TIME RUNS OUT TOME 4 : LA FIN DE TOUT POUR LES AVENGERS DE JONATHAN HICKMAN

L'heure est venue d'en finir et de faire tomber les derniers masques. C'est un peu cela, le constat qui domine dans ce "Time runs out" chapitre quatre. Le Docteur Strange en est le héros malgré lui. Il a beaucoup sacrifié pour accéder à un niveau de pouvoir jamais atteint, et percer les secrets de la fin de tout, qui menace inéluctablement la création. Avec les Prêtres Noirs à son service, Stephen Strange va enfin parvenir à se frayer un chemin jusqu'aux bibliothèques encore existantes, là où il va se retrouvé piégé et vaincu par des soeurs Noires. Le lecteur attendait ce moment, car cela faisait des mois qu'il tentait de percer l'identité secrète de Rabum Alal, qui semblait être le maître de la dernière chance, en coulisses. En fait, le mystère est éventé quand Strange se retrouve en présence de Fatalis. Ces deux-là se connaissent bien, et le dictateur de Latvérie n'est pas seulement un technicien et un politicien retors, c'est aussi un mage très porté sur le mysticisme, comme nous le rappelle l'album splendide (et présenté en format géant) qui associent les deux personnages, réédité par Panini le mois dernier. Pour une fois, l'humanité pourrait bien devoir une fière chandelle à Fatalis. Si d'habitude il est ce fou avide de pouvoir qui s'asseoit sur les libertés d'expression et individuelles, cette fois le voilà unique rempart contre ce qui va arriver, à savoir défier les Beyonders qui sont en train de précipiter la fin de tout. Les héros sont tous mobilisés, et prêts à se sacrifier sans arrière pensée, comme Thor et Hyperion, qui sont ensemble dans un dernier baroud d'honneur poignant, dont l'issue est forcément l'anéantissement. Reed Richards et sa science insondable a du prendre le maquis, alors que les Beyonders dcident d'en finir, une bonne fois pour toutes. C'est la fin les amis, la disparition de l'univers Marvel, des univers tout court. Une fois à court de temps, il ne reste... rien. 



Jonathan Hickman a accompli un boulot monstre tout au long de la période qualifiée de Marvel Now. Ce n'est plus un scénariste, c'est un architecte, et il a tout construit patiemment, des fondations aux dernières tuiles, dotant sa création de multiples tiroirs et rebondissements secondaires, pour obtenir une fresque de la démesure. Nous avons vraiment adoré son ambition, mais le prix à payer est un manque de rythme au format comic-book traditionnel, c'est à dire le fascicule mensuel. Hickman écrit toujours avec les idées larges, très larges, et il faut pouvoir porter un regard circulaire sur ses intentions pour comprendre en quoi on frôle au génie, comment il parvient à gérer un nombre impressionant de pièces sur l'échiquier. Jamais un scénariste n'avait poussé plus loin l'idée de la fin de tout. même Starlin avec le Thanos de la grande époque optait pour la sacrifice de la moitié des créatures du cosmos. Le Beyonder dans les premières guerres secrètes paraisait être un dieu capricieux, mais jamais aussi porté sur l'extermination de tout. Infinity, Annihilation, et autres épopées cosmiques, sont porteuses de catastrophes démesurées, mais pas de fin des univers, à travers les dimensions, les possibilités. Hickman lui casse tout. Le dessin est bon, mais varié, avec une série d'artistes qui se relaient aux commandes des deux séries Avengers et Illuminati. Bien sûr, sortent du lot Mike Deodato et son photo-réalisme adapté au super-héroïsme (un poil sombre, quand même, la mise en couleurs) Stefano Caselli (clair, très lisible) et Kev Walker, qui comparé aux deux premiers joue dans une division moindre. Les quatre tomes de Time Runs out d'une seule traite sont très efficaces, et ce qui se fait de plus chouette et définitif en matière d'apocalypse universelle. A relire au format album pour se faire une opinion globale. 


