DEADPOOL Vs THANOS #1 : LA REVIEW

Au départ, ça ressemble à un hit annoncé, avec d'un coté un mercenaire déjanté qui affole souvent les chiffres de vente, et de l'autre le grand méchant le plus hype du moment, et futur star du prochain film des Avengers. Et puis en fait, pas grand chose. La rencontre tant attendue de l'univers loufoque du premier cité, avec la majesté sinistre du second accouche d'un produit hybride qui ne se prend pas au sérieux, mais ne prend pas non plus très au sérieux ses lecteurs. Après avoir éliminé le Marvel Universe au complet, et s'être frotté à des zombies et des versions de lui-même, Deadpool est aux prises avec Thanos, et passe un sale quart d'heure d'emblée, bien qu'on devine que pour s'en débarrasser, ce n'est pas chose aisée. Dans ce comic-book, on a droit à un peut tout et n'importe quoi. Une sorte de relation à trois qui va impliquer le mercenaire disert, Thanos, et Death en personne. L'impossibilité désormais de mourir dans tout l'univers, qui dérègle fortement la balance cosmique, et éloigne le péril suprême qui plane au dessus de la tête de toutes les créatures, à savoir la fin de leurs existences. Au milieu de tout cela, des blagues pas forcément heureuses, un humour pas très subtil et surtout sans grand sens de la profondeur et sans grande inspiration. Bien que ce ne soit finalement pas si important dans l'économie de cette mini-série, et en pleines Secret Wars, c'est le flashback face à Fatalis (en tenue de détente, petit shorty et masque en fer, jambes loin d'être épilés) qui est le plus drôle dans cette affaire. Passé ce face à face qui fait sourire, le reste est en panne sèche. Tim Seeley a commis une grosse faute en écrivant ce titre, à mon avis. Celle de faire descendre Thanos de son piédestal pour l'abaisser au même statut que Deadpool. Du mauvais Deadpool, c'est à dire ce personnage parfois utilisé et usé jusqu'à la corde, pour soutirer quelques ventes de plus, avec des vannes approximatives pour maintenir un fragile édifice qui autrement s'effondrerait sur le néant. Elmo Bondoc fait de son mieux pour rehausser l'ensemble avec des dessins que j'estime globalement réussis, suffisamment détaillés et cohérents, même si nous notons ça et là de petites baisses de régime dans quelques cases un peu plus rapidement expédiées. Deadpool Vs Thanos est au milieu du gué et refuse de faire la traversée : Ce n'est pas une vraie comédie avec une tonne de jokes assénées avec un timing redoutable (Duggan & Posehn par exemple), ce n'est pas non plus ce face à face grandiloquent et redouté, avec Thanos dans les parages. C'est juste une parution de plus, aussi vite lue qu'oubliée. Dommage. 



