UNCANNY AVENGERS : TOME 1 EN LIBRAIRIE

Au lendemain des événements de Avengers Vs X-Men, la confiance du grand public envers la race mutante est au plus bas. On se croirait revenus à la grande époque de Chris Claremont, quand les X boys and girls étaient pourchassés et devaient vivre dans un ostracisme des plus pesants, traqués par les Sentinelles, ces gros robots impitoyables. Les Vengeurs s'offrent alors comme groupe idéal pour la médiation, et la réhabilitation. C'est ainsi que Captain America propose à Havok (le frère de Scott Summers, considéré par beaucoup comme un dangereux terroriste) de prendre la tête d'une nouvelle formation d'Avengers (la centième?) où cohabiteront mutants et quelques uns des plus grands héros de la Terre. Raison pour laquelle nous revoyons la Sorcière Rouge, Malicia, Wolverine (bien sur) ou Thor, dans le même roster. A peine le temps de tester la cohésion de l'équipe que c'est la panique à New-York. Avalanche attaque, et il semble plus puissant que jamais. Pendant ce temps, Crâne Rouge met la main sur le cerveau de Charles Xavier (un organe bien conservé après la mort, apparemment) et décide de s'en servir comme une arme pour assujettir ses ennemis (Wanda Maximoff et Malicia en font les frais, les autres aussi par la suite). Le mal absolu, aidé par le pouvoir du plus grand pacifiste mutant, c'est un comble. 


Cette nouvelle série replonge le lecteur dans un monde où le facteur X est une tare, et où le grand public n'attend que l'étincelle pour s'embrasser et consumer de sa haine ces mutants honnis. C'est d'ailleurs le plan de l'infâme Crâne Rouge : dresser le quidam moyen contre les héros en costume, enflammer la ville dans un brasier nourri à la haine de l'autre. Sans avoir rien de révolutionnaire, le titre confié à Rick Remender se laisse lire agréablement, malgré un retard notable à l'allumage, du au fait que comme toujours, John Cassaday n'est pas l'artiste le plus rapide de sa génération pour respecter les délais imposés par Marvel. Au passage, il n'est pas au sommet de sa forme, avec des visages pas toujours très expressifs, et un peu plus de staticité qu'à l'accoutumée. Panini a décidé d'utiliser cette série comme fer de lance pour un nouveau mensuel éponyme, que tout le monde n'a pas forcément décider d'acheter, ne serait-ce qu'en raison du manque d'attraction des titres qui l'accompagnent (Avengers Arena et A+X). Du coup cette parution librairie est une bonne idée pour se faire une opinion définitive sur le niveau qualitatif de cette mixture mutants/Vengeurs, qui n'a pas reçu que des louanges à sa sortie, loin de là. Beaucoup de poudre à canon et une grande attente, pour au final un pétard mouillé qui n'a pas eu le retentissement annoncé. Uncanny Avengers trouvera peut être une seconde chance, ou un second souffle, dans ce format?




GHOST RIDER WOLVERINE PUNISHER : HEARTS OF DARKNESS

Hearts of Darkness. Des coeurs sombres, noirs de chez noir. Inutile de dire que la présence de trois compères comme Wolverine, le Punisher, et surtout Ghost Rider (la version que je préfère, celle avec Danny Ketch) est parfaitement justifiée. Ces trois là sont réunis dans la petite ville de Christ's Crown, où ils ont été convoqué chacun par un message énigmatique. Derrière cette invitation, nous trouvons Blackheart, le fils de Mephisto, puni par son père et en rébellion ouverte. Afin de renverser le paternel, le rejeton a besoin d'appui, de force de frappe, et il souhaite la trouver dans la noirceur des âmes qu'il pourra corrompre. Celles de la bourgade ne lui suffisent pas, alors il décide de s'emparer de l'essence de nos anti héros, en leur proposant des pactes bien tentants, auxquels ils parviennent à résister, à sa grosse déception. Du coup, bagarre générale, et branle bas de combat à la campagne.


Cette aventure inédite en Vf (* voir note en bas d'article) est dessinée par Romita Jr. Le grand JrJr de la bellé époque, celui où les détracteurs étaient peu nombreux, et les admirateurs légions. Un trait racé et dynamique à souhait, expressif, qui ressort d'autant mieux sur le papier (de qualité modeste) employé à l'époque sur les comic-books américains. Klaus Janson à l'encrage apporte aussi sa touche à l'ensemble, qui est de fort belle facture. C'et Howard Mackie qui scénarise ce Hearts of Darkness, ce qui est normal car il met à l'honneur principalement Ghost Rider, titre qu'il écrivait avec talent à l'époque. Une belle aventure expressionniste et couleur de cendres, qui est aussi le moment clé où Danny Ketch réalise que son pouvoir de Rider ne dépend pas seulement de sa moto, mais qu'il est en lui, dès lors qu'un sang innocent est versé. Quand on voit ce qu'est devenu aujourd'hui le personnage, on a presque envie de qualifier ce one-shot de chef d'oeuvre intemporel. Car oui, moi je l'aimais bien Danny, en Rider!


