SUPERMAN : ORIGINES SECRETES Geoff Johns revisite le mythe



SUPERMAN : Origines secrètes

(Geoff Johns/Gary Frank - Panini DC Heroes)

Qu'est ce qui peut bien pousser certains auteurs à vouloir écrire, encore et encore, les origines de nos héros de fantaisie, tant bien même celles ci sont archi connues du grand public, et régulièrement suggérées d'une aventure à l'autre? Personne n'ignore la génèse de Superman, même ceux qui ne lisent habituellement pas de comic-books savent que le petit Kal-El est arrivé sur notre planète à bord d'une fusée, dernier rescapé de la planète Krypton, et qu'il a été adopté par une famille d'américains moyens du Kansas, les Kent. Geoff Johns, qui avait déjà commis "un "Green Lantern - Secret origins" publié récemment en VF sur les pages de Dc Universe, remet le couvert avec le plus célèbre des personnages de l'univers de la Bd super héroïque. Le cahier des charges est bien entendu respecté scrupuleusement. On y trouve de l'émotion et des bons sentiments (avec les parents adoptifs et tout l'amour qu'ils transmettent à leur rejeton), le cast habituel de la série (Lex Luthor et le premier grand coup de foudre, Lana Lang, suivie de Loïs Lane) et les murs porteurs qui soutiendront par la suite toute la légende du héros. C'est aussi un récit initiatique, avec le jeune Clark qui découvre progressivement ses incroyables pouvoirs (il est quand même invulnérable, il sait voler, il a une vision laser, entre autres). John Byrne avait déjà admirablement raconté plus ou moins les mêmes choses, juste à la suite de la mythique saga "Crisis on Infinite Earths". Le titre s'appelait "Man of Steel" et il avait permis de remettre un peu d'ordre et de rationnalité dans le panthéon de Superman. 20 ans d'aventures et de continuity malmenée ont probablement posé les jalons pour cette énième relecture, qui soit dit en passant, est un excellent investissement pour les nouveaux lecteurs de la série.


Il faut dire aussi que le tout est bien raconté, et fait même sourire assez souvent. Comme lorsque le jeune Kent, encore inexpérimenté, embrasse pour la première fois la tendre Lana, ce qui déclenche par la même sa vision thermique (une belle parabole pour toute autre chose, inutile que je vous fasse un dessin. Dans le même ordre d'idée, voir Peter Parker, ado frustré, qui s'entraine tout seul dans sa chambre à lancer de la toile d'araignée gluante.) Clark Kent va devoir aussi apprendre l'amitié, ou tout du moins construire ce qui peut l'être, quand on a affaire à un génie arrogant et retors comme Lex Luthor. Il lui faudra aussi trouver les expédients justes pour maintenir son identité secrète, ce qui fait sourire quand on pense que depuis des décennies, il y parvient avec un peu de gel et une vieille paire de binocles. Les nouveaux lecteurs de l'univers Dc, qui souhaitent en apprendre d'avantage sur le kryptonien le plus célèbre, où les nostalgiques, qui apprécièrent à sa juste valeur le "Superman for all seasons" de Loeb et Sale, par exemple, ne rateront pas cet album simple et efficace. Magnifié qui plus est par le trait pur, clair et rassurant, d'un Gary Frank très inspiré. Ce n'est pas parce qu'il n'y a rien de bien nouveau sous le soleil que ce n'est pas agréable pour autant de lézarder le dos à l'air, par une belle journée d'été.

Rating : OOOOO

100% MARVEL DAREDEVIL 21 : LA MAIN DU DIABLE


100% MARVEL : DAREDEVIL 21

(The Devil's hand - Left hand path  soit Daredevil 501 à 507)

