MARVEL'S DAREDEVIL - SAISON 2 - Bande-annonce officielle - Netflix

Hasard du calendrier, alors que ce matin nous vous proposions, à l'heure du petit-déjeuner, de lire notre critique du Daredevil de Bendis et Maleev (de retour, pour celles et ceux qui ne l'ont jamais lu, dans la collection Marvel Select) voici qu'arrive le trailer officiel de la saison two de Marvel's Daredevil, chez Netflix. Bref, la série qui nous a le plus marqué en 2015, avec en cadeau bonus le Punisher, et aussi Elektra. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais nous sommes déjà impatients d'être à la mi-mars pour découvrir cette nouvelle livraison d'épisodes qui vont faire date!




LE DAREDEVIL DE BENDIS ET MALEEV REVIENT EN MARVEL SELECT (Tome 1 : LE SCOOP)

Il est totalement légitime de penser que le cycle d'histoires réalisées par Brian Bendis et Alex Maleev est entré de plein-pied dans le Panthéon du comic-book mondial. Nous avons là en effet un run de qualité excellente, crédible, et ultra intelligent que Panini propose à nouveau à partir de ce mois-ci dans la collection Marvel Select à un prix fort raisonnable. Il s'agit simplement d'une sorte d'extraordinaire roman graphique urbain et divisé en 51 épisodes; il est tout à fait logique de placer ce cycle sur un pied d'égalité avec des monuments comme les X-Men de Chris Claremont John Byrne, le Thor de Walter Simonson où le Daredevil de Frank Miller par exemple. Miller (puisque nous l'évoquons) avait choisi de plonger le personnage dans un univers hard boiled assemblé autour d'histoires désespérées, de pourriture urbaine, d'une violence omniprésente et de frontières mal définies entre le bien et le mal. Lorsque Bendis démarre son travail sur Daredevil au numéro 16, avec David Mack au dessin, il choisit comme idée directrice une trame inspirée du genre noir, et puise son inspiration dans le rythme nerveux et ultra sombre de James Ellroy, avec quelques clins d'œil à Quentin Tarantino et le style cru et réaliste d'une série comme les Sopranos. Le premier véritable arc narratif est ainsi un chef-d'œuvre en tous points parfaits; il permet de regrouper tous les personnages de la série, de jouer intelligemment avec les interactions entre tous ces intervenants, dont les caractéristiques sont mises violemment à nu. L'histoire oscille entre le présent et le passé et finit par assumer un ton qui la fait ressembler à une tragédie shakespearienne. Daredevil, Matt Murdock, Foggy Nelson, les hommes de main du Caïd et la famille Fisk tout entière se retrouvent pris au piège de la machine de précision diabolique de Brian Bendis. Le fragile équilibre qui permet à la structure en place de se maintenir cahin caha explose lorsque quelqu'un tente d'assassiner Murdock à la sortie du tribunal, et lorsque Wilson Fisk est victime d'une basse trahison, et poignardé sauvagement. Hell's Kitchen s'enflamme et devient plus que jamais les cuisines de l'enfer, où tout le monde s'apprête à rôtir. 


