THE TOTALLY AWESOME HULK #1 : LA REVIEW ALL-NEW ALL-DIFFERENT

Bon je ne vais pas vous mentir, et puis de toutes façons vous le savez. Ces temps derniers, Hulk n'a pas été le héros le plus en vue de l'univers Marvel. Ses séries sont loin de passionner les foules, et même durant Secret Wars, il a occupé un rôle marginal pour ce qui est de la saga principale. Alors pour remonter dans notre estime, cette nouvelle série qui présente un Hulk totally awesome a intérêt à faire fort, très fort. D'emblée la question se pose : qu'est devenu le docteur Banner, et ses accès de rage qui en faisaient à la fois un scientifique fragile et une machine de destruction massive? Aujourd'hui le Hulk est un jeune homme de dix-neuf ans, certes considéré comme un génie et une des dix plus grandes intelligences de la planète, mais avec des préoccupations et des réactions en accord avec son âge. Au combat ce Hulk là ne dédaigne pas flirter avec les demoiselles en détresse, et quand il se retrouve associée à des héroïnes plus âgées que lui, c'est un peu comme s'il entendait sa mère lui prodiguer des conseils. Greg Pack est le co-créateur d'Amadeus Cho, et il emmène son héros avec lui pour ce titre qui se veut fun et très jeune dans l'esprit. Cho peut devenir un géant vert à volonté, il est censé maîtriser parfaitement la rage qui couve en lui, mais quelques petits éléments nous laissent à penser que rien n'est aussi parfait ou bien rodé qu'il voudrait le laisser croire, à sa soeur particulièrement. D'un Cho à l'autre... nous arrivons à Frank Cho, qui s'amuse comme un fou avec des planches explosives et truffée d'action, où on voit un double pruneau en pleine poire abattre deux ennemis en même temps, lorsque Hulk et Miss Hulk couplent leurs forces, le temps d'un team-up qui voit aussi le nouveau Spider-Man (Miles Morales) se joindre à la bataille. Ce Hulk là n'a rien d'effrayant, de pathétique, de monstrueux, c'est un colosse de jade cool, qui fait de l'humour, se place dans des situations difficiles et maladroites, une sorte de peluche dopée aux rayons gamma dont la mission première est pour le moment de courir à travers le globe pour aller stopper l'apparition de vrais monstres ce coup-ci, arrivés de nulle part. On trouve un peu de cette touche décalée et satirique que Peter David avait pendant si longtemps su maintenir sur la série, à ses grandes heures, mais en même temps il manque de la profondeur, une justesse psychologique, pour que ce titre mérite vraiment d'être applaudi des deux mains. ce Totally Awesome Hulk est une sorte de dessin animé rassurant avec un héros gigantesque mais bon, qui frappe le sourire aux lèvres et emballe tout ce qui bouge en même temps. A des années lumière du Banner mesquin et torturé, bien ancré dans une opération de rajeunissement de la ligne éditoriale, ce qui va quand même défriser plus d'un lecteur bien rodé, qui va sentir le vide s'ouvrir sous ses pieds. Hulk, la série qui donne la banane et se consomme au troisième degré? Sacrilège ou coup de génie? 



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MARVEL GRAPHIC NOVEL : THANOS - LA RELATIVITE DE L'INFINI (Jim Starlin)

