JUSTICE LEAGUE SAGA HS 1 : THE BRAVE AND THE BOLD

1999 c’était hier et c’est aussi au siècle dernier. D’aileurs il suffit de jeter un œil sur le premier numéro hors-série de Justice League Saga pour s’en convaincre. Au menu, six épisodes de la série The Brave and the Bold, qui associent deux des héros les plus charismatiques de l’univers Dc, à savoir Barry Allen et Hal Jordan. Les deux sont des amis qui se respectent, bien que tout semble les séparer, tant ce qui concerne leurs vies quotidiennes respectives, que leurs caractères. C’est cette amitié qui est le fil conducteur de cette revue, qui nous replonge à six périodes différentes de la carrière des deux compères. On sent une tentative timide de la part de Mark Waid et Tom Peyer  d’expliciter les liens entre Flash et Green Lantern, mais la plupart du temps les deux scénaristes ne font qu’effleurer cette idée, et démontrent plutôt comment un antagonisme de façade peut en réalité renforcer une unité intérieure. Barry est discret, timide, mène une vie réglée et routinière, et il est en couple avec Iris West. Hal est casse-cou, tête brûlée, change de profession régulièrement et n’arrive pas à se fixer (du coup il est fauché comme les blés), et il est également célibataire. Mais ensemble ils vont vivre des aventures qui ne feront que confirmer l’entente et l’amitié. Clairement inspirées par le silver age, elles peuvent sembler légèrement naïves pour le public moderne des New 52, qui risque d’être dérouté. Mais si vous les abordez en tout état de cause, alors peut-être parviendrez-vous à vous divertir. Beaucoup de guest-stars sont présentes, comme le jeune Wally West (à l’époque) que Barry a pris sous son aile, ce qui chagrine un Hal Jordan sans side-kick ou famille avec qui partager sa double-vie. Les héros du golden age font une apparition, avec Alan Scott (premier Lantern) et Jay Garrick (premier Flash) qui s’en vont camper sur une planète inconnue (voilà bien le genre de trame qu’aujourd’hui plus personne n’oserait présenter..) avec leurs cadets respectifs, pour apprendre à mieux se connaître. Sauf que transmettre un héritage n’est pas toujours aussi simple, et qu’une fois sur place, les egos et les personnalités de ces paladins de la justice amènent tensions et rebondissements imprévus.

Autres moments forts qui replongent le lecteur dans des phases cruciales de l'histoire de l'univers  Dc : la cohabitation entre Green Lantern et Green Arrow, et la mort d'Iris West. Commençons par le binôme Oliver Queen/Hal Jordan. Ces deux là vécurent des aventures sur la route, à travers les States, sur fond de crise sociale et de réveil des consciences. Du comic-book politisé, récemment proposé par Urban dans un gros volume totalement indispensable. L'archer et le Lantern sont ici associés à Barry Allen pour démasquer les agissements du maire de Central City, qui a opté pour une politique sécuritaire, qu'il serait plus correct définir "fascisante". Exceptionnellement le dessin est confié à Tom Grindberg dont le style se rapproche plus de celui de Neal Adams, auteur mythique des récits qui ont influencé cette trame. Le reste du temps c'est Barry Kitson qui illustre ce hors-série, et c'est ma foi très propre et classique, avec une grande lisibilité et peu de faiblesses. Le dernier épisode est émouvant. Flash est détruit par la douleur et le deuil. Sa femme a été assassiné et dans de tels moments, la présence d'un ami, d'une épaule pour s'épancher, mais aussi de quelqu'un pour le contrôler s'il sort de ses gonds et ne se maîtrise plus, est un bien inestimable. Hal Jordan est donc aux cotés de son ami et lui offre écoute et réconfort, et l'entraîne malgré lui dans un combat contre Star Stapphire, alias Carol Ferris, sa patronne et ancienne amante. Une relation amoureuse qui risque de réveiller des souvenirs douloureux, une expérience pénible pour Barry Allen. Au fil des pages, vous croiserez également Sinestro, les Gardiens de Oa (qui convoquent Flash pour une mission particulière), Black Hand, et d'autres personnages autrement plus crédibles et effrayants depuis que l'univers Dc est entré dans une phase adulte et "premier degré". Je vous le répète, c'est un parfum entêtant de nostalgie qui domine dans ces épisodes, et nul doute que si vous êtes un ancien lecteur habitué de l'univers Dc des années 70 et 80, vous trouverez matière à vous réjouir de votre achat. Les autres, tentez l'expérience, sans préjugés. A ce prix là (moins de six euros) c'est avantageux. Et c'est pour fêter les 75 ans de Flash!


