THE ESCAPISTS : LES ROIS DE L'EVASION DE BRIAN K.VAUGHAN

Maxwell Roth n'est pas la personne la plus chanceuse au monde : le voici orphelin, tandis que sa vie professionnelle stagne, alors qu'il doit se contenter de réparer les ascenseurs des grand immeubles de Cleveland. Mais un beau jour, en fouillant parmi les affaires du paternel décédé, le jeune homme se rend compte qu'il avait un père surprenant : il était en effet probablement le plus grand fan d'un personnage obscur du golden age des comics, répondant au nom du Roi de l'évasion. Après avoir lu tous les fascicules, Maxwell décide de rendre hommage à son père en rachetant les droits de la série. Il dépense ainsi tout l'héritage qu'il avait reçu, grâce à une assurance vie fort prévoyante. Par hasard il rencontre également la charmante Case Weaver sur son lieu de travail, qui va devenir la dessinatrice du nouveau titre en préparation. N'oublions pas aussi Dennis, l'amie d'enfance, une vraie armoire à glace sympathique et disponible, qui va prêter ses forces pour l'encrage, mais aussi oeuvrer à la promotion involontaire du comic-book en cours de réalisation. En effet, il se constitue un costume d'Artiste de l'évasion, et tente de délivrer les employés un supermarché, victimes de conditions de travail abusives. Au lieu de cela, il se retrouve face à face avec un véritable criminel, qui menace les manutentionaires de son arme. Un braquage inattendu, qui se transforme en coup d'éclat (Dennis sauve les fesses de tout le monde, presque sans le vouloir) et se retrouve un peu partout dans la presse locale. Le genre de succès inattendu qui va fortement aider au lancement de la nouvelle version, et permettre ainsi au titre de battre des records de vente, dès la publication du premier numéro. La petite entreprise de Maxwell fonctionne donc très bien, mais doit aussi se heurter avec les petits tracas du quotidien. Il n'y a pas que l'argent pour payer les collaborateurs, mais il y a aussi les rapports humains, comme l'impossibilité de déclarer sa flamme à sa dessinatrice, ou les premières épreuves, à commencer par résister et ne pas revendre les droits au premier requin de l'édition qui se présente.

Les aventures de l'Artiste de l'évasion ne sont bien sur qu'un prétexte pour Brian K.Vaughan, qui dépeint de la sorte l'univers confiné et confidentiel des éditeurs américains, qui ont souvent bien du mal à trouver leur voie, en dehors des colosses de l'industrie. Une certaine solitude qui tenaille les auteurs, pris au piège d'un sytème perverti où se faire un nom est la plupart du temps chose ardue, et où le succès ne dure guère. Cette oeuvre est en fait le prolongement comics d'un travail littéraire de Michael Chabon, The Amazing Adventure of Kavalier and Clay, qui relate l'ascension de deux cousins qui se font une place au soleil dans l'univers de la bd du golden age, suivant le parcours classique de Shuster et Siegel, les heureux créateurs d'un mythe comme Superman. Ces derniers servent d'ailleurs de référence dès le début de cet album, qui place aussi Cleveland au centre de la carte géographique des comics, et pour cause (ce n'est pas le talent qui manque dans l'Ohio). Chabon a ensuite travaillé avec Vaughan, pour un projet chapeauté par Dark Horse Comics. L'histoire fait des bonds continus entre le passé (le personnage de l'Escapist, et ses rocambolesques aventures, face à une némésis sexy et un adversaire qui veut pervertir son esprit) et le présent, avec Max, Denny et Case qui connaissent rapidement le succès, au delà des espérances, et doivent composer avec le retour de bâton, qui ne tarde pas à se manifester. Différents artistes se succèdent pour illustrer les périodes et les rebondissements du récit, ce qui permet de créer des décrochages bienvenus, qui s'insèrent à merveille dans le discours général. Jason Shawn Alexander et Steve Rolston contribuent fortement à donner une identité visuelle attachante à l'ensemble, qui passe du rire à l'angoisse en quelques cases. The Escapists réussit le tour de force appréciable de vous mettre en prise directe avec vos lectures habituelles (un super-héros en costume, un comic-book relaunché) tout en parlant de bien autre chose, et en se concentrant sur une trajectoire humaine, un jeune homme qui associe passion et mission, et met en abîme la dure loi qui régit l'édition de nos chères bd. Une lecture recommandée, une belle parenthèse édifiante à s'offrir dans ce monde en cape et collants.