La relativité de l'infini est le second volet de la nouvelle trilogie cosmique de Jim Starlin, publié dans la collection Marvel Graphic Novel de Panini. Bien sur les principaux personnages sont globalement les mêmes que ceux qui nous avaient déjà accompagnés lors de la première, publiée dans les années 90, à savoir en premier lieu Thanos Le Titan fou, cette fois-ci dans un rôle assez ambigu où s'alternent le mal profond, la recherche de connaissance, et l'acceptation de ce rôle à part et si insolite au sein du cosmos. Mais aussi Adam Warlock dans une incarnation différente, puisqu'il s'agit en réalité d'une version issue d'un autre univers qui a été détruit lors du graphic novel de l'an dernier (La révélation de l'infini) et qui fait ainsi l'apprentissage de notre réalité et de ses nouveaux pouvoirs formidables. Car il est clair que ce Warlock là possède des dons que l'ancien n'avait pas; il est plus puissant que jamais et même Thanos comprend qu'il y a probablement bien plus à savoir sur son compagnon d'aventure que ce que laissent supposer les apparences. Toutefois ce binôme là n'a pas le temps de tergiverser et de se lancer dans une introspection trop profonde car l'univers tout entier est menacé par un ennemi redoutable, droit sorti de la zone négative:  l'infâme Annihilus à trouvé le moyen de pénétrer dans notre univers "positif " et il s'est lancé dans une vaste opération de conquête, convaincu que rien ne saura l'arrêter puisqu'il est dorénavant plus fort et résistant que jamais. Une énorme source d'énergie non identifiée parait aiguiser son appétit et ses ambitions. Le fait est que le tyran cosmique pourrait bien avoir raison et que ses adversaires mordent tous la poussière les uns après les autres...

Jim Starlin est-il encore capable d'écrire en 2016 des récits cosmiques contenant la magie de ses grandes épopées d'antan? La réponse n'est pas si simple. Car si à l'époque c'était lui qui donnait le ton avec Infinity Gauntlet, ou en orchestrant la mort de Captain Marvel, il doit aujourd'hui réciter sa leçon sur un sujet qui lui échappe en grande partie. Infinity, Secret Wars, les grands chambardements qui ont bouleversé l'univers ne sont pas de son fait, et gageons que Jonathan Hickman n'a certainement pas tenu compte des projets de l'ami Jim pour décider quoi faire des créatures les plus puissantes de l'univers. Thanos et Warlock, ce duo mystique et pas forcément si opposé que cela, a de surcroît été supplanté dans le coeur des fans de la nouvelle génération par d'autres références, comme les Gardiens de la Galaxie, qui sont présents dans ce graphic novel. Autrefois Starlin avait choisi une association sympathique et hétéroclite avec la Infinity Watch qui s'occupait de la gestion occulte des gemmes du pouvoir. Aujourd'hui il faut payer le tribut à l'arbre qui parle et au raton tout puissant, car ce sont eux les stars, celles qui génèrent un public, et des bénéfices. Mais Starlin s'en sort. Il assimile nouveautés et exigences modernes, et les coule peu à peu dans ses visées personnelles et son panthéon favori. Cette Relativity Infinity est un exemple frappant et à mon sens réussi de grand écart entre ce que Marvel produisait autrefois (le verbiage et la grandiloquence métaphysique) en termes de saga cosmiques, et ce qu'elle propose en 2016, à savoir des blockbusters ultra calibrés ou le lecteur en prend plein la vue. Starlin est aussi un artiste rétro quand au style de dessin, et le trait est standardisé par l'encrage d'Andy Smith, qui n'est pas forcément celui que j'aurais retenu pour ce travail. Si le maître peine un peu avec certains nouveaux costumes, ou dans les expressions faciales de personnages comme Star-Lord (son Peter Quill n'est pas une grande réussite admettons le) il s'en sort toutefois avec les honneurs, démontrant que la passion et l'inspiration ne s'éteignent jamais vraiment quand elles sont sincères. Dans la mesure où la fin de cette aventure est clairement ouverte, il va donc falloir attendre le troisième acte de cette trilogie moderne pour comprendre où Starlin a voulu nous emmener : sur la route d'une incurable nostalgie, où les lecteurs se font toujours plus rares, ou vers de nouveaux horizons insoupçonnés, là où seuls les grands du comic-books auraient l'idée d'aller se perdre. A suivre avec intérêt.