Remercions au passage les fidèles lecteurs qui auront corrigé par eux mêmes mon erreur impardonnable. Cette aventure a été publié chez Bethy, dans un album cartonné, dont la couverture est reproduite ci dessous. L'erreur est humaine, ça sent la fatigue...


DC SAGA PRESENTE 1 : BATMAN VENDETTA

Dc Saga n'est plus, longue vie à Dc Saga présente. Pour inaugurer ce genre de trimestriel au sommaire composite, rien de mieux qu'une aventure de Batman, le héros le plus bankable de la Distinguée Concurrence. Cette fois, il s'agit de retrouver le Dark Knight face à un ennemi impitoyable et redoutable, qui est un peu son double maléfique, un certain Wrath. Ce dernier est sur le point de faire son apparition dans sa version New 52, aussi Urban juge bon de nous rafraîchir la mémoire, avec une longue aventure en deux parties plutôt intéressante. Tout d'abord, nous effectuons un plongeon dans le temps, avec un récit unique (Batman Special 1) de 1984, signé Mike W.Barr et Michael Golden. Le destin de ce Wrath (colère, ou courroux en Vf) ressemble point par point à celui d'un Bruce Wayne qui n'aurait pas connu la compassion et n'aurait pas reçu de soutien après le mort de ses parents, assassinés dans une ruelle de Crime Alley. Livré à lui même, abandonné à l'orphelinat, et victime des magouilles internes aux forces de police (qui tentent de masquer le fait que les parents du criminel n'étaient autre chose que des flics ripoux), Wrath va grandir dans la haine et le ressentiment, au point de se confectionner un costume qui ressemble beaucoup à celui de Batman, et mener ensuite une vaste croisade contre les forces de l'ordre, avec en point de mire le commissaire Gordon. C'est ce dernier, au début de sa carrière, qui a abattu en état de légitime défense les géniteurs de ce nouvel ennemi. Bien sur, nous sommes dans les années 80, et les couleurs, les bulles de pensée qui rythment l'action, un certain ton didactique qui n'a plus cours aujourd'hui, tout cela peut rebuter le lecteur le plus jeune. Mais il n'empêche, il s'agit d'un récit bien maîtrisé et qui a marqué son temps, que j'ai relu avec un plaisir évident. Golden aux dessins, d'ailleurs, ça ne se refuse pas.

24 ans plus tard, le personnage de Wrath refait une apparition sur les pages de quatre épisodes de la série Batman Confidential. Cette dernière revient sur des événements du passé de Batman, jusque là jamais relatés. En fait, notre héros comprend vite qu'il ne s'agit plus du même ennemi, qui a trouvé la mort lors de la première confrontation. Qui peut bien avoir repris le flambeau, et poussé le mimétisme a adopter les mêmes gadgets, le même costume, le même modus operandi (déformé par la haine) que la Chauve-Souris de Gotham? Cette fois, Nightwing est de la partie. Il n'était encore qu'un jeune Robin, bien des années avant, quand Wrath fit son apparition. Et il se doit d'être présent, ce coup-ci, car le retour de cet ennemi qu'on pensait disparu pourrait bien être lié au rapport qui l'unit à son aîné et protecteur. Lequel semble avoir quelques difficultés relationnels à son encontre, au passage (nous sommes à l'époque des premiers pas de Nightwing avec les Titans, une tentative d'émancipation qui comporte aussi des frictions). Les dessins sont de Rags Morales, encore un peu acerbe mais doué, indéniablement, et le scénario de Tony Bedard. Une parution fort intéressante qui nous montre que la frontière entre un héros et un criminel peut parfois être poreuse, bien mince, et où se mêlent déterminisme et discours sur la (dé)construction de l'individu, selon les stimuli et les épreuves qu'il devra traverser. Wrath, comme reflet sombre et amer du Batman, qui en devient presque un modèle d'équilibre mental à coté. Qui l'eut cru...