Le pire des dangers, pour Daredevil, ne provient pas forcément des types en costumes et aux super-pouvoirs, mais se niche plutôt dans les bas fonds de la ville, les gangs et les petits truands, la guerre de succession qui risque d'exploser si le Caïd est évincé. Le héros, tache écarlate qui déchire la grisaille et l'étouffante noirceur mise en place par Matt Hollingsworth (complice aux couleurs de Maleev) bondit d'une page à l'autre, et se retrouve coincé entre le marteau et l'enclume, sa vie privée mise à jamais en danger par un "scoop", une révélation aussi inattendue qu'inéluctable, qui a pour conséquence de faire voler en éclat son existence, son équilibre déjà précaire. Bien sur, cette exploration de l'intime violé et d'une vie foulée aux pieds est magnifié par le boulot irréprochable d'un artiste de la trempe d'Alex Maleev. Observez donc l'économie de mouvement et la précision des expressions, dans certaines planches quasi photographiques, qui s'accordent à merveille avec le style tout à tour taiseux (beaucoup de moments silencieux) et frétillant (Bendis écrit des dialogues fort naturels qui empruntent beaucoup aux codes en vigueur dans les séries télévisées modernes) du scénariste. La pertinence des angles de vue, le découpage racé et dynamique qui plonge le lecteur dans l'urgence et le désespoir de Matt, tout cela c'est la marque de fabrique de Maleev, qui crédibilise au maximum ce récit incontournable dans la vie du Diable de Hells Kitchen. Récit qui dès le départ ne s'offre pas sans un minimum d'efforts. Bendis choisit d'effectuer des allers retour temporels, des ellipses, de se focaliser sur les personnages qui d'habitude ne mériteraient pas plus d'une vignette de la part des autres artistes; ou encore il ralentit et dilate l'action  par de menus détails insignifiants sur le moment mais qui ont pour effet de renforcer l'immersion du lecteur dans ce polar sombre et impitoyable. Au fil des épisodes l'évidence est là : Bendis signe ce qui est le chef d'oeuvre de toute une (riche) carrière, et chaque regard (Ben Urich, Vanessa Fisk ...) est une fenêtre grande ouverte sur le microcosme névrosé de Daredevil, qui réussit le tour de force d'explorer cet univers encore plus en profondeur que ne le fit Miller en son temps. Ceux d'entre vous qui n'ont jamais lu cette tranche de vie absolue de Matt Murdock, ou ne la possèdent pas dans leurs bibliothèques, ont donc une nouvelle chance de combler cette lacune. Cette fois pas de doute ou d'hésitation : le cycle de Bendis et Maleev est in-con-tour-na-ble. 




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LA COVER DE LA SEMAINE (semaine 10)

Comme chaque dimanche, l'heure est venue de voir un peu ce que les sorties de mercredi dernier nous ont apportés, au niveau de la couverture. Des covers de toute beauté, avec à la clé une question existentielle : quelle est la plus réussie? C'est parti donc avec un assortiment qui vaut le détour, illustrée par une sélection riche et nourrie.

Au menu : 

All-New Hawkeye #4 de Ramon Perez
All-New Wolverine #5 de Bengal et Michael Cho
All-New X-Men #4 de Mark Bagley
Batman #49 de Yanick Paquette
Catwoman #49 de Joshua Middleton
Constantine: The Hellblazer #9 de Riley Rossmo
Darth Vader #16 de Mark Brooks
DC Comics Bombshells #9 de Ant Lucia
Deadpool #7 variant de Skottie Young
Gotham Academy #15 de Mingjue Helen Chen
Low #11 de Greg Tocchini
Ms. Marvel #4 de David Lopez
New Romancer #3 de Brett Parson
Old Man Logan #2 variant de Michael Cho
Red Wolf #3 de Julian Totino Tedesco
Silk #4 de Helen Chen
Spider-Gwen #5 variant de Michael Cho
The Legend of Wonder Woman #2 de Renae De Liz
Weirdworld #3 de Mike Del Mundo





















MARVEL UNIVERSE HS 1 : DEADPOOL Vs THANOS

Après avoir éliminé le Marvel Universe au complet, et s'être frotté à des zombies et des versions de lui-même, Deadpool est aux prises avec Thanos, et passe un sale quart d'heure d'emblée, bien qu'on devine que pour s'en débarrasser, ce n'est pas chose aisée. Dans cette mini-série, on a droit à un peut tout et n'importe quoi. Une sorte de relation à trois qui va impliquer le mercenaire disert, Thanos, et la Mort en personne. Le péril est l'impossibilité désormais de mourir dans tout l'univers, qui dérègle fortement la balance cosmique, et éloigne le péril suprême qui plane au dessus de la tête de toutes les créatures, à savoir la fin de leurs existences. Au milieu de tout cela, des blagues pas forcément heureuses, un humour pas très subtil et surtout sans grand sens de la profondeur et sans grande inspiration. Bien que ce ne soit finalement pas si important dans l'économie de ce titre potache, et en pleines Secret Wars (en Vf), c'est le flashback face à Fatalis (en tenue de détente, petit shorty et masque en fer, jambes loin d'être épilés) qui est le plus drôle dans cette affaire. Passé ce face à face qui fait sourire, le reste est en panne sèche. Le duel entre Deadpool et Thanos se justifier par le fait que ce dernier a lancé une malédiction à l'encontre de son adversaire, voilà quelques temps, lui interdisant les portes de la mort, en le rendant immortel. Il faut dire que Wade Wilson avait également manifesté des vues intéressées sur la personne royale de sa Majesté Death, qui est, comme chaque lecteur de comics Marvel le sait, la seule et unique flamme du Titan fou, pour qui il a déjà eu l'idée saugrenue de sacrifier la moitié de la population de l'univers (Infinity Gauntlet). Cette fois Thanos n'a pas le choix, car celle qu'il désire s'est manifestée uniquement à Deadpool, pour lui faire part de sa captivité, et demander de l'aide. Qui a bien pu avoir l'audace et le pouvoir pour emprisonner la mort elle-même. Les deux larrons improbables mènent l'enquête. 

