IRON MAN 2020 #1 : LE FUTUR C'EST MAINTENANT

Le futur c'est maintenant chez Marvel. Je me rappelle encore l'apparition d'Arno Stark à notre époque, lorsqu'il rencontra Spider-Man, dans une de ces aventures mythiques qui fleurent bon les années Strange. Aujourd'hui la situation est bien différente, car 2020 c'est notre présent, nous y sommes et nous retrouvons d'ailleurs Arno, qui est devenu officiellement le nouveau grand directeur des entreprises Stark, et par là même celui qui endosse l'armure d'Iron Man. Il faut dire que Dan Slott ose des choses au scénario, comme par exemple de raconter que Tony est mort, et en réalité c'est une sorte d'intelligence artificielle qui a pris sa place. Toutes les intelligences artificielles ont d'ailleurs décidé de se soulever, avec à leur tête, ou en tous les cas comme stratège de guerre, Machine-Man. Leur but est d'entrer en conflit ouvert avec l'humanité, les êtres de chair et de sang, et les en empêcher sera probablement une des grandes tâches de cette nouvelle version d'Iron Man, qui va devoir faire ses preuves et dont le modus operandi n'est pas forcément le même que celui de son célèbre prédécesseur. Le pire étant qu'une menace plus grande encore pointe le bout de son nez, au fond de l'espace, et Arno Stark ne va pas avoir de temps à perdre dans les prochaines semaines. 
Slott est ici épaulé par Christos Gage et il faut convenir que ce premier numéro de Iron Man 2020 est truffé de bons moments et de pistes à explorer; je pensais que nous aurions droit à une lecture secondaire, voire même carrément dispensable, mais en réalité c'est plaisant à lire et tout l'aspect concernant la dualité entre les êtres organiques et ceux faits d'acier et de circuits est particulièrement bien mené. Pete Woods fait du bon travail au dessin, ses planches sont particulièrement soignées et il parvient à donner un petit côté moderne à la célèbre armure version 2020, avec ses engrenages d'épaule bien visibles, et dont d'ailleurs on a du mal comprendre tout à fait le sens, si ce n'est pour des questions esthétique douteuses. Qui font tout le charme dans mes souvenirs.
Iron Man 2020, c'est différent d'autrefois, mais bien plus crédible que ce à quoi je m'attendais. 


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LE PODCAST "LE BULLEUR" PRÉSENTE : THÉRAPIE DE GROUPE (MANU LARCENET)

Savez-vous ce qu'écrivait Nietzsche à propos de la création artistique? J'en sais rien, j'étais nul en maths! C'est sur cette note humoristique que nous ouvrons notre petit billet du jour consacré à Thérapie de groupe (tome 1), le nouvel album de Manu Larcenet, qui met en abîme son propre travail d'artiste. Celui que dans la Bd on nommait autrefois le Donald Trump du 9 ème art est en panne sèche; c'est la fin, il n'arrive plus à rien produire et peu un peu il s'enfonce dans le désastre. Tout autour de lui gravitent des galerie de personnages truculents et agrémentés de remarques extrêmement bien senties, une mise à nu de tout un processus qui se fait avec un humour corrosif, qui vise dans le mille. Il faut bien entendu être amateur du dessin de Larcenet, qui peut paraître un peu caricatural,  mais qui a ici également la grande qualité de savoir par endroits varier et embrasser différents genres. Pour en savoir plus sur cet album, comme chaque samedi désormais, nous vous proposons d'aller écouter le nouvel épisode de l'excellent podcast "le Bulleur"; non seulement vous saurez tout sur ce nouveau travail de Manu Larcenet, mais également vous aurez quelques conseils bien intéressants concernant l'actualité de la bande dessinée du moment. Le lien est juste en dessous, il suffit d'un clic pour vous retrouver sur le podcast. Et n'oubliez pas, le festival d'Angoulême s'approche, raison de plus pour embrasser avec un peu plus d'amplitude que d'habitude le panorama de la Bd. 


Le podcast :


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X-STATIX : LA SERIE MUTANTE LA PLUS DINGUE DE TOUS LES TEMPS?