A lire aussi : 

COSPLAY MANIA Episode 2

Cosplay Mania, seconde livraison. Comme vendredi dernier, nous vous proposons une petite galerie Cosplay, avec quelques unes des héroïnes les plus appréciées des fans, des homme lego assez sympathiques, et une reconstitution de la scène de ménage entre Hal Jordan et Carol Ferris. Et c'est parti!



Emma Frost n'a pas qu'un physique, c'est aussi une grande littéraire, comme en témoigne sa bibliothèque riche en ouvrages sur la mutanité. Et l'art de porter le latex avec la fourrure. 


Malicia en plein vol. Certes la photo est retravaillée mais je trouve que c'est un des Cosplay les plus fidèles au comic-book depuis que lis ce genre de Bd.


Alors elle, ces temps derniers, on l'a peu vu. Il s'agit de Silver Sable, mercenaire et responsable de la sécurité de la Symkarie. Vous l'avez reconnue, bien sur.


Plus fort que les Avengers ou que la Justice League, voici la Team Lego. Ils vont défendre la veuve et l'orphelin, et le mal peut trembler. 


Scène de ménage cosmique. quand Green Lantern et Star Sapphire ont des mots (pas si doux que ça) ça se termine de cette manière. A moins qu'il se s'agisse d'un jeu érotique? 


Elle se dit la petite fille de Thanos. Nebula n'a eu qu'un rôle marginal au cinéma, et du coup elle se consolera peut être avec ce cosplay pas si mal.


Iron Patriot. Une des armures d'Iron Man, au service du gouvernement américain. Les couleurs sont éloquentes, à la limite la France pourrait commander la même. 


Retour à la seconde guerre mondiale. Ce costume de Captain America est de surcroît adapté aux conflits dans les tranchées, et c'est une belle réussite. 

MARVEL ICONS : LES AVENGERS DE KURT BUSIEK ET GEORGE PEREZ (TOME 2)

L'événement de ces prochains jours, c'est incontestablement l'arrivée du film consacré aux Avengers, intitulé Age of Ultron. Ultron, donc, ce robot indestructible (ou presque) crée par Hank Pym, qui n'a cesse de s'améliorer à travers une série inéluctable de nouvelles versions, et qui désire supplanter le genre humain pour qui il éprouve une aversion prononcée. C'est lui la grande menace présente dans l'arc narratif Ultron Unlimited, qui ouvre ce second Marvel Icons publiant les Avengers de Busiek et Perez. Nous y trouvons le numéro zéro édité dans Avengers Wizard edition, dessiné par un jeune Stuart Immonen, et qui se présente comme un documentaire télévisé utile pour replacer et resituer personnages et enjeux. Mais revenons à Ultron, qui souffre intrinsèquement d'un sentiment de solitude contre lequel il aimerait pouvoir agir. Mais qui pourrait-il avoir à ses cotés? Autrefois c'était Jocaste, une intelligence artificielle basée sur les schémas mentaux de Janet Van Dyme, alias la Guêpe. Ou encore une nouvelle venue, Alkhema, face à qui les Avengers doivent sortir les griffes. C'est un véritable imbroglio familial qui nourrit le ressentiment de Ultron, comme cela est clairement explicité dans un dialogue pertinent avec la Vision, entre les personnalités de Pym, de Wonder Man, la présence de la Vision, de Janet Van Dyne... Un noeud oedipien qui se resserre autour de la figure triste et pourtant si dangereuse de ce robot qui tire la haine de sa différence. S'il s'en prend à sa "famille" c'est aussi parce que son but est de récupérer leurs personnalités pour les utiliser dans la matrice des intelligences artificielles qu'il souhaite voir régner sur la planète. Un monde de Ultrons, pour Ultron, une dynastie, une lignée. Busiek développe des thèmes forts habiles dans cette aventure, comme lorsqu'il décide de résoudre le rapport entre Ultron et Janet Van Dyme, en considérant que le premier cité possède l'esprit de Hank Pym, la conscience morale en moins. Ce qui introduit dans le récit le concept de l'inceste, puisque le fils est aussi habité par le père (qu'il n'a jamais pu vraiment tuer) et le désir de la femme de celui-ci. Busiek utilise aussi une nouvelle forme d'offensive pour Ultron, qui n'agit plus en solitaire, mais se pare d'une véritable armée robotique, pour conquérir un de ces petits états fictifs des Balcans dont Marvel à le secret, la Slorénie. Suivant ses directives primaires, il met en place un programme de purification ethnique effrayant, et on le voit pavoiser sur un charnier. L'horreur de la technologie sans limites et sans âme se prolonge même avec les défenseurs de la Slorénie, et l'intervention d'une brigade de techno-zombies qui fait froid dans le dos. La bataille est bien sur diffusée à la télévision, et c'est une version paroxystique de ce qui a pu se produire à Sarajevo, par exemple, qui sert de contexte à cette histoire où plus que jamais Ultron est le chantre de l'anti-vie, et parait en mesure de mettre toutes ses menaces à exécution. 

