EXPO "HEROES MYTHOLOGY" à Paris du 23 avril au 21 mai 2016

Nous souhaitons ce vendredi attirer votre attention sur une exposition qui va se tenir à Paris, au Café Bête et Méchant, à partir de la fin avril, pendant un mois. Du 23 avril au 21 mai vous êtes cordialement invités à rendre visite à Heroes Mythology. Il s'agit d'une exposition en duo avec entre Eric Bouvet & Emmanuel Baker sur les Super-Héros et Super Vilains!
Qui vous attendront donc nombreux au vernissage, au Café Bête et Méchant Paris 75011 le 23 Avril 2016 à partir de 17h00.
Nous en reparlerons bien sur ici même, mais d'ores et déjà, commencez à prendre note pour ne pas être pris de court. 


LE NOUVEAU BATMAN : UN DARK KNIGHT EN ARMURE DANS "SUPERHEAVY"

Comme la plupart de ses congénères super-héros, Batman a parfois du s'éclipser durant sa longue carrière, et trouver un remplaçant pour poursuivre sa mission. Pour être exact, c'est Bruce Wayne qui de temps à autre, pour différentes raisons, est contraint de jeter l'éponge et de laisser la cape et le masque à un substitut. Au terme de EndGame (dans le tome 7 : Mascarade en Vf) certains héros Dc ont eu droit à des changements à peine perceptibles, d'ordre cosmétique (le logo de Flash qui se rapproche de celui de la sérié télévisée) ou bien plus important, comme avec ce bon vieux Dark Knight. 
Vaincre le Joker a coûté cher à Bruce et son avatar costumé, qui est désormais aux abonnés absents. Du coup, la nouvelle directrice des Entreprises Wayne, Geri Powers, collabore avec la police de la ville pour recruter de nouveaux Batmen potentiels. En fait, l'idée de base serait d'avoir un justicier qui ne soit plus au dessus des lois, mais dont l'action s'inscrive pleinement dans le cadre de celles-ci, symbole d'espoir pour les habitants de Gotham mais également exemple à suivre pour les force de l'ordre de la cité. Tout cela sans pour autant se ruiner, en période de crise. Et devinez quoi... si je vous dis police, Gotham, expérience du terrain, vous me répondez... le commissaire Gordon. Certes, ce n'est pas le plus jeune ou le plus musclé des cadres (oubliez la version dents serrés et jeune minet de la série tv) mais qui mieux que lui est à même de comprendre pleinement le rôle de substitut qu'on destine à l'heureux élu? Certes Jim hésite avant de se lancer, mais finalement il accepte de revêtir une sorte d'armure hyper technologique, qui devrait lui permettre artificiellement de rivaliser avec les dons tactiques et physiques du Batman incarné en secret par Bruce Wayne. Comprenez bien que cette décision est assez logique, avec Nightwing (désormais juste Dick Grayson) bloqué dans sa propre série, et Damian Wayne qui est tout occupé à mourir et ressusciter. Jim Gordon a deux atouts de poids avec lui, sa perfaite connaissance du terrain, et une rectitude morale qui en fait un parangon de vertu et le défenseur idéal de la veuve et de l'orphelin. 
Tout ceci est donc ce que raconte Snyder et Capullo, dans le story-arc Superheavy.

