LE DAREDEVIL DE FRANK MILLER PART 1 : AVEC ROGER MCKENZIE

Nous sommes presque à l'orée des années 80, et il faut bien être honnête, Daredevil n'est pas franchement la priorité chez Marvel, qui continue de publier les aventures du héros par inertie, sans y croire plus que ça. Du reste les dessinateurs se succèdent, et pourtant il se passe des choses sur la série, et lorsque Frank Miller est annoncé pour son arrivée, au numéro 158, peu immaginent que l'histoire est sur le point de s'écrire. Au départ donc, c'est Roger McKenzie qui poursuit sa prestation au scénario, et bonne pioche, Miller peut bénéficier de l'encrage d'un certain Klaus Janson, avec qui le mariage est naturel. Les premières pages permettent d'évacuer la présence d'un super vilain capable de se déphaser brièvement avec le temps réel (le Chasseur), et donc d'apparaître intangible, même s'il doit solidifier à nouveau son corps pour frapper. Obsédé par sa veangeance contre Daredevil qui l'a battu dans le passé, il connaît sa double identité, mais tout cela ne lui évitera pas de finir d'une bien horrible façon, incrusté en partie dans une pierre tombale. Ce qui retient surtout l'attention, dans la série, c'est en fait son coté vaudevilesque. Murdock est aveugle, mais c'est un sacré tombeur! Dans ces années-là, la situation est la suivante : il est en couple (plus ou moins) avec la fille d'un riche industriel, Heather Glenn, qui ne supporte plus sa double existence (oui, elle sait, ce n'est jamais bon signe...). Mais La Veuve Noire est revenue faire un tour dans les parages, et la secrétaire de Matt, une certaine Becky, attend fidélement dans l'ombre que son patron jette son dévolu sur elle. Il faut dire qu'elle ne fait pas le poids à coté de la froide beauté d'Heather, ou d'une super espionne : elle est en fauteuil roulant...
Bien vite, Daredevil se retrouve aux prises avec Bullseye. Oui, le dingo par excellence, capable de tout transformer en une arme. Le "Tireur" comme on l'appelait alors en Vf s'en prend tout d'abord à la Veuve pour atteindre notre Tête à Cornes. La pauvre prend cher, mais ça a le don d'irriter DD qui se rend sur au parc d'attractions de Coney Island pour l'affrontement final (blague). Entre temps Bullseye a eu une idée de génie : envoyer des seconds couteaux défier son adversaire, pour en étudier les réactions, les techniques de combat. Ce qui ne lui évitera pas une vraie humiliation, au point d'en perdre momentanément la boule. Très sensible, en fin de compte.

L'époque McKenzie est en fait loin d'être inintéressante, elle comprend certes des moments faibles (un épisode avec Hulk lâché dans New-York, que Daredevil parvient à raisonner, tout en finissant dans un bien sale état aux urgences...) mais aussi de petites pépites, comme l'enquête patiemment conduite par le journaliste Ben Urich, qui a compris que Matt Murdock est aussi un super type costumé, et rassemble indices puis preuves, avant une confrontation à l'hopital, dont la résolution est probablement un peu trop hâtive. Miller lui fait des siennes à travers le dessin, dans un style bien plus réaliste et conventionnel que ce qu'il fera par la suite, mais son story telling, sa façon de rendre chaque planche cinématographique, son rendu de la ville sombre et de la population qui y grouille, son utilisation de certaines vignettes allongées ou étirées, permet de donner une vie, un cachet, un caractère crapuleux à son travail, et c'est exactement ce qui convient à Daredevil. Personne depuis Gene Colan n'avait été capable de comprendre et traduire cela. 
Reste à approfondir le personnage, lui offrir une crédibilité grâce à des trouvailles extraordinaires (une parmi d'autres, la plus significative, Elektra) mais cela ne tardera pas. On s'en rend compte quand on feuillette le numéro 164, où Daredevil raconte ses "origines" à un Ben Urich qui a tout compris. Les grandes lignes de la tragédie fondatrice sont là, mais il manque tout de ce souffle épique qui transforme un adolescent handicapé en un héros sans peur et capables de prouesses. Ici tout est emballé très vite, et ce qui en découle est certes un super héros fonctionnel, mais qui n'a pas encore cette épaisseur que Miller va lui conférer, en creusant de nouveaux espaces dans l'existence de Matt Murdock, pour en bouleverser le parcours. Cela reste tout de même une mise en bouche de qualité, trop souvent snobé par les puristes puisque Miller n'est pas l'artisan principal des choix opérés durant ces épisodes. Pour ce qui est d'une publication vf, outre les vieux Strange et les adaptations pas toujours respectueuses et complètes, il existe chez Panini la collection Marvel Icons, qui héberge la prestation de Frank Miller. Cette première phase constitue le menu du tome 0. 
(à suivre, la semaine prochaine)



Achetez l'omnibus de Daredevil par Frank Miller! En VO!


Suivez-nous chaque jour sur la page Facebook

E.V.A CHRONIQUES DE L'INFRAMONDE (DE MARCO TURINI)