N'allez pas croire que Marvel Comics a toujours connu la gloire et les paillettes, au long de plusieurs décennies d'existence. Il y eut aussi des périodes de vaches maigres, voire carrément l'ombre menaçante d'une faillite, vers la fin des années 90, lorsque furent appelés au chevet de l'éditeur une belle brochette d'artistes iconoclastes, de Brian Bendis à Joe Quesada (qui devint le grand rédacteur en chef), en passant par Garth Ennis, Mark Millar ou ...Peter Milligan. Comme tous les grands scénaristes anglais, ce dernier avait fait ses preuves en terre d'Albion sur la revue 2000AD, avec Bad Company, une sorte de spin-off à Judge Dredd (avant de débarquer chez DC pour Shade the Changing man ou Animal Man). Milligan est irrévérencieux, caustique, et il saisit parfaitement l'air des temps qui changent. C'est à lui qu'est confiée une mission problématique : sauver X-Force de l'oubli; cette série lancée en fanfare par Rob Liefeld une centaine de numéros auparavant, et qui fut théâtre des exploits testostéronés de Cable ou Deadpool, entre autres. La nouvelle mouture présente d'un coup un roster complètement retravaillé, constitué de nouveaux venus un peu paumés et nombrilistes, dont le moindre exploit est filmé et diffusé dans une grande émission de télé réalité continue. Le scénariste puise à pleines mains dans la méta bande-dessinée, et propose une satire efficace du contexte super héroïque habituel. Les membres les plus identifiables de son équipe sont vaniteux et colériques (Tike, alias the Anarchist), pleins de failles et de faiblesses (Sensitive Man, appelé à devenir The Orphan, et le leader de X-Statix) ou encore provocateurs et irrévérencieux (la rafraîchissante U-Go Girl). Avec un humour qui fait toujours mouche, Milligan va régaler, avec des sujets aussi sensibles et bienvenus que le racisme, l'homo sexualité (deux des membres de X-Statix font peu à peu faire leur coming-out), la course à la célébrité, ou encore le pouvoir de l'économie, des médias et du merchandising. 

Mais surtout, Milligan n'hésite pas à vite renouveler le cast, en faisant mourir au champ d'honneur ses personnages. Dès les débuts de sa prestation, la team perd celui qui était censée la mener, Zeitgeist. C'est ensuite le tour de nombreux autres, à tel point que lors du passage crucial du titre X-Force à sa nouvelle-nouvelle existence, en tant que X-Statix, c'est U-Go Girl, la belle Edie, qui tire sa révérence alors qu'elle est incontestablement un des piliers de l'histoire. X-Statix est en réalité au service d'un milliardaire de la Silicon Valley, qui tire les ficelles dans l'ombre, orchestre les campagnes médiatiques, et les combats pas toujours crédibles ou sérieux. Le but est d'exister devant les caméras, produire des bénéfices, vivre de gloire et de bons gros dollars. Tout est utile pour y parvenir. Exacerber les tensions, ou les créer de toutes pièces, inventer un ennemi, qui en devient trop réel par la suite, ou encore semer le doute, la suspicion, sont autant de moyens de maintenir l'intérêt du public, à chaque instant, le tout sous l'objectif de Doop, une espèce de blob gélatineux tout vert, dont les pouvoirs sont au départ inconnus, et vont se révéler incommensurables. Certains grands moments de la série, qui va résister plus de trois ans, sont inoubliables et décalés, comme lorsque l'afro américain Tike prend ombrage de l'arrivée d'un autre héros de couleur dans l'équipe, ou lorsque les Avengers et X-Statix se défient, pour récupérer le cerveau de Doop, qui a explosé et dont les morceaux ont été semés à travers le globe. Au dessin, Mike Allred a donné une vraie identité visuelle originale à la série, avec des pages dynamiques, simples et immédiates, un trait épuré et mis au service de couleurs éclatantes, à la limite du criard par endroits, dues à Laura, son épouse. Du début à la fin X-Statix s'étire en situations fantasmagoriques, avec de la téléportation, des rayons d'énergie, des êtres on ne peut plus étranges (un membre provisoire de X-Statix a une relation fusionnelle avec sa planche de skate!) et des morts tragiques, mais qui jamais n'arrêtent une formation en représentation permanente, parabole jouissive du monde de l'entertainment moderne, où tout est bon, comme dans le cochon. The show must go on! 


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THE WALKING DEAD EPILOGUE : LE GRAND FINAL AVEC LE TOME 33

Il fallait bien en terminer un jour ou l'autre, alors ce numéro 193 de la série The Walking Dead, l'épilogue d'une saga qui durant des années à flirté avec les sommets des classements de vente de comics (demandez chez Delcourt par exemple) vient clore les hostilités, presque à la surprise générale. Il faut tout de suite prévenir les lecteurs, ne vous attendez pas à ce que Robert Kirkman vous explique enfin ce qui a causé l'épidémie, le pourquoi du comment de ce virus qui transforme les gens en zombies; l'artiste lui-même n'est d'ailleurs pas intéressé par cela, ce n'est pas de ceci qu'il voulait parler à travers son œuvre, et il a déclaré maintes fois que les récits de morts-vivants qui bouffent des humains, ça ne le passionne pas spécialement. Alors que se passe-t-il donc dans ce dernier tome, le 33 éme de The Walking Dead en français?