Évidemment les débuts ne sont pas forcément simples, et il ne faut pas s'attendre à ce que Jim comprenne immédiatement comment agir et vaincre. Mais il y parvient, et c'est même très surprenant de le voir, à un certain moment, se débarrasser de son armure pour se révéler dans un costume plus traditionnel et expressif, qui ne laisse guère penser qu'en dessous se trouve un homme d'âge mûr, vers la cinquantaine, qui ne fréquente pas les salles de sport à un rythme intensif. C'est mieux ainsi? semble demander Gordon au lecteur, à ce point du récit. Que répondre? Que Batman, en fin de compte, n'est qu'une identité imprécise, un symbole, et que l'homme sous le masque n'est pas le plus important, que ce qui compte c'est d'écrire une bonne histoire qui va avec? Gordon a toujours été un des personnages les plus intrigants, présents, dans la légende du Dark Knight. il est là et agit en contrepoint dès le Batman Year One de Miller, jusqu'à la récente et longue saga Batman : Eternal où il est accusé à tort et victime d'une machination. Sa fille est une justicière à Gotham, son fils un psychopathe notoire, et il a déjà payé un lourd tribut, en terme de vie privée, à ses activités au sein de la police municipale. Snyder fait référence au passé de Gordon dans le corps des marines, et rase les moustaches si caractéristiques du personnage. Vous savez quoi, à cet instant là vous sortez de votre transe et vous comprenez que derrière ce Superheavy se cache une tentative évidente de rapprocher le Gordon de la série Gotham, et celui que nous lisons depuis des lustres. Tel pourrait bien être le talon d'achille de cet arc narratif. Remplacer Batman, l'original, par un héros en armure avec un look vaguement régressif (jusqu'aux antennes sur le casque qui lui ont valu moult sobriquets sur Internet) pourquoi pas, à condition de savoir quoi raconter; mais placer dans cette armure un Jim Gordon revitalisé, rajeuni, presque un soldat plus qu'un bon flic qui devrait commencer à penser à la retraite, voici qui est probablement dur à avaler pour pas mal d'entre vous. Toutefois il est inutile de nier le coté fascinant et attirant de toute cette décision. Un bon coup de pied dans la fourmilière, qui ne peut que déclencher les passions, et nous inciter à revoir ce que peut être ou représenter pour nous la figure même du Batman. 


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ALL-NEW HAWKEYE TOME 1 (Jeff Lemire et Ramon Perez)

Matt Fraction et David Aja sont parvenus à hisser le personnage au sommet de la hype. Au tour dorénavant de Jeff Lemire et Ramon Perez d'assurer la continuité, avec All-New Hawkeye dont le premier volume, chez Panini, vous attend en librairie. C'est donc avec un grand plaisir que nous retrouvons Clint Barton et Kate Bishop, infiltrés dans une base de l'Hydra, à la recherche d'une arme de destruction massive. Le Shield leur a confié une mission délicate, surtout que les deux héros ne savent rien sur ce qu'ils doivent vraiment prélever. D'où la surprise lorsqu'ils réalisent que les armes en question sont en fait des enfants captifs, aux visages atrocement déformés. Enfermés dans un laboratoire, ils semblent être les victimes d'expériences pas vraiment légales. Le sang de Hawkeye & Hawkeye ne fait qu'un tour; il s'agit non seulement de sauver les pauvres petits, mais aussi d'éviter leur exploitation éhontée par le Shield de Maria Hill, qui a probablement des idées derrière la tête... En parallèle, Jeff Lemire superpose une seconde couche à ce récit mère. Nous découvrons l'enfance de Clint Barton, qui fut loin d'être rose. Les lecteurs au long cours savent déjà pas mal de choses, les autres vont tout apprendre, des coups reçus de la part d'un père adoptif brutal et privé d'affection, à la relation nouée entre Clint et son grand frère Barney, plus radical et porté sur la débrouillardise. Pendant que notre Avenger fuit ceux qui le poursuivent dans le présent, on le voit aussi prendre la poudre d'escampette de chez lui dans le passé, pour trouver refuge dans un cirque où officie un certain Spadacin, maître dans la maniement des armes et fine lame comme peu avant lui. Cette nouvelle figure paternelle de substitution va initier Clint à l'art de savoir décocher des flèches, mais pendant ce temps le frangin va commencer à filer un mauvais coton, et découvrir quelles sont les véritables activités de ce cirque peu recommandable. Pire encore, les enfants sauvés par Katie et Clint, à notre époque, finissent par devenir un problème épineux, et révéler leur vraie nature...
Jeff Lemire ne se dément pas. Approfondir les origines d'un personnage, enquêter dans son passé pour mettre en lumière certaines facettes de son présent, tout ceci est un peu sa spécialité, une technique qu'il maîtrise avec virtuosité. Ici il fait s'entrecroiser les deux trames en jouant avec la succession des cases, le sens du récit, accordant une prédominance à l'une des deux, à tour de rôle, les rendant indissociables. Ramon Perez joue la carte du minimalisme, préférant axer son art sur les personnages principaux et leurs actions, laissant de coté les détails et les fonds de case, et s'appuyant sur des couleurs saturées et franches. Au contraire, le passé est nimbé de tons mauves et de teintes pastelles et tranche agréablement avec le reste de l'album. Vous le remarquerez, ce volume un se laisse lire rapidement. Il n'y a pas de dialogues épuisants, de didascalies éprouvantes. Certains des cinq épisodes sont même rapides et parcimonieux en échanges verbaux, toujours courts et concis. Si les quarante premières pages me laissaient dans mon souvenir l'impression de "peut mieux faire" la suite est fort intéressante car elle permet de mieux apprécier ce qui a précédé, et prouve que Lemire a de la suite dans les idées, et que la richesse de ce nouveau Hawkeye en fait une sortie des plus recommandables, capable de séduire un vaste lectorat, des nouveaux venus aux anciens grincheux. Essayez-donc. 