Cinécomics : CAPTAIN AMERICA LE SOLDAT DE L'HIVER (THE WINTER SOLDIER)

Attention : Spoiler probable inside

Le second film consacré à Steve Rogers est donc dans les salles depuis une grosse semaine. L'occasion de retrouver ce héros hors de son temps, qui doit désormais s'adapter à une nouvelle existence, dans un monde qui a bien évolué. Après avoir fait équipe avec la formation la plus survitaminée de l'histoire du cinéma en costume spandex (les Avengers) il revient cette fois pour un long métrage en solo, ou presque, puisque Natasha Romanova et Sam Wilson sont à ses cotés tout au long de deux heures à très haut spectacle. Après les événements cataclysmiques et la quasi destruction de New York dans The Avengers, Steve Rogers aka Captain America vit tranquillement à Washington, D.C. et essaye de s'adapter à cette Amérique moderne. Mais quand Nick Fury, le directeur des opérations du S.H.I.E.L.D. est attaqué, Steve se retrouve impliqué dans un réseau d'intrigues qui met une fois encore le monde en danger. S'associant à Black Widow, Captain America lutte pour dénoncer une conspiration grandissante, tout en repoussant des tueurs professionnels envoyés pour le faire taire. Quand l'étendue du plan maléfique est révélée, Captain America et la belle espionne rouquine sollicitent l'aide d'un nouvel allié, le Faucon. Cependant, ils se retrouvent bientôt face à un inattendu et redoutable ennemi - le Soldat de l'Hiver, dont la force et l'endurance cache un projet inavouable qui puise dans une vérité encore plus horrible : le contre espionnage américain est tombé entre les mains de l'ennemi, qui à force de noyautage a fini par faire son nid à l'insu de tous. Est-il déjà trop tard? Et qui est ce Soldat de l'Hiver qui donne autant de fil à retordre à nos héros (faux suspens puisque tout le monde a deviné qu'il s'agit de la version 2.0 de Bucky Barnes...) 

En fait de second film targué Captain America, nous assistons là à un mash-up entre deux grandes sagas bien connues des lecteurs de comic-books. La première, c'est Nick Fury Vs The Shield, parue en son temps en Vf dans un album vendu par souscription, aux éditions Semic (ce n'est pas hier, donc). On y raconte la lutte de ce bon vieux Fury contre sa propre organisation, son propre bébé, qui a été infiltré de l'intérieur et qui finit par lui donner la chasse, le traquer de manière impitoyable. La seconde aventure, c'est bien sur le long run de Brubaker sur Captain America, que Panini a récemment distillé dans plusieurs Marvel Deluxe, en librairie. On y apprend que Bucky Barnes n'est pas mort au champ d'honneur, il y a des décennies de cela, mais qu'il est devenu une arme fatale aux mains des soviétiques, qui l'ont reprogrammé et amélioré (un bras bionique) pour en faire un assassin parfait. Dans le film, la trame est quelque peu différente puisque c'est l'Hydra qui a fait joujou avec les neurones de l'ancien side-kick de Steve Rogers. Le résultat est le même : Barnes n'a plus toute sa tête, et il cogne dur sur tout ce qu'on lui dit de frapper, sans oublier d'ouvrir un feu nourri sur les cibles qu'on lui présente. Du coup ce second film est à haute densité explosive, avec une foultitude de scène d'action vraiment spectaculaires et enlevées, pour le plus grand bonheur du public qui vient en salle pour ce genre de spectacle pyrotechnique. Les acteurs sont à la hauteur de leur réputation, et on appréciera de voir Robert Redford s'encanailler avec l'univers Marvel dans la peau d'un Alexander Pierce qu'on aurait envie de gifler. En fait, pour peu que le but de l'achat de votre billet soit de vibrer deux heures durant avec un injection super-héroïque, sans trop être regardant avec la crédibilité des scènes d'action et des cascades, vous allez être ravis. D'autant plus que le discours sur les masses désireuses de renoncer à leur liberté, sciemment, pour un peu plus de sécurité, est ici clairement exposé, et vient pratiquement en point d'orgue d'une décennie paranoïaque, initiée par Civil War, durant laquelle ce thème a été maintes fois débattu chez Marvel, souvent avec à-propos. C'est dans ce film le fil conducteur de l'intrigue, avec un bon Steve Rogers dans le rôle phare du soldat naïf qui ne se reconnaît plus dans ce règne de la terreur qui ne porte pas son nom, où chacun de méfie du voisin, et utilise le net et les technologies comme un préservatif moderne contre le virus de la vraie vie. Effrayant, car à votre porte.