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DOOMSDAY.1 DE JOHN BYRNE

Il est inutile de présenter John Byrne aux lecteurs de plus de trente ans. Si les plus jeunes peuvent avoir des doutes sur la carrure du bonhomme, les anciens l'ont probablement hissés sur le podium ou le pinacle de leurs préférences. Il faut dire qu'il fut une époque où l'ami Byrne monopolisait la production Marvel, gérant et réalisant parfois plusieurs séries en parallèle, finissant même par être omniprésent dans le mensuel Strange, qui publiait alors les principales séries en Vf. Sa recette était simple : être capable de s'attaquer simplement et efficacement aux fondements d'un personnage, à sa mythologie, pour en présenter une version attachante, claire, propre, avec une multitude se sous-trames qui maintiennent l'intérêt éveillé parfois de longs mois durant. Allez au hasard, ce que je préfère chez John c'est sa Division Alpha, modèle d'écriture, mais aussi son run historique sur les Fantastiques, ou son interprétation quasi parfaite de Namor, ou de Superman chez Dc (il est l'auteur du superbe Man of Steel qui est encore aujourd'hui une référence). Alors aujourd'hui il est clair que tout récit proposé par Byrne en creator owned est à la fois un plaisir coupable et une douloureuse constatation que le le temps passe, et que le média a évolué. En librairie vous pouvez trouver Doomed, une histoire de fin du monde comme il y en a tant en ce moment, qui sans être mauvaise, loin de là, est trop hâtive et superficielle pour être qualifiée de véritable réussite. Et dans toute fin du monde, un des problèmes majeurs est de trouver un ou plusieurs personnes pour former une poche de survivants, avec qui raconter une histoire. Pour justifier le fait qu'ils réchappent au désastre, Byrne a l'idée de mettre en scène un groupe cosmopolite d'astronaute, qui se rend compte, en mission tout la-haut, qu'une gigantesque éruption solaire menace toute la vie sur notre planète. ils parviennent à avertir nos dirigeants à temps, mais ce n'est pas le fait de savoir ou d'annoncer la fin à la télévision qui peut la repousser pour autant. Et quand la fin arrive, tout le monde ne se comporte pas en héros, et les masques tombent vite. C'est ça l'humanité.


Le groupe d'astronautes est très cosmopolite et Byrne présente une association d'être humains de tous horizons, sans pour autant que cela ait une vraie influence sur l'histoire, à mon avis. Tout comme il fait trop vite l'impasse sur l'état dans lequel se trouve la Terre à leur retour. La plupart du globe a été brûlé, calciné, mais hormis quelques planches et vignettes éloquentes de ci et de là, nous n'avons pas droit à une étude approfondie des conséquences de la tragédie, qu'il faut accepter pour ce qu'elle est. Nous allons par contre à la rencontre de survivants, nobles ou misérables, aussi bien dans une prison où les détenus ont pu donner libre cours à tous leurs penchants sadiques, ou dans les égouts où les rats et les cafards pullulent, et où de rares rescapés (condamnés, toutefois) hantent en toute solitude le monde du dessous, comme peuvent le faire les Morlocks des X-Men, que Byrne a déjà eu l'occasion de dessiner par ailleurs. Ce Doomsday.1 est loin d'être mauvais ou raté, mais clairement nous sommes devant un travail mineur du grand John, qui livre un récit sans inspiration ou respiration particulières. Du catastrophisme post fin du monde comme on a pu déjà en lire, avec beaucoup de lacunes quand aux enjeux sociaux ou humains, et une attention portée davantage sur le destin d'une poignée de survivants, qui n'inspirent pas tellement de sympathie ou de pathos. Les personnages sont reliés entre eux et caractérisés avant tout dans le premier épisode, et le reste n'est que le prolongement de cette ébauche individuelle, sans qu'il s'en dégage de figure(s) forte(s) et inoubliables. Coté dessin, Byrne conserve un trait plastiquement souple et ultra facile d'accès, mais l'encrage un peu gras et les couleurs criardes de John O'Grady desservent le tout. Cette adaptation d'une vieille série des années 70 (sur laquelle officiait un jeune Byrne et racontait le parcours de trois astronautes ayant survécus à une catastrophe nucléaire planétaire) à la sauce moderne est trop classique dans sa forme, et trop artificielle dans ses enjeux et sa dramaturgie pour mériter plus qu'un regard curieux en passant. Dommage mais Byrne aussi a des traites à régler, c'est la vie de tout le monde...



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ATLANTIS ATTAQUE : L'OMNIBUS

