NEMESIS LE SORCIER : TOME 3 DES HÉRÉSIES COMPLÈTES CHEZ DELIRIUM


Si le conflit qui ravage l'univers de Nemesis atteint une portée aussi universelle et cosmique, c'est également parce que la frontière entre le bien et le mal, le camp des bons et le camp des méchants, est définitivement brouillé. L'action se déroule des milliers d'années dans le futur sur une Terre où n'existe plus qu'un puissant empire galactique du nom de Termight. Si la surface a été ravagée, sous le sol il existe tout un monde parcouru par des tubes de transport, une sorte de réseau de communication moderne, qui aboutit jusqu'à une étrange "rocade du trou noir", un lieu de passage qui permet aux hommes d'atteindre les profondeurs de l'espace, pour exterminer les aliens.  Tout ceci est au service de Torquemada, qui gouverne le peuple d'une main de fer. Il s'agit d'une sorte de culturiste géant, parangon de la masculinité toxique, hanté par une vision pure et droite de la société. Un vrai délire mystico-eugéniste, grande critique acerbe de l'extrémisme religieux, qui le pousse à détruire toute forme de vie extraterrestre. Torquemada a d'ailleurs trucidé le fils de Nemesis, que l'on peut considérer comme le grand leader de la rébellion. C'est un alien lui aussi et son apparence est tout autant insolite qu'inquiétante. Le conflit entre ces deux-là a pris des proportions épiques, voire fatidiques, la haine et la folie de l'un trouvant dans l'amour pour le chaos et même une certaine forme de nihilisme de l'autre, de quoi alimenter une destruction inévitable. Au centre de ce conflit permanent, nous trouvons la belle Chastity, qui a eu des rapports charnels avec les deux ennemis jurés, manipulée par l'extraterrestre qui l'a hypnotisée, et qui l'a jetée dans les bras du dictateur fou pour être son "cheval de Troie". Elle est en fait une sorte de pièce maîtresse du conflit que les deux rivaux utilisent selon leur bon vouloir; on peut même considérer que le comportement de Nemesis est encore plus répréhensible car il hypnotise et efface les souvenirs de la jeune femme pour servir ses intérêts. Patt Mills livre ici une histoire totalement dingue, dont les sources et les ambitions sont multiples, que ce soir l'heroic fantasy, la science-fiction, le ridicule si dangereux du dogme religieux, ou encore la politique et le totalitarisme. Et la grande réussite, c'est d'éviter l'
écueil de l'angélisme ou de la bonne grosse leçon de morale à asséner sans la moindre subtilité. Pas d'espoir, noir c'est noir. La prolifération des aliens sur Terre n'est pas sans danger et sans dérives, et il suffit de lire les pages postérieures à la grande résolution du duel Nemesis/Torquemada pour s'en convaincre (ce tome 3 achève leur longue bataille, et propose ce qui a été publié ensuite, notamment avec la "présidence" de Chastity, et la cohabitation fantasmagorique et si inventive des extraterrestres et des humains). Tout, de l'aspect simplement physique, aux machinations pour parvenir à leurs fins, stigmatisent les deux camps, dont l'aveuglement et le modus operandi sont tragiquement aveugles à la souffrance de tout ce qui les entoure. 




Delirium a une particularité, pour notre grand plaisir : avoir un catalogue sous le signe de l'exigence, de l'audace, et proposer ses albums dans des écrins à la hauteur du contenu. C'est encore une fois ce qui caractérise Nemesis, pour un troisième et dernier tome, grand format, qui s'ouvre et se dévore presque comme un grimoire classieux. La saga de Patt Mills prend son envol sur les pages de 2000Ad, une revue britannique du début des années 80, qui est, pour simplifier, aussi importante dans la culture underground anglaise, que peut l'être Metal Hurlant pour la France. C'est là dedans que la contre-culture peut prospérer, et il ne semble pas y avoir de limites imposées à la créativité et aux délires des scénaristes qui ont carte blanche pour à peu près tout. Mills et Kevin O'Neill (puis John Hickleton, David Roach, Henry Flint...) vont donc ici faire feu de tout bois, dans une histoire où le moindre concept fait sourire, étonne, désarçonne. Chaque page demande à être lue, vraiment lue, et observée réellement, tant le trait est acéré, minutieux, tant les détails abondent, tant le récit foisonne de trouvailles novatrices pour se déployer. Restez pur ! Restez vigilants ! Restez droits ! assène Torquemada à longueur d'épisodes, et c'est cette litanie qui résume bien le climat de folie, de castration, d'hypocrisie, qui n'épargne rien ni personne, et trouve in fine un équilibre rarement atteint dans le discours de ce genre de comic-book, qui a trop tendance à confondre boussole morale, bon goût et narration débridée (éloquentes ces pages devant un tribunal, où Torquemada tente de justifier l'injustifiable, et y parvient!). Ici rien de tout cela, Mills lorgne plutôt du côté des anti-héros, voire franchement des monstres répugnants, sachant qu'il ne reste au lecteur qu'à se contenter de choisir entre le moindre des maux, puisque de toute façon il ne sera point question d'espoir. Tout est corrompu, tout est sali; pénétrer dans l'univers de Nemesis est une expérience déroutante et dérangeante, mais également salutaire. A (re)découvrir en urgence, avec cette conclusion brillante et démentielle. 
Sortie cette semaine, le 21 janvier.