Matt Murdock est un être épris de rédemption : il a toujours la fâcheuse tendance à vouloir voir le bon coté des choses, à croire que tout et tous peuvent être rachetés. C'est probablement une des raisons qui l'ont poussé à prendre la tête d'une secte ninja composée des pires criminels de la planète : la Main. Devenir le Shogun de cette secte, pour en contrôler les activités et la désactiver de l'intérieur, ce n'est pas forcément la plus grande idée du siècle. Le vieux sage alcoolique, maître Izo, a bien tenté de prévenir son pupille des risques inhérents à ce projet audacieux, mais au final, Daredevil accepte de sacrifier son nouveau mentor en guise de rite initiatique, pour prouver qu'il est digne d'endosser le manteau de chef suprême qui lui tend les bras. Pendant ce temps, c'est la pleine panade dans les rues de New-York. Depuis que Norman Osborn est au pouvoir, la police est plus corrompue que jamais, les criminels sont parfois protégés (tel The Hood, qui a rejoint la Cabale d'Osborn), et Hells Kitchen est menacé de s'enflammer. L'idée de Daredevil est simple : utiliser la Main pour faire régner la loi martiale, sa propre loi, dans son quartier, pour le bien de tous. Andy Diggle nous offre une version torturée (quelle surprise) d'un Matt Murdock qui sait que pour mener à bien son nouveau projet, il va devoir pactiser avec des forces maléfiques qui pourraient bien faire basculer son existence même, dans les ténèbres de l'obscurantisme et du crime.



Cet album propose, outre la saga "The Devil's hand" en quatre parties, un autre story-arc en trois numéros, "Left hand path", où Murdock se rend au Japon en compagnie du Tigre Blanc, pour rencontrer tous les responsables des différentes "succursales" de la Main, qui en compte une par continent. Parmi ces "Daymos", Bakuto est le plus rebelle à l'autorité de Daredevil. On peut même dire qu'il n'a qu'une seule obsession, se débarasser de ce gaijin (etranger aux japonais) qu'il juge indigne de sa nouvelle fonction. Entre trahison, duplicité, et ésotérisme ninja, le séjour de Murdock au pays du soleil levant ne va pas être de tout repos, et pourrait bien être la dernière étape avant une descente aux enfers inéluctable, que nous suivront prochainement en Vf sur les pages de "Shadowland", du nom de cette forteresse que Daredevil compte faire construire, comme refuge et base d'opération pour sa secte assassine. Aux crayons, aussi bien De La Torre que Checchetto (ce dernier plus encore) font de l'excellent travail, expressif, sombre, violent, tout à fait dans l'esprit de ce qu'est devenue la série du diable rouge. Si j'avais eu quelques réticences en lisant ces épisodes en VO, à leur sortie, il faut bien admettre que réunis dans un même album, et lus d'une seule traite, ils forment un tout cohérent et musclé, qui méritent votre attention.


Rating : OOOOO

100% MARVEL : LE PROJET MARVELS Brubaker revisite le Golden Age




LE PROJET MARVELS

(Ed Brubaker/Steve Epting - Panini 100% Marvel)

Le Projet Marvels est un comic-book didactique. En ce sens qu'il permet, à toute une nouvelle génération de lecteurs ignares du sujet, de se replonger dans le monde merveilleux des premiers personnages masqués, à une époque révolue où  Marvel était connue sous un autre patronyme (Timely) et où le monde était à feu et à sang, embourbé dans un second conflit mondial qui allait dépasser en cruauté, en abomination, ce que l'américain moyen pouvait alors imaginer. Ed Brubaker montre l'étendue de tout son talent, en allant repêcher tous ces justiciers et autres défenseurs du bon droit tombés dans l'oubli, en assemblant patiemment événements véritables (la guerre, Pearl Harbor...) et fantaisistes marquants ayant contribué à la genèse de tout un univers super héroïque (la naissance de l'androïde Human Torch, l'expérience ayant crée le super soldat Captain America, sans oublier des événements moins cruciaux mais tout aussi poignants comme l'assassinat de Balle Fantôme, premier "masque" à tomber en costume, dans une ruelle new-yorkaise.). Le Pojet Marvels convoque sur la scène tous les grand noms de l'époque, assigne à chacun sa partition et orchestre ce ballet des origines, où chaque figure rapproche un peu plus encore de l'univers des encapés tel que nous le connaissons : une irrésistible marche vers l'avant, vers un monde où le merveilleux devient règle commune.


