THE KILLING JOKE (DC COMICS LE MEILLEUR DES SUPER-HEROS TOME 11 CHEZ EAGLEMOSS)

C'est un classique. Dérangeant. Une oeuvre qui sort des canons habituels et propose un Batman différent, plus adulte. La collection Eaglemoss saisit la balle au bond, et ajoute un nouvel album dans sa collection. Rappel des faits.
Vous êtes comme tout le monde, vous aimeriez bien en savoir plus sur les origines du Joker. Personnage complètement fou, comment un individu peut devenir ce clown macabre que rien n'arrête, aucune morale, aucune limite? Entre passé et présent, Alan Moore nous offre là une occasion unique d'aller lorgner du coté des secrets du Joker, dans un des récits les plus adultes et les plus aboutis consacrés à l'univers de Gotham. Ici, en point d'orgue de ses méfaits, nous le voyons débarquer chez le commissaire Gordon, qu'il enlève et séquestre ensuite dans un parc d'attractions, après avoir tiré à bout portant sur Barbara, sa fille, qui va subir de lourdes séquelles, au point de rester plusieurs années dans un fauteuil roulant. Le traitement réservé à Gordon père est cruel et choquant. Nous le retrouvons nu dans une cage, torturé physiquement et mentalement, dans des attitudes et des déviances qui empruntent autant au sado-masochisme qu'à la perversion la plus méchante. Nu comme un ver, terrorisé, le prisonnier subi des traitements qui vont au delà de ce que nous pouvions lire jusqu'alors. Exit le Joker un peu barge du ciboulot, et particulièrement baroque, tel qu'on nous l'avait vendu pendant des lustres. Place également aux conséquences à long terme, sur le petit monde de Gotham, puisque Barbara va devoir s'asseoir de longues années dans un fauteuil à roulettes, suite aux lésions de la colonne vertébrale. The Killing Joke, c'est émotionnellement très fort, et sans aucune concession avec les happy end ou les trames consensuelles qui pullulaient plus encore chez Dc Comics que chez Marvel, à l'époque de sa parution. 

Les dessins de Brian Bolland ne sont pas en reste. Si vous aimez le travail minutieux, les planches riches en moult détails, mais qui savent rester d'une lisibilité exemplaire, vous allez être à la noce. Si vous ne possédez pas encore cette histoire devenue un grand classique des lecteurs de Batman, je ne saurais que vous encourager à investir dans cet album, qui ressort dans la collection Eaglemoss a un pris somme toute fort acceptable. On y découvre jusqu'où la folie et le désespoir peuvent transformer un individu, on flirte avec le point de rupture que chacun de nous possède en son âme, ce moment et cette limite passés lesquelles notre humanité s'effrite pour ne plus révéler que les recoins les plus sombres que nous ignorions jusque là. Un parcours en forme de descente aux enfers duquel le Joker n'est jamais revenu. Scénaristiquement transformé à jamais par Alan Moore, et plastiquement revisité par Bermejo dans un autre récit phare, des années plus tard, c'est là que résident les sources du mal, celles magnifiées à l'écran par le regretté Heath Ledger et prochainement réactivées par Jared Leto. Effrayant et indispensable, The Killing Joke a peut être comme unique défaut de ne pas prendre le temps d'étoffer le fond du récit, et de se concentrer sur un shot d'adrénaline ultra concentré, mais soyons sérieux : en 1988 Moore signait là une oeuvre qui aujourd'hui serait probablement censurée, ou refusée par son éditeur. L'année dernière il a suffit d'une simple variant cover de Francavilla, qui faisait référence au drame de ce récit culte, pour mettre en émoi une partie du web, qui y voyait une apologie du viol (car oui, Barbara Gordon subit également des sévices, et on devine, sans que cela soit explicité en images, que cela implique également le caractère sexuel). Si l'art a aussi pour vocation d'être dérangeant, selon vous, achetez cet album les yeux fermés, qui bénéficie encore d'un final particulièrement inattendu, avec un Batman et son antagoniste absolu qui parte d'un fou rire incontrôlable, derrière lequel chacun peut lire ou interpréter ce qu'il désire.  