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SPIDER-MAN DEAD NO MORE : C'EST PARTI AVEC THE CLONE CONSPIRACY #1

Chez Marvel, on est les spécialistes du recyclage des idées anciennes et des concepts prétendument novateurs, mais qui ne sont en fait que des plats servis et resservis encore et encore, à la même table. De temps en temps on change la sauce, mais finalement on mange la même chose. C'est exactement ce qui se passe avec Dead No More, et le premier numéro de The Clone Conspiracy. Si je vous dis "le retour du Chacal", si je vous dis "Gwen Stacy n'est pas morte" si je vous dis "des clones et des expériences génétiques", vous allez me répondre "mais j'ai déjà lu ça un certain nombre de fois"! C'est reparti pour un tour, avec la version moderne de Dan Slott, qui essaie de nous faire croire que cette fois peut-être, nous allons avoir le retour sous une forme véritable, et pas seulement clonée à la va-vite, de certains des personnages décédés de la saga du tisseur de toile. Vous voyez de qui je veux parler... oui une certaine blonde qui fut autrefois la fiancée de Peter Parker, par exemple... Ce numéro introductif, qui permet de mettre le pied dans la conspiration des clones, commence par une scène d'enterrement : on dit adieu à Jameson Sr, qui est décédé, pour ne pas avoir eu recours aux compétences chirurgicales des technologies de New U. Bien sur l'affable Jonah Jameson tient Peter Parker comme responsable, et ce dernier se sent coupable, ce qui le pousse à enquêter pour en savoir un peu plus sur le complexe industriel en question. Evidemment, une fois qu'il y pénètre à l'intérieur, c'est pour se rendre compte qu'il y a des caissons un peu partout, et que ceux-ci sont remplis d'une sorte de liquide amniotique, particulièrement familier au lecteur de Spider-Man, où se trouve des corps en pleine reconstitution.


Jim Cheung est en grande forme sur ces pages. Il tente de synthétiser le style et l'ambiance d'autrefois, avec une version plus moderne et dynamique de Spider-Man, offrant des planches d'une grande dynamicité et particulièrement agréables à voir. La seconde partie de ce premier numéro et elle dessinée par Ron Frenz, qui s'applique à donner à l'ensemble un ton rétro, qui colle parfaitement bien avec la grande époque, celle de la mort de Gwen Stacy, qui est d'ailleurs ici revisitée et envisagée sous un nouvel angle. On y apprend que la jeune femme savait au moment de mourir, que Peter était Spider Man, et cela ne lui a pas fait plaisir! Enfin quand je dis mourir... façon de parler, puisque juste après elle rouvre les yeux (quelques années plus tard en fait) et se retrouve face à face avec le Chacal, qui lui propose un marché tentateur. Bref beaucoup de questions sont soulevées, des rebondissements incroyables sont attendus (les morts reviennent déjà en nombre, dès cette introduction) et certains d'entre vous seront littéralement scotchés au fauteuil, et trembleront d'impatience avant la suite; mais d'autres refermeront ce premier numéro en se demandant si on les prend pour des imbéciles, et pendant combien d'années encore on leur servira la même histoire de clones, et de retours improbables. C'est à vous de déterminer votre état d'âme.


