THE FALCON : LES ANNEES 80 DE SAM WILSON DANS UN RECIT COMPLET MARVEL LUG

 


De temps en temps il nous plait d'amorcer une plongée dans les vieux albums édités par Lug, durant les années 80, avec aujourd'hui un personnage que le cinéma et Disney + a récemment remis à l'honneur. Je veux parler de Sam Wilson, alias le Faucon, un des amis et alliés les plus fidèles de Captain America. Dans ce Récit Complet Marvel, Sam ne ressemble pas véritablement à celui que vous avez pu découvrir sur grand/petit écran, ou qui a récemment repris le titre et le bouclier de Captain America lui-même, dans les comics. Durant le jour, il est assistant social et travaille dans le quartier du Bronx, où il est né et a grandi. Son identité héroïque est connue de tous, et d'ailleurs il est associé au quotidien à un flic de la vieille école, un certain Tork, pour qui le bon sens et l'action valent plus que le règlement du fonctionnaire idéal. Sam est aussi une sorte de "grand frère" pour une bande de jeunes du quartier, composée en majorité d'anciens délinquants sur la voie du rachat. Leurs méthodes se sont assouplies au fil des ans grâce à la médiation de notre héros, mais il suffit de peu pour que les rues ne s'embrasent à nouveau. C'est ainsi que le Faucon est chargé de solliciter l'autorisation d'organiser une marche pacifique dans le Bronx, pour laquelle il s'engage et donne sa parole. Le problème, c'est qu'il est attaqué à l'improviste par une Sentinelle défectueuse, qui était resté enfouie dans un chantier en construction, après un dernier combat contre les X-Men. Dans un monde où George Floyd peut être assassiné en pleine rue, le pouvoir de la rébellion a encore un sens, quand vous n'avez pas la bonne couleur de peau...


Toujours en rapport avec les encapés au cinéma, nous retrouvons également Electro dans cette histoire. Le vilain se cache de la police dans le quartier, et quand il aperçoit le Faucon en action, son sang ne fait qu'un tour, persuadé qu'il est d'être épié, traqué. Cette mini série en quatre épisodes a un grand mérite : celui de déplacer le conflit habituel entre le bien et le mal sur le terrain des enjeux sociaux. Sam Wilson n'est pas un héros qui combat des menaces cosmiques ou mutantes, mais un homme bon et droit, qui est engagé dans la réhabilitation de son cadre de vie, et qui souhaite aider les autres, au beau milieu d'une décennie violente et impitoyable, qui voit l'Amérique tendre de plus en plus vers une forme de justice expéditive et implacable, et dont les fers de lance peuvent être Charles Bronson ou encore le Punisher. Le Faucon n'est rien de tout cela, et c'est par le dialogue, la persuasion, qu'il parvient à aboutir à ses fins. Y compris sauver le président Reagan, enlevé par les loubards du quartier, grâce à l'aide de son ami Steve Rogers. D'ailleurs la scène finale entre Ronnie et les jeunes qui lui exposent leurs problèmes est attendrissante, et un peu too much (vous croyez vraiment qu'un républicain pur jus peut être intéressé par ces jérémiades?). Cet album est scénarisé par Jim Owsley (Christopher Priest), qui fait donc preuve de sensibilité et de recul sur pas mal de points, et les dessins sont oeuvre de Paul Smith puis Mark Bright, un habitué de la série Iron Man. Trait clair, précis, planches très lisibles et dynamiques, c'est un plaisir pour les yeux sans être bouffi de prétention. En plus c'est très daté eighties, forcément, ce qui est sympathique en période nostalgique. Un des vieux Rcm que je peux relire sans me fatiguer, et qui m'a appris à apprécier un personnage ici bien campé, dans une incarnation intéressante et engagée, et dont les origines sont de surcroît clairement explicitées. Un excellent complément à Disney +.

 
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THE RESISTANCE : LE MONDE D'APRES SELON STRACZYNSKI ET DEODATO

 


Il est vrai, étant donnée l'actualité, que lire une nouvelle histoire de pandémie peut se révéler redondant, voire même être une décision assez dérangeante pour celles et ceux qui veulent se changer les idées... pour autant il suffit de regarder le nom des artistes qui se cache derrière The Resistance pour comprendre que ce serait une erreur de ne pas s'y pencher. Nous avons affaire donc à un virus qui tue des centaines de millions de personnes sur la planète, avant tout à coup de devenir inactif sans que nous en sachions vraiment la raison. C'est d'autant plus extraordinaire que dans ce monde-là Olivier Véran et les formidables scientifiques français qui s'attaquent au problème du covid n'existent pas, comme quoi tout peut s'arranger, même sans les plus grands cerveaux. Là où l'histoire devient très intrigante, c'est quand parmi ceux qui ont survécu à une infection, qui ne sont pas morts et qui ont finalement guéri (et le taux des décès parmi les personnes contaminées est extraordinairement élevé, presque absolu) nous trouvons des êtres qui développent peu à peu des supers pouvoirs, tous différents les uns des autres. En parallèle nous apprécions la manière dont J.M.Straczynski commence à dépeindre la réalité géopolitique d'un monde qui affronte une menace inédite, et les solutions qu'il met en place pour y faire face. Bien entendu on plonge dans le réactionnaire avec notamment aux États-Unis l'élection d'un gouvernement particulièrement conservateur, voire fascisant, qui n'a qu'un seul souci, à savoir comment gérer ces êtres dotés de pouvoirs qui apparaissent, et faire en sorte qu'il ne constituent pas un problème pour la nation, en les décrédibilisant, en les mettant hors d'état d'agir.

