MIRACLEMAN TOME 1

Pour ce qui est de la vraie genèse de Miracleman, il faut faire un sacré bond en arrière, dans les années 50. C'était alors la mode des super-héros tout puissants, reporter dans le civil (vous avez dit Superman) ou bien capable de se "transformer" suivant un mot magique (Kimota, qui signifie, à l'envers Atomik. C'est subtil). Après quelques années de bons et loyaux services, Miracleman gagne ses lettres de noblesses lors d'un retour remarqué dans les années 80, sous la plume inspirée d'Alan Moore (puis Neil Gaiman, quelle chance) et les crayons de Alan Davis, Garry Leach ou Steve Dillon. C'est un tout autre personnage qui nait de l'association de cet aréopage de talents. Michael Moran est un individu torturé, blessé, meurtri. Son alter ego héroïque est réputé mort (à tort) par un peu tout le monde et même s'il parvient un beau jour à retrouver le mot magique qui le transcende à nouveau, c'est pour affronter une réalité bien différente. Entre le besoin de se réadapter à cette puissance incroyable, et une opposition inattendue et perverse, les difficultés ne manquent pas. Les souvenirs qui reviennent peu à peu sont douloureux, et suintent la mort, avec une bombe mortifère qui parait avoir éliminer de l'équation les side-kicks qu'étaient Young Miracleman et Kid Miracleman. Et pourtant...

Pour Michael Moran l'accession à ce statut quasi divin n'est pas un cadeau du sort, ou une bénédiction. C'est une profonde mutation qui vient mettre en péril son quotidien de mari et de futur père. Nous sommes bien dans les prémices du travail de déconstruction entrepris par Moore, et qui aboutira au chef d'oeuvre qu'est Watchmen. Le super-héros n'est pas cet être insouciant qui combat le crime dans un costumes aux couleurs criardes, et jouit de sa réputation. C'est un être qui ne trouve pas sa place, n'a pas choisi ce qui lui arrive, et subit un sort enviable en théorie, mais qui devient vite un boulet qu'il doit traîner jour après jour, sans pouvoir s'en débarrasser. Marvel (et Panini dans la foulée) a donc eu la très bonne idée de reproposer au public ce comic-books aussi intelligent que dérangeant, tout en optant pour la recolorisation des planches. Ce n'est pas une mauvaise idée, dans la mesure où les originales étaient bien entendu marquées à jamais par une époque, au risque de piquer les yeux des nouvelles générations qui n'ont pas connu les eighties. Croquis ou variant covers complètent le premier tome. Premier, car c'est l'intégralité de la série qui est prévue, et le succès que semble rencontrer cette première sortie autorise à penser qu'il en sera ainsi. A noter en ouverture un petit épisode très sympathique et éloquent, où Miracleman, Kid et Young Miracleman, combattent ensemble, dans les années 50, des envahisseurs venus d'un lointain futur (1981, les années Mitterand...), et qui permet de vite entrer dans cet univers narratif qui renaît sous nos yeux. 


