ESSEX COUNTY : CHEF D'OEUVRE ABSOLU DE JEFF LEMIRE

Essex County, coeur profond de l'Ontario. C'est là que Jeff Lemire a grandi, c'est son monde, le terreau fertile de sa sensibilité. il ne s'y passe pas grand chose, l'histoire semble même s'y être arrêtée, d'une certaine manière. Mais derrière l'apparente immobilité du cours des choses, se cachent des récits poignants, ceux du quotidien d'êtres comme vous et moi, cette humanité impersonnelle qui va de l'avant malgré les drames, qui aime et souffre, pleure et jouit. Lemire va dépeindre tout cela avec une classe folle dans cette trilogie datée 2008 et 2099, qui sera deux fois nominée aux Eisner Awards, sans pour autant décrocher la récompense, injustice scandaleuse. Ce portrait croisé de cabossés de la vie s'ouvre avec un jeune garçon, Lester, qui vient de perdre sa mère, morte d'un cancer. Lester n'a jamais connu son paternel, et c'est son oncle qui en reçoit la charge, sans jamais l'avoir souhaité, et s'y être préparé. les deux se regardent en chien de faïence, doivent apprendre à s'apprécier, à communiquer, à accepter ce que leurs existences respectives sont devenues. Au rythme fascinant des saisons, sous le manteau ouaté de la neige, Lester confie son ennui et ses distractions à un ancien joueur de hockey, solitaire un peu benêt, reconverti en pompiste isolé. Avec pudeur, retenue, sensibilité, des fils se nouent, se dénouent, la vie s'expose, dans sa beauté nue et crue. Ensuite, vient le récit d'un vieil homme atteint de la maladie d'Alzheimer, qui entre une période de conscience, et une autre de crise d'identité, se remémore les moments de complicité avec son jeune frère. Tous les deux entament même une carrière de joueur de hockey sur glace professionnels, mais la solitude de l'aîné contraste avec la félicité simple et pure du cadet, qui a trouvé l'amour, et souhaite avant tout fonder un foyer, et quitter la grande ville pour retourner vivre en Essex. Une présence féminine importante, qui va catalyser la séparation entre les frangins, et faire imploser cette fragile unité qui se désagrège inexorablement sous nos yeux. Un bonheur qui s'estompe, au rythme de la maladie qui ronge et rogne les souvenirs. 



Dernière partie de la trilogie, une belle histoire mettant en scène Annie, une infirmière, mère célibataire, en charge du vieillard déjà évoqué. Elle aussi n'a pas eu l'existence dont elle aurait pu rêver, étant petite, mais elle a su garder une humanité exemplaire, rester au service des autres. Les trois parties de la trilogie finissent par s'imbriquer, alors que les rapports et les liens familiaux et affectifs qui unissent les différents personnages apparaissent au grand jour. Le récit se fait saga générationnelle, tourbillon de trajectoires brisées, interrompues, ou simplement déviées, vers un nouveau départ, de nouveaux horizons. La sensibilité de Jeff Lemire n'est pas le sensiblerie de bas étage, du pathos à pleines mains pour verser des larmes faciles. Le trait de Lemire peut dérouter, sembler simpliste et caricatural au premier abord, mais il est lui aussi chargé en émotions. Des grands yeux des personnages, à leurs oreilles décollées, le nez cabossé, à la variation dans l'épaisseur du trait, qui oscille entre le noir charbon et l'ébauche légère, selon le rythme des saisons et le ton dominant. Essex County est un chef d'oeuvre total et intemporel. Il associe existences privées et communauté rurale, folâtre douceureusement et joue avec nos sentiments.
Publié en VF chez Futuropolis