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BATMAN ANNEE UN (DC COMICS LE MEILLEUR DES SUPER-HEROS TOME 14 CHEZ EAGLEMOSS) ET UNE NOUVELLE COLLECTION DE FIGURINES

Chez Eaglemoss cette semaine, on remonte le temps et s'intéresse aux premiers exploits du Dark Knight, sous la plume inspirée d'un certain Frank Miller.
Si Batman fut offert aux lecteurs pour la première fois sur les pages de Detective Comics 27 (1939), c'est dans le numéro 33 que ses origines sont enfin narrées. Le travail de Frank Miller, avec Batman Year One, a un impact aussi fort et important sur le personnage que ces prémices historiques qui remontent à de nombreuses décennies. Lorsque les pontes de DcComics décident, en 1986, de dépoussiérer les origines de leurs figures iconiques, ils sont bien plus circonspects avec le justicier de Gotham qu'avec Superman ou Wonder Woman, par exemple. C'est que la légende fondatrice de Batman fonctionne encore et toujours à merveille, et qu'il ne saurait être question de confondre chirurgie réparatrice et amputation à la hâte. Plutôt que de modifier la trame des grands débuts du héros, Frank Miller s'attache à lui conférer une profondeur, une gravité, pour ne pas dire une majestuosité, en rendant les premiers pas de Batman crédibles, maladroits, impitoyables, et en faisant de Gotham un personnage à part entière. 
Bruce Wayne est de retour dans sa ville après bien des années d'exil. Ses parents ont été assassiné dans les ruelles sombre de Gotham, et sa quête de vengeance mûrit lentement, à l'ombre de son manoir hanté par les chauves-souris. Le commissaire James Gordon est lui muté de Chicago à Gotham. Avec sa femme, il découvre un nouveau territoire où le vice, la corruption, l'immoralité, sont un cancer pour le tissu urbain. Les deux hommes vont apprendre à se connaître, se respecter, se nourrir l'un de l'autre. Tout comme David Mazzuchelli aux dessins, se nourrit du scénario noir de Frank Miller, pour signer des planches parfaites, où chaque détail, chaque ombre, est au service du drame qui attend son heure, caché au détour de la moindre ruelle malfamée de la cité sombre. Un classique moderne et intemporel, dont le pouvoir évocateur et ensorceleur ne peut que vous faire aimer ce justicier névrosé à la carrière bien remplie.