Ce sont les amateurs de la grande époque du magazine Métal Hurlant qui vont être ravis, tant le style de Marco Turini les fera se sentir "à la maison", dans cet album publié chez Graph Zeppelin. Marco Turini, c'est un dessinateur italien, désormais installé en République Tchèque, que nous n'avons encore jamais eu le plaisir de rencontrer, mais dont nous suivons avec un grand intérêt les dessins et les travaux relayés sur ses réseaux sociaux. Ici ses aquarelles un brin morbides, d'une froideur mécanique et pour autant contenant une puissance charnelle évidente, sont de toute beauté et attirent à elles-seules le regard du lecteur potentiel. Nous avons entre les mains un ouvrage ultra dense, très ambitieux, qui ne se contente pas de dérouler une simple piste narrative, mais ouvre énormément de sentiers qui se ramifient, au point de parfois donner le tournis, et de ne plus permettre de savoir où on en est vraiment, avec qui, pourquoi. Pour cette histoire, il faut plonger dans les entrailles de la Terre, puisque qu'une terrible catastrophe a rendu l'idée d'habiter la "surface" inenvisageable. Le nouveau monde est divisé en quatre sous niveaux, et plus on descend, plus il fait chaud, plus on s'éloigne du véritable habitat humain, et plus l'existence y est sans concession. On se retrouve d'ailleurs dans la capitale (Janis) de ce dernier "giron", comme le qualifiait Dante pour sa Divine Comédie, où des forces de l'ordre high tech sont sur la piste d'E.V.A, qualifiée de terroriste, pour avoir tentée à plusieurs reprises de pénétrer dans les niveaux supérieurs. C'est formellement interdit, et pour autant elle n'est pas la seule, comme cette Lavinia avec qui elle fera connaissance, et qui constitue le vrai point de départ de l'album. 


Ces chroniques de l'inframonde plongent le lecteur dans un univers où les personnages sont autant de mécaniques humaines. Parties toutes entières du corps mécanisées, avec des androïdes qui fleurent bon la science fiction des années 70, et qui côtoient également de jolies créatures qui donnent à l'ensemble une touche de sensualité là encore surannée. On y trouve par ailleurs une certaine forme de conscience politique, avec cette maire de la cité de Janis, engagée dans sa propre réélection, qui use d'un artifice bien connu des hautes sphères du pouvoir : il vaut mieux séduire que convaincre. Une grande fresque post apocalyptique et ambitieuse, voilà ce que présente Marco Turini, mais avec un talon d'achille évident, qui saute aux yeux passée une bonne vingtaine de pages, l'incapacité à faire décoller l'ensemble, emporter l'adhésion, car le récit est trop vague, fumeux, manque de clarté et d'envie de s'attacher à des personnages qui fonctionnent de manière trop artificielle. Du coup, on ne pourra conseiller ces Chroniques de l'Inframonde qu'aux amateurs d'une certaine SF punk qui n'a plus cours aujourd'hui, mais a donné des pages inoubliables voici quelques décennies. Turini est un dessinateur très doué, qui maîtrise son art aussi bien dans le trait et la couleur, mais sur le coup, une véritable maxi série au long cours aurait pu être profitable pour développer cet univers, en lieu et place d'un simple album qui manque singulièrement d'une vraie ligne directrice. Reste un bel objet, soigné, proposé par Graph Zeppelin. 



Achetez cet album chez Graph Zeppelin


Suivez-nous chaque jour sur Facebook

LE PODCAST "LE BULLEUR" PRESENTE : QUATORZE JUILLET

Bastien Vivès et Martin Quenehen sont à l'honneur ce samedi, avec le podcast Le Bulleur, qui vous propose l'album coup de coeur de la semaine, et l'actualité de la Bd. Cette fois on s'intéresse au destin de trois personnages, liés à un attentat, écho évident au tristement célèbre 14 juillet et à la Promenade des Anglais, ici à Nice. Publié chez Casterman, cette bd dense de plus de 250 pages se présente avec le pitch suivant :
Quand Jimmy, un jeune gendarme, rencontre Vincent, un peintre qui vient de perde sa femme dans un attentat, il décide de les prendre, sa fille Lisa et lui, sous son aile. Mais peut-on sauver les gens malgré eux ? Et dans quelle mesure est-il forcément juste de vouloir jouer les justiciers ?
Dans ce polar contemporain, Bastien Vivès et Martin Quenehen dressent le portrait de personnages déboussolés qui cherchent à donner un sens à leur existence dans une France traumatisée, à la fois paranoïaque et divisée.
On s'intéresse donc de près à la manière dont on peut constituer le deuil et reconstruire une vie, alors qu'on a perdu une épouse et une mère. Et à ce jeune gendarme qui finit par veiller sérieusement sur ces deux parisiens qui se sont retirés à la campagne, et qu'il a rencontré par le plus grand des hasards. L'ensemble part sur d'autres chemins, ceux du thriller, et de la réalité sociale et professionnelle, mis en images simples mais expressives par le trait épuré et reconnaissable de Bastien Vives.
Pour en savoir plus, vous trouverez la chronique complète sur le podcast, avec le lien disponible juste sous cet article. C'est à vous de jouer! 



Suivez-nous chaque jour sur Facebook!

OLDIES : CAPTAIN AMERICA OPERATION REBIRTH

Alors que le monde entier rend hommage à Captain America, Bill Clinton en tête (on le voit conduire le cercueil vers la fosse), le corps de Steve Rogers est dérobé. Comment ça, vous ne comprenez plus rien? Retour en arrière. En 1996, le Super Soldat connait une triste fin (provisoire). Empoisonné par la dégénérescence du sérum qui circule dans son sang, et le dote de pouvoirs hors du commun, Captain America survit tant bien que mal grâce à un exosquelette conçu par Tony Stark. Un palliatif, qui ne dure qu'un temps, la mort étant inévitable. Sauf que notre héros est sauvé par un individu qui lui fait une transfusion de sang complète, et qui possède lui aussi le sérum en question dans ses globules. Le bienfaiteur se nomme ... Crâne Rouge, alors en fait le clone de Rogers, donc possédant ses atouts incroyables. Si l'ennemi historique de Cap est à ce point bienveillant, ce n'est pas par pur altruisme, mais bien pour solliciter son aide contre l'émergence du nouveau Reich, guidé par l'esprit d'Adolph Hitler, enfermé dans un Cube Cosmique. Le Crâne a trahi le dictateur nazi, par le passé, et il sait que si cela se produit, la vengeance du sinistre moustachu sera terrible. Aidé par Sharon Carter, ancienne flamme de Captain America, qu'il croyait erronément morte, le vilain va convaincre sa némésis de collaborer, pour sauver le monde, une fois de plus. Un team-up totalement improbable sur le papier, qui prouve que par moments, l'ami de mon ennemi peut devenir supportable, en se se pinçant bien le nez.

