Pour aller de l'avant, il faut donc revenir en arrière. C'est ce que semble nous dire Daniel Clowes, dans une de ses œuvres fondamentales et probablement les plus abouties, qui remontent à 2016 et qui bénéficie d'une splendide réédition chez Delcourt, dans le cadre de la bibliothèque de Daniel Clowes. En voulant changer le cours des choses subtilement - et donc retrouver son amour perdu et le fils qu'il n'a jamais connu - Jack se transforme peu à peu en une espèce de robot Terminator. Il est animé de bonnes intentions mais inévitablement, il finit par provoquer des situations qui sont destinées à changer le cours des choses, ou au contraire à confirmer l'impossibilité intrinsèque de mener sa mission à terme. Au passage, c'est toute la vie de Patience qui est illustrée. Nous en apprenons plus sur les épisodes fondamentaux qui ont fait d'elle ce qu'elle est devenue et nous revenons en arrière, jusqu'au tout début de cette bande dessinée, pour comprendre ce qui passait par la tête de la jeune femme, alors qu'elle avait déjà été contactée par la version future de celui qui partageait sa vie, sans qu'elle devine véritablement son identité. Clowes fait dans l'épure au niveau du dessin; le trait est moins anguleux, beaucoup plus souple que par le passé, les fonds de case sont très souvent réduits à leur plus simple expression et les couleurs explosives, particulièrement chamarrées, donnent un attrait visuel notable à l'ensemble. Dans sa grande simplicité apparente, dans son caractère très engageant, Patience se révèle être une machine parfaite à capter le regard du lecteur de passage, tandis que le récit qui se déploie avec brio, sans aucun temps mort et se stratifie avec une intelligence machiavélique, fera la joie des amateurs de l'artiste. Même la fin n'en est pas vraiment une : nous avons l'impression d'une conclusion ouverte, d'une histoire qui se termine pour ensuite continuer dans notre imagination, selon notre propre sensibilité. Patience est un mécanisme presque parfait qui démontre la maîtrise totale d'un Daniel Clowes au pinacle de son art, engagé dans la synthèse de son propre travail. Dire qu'il s'agit d'une œuvre incontournable est une évidence; à découvrir absolument, si vous ne l'aviez pas déjà fait lors de la première publication chez Cornélius. Delcourt vous gâte, profitez-en.
PATIENCE : LA SCIENCE FICTION DE DANIEL CLOWES CHEZ DELCOURT
LES VILLES EN BD CHEZ PETIT À PETIT : NICE EN DEUX TOMES
SUPERMAN CHRONICLES 1987 VOLUME 2 : QUI EST SUPERMAN ?
Le problème quand on décide de rafraîchir un personnage et de reprendre ses origines pratiquement du début, c'est qu'on risque fort de verser dans l'incohérence, étant donnée la longue continuité qui s'était établi durant plusieurs décennies. Un cas d'école, celui de la Légion des Super-Héros, ces jeunes justiciers qui viennent du 30e siècle et qui ont un membre d'honneur très particulier en la personne de Superboy. Oui, mais voilà, lorsque John Byrne décide de réécrire l'histoire de Superman, ce dernier n'a jamais endossé le rôle de l'adolescent à super pouvoirs qui sauve la veuve et l'orphelin à Smallville. Et du coup, comment expliquer que des siècles plus tard, les membres de la Légion vont s'acoquiner avec Superboy pour vivre des aventures fabuleuses ? Ma foi, c'est impossible, sauf qu'il est toujours envisageable pour un scénariste de comic books de mettre sur pied une histoire invraisemblable qui convoque manipulation temporelle, réalités parallèles et plusieurs séries mélangées entre elles; c'est ce qu'on appelle un crossover. Ici, Byrne va donc être responsable d'une rencontre entre la Légion, Superman et Superboy (et le Piégeur du Temps). Les deux faces de la même pièce vont même finir par se taper dessus dans ce qui va être le meilleur moyen d'apporter une explication plausible à un dilemme éditorial. Pour autant que les explications que donnent les comics puissent être plausibles, ça va de soi. Sinon, pour être complet, signalons aussi que le second volume de l'an 1987 propose un petit crossover avec Hawkman, qui est l'occasion aussi de se rendre compte qu'à l'époque nous assistions également aux évolutions aériennes de Hawkwoman, dans des histoires fortement datées, qui font partie des temps faibles de notre gros volume. Le récit est un peu plus intéressant quand juste par la suite Superman rencontre le Green Lantern Corps, au fin fond de la galaxie. Signalons aussi la présence du premier annual de Superman, à la toute fin. Avec Titano (nouvelle mouture elle aussi réécrite), un singe victime d'expériences scientifiques dingues et qui va vivre une aventure particulièrement tragique, qui donnera l'occasion au lecteur d'apprécier le dessin toujours aussi classique et raffiné de Ron Frenz. Défense de la condition animale mais aussi triste plaisanterie du destin, ce sont des pages beaucoup plus intelligentes qu'on ne pourrait penser au premier abord. Avec une Lois Lane et un gros quadrumane qui nous rejoint une sorte de fausse partition de King Kong. 1987 est donc une année capitale dans la carrière de Superman; elle permet non seulement la redéfinition du personnage, mais se permet d'associer modernité et tradition, de réveiller l'intérêt jusque-là assoupi de nombreux lecteurs au long cours et d'en attirer dans ses filets toute une série de nouveaux. Comme j'ai déjà eu l'occasion de vous le dire, mais ces épisodes fondamentaux sont très bien complétés et enrichis par un appareil critique et rédactionnel de qualité, dans chacun des volumes de la collection Chronicles. Prochaine étape (et nous serons là pour vous en parler) Batman 1988 (volume 2) et The Flash, qui fera ses débuts au mois de juin.
