Si vous avez découvert Jessica Jones grâce à la série éponyme, sur Netflix, il est probable que ne vous ne sachiez pas grand chose de l'apparition du personnage au sein de l'univers Marvel. En fait, Jessica est une création originale de Brian Bendis, qui a présenté cette détective privée un peu plus paumée que la moyenne, sur les pages d'une nouvelle série intitulée Alias. Qui est aussi, cela vous le savez, le nom de l'agence qu'elle a fondée pour exercer sa profession. Mais Jessica a aussi un passé, fait de fréquentations super-héroïques, dans un joli costume moulant, aux cotés des Avengers. N'allez pas chercher dans vos vieux Strange pour obtenir une confirmation, c'est une idée du scénariste, qui utilise ce subterfuge habile pour mieux contextualiser la nouvelle venue, et faciliter les interactions avec le reste du Marvelverse. L'ex Jewel (son nom de code) pouvait voler et frapper les méchants avec une force surhumaine, mais aujourd'hui elle arpente les ruelles sombres de New-York pour mener l'enquête, dans un décor bien plus prosaïque que ce dont elle rêvait autrefois. Panini propose ce mois de janvier la réédition de la série Alias dans le format Marvel Select, c'est à dire en couverture souple, à un prix fort raisonnable. Vous serez vite dans un contexte familier (vous qui ne connaissez Jessica que par Netflix) car Luke Cage est également de la partie. Tous les deux se rencontrent dans un bar de bas étage, et après avoir sérieusement levé le coude, finissent directement au lit. Première étape d'un rapport orageux et intermittent au départ, mais qui sur le long terme formera un des couples modernes les plus crédibles des comics Marvel. Le lendemain de la coucherie, Jessica se retrouve face à une cliente qui lui soumet un cas intéressant et particulièrement périlleux. En tentant de retrouver sa petite soeur disparue, notre privée va se retrouver embarquée dans une vaste conspiration gouvernementale qui vise Captain America et son identité secrète. Jessica se lance aux trousses des conspirateurs, qui vont comprendre que pour coincer la miss, il faut beaucoup d'intelligence et de courage. D'emblée Bendis déplace l'angle de vue et s'éloigne des luttes de justiciers à pouvoirs pour plonger le regard sur ce qui se passe en dessous, à savoir l'humanité de ceux qui sont ancrés les pieds bien au sol, et ne peuvent être que les témoins de batailles aux enjeux bien trop élevés pour de simples mortels. Un polar réaliste au beau milieu de l'univers Marvel, en somme!
Jessica Jones, dans cette Bd, n'est que la cousine lointaine de celle que nous avons vu à l'écran. Certes, son activité quotidienne, une certaine atmosphère, ou encore un penchant pour la bouteille et l'auto-destruction sont bien les codes récurrents qui nous guident à travers le récit. Mais l'héroïne est loin d'une une modèle affriolante, et elle flirte probablement avec la marginalité, assurément la dépression latente. Comme dans les bons récits policiers de Raymond Chandler, les planches suintent la trahison, le mystère, les enquêtes feutrées et les coupables à désigner. Le tout avec des dialogues crus qui n'évitent pas la vulgarité, au contraire, qui l'intègrent dans la structure narrative, pour crédibiliser plus encore ce personnage en perte de repères et en reconstruction tardive. Le dessin de Michael Gaydos peut dérouter dans son approche parfois minimaliste, loin des codes de l'ultra réalisme plastique. Ce qui intéresse ici l'artiste, c'est de capter sur le vif les émotions et les expressions, et de les noyer dans la froide réalité prosaïque qui est le coeur même de l'histoire. Au passage son travail ne s'embarrasse guère de fioritures et il est pour le coup extrêmement lisible, bien aidé en cela par le texte qui sonne juste et naturel. Dommage que le fait d'avoir publié Alias sous l'étiquette Max (destinée à un public plus adulte) ait constitué un frein dans l'emploi de certains héros grand public, mais c'est aussi ce qui a fait le succès et la spécificité de cette série qui a duré 28 numéros. Un titre qui ravira les amateurs de bande-dessinée plus mûre et sarcastique, et qui sont allergiques aux prouesses sans failles des redresseurs de tort en costume. Ici personne n'est sans peur et sans reproche, et ce sont les défauts apparents et les instants de faiblesse qui magnifient Alias, dans toute sa fragilité et sa beauté. Avec en bonus de splendides couvertures signées David Mack, qui ont de quoi vous laisser admiratifs. N'attendez donc pas pour retrouver Jessica, l'antihéroïne déconstruite et absolument imparfaite, plongée dans une réalité dominée par le mythe du héros granitique et inaccessible. Et qui gagne sa place à la sueur du front, dans l'ombre. (Au passage Panini a pris soin dorénavant de bien faire figurer Jessica Jones dans le titre de l'album, plus parlant et vendeur que Alias, après les efforts récompensés de Netflix. Logique)
Jessica Jones, dans cette Bd, n'est que la cousine lointaine de celle que nous avons vu à l'écran. Certes, son activité quotidienne, une certaine atmosphère, ou encore un penchant pour la bouteille et l'auto-destruction sont bien les codes récurrents qui nous guident à travers le récit. Mais l'héroïne est loin d'une une modèle affriolante, et elle flirte probablement avec la marginalité, assurément la dépression latente. Comme dans les bons récits policiers de Raymond Chandler, les planches suintent la trahison, le mystère, les enquêtes feutrées et les coupables à désigner. Le tout avec des dialogues crus qui n'évitent pas la vulgarité, au contraire, qui l'intègrent dans la structure narrative, pour crédibiliser plus encore ce personnage en perte de repères et en reconstruction tardive. Le dessin de Michael Gaydos peut dérouter dans son approche parfois minimaliste, loin des codes de l'ultra réalisme plastique. Ce qui intéresse ici l'artiste, c'est de capter sur le vif les émotions et les expressions, et de les noyer dans la froide réalité prosaïque qui est le coeur même de l'histoire. Au passage son travail ne s'embarrasse guère de fioritures et il est pour le coup extrêmement lisible, bien aidé en cela par le texte qui sonne juste et naturel. Dommage que le fait d'avoir publié Alias sous l'étiquette Max (destinée à un public plus adulte) ait constitué un frein dans l'emploi de certains héros grand public, mais c'est aussi ce qui a fait le succès et la spécificité de cette série qui a duré 28 numéros. Un titre qui ravira les amateurs de bande-dessinée plus mûre et sarcastique, et qui sont allergiques aux prouesses sans failles des redresseurs de tort en costume. Ici personne n'est sans peur et sans reproche, et ce sont les défauts apparents et les instants de faiblesse qui magnifient Alias, dans toute sa fragilité et sa beauté. Avec en bonus de splendides couvertures signées David Mack, qui ont de quoi vous laisser admiratifs. N'attendez donc pas pour retrouver Jessica, l'antihéroïne déconstruite et absolument imparfaite, plongée dans une réalité dominée par le mythe du héros granitique et inaccessible. Et qui gagne sa place à la sueur du front, dans l'ombre. (Au passage Panini a pris soin dorénavant de bien faire figurer Jessica Jones dans le titre de l'album, plus parlant et vendeur que Alias, après les efforts récompensés de Netflix. Logique)
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