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DOCTOR STRANGE TOME 1 : LES VOIES DE L'ETRANGE

Poursuivons notre revue de presse des sorties consacrées au Sorcier Suprême. Panini propose cette semaine le premier tome de la nouvelle série lancée en 2015, écrite par Jason Aaron, et illustrée par Chris Bachalo. Depuis longtemps déjà on vous le dit, c'est le genre de titre à ne pas perdre, un des meilleurs de la période post Secret Wars chez Marvel. L'heure est venue de s'en rendre compte, juste avant le film prévu dans deux semaines. 
La première impression que je me suis faite au sujet de cette nouvelle mouture du Doctor Strange, ce sont ces belles planches de Chris Bachalo, offertes en premier lieu au peuple d'internet, par la grâce des sempiternelles previews qu'on croise partout sur les forums spécialisés et les sites de news. C'était beau, fichtrement beau. Et puis le premier numéro est sorti en Vo, et ça s'est confirmé pleinement. Bachalo atteint de nouveaux sommets dans sa carrière, pour ce qui est de l'inventivité, la création, la folie douce qui explose de nombreuses pages. On lui pardonnera presque un manque de précision, d'application, dans plusieurs visages au second plan. C'est une course continue à la folie, l'absurde teinté de génie, entre un Sanctum Sanctorum aussi effrayant que déjanté, ou une représentation magnifique de la vie quotidienne à New-York, avec le commun des mortels en noir et blanc, ignare de ce qui se joue sur d'autres plans bigarrés d'existence, où on peut aussi croiser Stephen Strange nu comme un ver, en train de croiser le fer avec des sangsues interdimensionnelles, qui se nourrissent de la magie elle-même. Et puis parlons aussi de Jason Aaron. Le type a beaucoup de talent et partout où il passe ses prestations sont inventives et pertinentes. Ici il prend tout d'abord le temps de nous rappeler qui est le héros phare, ses origines, ses attributs, en quelques pages sympathiques et didactiques. Et puis on pénètre dans l'univers de la magie, le quotidien de Stephen Strange, fait de créatures venues de lieux dont vous ne soupçonnez pas l'existence, qui opère en catimini, comme les déjà mentionnées sangsues psychiques. D'ailleurs toutes ces manifestations horrifiques sont probablement liées, et il se prépare en secret une menace redoutable, qu'un petit appendice en fin de premier épisode nous définit plus clairement. 

L'Empiricus, c'est de cela dont il s'agit, a déclaré la guerre à toute forme de magie. Sur tous les plans de l'existence, les sorciers suprêmes sont pourchassés et exterminés. Stephen Strange est un des derniers, mais fort heureusement c'est aussi le plus puissant, ou presque. Quand il ne donne pas un coup de main à une jolie bibliothécaire venue solliciter son aide, pour se débarrasser d'une infection mystique, Strange doit repousser des créatures voraces et contagieuses qui infestent son manoir, événement précurseur de la catastrophe magique qui se prépare en coulisses. Finalement nous pouvons remercier le cinéma, car c'est bien le film à venir qui a poussé Marvel a redonner une série régulière aux maîtres des arts mystiques, presque deux décennies après la dernière en date. Et qui explique cette coolitude assumée qui définit le personnage, certes capable de défaire toutes les menaces magiques et maléfiques qui se présentent, mais aussi de rester disponible pour le quidam moyen qui viendrait solliciter ses services, ou même de draguer ses ennemies dans une dimension lointaine. Qui prend tout son temps pour remettre les choses à leur place, et y parvient en injectant aussi du neuf avec un humour décalé qui fait sourire (le "bar sans portes" où se rencontrent les rois du mystique Marvel). Bachalo, j'y reviens, étant le meilleur choix possible pour incarner le chaos ambiant, les monstres inimaginables et l'absence de règles physiques, dans un monde où les apparences sont trompeuses, et où notre mage préféré est un des rares à voir au delà de l'écorce, pour affronter l'indicible, l'invisible. Stephen Strange is back, avec tout pour plaire et emporter l'adhésion des indécis. Une série à placer d'emblée dans les must-have de cette fin d'année et qui remplit totalement le cahier des charges, à savoir rajeunir radicalement un héros méconnu de par chez nous, et lui insuffler cette touche sympathique indispensable pour en faire un ténor des ventes et des entrées. C'est tout le mal qu'on lui souhaite. 