THE BLUE FLAME : L' AVOCAT COSMIQUE POUR SAUVER L'HUMANITÉ CHEZ 404 COMICS
LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : LA SAGE-FEMME DU ROI
Dans le 152e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente La sage-femme du roi, album que l'on doit au scénario d'Adeline Laffitte, au dessin d'Hervé Duphot et c'est édité chez Delcourt dans la collection Mirages. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :
- La sortie de l’album Deviens quelqu’un ! Que l’on doit à Daniel Blancou et aux éditions Sarbacane
- La sortie de l’album Dehors ! que l’on doit au scénario de Ludovic Piétu, au dessin de Jika et c’est sorti aux éditions Rouquemoute
- La sortie du cinquième tome de la série Stern que l’on doit au scénario de Frédéric Maffre, au dessin de son frère Julien Maffre, un cinquième tome baptisé Une simple formalité qu’édite la maison Dargaud
- La sortie de l’album L’animateur que l’on doit à Juanungo et aux éditions Delcourt dans la collection Shampooing
- La sortie de L’incroyable histoire de la bière que l’on doit au scénario de Benoist Simmat, au dessin de Lucas Landais et c’est sortie aux Arènes BD
- La sortie de l’intégrale de War ans dreams que l’on doit au scénario conjoint de Maryse et Jean-François Charles dont ce dernier en signe aussi le dessin, une intégrale sortie chez Casterman.
TÉLÉPATHES : PLUS AUCUN SECRET AVEC STRACZYNSKI ET EPTING
OMNIBUS SILVER SURFER PAR DAN SLOTT ET MIKE ALLRED : LE SURFER COMME ON L'AIME
CINÉCOMICS : LE TROISIÈME VOLET DES GARDIENS DE LA GALAXIE
ABADDON TOME 1 : SI-NAÏ (CHEZ SOLEIL)
Toutes les grandes religions de la planète ont pour point commun de posséder un ensemble d'objets symboliques, des artefacts qui sont considérés pour les fidèles comme les fondements de leur foi. C'est ainsi que pour l'Église Catholique, l'Arche de l'Alliance revêt une importance fondamentale. Chez les Juifs, ce sera plutôt l'anneau magique du roi d'Israël, le sceau de Salomon. Mais aussi, mentionnons le trident du dieu Shiva pour la religion Hindoue, l'épée légendaire Zulficar offerte à Ali par Mohamet pour les Musulmans, ou encore le miroir de Yata, cher au Bouddhistes. Dans le nouveau récit mis sur pied par Christian Bec, ces artefacts ont été retrouvés et dévoilés au grand jour, plus ou moins en même temps, en l'an 2027. Et on devine que la conséquence ne sera pas particulièrement heureuse, puisque dans le même album, nous suivons un autre filon narratif, qui lui est situé trois générations plus tard, quand où nous assistons à la progression d'un groupe de survivants dans un monde post apocalyptique, alors qu'ils font route en direction de la cité de Si-Naï. Si nous en sommes arrivés là, c'est forcément que quelque chose a dérapé en route. Le scénariste reste fidèle à son habitude, c'est-à-dire celle d'ouvrir le champ du récit à de nombreux personnages, d'entremêler différentes pistes qui finissent toutes par converger vers le même point focal, où se trouve le nœud gordien de l'histoire. L'ensemble est illustré à merveille par Robert Carey; nous sommes dans l'attention réaliste envers chaque détail, chaque expression du visage, avec des paysages et des scènes absolument splendides et une richesse certaine, voir une abondance dans le traitement des fonds de vignettes. Alors pourquoi sommes-nous réticents à crier au génie ? Tout d'abord car cette quintuple apparition simultanée reste toujours bien confuse au terme du premier tome. On ne comprend pas ce qui a pu provoquer ces découvertes, et la menace mystique qui est brandie à plusieurs reprises n'a pas de définition claire dans ces pages. Ensuite, il se dégage une impression d'aridité du scénario et des enjeux. Personne n'incarne l'histoire, nous n'avons pas de personnages réellement attachants, et on ressent comme un trop plein, en termes d'intervenants et de partage du temps de présence. Une série qui aurait donc de quoi séduire un large public, soignée et appliquée, mais qui manque de génie, de cette étincelle qui font naître les grands titres.