Inutile de préciser qu'on ne boude pas notre plaisir à l'idée de retrouver ces épisodes signés Kurt Busiek, qui donnent dans le super-héroïsme pur et dur, en toute décomplexion. George Perez régale le lecteur avec des planches qui fourmillent de détails, et qui associent dans le même mouvement classicisme et modernité. On lui doit une Wanda Maximoff plus femme et consciente de ses charmes, d'une beauté époustouflante dans certaines cases. La lutte contre Ultron n'est pas le seul point fort de ce second tome (certes, c'est ce qui motivera l'achat d'une partie du lectorat), et nous avons droit à bien d'autres épisodes, et notamment plusieurs d'entre eux qui sont issus de la série Thunderbolts. Le temps d'un crossover, donc, avec Wonder Man qui déboule dans un bar où il agresse Erik Josten (Atlas). Pendant ce temps, c'est Madame Masque qui va se retrouver aux cotés des Avengers, le temps d'un combat qui les oppose tous au Conte Nefaria, qui n'est autre que son propre père, et l'homme qui manipule Simon Williams. Nefaria projette de faire exploser une bombe chargée d'énergie ionique, qui devrait irradier la planète entière et lui consentir de contrôler tous ses habitants. On remarquera le contraste entre les crayons si réguliers et agréables de Perez, et le trait plus nerveux et stéréotypé au niveau des visages et expressions de Mark Bagley (sur les Thunderbolts). C'est d'ailleurs la seule limite que je place au talent de ce dernier : regardez les visages féminins (trop souvent disgracieux) et masculins (tous semblables, il me semble revoir le Peter Parker des années 90 sur chaque planche...). Le texte est de Fabian Nicieza, complice parfait de Busiek, avec qui il partage une passion commune pour la longue continuity de l'univers Marvel, dont il maîtrise les plus sombres recoins. Avant le film des Avengers, ce gros pavé est une agréable lecture à recommander à tous ceux qui restent allergique aux récits décompressés et parfois cyniques d'aujourd'hui. On y trouve des Avengers héroïques et puissants, dans une incarnation moderne qui respecte toutefois l'idée classique qu'on peut se faire du groupe. Un peu de nostalgie transparaît, c'est évident...