SHADOW LIFE : OMBRES (ET LUMIERES) CHEZ ANKAMA

 


Le veuvage n'est pas forcément synonyme de résignation. Prenez l'exemple de Kamiko Saito. Placée dans une maison de retraite exigeante par ses filles, elle décide de partir sans avertir personne, et de louer un appartement dans lequel vivre selon ses désirs, son rythme, son bon plaisir. La liberté n'a pas de prix, d'autant plus quand vous savez que les jours qui vous restent à vivre ne peuvent en aucune mesure se comparer en nombre avec ceux que vous avez vécu. Le quotidien de Kamiko n'est pas des plus aisés. Elle a du faire don d'un rein à une de ses filles, sa santé (sa raison?) vacille, et elle a perdu son mari dans un tragique accident de la route. Ce dernier a fait une crise cardiaque au volant, le véhicule s'est abimé dans un lac, et si Kamiko a pu sortir de l'eau à temps, l'homme s'est noyé. Ces temps derniers, la (désormais) vieille dame est de surcroit suivie par des ombres furtives, mystérieuses. Une présence éthérée mais inquiétante, qui ne la lâche pas. Serait-ce la mort qui vient réclamer son tribut, et rode autour d'elle toute la journée? Cela pourrait expliquer ses visions, celles des êtres défunts, lorsqu'elle se rend au cimetière? Toujours est-il que Kamiko finit par aller trouver une marchande d'aspirateurs, pour acquérir un de ces engins bien pratiques, en tirant un peu sur le prix. Et elle s'en sert d'une manière bien originale, puisqu'elle parvient à y emprisonner la manifestation ectoplasmique qui était venue la "réclamer", qu'elle maîtrise ensuite en la piégeant avec du sel, selon une vieille tradition. Imaginez donc avoir votre fin dans un aspirateur, qui tente de sortir et de s'emparer de votre corps, et de lutter alors aussi bien métaphoriquement, que spirituellement, pour le droit à finir votre existence en paix, selon vos envies.