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MARVEL UNIVERSE HORS SERIE 2 : CAPTAIN MARVEL

Nouvelle existence pour Carol Danvers, quelque part là-haut au dessus de nos têtes. La voici à la tête d'une station orbitale et d'un véritable équipage, le tout dénommé simplement... Alpha Flight. Nous sommes loin du concept de départ de la Division Alpha chère à John Byrne, jamais égalé depuis sa création et son développement par le génial auteur canadien. Certes, nous trouvons dans les pages de ce hors-série des personnages comme Sasquatch, le nain Puck, ou Aurora (Jeanne-Marie Beaubier) qui sont là pour faire la transition entre ce qui fut et sera. Carol semble à l'aise dans ce rôle de commandante en chef, elle va devoir gérer les affaires courantes, mais ce sera à sa façon. En gros, ne comptez pas sur elle pour ronfler devant l'ordinateur, ou pour se comporter comme une fonctionnaire comptant ses RTT. Elle, ce qui l'intéresse, c'est l'action, prendre au part aux missions les plus périlleuses, aux cotés de ses troupes, comme lorsqu'une pluie de gros météores s'abat sur la base. Un problème qui semble anodin à première vue, sauf que ces fragments de roche ont été provoqué par une explosion artificielle, un contretemps fabriqué qui risque de mener droit à un incident diplomatique, avec une race extraterrestre hébergée au sein d'Alpha Flight. Autre sujet épineux, la découverte par Captain Marvel et son équipage d'un vaisseau spatial organique à la dérive, qui une fois exploré et réactivé recèle des pièges inattendus. L'occasion pour les scénaristes, Michele Fazekas et Tara Butters, de rappeler le patrimoine génétique kree de l'héroïne et les liens qui l'unissent à l'histoire de Mar-Vell, dont le nom est à jamais inscrit au firmament des comics. La bonne surprise, c'est que finalement Carole est bien caractérisée, bien appréhendée par les auteurs. 

Kris Anka est lui un dessinateur dont j'ai tendance à apprécier vraiment les couvertures. Mais dès lors qu'il s'occupe d'un ou plusieurs épisodes à la suite, ça se corse. Son style emprunte au manga, se concentre sur des formes ébauchées qui manquent de finition. Il donne de la rapidité et du mouvement, au détriment de la profondeur (un comble quand on veut dessiner des scènes au fin fond de l'espace) et de la majestuosité. De plus nous avons probablement affaire ici à du "tout digital" et ça se sent, respire l'artificiosité, manque de caractère, de patine. C'est dommage car la série n'est pas mauvaise, et développe même des relations attachantes, avec du potentiel, entre certains des personnages secondaires, et Carol Danvers, qui semble à son aise dans cette nouvelle fonction. Mais on a l'impression que Marvel n'y croyait pas excessivement non plus, et qu'il s'agissait juste de gagner du temps avec Civil War II (où Captain Marvel joue un rôle prépondérant) et un nouveau nouveau relaunch lorsque le film avec Brie Larson arrivera dans la dernière ligne droite. Certaines cases, censées nous montrer des combats dans l'espace, un déballage de pouvoirs et d'explosions, sont carrément indigentes et illisibles. Personne ne l'a noté, du coté de l'editor? Du coup, en attendant, ce titre est comme bridé, sans être pour autant à déconseiller. Le rapport pages/prix proposé par Panini permet heureusement de tenter l'aventure sans se ruiner. 


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LA COLLECTION ALTAYA DES BUSTES DE L'UNIVERS MARVEL. CONCOURS!

Le succès des super-héros est tel qu'il est de plus en plus fréquent de retrouver en kiosque des collections présentant des figurines ou des bustes de nos personnages favoris. La dernière en date est de grande qualité : elle est distribuée par Altaya, et il s'agit de super héros Marvel bustes de collection. Nous avons reçu les trois premiers travaux, à savoir dans l'ordre Spider-Man, Iron Man et Hulk. Les trois bustes possèdent une finition remarquable pour ce genre d'objet, à ce prix là. Le 3e (Hulk) est carrément stupéfiant, plus lourd et gros que les autres, c'est une très jolie oeuvre d'art qui m'a vraiment surpris lorsque je l'ai eue en main.



