Superman. Comment Hal va t-il pouvoir intégrer toutes ces données sans perdre la tête? Et comment les autres héros de l'univers Dc vont accepter de voir revenir parmi eux cette figure légendaire, rajeunie, sortie tout droit de la tombe après avoir menacé la Terre  et la création entière? 

Difficile de garder Hal Jordan mort bien longtemps, quand son remplaçant, Kyle, ne parvient pas à gagner le coeur de tous les lecteurs, loin de là. Une idée pour associer les deux larrons est celle du jeu temporel. Ici ça fonctionne plutôt bien, et je dois dire que les réactions du Hal plus jeune, projeté dans son futur, sont intéressantes et assez bien racontées. On assiste à un combat vite remporté face à Kalibak, à la réunion de la Jla qui n'en croit pas ses yeux, à l'apparition même de Parallax, c'est à dire une autre version de Hal Jordan, pour un trio final à s'en donner la migraine, mais qui se lit bien. C'est Ron Marz qui officie au scénario, avec l'aide de Dixon sur deux numéros (ceux où Green Lantern et le nouvel Arrow font la paire, contre des terroristes écologistes). Par contre, le dessin n'est pas très soigné. Plusieurs artistes se relaient, de Paul Pelletier à Jeff Johnson, en passant par Dougie Braithwaite ou Darryl Banks. Souvent les expressions faciales, les visages, sont assez maladroits, comme lorsque Johnson, (mal) aidé par Anthony Williams, donne à Kyle une sorte de masque boursouflé, une grimace perpétuelle et disgracieuse (comme sa Wonder Woman, sur la pleine page de la Jla : elle est vraiment peu gâtée). Passée cette défaillance technique récurrente, l'ensemble de ce tpb permet de passer de bons moments de lecture, où on se rend vite compte que la vie de Rayner, à l'ombre du maître Jordan, n'a pas du être facile tous les mois. L'original ayant fini par revenir, cela va de soi.

Contient Green Lantern v2 99-106 et Green Arrow 136




SAGA : TOME 1 CHEZ URBAN COMICS

Le contenu :
Romance impossible et géo-politique de l'espace au menu de ce premier tome de Saga, la nouvelle série phare de Brian K.Vaughan, qui débute en ce mois de mars chez Urban Comics. Un récit qui s'ouvre par une naissance, abordée sur un ton très décalé. Mais qui vire au tragique. La petite, Hazel, est le fruit d'une union décriée. La maman s'appelle Alana, et elle vient de la planète Continent. Pas de chance, le papa, Marco, vient lui de Couronne, qui est en guerre avec le monde maternel. Romeo et Juliette dans le cosmos. Les deux tourtereaux sont des déserteurs qui refusent la logique du conflit inéluctable, et ils échappent de peu à la mort, avant de prendre la poudre d'escampette. Génétiquement parlant, la petite Hazel est aussi une rareté, et à ce titre a encore plus de prix : c'est une union unique entre les caractères de deux races qui ne devraient pourtant pas être en mesure de se reproduire ensemble. Elle possède d'ailleurs cornes et ailes, caractéristiques des deux parents. L'action va ensuite de déplacer sur d'autres mondes, afin que les ravages de la guerre n'amènent pas une destruction mutuelle entre Continent et Couronne ; que l'une des deux planètes viennent à succomber, et l'autre perdrait la stabilité nécessaire à son orbite. Du coup il y a un peu de tout dans Saga : une grande épopée cosmique qui se dessine, un discours social évident (jusqu'où va le droit à défendre ses propres Terres, ses propres origines? La frontière entre le terrorisme et le patriotisme est-elle aussi fine qu'un simple point de vue, selon l'angle de notre position?) mais aussi une touche de magie, étant donné les pouvoirs des habitants de Couronne. Un savoureux mélange qui fait mouche.

Notre avis :
Brian K.Vaughan revient sur le devant de la scène avec une nouvelle série promise à un bel avenir. Elle marche d'ailleurs assez fort en ce moment, dans les classements de vente. Une des clés de ce succès, c'est ce couple soudé et pourtant litigieux, avec une héroïne moderne et qui n'a pas froid aux yeux (Alana) et un consort plus pondéré et pacifiste, qui a fait le voeu de renoncer aux armes, au point de déchirer le cordon ombilical de son enfant avec les dents, pour ne pas avoir à sortir l'épée. La fille, Hazel, est la narratrice du récit, qui est donc un long retour vers le passé, une sorte de légende généalogique. Complexe et ambitieux, Saga est un titre qui mêle amour contrarié, enjeux politiques et manipulations stratégiques, pour créer un ensemble passionnant et plein de conviction. Les dessins de Fiona Staples sont assez agréables même si par moments un poil trop statiques. La colorisation est parfois aussi un peu plombée par des tons caca d'oie qui ne m'emballent pas plus que ça. Reste toutefois un niveau global (scénario et graphisme) de belle allure, qui peut même être recommandé à un public exigeant et avide de lecture adulte et mature. Le tout est publié chez Urban Comics, dans un fort joli album avec couverture rigide, pour une quinzaine d'euros. Un autre argument convaincant pour se laisser tenter par Saga, qu'on devine encore plus touffu et riche en rebondissements sur le long terme. 



