SPIDER-GWEN TOME 1

Moment fondateur du mythe de Spider-Man, la mort de Gwen Stacy fait partie de ces drames, de ces épisodes tragiques, qui permettent au héros de se sublimer, de dépasser sa condition et l'iniquité du destin, pour endosser le manteau de celui qui résiste, et n'abandonne jamais. En mourant, jetée d'un pont par le Bouffon Vert, Gwen a accédé de son coté à la rare immortalité de ces figures malchanceuses, jamais revenues d'entre les morts. Certes, Marvel a bien usé parfois de petits stratagèmes pour la représenter à nouveau, mais en dehors de la présence de clones (merci le Chacal...) ou de mondes alternatifs, le tabou résiste. Cette fois encore, ce n'est pas la Gwen que vous avez connu qui est l'héroïne de cet album, mais la Gwen d'une autre Terre parallèle, où l'histoire a connu un cours subtilement différent, et presque ironique. Là-bas l'araignée radioactive qui a mordu Peter Parker chez nous, a choisi la jolie blonde comme victime. Plutôt que d'en contracter une infection mortelle comme le voudrait la logique, Gwen acquiert alors (comme ici notre Parker des familles) des pouvoirs qui font d'elles Spider-Gwen, la femme-araignée.
Ainsi en va la vie quand on souhaite conserver une indépendance de jugement, et rester honnête avec ses lecteurs. Je n'ai pas aimé Spider-Gwen. Que voulez-vous, c'est ainsi! Tout d'abord, je constate et je l'admets, le titre est frais, juvénile, pétillant, mais les bulles ont tendance à vite exploser, sans bruit, et derrière la saveur acidulée du premier instant, il ne reste rien, pas même un arrière goût. C'est vide, finalement. Un des intérêts de Spider-Gwen, c'est comme bien souvent avec ces histoires de mondes parallèles, dimensions alternatives, ou uchronies de passage, d'identifier les personnages que nous connaissons déjà, pour les voir sous un nouveau jour, de nouveaux rôles. Ce sera le cas ici sur Terre 65 avec Gwen (forcément) mais aussi Mary-Jane (en chanteuse egocentrée d'un groupe musical), Frank Castle, Betty Brant, Foggy Nelson et d'autres. Sympathique dans l'idée, mais loin d'être une première et de proposer quelque chose de bouleversant. Pour ce premier numéro, il fallait aussi un premier ennemi de taille. Ce sera le Vautour, alias Adrian Toomes. Oui, bof.

Adrian par contre ressemble à ce que nous connaissons, et il met en difficulté notre blonde héroïne malgré un âge avancé. La série pensée par Jason Latour est juvénile, disais-je. Du coup, pour faire jeune, il faut des smartphones, et un look bien pensé (la meilleure chose de cette Spider-Gwen) avec un costume axé sur un sweat à capuche, qui devrait bien se vendre dans le monde réel où le merchandising est toujours à l'affût, et a déjà fait des émules dans les conventions Cosplay. Mais comme je viens de franchir le cap des quarante ans, et que j'aime bien trouver un minimum de fond dans les récits que je lis, histoire d'avoir un peu de grain à moudre au moment du passage à l'analyse, je suis embarrassé. C'est fun  et sans prise de tête, mais si vous allez sous la surface des choses, vous ne verrez pas grand chose. En tous les cas pas Peter Parker, qui a rencontré une mort tragique, et instillé en Gwen le même sens des responsabilités que le décès de l'oncle Ben a provoqué dans notre univers classique. Ici de l'humour également, avec la présence en invité bonus de Spider-Ham, autre transfuge du récent Spider-Verse, qui se manifeste après que l'héroïne soit tombée dans les ordures victime d'une commotion cérébrale. Les interactions entre les personnages sont très importants, que ce soit Gwen et son père (qui la couvre mais souhaiterait qu'elle renonce à sa double identité) ou Gwen et ses collègues de groupe (les Mary-Janes) qui servent fondamentalement à caractériser la petite blonde comme une jeune branchée bien de son époque, que ce soit dans les dialogues ou dans ses préoccupations. Coté dessins, c'est assez particulier. Des pages (de Robbi Rodriguez) qui explosent et semblent crier, happer le lecteur dans un univers presque psychédélique, tout en mouvement. Ce n'est pas du tout un style auquel j'adhère, d'autant plus que les couleurs de Rico Renzi sont trop criardes par endroits, et donnent la sensation que Terre 65 est enveloppée d'un nuage de Lsd qui empêche toute vraie identification ou crédibilisation de ce qui s'y passe. Reste des moments sympas, des fulgurances bien trouvées (Matt Murdock en méchant) mais pas assez pour faire oublier ce qu'est vraiment Gwen Stacy, ni qui elle est. 





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