ORIGINAL SIN #3.1 HULK Vs IRON MAN : LA REVIEW

C'est une drôle de bombe qui a explosé, durant Original Sin. Une bombe de vérité. Autrement dit, elle a déclenché une vague de réalité, elle a fait tomber les masques et les mensonges que certains de nos soi-disant héros entretiennent depuis des lustres. Parmi ceux qui ont le plus de squelettes dans le placard, citons bien entendu Tony Stark. En ce moment, ça ressemble même à de l'acharnement thérapeutique, avec la révélation concernant son frère (Arno Stark) et son adoption (une des pires idées de la décennie, merci Gillen). Et bien ce n'est pas tout! Un simple coup d'oeil au titre, et à la couverture, nous informe de ce qui va suivre. Tony n'a pas tout dit non plus à Bruce Banner. Ce dernier, scientifique de génie, a travaillé pour le compte du gouvernement, et en compagnie de Stark, pour la mise au point d'une bombe gamma. Mais les deux grosses têtes avaient des point de vue radicalement différents quand à l'exploitation des découvertes. Bruce voulait le progrès de la science pour guérir des maladies, pour apporter la paix, alors que Tony affirmait la nécessité de s'armer, d'acquérir de la puissance, pour prévenir des conflits majeurs. En quoi Iron Man est-il donc coupable vis à vis de Hulk aujourd'hui? Qu'à bien pu faire Tony Stark pour que le géant vert ait envie de le réduire en pièces détachées? Franchement, il ne faut pas faire un trop gros effort d'imagination pour arriver au résultat. A mon avis, si vous poussez la reflexion trois ou quatre secondes, vous allez vite aboutir à la dernière planche de ce numéro. Globalement ce comic-book assure un job honnête. Mark Waid raconte ce qu'on lui demande de raconter, avec le talent et l'expérience qui sont siens. Aux dessins, on trouve le travail conjoint de Mark Bagley, Andrew Hennessey et Jason Keith. Là encore c'est assez plaisant. Alors quoi, pourquoi suis-je encore en train de tiquer? Peut être parce que ça sent le "trop facile", la révélation de trop quand à Tony Stark (en fait c'est un super vilain, à la longue) et l'énième tentative de faire de la ret-con de bas étage là où Marvel n'arrive plus à inventer, à innover. Attendons de voir comment se terminera ce face à face explosif (je me rappelle World War Hulk, normalement Iron Man ne pourra pas défaire un Hulk enragé, en tous les cas pas tout seul) et souhaitons qu'on arrête là les frais pour le Vengeur en armure. Sa réputation est surfaite, c'est le moins qu'on puisse dire...


AVENGERS LA SEPARATION : LA COLLECTION DE REFERENCE HACHETTE

Marvel Comics, la collection référence, chez Hachette, c'est quand même une idée sympa, pour qui veut récupérer vite et bien les sagas les plus marquantes de la Maison des Idées, sans se ruiner (ou presque). Ce coup-ci, place à la séparation des Vengeurs, un moment marquant, à lire et relire.
Nul besoin d’être très futé pour comprendre que Avengers :Disassembled fait écho au cri de ralliement du groupe, c'est-à-dire Avengers:Assemble! (Vengeurs, rassemblement !). Ce désassemblage, cette séparation, sera des plus cruelles et affectera les puissants héros de la Terre dans leurs chairs et dans leurs esprits. Bendis signe son entrée en fanfare sur les titres Marvel heroes avec une saga longue et complexe, point de départ d’une vaste refondation du genre, qui va reporter à leur apogée des super héros surpuissants mais pas toujours gérés avec finesse et intuition par leurs différents auteurs. Les Vengeurs, Thor, Captain America et Iron Man vont ainsi vivre de tragiques événements, et on pourrait aussi y ajouter l’Araignée ou les Fantastiques, bien que leurs titres respectifs ne soient pas, à proprement parler, impliqués dans ce projet. Mais le véritable point de départ de Disassembled se situe à l’arrivée inopinée au manoir des Vengeurs du Valet De Cœur (Jack of hearts) que nous croyions pourtant mort en sauvant le vie de la petite Cassie Lang. Surprise amère lorsque le revenant explose brutalement (une des caractéristiques de son pouvoir, par ailleurs) tuant dans la déflagration le père de Cassie, alias l’Homme fourmi. Débarque ensuite la Vision (qui s’écrase sur le site avec un des quinjets du groupe) épaulé par une armée de robots Ultrons qui s’en prennent violemment aux survivants. Bien mal lui en prend puisque sous l’effet d’une colère mal contrôlée She-Hulk déchire l’androïde en deux, littéralement. Choqués, désireux de se reprendre, tous nos héros (avec des renforts comme Daredevil) se réfugient au Manoir mais ils ne sont pas encore au bout de leur peine : voilà que le ciel s’assombrit et que surgit une flotte extra-terrestre menaçante. Le grand combat contre les Krees (c’est bien d’eux dont il s’agit) se termine enfin lorsqu' Œil de Faucon se sacrifie pour sauver la vie de ses coéquipiers. En réalité, c’est Scarlet Witch, la Sorcière rouge, qui se cache derrière ces assauts en apparence sans explication ni logique.