IRON MAN : THE SECRET ORIGIN OF TONY STARK


Avec presque un demi-siècle d'aventures au compteur, nous pensions tout savoir des origines de Tony Stark, de son enfance à sa famille. Sauf que lorsque Kieron Gillen reprend en main le titre mensuel consacré à Iron Man, dans le cadre de l'opération Marvel Now, son second arc narratif revêt le titre évocateur de The secret origin of Tony Stark. Bien entendu, il sera question des parents dans ce récit, plutôt désespérés quand ils apprennent la triste nouvelle : la grossesse de Maria Stark risque fort de ne pas aller à son terme, et représente une énigme insoluble pour la science. Le salut va venir d'un enregistreur Kree, le dénommé 451 de matricule, à l'époque captif sur notre planète, après être tombé entre les mains d'un clan mafieux extra-terrestre, qui gère un casino à Las Vegas. Le papa Stark met sur pieds une expédition de sauvetage plutôt hardie, avec un groupe de guest stars triés sur le volet (qui comprend entre autres Dum Dum Dugan, un des vieux de la vieille du Shield) pour rendre au robot spatial sa liberté. Ce dernier a les capacités et la volonté d'aider le bébé à venir au monde sain et sauf, mais il avertit ses généreux libérateurs : la Terre est en train d'éveiller l'intérêt de races aliens, en raison de son rapide développement technologique, et pourrait bien être détruite à titre préventif dans un futur proche. A moins qu'un individu brillant, en avance sur son époque, ne fasse faire un bond si décisif aux siens que cela puisse donner à nos défenses les moyens de repousser toutes menaces éventuelles, venues de l'espace. Bref, le portrait robot du jeune Tony, encore en gestation.

En gros, Gillen voudrait nous faire croire que l'enregistreur 451 est un peu l'oncle de Tony Stark, que sans lui il n'aurait pas pu survivre à sa naissance, et qu'il lui doit (ainsi qu'à la science Kree) une grande partie de son génie et de ses intuitions remarquables. Un génie génétiquement modifié, un athlète pré programmé à remporter toutes les compétitions, ne serait-ce pas un peu de la triche? Ces révélations interviennent alors que Stark vient d'échapper à un procès qui lui était intenté, dans le cosmos, accusé qu'il était d'avoir commis un déicide (avoir assassiné la force Phénix). Secouru puis trahi par Death's Head, il est désormais tombé entre les mains de 451 qui lui expose ses plans et lui confie ces révélations surprenantes, avec vidéos à l'appui pour étayer ses dires. Les dessins sont de Dale Eaglesham, qui donnent aux corps des positions statuaires et une anatomie robuste, et produit des planches claires et fort agréables. Reste que ces "origines secrètes" sont un poil forcées et pas toujours du meilleur goût. Voir le père de Stark en James Bond industriel, risquer le tout pour le tout pour sauver l'avenir de son fils, cela ne colle pas trop avec les images du paternel alcolique et si froid qui a élevé son enfant dans la plus grande des rigueurs sentimentales, si souvent représenté. Tony Stark en héritier terrestre de la science kree, programmé dès le sein maternel à être notre sauveur à tous? Bluff, ou vérité vraie? Je vous laisse découvrir cette saga, et le fin mot de l'histoire, dans les pages de Iron Man, chaque mois chez Panini.  