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UNCANNY X-MEN #1 : LA REVIEW ALL-NEW ALL-DIFFERENT

La nouvelle donne pour les mutants, dans l'univers Marvel post Secret Wars, n'a finalement rien de particulièrement original. Les individus dotés d'un génome particulier sont pourchassés, beaucoup sont mourants, cette fois à cause de l'effet de la brume terrigène libérée sur le monde, et qui favorise l'apparition de nouveaux Inhumains sur le globe. Merci au pouvoir de la télévision et du cinéma, dont les effets combinés ont eu ce résultat inévitable. Si la plupart des mutants choisissent de garder profil bas, ce n'est pas le cas des plus radicaux d'entre-eux, qui optent pour une approche offensive et violente. Magneto est bien entendu de la partie, lui qui a une longue carrière de terroriste ou d'homme d'action à faire valoir. Il a monté une sorte d'équipe d'intervention badass pour défendre les siens, et cela commence par l'assaut à un véhicule appartenant à la compagnie Someday Enterprises. Cette dernière offre des services surprenants, à savoir qu'elle permet aux mutants qui la paient d'être plongés dans une sorte de longue stase dormante, afin d'éviter et d'échapper au cauchemar invivable qu'est devenu la planète. La chose n'est pas du goût du maître du magnétisme qui souhaite que les siens aient assez d'honneur et de dignité pour rester debout dans l'épreuve, et pour être sur de se faire entendre, il s'est entouré de calibres comme Sabretooth, Psylocke, ou encore Monet St Croix. Cette dernière est un excellent prétexte pour Greg Land (le dessinateur) pour nous ressortir une énième fois ses poses et ses sourires figés, copiés-collés qui reviennent d'une série à l'autre, et qui font que ses héroïnes ont cet air pin-up aguicheuses et filles volages. C'est très lassant à la longue, et dommage, car Land ferait bien de faire évoluer son style vers autre chose, plutôt que de toujours s'appuyer sur ce gimmick éculé qui trahit souvent la nature et l'apparence des personnages (M par exemple, à la sauce Greg Land, c'est un peu out of character). Sinon, ce titre cligne de l'oeil vers Uncanny X-Force, avec des méthodes musclées, Psylocke, mais aussi Archangel, qui est un peu l'arme secrète du groupe, qu'on lâche en dernier ressort, et qui parait plus déshumanisé que jamais. Je n'ai jamais été un fan de Cullen Bunn et la série démarre sur des bases académiques qui viennent me confirmer qu'il vaut mieux ne passe s'attendre à trop de miracles de sa part, néanmoins quelques pistes intéressantes à suivre figure dans ce #1 comme le retour d'Archangel à sa forme mécanique héritée d'Apocalypse, un Sabretooth plus clément qui n'est pas là pour tuer ou éventrer (et qui ressemble fort à Wolverine en plus vieux, du coup) ou bien le twist final qui nous propose un groupe d'individus dangereux et mal intentionnés, qu'il va falloir prendre au sérieux dans les mois à venir. Bref, voici une sorte de patchwork qu'il est difficile de cerner et d'aimer vraiment, avec une pincée de gros bras à la sauce années 90, un soupçon du travail récent de Rick Remender, et des problématiques modernes (les mutants Vs les Inhumains) qu'il va falloir développer avec habileté. Bunn a donc du pain sur la planche, et probablement pas mal de choses à dire, mais je préfère nettement, pour le moment, ce que fait Lemire avec ses mutants à lui. 