Il est possible que vous gardiez de très bons souvenirs de lecture grâce à Straczynski, il est possible aussi que ces derniers temps vous vous soyez posé la question de savoir ce qu'il devenait vraiment... Dorénavant c'est chez AWA Upshot que vous pourrez le retrouver, et c'est Panini Comics qui a décroché la licence de ses nouveaux travaux. Ici on retrouve tout de même des thèmes et une manière de raconter l'histoire qui était déjà présents dans la série Rising Stars par exemple. The Resistance développe différents sujets en parallèle, comme celui d'une communauté de personnes banales qui se découvrent peu à peu des pouvoirs, la manière dont ils vont s'en servir, mais aussi comment le monde réagit, alors qu'il est au bord du chaos, avec parfois des décisions très fortes qui sont prises, sans tenir compte des pertes humaines ou des conséquences sur le tissu social et libertaire (la Chine ne fait pas dans le détail). L'auteur a aussi l'intelligence de placer son regard à hauteur de chef d'État de ceux qui doivent prendre des décisions, car il faut bien le dire, même si certaines sont totalement discutables, il faut bien se salir les mains et anticiper pour éviter l'effondrement. Et le lecteur s'amuse, et s'indigne, avec ces pseudos héros qui acceptent d'être coachés, sponsorisés, en échange d'une triste existence à faire du télé crochet ou des inaugurations de supermarché. Tous ne sont pas ainsi, certains "résistent" et conservent un minimum de dignité, d'envie réelle d'être au service des autres, d'aider. Bref, c'est un nouvel univers narratif qui nait sous vos yeux. Straczynski a prévenu, il est ouvert à tous, va se compléter, s'étoffer, c'est un terrain de jeu passionnant à explorer. Et pour une première salve, quoi de mieux que Mike Deodato aux dessins, dont le trait ultra léché et l'attention aux détails font mouche, une fois encore? The Resistance comme une évidence, le genre d'album devant lequel il n'existe pas, en fait, de raison de faire l'impasse. 

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LE PODCAST LE BULLEUR PRESENTE : LEONARD COHEN SUR UN FIL

 


Dans le 86e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente l'album Léonard Cohen, sur un fil que l'on doit à Philippe Girard et qui est disponible chez Casterman. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La réedition en version intégrale de Paco les mains rouges, album que l’on doit au scénario de Fabien Vehlmann, au dessin d’Éric Sagot et c’est édité chez Dargaud.

- La sortie de l’album Larkia, un one shot que l’on doit au scénario d’Ingrid Chabbert, au dessin de Patricio Angel Delpeche et c’est édité chez Glénat

- La sortie de l’album Il est où le patron ? Chroniques de paysannes, one shot que l’on doit au scénario du groupe Les paysannes en polaire, au dessin de Maud Bénézit et c’est édité chez Marabulles

- La sortie de l’album Monaco - luxe, crime et corruption, enquête que l’on doit au scénario d’Hélène Constanty, au dessin de Thierry Chavant et c’est édité chez Soleil

- La sortie de l’album Les mains de Ginette, titre que l’on doit au scénario d’Olivier Ka, au dessin de Marion Duclos et c’est édité chez Delcourt

- La sortie de l’album La folle histoire de la mondialisation, titre que l’on doit au scénario conjoint de Sébastien Jean et Isabelle Bensidoun, au dessin d’Enzo et c’est édité aux Arènes BD

Pour écouter le podcast : 


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THE FALCON AND THE WINTER SOLDIER SUR DISNEY + : ENVOL REUSSI


Soyons honnêtes un instant, lorsque j'ai vu la bande-annonce de la série du Faucon et du Soldat de l'hiver, ma première réaction a été négative, et ce fut presque épidermique. L'idée que je m'en faisais était celle d'une baston gigantesque étalée sur de nombreux épisodes, pour un public totalement décérébré et déjà acquis à la cause Marvel. Aussi je commencerai cet article par un sincère mea culpa, tant le premier épisode m'a semblé intéressant, avec des personnages bien campés, dont la psychologie et les affres sont plaisamment exposés au spectateur. 
Certes l'action est au rendez-vous dès les premières images, mais c'est une scène proposant un Faucon en pleine mission très réussie, adrénalinique, qui débouche juste après sur quelque chose de bien différent. Nous avons affaire à deux héros qui sont à la recherche d'eux-mêmes; le Winter Soldier est un homme hors de son temps qui doit composer avec toutes les horreurs qu'il a commises autrefois, et qui continuent encore aujourd'hui de lui pourrir la vie... le Faucon lui revient d'une période d'absence de 5 ans, consécutive à la disparition de la moitié des êtres vivants de la planète (merci Thanos). Il doit donc retrouver sa place, à commencer par résoudre des problèmes financiers, car oui, les super-héros sont comme vous et moi, ils sont parfois obligés de demander un prêt à la banque. Au passage la série vous explique comment les Avengers se financent.
C'est tout ceci qui nous semble le plus passionnant pour le moment, tous ces instants où la tension retombe et où chacun doit composer avec ses propres démons, ses incertitudes, ses nouveaux projets qui tardent à se développer. En parallèle on comprend qu'une menace pointe le bout de son nez, une association probablement terroriste dont les visées subversives et politiques n'ont rien de bien rassurant. Et pour conclure l'épisode, ce ne sera pas un spoiler que de vous parler du nouveau Captain America, dont vous avez probablement croisé l'image sur les réseaux sociaux, la plupart du temps d'ailleurs pour se moquer du visage qui apparaît, assez disgracieux derrière le masque. En effet Steve Rogers n'est plus de la partie et il faut bien trouver un remplaçant pour représenter l'espoir et le courage de l'Amérique. Sam Wilson était persuadé qu'en rendant le bouclier au gouvernement, personne n'endosserait le costume à l'avenir, ou tout du moins sans qu'on lui en demande la permission ou son avis auparavant. Ce bon vieux Sam a oublié que le gouvernement américain s'assoit sur beaucoup de principes depuis toujours, et qu'il en fait un peu à sa tête. 
Bref c'est un premier épisode réussi car il parvient à unir tout ce que nous aimons chez les super-héros Marvel, que ce soit le côté intimiste, que ce soient les scènes épiques, ou le mystère et l'envie d'en savoir plus au prochain rendez-vous. Le vendredi sur Disney + nous avons donc une raison supplémentaire d'entretenir la flamme, celle de regarder une série qui pourrait être bien plus intelligente que prévu, et s'avère déjà comme une pièce maîtresse indispensable de l'univers Marvel cinématographique à venir.