 
Steve Epting en profite au passage pour nous livrer ce qui est peut être son meilleur travail artisitique à ce jour. Ses planches classiques et ombrageuses confèrent à cet album toute la gravité qu'il inspire, avec un brio certain. C'est Thomas Halloway, alias l'Ange, détective costumé et protagoniste de ce "golden age" des héros, qui est le narrateur de ce récit, qui puise ses racines et son rythme dans la plus grande traditions des aventures d'espionnage, entre trahisons, complots, et révélations. Nous passons avec plaisir de l'Allemagne nazie, où le Crâne Rouge prépare ses premiers plans diabloiques, et où un jeune Nick Fury organise ses premiers raids, au sol américain, qui doit subir les assauts du Prince des mers, Namor, qui ne tardera pas à se raviser, une fois qu'il aura découvert que les terriens qui ont assailli son royaume étaient en fait commandités par son rival, le perfide Merrano. Nous assistons aussi à l'attaque aérienne japonaise à Pearl Harbor, baignée par les larmes de Human Torch et de son jeune acolyte, Toro, impuissants devant une telle démonstration de force. Sans jamais céder à la facilité, se montrer banal ou lourdement réthorique, Brubaker et Epting réussissent le tour de force de raviver les étincelles de la légende, de leur rendre lustre et pertinence, à temps pour célèbrer les 70 ans de Marvel, anniversaire à l'origine du projet. Indispensable pour les amoureux du golden age.

Rating : OOOOO

X-MEN 169 : Malicia, les Nouveaux Mutants, et Dazzler


X-MEN 169

(X-men Legacies 234 - New Mutants 11 - Dazzler Necrosha Aftermath 1 - Nation X 1 et 2)

Outre Claremont/Manara, les X-men, c'est aussi et surtout la revue mensuelle éponyme, qui fête son dernier numéro, sous la forme actuelle. A l'occasion d'un crossover très attendu (Second Coming), elle repartira sur de nouvelles bases, avec un numéro 1. En attendant, ce 169° et ultime rendez-vous permet à Malicia de prendre confiance dans son nouveau rôle de mutante des plus précieuses sur Utopia, le refuge de ses congénères rescapés. Dans une tentative d'aider les jumelles Cuckoos à retrouver la trace de la force Phénix qui semble les avoir quitté, elle absorbe momentanément leurs pouvoirs mentaux, et fait le tour de l'île pour aider tous ses semblables en difficulté. La belle X-woman en profite aussi pour faire un saut chez ses deux amants potentiels : Gambit, bien entendu, qui en dépit de sa fameuse réputation de coureur de jupon, aura passé le clair de sa carrière en faisant ceinture, à attendre de pouvoir enfin toucher sa belle. Et aussi Magneto, qui carte d'identité à la main, pourrait bien être le grand père de Malicia, qui n'a donc rien contre une histoire gérontophile. Dans l'attente d'une décision claire, cet épisode 234 de X-men Legacies est plutôt faiblard (signé Carey et le brouillon Paquette).


New Mutants 11 est l'occasion pour Danielle Moonstar de payer son du. On ne devient pas une Valkyrie grâce aux pouvoirs mystiques de Héla, déesse asgardienne de la mort, sans avoir un jour à rendre la pareille. Ce jour est arrivé : la jeune cheyenne doit se rendre sur les ruines fumantes d'Asgard, justement, pour rappatrier chez leur maitresse l'âme de ceux qui sont tombés au combat, suite aux événements de "Siege". Mais même les morts ont leur prédateurs, comme elle va le découvrir amèrement. Là encore, un épisode loin d'être déterminant, toujours meilleur cependant que ceux qui l'ont précédé, tant le relaunch des nouveaux mutants est pour le moment sans saveur.

Enfin, Dazzler est à l'honneur ce mois ci. L'ancienne chanteuse/mutante, capable de canaliser le bruit environnant pour le transformer en une palette éblouissante de projections couvrant tout le spectre lumineux, est sur le point de revenir sur le devant de la scène. Il faut dire qu'Arcade ne lui a pas laisser le choix. Elle se retrouve piégée dans son "monde assassin" pour l'occasion transformé en salle de concert, et va devoir combattre contre une horde d'anciens ennemis version "avatars cybernétiques". Arcade n'est pas seul, il a même été recruté par la propre soeur d'Alison Blaire, brune maléfique, opposé chromatique de la blondasse à patins à roulettes. Alison étant une X-woman, elle n'aura de cesse, non seulement de se libérer, mais d'aider sa soeur, faisant fi de ses tentatives de meurtre répétées. Coté dessins : Andrasofszky et Ramon Perez. Ce ne sont pas des grands noms, et on comprend pourquoi : c'est assez laid, tout cela. Vivement le nouveau-nouveau numéro un du mois de mars, car en février, les mutants ont grise mine.