A lire aussi : 

CONVERGENCE #0 : LA REVIEW V.O

En ce moment Dc comics est une véritable ode au voyage. Tout d'abord la compagnie a fait ses cartons et entamé un déménagement sur la côte ouest, là où le soleil tape plus fort. Et puis le voyage spatio-temporel à travers 5 décennies d'histoires et de continuity malmenée et récrite à de multiples reprises, c'est le menu de la grande saga Convergence, dont vous trouvez ici une brève review, pour ce qui est du numéro zéro (le préambule). Tout ceci au moment où Marvel s'apprête à lancer Secret Wars, dont le concept de base n'est pas si éloigné. Bonjour les récits auto-référencés en forme de clin d'oeil, et bienvenue à une nouvelle secousse sismique dans le monde du comic-book Dc qui cherche son troisième souffle après la déferlante New 52. C'est Brainiac qui joue le rôle principal dans cette introduction. On le retrouve sur un monde coupé du reste du continuum espace-temps, et sur lequel il peut profiter de sa nouvelle petite collection. Il a en effet rassemblé des villes piochées aux détours d'excursions de par les mondes et les époques, et c'est un vivier incroyable de cités extraites de tous les possibles et de toutes les probabilités qu'il a mis sous cloches. Superman est de la partie, et bien entendu l'homme d'acier n'est pas spécialement clément envers ce Brainiac et sa vieille marotte, lui qui défend depuis toujours la veuve et l'orphelin, la liberté et les minorités visibles sur les chaînes du câble. S'en suit de longues tirades, beaucoup de palabres, une vision sympathique de ce qu'est, a été ou pourrait être Superman dans toutes les réalités, et pas grand chose d'autre. Ce numéro zéro ressemble trop à un mano a mano entre une forme ultime de Brainiac, qui n'est pourtant pas à même de représenter une menace aussi crédible que celle qu'on nous promet pour vendre l'événement, et un Superman obtus et lent à réagir, qui a vraiment perdu de sa superbe et de sa grandeur depuis le début des New 52. Je pense même que c'est le héros qui a le plus souffert de ce reboot, à cause d'un lifting mal calibré et d'un excès de jeunisme qui n'a pas lieu d'être pour un personnage au caractère iconique, à la limite du divin. Ethan Van Sciver assure une partie graphique de qualité, quoi qu'inégale par moments. Toutes les planches n'ont pas la même force, le même impact, mais globalement ça reste d'un niveau fort acceptable. Le gros défaut de ce préambule à Convergence, c'est que les gris nuages qu'on voit poindre à l'horizon sont susceptibles de faire naître un vrai orage d'été, mais pas le typhon annoncé, et vendu depuis des mois. Hors ce que nous voulons c'est de l'émotion, une épopée, notre Crisis on Infinite Earths à nous, rescapés des New 52. Et là, sans vouloir être pessimiste, je vais vous dire, ne me demandez pas de parier un billet là-dessus, je passe mon tour, et garde la mise. 


A lire aussi : 

50 SHADES OF AQUAMAN

Aujourd'hui, notre petite galerie super-héroïque s'intéresse à quelques-uns des costumes, quelques-unes des incarnations de Aquaman. Une liste non exhaustive, bien entendu. Aquaman est un héros qui a longtemps souffert de ne pas être considéré comme un véritable justicier sérieux. Ou en tous les cas loin d'être capable de rivaliser avec ses comparses de la Ligue de Justice, bien plus puissants et célèbres. Depuis 1941, et à travers diverses existences éditoriales, le personnage a connu beaucoup de hauts et de bas, et il est revenu sur le devant de la scène grâce à l'inspiration de Geoff Johns, qui a su rendre Aquaman crédible et respecté. Voici dont quelques "Aquamen" parfois fort différents les uns des autres. 



Aquaman Classic, dans les années 70/80.  Simple mais efficace, ici sous les crayons toujours inspirés de Curt Swan.


Un Aquaman avec une attitude fascisante? c'est celui de Aquaman Emperor, la version du personnage durant la période Flaspoint. 


La version actuelle, celle qui a connu le succès avec le scénario de Geoff Johns, et les dessins de Ivan Reis mais aussi de Jim Lee (dans la Justice League). Les New 52 font date. 


Durant un combat contre Charybde, Aquaman perd la main gauche, qu'il remplace par un harpon, dans un premier temps. La barbe également lui donne un aspect plus sauvage. Une barbe sous les eaux, et les cheveux longs? Pas très pratique...


Pour le plaisir des yeux, Alex Ross, qui offre là une version majestueuse et réaliste.


Aquaman badass. Scepte en main, prêt à en découdre. La version radicale du héros. 