Retrouvez le Winter Soldier chez Panini!

 

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L'INTEGRALE ALPHA FLIGHT 1978-1984 : JOHN BYRNE ET LES 80'S CHEZ PANINI


 L'omnibus de la Division Alpha par John Byrne ne verra probablement jamais le jour chez Panini Comics France (mais il existe en Italie). Pas grave, à partir de ce mois de mars 2021 voilà le titre qui débarque dans la collection "Intégrale", ce qui revient peu ou prou à la même chose, à la condition bien entendu que ce premier tome soit suivi par d'autres. Alpha Flight, donc. Il s'agit là d'une série anticonformiste et particulièrement réussie, qui correspond à une période de créativité extraordinaire et productive chez le scénariste-dessinateur le plus prolifique d'alors. 29 épisodes absolument superbes qui mettent en scène un groupe pensé par le même Byrne et Chris Claremont, sur les pages de Uncanny X-Men, et ces épisodes d'introduction sont eux-aussi de la partie, publiés dans ce premier tome. La formation était alors au service du gouvernement canadien, et elle était guidée par James McDonald Hudson, c'est-à-dire Guardian, l'ami d'un certain Wolverine, plus connu de tous comme le mutant griffu des X-Men (on disait Serval alors...). La Division a été chargée d'aller retrouver Logan en Amérique, pour le convaincre de retourner au Canada et de travailler pour les forces locales. Byrne propose dans les années 80 ce qui a fait le succès des comics Marvel, lors de la création des premières séries légendaires, sous la houlette de Stan Lee : des super-héros avec des super-pouvoirs et des super-problèmes. Chaque membre du groupe possède des failles évidentes, des secrets non révélés. Puck est un nain, Sasquatch un scientifique de renommée qui se transforme en monstre possédant un côté animal difficilement raisonnable, Northstar (Jean-Paul Beaubier, Véga en Vf) est un champion de ski gay, même si au départ les textes de Byrne sont retouchés pour ne pas que l'orientation sexuelle du héros apparaisse évidente. Sa sœur (Aurora) est schizophrène : une partie de sa personnalité est bourgeoise et complètement bigote, l'autre est héroïque, débridée, et aime la provocation (y compris aguicher les hommes). Guardian est un type froid, voire rigide. Snowbird (Harfang en Vf) n'est même pas vraiment humaine et cache de lourds secrets alors que Shaman, le magicien du groupe, n'est pas sûr de lui, et a des relations bien conflictuelles avec sa fille Talisman. Et je ne parle pas de Marrina, la jolie sirène, qui aura une relation avec le prince Namor, et qui est émotionnellement instable. La série proprement dite démarre de manière assez classique, face à la menace de Toundra, une entité ancestrale canadienne, et contre le Maître (Master of the world). Rien ne laisse présager que Byrne va rapidement transformer cette formation en un creuset étonnant de nouvelles idées, et de techniques narratives fascinantes. 