L'automne est la période des Omnibus chez Panini. Comme il est désormais de tradition, deux nouveaux gros volumes vont débarquer (peut-être) sur vos étagères en ce mois d'octobre. Le premier d'entre eux récupère nombre d'épisodes inédits, et propose un vaste crossover englobant la production des annuals de 1989. On y découvre le leader de la race des Déviants, Ghaur, et Lyra, depuis le royaume de Lemuria. L'objectif est la fameuse Couronne des Serpents, et le retour sur notre plan d'existence du Dieu Seth, voué au mal. Et ça commence de manière assez absurde, avec Ghaul (désincarné) qui agresse le Silver Surfer et file droit vers la Terre après avoir parasité sa planche à la manière d'un virus. Cap sur la cité de Lemuria, donc, branche rebelle d'Atlantis, pour le début d'un long plan tarabiscoté qui s'étale dans 14 parties pas toujours très digestes. Les royaumes sous-marins sont à l'honneur, puisque les méchants du jour englobent également Attuma, à cette époque installé sur le trône d'Atlantis à la place de Namor, et qui va participer à une attaque contre le monde de la surface afin de l'affaiblir et le rendre plus facile à vaincre. C'est ainsi que de nombreux héros vont se retrouver parties intégrantes du crossover, comme Iron Man et Namor qui sont les premiers à entrer vraiment dans la danse. Arrive ensuite la Société des Serpents, qui va servir pour les basses besognes, et aider à retrouver des artefacts nécessaires au rétablissement de Seth. Cette "société" est habituellement ennemie de Captain America, et on y trouve des costumes et des individus aussi folkloriques qu'improbables. Ici ils vont se frotter aux Uncanny X-Men dans une succession d'affrontements isolés. A partir de là, tout part en vrille et le scénario éclate en une multitude de pistes qui ont du mal à former un semble cohérent. On va voir apparaître Spider-Man dans l'affaire (avec des dessins de Rob Liefeld, mesdames et messieurs. Le pire ou le meilleur des années 90 anticipés dans ce numéro) mais aussi le Punisher, qui fait équipe avec Moon Knight pour contrer Viper et une drogue qui transforme ses victimes en serpents humains. Si Bill Reinhold nous régale avec des planches solides, structurés et fort soignées, on perd un peu de vue les premiers enjeux, surtout quand on se rappelle que tout a débuté dans l'espace avec le Surfer et une présence cosmique. Et cela continue aussi avec l'annual de Spectacular Spider-Man, qui est plus terre à terre et fait intervenir la Cape et l'Epee, toujours concernée lorsque des histoires de stupéfiant sont au menu. A ce point, tout de même, vous aurez noté que l'attaque d'Atlantis, ce n'est pas pour tout de suite...

C'est bien le problème avec cet Omnibus : la difficulté de coordonner les efforts, et la trop grande variété des titres et des héros concernés par cette attaque d'Atlantis. Difficile de faire cohabiter dans un même récit choral les mutants, le Punisher, le Silver Surfer et Daredevil, ou Iron Man. C'est pourtant ce que Marvel souhaitait faire, mais les bonnes intentions laissent souvent la place à des épisodes décousus, pas forcément inintéressants, mais qui paraissent s'insérer de force dans la grande trame, au grand dam de la logique ou de la continuité de l'action. Une action qui prend une tournure vicieuse lorsque Ghaur se met en tête de trouver des jeunes femmes à marier pour les différentes têtes du Serpent, et kidnappe donc des héroïnes aussi sexy que iconiques comme Miss Hulk, Jean Grey, ou encore Susan Storm des Fantastiques. On trouve aussi Dagger (l'Epée) qui a toujours été un des personnages les plus clairement attirants selon mes propres standards. Il faudra bien sur que les gros calibres montrent les muscles pour résoudre cette crise assez nébuleuse. Je veux parler des Avengers et des Fantastiques, les premiers cités étant à l'époque divisés en deux formations (côte ouest et est) mais toujours prêts à sauver le monde, avec l'aide du Docteur Strange. Le final manque clairement d'inspiration et de punch, avec une décision assez peu crédible, et l'intervention de forces extérieures qui laissent le lecteur avec un fort sentiment d'inachevé. On a déjà connu Roy Thomas plus incisif dans on écriture, ici épaulé par d'autres noms ronflants et adorés des fans, John Byrne notamment. Les numéros qui composent cet omnibus sont Surfer Annual 2 ; Iron Man Annual 10 ; Avengers West Coast 56, Annual 4 ; Marvel Comics Presents 26 ; Uncanny X-Men Annual 13 ; Amazing Spider-Man Annual 23 ; Punisher Annual 2 ; Spectacular Spider-Man Annual 9 ; Daredevil Annual 5 ; Avengers Annual 18 ; New Mutants 76, Annual 5 ; X-Factor Annual 4 ; Web of Spider-Man Annual 5 ; Thor Annual 14 ; Fantastic Four Annual 22. Reste la grande question : même s'il s'agit de matériel inédit pour beaucoup de lecteurs, pourquoi ce choix, pourquoi ce récit très daté et déconnecté de la réalité présente, sachant que 66 euros, ce n'est pas non plus une dépense à portée de toutes les bourses. Honnêtement, je ne trouve rien d'indispensable dans cette parution, loin de là. 