Outre la mort, inéluctable, mais momentanément hors-jeu, il y a la descendance. Certes les filles de Kamiko sont animées de bonnes intentions, mais la mère n'a pas attendu sa progéniture pour exister. Elle a eu une vie riche et mouvementée, on découvre ainsi sa relation pré-mariage, très importante, avec une autre femme, avec qui est venue l'heure de se réconcilier. Le physique aussi est un vrai problème, entre petits accidents aux conséquences lourdes, comme la fracture d'un membre, et d'étranges tâches noires, sortes de mélanomes foudroyants, qui la poussent vers l'hôpital, dont souvent on ne sort plus, passé un certain âge. 368 pages durant Kamiko s'accroche à la vie. C'est truculent, triste, émouvant, et drôle, tout cela en même temps. D'ailleurs, lorsqu'elle se met à rire un peu trop fort, la voici frappée d'incontinence. Tout un symbole, d'un extrême à l'autre, de l'insouciance au rappel de la chair caduque, avec une mémoire qui flanche, des médicaments à prendre chaque jour, entre oublis et tours pendards joués par des forces occultes. C'est un portrait de femme forte, qui ne renonce pas, qui entend vivre comme elle le souhaite, jusqu'à son dernier souffle, sans rien renier de son identité, sexuelle, ou même simplement corporelle (on la voit nue à plusieurs reprises). Le grand âge est parfois pudiquement appelé "la fin de vie", mais pour Kamiko, la fin est une décision à prendre, c'est acter une forme de résignation, ce à quoi elle n'est absolument pas prête. Hiromi Goto, scénariste canadienne d'origine japonaise, a l'habitude d'écrire sur ce sujet, de brosser le portrait de celles qu'on invisibilise et qu'on considère au mieux comme une présence encombrante. Elle y met de la sensibilité, et beaucoup d'inventivité, dans la manière de mélanger réalisme trivial et grands élans poétiques ou symboliques. Cet album est bien plus proche du manga que du comicbook dont nous parlons si souvent. Si les cinquante premières pages ont cet aspect un peu classique, voire monotone, c'est en fait parce qu'il faut un peu de patience, et apprivoiser le quotidien de ces pages, pour entrer pleinement dans ce qui va alors devenir un récit très touchant, fort intelligent, une des grandes belles surprises de ce début 2022 éditorial. Avec en prime le dessin épuré de Ann Xu, dont la simplicité et l'immédiateté permet de saisir sur le visage des personnages ces émotions fugaces ou cette résilience naturelle, qui tout à coup illumine une scène, une tranche de vie, pour en faire quelque chose d'autre, qui tend vers l'universel, voire l'immortalité. Une œuvre inspirée publiée chez Ankama, à qui nous souhaitons vraiment de trouver son juste public. 





HELLSHOCK : JAE LEE ET L'IMAGE COMICS DES 90s

Dans les années 90, vous avez peut-être subi le charme vénéneux des planches expressionnistes de Jae Lee, qui avait vraiment révolutionné la manière de présenter un héros comme Namor, ou le groupe X-Factor, chez Marvel. Profitant du phénomène Image et de la possibilité d'écrire ses propres histoires, l'artiste propose alors une première mini série au parcours tourmenté, Hellshock, qui va finalement éclore en 1994 sur le label Top Cow. S'il y aura une seconde mini série quelques années plus tard, c'est sur cette première version que nous allons nous attarder.
Comme souvent dans les comics de l'époque, il y est question du mal, du bien, de la lutte mystique entre ces deux notions fondamentales, et d'anches déchus, ou de démons, au choix (tiens, ça ressemble pas mal à Spawn, sur le fond). 
Isabelle, encore adolescente, s'est laissée séduire par un ange aux ailes magnifiques, avec qui elle a connu l'amour physique, et qui a laissé une trace de son passage. Un enfant est né de cette union singulière, un gamin qui a vite été éliminé, et qui a grandi en ignorant tout de sa double nature, tout en se démontrant instable, presque dément. Daniel, c'est son nom, a tout du Namor précédemment cité, en terme visuel. Visage marqué et sauvage, chevelure longue et d'une noirceur ténébreuse, il reprend la plupart des codes qui ont fait la fortune de Jae Lee avec le Prince des Mers. Le lecteur le rencontre vingt ans plus tard, dans une église, aux pieds de l'autel, avec à proximité le corps d'un prêtre assassiné. Bien entendu, le détective chargé de l'affaire découvre la scène, et révolté, il décide de provoquer le coupable apparent, pour ouvrir le feu et épargner à la communauté un procès coûteux. Sauf que...

Daniel n'est pas mort, contrairement à ce qu'une balle en pleine tête pourrait laisser supposer. Il est même du genre à ne pas pouvoir mourir, comme on l'apprend rapidement. Il parvient alors à sévèrement blesser Haight, le flic à la gâchette facile, et s'enfuir. Le détective va s'en remettre, mais il a d'autres chats à fouetter, puisque son gamin, qu'il frappe régulièrement à coups de ceinture, fait une fugue, et rencontre un double maléfique qui tente de s'approprier son âme. Pour couronner ce récit de dingos qu'il faut lire attentivement pour tout comprendre, Jonakand, l'ange d'autrefois, est revenu sur Terre pour emporter Isabelle avec lui. Il est toujours amoureux, à sa manière maladive et possessive, mais n'a plus rien de la créature de lumière d'alors. Il est devenu un horrible démon mutilé et torturé, qui va rencontrer aussi, pour la première fois, le fils qu'il ne savait pas avoir laissé derrière lui, le futur Hellshock...
La noirceur ce ces pages est envoûtante. Elle explose avec fracas, traversée par des intuitions fantasmagoriques, des apparitions sulfureuses, une lumière blafarde et tout à coup aveuglante. Jae Lee surjoue largement toute la partie démoniaque et angélique, et brosse un tableau quasi caricatural de cette opposition ancestrale et céleste. Mais c'est tellement sombre, glaçant, que les amateurs du genre sont séduits, happés par des planches qui laissent une forte impression, et sont la véritable raison de s'immerger totalement dans ce titre. Où l'amour fait mal, blesse au sang, et laisse des cicatrices qui résistent au temps.







