NECROMANTS TOME 1 : LE REVEIL DE L'ARCHIMAGE


La magie, c'est vraiment quelque chose de formidable… prenez par exemple les Nécromants; ils ont véritablement un talent particulier, quelque chose d'assez extraordinaire si vous y pensez ! Ce sont des magiciens qui sont capables d'invoquer les fantômes de leurs congénères illustres afin d'en posséder momentanément, à tour de rôle, les capacités, les connaissances ou compétences. En gros il accumulent différentes personnalités qui peuvent ainsi leur servir selon le besoin du moment. Vous avez la nécessité de combattre, vous pouvez convoquer le fantôme d'un guerrier sanguinaire. Vous souhaitez déchiffrer un vieux parchemin, vous trouverez bien un fantôme polyglotte ou érudit pour vous assister dans cette tâche. Le jeune Acher est un Nécromant, mais il faut bien être réaliste, ce n'est probablement pas le meilleur dans sa partie. Il est assez gentil, encore tendre, et les fantômes qu'il convoque et maîtrise (à peine) sont plus ses amis, des compagnons de voyage, que de véritables armes dont il peut disposer selon ses besoins. Et c'est plutôt dommage, car lorsqu'il part avec sa sœur, la jeune Morla, sur les traces du tombeau du grand mage Boph-Êt, la situation dégénère rapidement, voire même tourne au carnage. Morla est possédé par celui qui est un des archimages les plus maléfiques et puissants que l'univers n'a jamais connu et Acher est obligé de fuir et de s'en aller trouver secours et assistance, là où il le peut. La grande qualité de cette bande dessinée écrite par Olivier Gay, est qu'elle nous plonge d'emblée dans l'action. Il n'y a absolument aucun atermoiement, aucune scène qui nous fait perdre du temps. Dès la première page nous sommes immergés dans un univers fantasy, héritier des jeux de rôles, particulièrement attachant, avec des dialogues savoureux, de nombreuses références à la pop culture et un ton qui oscille en permanence entre lecture pour un public jeune, mais aussi quelques remarques et quelques touches bienvenues qui seront plus promptes à faire sourire des lecteurs mûrs ou moins naïfs. Et comme l'ensemble est particulièrement beau, pour ne pas dire magnifique, grâce au dessin de Tina Valentino, c'est un premier tome (sur deux) qui démarre sur les chapeaux de roue.  

D'ailleurs c'est un des mystères qui restent encore à résoudre. Comment se peut-il qu'aucun des big two des comics américains (Marvel ou Dc) ne fasse appel à la dessinatrice italienne, pour prendre les commandes d'une série régulière ou un graphic novel, comme Harley Quinn ou les Champions (le genre de produits qui lui irait comme un gant) ? Certes, il y a de la vie en dehors de ces éditeurs et Tina Valentino a déjà un joli cv à présenter, et un savoir faire qui saute aux yeux, mais pour le grand public, c'est un peu un "adoubement" amplement mérité. Zenescope ou Aspen ont bien compris la classe de la dessinatrice et c'est Drakoo qui peut se féliciter d'avoir eu le nez fin, en ce début d'été. Les pages sont superbes, truffées de détails soignés jusqu'au plus infime, et les personnages tous attachants, drôles, sans jamais verser dans la caricature expéditive. Les couleurs d'Alice Scimia se marient excellement à l'ensemble, une réussite donc. Le récit d'Olivier Gay est lui calculé au millimètre. On sent le savoir-faire éprouvé, de l'art d'instaurer complicité et sourires avec le lectorat, à travers dialogues et pensées intimes (très sympathique, cette idée de faire interagir les fantômes que chaque Necromant peut contrôler, et qui gardent une autonomie de décision ou d'opinion). Acher est un peu paumé, encore naïf, mais pour autant courageux, grand seigneur et même galant, alors que Ayu, garde d'élite du corps de garde de Biblys, infortunée demoiselle prise au piège des méandres de l'histoire, qui poussent le frère à fuir sa sœur (Morla étant possédée jusqu'à laisser cours à son côté sombre), n'est pas seulement insérée dans l'histoire pour des besoins bêtement romantiques, mais assume une fonction essentielle et active.  Bref, voici 48 pages qui se lisent d'une traite et qui se succèdent comme une évidence. De la belle ouvrage à découvrir. 





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