LES MARVEL NOG'NZ : DES PETITS MONSTRES

Les lecteurs de comics sont aussi de grands enfants. Souvent, entre les figurines, en plomb ou en plastique, les trading cards, les bustes, ils trouvent le moyen de se ruiner au détriment de leur collection. Mais c'est ça aussi le plaisir, avoir comme des icônes ces héros de papier incarnés sur notre bureau ou l'étagère, pour le plaisir des yeux. Là, Marvel propose autre chose avec les Nog'nz. Ce sont de petits personnages, chargés en caractère et en attitude (dixit la Maison des Idées). Il y en a 45 différents, avec donc la possibilité de les collectionner, ou simplement d'y jouer puisque cinq jeux sont associés à ces étranges créatures. Pour en savoir plus, voici une vidéo réalisée pour The Freaking Geek reviews.





Ils sont tout petits, assez drôles, et parfaitement inutiles, ce qui est le must pour beaucoup de collectionneurs et d'amateurs. Les Nog'nz sont produits par Zag Toys. Et si Panini nous en offrait pour fêter l'arrivée de Marvel Now! en France? On peut toujours leur demander.

DAREDEVIL : THE BEST OF PAR GENE COLAN

Le maître de tous les dessinateurs chez Marvel, c'est Jack Kirby. Il faut entendre maître comme père putatif, celui qui a donné naissance a tout une génération d'adeptes, d'imitateurs, de petits génies qui ont su dépasser le géniteur, parfois. Son talent est indiscutable, et il a assuré avec réussite le gros du travail proposé par Stan Lee dans les années 60. A un rythme de travail assez fabuleux, il livrait un nombre de planches aussi rapidement que fiablement, une machine à dessiner. Parmi ceux qui peuvent prétendre au titre de dauphin officiel, nous trouvons Eugene Colan, mieux connu sous le sobriquet de Gene Colan. Reprenant le travail de Kirby, de manière moins fantasmagorique mais avec une attention particulière au dynamisme, dans un style sobre et qui joue merveilleusement avec les ombres, Colan va marquer de son empreinte de nombreux comics dans les années 60 et 70 surtout. Dans cet album, nous retrouvons quelques unes de ses prestations sur Daredevil, le justicier aveugle, également avocat le jour.

Dans ces aventures au coté rétro, les ennemis de DD sont d'improbables vilains qui se veulent souvent nouveaux maîtres du crime et de la pègre, et qui sont affublés de costumes bariolés, bien en phase avec le psychédélisme de l'époque et le mauvais goût polychrome de ces années là. On y compte entre autres le Hibou première manière, le Pitre ( un de mes préférés à l'époque ), le Cobra, ainsi que Mister Hyde. Nous avons tous en tête les dernières versions de certains de ces criminels, grâce à la prose de Bendis (dans un cycle déjà légendaire), mais c'est ici leurs ancêtres, manichéens et pathétiques dans leurs volontés inassouvies de domination, qui s'offrent à nos yeux. Une ambiance urbaine, avec des épisodes qui oscillent entre roman noir et histoire à l'eau de rose, avec la première rupture sentimentale entre Matt Murdock et sa fiancée Karen Page, qui ne supporte pas sa double existence. Matt finit par se consoler bien vite dans les bras de l'ex espionne soviétique, la Veuve Noire (qui est rousse, en fait. Mais bon, plus personne n'ignore son existence depuis que Scarlett Johanson lui a donné corps, et quel corps, au cinéma). Curieusement, dans ce très bel ouvrage patiné sobrement intitulé "Best of", nous ne lisons pas de moments inoubliables de DD, et les aventures sont déjà datées, avec des dialogues qui surjouent dans l'humour, pas toujours du meilleur goût. C'est toutefois une bonne occasion de revoir les crayons de Colan dans une de leurs meilleurs incarnations, lui qui nous a quitté après une longue maladie, en juin 2011. Voilà un tpb que nous conseillerons à tous les amateurs du "silver age" et aux nostalgiques du Daredevil première heure, même s'il ne contient finalement rien de vraiment capital dans l'existence de tête à cornes. Mais quels dessins, je vous jure!


Disponible sur Amazon.fr, Amazon.co.uk, thebookdepository.co.uk ICI

Daredevil : The Best of by Gene Colan. 


PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...