LES ÉTERNELS DE GILLEN ET RIBIC : SEULE LA MORT EST ÉTERNELLE


 Par définition, s'ils sont éternels, c'est qu'ils ne peuvent pas vraiment mourir. C'est probablement la raison pour laquelle, au lieu d'êtres humains normaux, ils passent pour être des dieux aux yeux de tous; mais comme le rappelle Ikaris, le plus puissant d'entre eux, à plusieurs reprises, non, les Eternels dans cette incarnation sont plus des entités extraterrestres d'apparence humaine aux pouvoirs formidables. En réalité, lorsqu'un membre du groupe meurt, il finit par être ressuscité par une sorte de matrice. Une pratique assez récurrente chez Marvel, une constante même puisque chez les mutants aussi le décès n'est plus définitif. C'est d'ailleurs quelque chose qui peut s'avérer très gênant à la longue, car comment vibrer pour des personnages qui même lorsqu'ils se sacrifient, ont l'assurance de revenir juste derrière? Bref nous assistons dès les premières pages à la renaissance de Ikaris; c'est ensuite au tour de Sprite d'entrer en scène, ce personnage aussi espiègle qu'irritant. Kieron Gillen parvient très rapidement à poser les principaux pions sur la table, sans perdre les lecteurs qui sont entrés dans la danse uniquement grâce au récent film. Il est possible de tout comprendre des enjeux, d'autant plus qu'il recourt à un artifice dont Jonathan Hickman (toujours les X-Men) use et abuse à longueur d'épisodes, un savoir des pages "infographiques" où il est possible d'en savoir plus sur l'histoire et la géographie des Eternals. L'action commence vraiment lorsqu'un meurtre est commis dans la communauté. Un vrai (Zuras), sans retour possible. Les soupçons se tournent assez rapidement vers Sprite mais finalement c'est Ikaris qui va mener l'enquête, notamment dans la cité de Titanos, aujourd'hui totalement abandonnée, autrefois capitale des Eternels. Là-bas notre héros va faire une bien mauvaise rencontre puisque c'est Thanos en personne qui l'attend dans les décombres, et lui inflige une rouste mémorable, dont il est sauvé d'extrême justesse. Problème: si l'assassin recherché est réellement Thanos, comment expliquer qu'il ait pu emprunter les canaux d'accès et de sortie à la cité des Eternels, sachant qu'il n'en n'est pas vraiment un lui-même? Tout cela sent la traîtrise à plein nez.


Le point positif de cet album, c'est le fait que le scénariste parvienne à étoffer considérablement l'univers des Eternels, à le structurer, lui ouvrir de nouvelles pistes pour les années à venir, tout en modifiant le statut de ces personnages, comme à vouloir bien signifier à quel point ils sont singuliers et à quelle niveau il va falloir innover pour leur trouver une place de choix, qui ne soit pas redondante par rapport à tout ce qui existe déjà chez la Maison des idées. Du coup le point négatif c'est que certains éléments du récit nécessitent une connaissance de ces héros pour être pleinement appréciés, d'autant plus que Gillen parsème le tout de nombreuses touches d'humour, qui peuvent ne pas toujours paraître à propos. Néanmoins le cahier des charges est rempli, avec les Eternels, les Déviants, une caractérisation des personnages qui s'intéresse à tour de rôle à chacun des principaux intervenants, sans oublier Thanos en tant que grand méchant, qui réserve lui aussi une surprise. Le dessin est de Esad Ribic, qui est plus à considérer comme une sorte de peintre onirique qu'un dessinateur classique de super-héros. Demandez-lui de mettre de la poésie, du charme, du dynamisme à travers ses planches et vous allez être servis; par contre par endroits il faut bien admettre que son trait n'est pas des plus gracieux. Sur les réseaux, on a lynché par exemple un certain Romita Jr pour des visages et des physionomies qui ressemblent tout de même beaucoup à ce que l'on voit ici (dans les gros plans). Il ne faut donc pas aller chercher dans le détail le meilleur de sa prestation, mais plutôt en humer l'atmosphère globale, celle qui se dégage de son travail. Cette nouvelle époque des Eternels au format comics envisage clairement de lancer le récit vers de nouvelles pistes, et c'est quelque chose qu'il faut louer, mais cette manière un peu ironique et postmoderne de vouloir désacraliser à tout prix celles et ceux qui autrefois étaient considérés comme des créatures divines, peut aussi se révéler une opération casse-gueule. A charge pour le scénariste d'avoir de belles cartouches en réserve pour nous surprendre dans les mois à venir. En attendant cette édition chez Panini est soignée, attrayante et fortement recommandable.