TERROR INC : ULTRA VIOLENCE DANS LA COLLECTION DARK SIDE DE PANINI

Terror who? Si vous ne connaissez pas trop ce personnage, rien de plus normal. Terror est une des émanations ultra gore de la première tentative de Marvel de créer une ligne de comics pour adultes (le label Epic) mis sur pieds durant l'ère Jim Shooter, dans les années 80. Aujourd'hui récupéré et recyclé, le personnage est ici mis en scène par David Lapham, qui s'en donne à coeur joie mais finit par se complaire dans l'hémoglobine à dose massive. Terror est immortel, il traverse les siècles sans coup férir, depuis l'invasion de Rome par les Vandales, jusqu'à nos jours, en passant par le XII° siècle et une période au service d'un des cavaliers de l'ombre, dont il finit par séduire la veuve, Talita, et avec qui il noue la seule vraie histoire d'amour de sa longue existence. Cette immortalité n'est pas sans avoir son coté négatif : victime d'un sortilège consécutif au sac de Rome, notre bonhomme possède un corps qui tombe en putréfaction, et il doit régulièrement se procurer des pièces de rechange, prélevées sur d'autres corps, qui fusionnent mystiquement avec le reste de ses organes. Terror est aujourd'hui recruté par un certain Harper, qui lui confie une mission ultra secrète, visant à infiltrer et éliminer une "taupe" installée au plus haut niveau d'une agence gouvernementale fantôme, du nom de "maman". Mais entre trahisons et guet-apens lourdement armés, le pauvre Terror finit assez vite en charpie, voire même complètement dissout dans un bain d'acide, et les restes liquides sont jetés aux toilettes. Fin d'un anti héros, dès le premier chapitre? que nenni!

Dès lors commence un récit violentissime, avec du sang et des exécutions à chaque page, où Terror doit affronter la menace d'un groupuscule nommé Règne de la mort, dirigé par une aspirante immortelle, l'Ange le la mort, qui souhaite s'emparer du bras de notre "héros", celui là même qui a appartenu autrefois à la belle Talita, et qui renferme en sa chair l'essentiel du sortilège d'immortalité. Patrick Zircher est très crédible aux dessins, et il barbouille chaque case de membres tranchés, d'effusion de sang toujours plus choquantes. Le risque est que ça finisse par faire trop, et c'est en effet dans la première partie de l'album que nous trouvons les meilleures représentations. Exemplaire lorsque ce qui reste de Terror (une bouillie informe) investit le corps d'un crapeau, qui lui même s'attaque à un chat, avant de jeter son dévolu sur un beau père violent qui va servir d'hôte involontaire pour le grand retour du protagoniste. Celui-ci est aidé dans sa tâche par une belle brune du nom de Mme Primo (une romance jamais consommée), et va aller de révélations en déceptions, avant de comprendre vraiment en quoi les attaches du passé, et les sentiments d'autrefois, conditionnent son futur, et son immortalité même. Panini a proposé cette histoire dans la collection Dark Side, c'est à dire un beau volume hardover (couverture rigide) pour environ 18 euros. Un écrin de choix pour un récit qui débute en fanfare et impose d'emblée son style et ses codes, mais qui joue la carte de la surenchère putassière avec un peu trop de facilité. D'excellentes promesses, pas toujours très bien transformées. 




LA MORT DE SUPERMAN TOME 2 : LE REGNE DES SUPERMEN


Superman est mort, Metropolis pleure et honore son héros, mais le malaise s'installe lorsqu'il s'avère que le corps du kryptonien n'est plus là où il devrait être. La question est : quelqu'un est parvenu à dérober la dépouille, ou Superman est-il revenu d'entre les ombres, sans que personne ne le sache? La tension et la confusion sont destinées à être alimenté par l'apparition de "remplaçants", de nouveaux Supermen, qui sont peut être des supercheries, mais peut être également ... le vrai, dans une version 2.0 remaniée et corrigée, après l'incroyable épreuve vécue des mains de Doomsday. Ainsi débarque une version cyborg de notre héros, mi kryptonien mi machine, puis une version adolescente de Superman, particulièrement allergique au surnom de Superboy (c'est en fait un clone obtenu en laboratoire, chez Cadmus), mais encore un Superman à grosses lunettes et au méthodes plus musclées (voire ultra violentes) , qui parvient à toucher le coeur et les doutes de Loïs Lane. Pour finir, John Henry Irons met à profit ses talents d'inventeur et de forgeron pour se confectionner une armure en métal (Steel) et rendre un hommage vibrant, teinté d'héroïsme old-school, à celui qui l'a tant inspiré. Metropolis n'a plus de sauveur attitré, mais se retrouve avec une bande d'imitateurs inconscients, qui finissent par devenir un problème, plus qu'une ressource.