Grande partie de ce succès est donc à attribuer au récit de Miller, minutieux et fonctionnel, qui prend le temps de suivre le commissaire Gordon aux prises avec ses impératifs moraux, et sa conscience mise à l'épreuve des faits. Le respect de la loi et le justice sont-elles deux choses qui ne peuvent exister séparément, sont-elles indissociables? Le rapport conjugal de Gordon se délite au fur et à mesure des doutes qu'il nourrit sur Batman. Voilà un homme, un bon flic, qui se croyait intègre, infaillible, au dessus de toutes les bassesses du quotidien, et qui se retrouve face à un héros qu'il considérait un criminel, mais dont les agissements et la croisade l'amène à revoir son propre mode de pensée, et ses convictions. Au fond, qui est Batman? Vous pensez que Bruce Wayne le sait? Pas même, tout occupé que le milliardaire-redresseur de torts peut-être à observer la créature qu'il a conçu se fondre dans les méandres de la ville, pour en devenir partie prenante. Symptôme ou cure, le Dark Knight agit à la frontière de deux notions fort différentes, à savoir être celui qui nettoie Gotham et la rend présentable, ou pire encore il participe à ce climat de folie éternelle qui suinte de chaque ruelle et colle à la peau des habitants et des monstres familiers. Alfred l'homme à tout faire de Bruce l'a bien remarqué : absence d'un rythme sain du sommeil, augmentation de la paranoïa, Batman s'empare corps et âme de l'homme sous la capuche, et le digère pour le recréer à son image distordue. La justice en somme, est une chimère, ou une amante exigeante. Un commissaire est prêt à renoncer à l'amour, la famille, la stabilité, pour qu'elle puisse régner souveraine à Gotham. Un super-héros costumé et névrosé est disposé à tout abandonner pour en faire son grand objectif, à la mémoire d'un drame qui est autant l'élément déclencheur qu'une parfaite excuse pour vivre cette existence malsaine. Year One, la première année d'une tragédie qui se joue encore de nos jours, sans jamais démentir son succès fabuleux. 



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Et ce n'est pas tout. Car à partir de ce mercredi, Eaglemoss vous propose aussi une nouvelle collection, cette fois de figurines en plomb. Voici le communiqué de presse :

Retrouvez les plus grands héros et vilains de l’Univers Cinématographique Marvel tels qu’ils
apparaissent à l’écran dans cette collection inédite de figurines lancée par Eaglemoss !
Depuis Iron Man en 2008 jusqu’à Ant-Man en 2015, les plus grands personnages des films des Studios Marvel sont reproduits dans les moindres détails, à l’échelle 1/16. De nouveaux
personnages seront ajoutés à mesure que les films sortent. Toutes les figurines ont été sculptées numériquement par des spécialistes puis moulées en résine métallique de haute qualité et peintes à la main. Elles sont le fruit d’un long processus alliant recherche approfondie, savoir-faire artistique et dialogue permanent avec les Studios Marvel – et, souvent, avec les acteurs eux-mêmes. Le réalisme est saisissant !


Chaque figurine est accompagnée de son fascicule pour tout savoir sur le personnage et l’acteur qui l’incarne. Vous plongerez également dans l’univers des Studios Marvel grâce aux
témoignages des stars, des scénaristes, des producteurs et des réalisateurs.



Abonnez-vous en ligne dès aujourd’hui sur www.eaglemoss.fr/figurines-films-marvel ou rendez vous chez votre marchand de journaux dès ce 17 février !
Le premier numéro Iron Man est au prix de  3,99 € seulement.