Jason Momoa. C'est l'acteur qui interprétera Aquaman au cinéma, dans le film de la Justice League. Une incarnation sombre et rageuse. 


Aquaman Cosplay : Dur d'être crédible, mais pour le coup, le costume est très très travaillé!

A lire aussi : 


POWERS : UNE SERIE BAS DE GAMME POUR LE PLAYSTATION NETWORK

C'est parti! La chasse au héros costumés, objectif juteux et rentable pour les producteurs de tous poils, est désormais ouverte. Netflix a compris le phénomène et mis sur la table les moyens et le talent, mais il n'est pas sur que la concurrence puisse s'aligner, et ce que Sony tente de réaliser (avec le network Playstation) part sur des bases plus modestes, tant au niveau des enjeux, que du comic-book adapté au patit écran. Car pour le grand public, Powers ça parle tout de même moins qu'un Daredevil, ou un The Flash du coté de chez Berlanti et CW. Brian Bendis a sué sang et eau pour que son travail soit proposé sous ce format, mais avec les quelques billets qu'il a décroché pour le produit fini, ne soyez pas surpris si les effets spéciaux sont parmi ce que vous verrez de pire à la télé au XXI° siècle. Par exemple, une décapitation par télétransportation de la tête, qui dans le meilleur des cas ressemble à un tour de prestidigitation chez Patrick Sébastien. Ou des combats en plein ciel tout droit sortis d'un dessin animé incrusté. C'est la dure loi du marché! Lé héros, façon de parler, est un certain Christian Walker, et il travaille dans une brigade fauchée elle aussi (un signe...) de la police métropolitaine, chargée d'appréhender les "puissants" c'est à dire les individus dotés de super pouvoirs. Il en possédait lui même avant cette carrière improvisée de flic, et patrouillait sous le costume de Diamond. Walker n'a toujours pas digéré la perte de ses dons, et il se sent depuis clairement diminué. Lorsque son partenaire est tué en plein commissariat par une brute surpuissante, on lui adjoint une nouvelle équipière, Deena Pilgrim, une novice pleine de volonté et de détermination, mais qui a encore beaucoup à apprendre sur comment se rapporter et fricoter avec les êtres surhumains. Nous partons ainsi à la découverte d'un polar basé dans une société ou les pouvoirs sont devenus monnaie courante, et où il n'est pas simple, pour le commun des mortels, de garder les pieds sur terre tout en prétendant faire régner l'ordre et la justice.

Le point positif, c'est le rythme et la narration qui empruntent les codes chers aux comics de Bendis, forcément. La série a plus de fond qu'elle ne semble en posséder à première vue. Elle aborde le thème de la frustration, de l'individu privé d'une partie de son intégrité, et qui ne se reconnaît plus en tant qu'unité. Du sentiment d'envie, du désir qu 'éveille ceux qui ont plus que vous, et semblent jouir de privilèges qui peuvent choquer ou importuner ceux qui n'en bénéficient pas, et qui en fait n'ont qu'un seul souhait, y accéder le plus tôt possible. Mais l'ensemble apparaît brouillon car la mise en scène laisse à désirer, et comme déjà amplement démontré, les effets spéciaux sont totalement à la ramasse. D'ailleurs certaines scènes ressemblent plus à un travail "fan-made" comme on en trouve sur Youtube, qu'à une vraie série ambitieuse comme on est en droit d'attendre de ce projet. Certaines bonnes intentions sauvent les meubles, pour un temps, comme la nonchalance vénéneuse de Royalle, la sauvagerie folle de Wolfe (les vilains ont plus d'envergure), ou la présence à l'écran de l'acteur principal, Sharlto Copley, dont on se demande ce qu'il est venu faire dans cette galère. Bad timing pour couronner le tout, comment faire exister Powers dans un monde où l'inflation des séries ayant l'univers des comics comme point de départ est une évidence quotidienne? Comment regarder l'intégralité des épisodes de Powers quand Netflix sort l'artillerie lourde avec Daredevil, qui confine au sublime? La réponse va de soi, Powers est un éloge de l'impuissance, et un naufrage programmé. 