Au départ, ça ressemble à un hit annoncé, avec d'un coté un mercenaire déjanté qui affole souvent les chiffres de vente et bénéficie de l'effet cinématographique, et de l'autre le grand méchant le plus hype du moment, et futur star du prochain film des Avengers. Et puis en fait, pas grand chose. La rencontre tant attendue de l'univers loufoque du premier cité, avec la majesté sinistre du second accouche d'un produit hybride qui ne se prend pas au sérieux, mais ne prend pas non plus très au sérieux ses lecteurs.  Tim Seeley a commis une grosse faute en écrivant ce titre, à mon avis. Celle de faire descendre Thanos de son piédestal pour l'abaisser au même statut que Deadpool. Du mauvais Deadpool, c'est à dire ce personnage parfois utilisé et usé jusqu'à la corde, pour soutirer quelques ventes de plus, avec des vannes approximatives pour maintenir un fragile édifice qui autrement s'effondrerait sur le néant.  Certaines scènes ne sont plus de l'ordre du divertissement, ou du clin d'oeil aux lecteurs avides de références pop-culture, mais tout simplement un étalage de mauvais goûts, sans grand intérêt. Par exemple, quand Deadpool roule un patin, toute langue dehors, au cadavre de Charon, dans les enfers. Elmo Bondoc fait de son mieux pour rehausser l'ensemble avec des dessins que j'estime globalement réussis, suffisamment détaillés et cohérents, même si nous notons ça et là de petites baisses de régime dans quelques cases un peu plus rapidement expédiées. Deadpool Vs Thanos est au milieu du gué et refuse de faire la traversée : Ce n'est pas une vraie comédie avec une tonne de jokes assénées avec un timing redoutable (Duggan & Posehn par exemple, qui ont en plus le mérite de rendre humain et attachant Wade, avant d'aborder Deadpool, le héros), ce n'est pas non plus ce face à face grandiloquent et redouté, avec Thanos dans les parages. C'est juste une récréation qui met les plats dans le plat, et profite des caractéristiques du mercenaire disert pour raconter tout et n'importe quoi. A peu près n'importe comment. 



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JUPITER'S LEGACY TOME 1 : LUTTE DE POUVOIRS