C'est que l'artiste n'avait au départ pas une folle envie de s'occuper de cette série, qui ne fut crée que pour donner des antagonistes bon marché à la domination des X-Men. Mais il est clair, en relisant son travail, qu'il va commencer à se divertir de plus en plus, et jouir d'une carte blanche enviable, puisque la matière première est composée de personnages de second ordre, qui n'ont pas un impact dévastateur sur le reste du Marvelverse. Byrne aime se focaliser sur certains héros en particulier, avec notamment dans la première année du titre, des numéros exclusivement tournés vers Puck, ou encore Snowbird, et le duo des jumeaux Aurora et Northstar. A d'autres occasions ce sont les origines d'autres membres qui sont traitées en tant que pages de complément, et qui viennent donc empiéter sur le récit mère (c'est ainsi qu'on en apprend plus sur Guardian, à titre d'exemple). Il expérimente, et ne manque jamais de souligner combien les Alphans, au départ, n'ont guère envie de collaborer ensemble, et sont trop marqués par leurs caractères différents, leurs tourments intimes, pour fonctionner pleinement en tant qu'unité chorale. Au long de ce titre, on croise une belle galerie de vilains pittoresques, de méchants subtilement vintage, mais qui firent leur bel effet, lors de ces belles années 80. Citons notamment les Omega Flight (autre groupe important car c'est là qu'apparaissent de futurs membres de la Division Alpha, comme Madison Jeffries capable de transmuter la matière métallique, et la sculpturale Diamond Lil). Sans oublier les Grandes Bêtes, ces créatures élémentales qui empoisonnent le Canada et seront les ennemis les plus meurtriers de la formation. Autre personnage très important, une femme au foyer, sans pouvoirs (au départ, cela changera avec un joli costume légué par le défunt mari, qui connu une des morts les plus inattendues et précoces de l'histoire des séries régulières). Heather McDonald-Hudson a tout de la secrétaire timide et pas très bien dans sa peau, mais c'est elle, avec sa détermination et sa force intérieure, qui va lentement souder les autres, et s'attaquer à la désunion ambiante. On a droit a de belles apparitions dans la série, comme Susan Richards des Fantastiques, le prince Namor (et un récit poignant avec Marrina, déjà évoqué) ou bien Wolverine, cela va de soi. Et n'oublions pas (j'en parle quelques lignes plus haut) que la Division Alpha n'a pas de chance, car comme le veut la tradition des eighties, très portée sur les décès d'envergure, et fondateurs, le leader de la team va trouver tout de suite la mort, dans des circonstances presque absurdes, et choquantes, comme évoqué précédemment. John Byrne est pour sa part un dessinateur qui n'aime pas les effets spéciaux pour masquer le manque de matière. Avec lui, tout est axé sur la lisibilité, la clarté du story-telling, et ses formes souples et élégantes sont immédiatement identifiables et appréciées. Il s'amuse aussi parfois, comme avec une suite de pages blanches qui est censée représenter une tempête polaire, dans l'épisode consacrée à la semi-déesse nordique Harfang (ce coup-ci je la nomme en vf, la belle Snowbird). Alpha Flight est devenue depuis une série culte, et sur les forums, les réseaux sociaux, les appels à une réédition ne manquent pas depuis des années, tant il subsiste aujourd'hui un noyau dur de fans nostalgiques qui n'attendent que ça. Du coup cette intégrale a tout pour cartonner auprès des lecteurs d'un certain âge, et pourrait même faire de l'œil aux plus jeunes, qui auraient tout de bouder leur plaisir. Une bien bonne nouvelle, à (re)découvrir cette semaine chez Panini. 

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LE PODCAST LE BULLEUR PRESENTE : L'ENTAILLE


 Dans le 85e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente l'album L'entaille que l'on doit à Antoine Maillard et qui est disponible chez Cornelius. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La sortie du premier épisode de la série Amen intitulé Ishoa ou la précession des équinoxes, nous la devons au scénario et au dessin de Georges Bess et c'est édité chez Glénat

- La sortie de l'album Le don de Rachel, que l'on doit à Anne-Caroline Pandolfo pour le scénario et Terkel Rijsberg pour le dessin et c'est édité chez Casterman

- La sortie de l'intégrale Napoléon, supervisée par l’historien Jean Tulard, avec un scénario de Noël Simsolo et un dessin de Fabrizio Fiorentino et c'est édité conjointement chez Glénat et Fayard

- La sortie de l'album Magical Mystery June que l'on doit à Ève-Marie et c'est édité chez Expé-éditions

- La sortie de l'album Dans la gueule du loup que l'on doit au récit d'Anne Nivat qui a été adapté pour l'occasion par Jean-Marc Thévenet et mis en dessin par Horne et c'est édité chez Marabulles

- La sortie de l'album Sortie d'usine que l'on doit à Benjamin Carle et aux éditions Steinkis


Ecoutez le podcast ici :




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FLASH / ZAGOR LE CROSSOVER BONELLI / DC COMICS


Nous y sommes. Numéro zéro pour le crossover entre Flash, le bolide de DC Comics, et Zagor, personnage iconique de la maison d'édition italienne Sergio Bonelli. A priori rien ne les rapproche, et pourtant, après Batman/Dylan Dog, voici donc un nouveau crossover inédit et particulièrement intéressant. Tout savoir sur Flash/Zagor, de Giovanni Masi, Mauro Uzzeo et Davide Gianfelice, en quatre minutes, dans cette vidéo :



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YEAR ZERO : COMMENT VIVRE SA PROPRE EPIDEMIE "ZOMBIES"

 


Je ne vais pas vous cacher l'évidence ; nous ne sentions pas particulièrement la nécessité de lire une énième histoire de zombies, de contagion inéluctable. Alors ce Year Zero, sur le principe, ne constituait pas une urgence de lecture absolue. Mais force est de constater qu'à défaut de bouleverser totalement le genre, Benjamin Percy est parvenu à déplacer le curseur, l'attention, pour proposer autre chose, de salutaire. Ici on comprend ce qui se passe, l'horreur des foules qui meurent et de l'avenir qui s'effiloche, mais c'est uniquement le destin croisé d'individus pris un peu au hasard (ou presque), aux quatre coins du globe, qui sert de prisme au récit choral. Que ce soit à travers les vicissitudes d'un gamin sudaméricain, au pays des cartels de la drogue, celles d'un yakuza japonais désireux de venger le meurtre de sa femme, d'une femme au Moyen-Orient, là où la guerre fait rage, ou de Bob, le geek reclu dans son bunker personnel, qui utilise les bandes radios pour appréhender l'extérieur et peut-être enfin rencontrer celle qui l'accompagnera dans le monde post apocalyptique. Sans négliger une scientifique dont la curiosité et les recherches ne sont pas pour rien dans tout ce qui se produit. Oui mais voilà, ce qui se produit, on s'en fiche, totalement. Il n'est pas important de savoir comment est véhiculée l'infection, si les zombies peuvent être éliminés de telle ou telle autre façon, s'ils sont sensibles aux odeurs, aux bruits. Dans Year Zero, c'est l'humanité, par petites touches sensibles, qui est mise en avant. Des tranches de vie, quand la Vie avec la majuscule chancelle. Ce qui permet au lecteur de choisir la situation avec laquelle il pourra s'identifier, et se poser la question fatidique : et moi donc, alors, dans un tel contexte? Loin de frayer avec une bande de survivants prêts à tout, comme dans The Walking Dead, quelle serait ma trajectoire? Calfeutré dans mon trois-pièces, dehors à trucider celles et ceux qui le méritent, ou simplement faire de mon mieux, avec débrouillardise ou courage insensé, pour survivre un jour de plus? Ces 5 histoires avancent rapidement en parallèle, et apportent chacune son lot de réponses. 



