BATMAN LE CULTE : JIM STARLIN PLONGE LE DARK KNIGHT DANS L'HORREUR

Batman, encore et toujours, même sur les plages en plein cagnard. En cette mi-août, sortie chez Urban Comics de Batman Le Culte, qui est une excellente occasion pour lire une aventure du justicier de Gotham, écrite par la légende Jim Starlin. Tout commence par ce qui ressemble à un rêve, ou un cauchemar. Le jeune Bruce s'enfonce dans les tréfonds du manoir familial et il est confronté au Joker, bardé d'une ceinture explosive fictive. En fait, Batman délire. Il est, dans la réalité, captif sous terre d'une sorte de secte démente et criminelle, dont le grand manitou c'est autre que le diacre Blackfire, héritier d'une longue tradition mystique qui remonte aux prophéties indiennes. Torturé, drogué, blessé, notre héros est loin d'être dans toute sa splendeur, et même si son esprit est de marbre et ne se laisse pas manipuler par le premier venu, tout homme possède cependant des limites. Batman en est arrivé là alors qu'il menait une enquête classique dans les égoûts, sur la piste de dangereux individus qu'il poursuivait. Une seconde fatale d'inattention, et le Dark Knight passe de prédateur au statut de proie. Blackfire cherche à en faire son instrument, à le convertir, en lui exposant sa technique radicale pour éradiquer les criminels de Gotham. Au passage, dans ses derniers instants de lucidité, nous avons un explication limpide de comment fonctionnent les gourous, de comment se mettent en place les stratégies qui font que prospèrent les sectes. La torture est éprouvante, épuisante, et Robin ne sait où est passé son mentor, cela fait une semaine qu'il attend son retour, et il se confie même au commissaire Gordon. Une semaine à résister, à lutter pour garder sa santé mentale, alors que les sans abris disparaissent un peu partout, et qu'il se passe des choses pas très catholiques (jeu de mot idiot...) sous terre. 


Ce récit d'horreur très tourmenté nous ramène en 1988, et Starlin met en scène une situation particulièrement intrigante : un Batman brisé psychologiquement, victime d'un lavage de cerveau, embrigadé par un gourou criminel qui parvient à terrasser la volonté de son adversaire, pourtant réputé dans son inflexible self control. Par moments on acquiert même la conviction que jamais le héros ne pourra se défaire de l'emprise, redevenir ce qu'il est, avec ses valeurs, tant cette histoire est rude. Les hallucinations et le travail de sape sur la volonté sont à la base de ce qui va suivre : Batman armé d'une mitraillette, qui va tirer sur ce qu'on croit être Doubleface (puis le commissaire Gordon, avant que la vérité n'apparaisse), éliminant ainsi physiquement un opposant, ce qui va contre toutes ses valeurs depuis des décennies. Certes la scène est présentée d'une telle manière que... mais peu importe, l'important est que la vision de Blackfire, la réponse qu'il offre en apparence pour lutter contre le crime, n'est que le reflet ultra violent et expéditif de ce que le Dark Knight fait chaque soir, ce qu'il ferait d'ailleurs s'il écoutait un instant ses sombres instincts. Vous allez aussi retrouver Robin, alias Jason Todd dans la vraie vie. Il apparaît en définitive dans peu d'aventures marquantes de la série, avant de se faire démonter à coups de barre de fer par le Joker, aussi cette histoire en quatre volets est-elle d'autant plus édifiante pour ceux qui aiment ce turbulent side-kick. Rarement vous aurez vu Batman poussé aussi loin dans la déchéance et la défaite (comme il le dira lui même à Robin, il est littéralement en enfer), et il lui faudra du temps pour se remettre, même une fois débarrassé de l'influence de Blackfire. Bien sur, Bernie Whrigtson au dessin, c'est aussi un plaisir et une raison de plonger dans ce cauchemar. Mettre en scène l'angoisse, la peur, la folie qui guette, la monstruosité de l'âme humaine, tout cela fait partie des choses qu'il maîtrise le mieux, et cela se voit avec ce "Culte" où il excelle et se sent dans son petit jardin. A noter qu'avant Urban, Le Culte fut proposé en 1989 par comics USA sous la forme de quatre albums cartonnés, intitulés "Enfer blanc". A ne pas manquer en cet été bouillant. 