Inutile que je vous dresse un topo. Vous feriez confiance au Skull, vous? Steve Rogers va vite se rendre compte qu'il ne vaut mieux pas, car il a toujours des idées sombres derrière la tête. Waid est loin de signer là une histoire inoubliable, mais sur le moment, ce fut un petit shoot d'adrénaline pour les lecteurs de Captain America, qui s'étaient résignés à voir leur héros de papier favori au bord du gouffre, engoncé dans une armure étoilée pour compenser un physique défaillant. On en revient au discours de fond qui sous-tend la série : Steve est-il un junkie? Certes il est courageux, droit, motivé, mais sans cette injection miraculeuse, sa carrière de héros n'aurait pas duré longtemps. Emblématique la scène où il lance son bouclier, après son réveil et la transfusion, lorsque celle-ci n'a pas encore fait effet. L'objet ne lui revient pas dans la main, et il semble totalement inoffensif, quand il n'est pas manié par un type hors du commun. La question est d'importance car dans ce cas le super-héros apparait comme un fake, comme un de ces sportifs couverts de médailles mais qui a subi trop d'entrainements en pharmacie pour qu'on ne lui reproche pas le mensonge éventé. Lance Armstrong pouvait même envisager le rôle du vengeur étoilé, alors!
Les dessins sont de Ron Garney, qu'on adore aujourd'hui, bien plus qu'à l'époque. Sans être mauvais, loin de là, on regrettera deux choses : l'action et le mouvement sont parfois dépeints de manière un peu grossière, sous haute influence de la décennie (90's), et ça parait too-much sur pas mal de planches. De plus Garney a été encré par plusieurs artistes différents, sur ces quatre épisodes, et le résultat final en pâti car la minutie dans la finition est inégale. Ron Garney est bien meilleur, il est meme sublime par moments, dans la série Daredevil ou chez Conan, pour en rester à des travaux récents. Ces pages ont été publiées en Vf sur les numéros de Avengers 2 à 5, la première revue du nom, à l'arrivée de Panini/Marvel France dans nos contrées, en 1997. Le tpb est disponible sur Amazon pour quelques euros à peine, ou encore mieux chez votre dealer de confiance, votre comic shop, pardi!





Pour acheter Operation Rebirth en VO 

Avengers Assembled! Vous avez rendez-vous sur la page FB!

MARVEL DELUXE THANOS : LE SAMARITAIN (THANOS CE BRAVE TYPE...)

Voilà un Marvel Deluxe qui s'ouvre avec de belles promesses, à savoir quelques épisodes scénarisés par Jim Starlin lui-même, dans la suite directe des événement de Infinity Abyss, une de ses sagas cosmiques appréciées des fans. Thanos traverse une phase de remords, tout du moins de volonté d'évoluer, de mettre un peu d'eau dans son vin. L'acquisition de nouvelles connaissances le poussent presque à s'excuser auprès des Rigeliens qu'il a pourtant anéantis en masse peu de temps auparavant. Le Titan bat sa coulpe, et à ses cotés on retrouve Adam Warlock, venu taper la discute comme si de rien n'était, comme si en face il n'avait pas un des fléaus les plus singuliers de l'univers! On trouve aussi Galactus, qui s'apprête à festoyer avec ces pauvres rigeliens, décidément peu chanceux. Du coup, c'est assez surprenant de le dire, mais c'est bien de Thanos que pourrait venir leur salut, car le titan, en échange d'une intervention inattendue, entend bien engranger un peu de sa nouvelle marotte, à savoir du savoir, des informations. Et comme Galactus est un grand cachotier, qu'il a même rassemblé les joyaux de l'infini, et que ses desseins sont énigmatiques... Comme si cela ne suffisait pas, une nouvelle menace pointe le bout de son nez, et pourrait bien condamner l'univers tout entier. La faim, les amis! Pas celle que vous ressentez vers seize heures et qui pousse pousse à sortir le goûter chargé en chocolat, plutôt ce besoin atavique de se nourrir...d'univers, carrément. C'est du Starlin, avec beaucoup de verbiage, de grandiosité, un peu pompeux et artificiel, mais ça marche, dès lors que tous les héros de ce joli panthéon qu'on suit et aime depuis des années sont à nouveau réunis, pour une dernière danse.

La seconde partie du Deluxe, par contre, connaît un passage à vide... Thanos se rend dans le système de l'Orée, afin de se faire transporter ensuite dans les prisons du Kyln, où sont détenus les plus grands criminels de l'univers, dans des conditions de sécurité qui ne leur laissent guère de chance d'en réchapper. Abandonné par son amante la Mort, qui lui reproche de n'avoir pas véritablement saisi ses aspirations et ses besoins profonds (dans ce qui est une  scène assez bien vue), et donc de ne pas connaître le sens premier du mot amour, Thanos est dans une phase de réflexion, et sa légendaire méchanceté semble être un tantinet tempérée. Au point même qu'on pourrait le croire en pleine reconversion, prêt à devenir un héros. Au Kyln, la situation est explosive, avec ou sans le grand vilain cosmique. La proximité de la mort amène certains détenus à un regain de foi, surtout qu'une certaine Créatrice, elle aussi en détention, n'en finit plus de faire des émules. Il semblerait en fait qu'il s'agisse d'une incarnation du Beyonder, sur la piste duquel se trouve Gladiator, le chef de la garde impériale Shi-Ar, mais aussi Star-Lord, bien malgré lui. 
Keith Giffen signe là ses premiers travaux "cosmiques" pour Marvel, avant que la longue saga Annihilation ne pointe le bout de son nez. On sent bien qu'il s'agit pour lui, avant tout, de palier au départ de Jim Starlin, qui a laissé la série Thanos en chantier après des désaccords avec les pontes de Marvel. Du coup, on sent comme un parfum de flottement, renforcé par la mauvaise idée, selon moi, d'atténuer le coté cruel de Thanos. Quand c'est Starlin qui s'y colle, avec son aisance et sa maîtrise métaphysique du personnage, ça peut passer et donner de belles choses. Ici Giffen force un peu les choses en attendant de trouver le ton juste, et il ne tape pas toujours dans le mille. Aux dessins, Ron Lim rend une copie présentable, surtout pour un comic-book grand public de ce type. Mais l'encrage d'Al Milgrom ne lui sied pas trop, et simplifie parfois des crayonnés plus ambitieux que le résultat final. Reste un Marvel Deluxe pas déplaisant, mais sans grand intérêt véritable, avec un Thanos loin d'être la menace solennelle que nous adorons, dans un rôle mineur à contre-emploi.