L'épisode final se déroule plusieurs années après les faits relatés dans le tome précédent. Ici, les campements humains se sont développés et sont devenus plus sûrs, tandis que les zombies ont presque complètement disparu. Rick Grimes est célébré comme un héros, Maggie est devenue présidente et Eugene participe à la construction d'un chemin de fer qui reliera les côtes est/ouest des États-Unis.
L'histoire de ce numéro de fin se concentre principalement sur Carl, maintenant marié à Sophia et père d'une fillette nommée Andrea. Un jour, Carl tombe sur un zombie près de chez lui et le tue. Il découvre plus tard que le zombie appartenait à Hershel, le fils de Maggie, qui dirige maintenant un spectacle itinérant avec des "rôdeurs" gardés en captivité. Carl est ainsi poursuivi en justice pour avoir tué des morts-vivants, considérés comme une propriété privée assez morbide. Il est officiellement acquitté, mais condamné à trouver un nouveau zombie à Hershel, en compensation de sa perte. À ce stade, submergé de colère, Carl décide de tuer tous les zombies d'Hershel. Faut pas l'emmerder, le petit, devenu grand. 



Au bout du compte c'est un finale en demie teinte. Nous sommes bien loin de ce numéro extraordinaire et bouleversant que beaucoup attendaient. En fait nous finissons sur une note apaisée, une sorte d'hommage distant et tout en retenue, qui contraste avec le tragique présent dans pratiquement toute la saga. C'est presque une fin en forme de pied de nez que nous offre Kirkman, histoire de surprendre une dernière fois, avec une série qui aura marqué de son empreinte le début du 21e siècle. Car même quand on n'aime pas The Walking Dead, il faut vraiment admettre qu'il s'agit là d'un des titres les plus emblématiques de l'ère moderne. Adlard assure un travail fort honnête et très expressif jusqu'au bout, et soulignons aussi le boulot du traducteur Edmond Tourriol, qui outre le fait d'être un joyeux drille très sympa, restera à jamais comme l'homme qui a fait parler en frenchie l'univers de Walking Dead. Voilà, c'est fini, sous vos applaudissements...



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SIEGE : DE RETOUR CHEZ PANINI COMICS

De tous les grands "events" Marvel de ces dernières années, Siege a été le plus bref (quatre numéros seulement) mais pas forcément le plus mauvais, loin de là. Il a permis principalement de mettre un terme au Dark Reign de Norman Osborn, de se débarrasser du personnage de Sentry, trop puissant et mal exploité par les différents scénaristes qui se sont penché sur son cas, et de préparer le terrain pour un nouvel "Age des Héros". Panini nous propose ce mois-ci de revenir sur cette brève aventure avec une réédition de toute l'aventure.


Le siège en question est celui d’Asgard, la mythique cité des Dieux nordiques, à l'époque située en suspension dans les airs, au dessus du sol américain, en plein Midwest sauvage. Norman Osborn, à la tête du H.A.M.M.E.R et des Dark Avengers, n’a jamais vraiment eu toute sa tête (c’est quand même un des pires psychopathes du pays…) mais quand Loki, Dieu de la duperie et prince des fourbes, se mêle de lui confondre les idées, cela donne au final un plan complètement délirant : Tout d’abord, provoquer sciemment un incident diplomatique avec Asgard, un prétexte qui sera l’étincelle qui mettra le feu aux poudres, une sorte de casus belli

Il suffit, pour ce faire, de s’en prendre à Volstagg, qui erre en Amérique comme un poisson hors de son bocal, et qui une fois attaqué par les sbires tout puissants de Hood, roi de la pègre, réagit de manière disproportionnée et maladroite, entraînant une véritable catastrophe en plein match de football, à Chicago. Les images du stade qui s’embrase sont retransmis dans le monde entier; c’est un peu un nouveau Stamford (Civil War, remember) qui revient hanter les consciences américaines, alors que le pays n’est pas encore totalement guéri, et qu’il panse les plaies de la récente invasion Skrull. Osborn se permet d’outrepasser ses droits et ses prérogatives, refuse d’écouter Obama himself, et rassemble ses troupes pour lancer l’assaut à la cité des Dieux. Action / Réaction, une grande tradition américaine que de réagir de suite, sous le coup de l’émotion, et de réfléchir ensuite. A première vue, la tâche est ardue, voire impossible, sauf que dans les rangs de l’envahisseur, nous retrouvons Sentry, toujours aussi puissant et indestructible, que délicat à manier pour les scénaristes made in Marvel. 



