LE PUNISHER DE GREG RUCKA DE RETOUR EN MARVEL DELUXE


 Le Punisher de Greg Rucka est de retour chez Panini Comics, dans la collection Marvel Deluxe. Il faut bien fêter dignement les 50 ans d'existence de l'anti-héros par excellence (comme nous l'avons fait également, avec un numéro du Mag' spécial pour l'occasion, le mois dernier). En voilà donc une bonne nouvelle, tant ce run, sans bouleverser à jamais les codes du personnage, a su se révéler ultra bien fichu, bien écrit, crédible et respectueux de l'ambiance espérée dans ce genre de récits urbains. Le scénariste a choisi de développer son histoire à la manière d'un roman policier, et il va prendre son temps pour l'installer. Dès les premiers épisodes, ça canarde dans tous les sens, avec une scène très efficace de fusillade collective durant un mariage. Suivie par l'exécution des coupables, opérée par un Punisher fuyant et presque intangible, et qui ne prononce pas un mot. Nous assistons à l'apparition d'un nouveau personnage féminin, qui va jouer un rôle prépondérant dans tout ce qui va suivre, à savoir Rachel Cole (Alves, puisque c'est de son tragique mariage que nous parlons), dont la tragédie liminaire n'est pas sans faire écho à celle de Frank Castle. Si celui-ci a vu sa famille entière décimée lors d'un compte rendu entre mafieux, en plein piquenique à Central Park, la jolie membre des marines n'a pas le temps de se faire passer la bague au doigt qu'il ne reste de son couple et des invités qu'un carnage innommable et de la cervelle un peu partout. Cole va sortir meurtrie de cette épreuve. Elle parvient à survivre, mais ne sera plus jamais la même. Ce n'est plus une femme, avec ses rêves et un futur qui lui tend les bras, qui émerge de la convalescence, mais une froide machine à tuer, à l'instar de ce que le Punisher incarne depuis des décennies dans l'univers Marvel. Un vigilante ici taiseux (pas le moindre mot dans les quarante premières pages) et dont on nous prive même des monologues intérieurs. Rucka invite chacun à se faire sa propre idée sur les réactions et les motivations du justicier, qui apparaît comme une force de la nature qui nettoie la ville et exerce d'implacables représailles.



Le run de Rucka a aussi l'intelligence de ne pas se concentrer uniquement sur le Punisher, mais de savoir le mettre souvent de coté. Avec la déjà mentionnée Rachel, qu'il tente de maintenir en dehors du cercle vicieux de la violence et de la vengeance, mais également le détective Walter Bolt, qui va devenir le héros de la situation grâce à un mensonge et aux méthodes expéditives de Castle, toujours aussi malin quand il s'agit de creuser quelques relations occultes au sein même des forces de l'ordre. Ozzy Clemens, l'autre flic, assume pour sa part le rôle de la raison, du mentor, et plus tard dans le Punisher de Rucka, on trouve même un épisode complet centré sur l'interaction entre ces deux-là, plongés dans une jungle urbaine de plus en plus effroyable, où faire ce que l'on peut, avec conscience, n'est plus suffisant pour avoir la certitude de rentrer chez soi le soir autrement que les pieds devant. N'oublions pas non plus la jeune Norah Winters, journaliste intrépide, dont l'influence va grandir au fil des numéros, et permettre un autre point de vue sur l'ensemble de l'action, et la trame noire qui se tisse. Saluons sans hésitation aucune le travail de Marco Checchetto aux dessins. Une classe folle, quel que soit le titre qu'il illustre. Ici, c'est un régal pour les yeux. Certaines cases sont de petits trésors, froids et expressifs en même temps. Son Punisher est une force intraitable presque surnaturelle, qui apparaît pour délivrer une vengeance inexorable, comme un fantôme. Il est très opportun de souligner qu'en cours de route, le dessinateur italien va peu à peu basculer vers un travail digital, qu'il a depuis définitivement adopté, et qui colle bien aux ambiances glaçantes qu'il insuffle dans ce titre. De surcroît le travail de Matt Hollingsworth avec la couleur est parfait. Les contrastes sont saisissants, et il magnifie le message de Rucka avec une justesse de choix qui va vous bluffer. Voilà donc un long arc narratif qui devrait réjouir les amateurs de polars Marvel, de retour chez Panini à l'occasion d'un anniversaire qui regorge d'autres belles publications. Vous avez bien lu le numéro du Mag' de février, hein (et écouté le podcast de Panini consacré à ce sujet, le mois dernier) ? 


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BATMAN & ROBIN DYNAMIC DUO TOME 1 : L'HEURE DE LA RÉCONCILIATION


 Il suffit de jeter un œil à sa généalogie et à la manière dont il a été éduqué pour comprendre les raisons qui font que les relations entre le jeune Damian Wayne et son père Bruce sont assez chaotiques. Le moins que l'on puisse dire, c'est que leur manière d'agir respective, leur impulsivité, leur façon de combattre le crime, ne sont pas tout à fait les mêmes. Pour autant, l'heure est venue de se rapprocher, voire même se rabibocher, après les récents événements que vous avez peut-être suivis dans Shadow War. Damian et Bruce, sous le même toit, dans une jolie maison certes, mais loin des fastes du manoir Wayne, c'est la réalité actuelle que nous allons découvrir dans cet album, écrit par Joshua Williamson. Un scénariste qui a déjà œuvré en long en large et en travers sur les aventures de ce Robin garnement. Bruce insiste pour que son fils aille à l'école et mène une vie relativement normale; bien entendu, c'est quelque chose qui n'est pas du goût de l'adolescent, bien décidé à n'en faire qu'à sa tête. Les deux larrons vont devoir intervenir lors du détournement d'un dirigeable, à bord duquel se trouve un expert en séquençage de l'ADN, le docteur Kafira. En parallèle, du matériel est volé dans plusieurs laboratoires de Gotham et les produits subtilisés sont extrêmement dangereux. Pire encore, lorsque Batman et Robin affrontent le Trio Terrible, c'est pour se rendre compte que ce dernier n'est plus composé de super vilains masqués, mais que ces derniers sont devenus carrément des hybrides d'animaux. Pour ne rien gâcher, Batman est touché par une cartouche de gaz qui produit un effet singulier : le voici devenu la cible de toutes les chauves-souris de la ville, à chaque fois qu'il endosse son costume.