Achetez Thanos le Samaritain chez Panini


Rendez-vous chaque jour sur la page Facebook

THE BEAUTY : LE VIRUS VOUS VA SI BIEN! (CHEZ GLENAT)

Rien que pour le pitch de départ, je vous recommande d'acheter The Beauty. Voilà une série qui sort un peu de l'ordinaire, et s'appuie sur un concept séduisant. En gros, la beauté est une maladie sexuellement transmissible! Un nouveau virus est apparu et il transforme le corps des personnes infectées, les rendant physiquement parfaites. Finis les bourrelets et la cellulite, au revoir la calvitie et le strabisme divergeant, bonjour la perfection anatomique. 
Il est donc tout à fait logique qu'une grande partie de la population souhaite être contaminée. Certes, les victimes ressentent une fièvre modérée et permanente, mais cela n'est rien à côté du plaisir de se regarder dans la glace, et d'y voir le sosie de Brad Pitt ou d'Angelina Jolie. La population est donc divisée en deux factions, ceux qui veulent absolument être touchés par la maladie, et ceux qui se rebellent, quitte à en devenir violents, et luttent contre cette nouvelle pandémie. Au milieu de tout cela, nous trouvons deux détectives, Vaughn et Foster. La première citée est atteinte du virus, le second lui est en couple, avec une femme elle aussi victime, sans pour autant qu'il s'en doute. L'histoire s'accélère lorsque dans le métro une jeune femme infectée est victime tout à coup d'une sorte de combustion spontanée. Lorsque la police et une unité de décontamination arrivent sur les lieux, le doute commence à s'installer, et quand le lendemain matin, en direct à la télévision, un présentateur vedette subit le même sort, il n'y a désormais plus à hésiter. Il semblerait donc que derrière la perfection physique se cache le tragique revers de la médaille d'une mort prématurée et annoncée.


Au fur et à mesure que l'enquête avance, on se rend compte qu'un peu tout le monde se fait prendre les mains dans le pot de confiture, que ce soient les politiciens, les dirigeants des entreprises pharmaceutiques, ou de simples criminels, qui pourtant semblent avoir trouver un remède. Il y a du beau linge impliqué dans cette histoire, qui est menée tambour battant, et ressemble à une série addictive, telle qu'on pourrait la voir aujourd'hui sur Netflix. Oui, c'est franchement bien, c'est franchement bon, et on ne gâche pas son investissement avec The beauty. 
Le premier tome nous montre une société occidentale qui a perdu le sens de l'éthique, et où le business et la morale on emprunté deux chemins complètement différents, une bonne fois pour toute. Et vous avez beau essayer de faire circuler la vérité, ou d'améliorer les choses, il y a peu de chances qu'on vous laisse la parole. Jeremy Haun est ici excellent au dessin, avec un style réaliste et clinique, qui s'attache à représenter avec force détails et bonne conviction un univers urbain froid et sans concessions, peuplé d'hommes et de femmes à la beauté parfaite et passe-partout. C'est lui aussi qui a eu l'idée de cette série avec le scénariste Jason A.Hurley, et le travail combiné de ces deux-là est une des lectures les plus attirantes en ces temps de coronovirus, où la contamination est si redoutée et sur toutes les lèvres. 



Achetez The Beauty chez Glénat


Et sinon likez la page pour suivre les comics sur Facebook

LE PODCAST "LE BULLEUR" PRESENTE : DE L'AUTRE COTE DE LA FRONTIERE

Comme chaque samedi sur le blog, nous laissons la parole au podcast Le Bulleur, qui présente à chaque fois un album en particulier, et l'actualité de la Bd. Aujourd'hui, c'est De l'autre coté de la frontière qui est à l'honneur. C'est un voyage entrepris en son temps par le romancier belge Georges Simenon, aux Amériques, qui a donné l'idée aux auteurs Philippe Berthet et Jean-Luc Fromental pour cet album de 66 pages, sorti chez Dargaud. Voici le résumé en quelques lignes :
Auteur de romans policiers, François Combe se rend en compagnie de Kay, sa secrétaire, au Cielito Lindo, établissement des quartiers chauds de Nogales, la ville frontière entre le Mexique et les USA, afin de s'y «documenter» auprès de Raquel, une jeune prostituée. Ils tombent sur Jed Peterson, un ami du romancier, qui se montre très intéressé par la jeune fille. La même nuit, cette dernière est sauvagement assassinée. Qui a tué ? François Combe, qui fait profession du meurtre et des meurtriers ? Jed Peterson, le dernier à avoir été en contact avec la victime ? Les voilà tous deux dans le collimateur de la police, en tête des suspects.Fasciné tant par le crime que par la misère, le romancier charge Estrellita, la petite servante mexicaine de la famille, de devenir ses yeux et ses oreilles au coeur des quartiers pauvres. Quand une deuxième prostituée est retrouvée massacrée à coups de poignard dans le désert, l'étau se resserre sur Jed, que tout désigne comme le coupable idéal. Qu'à cela ne tienne, François Combe prouvera l'innocence de son ami : il s'enfonce accompagné d'Estrellita dans l'enfer des bas-fonds mexicains à la recherche de la vérité. 
Tout ceci vous sera présenté avec maestria, dans le détail, dans l'épisode du Bulleur de la semaine. Il vous suffit de cliquer sur le lecteur ci dessous. 