Sentry est surpuissant, et quand on le lâche dans la mêlée avec la permission de ne pas retenir ses coups, on peut être certain de lire de grands moments de férocité. Ainsi en va t'il pour le pauvre Ares, qui ose se dresser sur son chemin. Sentry déchire littéralement en deux l'enveloppe charnelle du Dieu de la guerre, qui se retrouve les intestins à l'air! Et ça ne va pas très fort non plus pour Daken, qui avait été chargé de pister Thor. Ce dernier était parvenu à s'enfuir grâce à l'intervention inopinée de Maria Hill. Le géant blond est en colère, et il foudroie sur place la copie au rabais de Wolverine, qui se retrouve donc carbonisé au plus haut degré! Comment trouver le courage de s'opposer à un tel envahisseur? Peut être en réveillant les sentiments patriotiques de ceux qui sont déjà prêts à signer l'armistice et à s'enfuir les jambes autour du cou? Captain America/Steve Rogers est l'homme qu'il faut, dans de telles conditions. C'est lui, et le courage des héros, et des hommes simples et bons qui veulent bien le suivre, qui va lancer la contre-offensive.
Bendis et Coipel sont les artisans de Siege. Le premier poursuit son oeuvre de transformation du monde Marvel, en y plaçant les Avengers toujours plus au centre. Il abat ici parfois la carte de l'ultra gore, et profite d'un scénario concentré sur quatre épisodes seulement, pour dépeindre au final ce qui est une gigantesque bataille homérique, un conflit localisé mais sanguinaire, qui a pour enjeu la liberté et une certaine idée de l'Amérique, dont dépend le destin de Norman Osborn. Olivier Coipel est un excellent choix pour ce type de récit, son trait pur et simple fait des merveilles, sans avoir besoin de céder aux rodomontades et autres artifices de mise en page. J'avais pu émettre des réserves, à l'époque, quand à l'aspect trop juvénile de certains personnages, et l'absence de caractérisation sur certaines expressions faciales, mais à la relecture ces défauts ne masquent pas le très bon travail global d'un artiste qui semble né pour mettre en scène ce type d'orgie super-héroïque et la rendre digeste et lisible. Car oui, si dans un premier temps j'avais porté un jugement plutôt sévère sur Siege et sa conclusion surtout, que je jugeais tronquée, un retour bénéfique sur l'ensemble du travail de Bendis, sur la cohérence de son oeuvre depuis Avengers:Disassembled, me pousse à réévaluer cette aventure brève mais intense, qui n'est pas sans faire écho aux prétextes géopolitiques que les américains savent si bien inventer quand ils flairent une opportunité à saisir à l'autre bout du monde. Et pourtant il n'y a pas de pétrole sur Asgard!


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LE PODCAST "LE BULLEUR" PRÉSENTE : UN AUTEUR DE BD EN TROP

Ce n'est pas parce que vous désirez devenir un artiste de bande dessinée que vous allez forcément connaître le succès! Vous savez ce que c'est, ces salons spécialisés où vous avez l'impression que vous n'êtes pas à votre place; vous voyez les files d'attente se former autour de vous, mais vous n'avez personne à votre table... En fait le personnage de cette bande dessinée (Daniel), qui n'est autre qu'une projection de l'auteur lui-même, est boudé par le public, jusqu'au jour où il va mettre les mains sur des planches réalisées par un jeune ado du nom de Kevin. Là c'est la révélation; elles contiennent un potentiel extraordinaire au point que son éditeur accepte d'en faire un album et de le présenter bien vite à Angoulême. Seulement voilà, les planches ne sont pas les siennes, Daniel va-t-il donc devenir un imposteur, un tricheur..? Ce n'est pas la première bande dessinée qui aborde le marché et les coulisses du genre; récemment nous avons eu le plaisir de lire par exemple Cover de Brian Bendis, toujours en attente d'une publication chez Urban Comics; aujourd'hui nous vous présentons donc Un auteur de BD en trop, de Daniel Blancou,  sorti chez Sarbacane, et qui vous est raconté en détails dans l'épisode de la semaine de l'excellent podcast "le Bulleur", que nous relayons avec enthousiasme chaque samedi. Bonne écoute, et pour finir bon weekend à toutes et à tous.