Le souvenir de la perte de ses deux enfants (qui n’étaient que deux constructions de son propre pouvoir sur les probabilités) a fini par la rendre folle, et une sourde rancune s’est accumulée en elle, qu’elle laisse éclater contre ses anciens amis. Il faudra l’aide mystique du Docteur Strange pour venir à bout de Wanda, que son père, Magneto, viendra enlever au terme de cette aventure épique, pour soigner son esprit catatonique sur l’île de Genosha, autrefois haut lieu du racisme anti mutant. Si vous cherchez un comic-book qui allie action, révélations, et coups de théâtre, vous allez être servis. Bendis avait patiemment mis au point son travail, de longs mois durant, avant de le révéler au grand public sur les pages de la série Avengers. David Finch dessine la saga avec maestria et force détails, et plonge les plus grand héros de la Terre dans un climat post apocalyptique, avec de nombreuses pages sous un ciel rouge mercure, embrasé par les événements et la colère sourde qui semble s’emparer des esprits. C’est surtout aussi le moment où nous prenons enfin conscience de l’étendue prodigieuse des pouvoirs sur les probabilités de la Sorcière Rouge. Souvent perçue comme une simple femme à poigne, mais loin d’être décisive dans les combats les plus rudes, Wanda Maximoff avait gagné ses galons de meneuse de troupe en portant au front le groupe Force Works, né des cendres des Vengeurs de la côte Ouest. Elle avait même eu un temps une relation sentimentale avec Captain America, qui n’avait abouti à rien. La pauvre s’était éprise d’un androïde, avec qui elle a longtemps partagé ses nuits. Un être de circuits et de plastique avait qui elle avait eu des jumeaux. Sans être spécialiste en science de la reproduction, on peut aisément comprendre qu’il y avait quelque chose de louche dans cette filiation. Lorsque le souvenir de ses vrais faux jumeaux lui revient, c’est le drame : le grand plongeon dans les affres d’une dépression agressive qui engendre un chaos terrible. Les Vengeurs ne s’en relèveront pas de suite. C'est bon et vibrant d'un bout à l'autre, c'est incontournable, et c'est ressorti chez Hachette, au cas où vous auriez manqué un épisode. Vous n'avez plus d'excuse!


DOCTOR STRANGE : PIN-UPS CLASSIC EN 1983

Aujourd'hui retour en 1983. A l'époque, plusieurs superbes dessins apparaissent sur les pages de Doctor Strange Classics. Ces pin-ups sont prisés des lecteurs et des fans du maître des arts mystiques, et de son univers onirique, ici représenté et illustré par plusieurs artistes au talent indiscutable, Sienkiewicz en tête. Le Docteur Stephen Strange dans tous ses états, sous toutes ses coutures, c'est la petite récréation du jour sur UniversComics. Au fait, vous sauriez reconnaître le dessinateur au coup d'oeil, ou vous avez besoin de la légende?