SILVER SURFER #1 : LA REVIEW

Le Silver Surfer a beau être un véritable personnage iconique, identifiable même par un public pas toujours initié aux comic-books Marvel, il n'en reste pas moins un des héros les moins vernis pour ce qui est de sa trajectoire sous forme de parution mensuelle. D'ailleurs, Norin Radd est longtemps resté sans une série on-going attitrée, jusqu'à ce que l'opération All New Marvel Now finisse par se pencher sur son cas. C'est Dan Slott, le démiurge des dernières années d'aventures de Spider-Man, qui s'y colle. Tragédie, drames, introspections à la limite de la dépression, tout ceci est le quotidien de ce voyageur cosmique, qui pour une fois semble parti sur d'autres bases, plus enlevées, fort bien accompagné par les dessins de Michael Allred qui contribue à alléger le propos avec ses planches fraîches et naïves. Il y a peu de place pour la torture mentale, car ces pages sont truffées de nouveautés. Nouveaux personnages aussi bien sur Terre (deux soeurs au destin dissemblable, qui douze ans auparavant confondirent la venue sur Terre du Surfer avec une simple étoile filante propice à un voeu qui décidera de leurs carrières) que dans l'espace, où nous découvrons une nouvelle cité cosmique en péril, dont le secret de l'existence a été si bien gardé jusque là que même Norin en ignore la présence. L'Impericon est une idée fantasque et bourrée de petits clins d'oeil au style épique et inventif de Jack Kirby, que digère et assimile à sa façon un Allred contaminé également par la ligne franco-belge. On passe allégrement de la quotidianité répétitive de Anchor Bay, aux merveilles des tréfonds de l'espace, et le tout se réunit dans un final truculent qui soulève des interrogations amusantes, qui seront le sel des mois à venir. Ce nouveau titre consacré au Silver Surfer semble pour le moment bien éloigné de ce que nous pouvions lire à la grande époque Marz/Lim, par exemple, et tend les bras à un trip spatial tout en couleurs et en surprises bigger than life. Une bonne raison pour donner une chance à cette série de vous séduire.


BATMAN SAGA HS4 : LE FINAL DE BATMAN INCORPORATED

Il fallait bien que le long run de Morrison prenne fin un jour. C'est donc dans les pages de ce Batman Saga HS que prend fin la longue aventure du Dark Knight contre Leviathan, qui est aussi le sel de la série Batman Incorporated. Un conflit mondial entre Talia, la fille de Ras Al Ghul et prêtresse d'une organisation terroriste diabolique qui souhaite s'emparer du monde, et notre Batman de Gotham, qui ouvre des franchises un peu partout dans le monde pour le seconder dans sa quête, alors que Bruce Wayne se charge du financement, aux yeux de l'opinion publique. C'est d'ailleurs une idée discutable, car le milliardaire n'est plus en odeur de sainteté. Batman n'est plus vraiment le bienvenu dans sa ville, ce qui vient ajouter au drame terrible que traverse notre héros, depuis le meurtre de Damian, son inattendu fiston. Du coup, Batounet muscle ses méthodes et passe à la vitesse supérieure. Pour en finir une bonne fois pour toutes avec Talia et Leviathan, il va accepter de sortir l'artillerie lourde et de montrer les crocs, comme le ferait tout bon justicier acculé et désespéré par la perte d'un proche. L'acte final va laisser des plaies et des bosses, ce ne sera pas dans la finesse que se conclura Batman Incorporated...

Exit Morrison, donc. Qui se sera bien amusé à présenter ce Batman intelligent et à multiples tiroirs, qui puise son inspiration dans toutes les incarnations successives du Dark Knight depuis sa création. Un homme, un héros, aux facettes aussi nombreuses que variées, et aux ennemis et alliés aussi bigarrés qu'improbables. En cela il a le grand mérite de ne pas se focaliser sur le coté parfois paroxystique du Batman actuel, celui des films de Nolan, qui fait du personnage un croisé violent et neurasthénique qui poursuit les criminels dans un monde aussi glauque que sombre. Batman selon Morrison, c'est aussi l'absurde, l'humour, l'héritage d'un passé omniprésent et stratifié, qui n'oublie pas les moments les moins "hype" de la série et recycle avec dextérité tout ce qui peut l'être. Dans ce HS nous apprécions une fois encore le travail de Chris Burnham aux dessins, un de ces artistes au trait caricatural et botoxé, mais qui colle parfaitement avec ce que souhaite présenter le scénariste. Toute comparaison évidente avec Quitely, par exemple, est loin d'être fortuite. Burnham s'essaie aussi à écrire les histoires de Batman, puisqu'il signe l'épisode onze et le "special" numéro 1 de Batman Incorporated. Avec notamment une aventure un peu folle au Japon, où nous retrouvons le Batman local (franchisé, donc) face à une adversaire truculente dotée de poings en forme de têtes de tigre. Dit comme ça ça fait à peine sourire, mais dans son exagération, l'ensemble fonctionne plutôt bien, à condition d'aimer le second degré. Ce Batman Saga HS est donc hautement recommandable pour ceux qui ont apprécié ce qui a précédé, et il est en plus doté d'une fort belle couverture qui fait son effet en kiosque. 


