Comment séduire un auteur et le convaincre de travailler en exclusivité pour une maison d'édition comme DC Comics? La réponse est simple, vous lui donnez du travail sur une série mainstream, et en parallèle vous lui laissez aussi carte blanche pour produire quelque chose de complètement original. C'est ainsi que débarque Frostbite chez Vertigo. Nous sommes dans un monde post-apocalyptique avec Joshua Williamson, où les conséquences d'une expérience pour améliorer le climat de la Terre ont viré au cauchemar. Une ère glaciaire généralisée s'est étendue un peu partout, et désormais les sources de chaleur sont aussi rares que le pétrole ou le diamant à d'autres époques. Comme si cela ne suffisait pas, et comme le veut dorénavant la grande tradition qui semble parcourir tous les comics actuels, une histoire de contamination se greffe sur la trame principale : le Frostbite est en fait une maladie. Votre ADN est reconfiguré lentement, jusqu'au plus profond de vous-même, et vous devenez une sorte d'être de glace. Un phénomène qui s'étend et qui est considéré comme extrêmement dangereux, au point qu'il est déjà arrivé que les habitants de toute une ville soit exterminés pour mettre un frein au péril. Mais peut-être un remède existe-t-il, en tous les cas c'est la raison pour laquelle deux scientifiques sont en route vers Alcatraz, là où les attend un laboratoire qui leur permettra peut-être de synthétiser une solution définitive. Pour faire le trajet, il n'emploient pas une route traditionnelle et des transports conventionnels, mais demandent à être escortés par Keaton, une jeune femme qui a de faux airs de Mad Max des glaces. Ce n'est pas une héroïne, et ses valeurs ne sont pas complètement portées vers l'entraide et la charité. Une scène d'ailleurs vient saisir le lecteur d'un crochet dans la mâchoire; en même temps la réaction de Keaton permet de donner enfin un point d'impulsion à la série, et oblige sa protagoniste principale à se lancer dans une quête que l'on devine haletante.
Les dessins sont de Jason Shawn Alexander : ce n'est pas forcément l'artiste le plus coté du moment, mais son style se marie parfaitement bien à l'ambiance de ce titre. Il synthétise parfaitement le trait brut et expressif nécessaire pour apporter du pathos, et ajoute une touche réaliste appréciable dans les visages où les décors. La mise en couleurs est fort appréciable, un monde glacé se doit d'être représenté dans des tons bleutés ou blancs, et ici c'est le cas, avec parfois de rares taches de couleur vive là où pointe la chaleur ou tout simplement l'hémoglobine. Dans tout bon comics il faut un méchant et ici ce sera Fuego, dont le surnom est assez éloquent, qui joue le rôle du croque-mitaine. Son apparition permet de booster le rythme et oblige les personnages à prendre des décisions qui deviennent vite dramatiques. C'est finalement un bon titre que l'on tient entre les mains, mais son principal défaut est que au-delà de l'idée de départ, qui est très intéressante, la manière dont l'ensemble est raconté n'est pas si originale que cela. Alors certes c'est très beau, c'est visuellement fort soigné, et l'univers qui est dépeint est accessible et suffisamment bien agencé pour captiver d'entrée le lecteur. Toutefois je souhaiterais, dans les prochains numéros de cette mini-série en 6 parties, trouver quelque chose de neuf et d'inattendu à me mettre sous la dent.
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