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ET LE 25 OCTOBRE SOIREE SPECIALE AU CINEMA PATHE GAUMONT MASSENA DE NICE

Avant-première "Doctor Strange"
Avec cosplay, free sketch, débat, et des albums à gagner!

Les détails en fin de semaine ici-même, revenez nous voir!

DOCTEUR STRANGE & DOCTEUR FATALIS – TRIOMPHE & TOURMENT

Nous y sommes presque, la déferlante peut donc commencer! Je plaisante quelque peu, mais c'est vrai que ce mois d'octobre sera l'occasion de trouver en librairie de nombreuses parutions consacrées au sorcier suprême : Stephen Strange. Commençons donc ce mercredi avec ce qui est à la base un graphic novel publié en 1989, et qui a obtenu en son temps une version française adaptée par Semic, au format Top BD, dont se souviennent bien les nostalgiques. Le Docteur Strange y tient l'affiche avec un des vilains les plus charismatiques et célèbre de l'univers Marvel, Fatalis. Le drame de ce dernier est que chaque année arrive le moment où il doit aller en enfer, pour combattre et sauver l'âme de sa mère. Tout ceci est stérile et ne fait que se répéter, jusqu'au jour où Victor Von Doom parvient à s'attacher les faveurs de ce bon Docteur Strange, qui ne peut refuser. Il l'entraîne dans une lutte contre Mephisto, pour récupérer une bonne fois pour toutes l'âme précieuse qui lui tient tant à cœur. Rien que le pitch de départ est totalement fantasmagorique : d'un côté nous avons un criminel endurci qui ne s'effraie devant rien, et semble prêt à tout pour arriver à ses fins. De l'autre le maître des arts mystiques, probablement le seul super-héros capable de s'opposer à ces créatures maléfiques qui peuplent les enfers marvéliens. L'histoire est composée de nombreux flashback, qui permettent de se rendre compte, à travers des trajectoires parallèles, que ces deux-là ont plus de ressemblances qu'on ne voudrait le croire : ils ont connu de terribles accidents qui ont défiguré l'un et définitivement handicapé l'autre, ils ont dû revoir leur place dans le monde, ont voyagé jusqu'au Tibet où ils ont acquis une connaissance mystique jusque-là inaccessible... Le plus drôle est que Strange n'est finalement pas le véritable héros de cet album. Certes c'est lui qui se retrouve engagé dans un combat mano a mano avec Mephisto, mais c'est surtout Fatalis qui attire la compassion ou le dégoût du lecteur, et se révèle plus complexe qu'en apparence, à travers différentes facettes pathétiques ou tragiques, qui font de lui un vilain pas comme les autres. Roger Stern décide donc de faire du maître de la Latvérie un personnage tourmenté, capable même d'attirer la compassion du lecteur le plus sensible.

Il fallait un artiste d'exception pour illustrer une histoire aussi poignante. C'est le cas ici puisque nous avons au dessins l'extraordinaire Mike Mignola, encore acerbe, déjà ultra doué. Il signe une performance vraiment remarquable. Il se dégage une intensité particulièrement dense de très nombreuses planches, les instants dramatiques sont sublimés par le style élégant du dessinateur, qui bénéficie de surcroît d'un ancrage intelligent signé Mark Badger. Quand le premier nous gratifie de petites merveilles minimalistes, le second les met en valeur avec un jeu d'ombre des plus remarquables, leur donne de la profondeur, du corps. Bien que les années ont passé, cette histoire est très plaisante à lire, car elle puise ses racines aussi bien dans la philosophie, la magie, que dans une certaine tradition théâtrale. C'est aussi un des meilleurs prétextes pour comprendre qui est véritablement Fatalis, et en quoi il est différent des autres prétendus dictateurs qui fleurissent dans l'univers Marvel. Notons également que cette édition proposée par Panini ne se contente pas seulement de vous offrir Triomphe et Tourments, mais propose en bonus intro, interview et making off, ce qui permet donc de bonifier largement la vieille version publiée au début des années 90 par Semic. Même la couverture (qui se déplie, que dis-je, se déploie) est magnifique, et rien qu'à elle seule, gageons qu'elle attirera plus d'un lecteur. Bref nous recommandons, même si ce n'est pas la sortie la plus incontournable concernant les activités propres du Docteur Strange, en raison de la qualité indiscutable de ce roman graphique qu'il faut avoir lu au moins une fois dans sa vie de Marvel Fan.