Une des règles importantes lorsque nous rédigeons ces chroniques, c'est d'être foncièrement honnête avec vous. Alors je ne vais pas vous raconter qu'il s'agit là d'un album totalement indispensable : même la dynamique entre Batman et Robin a déjà été présentée de manière beaucoup plus passionnante, par le passé. Ici, il y a vraiment un ton qui confine au pilotage automatique, parfois, et cette histoire de course-poursuite contre des criminels, qui se terminent dans une école, là où va aboutir l'enquête du jeune Damian, n'a rien de très passionnante. Même la prétendue nouvelle criminelle, Soupir, clairement inspirée de Silence, n'évoque pas grand chose de palpitant. Par contre, du côté des dessins, si vous aimez les couleurs saturées, le dynamisme et les cadrage audacieux, vous allez forcément adorer Simone Di Meo, qui est un de ces artistes au style patiné que beaucoup apprécient et dont le travail ne souffre d'aucune objection; c'est du haut niveau et c'est diablement efficace sur ce genre de série. C'est d'autant plus visible que le cinquième épisode est lui illustré par Nikola Cizmesija, et là, nous avons plus l'impression de lire un manga shônen de bas étage qu'autre chose. D'ailleurs, on y retrouve Damian en joueur de foot : on se frotte les yeux, tant on se croirait dans un épisode d'Olive et Tom. Ce premier volume se termine avec un annual dessiné par Howard Porter, dans lequel Bruce et Damian partent faire une sorte de road trip qui se termine en camping sauvage, dans une zone - comme par hasard - qui sert de terrain de chasse pour des criminels, sous la houlette d'une certaine Roulette. Bref, là encore, on a vu un scénario plus original et mieux structuré autrefois, même si ça se laisse lire, notamment en raison des interactions toujours drôles entre père et fils. Loin de moi l'idée de dire que ce dynamic duo est mauvais, juste qu'il est à réserver aux fans hardcore des personnages, les autres peuvent très bien passer leur tour.



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DARK RIDE TOME 1 : LE NOUVEAU FRISSON DE L'HORREUR DE WILLIAMSON ET BRESSAN


 Arthur Dante, ou l'exemple de ce que la frustration peut faire comme effet à un homme violent. Une dispute conjugale et le voici responsable du meurtre de sa femme ! Le pire dans cette histoire, c'est la lâcheté du criminel, qui décide de faire disparaître le corps, juste après son geste atroce. Et à partir de là, nous sommes projetés des années bien plus tard, alors qu'Arthur, désormais vieillard retraité du monde actif, est devenu richissime et célèbre, grâce à l'ouverture d'un parc d'attractions un peu étrange, spécialisé dans l'horreur la plus élémentaire. Ce sont ses deux enfants qui gèrent la situation, principalement son fils, qui a hérité de toutes les responsabilités à la tête du parc (dont les finances sont en train de péricliter dangereusement), tandis que sa fille, elle, est une sorte de croisement entre une influenceuse et une chanteuse pop, dont le train de vie et les mœurs ont quelque chose de discutable. Dark Ride commence avec un autre personnage très important, un jeune homme du nom de Owen Seasons, particulièrement motivé à l'idée d'avoir décroché un job à l'intérieur de ce vaste Devil Land. Il s'agit d'une tâche très modeste, juste aller nettoyer le vomi et les dégâts consécutifs au passage des nombreux visiteurs épris de sensations fortes, mais ça lui suffit car il est depuis toujours un tel passionné du monde horrifique, que pouvoir simplement "hanter" les lieux lui procure un grand plaisir. D'autant plus qu'il rencontre très vite les propriétaires et à l'impression d'être accueilli comme il se doit, par les autres employés. Oui mais voilà, il va également faire une découverte sinistre et dès lors… disparaître !



La première remarque importante, c'est la réussite avec laquelle le parc d'attraction de Devil Land est représenté. Afin de crédibiliser la série, il fallait lui offrir une toile de fond à la hauteur et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est réussi ! Aussi bien le personnel que l'on croise, que les attractions mises en place et le potentiel qu'elles renferment, il y a là un terrain de jeu à exploiter, littéralement phénoménal. Williamson parvient également à nous prendre par surprise, notamment en nous offrant un jeune protagoniste très attachant dès le premier épisode, qui n'aura même plus la chance d'être là dans le second. Surprise, nous pensions que la série allait se focaliser sur ses découvertes au quotidien, il n'en sera rien. D'ailleurs, dans les épisodes suivants, c'est au tour de la sœur de prendre la relève, venue mener l'enquête sur ce qui a pu arriver à son frangin, aidée par une espèce de vlogueur qu'elle rencontre par hasard dans le parc. Ce dernier est persuadé qu'il existe des secrets enfouis et que les rumeurs autour des attractions ne constituent pas que des légendes urbaines, qu'il y a probablement quelque chose de plus terrifiant derrière. Enfin… on devine surtout que son intérêt principal est de faire des vues et de se regarder le nombril sur Internet. L'ensemble est dessiné avec maestria par Andrei Bressan, qui réalise un sans faute. Chaque planche est extrêmement soignée, dynamique, tous les personnages (y compris ceux qui sont engoncés dans leurs costumes de monstre pour faire peur aux visiteurs) sont représentés à la perfection. Quant à la couleur, signée Adriano Lucas, elle se place au service du récit de manière exemplaire, sachant user sans abuser de forts contrastes dans les moments clés, pour renforcer l'atmosphère terrifiante des lieux. Il y a de l'humour dans cette bande dessinée, beaucoup de pistes qui demandent à être explorées. Chaque épisode est davantage axé sur la vision ou les agissements d'un personnage en particulier, et au terme de ce premier volume, deux d'entre eux se dégagent tout particulièrement, en termes de malignité potentielle, tandis que le troisième, qui au départ semblait le plus antipathique, semble pris au piège de quelque chose qui le dépasse et pourrait bien être beaucoup moins négatif que ce que l'on supposait au départ. Un début très convaincant pour le duo à la base de Birthright, qui remet le couvert avec une série qu'on va suivre de près, chez Delcourt.



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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : BARCELONA, ÂME NOIRE


 Dans le 172e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Barcelona, âme noire, que l’on doit au scénario conjoint de Denis Lapière et Gani Jakupi ainsi qu’au dessin de Ruben Pellejero, Martín Pardo et Emmanuel Torrents et qui est édité chez Dupuis sous le label Aire libre. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La sortie du premier tome sur deux de Sans Francisco 1906 un album baptisé Les trois Judith que l’on doit au scénario de Damien Marie, au dessin de Fabrice Meddour et c’est à retrouver aux éditions Grand angle

- La sortie de l’album Sang neuf que l’on doit à Jean-Christophe Chauzy et aux éditions Casterman

- La sortie de l’album Carcajou que l’on doit au scénario d’ElDiablo, au dessin de Djilian Deroche et c’est édité chez Sarbacane

- La sortie de l’album Vivre libre ou mourir que l’on doit au scénario d’Arnaud Le Gouëfflec, au dessin de Nicolas Moog et c’est publié chez Glénat dans la collection 1000 feuilles

- La sortie de l’album Oh, Lenny que l’on doit à Aurélien Maury et aux éditions Tanibis

- La réédition en intégrale du diptyque Le convoi que l’on doit à Denis Lapière au scénario, Emmanuel Torrents au dessin et c’est publié chez Dupuis dans la collection Aire libre.