Voici donc le second tome de la longue saga de la Mort de Superman. Cette fois bien mieux traduit que la version Omnibus de Panini (Geneviève Coulomb fut une traductrice versée dans les dialogues à la Audiard, mais totalement dépassée par le langage moderne des comic-books), nous abordons la partie dite du règne des Supermen, c'est à dire la transition entre les funérailles et le vrai retour de Superman, lorsque plusieurs copies briguent le titre de champion de Metropolis et que le public s'interroge sur qui est le vrai. Nous y trouvons aussi un discours sur le pouvoir des médias, chacun des grands groupes télévisuels de Metropolis désirant contrôler et s'approprier un des Superman (Lex Luthor en tête) pour ses propres ambitions. Plusieurs scénaristes et dessinateurs s'alternent dans cette longue sarabande artistique, pas toujours de très bon goût (les dessins de Bogdanove sont brouillons, l'histoire tend à devenir cacophonique au fur et à mesure que nous progressons dans le récit) mais qui culminera lorsque ce sera l'heure de Mongul, débarquant sur notre planète, sous les ordres de l'un des Supermen de substitution, pour atomiser Coast City. Ce sera aussi le moment du véritable retour de Superman, qui aura pris le soin, entre temps, de se faire pousser une belle tignasse pour mieux s'approprier les codes esthétiques des années 90, où la violence et une attitude radicale étaient une condition sine qua non pour conserver une place de choix dans le coeur des lecteurs, sérieusement mis à l'épreuve pas les héros Image et la testostérone coulant à flots. La Mort de Superman, c'est aussi et surtout la Mort d'une époque, qui elle n'a pas eu droit à une résurrection, depuis.


ANIMAL MAN - LE MODE D'EMPLOI

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Buddy Baker, alias Animal Man, n'a jamais vraiment su gagner un lectorat fourni de par chez nous, ne serait-ce tout simplement qu'en raison de l'indigence des traductions françaises. Vous aviez vu du Animal Man à la Fnac, avant l'arrivée de Jeff Lemire et d'Urban comics? En tous les cas, pour les plus distraits et les derniers réticents, rappelons les faits. Buddy a un pouvoir assez fantastique, il parvient à entrer en contact avec une sorte de champ de résonance, et peut s'approprier, pour une durée limitée, les facultés des animaux qui sont à proximité. Par exemple, il peut obtenir la vitesse du jaguar, la force de l'ours, ou parvenir à trouver le sommeil facile du chat, dès lors qu'il y en a un dans les parages. Super-héros à ses heures perdues, mais aussi acteur de second rang à Holywood, Buddy Baker est revenu du néant narratif grâce au génie de Jeff Lemire, et d'une nouvelle série dans le cadre des New 52, intimement liée avec celle de Swamp Thing, écrite par Scott Snyder. Bad luck, cette bonne pioche s'arrête quand même en 2014, et laissera nombre de lecteurs orphelins, dont votre serviteur en personne. Passons alors en revue les moments forts de la carrière du personnage, crée dans Strange Adventures #180 par Dave Wood et Carmine Infantino (1965).

De 1965 à 1980, Animal Man se contente de brèves apparitions, n'a pas de titre propre, et pour être honnête, doit se contenter de onze histoires différentes, réparties entre Strange Adventures, deux numéros de Wonder Woman, et une période au sein des Forgotten Heroes, un groupe Dc Comics à classer au rayon des seconds couteaux. Bref, des débuts assez poussifs.