CHAMPIONS #1 : LA JEUNESSE AU POUVOIR

J'imagine aisément la tête du lecteur qui a cessé de lire des comics Marvel pendant 4 ou 5 ans, et décide tout à coup de reprendre ses amours de jeunesse : il va se retrouver avec sous les yeux toute une flopée de nouvelles versions de ses héros préférés, considérablement rajeunis, ou présentés sous de nouveaux avatars. Hulk n'est plus Bruce Banner, mais Amadeus Cho, la Vision a une fille, il y a un Nova adolescent et une nouvelle Miss Marvel de confession musulmane qui plus est, et c'est le jeune Scott Summers qui vit désormais à notre époque. Pour ne pas parler du déjà plus ancien Miles Morales, qui a débarqué dans l'univers Marvel traditionnel, pour endosser officiellement le costume de nouveau Spider-Man. Certains d'entre eux avaient déjà intégré les All New All Different Avengers de Mark Waid, mais il est clair qu'ils n'était pas franchement à leur place, d'autant plus qu'à force de se sentir frustrés et de devoir obéir à des ordres qui sont contre leur nature même, ils ont fini par claquer la porte. Dernière en date, Kamala Khan, la nouvelle Miss Marvel donc, qui décide de rendre son tablier et de faire cavalier seul. Comme tous les jeunes d'aujourd'hui, c'est en utilisant les réseaux sociaux et son smartphone qu'elle peut convoquer ses amis, et tenter de mettre sur pied un groupe capable de faire la différence, notamment en se faisant apprécier et bien vouloir du public. Si les adultes -ces prétendus mentors- ont perdu de vue ce que signifie vraiment l'héroïsme, et se tapent dessus sans véritables raisons, les gamins ont bien l'intention de garder le cap et de mettre leurs forces en commun, pour faire le bien et rien que le bien. Restaurer la confiance. Et ça marche aisément, avec des situations simples, un défi comme par exemple des mineurs piégés dans l'explosion d'une galerie souterraine, et sauvés par le nouveau Hulk. Ce n'est pas une menace cosmique, mais c'est suffisant pour rendre foi en ce super-héroïsme de demain. 
Mark Waid s'en sort très bien, et il dépeint des personnages crédibles, sans tomber dans un jeunisme exaspérant. Côté dessins, Humberto Ramos est à son maximum; son style est explosif, hyperkinétique, la construction des planches est parfois vertigineuse, et pour peu que vous appréciez sa manière de mettre en scène les héros Marvel, vous allez vous régaler. Alors certes il ne s'agit pas d'une série qui démarre avec un numéro flamboyant, et des enjeux cataclysmiques, mais tout simplement un nouveau groupe de jeunes héros qui s'inscrit parfaitement dans l'air du temps. Et qui pourrait bien vivre des aventures bien plus intelligentes qu'on ne pourrait le soupçonner. Optimisme et foi dans l'avenir... qui a dit que les comics devaient forcément être sombres et tourmentés?