 
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PHENOMENA TOME 1 : LE RETOUR DE BRIAN BENDIS (AVEC ANDRE LIMA ARAUJO)


 Brian Michael Bendis fut il y a quelques années un des grands architectes de l'univers Marvel et un scénariste très recherché, parmi les plus grandes pointures du genre, au monde. Puis il est parti chez DC comics, a connu de sévères ennuis de santé et on avait fini par perdre sa trace, il faut l'admettre. Le voici de retour aux affaires, cette fois chez Abrams ComicsArt, avec une œuvre totalement personnelle, ou pour être exact, réalisée à quatre mains avec Andre Araujo Lima, un dessinateur fascinant avec qui il couvait cette idée depuis de nombreuses années (au départ, elle était destinée à DC comics). Phenomena est assez difficile à déchiffrer, tout simplement parce qu'au terme du premier tome, qui arrive cette semaine sur le label Urban Blast, il est toujours impossible de véritablement expliquer les raisons pour laquelle la Terre a connu de tels bouleversements. Le monde dépeint par Bendis ne ressemble absolument plus du tout à ce que nous en connaissons aujourd'hui et il est désormais peuplé de robots géants, de créatures étranges pouvant même recourir à la magie, de baleines volantes, de cités flottantes… bref, bien malin qui pourra dire ce qui nous a amenés à cette situation insolite. Par contre, ce que l'on peut dire d'emblée, c'est que la prestation de Araujo Lima est tout simplement extraordinaire. Les planches en noir et blanc, dans un style qui s'apparente presque au manga (mais pas le manga bas de gamme, le manga bijou), sont truffées de toutes sortes d'inventions graphiques, font la part belle à des paysages futuristes ou oniriques convaincants, où aucune case n'est laissée au hasard. Le personnage principal semble être au début un jeune garçon, Boldon (Bendis nous rejouerait-il le coup de Miles Morales ?), un peu paumé, qui va vite rencontrer un preux Cyper (vous découvrirez de quoi il s'agit en lisant) baptisé Spike, sans oublier Mathilde, une petite voleuse sympathique, qui subtilise l'épée de Spike, à son grand désespoir. 


Ce premier tome s'apparente à une quête, un cheminement. D'abord, celui qui mène les personnages à la Cité d'Or œillée, une sorte de ville flottante et ultra technologique, qui apparaîtra bien différente de ce à quoi ils s'attendaient. Ensuite, il s'agit aussi de l'aventure de Boldon, qui va apprendre à tisser des liens avec les nouveaux amis qu'il rencontre en chemin et qui, inévitablement, gagnera en maturité. Et en expérience, en récits à raconter, dans un univers où ces derniers peuvent se monnayer contre de la nourriture ou des services pratiques. Il n'y a pas que le dessin qui permet de retranscrire le foisonnement incroyable de l'univers de Phenomena, il y a aussi les dialogues, le texte, et la traduction de Julien Di Giacomo parvient à restituer avec brio ce qu'a tenté de faire Brian Bendis, c'est-à-dire inventer un langage basé sur ce que nous connaissons mais suffisamment perverti et décalé pour le rendre singulier et nous interroger, en de nombreuses occasions. Même le phrasé, les répliques dans cette histoire échappent à ce que nous sommes habitués à lire. Tout est à découvrir et rien ne se révèle véritablement et définitivement avec ce premier tome, qui nécessite que l'on attende la suite pour vraiment comprendre quels sont les enjeux. C'est publié sur le label Urban Blast, le souffle d'une nouvelle génération comme l'annonce Urban comics. Autrement dit, des albums souples avec une couverture à rabat, très agréables à prendre en main et qui sont eux aussi une sorte de croisement génétique entre le comic book et le manga XXL. Bref, un ouvrage crossover qui possède un bon nombre d'atouts pour séduire du monde, à condition qu'on lui accorde une chance.
Sortie cette fin de semaine


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FALL OF X VOLUME 1 : UN NOUVEAU SOFTCOVER POUR LES MUTANTS


 Si la France s'apprête à profiter du printemps, pour les mutants et l'État nation de Krakoa, les choses sont bien différentes. Nous sommes arrivés à l'automne, avec une vue directe sur l'hiver ! L'heure est aux larmes et ça commence dès ce mois de mars avec Fall of X volume 1, le premier numéro du nouveau cycle de softcovers consacrés à l'univers X, chez Panini Comics. Tout débute par un mastodonte spécial de 70 pages dont vous avez désormais l'habitude. Le Hellfire Gala, tous les ans, c'est une sorte de soirée bling bling durant laquelle tous les X-Men sont réunis, chacun revêtant ses plus beaux atours. Des costumes assez fantasques, brillant de mille feux, une belle manière de montrer la puissance mutante sur l'échiquier politique et économique mondial, mais aussi d'impressionner et rassurer les humains normaux, dans le même temps. Après tout, le premier Gala avait été l'occasion d'annoncer que nos héros étaient capables de terraformer la planète Mars, rien que ça ! Cette fois, nous n'aurons même pas le temps d'assister à la création de la nouvelle équipe annuelle des X-Men qu'une terrible attaque va être portée par l'organisation Orchis, qui a préparé son guet-apens depuis fort longtemps. En empoisonnant la population humaine qui bénéficiait jusque-là des médicaments fournis par les mutants, en disposant d'une force de frappe redoutable dont les sentinelles modèles Stark sont la tête de pont, Orchis frappe et ça va être un véritable carnage sur Krakoa. Il n'y aura pas seulement que des blessés, mais aussi un nombre très élevé de victimes, aussi bien mutantes qu'humaines, et l'épisode se terminera sur une scène déchirante qui annonce clairement la fin de tout ce que nous avons lu ces dernières années, la diaspora mutante (les allusions au peuple juif sont plurielles dans ce volume) et le statut de criminels recherchés pour ceux qui auront survécu à la tragédie. Gerry Duggan met le feu aux poudres, littéralement, épaulé par un grand nombre de dessinateurs qui ont comme point commun leur talent évident, à commencer par Adam Kubert, Russell Dauterman, Matteo Lolli, RB Silva ou Pepe Larraz.




Les conséquences de ce que l'on va appeler dès lors le massacre mutant (tiens, ce n'est pas le premier) vont occuper les mois à venir dans la revue Fall of X. Elles vont être multiples et tragiques. Tout d'abord, le professeur Xavier est persuadé que la responsabilité du meurtre de milliers de mutants est aussi le fruit de ses décisions et cela va bien entendu avoir des répercussions sur sa manière de gérer la suite des événements. Ensuite, il est très éloquent de voir ce que devient le personnage de Kitty Pryde. Nous sommes très loin de la jeune fille naïve et effervescente qui faisait ses débuts chez les X-Men et s'entichait de Colossus; elle est désormais une combattante redoutable, après avoir appris à se battre avec les meilleurs et les plus sanguinaires et elle va avoir besoin de toutes ses ressources pour s'échapper et entrer de plain-pied dans la résistance. Vous allez voir, ça va être là aussi assez sanguinolant. On se rend compte également du rôle que va jouer Madeline Pryor, désormais installée en tant que souveraine du royaume des Limbes. Elle aussi va être une pièce maîtresse de tous les épisodes à venir (tout comme Emma Frost, dans un autre registre) de la série Dark X-Men. De nombreux artistes de grande classe vous donne rendez-vous dans ce volume 1. Outre ceux que nous avons déjà cités, mentionnons par exemple Stefano Caselli, dont le dessin toujours propre, réaliste et sans bavure, en réjouira beaucoup. Le seul petit bémol qu'il convient de maintenir, c'est l'impossibilité de démarrer les aventures des mutants avec Fall of X; pour bien profiter de ce qui se déroule dans ces pages, il est évident qu'il faut avoir lu tout de même l'essentiel de ce qui a précédé. Ceux qui ont fait une pause de 2 ou 3 ans dans l'histoire les mutants risqueraient d'être totalement déconcertés devant la tournure qu'ont prises les choses, le rôle que chacun possède maintenant, avec des personnages qui se sont tellement éloignés (voire opposés) de ce qu'il représentaient il y a quelques années… il faut parfois se frotter les yeux pour y croire ! Bien sûr, la profusion des titres qui alimente le softcover Panini fait que tout ne peut pas être d'une qualité remarquable; néanmoins, nous entamons une chute qui s'annonce passionnante, terrible et surtout sans concession. L'avenir des X-Men s'annonce très sombre. Pour autant, celui des lecteurs qui les suivent et se délectent de leurs (més)aventures va être radieux.