Altaya propose donc des reproductions en résine grand format des super-héros et super vilains Marvel, avec comme argument de vente principal une attention aux détails, et une finition qu'il est très difficile de trouver habituellement pour une grosse dizaine d'euros. Si la première parution (Spider-Man) ne dépasse pas les 87 mm, la hauteur moyenne des autres bustes est de 112 mm, suffisamment grand pour faire bonne figure sur les étagères de votre collection. On nous promet des héros comme Captain America, Daredevil, Deadpool ou Thor, mais aussi des méchants comme Venom, Crâne Rouge ou le Bouffon Vert. Les bustes assument une posture et des gestes caractéristiques de chaque personnage; ils sont peints à la main, fixés sur un socle de présentation, et les costumes sont fidèles aux originaux. Pour débuter cette collection, le plus simple est d'aller directement sur le site de Altaya, et de s'abonner. La meilleure façon pour ne manquer aucun buste, et pour récupérer quelques petits cadeaux supplémentaires qui seront réservées à ceux qui auront choisi cette manière de s'approvisionner. 
De notre côté -en partenariat avec Altaya- nous vous proposons de vous faire une idée, en remportant quelques-uns de ces objets. Notre concours permettra donc à trois d'entre vous de recevoir respectivement pour le premier prix les bustes de Spider-Man Iron Man et Hulk, pour le second prix des bustes de Spider-Man et Iron Man, enfin le troisième prix recevra uniquement (mais c'est déjà sympa) celui de Spiderman. Pour jouer c'est très simple, il suffit de nous laisser un commentaire à cet article, en nous précisant quel est le personnage Marvel que vous attendez sous forme de buste, avec le plus d'impatience. Fin du concours vendredi prochain, dans 8 jours. Pour augmenter vos chances de gagner, vous pouvez aussi participer sur notre page Facebook : là encore en laissant un commentaire sur l'article consacré à ce concours. Bonne chance à toutes et à tous, et encore merci de votre fidélité à UniversComics.



Pour vous rendre sur le site Altaya et vous abonner (ou en savoir plus) cliquez sur le logo ci-dessous :


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LA SORCIERE ROUGE TOME 1 : WANDA OBTIENT SON TITRE EN SOLO

Dans la série "une héroïne avec de sérieux problèmes psychologiques" je voudrais la reine. Ne quittez plus, je vous présente Scarlet Witch, qui bénéficie de l'effet All-New All-Different, avec un titre en solo écrit par James Robinson. Elle a fait partie de la Confrérie des Mauvais Mutants, a presque éradiqué le génome mutant avec ses sortilèges imprudents, mais elle reste encore et toujours un membre des Avengers. Wanda, on t'aime bien, mais cette fois, essaie de ne pas perdre tes nerfs, s'il te plaît. Même si les équipes créatives vont se succéder à mesure que passeront les numéros (une curieuse décision artistique, on est en plein dans l'expérimentation), on a forcément envie de lire ce titre qui est plein d'un potentiel encore inexploré, comme les pouvoirs de la protagoniste, finalement. Sauf que passé l'effet mirobolant des superbes couvertures (variant et regular. Aja est en état de grâce artistique) on tarde à entrer dans le récit. Tout d'abord, la trame est assez convenue. On apprend qu'une série de meurtres étranges frappe New-York. Le dernier en date dans un restaurant. Ces délits se présentent sous la forme d'accès de violence et l'assassin n'a aucun souvenir de sa conduite déplorable passé le geste. Bref, de la sorcellerie, une histoire de possession, avec en parallèle une curieuse nouvelle : quelqu'un assassine également tous les chats de la ville, ce qui là aussi incite à évoquer des histoires glauques de sorcellerie. Robinson donne à l'ensemble de faux airs de polars, et glisse au fur et à mesure dans une atmosphère étouffante, avec un récit très centré autour de la Sorcière Rouge, qui ne la quitte pas, l'accompagne partout, pas à pas, à en oublier de respirer, de se donner de l'air. Ce sont finalement les moments d'intimité, quand Wanda dialogue avec le spectre (ou bien elle délire, allez savoir) d'Agatha Harkness (ancienne mentor et sorcière émérite) et quand elle panse ses blessures et coquards au saut du lit, qu'elle apparaît fragile, seule, profonde, en gros intéressante. Le dessin de Vanesa Del Rey risque d'en éloigner certains, tant il est irrégulier, constrasté, peu attentif aux détails et au soin des visages et expressions. Sombre, et très personnel. 


