HITOMI : À LA RECHERCHE DU SEUL SAMOURAÏ NOIR


 Nous embarquons pour le Japon à l'ère féodale, à la fin du 16e siècle. Pas besoin d'une machine à remonter le temps, il suffit de se rendre chez votre libraire de confiance, à partir du 28 juin, et de vous procurer Hitomi, une bande dessinée publiée dans un grand format très élégant, ce format employé pour évidemment séduire les amateurs de productions européennes "plus traditionnelles", récurrent chez Urban Comics. HS Tak nous raconte l'histoire d'une jeune fille (Hitomi, donc) dont toute la famille a été assassinée par un samouraï, des années auparavant. Le type s'appelle Yasuke et c'est un individu très particulier, étant donné le contexte. C'est le seul samouraï à la peau noire. Il est entré à la cour de Nobunaga, grand seigneur local, à son arrivée au Japon. Etant donné la particularité évidente qui le distingue des autres et le racisme qui était en vigueur à une période où l'étranger et la différence n'étaient pas monnaie courante, Yusuke aurait dû être destiné à devenir un esclave et ne pas vivre très longtemps. Mais il a été élevé par un prêtre jésuite et il est devenu une véritable attraction au Japon. Mais aussi un samouraï dont les compétences en matière stratégique ont été fortement appréciées. Il s'agit d'un personnage réel, qui toutefois a disparu des radars dès l'instant ou est mort le "daimyo" Nobunaga. Du reste, lorsque Hitomi le recherche pour obtenir vengeance et satisfaction, au début de notre ouvrage, tout le monde a perdu la trace de Yasuke. La gamine interroge ceux qu'elle croise, que ce soit des adultes bienveillants ou un petit voleur avec qui elle partage quelques mésaventures, mais personne ne semble pouvoir la renseigner. Jusqu'au jour où elle chute dans un lac gelé, coule, et semble vouée à une mort certaine. Sauf qu'une main tendue la sauve du désastre… et cette main, c'est précisément celle d'un samouraï à la peau sombre, celui qu'elle désirait tant retrouver !



Yasuke n'est pas véritablement un héros. Le prendre comme modèle lorsque l'on souhaiterait devenir samouraï, ce n'est pas forcément ce qui est le plus souhaitable. Car à première vue, celui qui fut autrefois réputé et craint a aujourd'hui décidé de renoncer à combattre. Il fuit même dans des situations où c'est l'honneur qui est en jeu, lorsque dans une taverne la petite Hitomi est victime de remarques grivoises. En fait, le "patriarche" est aujourd'hui à la recherche d'une certaine forme de sagesse qui s'apparente presque, par moments à de l'ataraxie. Il s'en sort avec quelques maximes philosophiques, applique une pensée logique et raisonnable plutôt que de se lancer dans de nouveaux exploits sanglants, qui n'apportent rien en fin de compte, si ce n'est se mettre en danger, mettre en danger les autres. Oui mais voilà, l'étrange binôme formé par les deux personnages principaux (sur des bases qui, nous l'avons vu, sont viciées) va devoir également se confronter à l'Histoire avec un grand H. La guerre, par exemple, qui est monnaie courante à l'époque du Japon féodal. La guerre, cela veut dire prendre le parti d'un des deux camps ou au contraire, choisir de s'exiler, de tourner le dos au conflit. C'est là que les chemins de Yasuke et de Hitomi vont se séparer, avant de devoir se recroiser à nouveau en fin d'album, pour ce qui semble être une leçon, où l'on comprend que ce n'est pas forcément celui qu'on pense qui est destiné à apprivoiser l'autre. Le tout est dessiné avec une douceur empreinte de poésie par Isabella Mazzanti. Le style est en effet assez proche des gravures japonaises; on y retrouvera par exemple cette amour de la nature et en même temps, une attention évidente portée aux personnages, toujours saisis sur le vif, toujours à la recherche de leurs émotions, qui transparaissent à travers un regard, une moue, leur gestuelle. L'ensemble ne manque vraiment pas de charme et cette mini série publiée par Urban vient rompre très agréablement avec un grand nombre de lectures récentes : insolite et très personnelle, rien que pour cela, à tenter absolument. Sortie le 28 juin.



Venez nous rendre visite sur la page officielle Facebook !