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JAY GARRICK : LE FLASH DU GOLDEN AGE

Jay Garrick. Un saladier ailé sur la tête... 
On l'annonce dans la seconde saison de la série télévisée. Il est un des chouchous des lecteurs les plus anciens. Sa version revisitée et mise à jour hante les pages du titre Earth 2 avec une incarnation vraiment moderne et sympathique. Mesdames et Messieurs, qui est vraiment Jay Garrick?
Il faut juste comprendre que Barry Allen, membre de la brigade scientifique de la police de Central City, n'est pas le premier Flash, mais le second. C'est Gardner Fox qui eut l'intuition de le lancer dans le grand bain, donnant ainsi naissance à l'ère dénommée du Silver Age. Mais avant l'argent, il y a l'or, et le Golden Age est l'apanage de l'ancêtre, dont nous parlons aujourd'hui. Jay est alors un joueur de football américain assez doué, qui évolue au sein de la Midwestern University, et qui est amoureux de la belle Joan Williams, qui considère ce sport comme une activité aussi brutale qu'infantile, au grand dam du soupirant. Un soir, c'est le patatrac : en maniant des éprouvettes contenant de l'eau lourde et des produits chimiques, Garrick fait tomber des ampoules qui se brisent, et le gaz qui s'échappe le plonge pendant plusieurs semaines dans un coma profond. Quand il se réveille, c'est pour constater quil possède désormais des pouvoirs liés à la super vitesse.
Tout va bien pour Jay, qui en quelques jours parvient déjà à utiliser au mieux ses nouveaux dons, à briller dans son activité sportive, et même à épouser Joan! Les premières aventures de ce Flash sont souvent aussi le prétexte à des rencontres avec d'autres justiciers costumés, comme peuvent l'être Atom, Green Lantern (Alan Scott, la première lanterne), Superman, ou Batman. Fort logiquement, il intègre la super équipe de la Justice Society of America, dont il est également le premier président.