Pour dessiner tout ceci, le choix est tombé sur Ramon Rosanas. Ce n'était pas gagné d'avance car ce dessinateur m'a souvent semblé parfait pour une histoire peu sérieuse, avec de l'humour et de la légèreté, et ici, et bien c'est un peu le contraire complet. Pourtant tout fonctionne, s'agence, car en fait le spectaculaire est banni au profit des émotions, de l'instant saisi sur le vif, et l'artiste est très doué pour que le message, c'est à dire les sentiments, parviennent jusqu'au lecteur. La couleur est d'un grand secours, et on appréciera le job monstrueux de Lee Loughridge. Impossible de clore cet article sans mentionner les couvertures originales de la série, de petits bijoux photo réalistes de Kaare Andrews, teintés d'une douce ironie, qui respectent pleinement le concept. L'arrivée d'AWA Upshot en France est donc remarquée et remarquable, avec dès ce mois de mars deux premiers titres chez Panini Comics, le second étant The Resistance de Straczynski et Deodato, qui fera l'objet d'une chronique future, très probablement. Autre bonne nouvelle, c'est du bon! 

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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : LE CHOIX DU CHÔMAGE


 Dans le 84e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente l'album Le choix du chômage que l'on doit au scénario de Benoit Collombat et au dessin de Damien Cuvillier, accompagné d'une préface signée Ken Loach. L'album est édité chez Futuropolis. Cette semaine aussi, le podcast revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La sortie du premier tome de la série Le ministère secret intitulé Héros de la République. Nous devons cette série au scénario de Joann Sfar et au dessin de Mathieu Sapin et c'est disponible chez Dupuis

- La sortie de Wild Bill, titre du deuxième tome de la série Wild West que l'on doit au scénario de Thierry Gloris et au dessin de Jacques Lamontagne et c'est édité chez Dupuis

- La sortie de l'album Le regard d'un père que l'on doit au scénario et au dessin de Laurent Bonneau et c'est édité chez Des ronds dans l'O

- La sortie de l'album Le combat du siècle que l'on doit au scénario de Loulou Dedola et au dessin de Luca Ferrara et c'est édité chez Futuropolis

- La sortie de l'album Nowhere Girl que l'on doit au scénario et au dessin de Magali Le Huche et c'est disponible chez Dargaud

- La sortie de l'album Une histoire du velvet underground que l'on doit au scénario et au dessin de Prosperi Buri et c'est édité chez Dargaud




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JUPITER'S LEGACY : L'HEURE DES REVISIONS AVEC LE PETIT BIJOU DE MARK MILLAR


 Les images en provenance de la série Jupiter's Legacy commencent à aiguiser l'appétit de beaucoup d'entre vous. Les autres, qui ignorent encore ce dont il s'agit, parlent d'une sorte de "The Boys" et ne peuvent se faire une idée précise du plaisir que nous allons avoir à enfin dévorer cette adaptation télévisuelle. car oui, il s'agit là d'une très belle production de Mark Millar, une des lectures indispensables du prolifique auteur écossais.

Que ce soit avec The Authority, Civil War, Superman Red Son ou bien les Ultimates, Mark Millar a toujours pris plaisir à mélanger le monde fantastique du superhéroïsme avec celui beaucoup plus réaliste et cynique de la politique américaine et internationale. Ce style particulièrement acide et qui donne de l'urticaire est la marque de fabrique d'un scénariste incontournable, qui a choisi ces dernières années de fonder son propre label pour tisser un univers en marge des grosses compagnies du comic book. Avec Jupiter's Legacy, Mark Millar ne se dément pas et va même encore plus loin, si cela est possible, dans le concept de méta-humains qu'il a mis sur pied. Ici les super-héros existent depuis les années 30 (le récit démarre en 1932, année où est apparu le Superman de Siegel et Shuster) et ils ont aidé l'humanité à venir à bout des plus grands ennemis de l'Histoire, à savoir la Grande Dépression en 1929 puis la Seconde Guerre mondiale. L'Utopien et sa femme Lady Liberty ont pris en main le monde entier et ce sont leurs exploits qui ont guidé l'humanité jusqu'au 21e siècle; puis ils ont eu deux fils, Chloé et Brandon, les co-protagonistes de cette histoire, qui doivent assumer l'héritage de leurs parents et accepter d'être bien malgré eux d'être les stars du moment, à une heure ou une nouvelle crise financière est en train de détruire l'économie et ou des nouveaux théâtres de guerre apparaissent chaque jour sur le globe. Mais est-ce bien quelque chose qui les intéresse..? Ces deux-là ont tout un tas de problèmes, ce sont des enfants gâtés et malmenés, ils cherchent la célébrité et versent dans les excès. En gros c'est un peu comme si vous aviez confié des supers pouvoirs à Lady Gaga ou Paris Hilton... ils manquent de cet esprit altruiste et de cette éthique morale qui sont nécessaires lorsqu'on revêt un costume de super-héros et qu'on a pour mission de protéger les plus faibles contre les super vilains. On retrouve la fille en situation d'overdose et avec une grossesse inattendue, alors que le fiston fréquente les boîtes branchés et branchent les filles dans les toilettes. Les pauvres n'ont rien demandé, après tout!