ZORRO D'ENTRE LES MORTS : SEAN MURPHY S'EMPARE DE L'ICÔNE


 Zorro appartient à la culture populaire, mais aussi à une époque fort différente de la nôtre, à tout point de vue. Le personnage est censé évoluer dans le Mexique de la première moitié du 19e siècle et son univers est fait de combats d'agilité, à la pointe de l'épée, tandis que son environnement est dominé par les chevaux, la ruralité, le pouvoir militaire. Mais la culture populaire est aussi un phénomène cyclique, ce qui apparaît finit toujours par s'éclipser, avant de revenir tel un satellite en orbite. Les mêmes bases, les mêmes recettes, mais qui évoluent pour s'adapter, au terme de la révolution. Nous assistons donc ces derniers mois au retour de Zorro sur le devant de la scène, sur différents supports; pour ce qui est des comic books, nous devons ce regain d'intérêt à Sean Murphy, un de ces dessinateurs totalement dingues, dont le style ultra reconnaissable et explosif a fait le bonheur de nombreuses productions à succès, du White Knight au très bon The Plot Holes. Murphy a l'intelligence de ne pas tenter d'écrire une énième histoire de Zorro dans le passé, mais au contraire de transposer le concept à l'ère moderne. Zorro est une légende et les mexicains de la région de La Vega l'honore et le célèbre, durant la fête des morts, chaque année. Néanmoins, les habitants de la région doivent aussi affronter la terreur qui règne à cause des cartels de la drogue, qui ont été responsables, vingt ans en arrière, de l'assassinat d'un des hommes forts du coin, sous les yeux de ses deux enfants, alors qu'il interprétait le rôle de Zorro, en costume, durant les festivités. Un meurtre perpétré par un un tyran du nom d'El Rojo, qui va avoir deux lourdes conséquences sur les orphelins. La fillette (Rosa) va faire ce qu'elle peut pour survivre, tout en méditant une vengeance impossible. Elle va même entrer au service des cartels pour assurer sa subsistance. Le frère, Diego (comme par hasard) devient pour sa part muet, et il part vivre dans un château transformé en musée consacré à Zorro, en compagnie de son grand-père. Il s'entraîne à devenir un combattant aguerri, un maître du maniement de l'épée, comme l'idole qu'il vénère et qu'il s'apprête à... devenir ? 




Le Zorro de Murphy n'est donc pas réel; il ne s'agit pas d'une réincarnation d'une figure légendaire de la pop culture, obtenue grâce à un prétexte quelconque, mais d'un descendant possible qui, du jour où il reçoit l'épée ayant appartenu au célèbre justicier, se découvre investi d'une mission : libérer les siens, devenir l'étendard même de l'espoir de toute une population, en se glissant dans le costume noir si célèbre. Le lecteur aura de quoi sourire avec son langage fleuri, mais aussi sa fausse naïveté, au moment de découvrir que les armes des adversaires ont bien évolué, et que plutôt que de lancer l'assaut à dos de cheval, on utilise désormais des véhicules blindés lourdement armés. Mais ce Zorro-là est tout aussi efficace et il parvient à atteindre son but, c'est-à-dire inspirer les autres, être une figure de proue de la rébellion, pour ceux qui ne courbent plus l'échine et décident que l'heure est venue de reprendre une partie de cette liberté dont ils ont été privés. Murphy signe non seulement un scénario intelligent (même si relativement basique. En quatre épisodes, il n'a certes pas le temps de trop développer son microcosme) mais en plus, au niveau du dessin, c'est hautement spectaculaire ! Vous voulez de l'action, vous voulez des prouesses plastiques et des planches iconiques au premier regard, vous allez en avoir pour votre argent, croyez-moi ! On retrouve toujours ces mêmes silhouettes nerveuses, saccadées, saillantes, mais aussi des personnages bourrus et massifs (El Cementiero, un américain qui vient prêter main forte aux rebelles). Ce Zorro baigne dans une lumière souvent sablonneuse, évolue la nuit ou sous les lampes tamisées, bondit, frappe, esquive. Comment devenir celui qui probablement n'a jamais été, mais qui est l'essence des espoirs et du courage des humbles, ceux qui aujourd'hui sont humiliés et terrorisés par les cartels mexicains ? Zorro comme on ne l'avait jamais vu encore, Zorro comme une évidence, pourtant, sous la plume et les pinceaux de Sean Murphy, magnifié par une édition grand format chez Urban Comics, à sortir ce vendredi. Existe aussi en édition limitée noir et blanc, tirée à 4500 exemplaires. 