Achetez cet album chez Dargaud

Suivez-nous chaque jour sur Facebook!

PUNISHER YEAR ONE (ANNEE UN) : AUX ORIGINES DU PERSONNAGE

Y a-t-il encore quelqu'un dans la salle qui ignore tout des origines du Punisher? Je pose la question, car j'ai bien l'impression que désormais tout le monde est au courant du drame de Frank Castle, qui du retour du Vietnam a perdu sa femme et ses enfants lors d'un simple pique-nique en plein Central Park, pris dans la tenaille d'un règlement de compte entre clans mafieux. Seul survivant du massacre, Frank perd la tête et décide de faire payer tous les criminels en incarnant cette force de la nature vengeresse, qui utilise les armes à feu comme il respire, pour les punir de manière expéditive. Le Punisher est à la mode puisqu'il est le personnage central -ou presque- de la récente seconde saison de Daredevil sur Netflix, suivie d'une série propre, deux saisons durant. L'occasion pour Y a-t-il encore quelqu'un dans la salle qui ignore tout des origines du Punisher? Je pose la question, car j'ai bien l'impression que désormais tout le monde est au courant du drame de Frank Castle, qui du retour du Vietnam a perdu sa femme et ses enfants lors d'un simple pique-nique en plein Central Park, pris dans la tenaille d'un règlement de compte entre clans mafieux. Seul survivant du massacre, Frank perd la tête et décide de faire payer tous les criminels en incarnant cette force de la nature vengeresse, qui utilise les armes à feu comme il respire, pour les punir de manière expéditive. Le Punisher est à la mode puisqu'il est le personnage central -ou presque- de la seconde saison de Daredevil sur Netflix. L'occasion pour aller récupérer chez Panini un vieux récit sorti dans les années 90, Punisher Year One, proposé enfin depuis 2016 en version française, pour les lecteurs modernes. Les scénaristes de cette aventure ne vous seront pas inconnus. En effet, Dan Abnett et Andy Lanning ont été la dernière décennie les architectes de l'univers cosmique Marvel, et avant cela ils ont écrit beaucoup de bonnes choses, dont cette mini série en quatre parties. L'ambiance est ici particulièrement noire et nous avons affaire à une trame à rapprocher du genre hard boiled . Abnett et Lanning choisissent de respecter le postulat de départ de Gerry Conway l'inventeur du Punisher, mais ils approfondissent les racines du personnage, notamment en  nous montrant la vie privée de Frank avec sa femme et ses enfants, de manière à rendre ce qui va suivre encore plus traumatisant. Exemple flagrant, la fameuse séquence du règlement de compte qui est ici plus explicite que jamais, et la réaction de Frank, totalement dépassé et bouleversé par la douleur, est poignante alors qu'on le voit maîtrisé à grand-peine par les policiers et les médecins. La santé psychique du personnage explose en fragments devant nous, et c'est une des pistes essentielles à explorer dans tout ce qui va suivre. 

Nous assistons donc à la naissance du Punisher, avec pour seul témoin du carnage de Central Park un journaliste aviné et opportuniste, pour qui le drame humain est aussi l'occasion de rebondir et de pondre un article à vendre à ce cher J.Jonah Jameson du Buggle. C'est pour cela que Peter Parker apparaît dans cet album, ainsi que le professeur Miles Warren (le Chacal) qui pratique les autopsies sur les victimes du guet apens... Nous assistons aussi à l'impuissance de la police, avec un inspecteur certes intègre et motivé par la drame de Frank Castle, qui va vite comprendre que la famille des Costa, les mafieux responsables de la tragédie, ont tous un bon alibi et restent intouchables. Nous avons l'impression de traverser un film de Martin Scorsese, avec un homme brisé, qui va de désillusion en désillusion, et froidement devient une machine à tuer, au service de laquelle il place des années d'entraînement et de combats en terrain hostile. Nous voyons aussi à l'œuvre le monstrueux Jigsaw, qui est destiné à devenir l'un des ennemis les plus classiques du Punisher, à l'époque où il était encore "beau gosse", avant que le Punisher ne le défenestre. Parlons dessins... Dale Eaglesham est particulièrement inspiré dans cette aventure. Bonne décision car son trait est très réaliste, et l'utilisation de clairs obscurs de grande qualité est une décision parfaite pour ce genre de polar sanguinolent. Il excelle lorsqu'il s'agit de réaliser des gros plans, notamment lorsqu'il se focalise sur la souffrance et le tourment de Frank Castle, lorsqu'il doit faire ressortir toute cette folie en lui, à travers la fixité glaciale du regard. Pour le seconder, Scott Koblish a géré les finitions et une partie de l'encrage. Certes nous sommes dans un album qui porte en lui les germes de son époque, et qui est loin de ce qui va suivre, totalement exempt de cette ironie acerbe à la Garth Ennis ou du mécanisme ultra-précis et référencé, qui sont tout le charme des aventures plus récentes du personnage, mais il est indéniable qu'il aurait été dommage de continuer à faire l'impasse sur cette histoire fondatrice du mythe, qui à défaut d'inventer ou de raconter quelque chose de très original, a le mérite de clarifier ce que nous savons déjà, et de nous le décrire de manière impitoyable et effrayante. 