Que ce soit avec The Authority, Civil War ou bien les Ultimates Mark Millar a toujours pris plaisir à mélanger le monde fantastique du super héroïsme avec celui beaucoup plus réaliste et cynique de la politique américaine et internationale. Ce style particulièrement acide et qui donne de l'urticaire est la marque de fabrique d'un scénariste incontournable, qui a choisi ces dernières années de fonder son propre label pour tisser un univers en marge des grosses compagnies du comic-book. Avec Jupiter's Legacy Mark Millar ne se dément pas et va même encore plus loin si cela est possible dans le concept de méta-humains qu'il a mis sur pied. Ici les super-héros existent depuis les années 30 (le récit démarre en 1932, année où est apparu le Superman de Siegel et Shuster) et ils ont aidé l'humanité à venir à bout des plus grands ennemis de l'Histoire, à savoir la Grande Dépression en 1929 puis la Seconde Guerre mondiale. L'Utopien et sa femme Lady Liberty ont pris en main le monde entier et ce sont leurs exploits qui ont guidé l'humanité jusqu'au 21e siècle; puis ils ont eu deux fils, Chloé et Brandon, les co-protagonistes de cette histoire, qui doivent assumer l'héritage de leurs parents et accepter d'être bien malgré eux d'être les stars du moment, à une heure ou une nouvelle crise financière est en train de détruire l'économie et ou des nouveaux théâtres de guerre apparaissent chaque jour sur le globe. Mais est-ce bien quelque chose qui les intéresse..? Ces deux-là ont tout un tas de problèmes, ce sont des enfants gâtés et malmenés, ils cherchent la célébrité et versent dans les excès. En gros c'est un peu comme si vous aviez confié des supers pouvoirs à Lady Gaga ou Paris Hilton... ils manquent de cet esprit altruiste et de cette éthique morale qui sont nécessaires lorsqu'on revêt un costume de super-héros et qu'on a pour mission de protéger les plus faibles contre les super-vilains. On retrouve la fille en situation d'overdose et avec une grossesse inattendue, alors que le fiston fréquente les boîtes branchés et branchent les filles dans les toilettes. Les pauvres n'ont rien demandé, après tout!

La relation entre parents et fils ressemble parfois à une tragédie shakespearienne aux accents oedipiens. Difficile de grandir sainement quand les modèles parentaux sont des parangons de vertu, des êtres aux super-pouvoirs toujours parfait, gentils, efficaces, serviables. La mère de Chloe, à presque cent ans, reste une femme belle et entourée de soupirants qui fait de l'ombre à sa fille, par exemple. Reste un cas d'école, l'oncle Walter, doté d'un cerveau super développé et capable de manipuler les esprits, féru d'économie, qui souhaite redresser les finances de la planète par le biais d'un système qui lui est propre, sans scrupules, tel un apprenti sorcier. Millar s'en donne à cœur joie et ne cesse de surprendre le lecteur avec de nombreux coups de théâtre et un changement imprévu de direction en cours de route. Ses personnages sont intéressants car non seulement ils incarnent le révisionnisme super-heroique, à savoir cette nouvelle génération de héros plus réalistes et modernes, qui supplantent les anciens, mais ils sont aussi l'essence même de ce qui permet au lecteur de s'évader de la réalité et de se fondre dans un récit en bande dessinée. Chloé et Brandon en réalité les créatures putatives d'auteurs comme Alan Moore et Frank Miller, et cet album est chargé en clin d'œil et citations de Hamlet à King Kong en passant par la série Lost ou Star Wars. L'héroïsme est passé à la moulinette post-moderne de la praticité, de la réalité géo-politique et de ses enjeux, puis digéré et assimilé par l'esprit nihiliste des temps qui rend toute chose, tout espoir, aussi vain qu'illusoire. Frank Quitely se charge d'illustrer l'ensemble avec le style particulier qui lui est propre, délaissant les fonds de case et le détail réaliste pour se concentrer sur les personnages, leurs luttes intestines, leurs déboires. Un parti pris vers l'humanisation de super humains. Dans Jupiter's Legacy Millar réussit même à se citer lui-même à plusieurs reprises; une oeuvre dérangeante véritablement intrigante qui fonctionne à plusieurs niveaux et qui vient nous rappeler combien le génial écossais est un auteur de grand talent qui manque cruellement au grandes majors du comic-book américain, qui n'ont ni les moyens ni la verve nécessaire, la plupart du temps, pour se libérer des carcans et produire des oeuvres aussi originales et marquantes. 


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DEADPOOL : LES ORIGINES (MARVEL VINTAGE)

