L'heure est venue d'en finir et de faire tomber les derniers masques. C'est un peu cela, le constat qui domine dans ce "Time runs out" chapitre quatre. Le Docteur Strange en est le héros malgré lui. Il a beaucoup sacrifié pour accéder à un niveau de pouvoir jamais atteint, et percer les secrets de la fin de tout, qui menace inéluctablement la création. Avec les Prêtres Noirs à son service, Stephen Strange va enfin parvenir à se frayer un chemin jusqu'aux bibliothèques encore existantes, là où il va se retrouvé piégé et vaincu par des soeurs Noires. Le lecteur attendait ce moment, car cela faisait des mois qu'il tentait de percer l'identité secrète de Rabum Alal, qui semblait être le maître de la dernière chance, en coulisses. En fait, le mystère est éventé quand Strange se retrouve en présence de Fatalis. Ces deux-là se connaissent bien, et le dictateur de Latvérie n'est pas seulement un technicien et un politicien retors, c'est aussi un mage très porté sur le mysticisme, comme nous le rappelle l'album splendide (et présenté en format géant) qui associent les deux personnages, réédité par Panini le mois dernier. Pour une fois, l'humanité pourrait bien devoir une fière chandelle à Fatalis. Si d'habitude il est ce fou avide de pouvoir qui s'asseoit sur les libertés d'expression et individuelles, cette fois le voilà unique rempart contre ce qui va arriver, à savoir défier les Beyonders qui sont en train de précipiter la fin de tout. Les héros sont tous mobilisés, et prêts à se sacrifier sans arrière pensée, comme Thor et Hyperion, qui sont ensemble dans un dernier baroud d'honneur poignant, dont l'issue est forcément l'anéantissement. Reed Richards et sa science insondable a du prendre le maquis, alors que les Beyonders dcident d'en finir, une bonne fois pour toutes. C'est la fin les amis, la disparition de l'univers Marvel, des univers tout court. Une fois à court de temps, il ne reste... rien.
Jonathan Hickman a accompli un boulot monstre tout au long de la période qualifiée de Marvel Now. Ce n'est plus un scénariste, c'est un architecte, et il a tout construit patiemment, des fondations aux dernières tuiles, dotant sa création de multiples tiroirs et rebondissements secondaires, pour obtenir une fresque de la démesure. Nous avons vraiment adoré son ambition, mais le prix à payer est un manque de rythme au format comic-book traditionnel, c'est à dire le fascicule mensuel. Hickman écrit toujours avec les idées larges, très larges, et il faut pouvoir porter un regard circulaire sur ses intentions pour comprendre en quoi on frôle au génie, comment il parvient à gérer un nombre impressionant de pièces sur l'échiquier. Jamais un scénariste n'avait poussé plus loin l'idée de la fin de tout. même Starlin avec le Thanos de la grande époque optait pour la sacrifice de la moitié des créatures du cosmos. Le Beyonder dans les premières guerres secrètes paraisait être un dieu capricieux, mais jamais aussi porté sur l'extermination de tout. Infinity, Annihilation, et autres épopées cosmiques, sont porteuses de catastrophes démesurées, mais pas de fin des univers, à travers les dimensions, les possibilités. Hickman lui casse tout. Le dessin est bon, mais varié, avec une série d'artistes qui se relaient aux commandes des deux séries Avengers et Illuminati. Bien sûr, sortent du lot Mike Deodato et son photo-réalisme adapté au super-héroïsme (un poil sombre, quand même, la mise en couleurs) Stefano Caselli (clair, très lisible) et Kev Walker, qui comparé aux deux premiers joue dans une division moindre. Les quatre tomes de Time Runs out d'une seule traite sont très efficaces, et ce qui se fait de plus chouette et définitif en matière d'apocalypse universelle. A relire au format album pour se faire une opinion globale.
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