Bill Sienkiewicz

Carl Potts


Dan Green


Bill Sienkiewicz


Kevin Nowlan


Michael Golden


P.Craig Russel


Steve Leihaola


Tony Salmons


Art Adams

OLDIES : RECIT COMPLET MARVEL #4 LA VISION ET LA SORCIERE ROUGE

En fouillant parmi les vieux comic-books des années 80 dont regorgent mes cartons laissés en jachère, j'ai retrouvé cet album d'une importance notable pour la suite de la continuity Marvel. Il s'agit du quatrième Récit Complet Marvel proposé en 1984 par Lug. Les héros de cet album sont deux époux bien particuliers, la Sorcière Rouge, qui allait devenir si puissante et incontournable bien des années plus tard grâce à Brian Bendis (Avengers Disassembled) et son synthézoïde de mari, la Vision, un type fait de circuits électroniques, mais capables d'émotions, dont l'amour, qui est peut être bien la plus complexe! Bill Mantlo met en scène les deux tourtereaux dans quatre récits à la suite, chacun présentant une thématique et une action finalement assez séparée et isolée de la suivante et de la précédente. On démarre dans un quartier tranquille du New Jersey, où les ex Vengeurs ont décidé de s'installer pour vivre une vie sereine, comme vous et moi. Mais à peine ont-ils pris possession de leur nouvelle demeure, ils sont attaqués par un Dieu Druide, puis ils doivent prêter main forte au père adoptif de Wanda (et de son frère Pietro, donc) qui souhaite récupérer la garde de son véritable fils, Nuklo, qui est une véritable bombe atomique ambulante, depuis que d'infâmes radiations l'ont contaminé dès le ventre maternel. Au passage, la Vision y laisse un bras, totalement fondu et hors service. Pour réparer son organisme artificiel, il doit ensuite faire appel à Simon Williams (Wonder Man), l'homme dont les schémas mentaux ont permis d'insuffler une vraie personnalité à l'androïde. C'est un peu comme son frère, en fin de compte. Vous l'aurez compris, le fil conducteur de toutes ces péripéties, c'est la famille, les non-dits, les liens fragiles, niés, castrateurs, ou consolateurs. C'est encore plus flagrant dans le grand final, lorsque Wanda et son époux se rendent sur la Lune, chez les Inhumains, pour de la chirurgie réparatrice. Là, ils sont rejoints par un Magneto remonté, qui leur apprend la vérité, jusque là cachée : Pietro et Wanda Maximoff sont bien ses enfants, et la naissance de la petite Luna -qui est donc la nièce de la Sorcière Rouge et le fils de Vif Argent et Crystal-permet au moins de mitiger ses sentiments belliqueux à l'encontre des simples humains. Tout cela est raconté selon un schéma classique pour l'époque, peut être trop rhétorique et pompeux pour les lecteurs d'aujourd'hui. Cet album revêt toutefois une importance capitale pour la suite de l'univers Marvel, puisqu'il clarifie les relations entre tous les personnages mentionnés, ouvrant la voie à d'autres sagas et retournements de situation, qui vont rythmer l'univers Marvel dans les années à venir. Le dessinateur est Rick Leonardi, appliqué et très expressif, qui tente souvent avec succès de transmettre de l'émotion avec les visages et mimiques de ses héros. Une dose de nostalgie canaille, avec ce couple qui fut autrefois un pilier de la série des Avengers, Côte Est et Ouest confondues.


ULTIMATE SAGA 4 : LA FAIM

A force de jouer avec l'espace-temps comme avec un vieil élastique, les héros de chez Marvel ont commis l'irréparable. Une déchirure cosmique qui va provoquer un cataclysme de dimension inimaginable. Pour commencer, c'est l'univers Ultimate qui est touché. Dans ce monde narratif là, les choses ne vont plus très bien. Après des débuts en fanfare et une profusion de très bonnes idées, c'est un peu le marasme, ces dernières années. De terrain d'expérimentation savoureux, nous sommes passés au champ de ruines. Comme toujours quand on arrive à bout de souffle, les scénaristes proposent une bonne grosse catastrophe pour éponger ce qui déborde et relancer hypothétiquement la machine. C'était déjà l'intention initiale avec Ultimatum, quand Magneto noya New-York sous les flots. Cette fois, Fialkov décide de se servir de Galactus pour effectuer le sale boulot. Le notre, le vrai, pas l'essaim de tueurs robotiques qui sillonnent l'espace pour effectuer régulièrement un carnage sur les planètes visitées, du nom de Gah-Lak-Tus un avatar évident dans le monde à la sauce Ultimate. Quoique... Ces robots se mettent au service du véritable Galactus, deviennent son héraut, sa force de frappe, et le cosmos tout entier risque de se faire dévorer. Sortez les couverts, le repas commence ce mois-ci dans ce numéro spécial en kiosque.

Cataclysm, donc. Avec en hors-d'oeuvre une mini série en quatre parties du nom de Hunger. La faim. Qui peut tout aussi bien être la fin, en trois lettres. Galactus débarque donc chez les Ultimates et autres héros de là-bas, pour tout boulotter. Devant lui se dressent plusieurs entités, comme le Silver Surfer (forcément...) ou encore Rick Jones, qui n'est autre que Nova, et bientôt Captain Marvel, lorsqu'il parvient à récupérer les pouvoirs et attributs de ce dernier, après son trépas. Nous rencontrons aussi la Ultimate Vision, robot conçu pour cette situation précise, qui est aussi amoureux(euse) du Faucon, Sam Wilson. Mais rien n'y fait, Galactus est Galactus, et il n'est pas venu pour faire du tourisme, mais pour s'en mettre plein la panse. En complément, Cataclysm 0.1 où le conflit débarque sur Terre, et donc commence à nous concerner au plus point. Josuah Fialkov fait de son mieux pour rendre l'instant solennel et instaurer une tension dramatique forte, rompue par moments par quelques traits d'humour qui allègent l'atmosphère (Rick Jones est jeune, et parfois insouciant). Les dessins de Leonard Kirk sont assez bons, même s'il a tendance à se répéter dans sa mise en planches, dans les silhouettes, les attitudes. Parfois il me fait penser à Immonen, pour les contours, le style, mais ce dernier a franchi un cap que le dessinateur du jour recherche encore. L'ensemble reste globalement honnête, et est servi à un rapport qualité prix évident, car Panini livre cinq épisodes pour un peu plus de cinq euros. Reste à voir comment cela va finir, et ne surtout pas penser à ce que l'univers Ultimate aurait pu devenir. La nostalgie et le regret feraient encore plus de dégâts que Galactus lui même. 