En bonus pour ceux qui s'abonnent




AMAZING SPIDER-MAN #1.1 : LA REVIEW ALL-NEW ALL-DIFFERENT

Comme vous le savez, dans l'univers Marvel, les super-héros qui tombent au combat ne restent morts guère longtemps. Très vite on les revoit gambader en pleine forme, comme s'il s'agissait juste d'une mauvaise maladie qui se soigne très bien, avec quelques antibiotiques. Alors les new-yorkais ne devraient finalement pas trop s'émerveiller du retour d'un père de famille qu'on disait condamné et rongé par la maladie, puis régulièrement décédé et enterré. Depuis, c'est le mutisme, et le refus de parler à la presse qui caractérise ce miraculé bien discret. Dans ce numéro 1.1 commence donc une série dans la série, écrite par Jose Molina. On est un peu surpris par ce qu'on lit, et la façon dont évolue l'action, car depuis le lancement de l'opération All-New All-Different, la vie de Peter Parker a véritablement évolué. A la tête d'un conglomérat international, le jeune homme a un emploi du temps ultra chargé, et de nouvelles obligations qui ne devraient pas lui permettre de virevolter tranquillement en ville, plus encore de s'intéresser de près à ce genre de cas absurde, qui ne requiert par ailleurs aucune urgence immédiate. Le mystère s'épaissit lorsque Parker enquête sur les soins reçus par l'ancien malade en phase terminale, ce qui le mène à rencontrer le groupe des Santerians. Nous parlons là d'une formation apparue sur les pages de la mini série Daredevil:Father, de Joe Quesada. Il s'agit à la base d'un groupe de super-héros latinos, emmenés par un certain Nestor Rodriguez, et qui pratiquent une religion étrange à la croisée des chemins du catholicisme et d'une forme d'animisme africain. Ils opèrent à New-York et patrouillent particulièrement dans le quartier porto-ricain de la ville, qui est de la sorte sous leur protection effective. Cette histoire est dessinée par Simone Bianchi, qui reste un artiste hautement spectaculaire, et raffiné, dès lors qu'il s'agit de mettre en place des anatomies confondantes de travail et de méticulosité. Mais ses planches ont parfois une tentation à la surcharge, et la mise en couleurs un peu étrange (criarde?) notamment sur le costume new-look du tisseur de toile produit un effet final que je qualifierai de décevant, quand on voit ce qu'il est capable d'offrir par ailleurs. J'ai beaucoup plus apprécié les preview en noir et blanc où son trait d'orfèvre est bien mieux mis en valeur. Son soin du détail finit par être parfois trop évident pour des comics grand public comme celui-ci, et cela se fait au détriment du dynamisme et de la lisibilité des planches incriminées. Bien sur, Amazing Spider-Man #1.1 est une parution qui devrait parler aux amateurs de jolis dessins, mais la trame convenue et le manque d'ambition (pour le moment, avec ce premier numéro) n'en font pas un incontournable de ce début d'année. On attend de voir la suite, pour savoir s'il se cache derrière quelque chose de novateur et fort, ou s'il s'agit simplement d'une récréation arachnéenne sans grosses conséquences.



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MARVEL'S DAREDEVIL - SAISON 2 - Bande-annonce officielle - Netflix

Hasard du calendrier, alors que ce matin nous vous proposions, à l'heure du petit-déjeuner, de lire notre critique du Daredevil de Bendis et Maleev (de retour, pour celles et ceux qui ne l'ont jamais lu, dans la collection Marvel Select) voici qu'arrive le trailer officiel de la saison two de Marvel's Daredevil, chez Netflix. Bref, la série qui nous a le plus marqué en 2015, avec en cadeau bonus le Punisher, et aussi Elektra. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais nous sommes déjà impatients d'être à la mi-mars pour découvrir cette nouvelle livraison d'épisodes qui vont faire date!




LE DAREDEVIL DE BENDIS ET MALEEV REVIENT EN MARVEL SELECT (Tome 1 : LE SCOOP)

