Comme la plupart de ses congénères super-héros, Batman a parfois du s'éclipser durant sa longue carrière, et trouver un remplaçant pour poursuivre sa mission. Pour être exact, c'est Bruce Wayne qui de temps à autre, pour différentes raisons, est contraint de jeter l'éponge et de laisser la cape et le masque à un substitut. Au terme de EndGame (dans le tome 7 : Mascarade en Vf) certains héros Dc ont eu droit à des changements à peine perceptibles, d'ordre cosmétique (le logo de Flash qui se rapproche de celui de la sérié télévisée) ou bien plus important, comme avec ce bon vieux Dark Knight.
Vaincre le Joker a coûté cher à Bruce et son avatar costumé, qui est désormais aux abonnés absents. Du coup, la nouvelle directrice des Entreprises Wayne, Geri Powers, collabore avec la police de la ville pour recruter de nouveaux Batmen potentiels. En fait, l'idée de base serait d'avoir un justicier qui ne soit plus au dessus des lois, mais dont l'action s'inscrive pleinement dans le cadre de celles-ci, symbole d'espoir pour les habitants de Gotham mais également exemple à suivre pour les force de l'ordre de la cité. Tout cela sans pour autant se ruiner, en période de crise. Et devinez quoi... si je vous dis police, Gotham, expérience du terrain, vous me répondez... le commissaire Gordon. Certes, ce n'est pas le plus jeune ou le plus musclé des cadres (oubliez la version dents serrés et jeune minet de la série tv) mais qui mieux que lui est à même de comprendre pleinement le rôle de substitut qu'on destine à l'heureux élu? Certes Jim hésite avant de se lancer, mais finalement il accepte de revêtir une sorte d'armure hyper technologique, qui devrait lui permettre artificiellement de rivaliser avec les dons tactiques et physiques du Batman incarné en secret par Bruce Wayne. Comprenez bien que cette décision est assez logique, avec Nightwing (désormais juste Dick Grayson) bloqué dans sa propre série, et Damian Wayne qui est tout occupé à mourir et ressusciter. Jim Gordon a deux atouts de poids avec lui, sa perfaite connaissance du terrain, et une rectitude morale qui en fait un parangon de vertu et le défenseur idéal de la veuve et de l'orphelin.
Tout ceci est donc ce que raconte Snyder et Capullo, dans le story-arc Superheavy.
Évidemment les débuts ne sont pas forcément simples, et il ne faut pas s'attendre à ce que Jim comprenne immédiatement comment agir et vaincre. Mais il y parvient, et c'est même très surprenant de le voir, à un certain moment, se débarrasser de son armure pour se révéler dans un costume plus traditionnel et expressif, qui ne laisse guère penser qu'en dessous se trouve un homme d'âge mûr, vers la cinquantaine, qui ne fréquente pas les salles de sport à un rythme intensif. C'est mieux ainsi? semble demander Gordon au lecteur, à ce point du récit. Que répondre? Que Batman, en fin de compte, n'est qu'une identité imprécise, un symbole, et que l'homme sous le masque n'est pas le plus important, que ce qui compte c'est d'écrire une bonne histoire qui va avec? Gordon a toujours été un des personnages les plus intrigants, présents, dans la légende du Dark Knight. il est là et agit en contrepoint dès le Batman Year One de Miller, jusqu'à la récente et longue saga Batman : Eternal où il est accusé à tort et victime d'une machination. Sa fille est une justicière à Gotham, son fils un psychopathe notoire, et il a déjà payé un lourd tribut, en terme de vie privée, à ses activités au sein de la police municipale. Snyder fait référence au passé de Gordon dans le corps des marines, et rase les moustaches si caractéristiques du personnage. Vous savez quoi, à cet instant là vous sortez de votre transe et vous comprenez que derrière ce Superheavy se cache une tentative évidente de rapprocher le Gordon de la série Gotham, et celui que nous lisons depuis des lustres. Tel pourrait bien être le talon d'achille de cet arc narratif. Remplacer Batman, l'original, par un héros en armure avec un look vaguement régressif (jusqu'aux antennes sur le casque qui lui ont valu moult sobriquets sur Internet) pourquoi pas, à condition de savoir quoi raconter; mais placer dans cette armure un Jim Gordon revitalisé, rajeuni, presque un soldat plus qu'un bon flic qui devrait commencer à penser à la retraite, voici qui est probablement dur à avaler pour pas mal d'entre vous. Toutefois il est inutile de nier le coté fascinant et attirant de toute cette décision. Un bon coup de pied dans la fourmilière, qui ne peut que déclencher les passions, et nous inciter à revoir ce que peut être ou représenter pour nous la figure même du Batman.
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