Le même schéma narratif guide le second épisode de cet album, avec Wanda qui part cette fois mener l'enquête en Grèce. Mythologie oblige, il y sera même question d'un minotaure. Le dessin est de Marco Rudy, et c'est véritablement beau, avec une mise en couleurs somptueuse qui donne du caractère à des pages autrement tout sauf inoubliables. Le troisième volet est empli d'émotion car il est mis en images par Steve Dillon, récemment décédé des suites d'une longue maladie. L'histoire se déplace en Irlande, là où la Sorcière Rouge (j'aime bien l'appeler ainsi, je suis vieux) tente de comprendre ce qui cause la mort de la magie. Dillon est dans son élement, là où parle de bars, de discussions au coin d'un verre, mais on regrette que dans l'ensemble le récit évolue toujours de façon un peu mécanique, boursouflé, et manque de prendre de la hauteur, banalisant pourtant des enjeux qui devraient être éthérés et enlevés. Pour les pages restantes, Chris Visions assure un job très en accord avec le thème de la série, des planches qui flirtent avec l'irréalité, la disparition imminente du présent, et créent une atmosphère envoutante. On saute ensuite en Espagne avec Javier Pulido (forcément) et là c'est un peu plus épineux. Ce type de dessin, au trait clair, ébauché et avec un semblant d'absence dans la finition, ne fait pas trop pour moi. Goran Parlov par exemple joue un peu dans le même registre, mais avec tellement plus d'émotion et de force. Ici c'est assez statique, trop même. On y cause château hantée, et sorcières de l'inquisition espagnole. 
Le titre Scarlet Witch prend donc des chemins de traverse et se balade là où on ne l'attend pas forcément. Alors qu'au cinéma Wanda devient un pion essentiel sur l'échiquier des Avengers, et que dans les comics elle est souvent utilisée pour amorcer des catastrophes universelles, là voici à la recherche de réponses à des questions qui sont autant mystiques qu'intimes. Selon les styles proposés et les différents épisodes, la qualité est très variable, et à priori nous tenons là un produit qui ne s'adresse pas au public dans le sens le plus large du terme. Assez déroutant, difficile à définir. 



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GHOST RIDER #1 : ENCORE UN FAUX DEPART POUR LE RIDER?

Ghost Rider fait partie de ces séries que Marvel maitient en vie artificiellement. Nous sommes parfois à la limite de l'acharnement thérapeutique. Tout a été fait; trouver de nouveaux avatars pour le personnage (une femme, un nouveau jeune premier), lui donner de nouvelles caractéristiques plus tendances (au volant d'une voiture. Que signifie donc "Rider" en Vo?), mais rien ne fonctionne vraiment. Dernière chance, une énième série qui repart du numéro 1, en même temps que l'arrivée de Ghost Rider dans la série Marvel's agents of Shield au petit écran. Du coup, les nostalgiques de Johnny Blaze ou Danny Ketch peuvent se morfondre, c'est encore Bobbie Reyes qui est aux commandes du bolide. Pas de moto donc, mais une caisse rutilante, confiée à un mécano de génie, qui essaie de rester sur la bonne voie, notamment car il a un jeune frère handicapé aux besoins desquels il se doit de subvenir. 
Pour ce énième redémarrage, le Rider partage la vedette avec un autre personnage "rajeuni" ces mois derniers, dans l'espoir qu'un team-up à distance puisse raviver l'intérêt des lecteurs. Place à Hulk, ou plutôt Amadeus Cho, toujours aussi cool et insouciant. Le Totally Awesome Hulk est même la véritable star de ce mois, et il a bien plus d'importance dans ces pages que le démon enflammé. C'est lui qui se retrouve occupé à gérer les propriétés inquiètantes d'un nouveau minerai liquide, qui agit un peu comme le symbiote Venom, en s'adaptant à ses proies, et en mimant leurs aptitudes. La couleur est différente, là du noir on passe au violet. Tant que ça réplique la forme d'un lézard, ce n'est pas bien grave, mais que se passe t-il si c'est celle d'un Hulk qui est assimilée? Bref, pendant que Robbie nous montre à quel point il est attentionné avec son frère, et combien gérer en parallèle sa double identité de Rider est difficile (on a notre séquence "action et punition" tout de même), le lecteur peut légitimement se poser la question de savoir ce qu'il a vraiment acheté. 
C'est bien là le problème de ce premier numéro Marvel Now! seconde mouture. Le récit a du mal à coller les morceaux ensemble (sûrement par la suite) et joue trop la carte de la guest star (on a aussi la All-New Wolverine en toute fin de partie) pour éviter de regarder la réalité en face, à savoir une cruelle absence de caractérisation et d'attachement au personnage principal, ce Rider qui n'est plus tout a fait un (Ghost Driver). Felipe Smith a probablement de bonnes idées, mais il n'a pas su les présenter avec conviction, et on reste fort étonné du manque de liant.
Danilo Beyruth fait revenir un peu de traditionnalisme sur la série, avec des planches plus classiques et réalistes (façon de parler) que Tradd Moore. C'est pas mauvais, sans être bouleversant. Moore officie sur un petit récit back-up de routine en fin de numéro, mais à ce stade, rien de guère folichon. 