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NECROMANTS TOME 2 : LE PLAN DE MONTSERRAT (CHEZ DRAKOO)


 Nous avons attendu presque trois ans pour avoir la suite de Nëcromants, l'excellente bande dessinée publiée chez Drakoo et réalisée par un duo d'artistes qui a su nous convaincre pleinement : Olivier Gay et Tina Valentino (critique du premier tome ICI). Le premier cité est en réalité un spécialiste de ce type de récit destiné à un jeune public, mais susceptible aussi d'éveiller l'intérêt des plus grands, avec de l'action et de l'humour savamment dosés, dans la plus belle des traditions de la bande dessinée franco-belge. Les personnages de cette histoire ont une particularité assez étonnante, ils sont capables d'invoquer l'esprit de puissants magiciens, qui s'emparent alors de leur corps et leur permettent d'acquérir momentanément des capacités fabuleuses. Acher, qui fait partie des Nëcromants les moins doués de tout son royaume, est ainsi le réceptacle de trois fantômes plus ou moins incompétents dans leur domaine mais qui sont devenus progressivement ses amis. Dans ce volume 2, il va falloir monter en gamme et recourir aux services d'un puissant guerrier qui ne fait pas dans la subtilité (Dmitris) et d'un spécialiste de l'ésotérique redouté de tous (Varlam). C'est que, pendant ce temps-là, la sœur d'Acher (Morla) est pour sa part le réceptacle du plus terrifiant et machiavélique des magiciens, un certain Boph-Êt, qui a bien l'intention de faire couler le sang afin de s'emparer de la cité de Biblys et de toutes celles environnantes. La demoiselle qui lui sert d'hôte humain est sur le point de se marier avec le souverain local; la situation ne manque certes pas de piquant, tout comme s'instaure une sorte de triangle amoureux avec Acher et ses deux compagnes d'aventure. Une constante, un levier efficace pour insuffler de l'humour et transcender les capacités de Tina Valentino.


L'artiste italienne donne en effet le meilleur d'elle-même même lorsqu'il s'agit de faire transparaître les émotions, de la surprise à la colère, du sentiment amoureux à la déception. Elle parvient toujours à subtilement tordre le visage, illuminer le regard, pour rendre l'ensemble extrêmement vivant. Une manière de faire qui est d'ailleurs plus propre à la bd franco-belge et au manga qu'aux comics, mais qu'elle parvient à appliquer avec son style propre, le tout dans des planches absolument magnifiques où les décors sont extrêmement soignés, où les détails sont forts nombreux… et qui plus est mises en couleurs avec maestria par Alice Scimia. L'impression est même que 48 pages sont trop courtes pour condenser l'intégralité de tout ce qui se passe dans cette bande dessinée où on avance rapidement vers la conclusion, à coups de rebondissements, rencontres, combats, pour finalement une forme de réalisation de soi, pour ce qui est du jeune héros Acher. Des contes des mille et une nuits revisités pour un lectorat moderne, une odyssée au parfum Disney mais avec bien plus de malice et de poivre dans l'assiette. Le second tome s'intitule Le plan de Montserrat, du nom de l'esprit le plus rusé, qui parviendra (peut-être) à contrecarrer les plans diaboliques de Boph-Êt. Second volume de deux, disions nous, même si la dernière vignette laisse entendre qu'un accueil très favorable de cette saga pourrait déboucher sur des prolongations. Nous n'aurions rien à y redire, bien au contraire. Sortie la semaine prochaine.
Attention : Tina Valentino sera avec nous au Play Azur Festival de Nice les 4 et 5 mai. L'occasion de venir vous faire dédicacer cet album (ou le premier) ou carrément opter pour le coffret que propose Drakoo. Contactez-nous si vous ne pouvez pas venir ou si vous désirez une commission de l'artiste. 




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PUSSEY ! : DANIEL CLOWES AUSCULTE L'ENVERS DU DÉCOR SUPER-HÉROÏQUE


 Où il est aussi question de l'évolution d'un média et de sa pénétration dans la culture commune mondiale. Car il faut bien le dire, dans les années 1980, il n'était pas forcément évident de revendiquer une passion pour les bandes dessinées super-héroïques, sous peine d'être taxé de geek, nerd... en tous les cas, quelqu'un dont la vie personnelle et sociale n'a rien de reluisante et qui se contente de suivre les aventures de personnage musclés en costumes moulants, presque comme s'il s'agissait de sublimer une pulsion homosexuelle (d'ailleurs, l'auteur s'amuse avec cela à plusieurs reprises, dans cet ouvrage). Et puis, au tournant des années 1990, avec l'explosion du marché des collectionneurs et la démocratisation du genre, tout à coup tout le monde a commencé à parler des super-héros. Aujourd'hui, ils font partie de la culture populaire sur une grande partie du globe et c'est ne pas les connaître qui vous remiserait presque au ban de la communauté. Daniel Clowes a connu tout cela et il s'en amuse extrêmement avec Pussey !, qui est le parcours d'un auteur de bande dessinée contraint d'opérer au service de studios peu scrupuleux, pour placer des histoires qu'il considère lui-même comme absurdes. Ce qui l'intéresse vraiment, c'est la bande dessinée indépendante, être capable de créer des histoires uniques et qui sortent des sentiers battus. Mais là encore, pour y parvenir, les obstacles sont nombreux et le lecteur aura l'occasion de très souvent sourire, voire de franchement rigoler. Dan Pussey va faire la rencontre de toute une galerie de personnages déjantés, abjects ubuesques, frustrés, qui incarnent à la perfection les contradictions et toute la bêtise d'un microcosme en évolution. En remettant en cause les fondements même de notre passion, en allant gratter dans le moteur pour mettre à nu les mécanismes de la production même de la bande dessinée super-héroïque sérielle, Clowes entame une réflexion très pertinente et dans le même temps très réjouissante et divertissante sur un métier à part.