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UNIVERSCOMICS PRESENTE : LE CAVACON 2016 WINTER EDITION

Certains d'entre vous fréquentent peut-être les salons et conventions consacrés au comics et se rendent régulièrement à Paris, San Diego, Londres ou encore Bruxelles. Nous chez UniversComics on se gausse de tout cela et nous prenons la route d'un festival inattendu et situé dans une ville dont vous n'avez probablement jamais entendu parler : cap ce lundi sur le Cavacon qui se déroule désormais deux fois par an dans la ville de Cava dei Tirreni en province de Salerne. La médiathèque locale, particulièrement imposante avec ses quatre étages et sa grande salle de conférence est l'endroit choisi pour recevoir le temps d'un long week-end (quatre jours juste après le premier de l'an) artistes, cosplayeurs et autres professionnels et passionnés de la bande dessinée. C'est donc avec un grand plaisir que nous avons été invités par Francesco Nobile, l'organisateur de la manifestation. Un bref échange de mails avec celui-ci et nous voici en route vers une nouvelle expérience, un salon à dimension humaine qui va se révéler être en fin de compte riche en bonnes surprises et en rencontres agréables. C'est que derrière tout ce voyage, nous avons commencé à élaborer notre projet de manifestation comics à Nice pour 2017... 




Durant le salon nous avons eu le plaisir de rencontrer plusieurs artistes assurément doués et tout particulièrement Luca Maresca et Pasquale Qualano. Ces deux dessinateurs ne sont pas forcément parmi les plus connus en France. Le 1er a notamment oeuvré sur une série italienne très appréciée de l'autre côté des Alpes et publiée chez nous par Gléant (Orfani) le second a travaillé pour Marvel (Red She-Hulk) et signe régulièrement de splendides couvertures pour Top Cow notamment. L'occasion de pouvoir demander un sketch ou un dessin effectués avec une classe évidente! Autre rencontre d'importance durant la manifestation, celle de Ciro Sapone. Là encore un nom qui ne vous dira peut-être pas grand chose, mais ce professionnel du cinéma et de la communication a travaillé avec Georges Lucas sur la réalisation d'un épisode de la saga Star Wars et c'est aussi un grand collectionneur de l'univers de la Guerre des Etoiles; il était venu au Cavacon présenter quelques centaines de pièces de son imposante collection, faîte de trésors originaux et de répliques officielles, réalisés avec l'accord de Lucas Film et Disney, dont il a reçu l'investiture. C'est avec Ciro que nous tenterons d'ailleurs à Nice -si notre projet de mettre sur pied un festival comics parvient à aboutir- d'organiser un grand événement lié à Star Wars quelques semaines avant la sortie de l'épisode 8. Le genre de projet qui devrait ravir les fans et les foules, et dont vous serez dûment informés ici même dans les mois à venir si cela se concrétise. 


Pasquale Qualano at work. Pour mon sketch "Zagor"

Si le Cavacon débutait dimanche pour se conclure véritablement mercredi (jour férié en Italie que ce 6 janvier), je n'ai malheureusement pu assister (pour des raisons professionnelles) qu'à la première journée. Le temps d'arriver d'extrême justesse pour y voir le doubleur italien Raffaele Carpenteri (voix de Daniel Portman de Games Of Thrones) faire le show et présenter son métier, et surtout pour la conférence-interview consacrée à Eisakou Inoue. Inutile de présenter le maître, diront les fans de l'animation japonaise. Inoue en est un véritable pilier, et il est directeur de l'animation de nombreuses séries comme Les Chevaliers du Zodiaque, Dragon Ball Z, Gundam, One Piece, ou encore Vampire Princess Miyu. Une discussion éloquente basée sur le rôle occupé aujourd'hui par l'artiste et sa passion, et le constat amer que plus que jamais le merchandising a pris le dessus sur la qualité et l'aspect artistique, malgré de notables et salutaires exceptions.  A la suite de cela, une belle séance de sketchs a été accordée aux fans ravis. Les jours suivants, d'autres doubleurs sont intervenus pour des conférences au sujet de leur profession si particulière, ainsi que le chanteur et compositeur de nombreux animés Takayoshi Tonimoto, qui a offert une prestation live le dimanche. Tout comme Nobuo Yamada, qui a poussé la chansonnette sur Saint-Seya / Chevaliers du Zodiaque. Bref, un petit programme fort sympathique, et étonnamment accessible étant donné que le Cavacon est organisé dans un espace restreint par rapport à de nombreuses manifestations du genre, les intervenants sont de la sorte à portée de main, toute la journée. 