Achetez "Year One" chez Panini


Suivez-nous chaque jour sur Facebook

STARBRAND : FER DE LANCE DU "NEW UNIVERSE" DE JIM SHOOTER

Régulièrement, on tente chez Marvel de créer un nouvel univers narratif, pour toucher un plus vaste lectorat et rompre la monotonie (et la stagnation des ventes). Dans les années 80, le très jeune Jim Shooter profite de son statut de grand patron pour proposer le New Universe, qui sort des sentiers battus traditionnels, et dont la série fer de lance est Starbrand. Kenneth Connell, le protagoniste de cette saga, est un jeune minet qui fait tomber les filles, mais n'avance pas dans sa vie professionnelle. Il n'est que simple garagiste de fortune, et partage ses jours entre une jolie mère célibataire avec qui il a peur de s'engager, et une brune aussi pétillante que naïve (pour ne pas dire légèrement stupide) qui est clairement sous sa coupe et accepte l'inacceptable pour continuer à le fréquenter. Rien d'un héros, donc, plutôt le profil d'un perdant narcissique. Jusqu'au jour où Ken rencontre dans les bois un étrange vieillard qui lui transmet un tatouage étoilé, lui conférant des pouvoirs incommensurables. Il s'avère que le vieil homme est en fait un alien, et que le symbole transmis (le Starbrand) est particulièrement convoité. La nuit suivante, un autre extra-terrestre débarque sur Terre et engage le combat pour s'en emparer, et Ken ne s'en sort qu'en libérant une énergie impensable, semblable à une explosion nucléaire. Ses ennuis ne son pas finis pour autant car le vieillard est de retour (il était supposé mort), et si dans un premier temps il parait inoffensif, c'est pour mieux exiger de reprendre ensuite le Starbrand, en prétextant un conflit cosmique qui menace l'équilibre de l'univers. Encore une fois, Ken terrasse son opposant sans vraiment comprendre l'origine et l'étendue de ses dons, trop occupé qu'il est à jouer sur deux tableaux en même temps, dans sa vie sentimentale, et à épancher ses problèmes avec Myron, un ami psychologue, qu'il a la fâcheuse tendance à considérer à son service. Un pauvre type, notre héros!

Voilà une série originale, trop peut être, qui aurait du connaître meilleur sort que le succès d'estime qui fut le sien, dans les années 80. Jim Shooter avait donné la parole et le beau rôle à un américain (très) moyen, loser, plutôt égocentrique, qui utilise ses proches à des fins personnels et ne semble pas animer par la fibre intérieure du super-héros potentiel. La série évolue ultérieurement après une dizaine de numéros, et c'est John Byrne qui lui donne un second élan en radicalisant le discours : le pouvoir du Starbrand va être à l'origine d'une catastrophe d'ampleur phénoménale : la ville de Pittsburgh est totalement rasée au sol, et la série devient bien plus ambitieuse et complexe. Ce titre évite les canons standards du comic-book Marvel mainstream pour plonger dans les affres et les doutes d'un quidam moyen et pas forcément au dessus de la moyenne (logique...) humainement parlant, et privilégie l'introspection psychologique aux costumes moulants et aux combats testostéronés. Aux dessins, nous avons, pour les débuts, un très inspiré John Romita Jr, qui soigne ses planches et donne une crédibilité évidente aux premiers pas de Kenneth et de son tatouage. D'autres vont ensuite prendre le relais, comme Alex Saviuk, ou un tout jeune Mark Bagley, pour un seul numéro. Byrne, habitué à tout faire par lui même, dessine ensuite le titre jusqu'à la dernière salve, le 19. Il y a quelques années, Warren Ellis a tenté de faire revivre les aventures du Starbrand et de Kenneth Connel, dans une version révisée du New Universe, mais là encore le public n'a pas massivement adhéré, et le projet n'a fait que vivoter, sans décoller véritablement. Aussi étrange que cela puisse être, Starbrand première mouture est inédit en Vf à ce jour. A l'époque, Lug puis Semic ne publiaient pas la totalité des comics Marvel, comme aujourd'hui, et souvent ce genre de publications plus confidentielles passaient à la trappe faute de place dans les revues en kiosque. Si vous lisez la Vo et que vous ne connaissez pas ce dont je viens de vous parler, vous pourriez tenter votre chance, car l'ensemble est assez plaisant.
Quand au Starbrand, Jonathan Hickman a relancé le concept voilà qualsues années, avec un nouveau jeune porteur inédit, lors de son run sur les Avengers. Là encore du potentiel, mais un succès assez modeste.


Retrouvez le Starbrand de Jim Shooter ! 


Suivez-nous chaque jour sur le blog

FANTASTIC FOUR TOME 3 : LE HERAUT DE FATALIS

Puisque c'est aussi à l'étoffe des ennemis qu'on reconnait la grandeur des héros, il est nécessaire que les Fantastic Four se coltinent ce bon vieux Fatalis, quel que soit l'auteur qui tient les commandes de la série. Dan Slott ne fait pas exception. C'est lui qui écrit le mensuel actuel, après une longue période de disette où le quatuor avait quitté la scène. Les débuts ne furent pas si pyrotechniques que cela, entre épisodes un peu tristounets permettant de réintroduire les personnages dans l'univers Marvel (mais sans brio), et un mariage entre Ben Grimm et Alicia Masters, qui peut ravir les nostalgiques mais laisser totalement indifférents les autres. Le second véritable arc narratif place enfin la barre plus haut, et utilise notre dictateur préféré pour corser les enjeux. Doom, c'est la face cachée des Fantastiques. Là où ils font de la famille une force motrice, Victor est muré dans une solitude atavique. Les FF sont remplis d'espoir, d'amour, Fatalis est un triste sire débordant de haine. La science est porteuse de progrès, de lendemains qui chantent, pour les Richards, elle n'est que prétexte à dominer et détruire, pour leur némesis. Bref, ils ont peu de points en commun, mais sont indispensables les uns aux autres.
Si on retrouve la Latvérie, c'est aussi à cause d'une nouvelle venue, Victoire, que Fatalis a doté de pouvoirs cosmiques pour défendre sa patrie. Et surtout pour en user afin d'arriver à ses propres buts. Pour le coup, il voit gros, très gros, puisque son plan consiste à faire venir Galactus en personne sur Terre. En général, quand ce dernier débarque, c'est pour tenter de se remplir la panse, et de faire des planètes qui croisent son chemin une sorte de goûter appétissant. Pour autant, rappelons-le, Galactus a dans le passé formulé une promesse, celle de ne plus jamais essayer de se rassasier avec la Terre. Von Doom, lui, n'a rien promis du tout, et certainement pas de ne pas essayer d'utiliser le gigantesque alien pour en faire une invraisemblable batterie énergétique!  