Dan Pussey, c'est la grandeur et décadence d'un artiste, anti autoportrait fictif de Daniel Clowes, de ses années de formation, adolescent en rébellion perpétuelle, jusqu'à la recherche d'une place au soleil et même jusqu'au décès du dessinateur, qui après avoir connu la gloire a replongé dans l'anonymat, victime des nouvelles générations. C'est toute une trajectoire qui se déploie devant nous avec à chaque fois un humour décapant, qui vient souligner tous les travers du monde de l'édition de la bande dessinée super-héroïque : chacun en prend pour son grade, aussi bien ceux qui lisent que ceux qui réalisent les ouvrages, aussi bien ceux qui spéculent que le reste de la société, finalement. Comme toujours, Daniel Clowes recourt à un trait caricatural, voire grotesque, avec des visages dont les expressions font ressortir la sottise, la cupidité, le sentiment de se trouver face à un théâtre de dupes. Toutes ces petites histoires, destinées au magazine anthologique Eightball, forment un travail cohérent, qui est dans le tout haut du panier de l'œuvre de Daniel Clowes. Une œuvre qui a bénéficié d'un sacré coup de projecteur récemment, au Festival d'Angoulême avec le triomphe de Monica, son dernier album inédit en date (Fauve d'Or Prix du Meilleur Album). Parce qu'on pourra tous se reconnaître au détour des pages de Pussey !, parce qu'il est impossible de les parcourir sans s'esclaffer, on vous recommande chaudement ce petit bijou de tendresse désabusée et de causticité mordante. 

Delcourt réédite l'œuvre de Daniel Clowes, dans une collection proposant ses ouvrages précédemment publiés, avec de nouvelles traductions.


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GREEN ARROW & BLACK CANARY TOME 1 : L'ARCHER ET BIRDS OF PREY POUR DAWN OF DC


 Une nouvelle phase commence pour de nombreux héros chez DC comics. Dawn of DC, c'est l'occasion de regrouper certains titres par deux, en fonction d'une thématique ou de rapports évidents. C'est ainsi que nous avons droit, chez Urban comics, à Green Arrow & Black Canary. Ils forment un couple, aussi pourquoi ne pas lier les deux séries mensuelles qui leur sont consacrées ? La première d'entre elles, c'est celle qui voit en personnage principal l'archer le plus doué de la Distinguée Concurrence, à savoir Oliver Queen. Depuis la dernière grande crise cosmique qui a frappé le multivers DC, la famille d'Oliver recherche le super-héros, qui est en réalité perdu sur une planète inconnue. Il faut dire que des forces mystiques semblent s'opposer à la réunion de tous les membres qui composent sa famille, au sens élargi du terme. C'est-à-dire Arsenal, celui qui fut autrefois le gamin qu'il a pris sous son aile, mais aussi Connor, son véritable fils ou encore Black Canary, celle qu'il aime, sans oublier la petite Ian, la fille d'Arsenal. Le fait est qu'à chaque fois que ces personnages semblent être prêts à s'embrasser les uns les autres, il se produit une sorte de disparition, de téléportation mystérieuse, qui les éloignent. C'est ainsi qu'Oliver est en permanence tenu loin des siens et va même jusqu'à se retrouver avec toute une multitude de versions de lui-même, en provenance d'autres lignes temporelles, sans oublier un très charismatique old man Arrow qui va s'avérer être en fait quelque chose d'autre et d'imprévu. Pour quelle raison ne peut-il donc pas revenir profiter de quelques instants de paix avec les autres, ça, c'est Joshua Williamson qui vous le raconte dans une histoire très mouvementée, avec des traits d'humour et d'émotions fréquents et la présence d'autres personnages, comme le Peacemaker ou une version étrange de Parallax. Au final, la série présente aussi un intérêt notable pour ce qui est des plans diaboliques d'Amanda Waller et sa croisade contre les héros : c'est ce qui va occuper en VO l'essentiel de l'actualité 2024 et on commence à trouver des pistes sérieuses, dans ces pages que vous aurez peut-être l'occasion de lire. Sans être la meilleure mouture historique de Green Arrow, ça se parcourt suffisamment bien pour justifier un achat. D'autant plus que Sean Izaakse a bien progressé et qu'il est désormais un dessinateur très fiable dont les planches sont de toute beauté (et qu'une partie des dessins sont du superbe Phil Hester !)



La seconde série publiée, c'est Birds of prey, les oiseaux de proie, menés par Black Canary. Cette dernière est à la recherche de sa sœur adoptive, Sin, qui est momentanément hébergée sur l'île de Themyscira, la patrie des Amazones. Dinah a appris qu'une entité est sur le point de s'emparer du corps de la petite pour faire des siennes sur notre plan d'existence, aussi décide-t-elle de mettre sur pied une nouvelle équipe pour aller la sauver, sans demander la permission des habitantes de l'île, dont la plus célèbre est sans conteste Wonder Woman. Il faut dire que les Amazones ont actuellement bien d'autres problèmes, comme par exemple celui constitué par le gouvernement américain, qui a décidé de les assiéger. Rien que de pénétrer sur leur territoire sera particulièrement difficile ! Kelly Thompson alterne donc des événements super héroïques classiques avec de l'humour et des interactions pétillantes, le tout au féminin, grâce à une formation composée de Dinah Lance, Big Barda, Cassandra Cain, Harley Quinn, Zelote et Meridian. J'aime beaucoup le trait un peu rétro de Leonardo Romero, qui se situe quelque part à la frontière des chemins entre Chris Samnee et Jack Kirby, rien de moins ! Là encore, nous ne lisons pas quelque chose d'inoubliable mais qui a au moins le mérite de proposer des épisodes très frais et des instants fort agréables, pour qui a envie d'avoir sous les yeux de l'entertainment et du comic mainstream qui ne se moque pas non plus du client. On trouve donc en tout 12 épisodes dans ce gros volume, avec des équipes artistiques qui tiennent la route et des numéros qui n'ennuient pas, où il se passe toujours de multiples rebondissements. De quoi classer ce Green Arrow et Black Canary dans la catégorie des honnêtes parutions du printemps, à conseiller à tous les fans des héros DC comics un peu moins célèbres.
Sortie prévue le vendredi 29 mars


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SHADOW HILLS : LA MATIÈRE NOIRE SELON SEAN FORD


 Le rêve américain, c'est une forme de tromperie sur la marchandise, avec ces grandes métropoles illuminées jour et nuit. L'Amérique, ce sont aussi de nombreux villages, une immensité de villes de taille réduite, abandonnées ou presque. Il ne s'y passe rien, jamais. Shadow Hills fait partie de cette catégorie. On pourrait même ajouter la crise économique à la morosité ambiante, si le sous-sol ne regorgeait pas d'une ressource précieuse, le shale, exploité sans la moindre vergogne par Will, un des enfants du coin, qui a bien grandi et semble avoir donné du travail à un peu tout le monde avec sa compagnie de forage. C'est ainsi que la famille d'Anne a pu conserver un petit lopin de terre et survivre, sans avoir à partir pour tout recommencer ailleurs. Mais la tragédie fut tout de même au rendez-vous, puisque la plus jeune sœur, Dana, a mystérieusement disparu, sans laisser de trace. Des années plus tard, rien n'a vraiment évolué. Le récit, de son côté, choisit la carte d'un dédoublement temporel dès le commencement. Dans le temps passé, Dana fait la rencontre d'un jeune garçon qui semble évanoui, et qui a son réveil ne profère pas un mot. Muet, mais pas immobile, puisque l'étrange gamin va l'entraîner dans le vaste réseau de grottes sur lequel la ville a été construite. Pour communiquer et accéder à un autre niveau de conscience, il va aussi la convaincre de ramasser et consommer des champignons hallucinogènes. Dans le temps présent,  Anne retrouve Cal, le frère de Will, de retour après une longue absence et une brouille familiale. Un retour qui correspond avec une période de grand trouble, puisqu'une épidémie vraiment singulière frappe Shadow Hills : les habitants semblent recouverts (et vomissent) d'une substance noire et visqueuse qui les étouffent… 