All Star Comics, en 1951, marque la dernière vraie apparition de ce Jay là. Mais les super héros, qui ont du plomb dans l'aile à la fin de la seconde guerre mondiale vont vite réapparaître, avec en 1957 le déjà cité Gardner Fox, en compagnie de Carmine Infantino, pour donner naissance à  Barry Allen, dont les pouvoirs, la genèse, et même la vie sentimentale (la love story avec Iris West est plus  tourmentée mais débouchera pourtant sur un mariage plus tard). Une transition quasi parfaite, un héritier désigné. C'est en 1961 que les choses se compliquent et deviennent passionnantes. Lors de l'aventure dite du Flash des deux mondes, Barry parvient à pénétrer dans une réalité parallèle, et il y rencontre notre bon vieux Jay, qui sort ainsi de la naphtaline. A partir de ce moment, et pour justifier l'existence des héros d'autrefois dans un univers alternatif, celui-ci sera communément appelé Terre 2, en opposition avec la réalité présentée depuis l'aube du Silver Age. Jay et Barry vont d'emblée se sentir liés et nouer une relation solide basée sur l'admiration et le respect, confortée par des combats communs contre des adversaires tels que le Trickster ou Vandal Savage. Lors de la grande saga Crisis on Infinite Earths, l'ensemble du multivers Dc est annulé, afin de rendre plus claire et lisible la continuity de l'éditeur. Les origines de Jay Garrick sont alors transposées sur la seule et unique Terre existante (Terre 1) et il devient une sorte de mentor, le vieux sage de la vitesse, toujours prêts à guider et éclairer ceux qui vont hériter du don de la Force Véloce. On le retrouve de nouveau dans la nouvelle version de la JSA, dans les années 2000, avant que les New 52 ne viennent à nouveau changer la donne, au point que dans cette toute nouvelle version des héros Dc, Jay Garrick devienne un jeune homme qui se voit offrir des pouvoirs par le Dieu Mercure lui même, dans le titre Earth 2. Garrick a de nouveau basculé dans une réalité parallèle à la notre! Coté pouvoirs, et sans être aussi rapide que les autres Flash après lui, Jay puise aussi dans la Force Véloce, est capable de courir à une vitesse surhumaine (donc sur l'eau, à la verticale des immeubles...), et il parvient à vibrer entre les dimensions. Cette vibration est la conséquence de la grande maîtrise de ses pouvoirs, et lui consent de passer à travers les objets, tout comme les projectiles le traversent sans le blesser. Bien sur ces caractéristiques sont celles du Jay Garrick "classic" et pas du néophyte aperçu dans Earth 2 (New 52) qui lui est encore en phase d'apprentissage. La curiosité est grande, vous l'aurez compris, de voir ce que sera le personnage dans la série télévisée proposée par CW. Ce sera en tous les cas une des grandes raisons pour lesquelles il faudra guetter le retour de The Flash sur les petits écrans. Une série cool et divertissante, qui n'envisage pas de se prendre pour ce qu'elle n'est pas, et qui devrait être un excellent prétexte pour introduire tout une ribambelle de nouveaux héros et vilains à super pouvoirs. 


Photo de Teddy Sears, l'acteur qui sera Jay dans la saison 2 de The Flash 



JUSTICE LEAGUE AUX ORIGINES (DC COMICS LE MEILLEUR DES SUPER-HEROS TOME 4 CHEZ EAGLEMOSS)

Le quatrième volume de la collection proposée par Eaglemoss est aussi le premier consacré à un groupe de super-héros, plutôt qu'à un individu seul, comme Batman ou Superman. C'est parti pour notre point bimensuel sur cette initiative en partenariat avec Urban Comics, et la review du jour.
Cet album est un tournant important pour la maison d'édition Dc puisque c'est la première aventure post New 52 (une sorte de grand redémarrage de toutes les séries de l'éditeur) et il a une mission capitale : reprendre à la racine les premiers instants en commun des plus grands super-héros, la genèse de leur association, les premiers pas en bonne compagnie. Que peut-on lire dans ces épisodes? Tout d'abord, l'action ne se situe pas dans le présent, mais "il y a cinq ans, à une époque où les gens ne savaient rien des super-héros". D'entrée, on sent que la reconstruction va être longue, probablement totale, sûrement passionnante. Les nostalgiques pleurent à chaudes larmes, tout est donc à refaire? Quelle prise de risque, quelle folie, ou quel coup de génie? En attendant, pleins feux sur Batman, qui est traqué sur les toits de Gotham City (très belle Gotham que cette sombre ville vue par Jim Lee, qui la connaît bien) mais aussi  lui même à la poursuite d'une créature extraterrestre venue commettre un acte de terrorisme. Il reçoit un précieux renfort en la personne de Hal Jordan, c'est à dire Green Lantern , et la chimie entre les deux repose d'emblée sur leurs différences basiques, à savoir un être doté d'un anneau qui lui confère une puissance quasi illimitée, et de l'autre un simple athlète déguisé en chauve souris. Leur antagoniste alien frappe et laisse échapper un nom : Darkseid. Qui du coup, reboot oblige, n'évoque rien aux deux héros (Dark side, plaisantent-ils...). Par contre, ils ont une petite idée derrière la tête : puisque nous en sommes à donner la chasse aux extraterrestres, pourquoi ne pas faire un saut à Metropolis, où un certain Superman aurait été signalé, et s'assurer qu'il n'est pour rien dans cette histoire... L'occasion de (re)découvrir l'homme de Krypton dans son nouveau costume, et qui n'est pas très heureux qu'on vienne lui chercher des poux dans la tête, à domicile. Un classique jeu de quiproquo comme au bon vieux temps du Silver Age, lorsque nos héros commençaient d'abord par se taper dessus, avant de devenir amis comme cochon. 