Rating : OOOOO

X-MEN : JEUNES FILLES EN FUITE (Claremont & Manara)


X-MEN : Jeunes filles en fuite

(Chris Claremont/Milo Manara - Panini)

Des filles nues. Du sexe, ou tout du mois, de l'érotisme. Admettez le, si vous achetez un album crayonné par Milo Manara, un des maîtres du genre, c'est à cela que vous pensez avoir affaire. Plus encore si cet album met en scène les X-men. Pardon, les X-women. Et bien, pour le coup, ces "jeunes filles en fuite" vont vous laisser sur votre faim. Certes, les poses plastiques des personnages sont parfois émoustillantes, reins bien cambrés, embrassades équivoques, avec probablement une tentative de 69 très soft entre deux demoiselles accrochées à une corde. Mais bon, soulignons le, pas un baiser (on y est presque entre Marvel Girl et Kitty Pride, mais la pudibonderie l'emporte), encore moins une scène de sexe, dans ce graphic novel vite lu vite oublié. C'est Chris Claremont qui s'est chargé du scénario. Il l'a vraissemblablement pondu en quelques minutes tant cette histoire d'enlèvement, de conflit latent à Madripoor, sent le réchauffé et le manque d'inspiration. Alors qu'il avait entre les mains un matériau brut de premier ordre (explorer les relations saphiques non dites entre les différentes mutantes, ou comment désacraliser la charge potentiellement érotique qui a traversé de tout temps les aventures de nos héros en lycra) il se contente d'une histoire indigente, à base de secte idiote vénérant un avion. Et ce n'est pas une jupe plus courte encore qu'à l'acoutumée (Déjà dans "Rise and fall of the Shi-Ar Empire"Rachel Summers se balade pratiquement les fesses à l'air...) qui finira pas nous émoustiller. On se consolera en se disant que Manara dessine fichtrement bien, et on maudira Claremont pour ne pas avoir su lui offrir une opportunité digne de son talent pour Marvel. Coit interruptus, en définitive.

Rating : OOOOO

POUR LE RETOUR DES ALBUMS RELIES EN KIOSQUE : Message subliminal à l'attention de Panini





Il fut un temps - il y a bien longtemps, désormais - où les comics Marvel étaient publiés en VF par Lug, devenu Semic par la suite. A cette époque révolue, ceux qui n'achetaient pas tous les titres en kiosque de manière régulière, avaient une seconde chance plusieurs mois plus tard : trois revues consécutives étaient proposées sous forme d'un "album relié" dont le prix, comparé à celui pratiqué au numéro, était bien entendu économique et donc plus accessible aux portefeuilles moins garnis. Comme j'étais lycéen puis étudiant, cette pratique n'était pas pour me déplaire... Avec l'arrivée de Marvel France / Panini sur le marché, cette "seconde chance" a disparu des vieilles habitudes. Aujourd'hui, nous posons la question : au moins pour les titres principaux (X-men, Spider-man, les revues Heroes...) pourquoi un retour à cette solution ne serait pas envisageable? Y a t'il une chance de les revoir un jour en kiosque? Et quid des nouveaux lecteurs : cela vous tenterait-il, trouvez vous cette idée absurde, ou intéressante? A vous de voir, de juger, de demander, d'insister, d'en rire. Mais bon sang, j'en serais bien content tout de même.



Un exemple d'albums reliés. Ici 4 albums Nova, soit douze numéros.

LA SAGA DE KORVAC (Marvel Best of)


Marvel Best of : LA SAGA DE KORVAC

(Avengers 167-177 / Panini)

Sortie ce mois d'un Marvel Best of nous ramenant à la fin des seventies, avec les plus grands héros de la Terre face à Korvac, dans une saga interstellaire truffée de grands noms, aussi bien coté personnages qu'auteurs. De quoi craquer, à coup sur, pour cet album.

L'article sur la "Saga de Korvac" , modifié et complété, est désormais disponible à la date du lundi 21 janvier, à l'occasion de reparution de cette histoire, dans la collection Marvel Gold. Bonne lecture

JUSTICE LEAGUE LA SAGA DE RED TORNADO (DC PAPERBACK)

 Brad Meltzer n’a pas seulement relancé la Justice League en 2006 avec The Tornado’s Path ( la saga de Red Tornado pour Urban) : il a voulu...