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Un deuil dans la famille. Batman par Jim Starlin

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DEATHSTROKE REBIRTH : SLADE WILSON UN MERCENAIRE EN AFRIQUE

Normalement, pour qu'une série Rebirth fasse son effet, il faut qu'elle puisse à la fois redéfinir le personnage, et laisser une porte d'entrée grande ouverte pour les nouveaux lecteurs souhaitant investir sur l'avenir. C'est globalement le cas ici avec Deathstroke, la raison pour laquelle je considère que l'objectif est atteint. On ne peut pas dire que les deux séries précédentes ont eu un succès phénoménal, mais DC Comics continue d'insister avec ce personnage qui colle finalement assez bien à l'air du temps : un anti-héros assez impitoyable et antipathique, doté d'un costume ressemblant à celui de Deadpool. Ici on nous rappelle d'emblée que Slade Wilson n'est pas un père idéal. Il a 2 enfants, Grant et Joseph (ce dernier deviendra Jéricho) qu'il élève à la dure... on est à la limite du sévice corporel. Ce sont des flash-backs de la jeunesse du paternel. L'histoire passe ensuite au présent : Deathstroke est en Afrique, pour une nouvelle mission. Si vous ne le savez pas, c'est un mercenaire qui n'hésite pas à retourner sa veste en fonction de là où se trouvent ses intérêts, ou bien les gros chèques. Le scénario est de Christopher Priest, qui avait prévenu qu'il n'aurait pas accepté la série si le protagoniste avais été afro-américain, fatigué de voir que les auteurs sont cantonnés sur des titres correspondant à leurs origines ethniques. Il est de retour chez Dc après une absence d'une décennie. Cependant il ne peut s'empêcher de tisser une histoire se déroulant en Afrique, avec un contexte géopolitique manipulé par les puissances occidentales. On trouve même une remarque sarcastique sur l'islamophobie du moment, assez juste. C'est encore assez confus et mis à part le cliffhanger à la fin de l'épisode, on ne parvient pas vraiment à se passionner pour un numéro qui parle beaucoup, et qui privilégie la piste politique à celle de l'action pure et dure. Le rythme est entrecoupé de retour en arrière, ce qui permet de saisir la différence entre le Slade Wilson d'autrefois, et le Deathstroke d'aujourd'hui. 
Le dessin est de très bonne qualité car Carlo Pagulayan a retrouvé une forme éclatante. Ses pages sont splendides et mise en couleur avec brio, le cadrage et l'atmosphère donnent une vraie impression de job bien fait. A l'instar du titre Black Panther chez Marvel, nous nous apprêtons à suivre un récit qui nous plonge dans les méandres de la géopolitique africaine, plutôt que dans celle du super-héroïsme classique et testostéroné. Reste que le personnage de Deathstroke n'a jamais eu une horde de lecteurs, et il me semble bien difficile d'imaginer qu'il puisse survivre très longtemps sans une équipe artistique forte et une présence continue au cinéma. Vous me direz que la série tv Arrow a tenté de le remettre au goût du jour, mais sincèrement, la différence entre cette version là et celle de l'univers Rebirth est telle que c'est comme s'il ne s'était absolument rien passé. Bref bonne chance pour ce titre qui aura comme mission absolue de passer le cap de la première année d'existence. 


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BATMAN DARK DETECTIVE : LE BATMAN SELON STEVE ENGLEHART ET MARSHALL ROGERS

J'admets que ce Batman Dark Detective était passé un peu en dessous du radar chez nous ,au moment de sa sortie... difficile de suivre tout ce qui arrive en librairie ces dernières années! Tâchons donc de remédier, car il s'agit d'un volume de grande qualité. Nous lisons là en fait un travail conjoint de deux artistes, le scénariste Steve Englehart, un des principaux démiurges de l'univers Marvel dans les années 70 -avant de passer sur Batman- et Marshall Rogers, dessinateur appliqué et couvert de louanges, qui a donné une interprétation classique et dynamique à la fois du justicier de Gotham. L'album est divisé en deux grandes parties historiques. La première, qui remonte à 1977, comprend une série d'épisodes de Detective Comics assez réjouissants. Le Batman n'est pas à la fête car le conseil municipal dirigé par un politicien corrompu a décidé de tout faire pour le mettre hors la loi; comme si cela ne suffisait pas il faut que le Dark Knight affronte l'habituelle galerie de vilains lâchés dans la ville, comme le docteur Phosphorus, le Pingouin ou bien encore Hugo Strange, psychologue complètement malade, qui parvient même à apprendre le secret de l'identité de son ennemi en piégeant Bruce Wayne dans un hôpital psychiatrique. Par contre bonne nouvelle côté cœur pour ce dernier, lors d'une des soirées mondaines à laquelle il est obligé de participer, le playboy milliardaire fait la rencontre de Silver Saint-Cloud, une jeune femme particulièrement agréable et intelligente, avec qui le courant passe tout de suite. Il suffit d'un drink et les deux sont amoureux... oui ça va très vite chez les super-héros. Blague à part, la demoiselle n'est pas idiote, et elle a vite fait de remarquer le petit manège de celui qu'elle a en face d'elle. Si Bruce rechigne à lui révéler sa double identité, ce n'est en fait que par déformation et scrupules professionnels, car Silver a tout compris. Le début d'une relation qui est véritablement au centre de ce Dark Detective, et que l'on retrouvera également dans la seconde partie de cet album. Ajoutez aussi l'apparition de Deadshot, qui est loin d'être le même personnage que vous avez pu voir dans le film Suicid Squad : ici il est encore présenté comme un riche séducteur qui aime jouer au criminel la nuit. Des épisodes classiques donc, parfois un peu naïfs, mais pour autant bien écrits et qui restent fort agréables à lire.