La relation entre parents et fils ressemble parfois à une tragédie shakespearienne aux accents oedipiens. Difficile de grandir sainement quand les modèles parentaux sont des parangons de vertu, des êtres aux super-pouvoirs toujours parfait, gentils, efficaces, serviables. La mère de Chloe, à presque cent ans, reste une femme belle et entourée de soupirants, qui fait de l'ombre à sa fille, par exemple. Reste un cas d'école, l'oncle Walter, doté d'un cerveau super développé et capable de manipuler les esprits, féru d'économie, qui souhaite redresser les finances de la planète par le biais d'un système qui lui est propre, sans scrupules, tel un apprenti sorcier. Millar s'en donne à cœur joie et ne cesse de surprendre le lecteur avec de nombreux coups de théâtre et un changement imprévu de direction en cours de route. Ses personnages sont intéressants car non seulement ils incarnent le révisionnisme super héroïque, à savoir cette nouvelle génération de héros plus réalistes et modernes, qui supplantent les anciens, mais ils sont aussi l'essence même de ce qui permet au lecteur de s'évader de la réalité et de se fondre dans un récit en bande dessinée. Chloé et Brandon sont ouvertement les créatures putatives d'auteurs comme Alan Moore et Frank Miller, et cet album est chargé en clin d'œil et citations de Hamlet à King Kong en passant par la série Lost ou Star Wars. L'héroïsme est passé à la moulinette post-moderne de la praticité, de la réalité géo-politique et de ses enjeux, puis digéré et assimilé par l'esprit nihiliste des temps qui rend toute chose, tout espoir, aussi vain qu'illusoire. Frank Quitely se charge d'illustrer l'ensemble avec le style particulier qui lui est propre, délaissant les fonds de case et le détail réaliste pour se concentrer sur les personnages, leurs luttes intestines, leurs déboires. Un parti pris vers l'humanisation de super humains. Dans Jupiter's Legacy Millar réussit même à se citer lui-même à plusieurs reprises; pour produire en bout de course une œuvre dérangeante, véritablement intrigante, qui fonctionne à plusieurs niveaux et qui vient nous rappeler combien le génial écossais est un auteur de grand talent, qui manque cruellement au grandes majors du comic-book américain, qui n'ont ni les moyens ni la verve nécessaire, la plupart du temps, pour se libérer des carcans et produire des oeuvres aussi originales et marquantes.


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EMPYRE : LE TOP DEPART CHEZ PANINI COMICS

 


Panini Comics vous propose de suivre le nouveau grand crossover Empyre, à partir de ce mois de mars, par le biais d'une revue mensuelle, qui durera le temps de quatre parutions. C'est le retour des épopées cosmiques, des menaces sidérales, avec notamment un équilibre géopolitique bien connu des fans de longue date, à savoir la rivalité éternelle entre les races Kree et Skrull, qui ferait pâlir l'opposition entre supporters marseillais et parisiens. Cependant les débuts sont un peu lents, et seul le premier numéro d'Empyre, en conclusion ce mois-ci, affiche clairement ses ambitions. Le reste de la revue assume son coté un peu didactique, ou de mise en place. Les différentes histoires servent juste à resituer les pions sur l'échiquier (et justifier de certains changements historiques) ou à introduire les clés du conflit à venir, notamment les prises de position des Avengers et des Fantastiques. Road to Empyre est éloquent en ce sens, puisqu'il s'agit de redire combien les skrulls détestent les krees, et pour quelles raisons, tout en jouant avec l'idée que cette haine pourrait être mise sous l'éteignoir uniquement devant un ennemi commun, et on ne tarde pas à comprendre qui va faire les frais de cette union temporaire. Certains faits importants se sont déroulés en amont, dans un spécial du nom de Incoming, qui n'a pas eu droit à une traduction Vf, il faut donc se contenter de quelques didascalies pour combler les blancs, mais on y parvient sans problème. Le scénario est de Robbie Thompson, et on retrouve toujours avec plaisir Matias de Iulis au dessin, qui devient un espoir fort intéressant chez Marvel. Comme je vous l'ai dit, ce sont les Avengers et les Fantastic Four qui vont être les têtes de pont pour le lancement de Empyre, aussi bénéficient-ils de deux parutions en éclaireurs. Celle de la famille Richards ressemble à une grosse blague potache, avec des héros en rade dans une sorte de casino cosmique, où la guerre kree-skrull est rejoué ad libidam pour un public qui règle rubis sur l'ongle et parie. Sauf que les guerriers dans l'arène sont des gamins, et que ça n'est pas acceptable pour notre ami Ben Grimm au grand coeur (de pierre?). Dan Slott s'amuse, même si on reste sur du petit trot, alors que R.B. Silva et Sean Izaakse sortent des planches très jolies et fort dynamiques.