SUPERMAN CHRONICLES 1987 VOL.1 : L'HOMME D'ACIER DE JOHN BYRNE
DARK CRISIS ON INFINITE EARTHS TOME 2 : NOIRCEUR ET CONCLUSION
S'il y a une qualité qui saute aux yeux dans Dark Crisis, c'est le dessin de la série principale, qui est confié majoritairement à Daniel Sampere. Le trait est classique, précis, dynamique, en accord parfait avec ce qu'on peut attendre d'une saga mettant en scène la quasi totalité des personnages d'un éditeur. Il y est question de l'héroïsme, du bien que l'on trouve toujours en soi, contraposé au mal qui dévore le monde, et ça va de soi, des liens qui unissent les super-héros. Car vous le savez tous, l'amitié et l'amour sont des forces plus fortes que les ténèbres les plus épaisses, etc, etc... On ne peut pas dire que le scénario brille par ingéniosité ou qu'il soit un exemple frappant d'innovation; c'est en réalité une saga qui s'inscrit dans les droites lignes de ce que l'on pouvait déjà lire dans les années 1980, et en cela l'hommage à l'œuvre de Marv Wolfman et George Perez est appuyé. Il est intéressant de voir que la nouvelle génération de héros (le fils de Superman, Damian Wayne, Yara Flor) est particulièrement bien mise en avant. C'est même eux, les jeunots, qui occupent l'espace lorsque les aînés sont retenus morts par un peu tout le monde. Paria n'a pas droit à un traitement très subtil pour sa part, et il est même évacué de la scène de manière trop rapide, sans que l'on ait le temps d'éprouver de compassion ou d'intérêt pour son destin. C'est curieusement les toutes dernières pages, alors qu'on nous annonce que Amanda Waller et la Suicide Squad vont avoir une mission prépondérante dans les mois et années à venir, que se trouve peut-être le plus intrigant, une fois que les cendres retombent et qu'on s'occupent des conséquences directes ou indirectes de l'événement. Attention, je suis loin de dire que Dark Crisis est raté ou que ça ne vaut pas la peine de la lire, il y a même des moments forts qui sont exaltants et qui nous rappellent ce qu'est le grand super-héroïsme, mais à force de rabâcher encore et encore les mêmes dynamiques et de proposer des enjeux qui se ressemblent furieusement, le lecteur au long cours, qui connaît déjà tout cela depuis des décennies, risque de devenir blasé. Probablement le sommes-nous un peu trop ?
LES "VIES DESSINÉES" DE MARCO ET GIULIO RINCIONE
COSMOPIRATES TOME 1 : CAPTIF DE L'OUBLI (JODOROWSKY / WOODS)
Xar-Cero est typiquement le genre de mercenaire sur lequel on peut compter. Si vous avez une mission à exécuter, soyez certain qu'il ir...
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WORLD WAR HULK (Marvel Deluxe - Panini) A l'occasion de la sortie (avant les fêtes, bien entendu) du Marvel Deluxe consacré à...
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UniversComics Le Mag' 45 Septembre 2024 84 pages Dispo ici : https://www.facebook.com/groups/universcomicslemag/permalink/1049493353253...
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UniversComics Le Mag' 42 Mai 2024. 84 pages. Gratuit. Téléchargez votre numéro ici : https://www.zippyshare.day/odVOvosYpgaaGjh/file ht...