Rejoignez-nous sur Facebook : 

JEFF LEMIRE : EXCLUSIVITÉ IMAGE COMICS!


 Le scénariste et dessinateur canadien Jeff Lemire, l'un des auteurs les plus prolifiques de la scène comics de ces dernières années, a signé un accord exclusif avec Image Comics, pour la publication de toutes ses œuvres à partir de 2022. Parmi les premiers titres déjà annoncés pour cette année figurent Little Monsters, conçu avec Dustin Nguyen, et la série du projet The Bone Orchard Mythos, un univers fait d'histoires partagées, créé en collaboration avec le formidable italien Andrea Sorrentino (détails ici).

Image Comics a annoncé que d'autres comics réalisés par Jeff Lemire seront bientôt dévoilés, à la fois en tant qu'auteur des histoires et des dessins et en tant que seul scénariste. L'accord laisse de côté les oeuvres que Jeff Lemire doit terminer pour les autres éditeurs, comme la série Black Hammer et les spin-offs actuellement publiés chez Dark Horse Comics, en plus de celles créées en ligne pour la nouvelle plateforme Substack. Qui seront de toute façon publiées ultérieurement en édition papier par Image Comics. Ayant travaillé chez Image sur tant de projets au cours de la dernière décennie, j'en suis venu à apprécier la totale liberté créative et le soutien qu'ils m'ont apporté, a déclaré Jeff Lemire lors de l'annonce de cet accord. Je suis ravi de faire d'Image le foyer exclusif de tous mes projets dans les années à venir, tant les projets solo que je vais concevoir moi-même, que mes diverses collaborations. Ce qui a déjà été annoncé n'est que le début de ce que j'ai prévu pour cette année et la suivante. L'accord semble également mettre temporairement fin aux collaborations de Lemire avec Marvel et DC Comics, maisons d'édition avec lesquelles l'auteur a travaillé fréquemment au cours de la dernière décennie. S'il n'y a pas de projets en cours pour Marvel Comics, pour DC Comics Lemire publie actuellement Swamp Thing : Green Hell, avec les dessins de Doug Mahnke, une mini-série en trois numéros dont le premier est sorti en décembre dernier.



DEMAIN ACTE 1 : LES RÊVES CROISÉS DE LEO ET RODOLPHE


Une bande dessinée, ça peut être aussi un voyage; et comme tous les voyages il y a différentes façons de se mettre en chemin, différentes vitesses, à laquelle laisser défiler le paysage. Ainsi certains lecteurs privilégient l'objectif final. Il s'agit d'y arriver le plus vite possible, de la manière la plus efficace possible, et fonctionnelle. D'autres préfèrent flâner et s'imprégner de ce qui vient au hasard, considérant que l'expérience même de se déplacer est plus importante que de savoir où on va. J'utilise cette introduction pour présenter le ressenti à la lecture du tome 1 de Demain, qui est une excellente occasion pour mettre en pratique cette remarque, mais aussi pour retrouver le duo Leo Rodolphe, qui a déjà fait ses preuves à maintes reprises. Cet album présenté au format cartonné franco-belge est le premier d'une nouvelle série de science-fiction, où rien n'expliqué ou élucidé, où tout est suggéré. Deux mondes parallèles, deux réalités qui n'ont apparemment rien à voir l'une avec l'autre, sont au cœur de l'intrigue. Chacune avec ses propres personnages. Nous sommes invités en territoire inconnu, à nous de lire, de nous faire une idée, de patienter puis petit à petit faire connaissance avec les faits, rien que des faits. D'un côté nous retrouvons Jo, qui vit dans une sorte de rêve américain d'autrefois, tendance fifties sixties. Un petit village fait de burgers, de sorties entre amis et de cours au lycée local. Dans l'autre univers qui nous est présenté, nous suivons une jeune fille du nom de Fleur, accompagnée par son père, dans un monde ravagé par une succession de guerres, dévasté, sans pour autant qu'il soit possible de connaître les détails de ces conflits. Qui peut-être importent peu, ou pas du tout. Tous les deux sont obligés de fuir la violence de bandes ou de cartels locaux; ils prennent la route avec un peu d'argent et aucun effet personnel, à la recherche d'un endroit où vivre en paix. On vous le dit, Demain c'est aussi un voyage. 