Passionné de comic books et auteur indépendant au plus noble sens du terme, Sean Ford en est ici à sa deuxième œuvre complète et on sent encore poindre par endroits une touche d'inexpérience ou de naïveté; mais dans le même temps, c'est ce qui fait aussi le charme de Shadow Hills. Cette capacité d'échapper à tant de choses que nous avons déjà lues, pour constituer un univers à part, dans lequel on prend beaucoup de plaisir à se glisser lentement. Les scènes les plus réussies sont celles de la contamination, cette substance noire issue d'on ne sait trop où, qui sort par les orifices et recouvre les êtres touchés. Alors, bien entendu il est question d'écologie et de la manière dont nous maltraitons la planète, notamment avec l'extraction des ressources naturelles gisant dans le sol, mais cette histoire va beaucoup plus loin. Et derrière les disparitions, derrière ce qui se joue et les destins humains pris dans la tenaille du récit, nous trouvons aussi quelque chose de plus sombre, où il est vraisemblablement question de dépression, de morts, de faire son deuil. Le dessin semble relativement simple, il ne s'attarde pas beaucoup sur les détails, notamment les anatomies qui sont parfois assez sommaires, comme de simples points pour les yeux. Mais c'est aussi la force de Shadow Hills que de se concentrer sur l'essentiel, c'est-à-dire raconter une histoire,, plutôt que de tenter de d'épater avec des planches spectaculaires pour masquer l'absence de fonds. On pourra être étonné par la solution choisie de recourir à des champignons hallucinogènes comme moyen de faire progresser et même aboutir l'histoire. Mais là encore, c'est ce qui fait la particularité de cet ouvrage : être capable d'aller là où on ne l'attend pas, pour nous amener sur des pistes clairement non balisées, où on respire encore la bande dessinée autonome et qui existe en dehors des clous. Rien que pour ça, je vous recommande de découvrir Shadow Hills, paru dans un élégant format carré, chez Delcourt.



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ARCA OU LA NOUVELLE EDEN : MAGNIFIQUE VOYAGE CHEZ 404


 Ils détruisent la planète, sans vergogne, parce qu’ils le peuvent, parce qu’ils en ont les moyens économiques. Les ultra riches, ceux pour qui exercer le pouvoir (le plus souvent occulte) et une domination sans partage (au sens propre comme au sens figuré) sur le reste de l’humanité est une habitude. L’essentiel des ravages écologiques et climatiques seraient de leur fait, de par leur avidité, leur vision à très court terme, plongée dans le portefeuille. Bref, quand il faudra quitter la Terre, devenue inhabitable, il y a fort à parier que ce seront ces gens qui organiseront la transhumance cosmique, à la recherche d’un nouvel Eden à piller. Dans ce superbe ouvrage publié chez 404 Comics, le voyage se déroule à bord d’un immense vaisseau, qui reproduit peu ou prou les castes sociales observées depuis des siècles ; en pire même, sur certains points. Les « citoyens » sont ceux qui ont tout, qui représente le gotha des survivants, tandis que les jeunes, en attente de leur majorité, y sont traités comme des petites mains qui assouvissent tous les besoins des nantis, corvéables à merci. Puis après avoir atteint l’âge de dix-huit ans… mais ça, c’est une autre histoire, que je ne vous dévoilerai pas ici, sous peine de sérieusement vous gâcher le plaisir de la lecture. Le récit s’intéresse particulièrement à Effie, qui est sur le point d’en finir avec sa période  d’adolescente à tout faire. Elle a gagné la confiance de ses aînés, mais elle garde un esprit critique aiguisé devant ce qui se joue, dans ce microcosme aseptisé. Par exemple, elle est la seule de son âge à savoir lire et à emprunter régulièrement (en cachette) des ouvrages de toute nature, dans la grande collection du conservateur de bord. Il suffit cependant d’un différent banal concernant sa volonté légitime de maintenir des liens avec ses amies, après sa majorité, pour qu’Effie fasse une mystérieuse découverte, qui laisse présager des événements assez sinistres. Dès lors, c’est plutôt la défiance qui va définir les rapports entre la jeune fille et les grands pontes du vaisseau, en particulier Denton Graves, son mécène. Le commentaire politique et sociale devient aussi un thriller de science-fiction qui emporte le lecteur dans un état de tension permanent, où chaque mot, chaque regard, chaque geste, peut signifier un triste destin pour Effie.


Le commentaire politique et social de Van Jensen est donc particulièrement pertinent, que ce soit à travers la fascination pour l'ultra-violence, le mépris que les plus riches ont envers ceux qu'ils estiment être leurs inférieurs, la reproduction de castes économiques et professionnelles dans l'organisation de la société et l'opacité des décisions qui sont prises, en très haut lieu, c'est notre propre univers que nous retrouvons dans cet album. Retravaillé, comme sait le faire la science-fiction, qui est après tout la matière idéale pour parler de notre présent et de nos problèmes, tout en les sublimant dans un récit de fiction, qui n'est pas si improbable que cela. Le tour de force du scénariste, c'est aussi de proposer une conclusion totalement différente de ce à quoi on pouvait s'attendre au départ. Un twist très important viens en effet bouleverser complètement le sens de Arca, qui se termine d'une fort belle manière, un énorme pied de nez à tout ce qu'on a lu auparavant. Au dessin, Jesse Lonergan affiche un style beaucoup plus proche des productions franco-belge indépendantes que du comic book américain. Avec un trait caricatural et simplifié, qui vise à l'essentiel plutôt qu'à l'épate, pour transmettre des sentiments, des sensations, au lieu d'adopter un réalisme stérile. C'est très joli et la lecture est enivrante, au fil des pages, une fois qu'on a commencé. Et bien entendu, impossible de conclure sans mentionner le travail d'édition remarquable accompli par 404 comics (qui au passage est devenu officiellement ces jours-ci 404 Graphics) : de la couverture et son effet toilé absolument magnifique au grand format adopté, en passant par le grammage remarquable du papier employé, les efforts qui sont faits pour nous permettre de lire Arca dans un si bel écrin sont grandement appréciés. Encore une réussite incontestable, sur laquelle vous pouvez miser tout de suite.