Chaque jour, UniversComics sur Facebook !

DISPARUS : L'AFFAIRE YVES GODARD EN DOCU BD CHEZ PETIT À PETIT


 Je vais vous faire une confession : je ne suis pas particulièrement friand de la petite musique d'introduction de Faites entrer l'accusé et des émissions présentées par Christophe Hondelatte. Les faits divers ne m'intéressent pas plus que cela, mais il y a une exception notable. Lorsque Petit à Petit propose un ouvrage au format docu BD, c'est-à-dire des pages de rédactionnel revenant sur une affaire criminelle célèbre, non élucidée, et d'autres en bande dessinée, pour illustrer l'ensemble. Nous avions déjà eu l'occasion de lire l'excellent La traque qui se proposait de couvrir toute l'affaire Dupont de Ligonnès (lire ici) : le fait est que Disparus s'intéresse ce coup-ci au cas étrange d'Yves Godard et se révèle, une fois encore, être une lecture indispensable. Au centre de cette sordide aventure, Yves Godard est un médecin installé dans le Calvados, aux pratiques peu orthodoxes (médecine douce, naturopathie, acupuncture, une certaine dérive vers une médecine presque chamanique). L'homme est marié, il élève deux enfants, semble avoir accumulé les dettes (essentiellement car il refuse de payer contributions sociales et impôts), a très peu d'amis et va être au centre d'un dossier pour le moins épineux. Tout d'abord, même si le corps n'est jamais retrouvé, sa femme, Marie France, semble avoir été assassinée au domicile du couple, de manière assez atroce. Des traces de sang sont retrouvés un peu partout sur le matelas ou les murs, mais aussi dans le camping-car de la famille. Yves à loué un bateau à moteur pour faire une excursion de plusieurs jours en mer, avec ses deux enfants, alors que ceux-ci auraient normalement dû être à l'école, à l'occasion de la rentrée scolaire 1999. Ils prennent le large dans la Manche et à partir de là, personne n'est plus en mesure de reconstituer précisément le périple et les motivations derrière leurs déplacements, qui vont être au cœur de l'ouvrage publié par les éditions Petit à Petit. Ils disparaissent, tout bonnement. Bien plus tard, des ossements vont être repêchés…



Comme toujours pour que ce genre particulier qu'est le docu BD, ici il faut être capable de présenter les choses avec une grande clarté, de savoir séparer puis bien amener tous les éléments du dossier, en essayant de garder une réelle objectivité et d'insuffler, là où c'est possible et sans trahir l'histoire réelle, quelques éléments narratifs qui permettent de l'enrichir et de la rendre passionnante pour le lecteur de passage. Pascal Bresson (scénario) et Béatrice Merdrignac (documentaires) s'en sorte à merveille, en maniant le regard des enquêteurs pour nous éclairer sur cette affaire si complexe et simple à la fois. On en arrive ainsi au terme de l'ouvrage avec différentes pistes, différentes hypothèses patiemment échafaudées, et chacun pourra se forger une idée sur ce qui a pu se passer. Notons que le dessin est l'œuvre d'un seul artiste d'un bout à l'autre de l'ouvrage, Samuel Figuière, ce qui permet de donner une réelle unité à l'ensemble. Et que les planches, tout en retenue, avec des personnages bien campés et immédiatement identifiables, ajoutent de la clarté à un ensemble qui n'est jamais pris en défaut. C'est toute l'idée d'un docu BD qui est en fait réellement pertinente; plutôt que de proposer une version en bande dessinée, un vrai graphic novel, qui pour le coup nécessiterait une prise de position, un angle de vue un peu plus subjectif, ou bien de se consacrer à un documentaire au format vidéo, le travail de Petit à Petit parvient à unir à la fois une ambition artistique et une transmission pédagogique, ou en tous les cas journalistique, sur des faits d'actualité comme l'affaire Godard. Après cette nouvelle démonstration de savoir-faire brillamment réussie, on a hâte de découvrir celle qui sera consacrée à l'affaire du petit Grégory, que l'éditeur nous promet pour cet automne. On est déjà impatients d'y être !



La page Facebook officielle. UniversComics, chaque jour !