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TEX "FRONTERA" : LE TEX DE MARIO ALBERTI

Lorsque nous avions eu le très grand plaisir de recevoir l'artiste italien Mario Alberti, à l'occasion du dernier Free Comic-Book Day à Nice, son excellent "Tex Frontera" n'était pas encore sorti dans sa traduction française. C'est désormais le cas, et c'est une excellente opportunité, avant les fêtes, de s'offrir un album en tous points remarquable.
Nous sommes à Frontera, petite bourgade mexicaine, qui donne son nom au récit. La redoutable Blanche Denoël séduit un gradé militaire local pour avoir accès aux geoles mexicaines, où croupit un homme inflexible, qui ne craque pas, malgré sa dose hebdomadaires de coups de fouet. Le lecteur n'est pas idiot, il saisi avant qu'on le lui confirme que le détenu n'est autre que'un jeune Tex Willer, en bien mauvaise passe. La splendide créature qui le rejoint parvient à le faire évader, en échange d'une promesse expéditive : l'aider à se débarrasser d'un certain Dan Shannon, un membre haut placé du corps des rangers, dont les agissements et le racisme ont déshonoré le corps tout entier. Il est aussi responsable de la mort de Blanche, qui cherche à assouvir une vengeance personnelle. Le père n'a pas été victime des indiens, comme on le fait croire à tort, mais il a été abattu froidement dans le dos par ses compagnons. Une trahison de la plus grande couardise. Mauro Boselli nous présente un récit fort classique dans sa trame, linéaire, qui en moins de cinquantes pages respecte les codes du genre et évite soignesement la moindre fausse note. Tex est toujours habile (ou est déjà habile, puisque cette aventure précède la série régulière que nous lisons chaque mois chez Sergio Bonelli editore en Italie) pour mettre au point un plan imparable, et faire se refermer le piège sur celui qu'il pourchasse. En plus il peut compter sur le coup de main de son pard de toujours, Kit Carson, qui vient dans la seconde partie appuyer le travail vengeur du plus célèbre cow-boy italien. 




Que dire des dessins de Mario Alberti? Que c'est somptueux? Nous sommes là en présence d'un Tex taillé dans le granit, une figure légendaire comme seul le cinéma américain savait en produire dans les années 40/50. Libre de s'exprimer et libéré du carcan du format italien (petit format, noir et blanc) Boselli et Alberti en profitent pour livrer des pages vertigineuses, et offrir à la fois un Tex classique et attendu, respectant tous les canons du genre, tout en le pervertissant de la plus agréable des façons. La couleur est renversante, avec une alternance entre des scènes nocturnes, où la lumière disparaît presque, et d'autres où le soleil mexicain ou du sud des Etats-Unis vient magnifier la tradition décennale de Tex. Mario Alberti est probablement l'artiste idéal pour ce genre d'exercice novateur (pour ce qui est de Bonelli Editore), lui qui est un des habitués de la maison d'édition milanaise depuis longtemps, et aussi un fréquentateur reconnu du style et du format franco-belge. La qualité des détails, la minutie, n'est pas sans évoquer par exemple ce que fait en ce moment Greg Tocchini sur Low, et j'ai toujours trouvé une certaine parenté dans la manière de définir les personnages, chez ces deux grands dessinateurs. Mais Alberti est plus dur, nerveux, et c'est ce qui permet de s'attacher vite et bien au héros de cette aventure, qui domine la scène sans avoir besoin de trop en faire. Blanche est quand à elle magnifique, ce qui ne gâche rien. 
Frontera ressemble fort au cadeau de Noël parfait pour celles et ceux qui ont envie d'offrir ou de s'offrir un bon western codifié et maîtrisé, mis en scène avec une maestria confondante. (disponible dans la collection Petit Pierre et Ieiazel éditée par Clair de Lune)