A lire aussi : 

ALL-NEW X-MEN #40 : BOBBY DRAKE UN ET DEUX

Par chance, affronter sans détour le thème d'un héros homosexuel n'a plus rien de tabou ou de vraiment difficile. Ce qui caractérise l'épisode 40 de All-New X-Men (en vf dans la revue X-Men de décembre) c'est la révélation de l'orientation sexuelle du jeune Bobby Drake (prélevé du passé) alors que son homologue adulte a souvent été vu en belle compagnie féminine, de sa fiancée d'origine asiatique (Opal) à la lutte pour le coeur de Lorna, la compagne d'alors d'Alex Summers. Le jeune Bobby n'a pas vraiment fait son coming out, mais il a été placé devant le fait accompli par sa collègue télépathe, Jean Grey version adolescente elle aussi. Le secret ne sera partagé qu'entre ces deux personnages, et si le lecteur est désormais informé de cette particularité, les autres membres des différentes équipes mutantes n'en savent rien. Comme selon ses habitudes, Bendis nous explique tout ceci avec des dialogues qui jouent la carte de la répétition, brefs et juvéniles, sans fioritures. C'est l'humour et un certain esprit potache qui se dégage de cette découverte, qui aux States a pris de court une partie du lectorat qui ne voulait pas accepter l'idée qu'Iceberg soit gay. La question que je pose est : cet épisode peut-il servir la série et la dynamique entre les mutants ou s'agit-il d'une trouvaille en forme d'effet de manche? Ce qui est à mon sens fascinant et prometteur, c'est la possibilité d'avoir un même personnage dans l'univers Marvel, à deux âges différents de son existence, et dotés d'une orientation sexuelle différente. Car oui, il est possible d'opérer certains choix à un moment de sa vie puis de changer, de varier, ou d'y revenir plus tard, sous le coup de l'expérience, des pulsions, d'une découverte de soi plus profonde liée à l'expérience, ou d'une acceptation de la personnalité vraie. L'orientation sexuelle n'est pas une décision consciente et paraphée sur un document administratif et qui fait foi pour l'existence dans son entièreté, mais c'est une variable de cette dernière, un critère qui ne peut définir l'individu dans ce qu'il est, car en mouvement et sujet à variations, modifications, interrogations, expérimentations. Ce n'est donc pas le fait d'avoir présenté un héros gay de plus dans un titre Marvel mainstream qui m'intéresse cette fois-ci, mais la certitude que gérée correctement cette situation de dualité et d'étrangeté avec ces deux Bobby Drake aux antipodes provisoires peut donner lieu à un discours intelligent et éloquent sur la notion de perméabilité de l'orientation sexuelle, plus seulement vue comme partie intégrante d'un package génétique ou culturel reçu à la naissance, mais comme élément malléable d'un individu qui apprend à se chercher, se trouver, se remettre en question, et évoluer. Fascinant, et je l'espère, exploité avec pertinence. 

MARVEL DARK : L'ASCENSION DE THANOS (THANOS RISING)

La collection Marvel Dark ayant pour politique de présenter des récits sombres et mettant en scène des anti-héros ou des vilains assez effrayant, il est logique que les origines de Thanos y figurent elles-aussi. Sortie la semaine prochaine chez Panini. de quoi s'agit-il, au juste?
Thanos, de la plus tendre enfance jusqu'à nos jours. Tout ce que vous avez toujours pu rêver de savoir sur cette menace cosmique, sans jamais avoir osé le demander. C'est Jason Aaron qui vous livre les clés d'une enfance surprenante. Thanos est le fils du plus grand savant de Titan, la plus importante des lunes de Saturne, et dès sa naissance, il échappe de peu à une mort prématurée des mains de sa propre mère, qui a reconnu en lui un funeste présage pour l'univers. Notre grand vilain est de couleur violette, et ressemble à un petit monstre, par rapport à tous ses compagnons de jeu, mais il n'empêche, les autres l'acceptent tout de même, et il peut faire preuve d'une intelligence hors du commun, durant ses plus jeunes années. Paniqué à l'idée de voir du sang lors de simples séances de dissections éducatives, Thanos n'a rien d'un fou sanguinaire, mais l'existence peut se révéler cruelle. Certaines expériences vont peu à peu le faire évoluer vers le coté obscur de sa personnalité, comme par exemple voir les cadavres de ses amis dévorés par des reptiles, après l'effondrement d'une grotte, ou encore la fréquentation de pirates de l'espace, et de leurs méfaits quotidiens. Thanos ressent un vide au fond de lui, un gouffre qu'il ne parvient pas à combler. Personne ne l'aime vraiment, au sens des sentiments profonds, de l'amour vrai. Sauf peut être une mystérieuse amie qui encourage ses noirs penchants, et qui se comporte un peu comme une mauvaise conscience titillant le Titan à commettre le mal, à assumer le plaisir de l'interdit. Thanos a beau voyager dans le cosmos, répandre une progéniture nombreuse à travers de multiples races et planètes, sa destinée n'est pas de semer la vie, mais bel et bien la mort. Quand il réalise que la seule façon de séduire celle qui se dérobe à ses avances est de trucider jusqu'aux siens, Thanos ne se pose pas de question, et devient celui qu'il devait être, pour le malheur de la création toute entière.