A la fin des années 80, Dc comics relance son univers narratif et insuffle bien plus d'audace, en recrutant notamment plusieurs scénaristes britanniques qui vont dynamiter les codes narratifs des titres qui leur sont confiés. Grant Morrison est de ceux-là, et c'est lui qui va enfin donner à Animal Man ses lettres de noblesse. Durant 26 numéros, il plonge Buddy dans des aventures qui lorgnent du coté de la cause animalière, de la défense de l'environnement, et met en scène une incroyable mise en abîme de son travail d'artiste, en faisant se rencontrer personnage de papier, et auteur de comic-books. Un succès notable, dessiné par Hazlewood et Truog, orné de splendides couvertures de Brian Bolland. Après le départ de Morrison, Peter Milligan assure un bref intérim où il fait se rencontrer l'univers Dc traditionnel, la physique quantique, et les techniques du cut-up de William Burroughs. Confus, mais audacieux. Ce sont ensuite les aspects totémiques des pouvoirs de Buddy qui sont développés grâce à la paire Veitch/Dillon, durant 18 numéros, avant que la série ne finisse entre les mains de Jamie Delano et Steve Pugh, et s'ouvre à des ambiances plus horrifiques, au point de devoir être classée définitivement comme lecture pour mature readers, dans la ligne Vertigo. Un run d'importance, car c'est là que Lemire va trouver les racines de son récit futur, avec l'apparition du Red (le Sang en Vf), cette force élémentaire de la nature qui donne au personnage ses facultés, ainsi que la présence de Maxine, fille et héritière des dons de Buddy. Jerry Prosser et Fred Harper seront les derniers à s'occuper du titre, qui finit par perdre nombre de lecteurs, et être arrêté par Dc Comics.

Animal Man ne disparaît pas totalement, et on peut le retrouver dans une mini série en six volets, du nom de The last days of Animal Man (Gerry Conway et Chris Batista), mais aussi comme personnage présent et actif dans Infinite Crisis ou encore Infinite Crisis : 52. En 2011, Jeff Lemire est aux commandes du relaunch assez inattendu d'Animal Man, et propose une relecture intelligente et passionnante des pouvoirs de Buddy Baker, récupère et clarifie ce que Delano a déjà exposé, et tisse les liens d'un très bon crossover avec Swamp Thing, tout en conservant avec brio les liens familiaux et le coté "père de famille" d'un héros mineur mais si attachant. Urban Comics a déjà publié les deux premiers tomes de la saga dans de beaux albums librairie, et nous attendons toujours la sortie du suivant.





Animal Man par Jeff Lemire, lisez ici

Animal Man par Morrison, lisez ici

Animal Man par Milligan, lisez ici

MARVEL TOP 12 : MARVEL UNIVERSE Vs THE AVENGERS

De tous les mondes parallèles qui peuvent exister dans l'univers Marvel, celui que développe Jonathan Maberry est assurément un des moins accueillants. Une épidémie mystérieuse a ravagé notre planète, et peu à peu tout le monde se retrouve infecté par un virus qui transforme ses hôtes en cannibales sans âme. C'est bien entendu la grande mode du moment, entre zombies bien gourmands (Walking dead) et films catastrophes du même genre (28 days later), de quoi donner envie d'étudier médecine et devenir virologue. Dans cette troisième mini-série, qui remonte aux débuts de l'infection, nous retrouvons Hawkeye en tant que narrateur de l'histoire, qui découvre progressivement l'ampleur de la contamination. Ce n'est pas facile pour lui de voir ses compagnons d'arme se dévorer entre eux, encore moins de devoir abattre Mockingbird, son ex compagne, d'une flèche bien placée. Les Avengers semblent dépassés par la virulence de la maladie, et ils perdent pied, incapables d'enrayer le phénomène. Le seul qui proclame avoir les moyens et les connaissances pour sauver la Terre, c'est Victor Von Doom, Fatalis, qui n'est pas franchement connu pour être un altruiste de premier ordre. Du reste, en échange de ses services, le dictateur latvérien exige de devenir Empereur de la planète, en toute modestie.