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100 % STAR WARS : POE DAMERON TOME 1

Ce récit se situe un peu avant les événements du Réveil de la Force : la princesse Leia Organa recrute le meilleur pilote sur le marché, Poe Dameron, à la recherche de Lor San Tekka (et donc de la localisation de Luke Skywalker), une quête dont les fans de la saga connaissent déjà l'issue. Poe n'est pas seul puisqu'il a carte blanche pour s'accompagner des recrues de son choix, d'où la présence du Black Squadron (l'Escadron Black en Vf) et de pilotes de qualité, dont Jessica Pava et  Snap Wexley, pour satisfaire aux fans de la franchise. Coté personnalité, Charles Soule ne s'y trompe pas et présente un personnage ironique, hâbleur, une sorte de Star-Lord (Guardians of the Galaxy) à l'aspartame. L'album démarre piano avec une présentation en bonne et due forme des enjeux, et des différents intervenants. Les spotlights sont bien sur braqués sur Poe Dameron, et si ses compagnons d'aventure ne sont pas dénaturés par les (brefs) moments où ils sont présents, on remarque tout de même que pour l'instant la psychologie et les caractères des personnages secondaires sont juste ébauchés. Leur quête les poussent jusqu'à une planète dont les habitants très méfiants vénèrent une sorte de gros oeuf contenant leur sauveur qui doit naître. Poe Dameron use de sa gouaille pour les convaincre qu'ils ne risquent rien, et obtenir de précieuses informations, mais il perd un temps précieux et finit par être localisé par le Nouvel Ordre, dont l'inévitable expansion devient jour après jour une menace croissante. Terex, un des vieux de la vieille du renseignement militaire, arrive sur les lieux et piège le pilote et son fidèle robot BB-8, toujours prêt à lui filer un coup de main en cas de coup dur.

Pendant que Poe Dameron et BB-8 sont acculés au sol (dans la caverne, plutôt) leur escadron est lui pris en chasse dans les cieux. Action time, messieurs dames, et dêpchez-vous car l'oeuf pourrait éclore par inadvertance. Phil Noto a l'habitude présenter des planches légères, qui jouent dans la suggestion, la beauté des formes fragiles. Ici l'encrage est plus marqué, les silhouettes plus conventionnelles et affirmées. Le dessinateur s'adapte donc au moule Star Wars et livre une prestation de qualité, qui souffre uniquement d'un manque de folie dans la construction des pages et des scènes, qui restent somme toute académique. La couleur est probablement trop plate et uniforme, au passage. Présenter une série régulière qui puise ses racines dans le contenu de l'épisode VII est une bonne idée car finalement la matière première à disposition est riche, et faiblement explorée. 
En bonus dans cet album (qui ne contient donc que trois épisodes de la série, formant le premier arc narratif) nous avons une histoire intelligente et émouvante, qui nous explique comment C-3PO a obtenu son "bras rouge" qui jure furieusement, au niveau esthétique, avec le reste de son corps artificiel. Des pages où il est question de droïdes échoués en territoire hostile, qui devisent sur leur condition, et font montre au final d'un esprit de corps et de solidarité que les humains pourraient leur envier. James Robinson fait un très bon job en l'occurrence, alors que le dessin de Tony Harris s'inscrit en rupture avec le triptyque qui précéde, et parvient à manier habilement la forme des vignettes, la construction de ses planches, tout en restant très soigné et rigoureux dans la représentations des parties mécaniques. La couleur est certes un peu lourde mais participe à l'ambiance très particulière de ce court récit. 
Ajoutons pour être complet une back-up story humoristique consacrée à BB-8, qu'on ne s'attend pas forcément à lire après avoir ingurgité le menu décrit plus haut. On appellera ça un supplément gratuit, ça ne mange pas de pain. Poe Dameron, une parution avec un potentiel évident, mais qui n'atteint pas (encore) sa vitesse maximale de croisière. 




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