L'épisode des Avengers a un véritable intérêt, celui de réintroduire une troisième race extraterrestre, qui va jouer un rôle fondamental. Les Cotati ont l'air tout gentil, des végétaux capables de produire un paradis de nature, y compris sur la Lune, on aurait envie de les adopter et de leur donner un bout du jardin pour qu'ils puissent prospérer. Mais derrière la patine se cache une réalité plus complexe, et sournoise. Al Ewing et Pepe Larraz (quelle beauté dans le travail de l'espagnol) vont vous faire douter du parti écologiste. Dernier one-shot introductif ensuite avec Lords of Empyre : Emperor Hulkling. Voilà un personnage qu'il faut suivre de près ces jours-ci. Son héritage est précieux (une impératrice skrull et le Captain Marvel des origines!) et il pourrait bien être le trait d'union parfait pour une trêve momentanée, au détriment d'autres camps... Le côté humain de Hulkling est mis en avant dans des moments de tendresse, d'intimité bien écrits, avec son compagnon Wiccan. Leur destin commun semble s'éloigner au fur et à mesure que celui tout personnel du nouvel empereur s'affirme. D'ailleurs Hulkling hésite, semble clairement comme un poisson hors de l'eau, avant de vite se reprendre et de commencer à manifester une cuirasse plus intrigante. L'épisode est assez lent mais touchant, même si clairement il va horripiler celles et ceux qui hurlent au loup dès qu'on parle d'inclusion ou de visions plus contemporaines des comics américains. Le monde évolue, l'univers aussi, et Empyre approche peu à peu grâce à ce héros mineur (dans tous les sens du terme) dont la stature va sérieusement s'étoffer. Chip Zdarsky et Manuel Garcia racontent tout ceci. Du coup quand Empyre commence véritablement, on a l'impression que les préliminaires ont été si longs que ça va être l'orgasme en quelques secondes. Et bien non, l'histoire est encore loin d'avoir dévoilé son potentiel, même si les enjeux et la première salve laissent à envisager de bien jolis moments dès le mois prochain. Slott et Ewing ont de l'ambition dans les idées, ça se sent, et Valerio Schiti est un digne dessinateur pour ce genre de croisade cosmique, lui qui parvient à associer netteté et réalisme du trait, et capacité de le pervertir pour donner une vraie vision personnelle et harmonieuse de tout ce joli linge. Empyre ressemble donc à un bon feu d'artifices. C'est rarement au début du spectacle que sont tirées les meilleures salves. Levez le nez et attendez la suite. 


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LE PODCAST LE BULLEUR PRESENTE : FACTEUR POUR FEMMES livre 2

 


Dans le 83e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente la seconde partie de la bande dessinée Facteur pour femmes, album que l'on doit au scénario de Didier Quella-Guyot et au dessin d'Emmanuel Cassier et c'est édité chez Bamboo dans la collection Grand angle. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La sortie de l'album Jusqu'ici tout va bien que l'on doit à Jaromir 99 à partir d'un roman de jan Nowak et c'est édité chez Presque Lune

- La sortie de l'album Comme par hasard que l'on doit à Cyril Bonin au scénario comme au dessin et c'est édité chez Glénat

- La sortie de Fukushima, un one shot que l'on doit au scénario de Bertrand Galic et au dessin de Roger Vidal et c'est édité chez Glénat

- La sortie de l'album L'esprit critique que l'on doit au scénario d'Isabelle Bauthian et au dessin de Gally et c'est édité chez Delcourt

- La sortie de l'album Mémento Mori, album que l'on doit à la Finlandaise Tiitu Takalo et aux éditions Sarbacane

- La sortie de l'album Le peintre hors-la-loi que l'on doit au scénario et au dessin de Franz Duchazeau et c'est édité chez Casterman


 

  
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WONDER WOMAN 1984 : LA CRITIQUE D'UN FILM QUI N'AURA PAS CONNU LE CINEMA (EN FRANCE)


Pour être foncièrement honnêtes, nous ne pouvons pas dire que nous sommes à classer au rang des vrais aficionados du premier film consacré à Wonder Woman. Aussi attendions-nous le second avec un peu de défiance, et surtout d'envie de corser les enjeux, de crédibiliser enfin ce personnage. Cap sur 1984 donc, une époque que le cinéma, les séries, la musique, ou encore la littérature, n'en finissent plus de piller, comme pour en extraire cette étincelle de magie et d'insouciance, qui est aussi souvent associée à un mauvais goût assumé. 

Nous retrouvons une seconde fois Diana, dans un rôle d'anthropologue, chargée d'étudier des trésors anciens, les mystères de civilisations oubliées. Tout ceci alors qu'autour d'elle et de son musée se manifestent les ravages d'une époque qui fait du succès, de l'argent, du consumérisme, une nouvelle religion qui en veut toujours plus. C'est pourquoi l'objectif s'attarde sur Maxwell Lord (Pedro Pascal), homme d'affaires et phénomène médiatique vivant (aux faux airs de Donald Trump première mouture), contraint de toujours réciter le même slogan: "la vie est belle, mais elle peut être meilleure". Si vous voulez quelque chose, soyez prêt à l'obtenir en utilisant tous les moyens nécessaires, même les plus sinistres. Une devise qui devient un mantra, et la soif de gloire commence lentement à consumer un individu qui a aussi des failles, à commencer par le besoin d'être aimé, considéré, surtout par un fils qui a déjà perdu pas mal de ses illusions. Barbara Minerva (Kristen Wiig), la nouvelle collègue au travail de Diana, perpétuellement moquée et ridiculisée par sa gaucherie, est vite enchantée par la charge vitale et énergique de l'escroc, qui va parvenir à lui retourner la tête, au point de dérober un artefact qui va changer la face du monde, et la transformer en la redoutable Cheetah, prédatrice sauvage et inhumaine. 