LE CONAN DE JOHN BUSCEMA : PORTFOLIO

De temps en temps, on met de coté les sorties librairies ou kiosque, les critiques d'albums récents, pour se consacrer juste au plaisir des yeux. Aujourd'hui je vous propose de (re)découvrir le talent de John Buscema, à travers un splendide portfolio consacré à un de ses personnages fétiches, à savoir Conan. Il remonte à 1992 et propose de fort belles pièces, qui ne laisseront pas insensibles les amateurs du barbare le plus célèbre de l'histoire des comic-books. Comme Buscema aimait à le souligner : Je n'ai aucune attirance pour Spider-Man. Il est naïf, sans la moindre consistance et dénué d'intérêt. Pour être tout à fait honnête, c'est un peu le sentiment que j'éprouve face à la majorité des super-héros. Finalement, le seul personnage avec lequel je me sente à l'aise est Thor, et ce en raison d'Asgard. Tant que j'ai pu exploiter cet aspect du personnage, j'étais heureux. Mais le jour où ils ont décidé de le faire venir sur Terre, il a perdu toute sa saveur et son panache
Alors en 1973, lorsqu'il put se consacrer à Conan, personnage de Robert.E.Howard, dont Marvel venait d'acquérir les droits, ce fut une révélation. et un cadeau somptueux que récupérèrent les fans, au passage. 












AVENGERS : ETAT DE SIEGE (MARVEL BEST-OF)

La collection Best-Of de Panini nous permet de (re)lire une des aventures les plus dramatiques des Vengeurs, directement puisée dans les années 80. Les fans de Bendis ou de Hickman peuvent en écarquiller les yeux, car oui, il y a eu une vie avant leurs démiurges. En l'occurrence, ici les plus grands héros de la Terre ont maille à partir avec les Seigneurs du Mal, et le tout est scénarisé par Roger Stern, une des pointures d'alors. Celui ci avait bien compris que plus que les batailles épiques entre malabars en costumes, ce sont les relations interpersonnelles entre héros qui constituent toute la sève de ce titre, et il avait entrepris de mixer intelligemment les deux, tout d'abord avec Al Milgrom aux dessins, puis John Buscema (ici présent), qui contribua grandement au succès de la série. Là, nous assistons à une lutte dramatique contre une coalition de vilains sans pitié, menés par le fils du Baron Zemo. Ils parviennent à s'introduire dans le Qg des Vengeurs, et les constituent prisonniers, avec de terribles conséquences. Les super-héros de Stern sont humains et fragiles; à ce sujet ne ratez pas la conclusion avec un Captain America qui pleure comme un gamin. Les héros qui se jalousent entre eux (Hercule à bien du mal à prendre des ordres de la part d'une femme, Janet Van Dyne) ou qui sont perturbés par des poussées d'hormones et des histoires sentimentales (encore la Guêpe convoitée par Dane Whitman, le Chevalier Noir, à qui elle préfère le mercenaire Paladin) ont un talon d'achille que leurs adversaires peuvent titiller, afin de les faire tomber les uns après les autres, dans un piège longuement mûri. 