Les lecteurs Dc seront heureux de savoir que la nouvelle Justice League se construit peu à peu, page après page. Wonder Woman, Flash, le destin de Cyborg, tout ce que nous connaissions déjà est ici lentement reproposé, revisité, et c'est une véritable manne pour le néophyte, qui aurait toujours voulu se mettre à Dc sans oser franchir le pas, trop dépaysé par la faune locale en spandex. Cette fois plus d'excuse, le récit est d'une clarté exemplaire, met en place tout un univers, héros et vilains de légende, qui sera accessible à tous, sans exception. Geoff Johns est bien sur le grand démiurge derrière cet album. Et Jim Lee, évidemment. Il est indéniable que ce n'est pas son meilleur travail à ce jour, qu'on l'a déjà vu plus appliqué sur les seconds plans, et sur certaines expressions faciales. Mais nous parlons toujours du grand Jim, c'est à dire un artiste qui même avec un bras dans le plâtre, n'a pas son pareil pour rendre des planches plastiquement réjouissantes, et imprimer du mouvement et de la force, case après case. Personne d'autre que lui n'est capable de présenter instantanément un aréopage de surhommes iconiques et fiers, et de donner à l'héroïsme un visage et une consistance en quelques coups de crayon. Ce premier récit de la Justice League nouvelle mouture est tout simplement réjouissant. Vous ne pouvez pas le rater. Pas parce que c'est une histoire bouleversante, une trouvaille inédite (au contraire, à ce niveau il y avait mieux à faire), mais parce qu'il porte en son sein les germes de ce qui va constituer la troisième jeunesse  d'un des plus grands éditeurs de comic-books, et qui offre de la sorte une porte d'entrée immanquable et remarquable vers son univers narratif. Un choix évident et pratiquement obligé pour Eaglemoss, pour vous faire plaisir, et à offrir à celles et ceux qui hésitent encore à franchir le pas. 


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SECRET WARS : MASTER OF KUNG FU #1 #2