SILVER SURFER TOME 1 (MARVEL NOW)

Le Silver Surfer a beau être un véritable personnage iconique, identifiable même par un public pas toujours initié aux comic-books Marvel, il n'en reste pas moins un des héros les moins vernis pour ce qui est de sa trajectoire sous forme de parution mensuelle. D'ailleurs, Norin Radd est longtemps resté sans une série on-going attitrée, jusqu'à ce que l'opération All New Marvel Now finisse par se pencher sur son cas. C'est Dan Slott, le démiurge des dernières années d'aventures de Spider-Man, qui s'y colle. Tragédie, drames, introspections à la limite de la dépression, tout ceci est le quotidien de ce voyageur cosmique, qui pour une fois semble parti sur d'autres bases, plus enlevées, fort bien accompagné par les dessins de Michael Allred qui contribue à alléger le propos avec ses planches fraîches et naïves. Il y a peu de place pour la torture mentale, car ces cinq premiers épisodes sont truffés de nouveautés. Nouveaux personnages aussi bien sur Terre (deux soeurs au destin dissemblable, qui douze ans auparavant confondirent la venue sur Terre du Surfer avec une simple étoile filante propice à un voeu qui décidera de leurs carrières) que dans l'espace, où nous découvrons une nouvelle cité cosmique en péril, dont le secret de l'existence a été si bien gardé jusque là que même Norin en ignore la présence. L'Impericon est une idée fantasque et bourrée de petits clins d'oeil au style épique et inventif de Jack Kirby, que digère et assimile à sa façon un Allred contaminé également par la ligne franco-belge. On passe allégrement de la quotidianité répétitive de Anchor Bay, aux merveilles des tréfonds de l'espace, avec deux personnages aux antipodes, en apparence. Le Silver, donc, mais aussi Dawn Greenwood, dont le destin se retrouve bizarrement mêlé à celui de notre Norrin Radd cosmique, après avoir été enlevé par des aliens souhaitant "motiver" l'ancien héraut de Galactus. 

Dawn a en effet été kidnappée par un certain Zed, qui espère ainsi s'assurer les services du Surfer pour contrer la menace de la Reine des Jamais. Slott met en scène toute une panoplie de personnages et de situations cosmiques qui oscillent entre le grotesque, l'humour, et le fantasmagorique. La dualité entre les préoccupations terriennes de Dawn et l'universalité cosmique du Surfer donne lieu à des échanges assez drôles (la jeune fille pense que le héros a baptisé sa planche Amoi, en raison des premiers mots qu'ils emploie avant d'utiliser cette dernière...), aussi bien pour ce qui est des répliques que des situations. A ce sujet, les épisodes 4 et 5, qui marquent le retour de l'ancien héraut de Galactus sur Terre sont les plus pétillants. Le Surfer abandonne momentanément sa carapace (au sens propre et figuré) pour s'immiscer dans le quotidien d'une famille mortelle, du repas en commun à la sieste réparatrice. Pour le coup on confine au burlesque, avant de se lancer dans un rebondissement inattendu et faiblement exploité, impliquant Cauchemar, et l'humanité qui dort. Il m'est assez difficile de juger correctement ce tome 1 des nouvelles aventures de l'ami Norrin. Par moments la machine tourne à vide et ne produit que de bonnes intentions, sans fond réel. A d'autres nous lisons des trouvailles sympathiques et rafraîchissantes qui nous changent d'autre mouture de cette série, très souvent tragiques ou grandiloquentes. Allred (Mike) et sa femme (Laura aux couleurs) sont pour beaucoup dans la banalisation du propos, et je n'emploie pas ce terme dans un sens péjoratif. Le Surfer ressort plus attachant et humain de ces épisodes, moins alien et tourmenté. Une expérience différente pour ceux qui suivent le personnage depuis longtemps, qui est somme toute à classer au rayon des lectures agréables. 

Ps : A noter que si les Gardiens de la Galaxie apparaissent en guise d'appât pour le public, dans les mensuels de Panini qui offrent une page pleine de publicité à cette parution, leur présence est en réalité très brève et sans influence pour l'économie du récit. Si cela constitue le moteur de votre intention d'achat, sachez que vous resterez forcément sur votre faim...



A lire aussi : 

PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...