Le succès rencontré par Deadpool lors de ses premières apparitions dans le titre New Mutants fut tel, en son temps, que Marvel eut très vite l'idée de lancer une première mini-série, puis une seconde, afin de tester le potentiel du personnage en solo, face aux lecteurs. The Circle Chase, qui inaugure cette initiative, est scénarisée par Fabian Nicieza et illustrée par Joe Madureira. Oui, vous avez bien lu, cet artiste ultra doué qui fait exploser chacune de ses pages avec un sens inné de l'action et du spectaculaire, et qui en était encore aux prémices de sa carrière. On se replace d'emblée dans la continuité de ce que Liefeld a raconté (avec Fabian Nicieza) avec les Nouveaux Mutants. A savoir que c'est un certain Tolliver qui est à la base du récit. Son décès a entraîné une lutte farouche entre concurrents qui se disputent le privilège de mettre la main sur son testament. Pas de documents chez le notaire ou de fortune caché, mais plutôt l'arme la plus redoutable du monde, qui sera pour le premier qui parviendra à rassembler les bonnes informations, et s'en emparer. Histoire oblige, c'est du coté de Sarajevo que nous retrouvons Deadpool, au milieu des balles perdues et d'une guerre moribonde qui n'a cesse de laisser derrière elle morts et destruction. Un groupe lourdement armé est chargé de l'éliminer, et pour compliquer les choses, voilà que ce bon vieux Wade Wilson a quelques pépins avec son facteur auto-guérisseur, qui n'est plus aussi efficace et performant qu'autrefois. Dommage, car des poids lourds vont se joindre à la course au testament de Tolliver. Le lecteur va donc croiser, pour des raisons multiples, le chemin de Black Tom Cassidy, du Fléau, de Kane Garrison (l'Arme X). Ne cherchez pas à lire entre les lignes pour aller cueillir un peu de saine philosophie, ou vous gargariser de méta-bande dessinée, ici nous sommes face à quatre épisodes d'action explosive pure et dure, où le but est d'en jeter un maximum aux yeux des fans des années 90. Dire que ça n'a pas très bien vieilli relève de l'évidence, mais ceux qui ont découvert ces pages avec le mensuel Strange gardent toujours de l'affection pour ce type de comics testostéronés. Ma foi, ça se laisse lire. 


Place ensuite à Mark Waid, scénariste émérite, qui a déjà touché, dans sa carrière, à plus ou moins tous les héros de la galaxie Marvel. Sins of the past nous emmène dans un bar miteux où Deadpool sirote sa bière et offre au lecteur dégoûté les ravages de son visage peu ragoûtant, sans le masque. Là encore le voici pris à parti par des adversaires armés, et là encore un concours de circonstances lui permet de faire équipe avec les membres de la famille Cassidy (Le Hurleur et sa fille, la rouquine Theresa). Cyrène est jeune, jolie, n'a pas froid aux yeux, bref il n'en faut pas tant pour faire tourner la tête du mercenaire qui s'imaginerait bien faire deux trois petites choses avec la donzelle...sauf qu'il a conscience d'être une caricature humaine, et que cette réalité le bouleverse régulièrement, au point de se montrer bourru et distant lorsque la demoiselle veut simplement être prévenante. Tout ce beau monde est une fois de plus confronté au Fleau, qui agit pour le compte de Black Tom Cassidy, infecté par un virus qui le dévore et le transforme en une sorte d'affreux végétal à l'écorce répugnante. Histoire de famille donc, avec secrets et trahisons à l'irlandaise, et un Deadpool pris entre plusieurs feux, tout occupé également à mettre la main sur le docteur Killebrew, qui a participé à sa "création" dans le cadre de l'Arme X, et a échapper à Peyer, un ancien barbouze qui a laissé des plumes au combat par ce qu'il estime sa faute. Là encore l'action et le spectaculaire l'emporte largement sur la trame du récit, bien que des moments intimistes assez brefs ajoutent plus d'humanité dans cette seconde partie. Le dessin de Ian Churchill est très expressif et ombrageux, avec un petit coté McFarlane et des personnages tout en puissance qui explosent la case et semblent en sortir avec impétuosité. On relèvera aussi quelques planches signées Lee Weeks et Ken Lashley (lui aussi sous forte influence années 90, et pour cause!) qui complètent l'ensemble. Cela donne un album intéressant et à valeur de document historique, de ce que pouvait être le style et les attentes dans cette décennie si frénétique, avec en toile de fond l'évolution d'un personnage qui commençait à s'affirmer, encore loin de la star qu'il est devenu de nos jours, par la grâce du film sorti cette semaine. Les origines, quoi. 