SILVER SURFER LEGACY : DE VRAIS FAUX SOUVENIRS DES 1990s


 Les années 1990 sont décriées par certains, portées aux nues par d'autres. Quelle que soit votre opinion, toujours est-il qu'on y revient régulièrement, encore et toujours, souvent lorsqu'on est en manque d'inspiration. Chez Marvel, décision a été prise il y a quelques temps de produire toute une série d'aventures apocryphes, censées se dérouler durant cette belle décennie, sans que personne ne soit au courant de ces "faits oubliés" jusqu'à maintenant. C'est l'occasion de retrouver un statu quo, des costumes et un style graphique différent de ce que nous lisons aujourd'hui. Et l'univers cosmique des années 1990 est très souvent associé à Ron Marz, un scénariste qui a exploré les étoiles aussi bien chez DC comics (Green Lantern) que chez Marvel (le Silver Surfer). Il est associé une nouvelle fois avec Ron Lim, un des dessinateurs les plus prolifiques de la Maison des Idées, à l'œuvre avec un trait parfois un peu trop simpliste et anguleux, mais toujours régulier, efficace, facilement reconnaissable. Avec Lim, tout dépend souvent de l'encrage. Al Milgrom avait tendance à banaliser son talent tandis que Tom Christopher lui convenait beaucoup mieux. Ici, c'est un certain Don Ho qui s'occupe de cette partie du travail et nous pourrions qualifier le résultat de compromis entre les deux options déjà citées. L'album s'appelle Legacy et il se rattache à une aventure précédente et récente. Il s'ouvre avec le Silver Surfer et (c'est logique) Legacy, le fils du Captain Marvel des origines, qui devisent allègrement sur la grandeur et l'héroïsme du super-héros disparu tragiquement, des suites d'un cancer. Le fiston n'a jamais eu l'occasion de le connaître et c'est le plus grand regret de sa vie. C'est alors que le Surfer a une fausse bonne idée, pour lui permettre d'être témoin de la bravoure de Captain Marvel. Remonter le temps (ben voyons…)




Si vous trouvez étrange que le Surfer, qui s'avère habituellement être un personnage très pondéré, décide d'emmener Legacy sur l'île aux monstres, pour s'emparer de la gemme du temps (qui était à l'époque détenu par les membres de la joyeuse brigade d'Adam Warlock, les Gardiens de l'infini), ceci afin que le rejeton puisse rencontrer son père… si vous pensez donc que tout ceci est complètement absurde, par rapport à la nature du héros, vous avez raison ! Sauf qu'en fait, ce n'est pas exactement le Surfer : c'est Méphisto qui a pris son apparence, et qui va pouvoir ainsi mettre en place un plan diabolique pour se débarrasser de celui qu'il déteste cordialement, depuis toujours. Bref, un quiproquo dont les super-héros ont l'habitude, qui va impliquer justement les Gardiens, qui va faire intervenir aussi Thanos (qui à l'époque possédait sa propre gemme) et qui va expédier nos personnages - surtout Norrin Radd - jusqu'à la fin des temps. Le Surfer va y rencontrer aussi Galactus ou Nova (Frankie Raye). Et vous savez quoi, ça n'est même pas désagréable à lire ! Il y a en effet un petit parfum de ces aventures que nous dévorions à l'époque chaque mois, au petit format dans Nova. On retrouve un peu de cette naïveté et surtout de la dynamique qui existait alors, entre tous ces personnages. Ron Marz connaît son sujet, il sait comment écrire tout cette assemblée et si l'album n'a absolument pas vocation à marque à jamais les esprits, ça reste une parenthèse sympathique pour tous ceux qui sont restés (comme moi) attendris au souvenir des années 1990. Alors voilà, à réserver pour les fans, probablement pas destiné aux plus jeune lecteurs, mais loin d'être la parution la plus bête de l'année, tout au contraire.



Retrouvez-nous chaque jour sur la page Facebook !