Inoue au Cavacon : l'interview

Ce que j'ai manqué malheureusement? J'aurais souhaité pouvoir saluer le confrère et toujours dynamique pourfendeur de comics Pino Cuozzo, de la Cup of Pino, une des expériences de critique et d'analyse du comics moderne en Italie qui rencontre un franc succès, mais il est allé au Cavacon le mardi. On se reverra donc à Milan en mars. Le Cosplay Workshop du lundi, où les meilleurs prix sont allés à la Belle et la Bête -saisissants-, Brook de One Piece, et Lilith de Trinity Blood. Je n'ai pas non plus pu suivre la journée consacrée au phénomène des Youtubers, celle du mercredi, car j'étais déjà rentré sur Nice avec d'autres projets et devoirs en tête. Toutefois ce fut une très bonne surprise que d'avoir pu participé à ce Cavacon. Le genre de petit festival à dimension humaine, où vous ne risquez pas de vous perdre ni de ressortir lessivé et déprimé, mais plutôt avec la sensation d'avoir réussi à passer un après-midi de détente dans un contexte amical et familier. Seul bémol, une partie du public, les plus jeunes, les plus nombreux, pour qui le Cavacon ressemblait d'avantage à une cour de récréation qu'à l'opportunité de rencontrer et voir à l'oeuvre de vrais artistes. Trop de places vides lors de l'interview d'Inoue, par exemple, trop peu de monde pour mettre à l'épreuve le talent de Maresca et Qualano, également. Dommage de passer à coté de l'essentiel, de ne voir que le coté frivole et festif d'un salon qui grandit peu à peu et tente de proposer à son public un choix intelligent d'intervenants différents, sans pour autant faire le pas plus long que la jambe. On souhaite donc à Francesco Nobile et Alessio Luzzi une réussite toujours croissante, à commencer par la prochaine Summer Edition!



Petit sketch Spider-Gwen chez Luca Maresca

Spectrum : un artiste prometteur découvert au Cavacon

Véritable masque en latex d'un certain Yoda (Expo Star Wars)


LA COVER DE LA SEMAINE (Semaine 5)

Il y a des semaines comme ça où on est gâtés! Cette semaine par exemple. Comme vous pouvez le constater, il est bien difficile de déterminer quelle sera la "cover of the week" qui viendra s'ajouter aux précédents et concourir au titre de plus belle couverture de l'hiver 2016. A vous de juger et de vous faire votre idée, personnellement j'ai beaucoup de mal à me déterminer entre les beautés du Weirdworld, la cover humoristique de Rocket Raccoon and Groot, ou bien Elizabeth Breitweiser qui sort un petit chef d'oeuvre pour The Fade Out. Profitez-en bien et passez un bon dimanche.

Le menu de ce dimanche :

2000 AD #1962 de Clint Langley
Amazing Spider-Man #6 de Alex Ross
Archie #5 de Thomas Pitilli, Veronica Fish
DC Comics Bombshells #8 de Ant Lucia
Deadpool #5 de Tony Moore, Scott Koblish
Doctor Who: The Twelfth Doctor #2.1 de Alice X Zhang
Invincible Iron Man #5 de David Marquez
Rocket Raccoon & Groot #1 variant de Superlog
Survivors' Club #4 de Bill Sienkiewicz
Spider-Man 2099 #5 de Francesco Mattina
Spider-Man/Deadpool #1 variant de John Tyler Christopher
The Fade Out #12 de Elizabeth Breitweiser
The Vision #3 de Mike Del Mundo
Totally Awesome Hulk #2 de Frank Cho
Weirdworld #2 de Mike Del Mundo


