 
Tout cela donne une forte crédibilité émotive à la lecture de l'album. Les criminels, eux, sont foncièrement mauvais, mais ils ne dédaignent pas non plus faire preuve de sadisme, comme lorsque Mister Hyde torture Jarvis, le majordome, sous les yeux de nos héros, ou lorsque Hercule subit un passage à tabac impressionnant, facilité par le fait qu'il était monté au combat pratiquement ivre mort! Tout ceci est important car ça anticipe le titre Thunderbolts, dans lequel vont s'associer des êtres peu recommandables comme Moonstone, le Baron Zemo, et d'autres repris de justice, dans une course au rachat pas franchement sincère, mais toujours passionnante. Le line-up des Avengers vaut lui aussi le détour. Si on trouve de grands noms comme tauliers de la maison (Thor, Captain America, la Guêpe), ne négligeons pas la présence de héros mineurs, ou qui aujourd'hui ont disparu de la formation, comme le Chevalier Noir, Captain Marvel (pas le Kree, bien sur, mais la belle Monica Rambeau, revenue récemment dans Mighty Avengers) ou encore Hercule, déjà cité. Buscema est en pleine forme, et reçoit le soutien de Tom Palmer à l'encrage, dont le trait ombrageux correspond bien à ce que fut le titre ces années là, et qui contribua à le rendre reconnaissable et apprécié des lecteurs. Angoisse, souffrance, rage, tous les sentiments sont exprimés à merveille, ce qui est un des motifs principaux pour vous procurer cette saga haletante, qui fait monter en chacun de nous un sentiment d'impuissance et de colère, voire de vengeance, pure et simple. Heureusement que le Punisher ne fait pas partie des Vengeurs, car ce "siège" aurait alors connu une conclusion sanguinolente, digne de l'affront subi par des héros bien fragiles. Une des aventures les plus abouties et marquantes de la décennie, à coup sur.


JUSTICE LEAGUE TOME 4 : LA LIGUE DE JUSTICE D'AMERIQUE

Le nouvel album (quatrième de la collection) consacré à la Justice League repose avant tout sur un duo d'auteur scintillant. Inutile de présenter le scénariste Geoff Johns, qui est le grand architecte de l'univers Dc depuis près d'une décennie, et transforme en or à peu près tout ce qu'il approche. Aux dessins, David Finch, avec son trait méticuleux et spectaculaire, est un des artistes les plus acclamés par les fans. Avec une telle doublette, la nouvelle équipe mise en place par les forces gouvernementales américaines, pour éventuellement contrer et maîtriser la Justice League et ses poids lourds, peut dormir sur ses deux oreilles. Les hautes sphères de l'Etat ont bien compris que la prolifération des êtres aux super-pouvoirs constitue une nouvelle menace à prendre au sérieux, au même titre que des armes surpuissantes et en libre circulation. Mieux vaut donc avoir sa propre équipe à disposition. A défaut de recruter les plus nobles, les plus forts, pourquoi ne pas associer les plus dangereux? Le colonel Trevor est réticent et rechigne à être de la partie, mais les arguments qu'on lui opposent semble être convaincant. C'est drôle, parce que la goutte qui fait déborder le vase et tiquer le gouvernement, c'est ces clichés volés de Superman et Wonder Woman en train de se rouler un patin. Comme si une love-story, avec une rupture possible, ou pire encore une progéniture entre ces deux-là, était ce qui pouvait se produire de pire dans le monde. Du coup voilà une nouvelle formation qui va naître, et nous assistons un à un à l'entrée en scène des personnages du team, dont feront partie entre autres Catwoman (pour contrer Batman qu'elle connaît très bien), Green Arrow (bien mal en point dès le premier épisode), Speed, Katana, Martian Manhunter, Hawkman... Johns veut nous vendre là une JLA bad-ass et qui cogne avant de poser les questions. C'est forcément efficace et rythmé, à défaut d'être très subtil dans les détails. 

Nous lisons une entrée en matière assez classique dans la forme et le fond, mais mise en image avec énergie et qui promet de belles grosses batailles rangées et de l'adrénaline à l'état pur. Dans un premier temps, les membres du team sont présentés, et on devine qu'ils ne sont pas tous des enfants de choeur, comme Hawkman qui a encore du sang tout frais sur sa masse d'arme. La dynamique publicitaire et les plan communication ne sont pas en reste avec la blondinette Stargirl, que l'on voudrait mettre en avant pour amadouer le quidam moyen. Le première mission de cette JL of America est d'enquêter sur la Société secrète des Super-vilains, et Green Arrow y laisse des flèches. Face aux versions distordus des principaux héros de la Terre (Batman, Superman, Wonder Woman...) , l'équipe de Steve Trevor joue des muscles, mais n'oublie pas de placer un des siens chez l'ennemi. Plutôt discrète et douée pour l'infiltration, c'est Catwoman qui est chargé d'employer la ruse et la subtilité pour s'introduire là où la force brute est impuissante. Au bout de ce cheminement, les premiers indices de ce qui amènera vite Forever Evil, et le grand bouleversement que nous vivons en ce moment. Si nous pouvons reprocher quelque chose à cette nouvelle série, c'est qu'elle n'est pas très subtile, et que passé l'effet du capital sympathie des premiers épisodes, l'action s'étiole un peu et finit par lasser, par perdre un peu de sa splendeur. Dessiné par Liefeld, ça aurait pu être publié dans les années 90 sans trop de problèmes. A lire comme on va voir un gros blockbuster au cinéma, un produit d'appel qui ne se cache pas et fait le job à coups de gros biscottos. 