TRANSFORMERS TOME 1 : LE REBOOT CHEZ URBAN COMICS AVEC DANIEL WARREN JOHNSON


 En France, la franchise Transformers évoque principalement la ligne de jouets Mattel et les célèbres dessins animés qui ont ravi notre jeunesse, ces robots géants qui se transforment en camions, le tout accompagné d'un bruitage caractéristique. Outre cette association de pensées qui fait que quasiment tout le monde a en tête ce que sont les Transformers, s'ajoutent le cinéma et une série de films qui ont obtenu plus ou moins de succès, ces dernières années. Bref, difficile de crédibiliser la grande lutte entre les Autobots et les Decepticons chez un public mature, habitué à une certaine exigence narrative dans les bandes dessinées qu'il achète. C'est pourtant le défi qui s'ouvre désormais avec l'Energon Universe, un nouvel univers partagé lancé par l'étiquette Skybound de Robert Kirkman, qui entend proposer un reboot complet des Transformers. C'est-à-dire repenser toute la saga depuis le départ, la rendre accessible à n'importe qui et surtout potentiellement intéressante, même pour des lecteurs qui en temps normal choisiraient de la snober. Et la première bonne nouvelle évidente, c'est l'artiste qui se charge de la série régulière de nos robots : il s'agit de Daniel Warren Johnson, un de ceux qui ont su, ces dernières années, se constituer une fan base solide, avec un dessin survitaminé et totalement décomplexé, mais aussi une capacité d'écriture addictive et fort naturelle. Ce dernier point est d'ailleurs la qualité principale qui se dégage du tome 1, c'est-à-dire savoir présenter un récit qui met sur la table tous les éléments nécessaires à la compréhension de cet univers. Nous sommes sur Terre, dans le désert américain avec deux adolescents (Spike et Carly) qui font une découverte totalement fortuite, une sorte de caverne dans laquelle repose des créatures en apparence métallique et l'épave de leur vaisseau, inertes, qui vont malencontreusement s'activer. Ces visiteurs viennent d'une autre planète et ils se distinguent par des attitudes fort différentes. Un certain Optimus Prime manifeste d'entrée préoccupation et attention pour les petits terriens, tandis que d'autres choisissent la voix de la violence. Le conflit éclate, dès le réveil des Transformers.



Tous les ingrédients sont bien présents dans Transformers, mais on a parfois l'impression que le plat est un petit peu trop riche. Un des aspects les plus attendus de la série, par exemple, c'était la capacité de Daniel Warren Johnson a interpréter des robots aux formes particulièrement anguleuses, lui qui n'est jamais aussi bon que lorsqu'il s'agit de déformer les corps et l'action, pour donner du mouvement et de la vie à ses planches. Par endroits, c'est franchement réussi; on sent qu'il se lâche et qu'il a trouvé un équilibre parfait. Mais à d'autres moments, c'est presque bâclé et curieusement, c'est parfois les personnages humains qui sont les moins bien traités. Opinion globale : si on ne s'attarde pas sur les fondamentaux du dessin, on est tout de même saisi par la force qui se dégage de l'ensemble. Il y est aussi question de deuil, de perte, avec les parents de nos deux adolescents qui vont être eux aussi happés par le grand conflit qui explose. Deux destins différents, pour au bout du compte deux résultat semblables, qui vont peser dans les épisodes à venir, c'est indéniable. Le Transformers sont tour à tour désemparés devant certains points de notre culture, par exemple ils ignorent le concept de famille, de père, mère, ce qui est logique puisqu'ils n'ont pas de véritable descendance génétique, et inversement… ils parlent parfois en employant des expressions du langage populaire, qu'une créature non issue de notre planète ne pourrait absolument pas maîtriser. C'est un point du scénario qui m'a gêné à de multiples reprises, quelque chose qui aurait dû être pensé et calibré en amont. Ceux qui aiment les scènes de combat outrancières de Johnson vont se régaler, il y a des cascades, des robots qui se font littéralement défoncés, des moments aussi absurdes que jouissifs, notamment quand Carly s'empare d'une arme géante, qu'elle hisse sur l'épaule pour sauver les Autobots. Bref, Transformers possède autant de qualités que de défauts, de nombreux atouts pour vous convaincre de vous plonger dans l'Energon Universe. Une lecture qu'on peut recommander et qui s'avère pétillante, à condition de la prendre pour ce qu'elle est : du divertissement, du grand spectacle, un comic book pop-corn, avant l'été.



Rejoignez la page Facebook pour tous les fans de Bd ! 

LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : LES VENTS OVALES (1.YVELINE)


 Dans le 177e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Yveline, premier tome sur trois de la série Les vents ovales que l’on doit au scénario conjoint de Jean-Louis Tripp et Aude Mermilliod, au dessin d’Horne, qui est édité chez Dupuis dans la collection Aire libre. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La sortie de l’album Pastorius Grant que l’on doit à Marion Mousse ainsi qu’aux éditions Dargaud

- La sortie de l’album Marguerite Broquedis que l’on doit au scénario de Paul Carcenac, au dessin de Fabien Ronteix et qui est publié chez Des ronds dans l’O

- La sortie de l’album Mou que l’on doit à Benoit Feroumont et que publient les éditions Dupuis

- La sortie de l’album Bertille & Lassiter que l’on doit à Éric Stalner, un titre qu’édite la maison Grand angle

- La sortie de l’album Plouheran que l’on doit à Isabel Del Real et que publient les éditions Delcourt dans la collection Encrages

- La réédition au format poche de Polina que l’on doit à Bastien Vivès et que publient les éditions Casterman.



 
Rendez-vous sur la page Facebook, pour tous les amateurs de BD ! 
 

INVULNÉRABLE : GRANDIR AVEC LES SUPER-HÉROS (CHEZ BAMBOO)

 

Xavier, le jeune passionné héros de Invulnérable, c'est peut-être l'un d'entre vous : un gamin qui adore lire des bandes dessinées de super-héros, au point de confondre régulièrement ce qui est de l'ordre de la fantaisie et de la réalité. Le quotidien de Xavier, il faut bien l'admettre, n'est pas très réjouissant. Il est victime de harcèlement à l'école, où il ne parvient pas à se faire vraiment des amis et où la plupart de ses camarades se moquent de lui ou le brutalisent. Tandis qu'à la maison, son père se montre rigide, directif et n'apprécie pas trop de voir l'amour que le fiston porte aux justiciers en costume. Heureusement, il reste le grand-père maternel, qui lui encourage du mieux qu'il le peut son petit neveu, et qui possède aussi un coffre plein de comics, véritable trésor dans lequel deux générations éloignées peuvent puiser pour échanger. Attention cependant, la passion de Xavier confine au drame lorsque convaincu qu'il est en mesure de voler, le gamin grimpe sur sa fenêtre et envisage de sauter du troisième étage. Le père intervient juste à temps pour éviter la catastrophe et dès lors, c'est la punition, privé de sortie et de lecture, et le branle bas de combat pour remettre Xavier "dans le droit chemin". Pour autant, le garçon continue d'avoir cette lubie pour les comic books et dans sa tête, les aventures des Plutokids, une équipe de jeunes héros imaginaires en provenance de Pluton, s'entremêlent avec des éléments de la réalité, créant ainsi une histoire sur deux niveaux qui se révèle touchante, assez rapidement.



L'histoire ici écrite par Damian est en partie autobiographique et elle parvient à se révéler sincère, avec cette sorte de voix qui commente depuis l'âge adulte et revient sur une enfance compliquée, marquée par une imagination débordante, mais aussi une frustration qui nécessite le recours à l'évasion, dans sa forme la plus fantasque. Le dessin d'Alberto Sanz est extrêmement efficace pour ce type de récit : sa science de l'illustration, développée à travers l'animation, fait mouche à chaque page. Les personnages sont tous excellemment caractérisés, toujours en mouvement, et l'alternance des scènes super héroïques, issues de la fantaisie de Xavier, et celles beaucoup plus prosaïques où le garçon doit composer avec une réalité qui lui est souvent hostile, est très pertinente. D'autant plus que les couleurs de Mario Ceballos permettent un contraste évident, qui saute aux yeux et instaurent deux niveau de lecture bien différents et distincts. L'imagination, une arme donc extrêmement puissante, mise ici au service du développement d'un gamin qui en a probablement un peu trop, qui aurait besoin qu'on la canalise, qu'on l'écoute, qu'on lui fasse confiance. L'ouvrage est disponible depuis quelques jours chez Bamboo et c'est vraiment une très bonne surprise, capable de ravir petits et grands ! Une sorte de Pixar au sommet de sa forme, au format papier. 

Retrouvez-nous sur notre page Facebook, chaque jour !


JUSTICE LEAGUE LA SAGA DE RED TORNADO (DC PAPERBACK)

 Brad Meltzer n’a pas seulement relancé la Justice League en 2006 avec The Tornado’s Path ( la saga de Red Tornado pour Urban) : il a voulu...