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DEADPOOL TOME 3 : LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND

Deadpool n'a jamais été un modèle de stabilité psychologique mais c'est encore pire depuis qu'il abrite dans son esprit celui de l'ancien agent du SHIELD Émilie Preston. Celle-ci est morte dans le tome 1 de la série actuelle et depuis c'est le mercenaire le plus bavard de la planète qui héberge ce qui reste d'elle. Conséquences imprévues de cette cohabitation, Deadpool s'est rendu compte qu'il est est régulièrement kidnappé et anesthésié par une mystérieuse organisation, qui en profite pour lui prélever des organes. Bien entendu il se doute que son facteur auto guérisseur a quelque chose à voir dans cette affaire des plus sordides... Ce tome 3 joue sur plusieurs niveaux et se relève très intelligent; il démarre avec un récit situé dans les années 70 où Deadpool fait équipe avec les héros à louer de l'époque, à savoir Iron Fist et Luke Cage (version tiare sur le front). L'épisode est intégralement écrit et dessiné dans le style de l'époque, c'est-à-dire avec un vocabulaire, des tics de narration et un look graphique totalement convaincant, comme si vous y étiez à nouveau. Le méchant de l'histoire s'appelle L'Homme blanc, doté d'une sorte de pistolet capable de pétrifier les victimes. Il s'en prend à une commerçante dont la fille particulièrement avenante et séduisante fais tourner la tête de Wade Wilson. A l'issue d'un combat aussi rocambolesque que délirant l'homme blanc est à son tour pétrifié, et il va passer plusieurs décennies dans cet état immobile jusqu'à ce que malencontreusement il soit réveillé à notre époque. Cette parenthèse faussement tirée des seventies débouche donc ensuite sur une aventure totalement contemporaine dont les origines ont été inventées de toutes pièces et ont des conséquences directes sur l'avenir proche du personnage. si l'Homme blanc fini par être neutralisé Deadpool en apprend plus sur les ennemis qui l'utilisent comme un cobaye chargé de pièces de rechange; à partir de là l'humour se crispe et l'aventure devient plus tragique qu'à l'accoutumée. 

C'est tout le run de Duggan et Posehn qui s'illumine de la sorte, et se révèle pour ce qu'il est vraiment. Non pas une énième blague potache avec des références pop et des blagues sous la ceinture, mais une oeuvre beaucoup plus sensible, où Deadpool n'apparaît plus comme ce mercenaire cinglé qui n'en fait qu'à ses têtes, et devient une victime tragique et pathétique, dont les sentiments affleurent de manière si évidente qu'il ne parvient plus à les dissimuler. Nous allons donc revenir en détail sur les tortures subies durant son traitement du cancer, qui s'est transformé en expériences tordues et illégales. Un parallèle fort intéressant est tracé avec ce qui est arrivé à Wolverine (dans la saga Weapon X de Windsor Smith), et notamment la peur à combattre quand l'individu renoue avec la liberté (chacun gère cela à sa façon, qui par la violence animale, qui par l'humour et l'absurde, voire la folie). Les auteurs offrent aussi une descendance au héros, ce qui permet clairement de voir poindre l'homme derrière le personnage. De plus, cette fille présumée qui est insérée dans un contexte des plus tragiques, accentue davantage la fragilité de Deadpool, qui par la grâce de ces épisodes a la possibilité formidable de devenir quelqu'un d'autre, tout en gardant bien entendu les caractéristiques qui font du personnage un des chouchous des lecteurs. Deadpool peut enfin être Wade Wilson, en se débarrassant d'une épreuve, d'une menace permanente dont nous ignorions tout mais que les auteurs sont parvenus à rendre crédible en quelques mois, et par la grâce de moments forts en émotions (qui eut pensé écrire ce genre de choses sur cette série?) qui nous prouve qu'il est toujours possible, avec de bonnes idées et un talent inné pour la narration, de surprendre le lecteur et de lui mitonner l'impensable, pour son plus grand bien. A peine s'il me reste la place pour ajouter que le dessin de Declan Shalvey, ici dans un style plus conventionnel que celui adopté dans Moon Knight, permet une lisibilité agréable de l'ensemble, que je vous recommande chaudement. ce que j'ai lu de mieux au sujet de Deadpool depuis... la création de Deadpool. Promis juré. 


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