Ecoutez :




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DIEU CREE, L'HOMME DÉTRUIT : OEUVRE FONDAMENTALE DES X-MEN

Je pense qu'il est inutile de revenir sur l'importance fondamentale de Chris Claremont dans l'histoire et la réussite des X-Men; non seulement ce scénariste génial était capable de préparer bien à l'avance des trames complexes aux ramifications multiples, mais en plus il est celui qui a réussi à crédibiliser le mieux l'hystérie anti mutant, qui est un des thèmes fondamentaux de la série, comme le souhaitait d'ailleurs Stan Lee au départ. Année après année, le climat est devenu toujours plus tendu et les mutants ont été placés sur la sellette, au point d'être stigmatisés comme ont pu l'être et le sont encore aujourd'hui certaines catégories de la population, en raison de leurs croyances religieuses ou de leurs origines. Tout ceci se combine avec l'ère Jim Shooter, qui décide d'offrir au lecteur des produits plus adultes et de qualité, une série de graphic novel qui à plus à voir avec la BD européenne que le comics traditionnel, sur la forme. C'est dans cet écrin que voit le jour ce qui sera une des pierres angulaires de la mythologie des X-Men.
Claremont y dénonce l'hystérie qui traverse les États-Unis dès lors qu'il s'agit du fait religieux, et qu'on tend l'oreille vers les discours de la droite religieuse extrémiste. Autrefois c'était le Ku-Klux-Klan qui s'en prenait à la population noire, aujourd'hui c'est le révérend William Striker, une sorte de double maléfique du professeur Xavier, qui entame une croisade contre l'homo superior. Pour lui, ce dernier est une perversion totale de l'humanité et il est prêt à tout pour l' exterminer, quitte même à tendre un piège au professeur et ses élèves, à l'issue d'un débat télévisé. Les purificateurs ont recours systématiquement à la violence, l'enlèvement, le meurtre, pour eux tous les moyens sont bons pour arracher ce qu'ils considèrent être de la mauvaise herbe. Le climat social est d'ailleurs extrêmement tendu; il suffit de voir cette scène où une encore jeune Kitty Pryde se bat à coup de bourres-pif avec un collègue d'étude, parce que celui-ci défend les idées de Striker. Fatalement l'étau se resserre et les mutants sont considérés comme une menace dans l'opinion publique, sans qu'ils puissent se défendre où faire entendre un contradictoire.

Les X-Men ne se retrouvent pas face à un vilain traditionnel qu'il est possible de détruire à coup de super pouvoirs, mais face à un homme très dangereux qui utilise son influence, les médias, l'ignorance des masses, pour semer la haine dans la société. Tout le monde est victime, y compris les enfants, et il n'est pas facile d'extirper les préjudices quand ceux-ci ont atteint les cœurs et les cerveaux. D'ailleurs nos mutants préférés en arrivent à s'allier avec Magneto, pourtant considéré comme un ennemi, et ils font front commun pour mettre sur pied une résistance illusoire mais nécessaire.
Le dessin de Brent Anderson subit l'influence de Neil Adams et il vaut surtout par la mise en page, dense mais inventive, et la qualité du jeu d'ombres. Certes certains premiers plans ne sont pas des plus gracieux, l'artiste fera beaucoup mieux par la suite, néanmoins cela reste un travail de bonne facture, qui nécessite de la part du lecteur un véritable investissement : les dialogues et les didascalies sont très présents et ce n'est pas un album qui se lit en un quart d'heure, entre le café et les photocopies, au boulot. Toujours aussi moderne et d'actualité, Dieu créé l'homme détruit nous rappelle la grandeur des X-Men du passé, la raison pour laquelle nous en sommes tombés amoureux et nous espérons toujours aujourd'hui les voir revenir au premier plan. Encore que oui, le run de Jonathan Hickman, pour ceux qui ne l'ont pas encore lu, pourrait bien être un premier pas vers une renaissance véritable, même s'ils sont encore loin d'être cette bandes de victimes courageuses luttant pour l'égalité et le respect des droits fondamentaux (c'est même le contraire en ce moments, avec des mutants qui s'imposent sur la scène internationale). Si vous n'avez jamais vu cette histoire "vintage" sachez qu'elle est indispensable.


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JUSTICE LEAGUE LA SAGA DE RED TORNADO (DC PAPERBACK)

 Brad Meltzer n’a pas seulement relancé la Justice League en 2006 avec The Tornado’s Path ( la saga de Red Tornado pour Urban) : il a voulu...