Il est bien évident qu'un être de la complexité de Thanos se devait d'avoir une sorte de "biographie officielle" avant un événement comme Infinity, déflagration cosmique qui allait suivre de peu ce récit chez Marvel (et où Thanos allait jouer un rôle important, et nous laisser en héritage un fils dont on n'a pas encore fini d'entendre parler), et les prochains films des Avengers où il va avoir la vedette. Nous avions déjà pu récolter des pièces éparses à travers les 40 ans d'existence du personnage, le voyant tenter de détruire plus de la moitié de l'univers et devenir l'équivalent du Dieu absolu (Infinity Gauntlet), puis se raviser et endosser les habits d'un vieux sage un peu fou, du nihiliste assagi. Aaron nous présente un Thanos irrécupérable, car hanté par le vertige de la chute, dévoré par le néant, la non connaissance de soi, la recherche abyssale d'un sens à une vie passée à séduire la Mort. C'est particulièrement bien narré, cohérent, et pathétique dans le bon sens du terme. Simone Bianchi livre des planches fort belles pour magnifier le tout. Dommage que les couleurs soient un peu trop foncées et appuyées par moments, je serais vraiment surpris et ravi d'avoir une version noir et blanc de cette Ascension de Thanos, pour apprécier d'avantage le trait de l'italien, crépusculaire et torturé. Les 5 parties ont été réuni dans un même numéro de Marvel Universe, pour un prix dérisoire comparé à ce qu'ont du régler les américains pour la même saga, avant de connaître la publication dans la collection Marvel Dark, pour les amateurs de Bd à placer en librairie. Un très bon point pour Panini qui n'a pas tardé à nous la proposer, à un rapport qualité/prix admirable et penser ensuite aux collectionneurs avisés. Seul petit bémol, le personnage de Mentor, le père de Thanos (ici A'Lars) ne sort pas grandi de cette aventure, et semble aveuglé par un angélisme curieux. Le père de Thanos que nous connaissions depuis Starlin avait plus de sagesse et de charisme que ce pauvre géniteur brillant mais transparent devant l'adversité. Pour le reste, la liaison désespérée entre Thanos et la Mort trouve ici une nouvelle et éloquente raison d'être, et promet de biens sinistres rebondissements à venir. Thanos n'a jamais si bien porté son nom. 



A lire aussi : 

LA COVER DE LA SEMAINE (semaine 4)

Bonjour et soyez les bienvenus dans notre rubrique dominicale, à savoir le choix de la plus belle cover parue dans la semaine. Ce dimanche une nouvelle sélection de couvertures en provenance d'un peu tous les éditeurs américains, avec de fort jolies choses en perspective.

Notre menu est composé de :

Batman Europa # de Diego Latorre
Justice League #47 de Jason Fabok
Superman/Wonder Woman annual #2 de Yanick Paquette
Carnage #3 de Mike Del Mundo
Obi-Wan and Anakin #1 de Marco Checchetto
Spidey #2 de Nick Bradshaw
Aliens Vs Vampirella #5 de Gabriel Hardman
Black Magic #3 de Nicola Scott
Spawn #259 de Todd McFarlane