Pour rappel le mois dernier est paru le Tome 3, qui concernait le crossover "Le trône d'Atlantis". La review de ce tome est à lire ici 

JUSTICE LEAGUE SAGA 8 EN KIOSQUE : FOREVER EVIL CONTINUE

Le règne du mal instauré par le Syndicat du Crime (en provenance de Terre 3) domine le sommaire des revues kiosque chez Urban Comics. C'est au tour de Justice League Saga d'être pris dans la tourmente, et pratiquement tous les épisodes publiés font un saut dans le passé des personnages contradictoires ou franchement mauvais, pour en illuminer les faits et gestes d'aujourd'hui. Par exemple, dans Justice League 23.4, Geoff Johns et Simon Kudranski explorent la relation entre Owlman (le double de Batman) et son Alfred de majordome. Sur leur monde, ces deux là ont bien des secrets et des tragédies qui les unissent à double fil, et dans un épisode très sombre et noir, nous découvrons pourquoi ils sont ainsi liés, et en quoi la présence de Nightwing, aux mains du Syndicat, pourrait bien être finalement le proverbial grain de sable dans l'engrenage. Dans JLAmerica 7.1, Matt Kindt et Sami Basri offrent un nouveau passé à Deadshot. La version New 52 insiste sur un terrible drame vécu à l'adolescence, quand la famille tout entière de Floyd Lawton a été abattu par mégarde. Torturé par le souvenir, par le syndrome du survivant, la carrière de cet assassin hors pair va donc emprunter des voies sanglantes. On peut trouver ça un peu simpliste, mais attendez de lire Detective Comics 23.2. Cette fois c'est Harley Quinn qui s'y colle, et on retrace les premières années de la cinglée de service, entre l'enfance, les premiers pas comme psychologue, puis l'entrée à Arkham et le début d'une folie certaine. Le tout est très académique et manque de conviction, d'approfondissement, pour vraiment sembler crédible, et pas un travail de commande. Matt Kindt (encore) et Neil Googe font choux blancs, avec en prime un jeu de mot douteux et absurde en dernière page qui laisse pantois...


La foire aux souvenirs se poursuit. Parlons de Flash 23.2 (Manapul, Buccellatto et Hepburn). Nous allons tout savoir de l'identité du nouveau Néga-Flash, et c'est du coté de la famille West qu'il faut aller chercher. Encore une fois nous avons un vilain qui puise ses motivations dans le sort qu'il a subi dans l'enfance. Plus particulièrement, à cause d'un père haïssable, et d'un regrettable accident. Comme si forcément seul un trauma lié à l'enfance pouvait amener à l'éclosion d'un ennemi naturel pour nos héros. La carte de la sécurité; c'est toujours plus facile d'écrire un scénario en respectant ces normes éculées. Green Arrow 23.1 suit aussi cette logique. Au moins Jeff Lemire plante t-il un récit effrayant, avec un vilain qui gagne là ses galons et finit par impressionner au point qu'on a hâte de le retrouver face à Oliver Queen. Je parle bien du Comte Vertigo, des rapports douloureux avec sa mère, de la façon dont il a été exploité et est devenu ce qu'il est maintenant. C'est fort et efficace, et l'ambiance instaurée par Andrea Sorrentino colle au texte en tous points. L'épisode le plus original, c'est finalement celui qui voit la résurrection (juste après sa mort...) de Black Adam. Le défenseur du Kanhdaq revient parmi nous grâce à la magie et aux rebelles qui se défendent dans sa contrée d'appartenance. C'est un vilain très controversé, doté d'une forme de noblesse indéniable, mais d'une férocité et une cruauté contre qui se dresse sur sa route, qui le place dans le camp du "mal". Sauf que même le mal est relatif, et Black Adam semble loin de partager l'envie du Syndicat du Crime de s'emparer du monde. Voilà un élément de poids, pour sauver ce qui pourra l'être, dans les prochains mois. Tout ceci dans JL of America 7.4, avec les dessins plutôt intéressants d'Edgar Salazar. Forever Evil, pour le moment, est donc surtout l'occasion de réviser ses gammes, et de (re)faire connaissance avec l'axe des criminels, dans des aventures au niveau moyen fort différent. A chacun de se faire une idée définitive. 