MARVEL SELECT : JESSICA JONES ALIAS TOME 1 (De Brian Bendis et Michael Gaydos)

Si vous avez découvert Jessica Jones grâce à la série éponyme, sur Netflix, il est probable que ne vous ne sachiez pas grand chose de l'apparition du personnage au sein de l'univers Marvel. En fait, Jessica est une création originale de Brian Bendis, qui a présenté cette détective privée un peu plus paumée que la moyenne, sur les pages d'une nouvelle série intitulée Alias. Qui est aussi, cela vous le savez, le nom de l'agence qu'elle a fondée pour exercer sa profession. Mais Jessica a aussi un passé, fait de fréquentations super-héroïques, dans un joli costume moulant, aux cotés des Avengers. N'allez pas chercher dans vos vieux Strange pour obtenir une confirmation, c'est une idée du scénariste, qui utilise ce subterfuge habile pour mieux contextualiser la nouvelle venue, et faciliter les interactions avec le reste du Marvelverse. L'ex Jewel (son nom de code) pouvait voler et frapper les méchants avec une force surhumaine, mais aujourd'hui elle arpente les ruelles sombres de New-York pour mener l'enquête, dans un décor bien plus prosaïque que ce dont elle rêvait autrefois. Panini propose ce mois de janvier la réédition de la série Alias dans le format Marvel Select, c'est à dire en couverture souple, à un prix fort raisonnable. Vous serez vite dans un contexte familier (vous qui ne connaissez Jessica que par Netflix) car Luke Cage est également de la partie. Tous les deux se rencontrent dans un bar de bas étage, et après avoir sérieusement levé le coude, finissent directement au lit. Première étape d'un rapport orageux et intermittent au départ, mais qui sur le long terme formera un des couples modernes les plus crédibles des comics Marvel. Le lendemain de la coucherie, Jessica se retrouve face à une cliente qui lui soumet un cas intéressant et particulièrement périlleux. En tentant de retrouver sa petite soeur disparue, notre privée va se retrouver embarquée dans une vaste conspiration gouvernementale qui vise Captain America et son identité secrète. Jessica se lance aux trousses des conspirateurs, qui vont comprendre que pour coincer la miss, il faut beaucoup d'intelligence et de courage. D'emblée Bendis déplace l'angle de vue et s'éloigne des luttes de justiciers à pouvoirs pour plonger le regard sur ce qui se passe en dessous, à savoir l'humanité de ceux qui sont ancrés les pieds bien au sol, et ne peuvent être que les témoins de batailles aux enjeux bien trop élevés pour de simples mortels. Un polar réaliste au beau milieu de l'univers Marvel, en somme!


Jessica Jones, dans cette Bd, n'est que la cousine lointaine de celle que nous avons vu à l'écran. Certes, son activité quotidienne, une certaine atmosphère, ou encore un penchant pour la bouteille et l'auto-destruction sont bien les codes récurrents qui nous guident à travers le récit. Mais l'héroïne est loin d'une une modèle affriolante, et elle flirte probablement avec la marginalité, assurément la dépression latente. Comme dans les bons récits policiers de Raymond Chandler, les planches suintent la trahison, le mystère, les enquêtes feutrées et les coupables à désigner. Le tout avec des dialogues crus qui n'évitent pas la vulgarité, au contraire, qui l'intègrent dans la structure narrative, pour crédibiliser plus encore ce personnage en perte de repères et en reconstruction tardive. Le dessin de Michael Gaydos peut dérouter dans son approche parfois minimaliste, loin des codes de l'ultra réalisme plastique. Ce qui intéresse ici l'artiste, c'est de capter sur le vif les émotions et les expressions, et de les noyer dans la froide réalité prosaïque qui est le coeur même de l'histoire. Au passage son travail ne s'embarrasse guère de fioritures et il est pour le coup extrêmement lisible, bien aidé en cela par le texte qui sonne juste et naturel.  Dommage que le fait d'avoir publié Alias sous l'étiquette Max (destinée à un public plus adulte) ait constitué un frein dans l'emploi de certains héros grand public, mais c'est aussi ce qui a fait le succès et la spécificité de cette série qui a duré 28 numéros. Un titre qui ravira les amateurs de bande-dessinée plus mûre et sarcastique, et qui sont allergiques aux prouesses sans failles des redresseurs de tort en costume. Ici personne n'est sans peur et sans reproche, et ce sont les défauts apparents et les instants de faiblesse qui magnifient Alias, dans toute sa fragilité et sa beauté. Avec en bonus de splendides couvertures signées David Mack, qui ont de quoi vous laisser admiratifs. N'attendez donc pas pour retrouver Jessica, l'antihéroïne déconstruite et absolument imparfaite, plongée dans une réalité dominée par le mythe du héros granitique et inaccessible. Et qui gagne sa place à la sueur du front, dans l'ombre. (Au passage Panini a pris soin dorénavant de bien faire figurer Jessica Jones dans le titre de l'album, plus parlant et vendeur que Alias, après les efforts récompensés de Netflix. Logique)