Les Fantastiques croient bien faire. Galactus en Latvérie, ça ne promet en effet rien de bon. Mais s'agissant de la violation du territoire d'un état souverain, Fatalis a donc de bonnes raison pour exercer son courroux. Sauf que sa folie l'amène à attaquer ses ennemis en les réduisant à l'impuissance d'ingénieuse façon, avec notamment un Reed Richards congelé et étiré à la limite de ses facultés, qui fait froid dans le dos (sans jeu de mot). Mais s'il y a un membre qu'il ne faut pas sous-estimer, c'est Susan, l'épouse, qui trouve un stratagemme facétieux pour ridiculiser Doom... Bref il s'en passe, avec cette pointe d'humour irrévérencieuse signée Dan Slott, qui démontre bien que nous sommes en 2020, et plus à l'ère des affrontements dramatiques dans la sinistrose. Coté dessin Aaron Kuder et Paco Medina dans un style différent, mais avec un résultats invariablement correct et agréable à regarder, sont les artistes en charge de la partie graphique. Rien d'inoubliable sur cet aspect également, mais incontestablement, la série commence à trouver un rythme de croisière intéressant, en se replongeant dans ce qui constitue son adn, ses habitudes décennales. De quoi convaincre une bonne majorité de lecteurs de poursuivre l'aventure. 



Achetez cet album chez Panini Comics


Suivez-nous chaque jour sur Facebook

LE PODCAST "LE BULLEUR" PRESENTE : KARMEN

On replonge dans l'univers de la Bd au sens large grâce au podcast Le Bulleur. Ce samedi, voici venir Karmen, signé Guillem March, que nous connaissons bien, nous autres amateurs de comics, puisqu'il a fait les délices de DC Comics ces dernières années. Chez Dupuis, il est auteur de Karmen. On découvre Catalina et Xisco, deux amis/amants platoniques, dont les chemins du coeur finissent par diverger. Ce n'est pas la joie pour Catalina, au point qu'elle décide de se suicider en s'ouvrant les veines dans sa baignoire. Plutôt que de revoir son existence défiler devant elle, elle se retrouve avec la compagnie inattendue de Karmen, une jolie créature aux cheveux roses et au costume de squelette. Ensemble, elles vont faire un tour dans les rues de Palma de Majorque, même si Catalina a bien du mal à accepter l'idée de s'en aller nue dans le grand monde...sauf que personne ne s'aperçoit d'elle. Peut-on changer ce qui semble déjà joué ou écrit? C'est une balade toute en sensibilité et en légéreté métaphysique qu'effectuent Catalina et Karmen, portées par le trait d'un Guillem March toujours à l'aise quand il s'agit de présenter des anatomies attirantes et sexy. Ici les planches sont fournies en détails, n'ont pas peur du silence, et contribuent grandement à poser une atmosphère de "presque super héroïne mais qui est loin d'en être une" qui fait aussi le sel et la particularité de l'album. Mais pour en savoir plus, pour tout savoir, y compris l'actualité du moment (qui est ce qu'elle est...) écoutez donc l'épisode 36 du Bulleur, qui n'attend que vous. 



Achetez Karmen chez Dupuis


Suivez-nous chaque jour sur Facebook!

GHOST RIDER RESURRECTED : DANNY KETCH LE RIDER DES NINETIES

Je n'ai jamais été un grand fan du Ghost Rider, mais s'il y a bien une période liée à ce personnage que je retrouve toujours avec un plaisir évident, c'est bien celle où le rôle du Motard Fantôme est transmis en héritage au jeune Danny Ketch. Celui-ci a eu une bien mauvaise idée : aller se balader un soir dans un cimetière, en compagnie de sa soeur. Pas de chance, cette même nuit, un groupe d'assassins menés par un certain Deathwatch est en plein contentieux avec des hommes du Caïd pour le contenu d'une étrange mallette. Tout finit par tourner au vinaigre, et la jeune fille est grièvement blessée, à l'article de la mort. Danny lui connaît un autre sort : en voulant s'enfuir, il découvre une moto abandonnée, qui va lui conférer de bien curieux pouvoirs, lorsqu'il appose la paume de la main sur le réservoir luminescent. C'est ainsi qu'une nouvelle version de Ghost Rider est née, un nouvel âge pour ce personnage qui avait finit par tomber dans une certaine désuétude, au fils des ans. 

Pour corser encore les choses, Danny Ketch fréquente Stacy, la fille d'un flic qui est chargé d'arrêter son alter-ego infernal. Face à lui vont se dresser des ennemis redoutables, comme le tueur albinos Blackout, qui opère toujours dans une pénombre qu'il provoque pour semer la terreur, ou Deathwatch, dont je vous ai déjà touché un mot. Nous retrouverons aussi Ghost Rider en tandem avec le Punisher, face à la bande de terroristes du Flag Smasher. Un duo très bien assorti pour les goûts de l'époque, alors que les lecteurs réclamaient toujours plus de héros radicaux et disposés aux mesures extrêmes pour venir à bout des menaces croisées en chemin. 
C'est Howard Mackie qui réalise cette nouvelle série. Il a de suite une intuition fort juste : placer dans le rôle du Rider un jeune homme plutôt paumé, qui va devoir tout apprendre de sa nouvelle condition, au point que la quête de l'identité même du démon, derrière ces pouvoirs stupéfiants, finira par devenir une des thématiques portantes de toute la série, au fur et à mesure des épisodes. Danny a une vie privée qui n'est pas des plus roses, souffre de son impuissance de la perte inévitable de Barbara, la frangine. Il perpétue la tradition de ces jeunes hommes tourmentés qui reçoivent un grand pouvoir mais en échange de très gros ennuis. Une sorte de Peter Parker torturé par un pouvoir démoniaque. Aux dessins, c'est Javier Saltares qui est le premier à annoncer la couleur : ambiance urbaine ultra sombre, et nocturne. Encré par Mark Texeira, le grand maître du genre, les figures ont un contour surligné grassement en noir, et se fondent avec élégance et facilité dans la pénombre qui inonde la plupart des planches. Une attention particulière est portée aux visages grimaçants, aux bouches grandes ouvertes qui communiquent la rage, l'effroi, la colère, la surprise.