SPIDER-MAN UNIVERSE 9 : (VENOM) AU ROYAUME DES TUEURS

La vie de Flash Thompson n'est pas de tout repos. Elle ressemble même à celle d'un homme brisé, qui sent le cours des événements lui échapper inexorablement. Possédé par un démon, détenteur du symbiote Venom qu'il ne parvient pas vraiment à maîtriser, Flash a perdu son père et sa mère le fuit; effrayée par ce qu'il est devenu. Dans son fauteuil roulant, l'ancien compagnon de fac de Peter Parker n'est qu'un handicapé qui se sent inutile, sans son alter ego qui lui permet de travailler au service du gouvernement ou de fricoter avec les Secret Avengers. A travers un premier épisode introductif (un de ces fameux .1), Cullen Bunn permet aux nouveaux lecteurs, qui prennent le train en marche, de bien saisir le topo. Mais le plus intéressant, c'est de voir Flash retrouver un de ses anciens compagnons de jeunesse, un jeune homo sexuel qu'il prenait plaisir à maltraiter pour trouver un exutoire à sa propre colère. Autrefois, il était ignoble, vraiment, comme le lui rappelle Parker lui même, dans un touchant monologue. L'ancien champion sportif du campus n'a pas concrétisé les espoirs placés en lui, il s'est étiolé, a perdu de son panache, est devenu un loser pathétique sauvé par ce symbiote qui a autrefois empoisonné le quotidien de Spider-Man, puis de Eddie Brock. Ce qui lui permet, tout de même, de tenter d'oublier sa récente rupture avec Betty Brant, en fréquentant la blonde Valkyrie en personne. Marco Checchetto oeuvre sur les vingt premières pages, et ça c'est une fichue bonne nouvelle, car son style sombre et concis est toujours fort appréciable.

Appréciez cette introduction, car le reste, franchement, n'est pas du même tonneau. En fait, ça ressemble presque à une purge. Flash part à Philadelphie pour entamer une nouvelle vie, un peu comme a pu le faire Kaine en déménageant à Houston dans la série Scarlet Spider. Les avatars de Spider-Man font leurs cartons, mais il n'est pas dit que le lecteur y gagne grand chose. Ici, à peine arrivé, Venom se retrouve face aux U-Foes pour sauver la vie d'une amie journaliste. Le seul fait notable de ces épisodes bourrins et au style surchargé et peu lisible, c'est de savoir quand et comment le symbiote va prendre le dessus sur l'humain, et dans quelle mesure cela va affecter la vie du héros. On notera que Bunn n'ose guère pousser cette logique jusqu'à l'extrême, et que si Flash a des moments d'absences, où son hôte est aux commandes et n'en fait qu'à sa tête, ça ne dure jamais trop longtemps et les conséquences sont loin d'être aussi irréparables qu'elles ne pourraient le devenir. Thompson retrouve un boulot en quelques jours (en période de crise c'est assez fort quand on est handicapé...), il loue un grand appart et rencontre ses nouveaux voisins (forcément un peu barges), et commence à patrouiller avec la plus grande prudence pour ne pas qu'on puisse faire de rapprochement entre lui et Venom. En toile de fond, l'arrivée d'Eddie Brock se dessine. Cette fois l'ancien journaliste assume l'identité de Toxine, le rejeton de Carnage. Je sais, il faut suivre avec lui, ça n'est pas très simple. Les dessins sont mauvais dans ces épisodes. Ils n'ont pas de caractère, sont brouillons dans les plans rapprochées et les scènes de bataille, et certaines planches sont particulièrement peu lisibles. Les coupables se nomment Thony Silas, Roger Robinson, ou Decan Shalvey. Vous l'avez remarqué, Marvel mise peu sur ce titre; Immonen, Coipel ou Epting sont réservés à bien d'autre cieux que cette série qui se révèle bien trop dispensable sur la distance. Si retrouver Venom fait toujours un peu plaisir, l'impression de décadence qui flotte dans la vie de Flash finit par gagner ces épisodes maussades qu'on oubliera aussi vite qu'on les lira (peut être). 


PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...