Il est totalement légitime de penser que le cycle d'histoires réalisées par Brian Bendis et Alex Maleev est entré de plein-pied dans le Panthéon du comic-book mondial. Nous avons là en effet un run de qualité excellente, crédible, et ultra intelligent que Panini propose à nouveau à partir de ce mois-ci dans la collection Marvel Select à un prix fort raisonnable. Il s'agit simplement d'une sorte d'extraordinaire roman graphique urbain et divisé en 51 épisodes; il est tout à fait logique de placer ce cycle sur un pied d'égalité avec des monuments comme les X-Men de Chris Claremont John Byrne, le Thor de Walter Simonson où le Daredevil de Frank Miller par exemple. Miller (puisque nous l'évoquons) avait choisi de plonger le personnage dans un univers hard boiled assemblé autour d'histoires désespérées, de pourriture urbaine, d'une violence omniprésente et de frontières mal définies entre le bien et le mal. Lorsque Bendis démarre son travail sur Daredevil au numéro 16, avec David Mack au dessin, il choisit comme idée directrice une trame inspirée du genre noir, et puise son inspiration dans le rythme nerveux et ultra sombre de James Ellroy, avec quelques clins d'œil à Quentin Tarantino et le style cru et réaliste d'une série comme les Sopranos. Le premier véritable arc narratif est ainsi un chef-d'œuvre en tous points parfaits; il permet de regrouper tous les personnages de la série, de jouer intelligemment avec les interactions entre tous ces intervenants, dont les caractéristiques sont mises violemment à nu. L'histoire oscille entre le présent et le passé et finit par assumer un ton qui la fait ressembler à une tragédie shakespearienne. Daredevil, Matt Murdock, Foggy Nelson, les hommes de main du Caïd et la famille Fisk tout entière se retrouvent pris au piège de la machine de précision diabolique de Brian Bendis. Le fragile équilibre qui permet à la structure en place de se maintenir cahin caha explose lorsque quelqu'un tente d'assassiner Murdock à la sortie du tribunal, et lorsque Wilson Fisk est victime d'une basse trahison, et poignardé sauvagement. Hell's Kitchen s'enflamme et devient plus que jamais les cuisines de l'enfer, où tout le monde s'apprête à rôtir. 


Le pire des dangers, pour Daredevil, ne provient pas forcément des types en costumes et aux super-pouvoirs, mais se niche plutôt dans les bas fonds de la ville, les gangs et les petits truands, la guerre de succession qui risque d'exploser si le Caïd est évincé. Le héros, tache écarlate qui déchire la grisaille et l'étouffante noirceur mise en place par Matt Hollingsworth (complice aux couleurs de Maleev) bondit d'une page à l'autre, et se retrouve coincé entre le marteau et l'enclume, sa vie privée mise à jamais en danger par un "scoop", une révélation aussi inattendue qu'inéluctable, qui a pour conséquence de faire voler en éclat son existence, son équilibre déjà précaire. Bien sur, cette exploration de l'intime violé et d'une vie foulée aux pieds est magnifié par le boulot irréprochable d'un artiste de la trempe d'Alex Maleev. Observez donc l'économie de mouvement et la précision des expressions, dans certaines planches quasi photographiques, qui s'accordent à merveille avec le style tout à tour taiseux (beaucoup de moments silencieux) et frétillant (Bendis écrit des dialogues fort naturels qui empruntent beaucoup aux codes en vigueur dans les séries télévisées modernes) du scénariste. La pertinence des angles de vue, le découpage racé et dynamique qui plonge le lecteur dans l'urgence et le désespoir de Matt, tout cela c'est la marque de fabrique de Maleev, qui crédibilise au maximum ce récit incontournable dans la vie du Diable de Hells Kitchen. Récit qui dès le départ ne s'offre pas sans un minimum d'efforts. Bendis choisit d'effectuer des allers retour temporels, des ellipses, de se focaliser sur les personnages qui d'habitude ne mériteraient pas plus d'une vignette de la part des autres artistes; ou encore il ralentit et dilate l'action  par de menus détails insignifiants sur le moment mais qui ont pour effet de renforcer l'immersion du lecteur dans ce polar sombre et impitoyable. Au fil des épisodes l'évidence est là : Bendis signe ce qui est le chef d'oeuvre de toute une (riche) carrière, et chaque regard (Ben Urich, Vanessa Fisk ...) est une fenêtre grande ouverte sur le microcosme névrosé de Daredevil, qui réussit le tour de force d'explorer cet univers encore plus en profondeur que ne le fit Miller en son temps. Ceux d'entre vous qui n'ont jamais lu cette tranche de vie absolue de Matt Murdock, ou ne la possèdent pas dans leurs bibliothèques, ont donc une nouvelle chance de combler cette lacune. Cette fois pas de doute ou d'hésitation : le cycle de Bendis et Maleev est in-con-tour-na-ble. 




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