Feriez-vous confiance à ce bon docteur Doom, sachant que son curriculum, en matière de traîtrise et de torture en tous genres est plus fourni que le bottin téléphonique de Big Apple? Mais les Avengers n'ont pas le choix, quand débarquent Hercule et une horde de moloïdes et de monstres sous-terrains affamés, il ne reste plus qu'une solution à nos héros, mettre le genou à terre, se rendre, et croiser les doigts! Ce douzième numéro de Marvel Top vient mettre fin (définitivement?) à la trilogie de Maberry, avec une mini en quatre parties qui se laisse lire facilement, et rapidement, sans laisser non plus de souvenirs impérissables. Le genre de comics à classer au rayon "lecture sympathique pour un trajet imprévu en train, de dernière minute". Leandro Fernandez assure la partie graphique, sans grande originalité ou talent débordant. Les fonds de case sont assez souvent minimalistes, et en dehors de certaines planches (la reddition des Avengers, par exemple) il manque une bonne dose d'émotion pour rendre l'ensemble attachant. Il faut dire que ces temps derniers nous avons été submergé par les récits consacrés aux zombies ou aux créatures infectés par ce type de virus, et que la plupart du temps, ces mêmes récits sont mieux amenés et développés. Bref, sans vouloir snober ce titre kiosque proposé par Panini, je préfère être sincère et souligner que ne pas se le procurer ne laissera pas de sensation de vide insondable, loin de là.


AGE OF ULTRON 4 : LE POINT SUR LA SITUATION


Le moment des choix est arrivé, dans Age of Ultron. Vous savez tous ce que signifie l'effet papillon, dans la science-fiction? Revenir en arrière, et piétiner sans le savoir un simple papillon, peut avoir des conséquences désastreuses dans le présent, d'où l'impossibilité des voyages dans le temps sans risques. Comprenez donc que lorsque Wolverine, toujours bien pratique quand il s'agit de se salir les mains, remonte le temps pour aller planter ses griffes dans Hank Pym, créateur du robot Ultron, la ligne temporelle Marvel risque fort se se retrouver profondément modifiée. La belle Invisible des Fantastiques l'accompagne et tente bien de le dissuader, mais pour une fois, l'impossible, l'impensable, est au menu de Age of Ultron. C'est assurément le temps fort de toute la saga, l'instant où le lecteur se demande si tout ce qu'il est en train de lire va vraiment impacter ce qu'il est habitué à fréquenter, dans les pages des comic-books Marvel. Wolverine qui assassine Pym, sous forme de médecine préventive de choc, c'est une idée de génie, l'étincelle qui permettrait (conditionnel de rigueur, car qui connaît déjà l'issue de Age of Ultron sait que les pontes de la Maison des Idées n'ont pas assumé jusqu'au bout cette folie douce scénaristique) de changer la donne, à jamais. Du reste, le monde sans Pym est assez intrigant, avec des héros familiers et pourtant différents, une menace plus forcément identique à celle qui a présidé à la naissance de Age of Ultron, un parfum de déjà vu (le monde de House of M est une autre variation sur le thème) qui porte en son sein les meilleurs espoirs, les pires craintes. Age of Ultron est une vraie tentative louable de sortir du carcan habituel, de relancer la machine à ronronner, de recycler de vieilles idées pour les interpréter de manière moderne, radicale, plus expressive. Mais c'est comme si apeuré devant le gouffre qui s'ouvre sous les pieds des scénaristes, au fur et à mesure que Logan découpe Pym avec ses griffes, Marvel (Bendis en tête) jetait un oeil éffaré sur les chiffres de vente, la continuity, pris par l'angoisse de bouleverser la petite routine du lecteur frileux. Ho les amis, on vous en met plein la vue, mais on plaisante, hein, ne vous inquiétez pas trop. Age of Ultron atteint en décembre son climax, mais méfiez-vous de l'effet soufflé, ce genre de gâteau à tendance à retomber après la cuisson, vous êtes avertis.


JUSTICE LEAGUE LA SAGA DE RED TORNADO (DC PAPERBACK)

 Brad Meltzer n’a pas seulement relancé la Justice League en 2006 avec The Tornado’s Path ( la saga de Red Tornado pour Urban) : il a voulu...