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ALL NEW X-MEN 5 : LES DEBUTS DES "APOCALYPSE WARS" EN KIOSQUE

Nous avons deux raisons de faire le point sur la revue mensuelle éditée par Panini, et intitulée All New X-Men : en effet c'est ce mois-ci que débute le grand crossover les guerres d'Apocalypse et le sommaire s'étoffe, passant désormais à 128 pages. Ce sont les Extraordinary X-Men de Jeff Lemire et Humberto Ramos qui ouvrent le bal. Après des débuts en fanfare, la série a connu un petit coup de pompe, et ce mois-ci c'est l'affrontement entre les mutants et Sugar Man qui est le plat de résistance. Il faut en fait attendre le twist final pour comprendre ou veut en venir l'auteur canadien, et mouvoir les premiers pas en direction de ce qui va suivre, c'est-à-dire je le rappelle ces fameuses guerres d'Apocalypse. La série Uncanny X-Men de Cullen Bunn est-elle centrée autour du groupe de Magnéto, des mutants beaucoup plus radicaux et axés sur la violence. Il fonctionne selon une dynamique de séduction répulsion, notamment entre la belle Monet et Dent de Sabre, mais aussi entre le Maître du magnétisme et les autres. Magnéto utilise toujours autant la tromperie pour parvenir à ses fins, et à force de garder ses plans secrets, il va finir par voir les autres se méfier de lui, voir se détourner, comme Psylocke. Cette dernière à fort à faire avec Archangel : elle a beaucoup tenté pour pénétrer son esprit, et parvenir à atteindre celui qu'elle aime, et qu'elle pense enfoui au fond de cette carapace vide et froide. Rien ne semble y faire, et lorsque cela fonctionne enfin, c'est pour une vision d'horreur qui annonce peut-être une catastrophe immense à venir. Là encore la dernière planche nous promet de belles choses pour le mois prochain, notamment concernant la véritable identité de Angel/Warren Worthington. Le mystère s'épaissit et il faut bien admettre que tenter de comprendre quelque chose risque de vous filer la migraine. Greg Land continue son travail léché et plastiquement agréable, avec toutefois cette mauvaise habitude de copier les visages et les sourires d'un épisode à l'autre : ça lui facilite le travail, mais le lecteur habituel a l'impression de regarder toujours les mêmes pages.

À côté de tout ceci, nous avons également trois épisodes de la série All New X-Men. Les jeunots qui ont été rapportés à notre époque sont finalement restés, une énorme erreur qui a brisé le continuum temporel, et amené bien des problèmes. Le Fauve s'en veut pour avoir commis cette bourde, mais il est trop tard pour pouvoir la réparer. Il cherche néanmoins une solution, et semble prêt à s'adresser à n'importe qui, même aller voir du côté de la magie (et donc du Docteur Strange) ce qui est particulièrement embarrassant pour un individu qui a toujours fait de la science le point de repère absolu de son existence. Pendant ce temps-là Scott Summers -le jeune Cyclope- se fait sévèrement tabasser dans les catacombes de Paris. Le crapaud lui défonce la tête, et pourtant Scott s'en tire, là ou un individu normal aurait probablement eu la boîte crânienne défoncée, et resterait paralysé à vie, ou pire. Ah la magie des comics! Il y a de bonnes idées et de bonnes intuitions dans ce qu'écrit Dennis Hopeless, mais d'un côté je ne peux m'empêcher de penser qu'il serait peut-être temps de mettre un terme à cette excursion temporelle. Certes faire revenir la jeune Jean Grey a permis de tisser de nouveau fils narratifs, surtout maintenant qu'est arrivé à notre époque une nouvelle version de Wolverine (Old Man Logan). Je ne peux aussi m'empêcher de constater que finalement ces jeunes mutants pourraient tout aussi bien repartir là d'où ils sont venus, sans que l'univers des X-Men en soit bouleversé. Bien au contraire, il gagnerait probablement en clarté et en lisibilité. Les dessins sont de Mark Bagley, qui a toujours les mêmes qualités et mêmes défauts, et Paco Diaz. Je vous invite tout de même à acheter cette revue qui est pour moi fondamentale, depuis que je lis des comics en VF. J'ai toujours eu une passion certaine pour la famille mutante, que ce soit à l'époque de Lug/Semic, avec Spécial Strange, ou aujourd'hui avec Panini. Avec ces X-Men nous avons affaire à des héros absolument incontournables, qui ont marqué pendant des décennies nos lectures Marvel... quelle tristesse de voir qu'aujourd'hui la maison des idées de mise plus vraiment sur ces personnages, et préfère mettre en avant les Inhumains, pour de basses raisons économiques et cinématographiques. Cela ne vous plaît pas à vous non plus? Vous souhaitez entrer et faire partie de la résistance? Il y a une solution toute simple :  allez en kiosque et déboursez environ €, pour une revue de 128 pages. Soutenez les mutants les amis! 