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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : WHISKY SAN


 Dans le 171e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Whisky san, que l’on doit au scénario conjoint de Fabien Rodhain et Didier Alcante ainsi qu’au dessin d’Alicia Grande et qui est édité chez Grand angle. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La sortie de l’album L’honorable partie de campagne que l’on doit au scénario de Jean-David Morvan qui adapte l’ouvrage de Thomas Raucat, mis en dessin par Roberto Melis et édité chez Sarbacane

- La sortie de l’album Jusqu’ici tout va bien, adaptation d’un roman de Gary D. Schmidt par Nicolas Pitz et que publient les éditions Re de Sèvres

- La sortie de Sous la surface, le deuxième tome de la série Le lait paternel que nous devons à Uli Oesterle et aux éditions Dargaud

- La sortie de l’album Les 100 derniers jours d’Hitler, adaptation d’un ouvrage de Jean Lopez par Jean-Pierre Pécau au scénario, le duo Senad Mavric et Filip Andronik au dessin et c’est édité chez Delcourt

- La sortie du premier album sur deux de Quand la nuit tombe, un titre baptisé Lisou que l’on doit au scénario de Marion Achard, au dessin de Toni Galmès et c’est édité chez Delcourt

- La réédition en couleurs de l’album Orignal que l’on doit à Max de Radiguès et qui est sorti chez Casterman



 
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ALAN MOORE LES ANNÉES 2000 AD : SKIZZ EN TERRE ÉTRANGÈRE CHEZ DELIRIUM


 La créature extraterrestre qui sera plus tard baptisée Skizz est en fait un interprète zhcchz originaire de Tau-Ceti, en route pour une banale conférence minière. Jusqu'au moment où son vaisseau s'écrase sur Terre et qu'il parvient à s'en extraire, non sans mal, avant l'autodestruction programmée de l'engin, qui ne doit en aucun cas tomber aux mains des autochtones arriérés qui peuplent notre planète. C'est que pour ces extraterrestres là, la Terre est avant tout un monde primitif, où l'espèce qui prédomine n'a rien de très engageant. Dès ses premiers contacts avec son nouvel environnement, Skizz découvre des êtres violents, prêts à se battre entre eux, qui vivent au milieu de bâtiments bizarres, voire repoussants, qui empestent le poison. Entourés de bolides hurlants qui polluent, en recrachant des fumées nauséabondes (nos voitures, quoi). C'est que nous sommes au début des années 1980, dans l'Angleterre de Thatcher, qui traverse alors une profonde crise sociale, culturelle et économique. Le crash a eu lieu aux portes de Birmingham, qui est loin d'être la ville la plus accueillante au monde, surtout à cette époque. Vous l'aurez compris, si d'un côté Alan Moore s'appuie sur un type de récit très en vogue à l'époque, celui de la créature extraterrestre échouée sur notre planète, dont elle ne connaît absolument rien et qui représente logiquement un danger pour sa propre subsistance (sans parler de l'impossibilité momentanée de retourner chez soi. E.T en est l'exemple le plus célèbre), cet album est aussi et surtout un excellent moyen d'aborder des thèmes beaucoup plus contemporains et engagés, d'offrir une vision politique et satirique d'une Angleterre populaire, malmenée mais en réalité toujours fière et prête à se sacrifier, en cas de besoin. Skizz fait partie de ces excellentes séries publiées sur la revue 2000 A.D au Royaume-Uni. Mis bout à bout, ces épisodes forment un récit complet qui préfigure ce que va devenir par la suite le scénariste, c'est-à-dire une des références absolues de la bande dessinée mondiale, capable de réaliser une synthèse admirable entre la science-fiction la plus débridée et la critique acerbe et réaliste de notre mode de vie, aussi moderne qu'ubuesque.




Skizz ressemble au croisement insolite de la science-fiction des années 1980 et d'un film des Monty Python. À de multiples reprises, l'humour joue la carte de l'absurde, du contact entre l'infiniment grand, voire l'inexprimable, et la banalité du quotidien. Lorsque l'extraterrestre arrive sur Terre, il lui faut bien entendu survivre et cela implique des détails de grande importance, comme se nourrir, affronter une éventuelle contamination, assurer sa protection. Il trouve refuge dans le garage d'une jeune adolescente de 15 ans (Roxy), naïve et idéaliste, qui va prendre soin de lui. Néanmoins, elle ne sera pas de taille face aux pouvoirs militaire et judiciaire, qui vont vite s'interposer et la priver de cet étrange invité avec qui elle avait commencé à nouer une sorte de rapport amical touchant. Elle va alors recevoir l'aide de deux autres personnages particulièrement bien écrits et caractérisés par Alan Moore. Le premier semble a priori un peu demeuré (Cornelius) mais c'est surtout une de ces victimes de la crise sociale et économique, privée de son emploi mais pas pour autant de sa fierté, comme il le rappelle tel un mantra. Le second est un jeune homme débrouillard (Loz), c'est un ami du père de Roxy et c'est lui qui fera avancer l'action, grâce à un côté pratique très utile pour libérer Skizz des griffes des militaires. Le tout est illustré par Jim Baikie, dont le trait réaliste et minutieux est magnifié par un emploi savant des contrastes, par la définition des volumes et des ombres, qui font de chaque planche une petite merveille de mise en scène. Skizz alterne avec brio les moments où l'on sourit franchement et d'autres où on s'indigne, voire on s'émeut, devant la succession des événements. On rencontre la bêtise humaine, mais aussi la solidarité et l'espoir, qui semblent être là l'apanage des couches les plus populaires, ceux qu'on a tendance à laisser sur le bas-côté, tandis que ceux qui décident, ceux qui ont le pouvoir, sont avant tout dépeints et définis par leur obtusité ou leur méchanceté. L'édition que nous propose Delirium est comme toujours impeccable, avec une qualité du papier telle que les dessins de Baikie en ressortent magnifiés, ainsi que plusieurs pages de rédactionnel qui viennent enrichir l'ensemble. On ne le répétera jamais assez mais il y avait autrefois (il y en a toujours aujourd'hui) de véritables pépites dans cette revue britannique qu'est 2000 A.D. et Alan Moore y a fait feu de tout bois pendant des années. Avec Delirium, vous avez la possibilité de récupérer peu à peu l'intégralité de cette production brillante. Alors, s'en priver serait quasiment un péché capital !
Sortie ce vendredi





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BRZRKR : LE TOME 3 VIOLENCE ET TRANSCENDANCE POUR FINIR


C'est déjà le troisième et dernier tome pour la série imaginée par Keanu Reeves et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'action, encore l'action, est au centre de son récit. Vous avez aimé tous ces comic books des années 1990 où le scénario pouvait se réduire chaque mois à sa plus simple expression… et bien, bienvenue dans l'univers de B, ou plutôt, Unute, si vous préférez. Un monde où c'est l'ultra violence et le festival Ron Garney qui priment, dans chaque planche. Attention, je ne dis pas forcément cela pour critiquer, juste pour constater que la série se tourne vers un public qui souhaite cela, un peu comme quand on va au cinéma pour assister à un bon gros blockbuster américain. Le tome 3 démarre un peu comme une renaissance, même s'il s'agit en fait de la suite directe du précédent. On y a vu le protagoniste abandonner son corps physique, devenir une sorte de condensé d'énergie explosive, tandis que l'armée américaine se frotte les mains à l'idée de pouvoir utiliser cette puissance formidable qu'il est capable de relâcher, en une seule fois. Car en fait, tout aussi puissant qu'il est, le BRZRKR finit par devenir une sorte de cobaye, une créature manipulée et manipulable, tellement préoccupée par l'idée de retrouver ses origines qu'elle ne devient plus qu'une arme, au service d'un gouvernement toujours prompt à s'immiscer dans ce qui ne le regarde pas. Le rapport avec la doctoresse Diana est également très important puisque cette dernière, qui est sa psychanalyste attitrée, va pouvoir puiser elle aussi dans son pouvoir infini. L'occasion de recentrer le discours et de comprendre que BRZRKR parle avant tout d'une source fondamentale de puissance, dans l'origine n'est pas même terrestre, ou tout du moins bien plus métaphysique que prévue.