Dans les deux cas le mystère est complet, ou pour être exact, les questions s'amoncellent, et ne débouchent pas (pour le moment) sur des réponses évidentes. Jo et sa petite bande, par exemple, se retrouvent dans une ancienne masure qui semble abandonnée, et au dessus de laquelle règne un microclimat assez surprenant (il pleut en permanence!). L'intérieur de l'habitation recèle une pièce sombre et d'une étendue illimitée, une sorte de caverne improbable. Fleur et son père sont de leur côté pris en chasse par une milice violente, qui souhaite utiliser les talents de médecin du paternel pour sauver les hommes de son organisation. Qui sont-ils, que s'est-il passé avant, que signifie cet espace étrange découvert par Ted, Jo et ses potes? Au lecteur de se faire sa petite idée, sachant qu'en fin de volume, on découvre que les rêves de l'un croisent ceux de l'autre. Fleur et Jo ne se sont jamais rencontrés, ne semblent pas vivre sur le même plan d'existence, mais leurs songes sont mêlés. Ce récit très surprenant, et envoûtant, est dessiné par Louis Alloing, dans la tradition de la ligne claire. Pas d'esbrouffe, pas de tentative de surjouer l'étrangeté et l'onirique, les planches sont d'une limpidité et d'un académisme presque un poil suranné, ce qui au final ajoute encore à l'impression d'avoir entre les mains un produit unique, énigmatique. Demain est totalement intrigant et presque unique en son genre, une belle petite surprise qui appelle une suite rapide, on l'espère. 




UNIVERSCOMICS LE MAG' #19 : SPIDER-MAN LE TISSEUR DE TOILE(S)

 


SPIDER-MAN : Le tisseur de toile(s)
🎬Dossier Spider-Man au cinéma
🕷 Spider Lectures, quelques récits forts
🦸‍♂️Spidey et l'univers 2099 passés au crible avec #AnthonyHuard
🏆Les dix meilleurs costumes et avatars de Spider-Man avec Alexandre Chierchia
📕 Actu VO avec les nouvelles séries AWA Studios à ne pas perdre ! Upshot Studios
📓 Le cahier critique. Review des sorties du mois écoulé, on file chez Panini Comics France Éditions Soleil Les Humanoïdes Associés UrbanComics DisneyPlus Editions Black & White
🎧 La BD "francobelge" c'est le rayon de l'excellent podcast #LeBulleur, et ses chroniques inspirées. On file droit chez Éditions Delcourt Éditions Denoël Dargaud Éditions Dupuis Les Arènes BD
👀 Preview : 3keys de #DavidMessina arrive chez Shockdom France
🔎 Focus sur les tableaux somptueux de #FredIan. Des super-héros de toute beauté. Fred Ian
🖍 Le portfolio du mois de janvier
📚 Le guide des sorties VF de janvier, petite sélection
#SpiderMan virevolte en couverture avec le talent de #Shamserg que nous remercions infiniment!
Votre Mag' est habillé et maquillé par Benjamin Carret Art Page magicien de la couverture
Le variant Omicron n'a jamais empêché de lire des comics, alors profitez bien de votre mois de janvier. Rendez-vous début février pour un numéro 20 si tout va bien.
Un très grand merci à toutes et à tous, pour votre fidélité à UniversComics, le blog, les réseaux, et le Mag' Vous êtes un public et un lectorat cinq étoiles! Pour nous aider, c'est simple, abonnez-vous, et partagez, partagez, encore et toujours, dans vos groupes, sur vos profils, avec vos amis. Pour vos commentaires, ça se passe ci-dessous. Bonne année ! ! !

PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...