Il ne faut pas vous fier aux apparences. Ce n'est pas parce que votre victime semble être un alcoolique paumé qu'il sera une proie facile. Surtout si derrière les vapeurs éthyliques se cache un certain Shang-Chi, fils de l'Empereur Zengh Zu, et maître de neuf des dix techniques de l'anneau. Bienvenue dans l'univers impitoyable du kung Fu, sur les terres de K'Un Lun, en pleine Secret Wars, sur la planète du Battleword. Quand on vous dit que tout est possible, et que tous les genres seront abordés durant ces Guerres Secrètes, il va falloir nous croire. Haden Blakman ne déroge pas au cahier des charges dès qu'il s'agit d'arts martiaux : le parcours classique veut que nous partions d'un individu isolé, pas toujours en position de force, loin de là, un outsider, destiné à devenir le Champion, celui va défendre les siens ou sa contrée, tout en maîtrisant et transmettant un savoir millénaire. Le premier numéro est une introduction par moments didactiques, avec toute l'histoire du royaume. On y apprend les grandes batailles du passé, les clans et les liens entre les différents personnages, qui et pourquoi certains commandent et d'autres trament dans l'ombre. Shang-Chi au départ est encore en train de cuver sa dernière bouteille, quand il est provoqué par des hommes de l'Empereur, ce qui est aussi le bon prétexte pour introduire ses liens avec le souverain des lieux. Vainqueur, mais fugitif, le héros va se retrouver mêlé et associé avec d'autres figures récurrentes de l'univers Marvel, que nous allons retrouver cuisinées à une sauce mystico-martiale. On aperçoit Rhane Sinclair, Bullseye, Razor et Iron Fist, Caliban, Cypher, et bien d'autres encore. Dalibor Talajic est en pleine forme et ses dessins sont très réussis. Des différents clans bien caractérisés, aux scènes de combat (nombreuses) qui associent la coolitude d'un héros ivre et l'efficacité de techniques redoutables, il n'y a pas grand chose à pointer du doigt dans cette série, qui bénéficie également du travail sur la couleur de Miroslav Mrva, en accord complet avec les intentions des auteurs. Et même si le héros de l'histoire semble vouloir s'en tenir à un chemin pacifique et snober son rôle d'instructeur et de passeur de savoir, il suffit de trouver le bon aiguillon, et voici que l'art du Kung Fu devient une grande leçon de vie, sur comment se dépasser, comment vaincre ses tares, et comment lutter et triompher de l'adversité quand celle ci semble vous dépasser, de la tête et des épaules. Au passage, grande nouvelle pour les amateurs du genre, les 125 épisodes historiques de la légendaire série Master of Kung Fu d'il y a plusieurs décennies vont être proposés en 2016 par Marvel, sous la forme de quatre gros omnibus en Vo. Petit scarabée, les comics, c'est plus fort que toi!



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TRADING CARDS : LE SPIDER-VERSE EN 1994

Amis fans de comics, il se peut que vous soyez intéressés également par les fameuses trading cards. Les cartes à collectionner, qui outre la valeur affective et la qualité artistique des dessins présentés, sont aussi parfois de petites mines d'or informatives au dos. On remonte le temps ce mardi, en 1994, pour aller à la rencontre d'un set de cartes consacrées à Spider-Man. Tout y est passé, des amis aux ennemis, des pouvoirs aux grands moments, bref, c'était aussi une excellente façon de faire le point, à l'époque, sur l'intégralité (ou presque) du Spider-Verse. Qui depuis a beaucoup changé; alors place à quelques cartes qui sentent bon la nostalgie et les grandes heures des années 90.


Venom, quand il s'agissait de Eddie Brock. Les aventures dessinées par McFarlane restent des moments épiques


Quand Spider-Man devint Captain Universe, au cours des Actes de Vengeance. Et envoya Hulk sur orbite, d'un seul coup de poing!


Lui c'est un ennemi acharné, qui revient encore et encore. Le Chacal, maître d'oeuvre d'une longue et épuisante saga du Clone...


Ami ou ennemi? En tous les cas le costume était superbe. Cardiac, où comment rendre la justice et faire un infarctus. On l'a revu il y a peu durant Superior SM


Que deviendra le Green Goblin dans un proche futur? Norman Osborn s'est fait refaire le visage, et on attend la prochaine grande confrontation. Ici le costume classique


Carrion. Effrayant. Il vous touche et vous êtes "refait". Un vilain qui m'avait marqué à l'époque, sous les crayons de Sal Buscema.


Le Kingpin dans sa version classique, avec canne à boule. Depuis la série Marvel's Daredevil et Vincent D'Onofrio ont donné un sacré coup de vieux à cet avatar en costard blanc


Le Caméléon. Pourquoi je l'ai choisi? Parce qu'il me rappelle cette saga des vrais faux parents de Peter, que j'avais trouvé passionnante durant mes années lycée. Mea Culpa.


Electro. Le cinéma a imposé bien du changement dans son look. Pourtant, quoi de plus flashy que ce chapeau en forme d'éclair et le costume vert et jaune? 

PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...