C'est une sacrée dualité que celle que renferme la version ultra guerrière et fantasmée de Keanu Reeves. Ce B / Unute est aussi dur à l'extérieur que tendre à l'intérieur : impossible de le blesser, encore moins de le tuer, mais au fond de lui, c'est un être tourmenté, qui aspire à se connaître, renouer avec ses origines. Bref, une proie assez facile pour ceux qui souhaitent l'utiliser. Le grand final va donc se faire dans une explosion totale d'ultra violence et d'énergie libérée et il fallait un Ron Garney en roue libre pour illustrer tout ça. Le dessinateur à ici l'occasion de libérer toute la puissance de son talent, au sens propre comme au sens figuré. Et puis, il doit aussi apporter une touche d'humanité, lorsqu'il s'agit de nous proposer le final que Matt Kindt écrit à l'enseigne d'une certaine forme de métaphysique, de transcendance, où il est question de ce que nous laissons aux autres et de la manière dont nous perdurons, à travers leur présence. C'est assez énigmatique, il n'est pas certain que tout le monde comprenne tout (moi-même, j'ai quelques doutes) et surtout, ça laisse une porte ouverte sur d'autres mini-séries qui vont venir désormais compléter l'univers de BRZRKR. On termine ces trois tomes avec l'impression de quelque chose de beau, de fort, de simple, de décomplexé et en même temps, un poil inachevé.


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L'ULTIME INVASION : JONATHAN HICKMAN ET LE RETOUR DE L'UNIVERS ULTIMATE


 Rien ne meurt et ne disparaît vraiment dans les comics books américains. L'histoire n'est qu'un éternel recommencement, y compris pour l'univers Ultimate, qui lors de son apparition au début des années 2000 avait été une bouffée d'air frais salutaire, permettant de réinventer l'ensemble des personnages et des grands récits fondateurs du microcosme Marvel. Mais lorsque vous repartez de zéro et que vous offrez ainsi une multitude de portes d'entrée parfaites pour les nouveaux lecteurs, il faut s'attendre qu'au fil des ans la situation se complexifie une nouvelle fois. L'univers Ultimate a donc fini par mourir, à l'occasion de la grande saga Secret Wars, orchestrée par Jonathan Hickman, le même scénariste qui est aujourd'hui un des principaux démiurges de la Maison des Idées et qui relance l'univers Ultimate, à l'occasion de L'Ultime Invasion. Il reste deux personnages issus de ce que l'on appelle désormais la Terre-1610, à savoir Miles Morales, un Spider-Man moderne et apprécié du jeune lectorat, mais aussi le Créateur, la version maléfique de Reed Richards (Mister Fantastic), aussi doué pour faire le mal que la version classique pour inventer des outils formidables. C'est lui qui, malgré le fait qu'il est emprisonné, est à la base du renouveau de ce monde hâtivement jeté à la poubelle. Il trame dans l'ombre depuis des mois et abat enfin ses cartes. Les principaux héros de la planète ne peuvent rien faire si ce n'est constater qu'il les nargue, qu'il ne cache pas même son grand come-back; au contraire, il les incite à se rebeller, tout en sachant qu'il sera impossible de le contrer. Le Créateur ne peut être arrêté et il possède trois coups d'avance sur tout le monde. Et pour ce qui est de sa Terre parfaite, de son monde à façonner, ça commence par empêcher certains héros de devenir tels, par de subtiles interventions qui vont modifier l'histoire, selon son bon vouloir. 




Nous sommes bien évidemment dans l'univers de Jonathan Hickman, ce qui signifie qu'il y a certains codes à respecter, à commencer par l'insertion de pages présentant ce que l'on nomme désormais une infographie, qui viennent compléter la compréhension de la lecture (pour une fois, ça n'est pas non plus trop encombrant). Cela veut dire aussi que l'histoire est très décompressée. Il est beaucoup plus intéressant de lire cette Ultime Invasion en une seule fois, dans le volume que vous propose Panini, que de la suivre chaque mois en version originale, au risque d'oublier une partie de ce qui a été découvert trente jours auparavant. Chez Hickman, il convient toujours d'aller revérifier, reprendre sa lecture, pour comprendre à quel point celui qui a commencé sa carrière en tant qu'architecte aime construire dans la durée et édifier patiemment tout un univers auto-référencié. Bien entendu, il faut également apprécier les comic books avec des personnages qui aiment s'entendre parler : ça soliloque beaucoup, ça ouvre souvent la bouche pour ne pas dire grand-chose, si ce n'est le plaisir infini d'entendre sa propre voix qui résonne. C'est aussi un album qui réjouira les amateurs de massacres organisés; tout le monde est ligué contre le Créateur, non seulement les héros traditionnels, mais aussi (et vous le découvrirez dès le second épisode) ceux d'autres univers, les clones de clones qui s'assemblent pour tenter d'empêcher l'inévitable. L'inévitable donc; c'est le plan de ce Reed Richards "mauvais", qui va pousser le cynisme à se placer lui-même en situation d'incarner le rôle d'un de ses pires ennemis et qui va compter sur les services du père de Tony Stark pour mettre au point l'arme lui permettant d'accéder à son Graal personnel. Le fait est que vous résumer l'histoire sans entrer dans les détails, tout en vous donnant des informations pertinentes, est extrêmement compliqué. Encore une fois, vous allez devoir vous creuser la cervelle pour bien saisir où veut en venir Hickman, qui est véritablement en train de tout réorganiser autour d'un nouveau projet, dont l'évolution fonctionnera comme une horlogerie de précision diabolique, mois après mois, en temps réel. Il est ici épaulé par Bryan Hitch au dessin, qui est toujours égal à lui-même, aussi bien pour les qualités que les défauts. Oui, il donne énormément d'énergie à ses planches et il est capable de présenter des scènes où énormément de personnes se tapent dessus, tout en les rendant séduisantes et lisibles. Mais certains cadrages (en contre-plongée), certains visages, laissent toujours des doutes (Black panther, par exemple). Reste une certitude : lorsqu'on a terminé cet album, celle que nous tenons probablement là une des pierres angulaires de ce qui va être au centre de l'attention chez Marvel dans années à venir. Ne négligez pas l'importance de cette Ultime Invasion !


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COSMOPIRATES TOME 1 : CAPTIF DE L'OUBLI (JODOROWSKY / WOODS)

 Xar-Cero est typiquement le genre de mercenaire sur lequel on peut compter. Si vous avez une mission à exécuter, soyez certain qu'il ir...