MARVEL ICONS : THE AMAZING SPIDER-MAN PAR DAVID MICHELINIE ET TODD McFARLANE Tome 1

Attention à ne pas confondre! La semaine prochaine, dans la collection Marvel Icons c'est au tour du Spider-Man de Todd McFarlane de bénéficier d'une publication intégrale; mais il ne s'agit pas des épisodes de la série sobrement intitulée Spider-Man dont Todd était à la fois le scénariste et le dessinateur, mais bien des épisodes tirés de la série Amazing Spider-Man qui ont été écrit dans les années 90 par David Michelinie. Ces aventures ont d'ailleurs déjà été publié sous la forme d'un gros Marvel Omnibus qui avait été proposé il y a quelques années de cela. McFarlane avait à l'époque séduit les lecteurs des comics Marvel avec une prestation remarquée sur Incredible Hulk; son style si particulier s'inscrivait en rupture avec la tradition de la maison des idées et l'interprétation visuelle de ses personnages ne laissait personne indifférent. Il suffit pour cela de revoir son Hulk gris qui ressemble à une immense masse en ciment ou bien sur son Spider-Man et ses fameuses toiles spaghettis avec un héros affublé de postures qui le rapprochent plus que jamais de l'arachnide dont il possède le nom et les pouvoirs. Il ne fallut que quelques mois pour que le style de Todd McFarlane renvoie aux vestiaires les canons classiques d'un certain Romita Senior. Peter Parker sous son identité civile s'est mis à avoir un visage à l'aspect cartoony tandis que Mary Jane s'est retrouvée représentée avec un corps plus généreux et désirable que jamais et une chevelure à faire pâlir Medusa. Mais cette révolution au dessin n'a pas non plus épargné les ennemis de Spiderman; par exemple le Lézard devient ici un véritable reptile qui n'a pratiquement plus rien d'humain, la splendide Black Cat semble droit sortie d'un dessin animé de la Warner Bros... et clairement ce sera aussi le cas (bien sûr) de Venom, monstre effrayant, némésis parfaite pour Spider-Man qu'il n'aura de cesse de vouloir dévorer. Ici ne nous leurrons pas : c'est principalement le talent graphique de Todd McFarlane qui va faire le succès de ce titre et le rendra à jamais inoubliable, une page d'histoire importante pour Spider-Man, que Panini se propose de représenter au lecteur dans la désormais classique collection Marvel Icons, qui a séduit nombre d'entre vous. 


Peter Parker est ici le héros que nous connaissons tous. Marié à une superbe modèle, mais poursuivi par le guigne, et pas particulièrement riche, au point que lorsque sa femme obtient la possibilité de déménager dans un magnifique appartement aux Bedford Towers, son photographe de mari panique à l'idée de ne pas pouvoir s'aligner du coté économique. Pas de panique Peter, tu es aussi Spider-Man, et ça devrait compter pour te faire te sentir à la hauteur, non? Après quelques aventures assez anecdotiques avec Chance notamment, Spidey se retrouve face à un défi de grande ampleur. Venom! Le costume alien ramené de la planète du Battleword, lors des premières Guerres Secrètes, associé à Eddie Brock, un journaliste déchu qui attribue l'échec de sa carrière au Monte en l'air et n'a qu'une seule raison de vivre depuis, lui faire payer sa misérable condition. Ensemble ils forment un duo mortel qui connaît l'identité réelle de Spider-Man, et peut donc faire appui sur les proches et la famille de celui-ci afin de le forcer à accepter les conditions de la traque imposée. Un épisode double mémorable et angoissant (#300) qui sert de véritable déclencheur à la carrière de Todd McFarlane sur la série. Pendant ce temps la vie de Peter Parker est sur le point d'évoluer. Une association avec Silver Sable, mercenaire qui défend sa patrie la Symkarie de la menace d'anciens nazis et de terroristes, pourrait bien mettre du beurre dans les épinards du couple. Et une proposition de travail au Kansas ressemble fort à une promotion alléchante pour celui qui est scientifique de formation. Mais quitter New-York, est-ce envisageable pour un jeune marié qui devrait aussi abandonner sa fameuse tantine en partant pour l'ouest américain? Ces épisodes ne sont pas inédits car ils furent publiés en leur temps dans la revue Strange (Semic) puis plus récemment dans l'Omnibus Spider-Man déjà mentionné. Ils sont toutefois si soignés graphiquement, et si classique et éloquent pour ce qui est des aventures modernes du personnage, qu'il est évident que n'importe quel Marvel Fan de ce nom se devrait de les posséder. Si ce n'est pas encore le cas, profitez de la séance de rattrapage!





A lire aussi :

HAPPY NEW YEAR!

En ce premier janvier, pas de nouvel article, mais une petite pause de 24 heures le temps de digérer le réveillon et de se projeter vers l'année à venir, avec comme d'habitude UniversComics sur le pont pour vous guider vers les sorties kiosque, librairie, et l'actualité comics. Bonne année à toutes et à tous !