GOODIES (3) : LES MERVEILLES VINTAGE DE MARVEL...

Quelques nouveaux goodies sympathiques ce vendredi. Vous allez voir, c'est du vintage! Si vous en possédez chez vous n'hésitez pas à nous envoyer vos photos et on se fera un plaisir de publier cela sur le blog ou sur la page Facebook. En attendant vous allez voir, le monde Marvel se décline aussi en de bien curieuses trouvailles...


The Thing élastique. Vous pouvez y aller, ça reprend forme. Le neveu préféré de sa Tante Pétunia en prend un sacré coup à l'orgueil...


Un bouton qui saute à votre veste? Pas de problème, avec le rayon mercerie de Marvel, vous avez le choix pour le remplacer!


Un gâteau d'anniversaire pour jeune Marvel Fan? N'oubliez pas d'y planter cette surprise hyper vintage qui fera son bel effet.


Les héros combattent le mal, mais pas les caries! Au contraire, on les retrouve sur ces chewing-gums ultra sucrés qui ont provoqué des générations de chiquos.


Euh... Alors là je passe mon tour. Thor transexuel? Non, parce que je ne vois pas...


Le plus bizarre. C'est le Captain America Flying Toy. Une hélice censé voler quand on le frotte et on le projette en l'air. Et oui, autrefois, en l'absence de I-Pad ou autre Playstation, les jeunes devaient bien trouver un moyen pour s'amuser...

ORIGINAL SIN #4 : LA REVIEW

Original Sin, ça continue. Ou devrais-je dire, l'enquête continue. Cette nouvelle grande aventure Marvel ressemble d'avantage à un polar, à un Maigret super-héroïque, qu'à une énième bataille entre super slips. Cette fois, on s'attarde d'avantage sur le binome assez étrange que forment le Punisher et Stephen Strange. Ensemble, ils partent d'un univers mystique pour donner la chasse à un tueur de monstres oniriques, pour se retrouver dans un satellite en orbite autour de la Terre, non sans avoir éliminé Hulk lui même de l'équation (Frank Castle a toujours plus d'un tour dans sa sacoche). Tout la haut, ils vont être rejoint par un trio d'enquêteurs passablement énervés. Ant-Man, Emma Frost, et la Panthère Noire ont été trahi par Bucky Barnes, et ils le poursuivent logiquement. Bucky a décapité Nick Fury dans le dernier numéro. Tête tranchée, un geste horrible et si imprévisible. Et bien nous allons découvrir les tenants et les aboutissants de la chose cette semaine. A votre avis, le vrai Fury est mort? Dans l'univers Marvel traditionnel? Sérieusement, vous n'avez jamais lu de comic-books de votre vie, ou quoi? Ce qui ne veut pas dire qu'une petite surprise ne vous attend pas, en dernière planche. Le rythme se calme un tantinet, par rapport à l'épisode 3, et l'ensemble des enjeux commence à apparaître un peu plus clair, même si nous sommes loin, très loin, d'entrevoir la vérité et la finalité des plans de Jason Aaron, qui tient ses cartes sous la table. La partie graphique reste de très haute facture, c'est du Deodato appliqué, inspiré, et nous nous en réjouissons toutes les deux semaines. Trust no one, comme dit la couverture. Entre les secrets gardés ou révélés, des uns et des autres, nous avons bien des squelettes à sortir des placards. 


LA NUIT DES LANTERNES CHEZ DELCOURT : LE DEUIL, LA COLÈRE, L'HORREUR

 Le personnage principal de cet album signé Jean-Étienne s'appelle Eloane. C'est une jeune femme qui retourne dans la maison familia...