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CAGE #1 : LA VERSION VINTAGE ET CARTOONY DE GENNDY TARTAKOVSKY

Nous appelerons cela les effets collatéraux de la vague Netflix. toujours est-il que la même semaine où sort le premier numéro de la nouvelle mouture de Jessica Jones, arrive également le grand début du nouveau Luke Cage. Une coïncidence (qui n'en est pas une) temporelle qui est bien le seul point commun entre ces parutions, car pour le reste, le style est radicalement différent. Ici c'est Genndy Tartakovsky (créateur de Samurai Jack) qui est aux commandes, et son style a de quoi vous surprendre, si vous n'êtes pas un initié, et vous attendez à un comic-book traditionnel. Au départ cette série était programmée en 2007, mais elle a pris son temps, et là voici enfin. Pas de panique, au diable la continuity, ici nous sommes dans un univers tout ce qu'il y a de plus parallèle. Dans les années 70, avec un Luke Cage vintage, c'est à dire orné de sa tiare et avec sa chemise jaune bouffante, la même qui fait son apparition dans la version télévisée et fait penser au héros qu'il ressemble à un évadé d'asile de fous. Tartakovsky est à prendre au second degré, bien sur, et aussi bien les nombreuses punchlines que l'action pure et dure sont de la caricature jouissive, avec une exagération toute cartoony, une mise en situation burlesque et décalée du quotidien d'un personnage qui affronte la violence urbaine à la force de ses poings. L'artiste étant un petit génie de l'animation, on ne sera pas surpris de voir à quel point il sait retranscrire l'énergie, le mouvement, l'explosivité des situations, dans un médium si particulier comme l'est la bande-dessinée. Cage est en tout points un héros de cartoon qui évolue dans l'univers Marvel, éclate un panneau de basket en voulant dunker ou fait sortir un détenu en le passant à travers les barreaux de sa cellule, pour lui soutirer des informations. Le corps, l'attitude, les expressions, tout est réduit à sa plus efficace transposition, pour rendre l'ensemble vivant, farfelu, décalé. Années 70 oblige, les méchants de l'histoire sont affublés de coiffures et de vêtements qui nécessiteront (dans votre tête ou sur votre platine) une B.O des plus funky, alors que tout le sel de l'épisode repose sur le fait que rien ne peut blesser Cage, si ce n'est physiquement, juste dans sa fierté. Jusqu'à une dernière planche qui fait pan, dans la face.
Reste que ce type de sortie ne peut que faire grincer des dents les puristes. Si vous aimez les comics ultra bien dessinés avec une attention au photo réalisme ou aux pages à la Romita, vous allez avoir sous les yeux quelque chose qui ne vous parlera pas, et vous emmènera sur des territoires qui ne sont pas les vôtres. Cela dit, passé le choc des premières planches, j'ai vraiment souri et apprécié le ton conféré à l'ensemble, et il faut admettre que l'objectif visé est atteint avec aisance, et que ce Luke Cage est une petite bombe artistique décalée. Alors n'ayez pas peur, laissez vous tenter. 


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