SPIDER-GWEN TOME 1

Moment fondateur du mythe de Spider-Man, la mort de Gwen Stacy fait partie de ces drames, de ces épisodes tragiques, qui permettent au héros de se sublimer, de dépasser sa condition et l'iniquité du destin, pour endosser le manteau de celui qui résiste, et n'abandonne jamais. En mourant, jetée d'un pont par le Bouffon Vert, Gwen a accédé de son coté à la rare immortalité de ces figures malchanceuses, jamais revenues d'entre les morts. Certes, Marvel a bien usé parfois de petits stratagèmes pour la représenter à nouveau, mais en dehors de la présence de clones (merci le Chacal...) ou de mondes alternatifs, le tabou résiste. Cette fois encore, ce n'est pas la Gwen que vous avez connu qui est l'héroïne de cet album, mais la Gwen d'une autre Terre parallèle, où l'histoire a connu un cours subtilement différent, et presque ironique. Là-bas l'araignée radioactive qui a mordu Peter Parker chez nous, a choisi la jolie blonde comme victime. Plutôt que d'en contracter une infection mortelle comme le voudrait la logique, Gwen acquiert alors (comme ici notre Parker des familles) des pouvoirs qui font d'elles Spider-Gwen, la femme-araignée.
Ainsi en va la vie quand on souhaite conserver une indépendance de jugement, et rester honnête avec ses lecteurs. Je n'ai pas aimé Spider-Gwen. Que voulez-vous, c'est ainsi! Tout d'abord, je constate et je l'admets, le titre est frais, juvénile, pétillant, mais les bulles ont tendance à vite exploser, sans bruit, et derrière la saveur acidulée du premier instant, il ne reste rien, pas même un arrière goût. C'est vide, finalement. Un des intérêts de Spider-Gwen, c'est comme bien souvent avec ces histoires de mondes parallèles, dimensions alternatives, ou uchronies de passage, d'identifier les personnages que nous connaissons déjà, pour les voir sous un nouveau jour, de nouveaux rôles. Ce sera le cas ici sur Terre 65 avec Gwen (forcément) mais aussi Mary-Jane (en chanteuse egocentrée d'un groupe musical), Frank Castle, Betty Brant, Foggy Nelson et d'autres. Sympathique dans l'idée, mais loin d'être une première et de proposer quelque chose de bouleversant. Pour ce premier numéro, il fallait aussi un premier ennemi de taille. Ce sera le Vautour, alias Adrian Toomes. Oui, bof.

Adrian par contre ressemble à ce que nous connaissons, et il met en difficulté notre blonde héroïne malgré un âge avancé. La série pensée par Jason Latour est juvénile, disais-je. Du coup, pour faire jeune, il faut des smartphones, et un look bien pensé (la meilleure chose de cette Spider-Gwen) avec un costume axé sur un sweat à capuche, qui devrait bien se vendre dans le monde réel où le merchandising est toujours à l'affût, et a déjà fait des émules dans les conventions Cosplay. Mais comme je viens de franchir le cap des quarante ans, et que j'aime bien trouver un minimum de fond dans les récits que je lis, histoire d'avoir un peu de grain à moudre au moment du passage à l'analyse, je suis embarrassé. C'est fun  et sans prise de tête, mais si vous allez sous la surface des choses, vous ne verrez pas grand chose. En tous les cas pas Peter Parker, qui a rencontré une mort tragique, et instillé en Gwen le même sens des responsabilités que le décès de l'oncle Ben a provoqué dans notre univers classique. Ici de l'humour également, avec la présence en invité bonus de Spider-Ham, autre transfuge du récent Spider-Verse, qui se manifeste après que l'héroïne soit tombée dans les ordures victime d'une commotion cérébrale. Les interactions entre les personnages sont très importants, que ce soit Gwen et son père (qui la couvre mais souhaiterait qu'elle renonce à sa double identité) ou Gwen et ses collègues de groupe (les Mary-Janes) qui servent fondamentalement à caractériser la petite blonde comme une jeune branchée bien de son époque, que ce soit dans les dialogues ou dans ses préoccupations. Coté dessins, c'est assez particulier. Des pages (de Robbi Rodriguez) qui explosent et semblent crier, happer le lecteur dans un univers presque psychédélique, tout en mouvement. Ce n'est pas du tout un style auquel j'adhère, d'autant plus que les couleurs de Rico Renzi sont trop criardes par endroits, et donnent la sensation que Terre 65 est enveloppée d'un nuage de Lsd qui empêche toute vraie identification ou crédibilisation de ce qui s'y passe. Reste des moments sympas, des fulgurances bien trouvées (Matt Murdock en méchant) mais pas assez pour faire oublier ce qu'est vraiment Gwen Stacy, ni qui elle est. 





A lire aussi : 

JUSTICE LEAGUE LA SAGA DE RED TORNADO (DC PAPERBACK)

 Brad Meltzer n’a pas seulement relancé la Justice League en 2006 avec The Tornado’s Path ( la saga de Red Tornado pour Urban) : il a voulu...