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ROCKET RACCOON & GROOT #1 : LA REVIEW ALL-NEW ALL-DIFFERENT

Il faut se rendre à l'évidence, ces derniers mois l'inflation des titres "cosmiques" a finit par accoucher d'une baisse notable du niveau qualitatif. Du coup, c'est presque avec recul que je m'apprêtais à découvrir cette nouvelle série consacrée à Rocket Raccoon et Groot, encore que les signatures des auteurs (Skottie Young et Andrade) avait de quoi laisser espérer de jolies fulgurances. Pour une fois, le ton est globalement différent. Déjà, les deux héros sont censés être morts depuis les événements liés à Secret Wars. Nous faisons un bond de huit mois en avant dans le temps, et assistons aux derniers mots des autres membres des Gardiens de la Galaxie (Ben Grimm compris) qui rendent hommage aux disparus. Et puis on passe à la partie la plus intéressante, à savoir l'entrée en scène de deux nouveaux personnages, dont la dynamique et les caractéristiques sont plus ou moins copiées sur le duo que nous pleurons dans cet épisode. Bien sur c'est sympathique, et intrigant. Que viennent donc faire ces deux-là, et quelle est véritablement leur mission? Certainement pas de jouer les simples coursiers pour un lointain tyran galactique, mais bien d'infiltrer chez l'ennemi une présence hostile et ultra combative, qui va vous scotcher sur votre chaise, car cela faisait longtemps qu'on attendait une interprétation aussi badass de je ne vous dis pas qui mais avec un peu d'imagination vous allez pouvoir y arriver. Voilà du bon, du bien écrit, de l'intrigant, qui donne envie de voir la suite. Skottie Young a le mérite de savoir nous faire patienter, de trouver un twist bien senti et impressionnant, et les dessins de Filipe Andrade sont toujours aussi délicieusement psychédéliques et farfelus. Seule petite remarque à faire, la tendance trop systématique à recourir à des ombres et des effets de couleurs trop prononcés pour masquer une certaine indigence dans les fonds de cases et les décors extérieurs. Dans ce titre, il y a de la matière à développer dans les mois à venir, avec par exemple le mystère de ce qui est vraiment arrivé à Rocket et Groot, durant ces longs mois éludés. Mais également l'envie de proposer autre chose, à savoir un duo au caractères subtilement remaniés, plus radical et déterminé, peut être plus terre à terre et sombre. Skottie Young a toutes les cartes en main pour faire évoluer ces deux icônes modernes qui ont fait explosé le merchandising et sont devenus des références pop culture pour le jeune public qui vient d'entrer dans l'univers fabuleux des comics. Sans oublier pas mal d'anciens, déjà conquis, notamment par ce diablotin de Skottie Young. 



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