Wonder Woman 1984 présente un méchant étonnamment efficace, bien que conditionné par une évolution personnelle assez prévisible. Pedro Pascal propose une interprétation qui mérite un chapitre à part. Si dans le film précédent de 2017 Gal Gadot devait faire face à des menaces conceptuellement dangereuses mais assez ridicules du point de l'acting pur et simple, le second opus peut maintenant endiguer ce problème avec un ennemi dont la gouaille et l'agitation perpétuelle ajoutent un peu de sel, et prête à sourire pour les raisons déjà évoquées plus avant (Trump lookalike). Max Lord est un personnage capable de manipuler n'importe quel individu qui l'approche: exploitant un pouvoir particulier -que nous choisissons de ne pas décrire en détail, sous peine de spoiler une grosse partie des enjeux- il étend son désir de rédemption et de vengeance à travers toutes les vies humaines de ceux qui veulent ardemment suivre sa devise. Du coup, le mensonge occupe plus de place que le concept pourtant à la base de nos relations interpersonnelles, à savoir la vérité. Un mot que Wonder Woman incarne à elle seule, même si trop absorbée par des pensées centrées sur le seul versant sentimental de sa vie, avec Steve Trevor (Chris Pine). Le choc idéologique entre vérité et mensonge, manipulation et acceptation d'une vie modérée, dépasse de loin le caractère spectaculaire des séquences d'action en termes d'enjeux purs de ce second film. Problème, et pas des moindres, la mièvrerie avec laquelle Diana semble s'auto définir par rapport au regard et aux sentiments de Steve, et la bêtise irritante de l'acteur incarnant ce boyfriend sans saveur, sans épaisseur, une figure de mode (des eighties) aussi vide qu'un discours de Jean Castex. 


Le film est aussi trop long. Il dépasse largement les deux heures, et possède un ventre mou qui abuse de répétitions, de clins d'oeils pas toujours subtils, de développements assez convenus. Gal Gadot est plutôt intéressante, voire plaisante, en tant que Wonder Woman dont la fragilité n'est pas exclue, mais affleure régulièrement. Mais son sentimentalisme de supermarché est hors sujet, et lorsque c'est Diana qui évolue sur scène, et pas la superhéroïne, l'ennui n'est jamais très loin. Hans Zimmer et sa bande son de grande qualité n'est d'ailleurs pas pour rien dans cette histoire, tant il rythme parfaitement les moments forts où c'est l'amazone et son lasso qui font le spectacle. Avec Steve Trevor, ce serait plutôt le générique de Benny Hill qu'il faudrait ressortir du placard. Notons tout de même que la résolution finale de ce long métrage ne se contente pas d'asséner un concours de bourre pifs et de tirages de cheveux, mais qu'il est aussi placé au niveau de la philosophie de la vie, de la manière de l'aborder, de ce qui en constitue l'essentiel. C'est un choix fort louable, mais un peu plus de subtilité, de teintes de gris, cela n'aurait pas non plus été de trop. Une Wonder Woman 1984 qui ne rate pas sa cible. et n'explose pas en plein vol, mais ne décolle pas non plus très haut, se contentant d'être d'un agréable et inoffensif produit de divertissement. La lecture des comics reste donc à privilégier, pour connaitre et apprécier cette amazone fantastique, symbole d'émancipation, de liberté, de vérité. 

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UNIVERSCOMICS LE MAG' #9 : LES ANNEES 90

 


UniversComics Le Mag' #9 de mars 2021. 72 pages. Gratuit.

Téléchargez la version PDF ici :

http://dl.free.fr/otP2lOTRd

https://1fichier.com/?xra8dmg9onujnm2s4xjr

https://1drv.ms/b/s!AgicrUDIdGPCkxYe15xM22yBdQ0M

Pour lire en ligne :

https://madmagz.com/fr/magazine/1864736

LES ANNEES 90

Sommaire :

* Image Comics, success story des 90's. Image Comics

* L'Ere d'Apocalypse, l'événement mutant 

* Gambit. Tout sur le cajun avec Anthony Huard

* Lectures 90's. Que lire ou relire dès que possible?

* La saga du clone. Des tisseurs partout avec Alexandre Chierchia

* Interview : Luca Parrillo. Avec Filippo Marzo de Comics Reporter

* Story : Deadpool (qui fête ses 30 ans). Que lire du personnage?

* Le portfolio du mois de mars

* PREVIEW! Les premières pages du Retour du Messie, sortie le 31 mars chez Delcourt Comics. 

* Petite sélection des sorties Vf de mars

Comme toujours, le Mag' est gratuit, et ses pages sont ouvertes à toutes et à tous. Lecteurs, éditeurs, artistes, vendeurs, n'hésitez pas à nous contacter pour toutes vos questions, nous restons à votre service.

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Cover du grand Luca Strati. Conception graphique the mighty Benjamin Carret Art Page


COSMOPIRATES TOME 1 : CAPTIF DE L'OUBLI (JODOROWSKY / WOODS)

 Xar-Cero est typiquement le genre de mercenaire sur lequel on peut compter. Si vous avez une mission à exécuter, soyez certain qu'il ir...