Pour revivre ces premiers pas du nouvel Esprit de la Vengeance, il existe un Tpb intitulé sobrement Resurrected, qui reprend les sept premiers épisodes de la série (1990 et 1991). Vous le trouverez très facilement sur Amazon ou Thebookdepository pour une dizaine d'euros (ou mieux encore, peut-être dans votre comic-shop local à sa réouverture). Disponible aussi les volumes 1 et 2 de Ghost Rider : Danny Ketch, qui reprend également cette belle période, avec dix numéros par album. La version française, elle, est contenue dans ces fascicules de 48 pages édités par Semic à l'époque : les Version Intégrales Ghost Rider. Le niveau qualitatif moyen est très largement supérieur à ce que nous avons pu lire ces dernières années, avec le Ghost Rider publié dans Marvel Knights notamment. Certes, ce n'est pas dur, tant il s'agit d'une purge. Conseils aux lecteurs les plus jeunes : essayez vraiment de jeter un oeil sur la matériel présenté aujourd'hui, vous pourriez avoir une bonne surprise. Panini nous offrira peut être un jour cette saga dans la collection Vintage? 


Les années Danny Ketch en VO, à commander

Suivez-nous chaque jour sur Facebook. Likez la page

SYMBIOTE SPIDER-MAN : FONDU AU NOIR / RETOUR AU BLACK SPIDEY AVEC PETER DAVID

Comme vous le savez presque tous ici, Spider-Man à ramené un costume vivant de la planète du Beyonder, durant les premières Secret Wars, et il l'a porté quelques temps, comme si de rien n'était, sans savoir qu'en fait c'était un parasite extraterrestre qu'il avait sur le dos toute la journée. Au passage, ça lui donnait un look d'enfer, tout noir, et beaucoup de lecteurs considèrent qu'il s'agit là d'une de ses tenues les plus charismatiques. Aujourd'hui, nous découvrons une mini-série qui repart à cette époque, plus précisément l'espace temps qui sépare l'adoption du nouveau costume et la réalisation de ce qu'il est vraiment. C'est écrit par Peter David, qui nous a déjà habitué à des choses plus drôles et caustiques; dans cet album il se contente de nous livrer une histoire bien construite, fluide, même si pas forcément des plus passionnantes. 
Il choisit pour commencer d'opposer à Spider-Man un certain Mysterio, que nous n'avons pas fini de retrouver sur les pages du Tisseur, puisqu'il était de la partie dans le film Far from home (assez décevant...) sorti cet été. Un Mysterio qui n'est pas très honnête, et n'a pas son pareil pour s'en aller dérober des banques; pour autant ce n'est pas un assassin dans l'âme, et si les choses dérapent, ce n'est pas sans avoir des conséquences. De son coté l'Araignée (comme j'aime le dire en vf...) commence à être fatigué, et pour cause, le symbiote lui fait vivre en fait des aventures nocturnes à son insu... c'est également l'époque où il a des relations avec Felicia Hardy, alias La Chatte Noire, qui va d'ailleurs rencontrer la tante de Peter dans le premier numéro. Celui-ci est très loin de saisir le vrai potentiel de son nouveau costume, au point qu'il réfute l'idée saugrenue de Felicia : non, ce n'est pas un organisme vivant, c'est juste de la technologie alien. Sacré Peter, rien à dire, tu as l'oeil mon garçon.

Non seulement le costume est vivant, mais il a une existence propre. Quand Peter n'est plus aux commandes (il dort, ou comme dans le second épisode, s'est fait rétamer par le gros bras du jours) le voici qui n'en fait qu'à sa tête. Et parfois ça dérape totalement, comme lorsqu'il élimine froidement l'aggresseur du tisseur (certes, le criminel comptait placer une balle dans la tête du héros évanoui. Bien cherché, non?), devant un Mysterio médusé qui en vomit dans son casque. Un tel pouvoir, de telles capacités, voilà qui va aiguiser des appétits, c'est certain... et le problème avec une petite amie qui n'est pas foncièrement honnête avec ses fréquentations (Felicia n'ose pas révéler à Peter l'origine de ses nouveaux dons de "malchance"), c'est qu'elle est capable du pire, y compris collaborer à une petite trahison de derrière les fagots...
Ce qui est assez amusant, c'est que même s'il ne se passe pas grand-chose de bouleversant (forcément, on l'aurait su avant!), ça se laisse tout de même bien lire, et en plus le travail au dessin de Greg land est solide et consensuel, c'est-à-dire que c'est propre, clair et très lisible, même si on retrouve l'éternel problème des visages et des sourires, du copier-coller d'une série à l'autre. Symbiote Spider-Man, c'est comme un bon sandwich qu'on irait manger chez Subway ou Quick, on sait que ce n'est pas de la grande cuisine et les aliments ne sont pas de tout premier ordre, mais comme ça a du goût et que ça se laisse dévorer, on se dit qu'au moins on aura le ventre plein pour la journée. Et ça marche. 




Achetez Symbiote Spider-Man chez Panini Comics

Suivez-nous chaque jour sur Facebook ! 

COSMOPIRATES TOME 1 : CAPTIF DE L'OUBLI (JODOROWSKY / WOODS)

 Xar-Cero est typiquement le genre de mercenaire sur lequel on peut compter. Si vous avez une mission à exécuter, soyez certain qu'il ir...