La deuxième partie de l'album est plus récente, puisque nous nous retrouvons en 2005, avec la mini série en 6 parties Dark Detective. Cette fois le rôle du grand méchant est tenu par le Joker, le dingue de service -qui dans les années 70 contaminait les poissons de Gotham et prétendait obtenir un pourcentage sur la vente de toute la faune marine arborant un sourire sardonique (dans la première partie)- a quelque peu évolué. Désormais il se lance en politique, et décide de devenir sénateur. Son programme est simple, votez pour lui ou autrement mourrez. Le grand problème c'est que Silver Saint-Cloud, l'ancienne flamme de Bruce Wayne, est maintenant la fiancée d'un autre candidat, intègre et dynamique, mais qui n'a pas le charisme, les muscles et le caractère intrépide de Batman. Silver dit l'aimer et avoir oublié son histoire avec Bruce Wayne, mais il suffit que les deux se retrouvent contaminés par le gaz de l'Epouvantail, qui les confronte à leurs peurs intimes, pour qu'ils se jettent l'un sur l'autre et forniquent comme des bêtes. Oubliée la promesse de Silver de se tenir au côté de son compagnon politicien! Cela dit, Batman va avoir du travail car ces personnages secondaires trop proches de lui ne tarderont pas à se retrouver embarqués dans les machinations du prince du crime. On pourra s'étonner du manque de déontologie de Bruce Wayne qui n'hésite pas à renouer avec Silver, juste après avoir promis qu'il n'éprouvait plus rien pour elle à son fiancé... mais que voulez-vous notre justicier est comme ça, de temps en temps son cœur chavire et il fait quelques bêtises. Pour le reste c'est une mini série bien écrite, fort intéressante à lire, avec un Double-Face fort pertinent également de la partie (et son clone, ou plus exactement ses clones...) et qui vient conclure un album librairie que je vous recommande chaudement. Malheureusement Marshall Rogers nous a quittés en 2007 et une troisième Bat-collaboration probable avec Englehart ne se fera donc jamais. Il nous reste donc ce témoignage historique vraiment sympathique à lire.





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SANREMO ART & COMICS : DU 9 AU 11 SEPTEMBRE RENDEZ-VOUS EN ITALIE

Première opportunité de se rencontrer et parler comics en cette rentrée, je vous donne rendez-vous à Sanremo en Italie. Bonne nouvelle, la ville est charmante, et à seulement une quinzaine de minutes de la frontière en voiture, alors si vous êtes dans le sud-est, ceci pourrait bien vous concerner.
Du 9 au 11 septembre, au Palafiori (centre ville) de Sanremo se tiendra donc Sanremo Art & Comics, avec au menu de belles opportunités pour les collectionneurs, des expositions et conférences fort intéressantes, des auteurs invités qui n'attendent que vous. Entre autres, il sera question de la carrière (et du futur) de Diabolik, le célèbre cambrioleur italien, avec Emanuele Barison et Lorenzo Altariva. De rencontrer l'artiste espagnol Jordi Bernet, qui sera présent le dimanche pour toutes vos questions. 
La grande exposition commence elle dès le 26 août, avec au menu "De Diabolik à DK" orchestrée par la maison d'édition Astorina. Une exposition sur le travail de Giorgio Cavazzano pour Disney. Bruno Bozzetto, et un petit chef d'oeuvre d'animation italien "West and Soda". Une rétrospective du travail de l'artiste Filippo Scozzari. Une sélection de planches originales de Jordi Bernet. Enfin une présentation anthologique du travail de Karel Thole. Cerise sur le gâteu, le "top 100" des cent bd qui ont fait l'histoire du genre en Italie, et aujourd'hui objets de collection. 

Et si vous ne connaissez pas du tout la ville et comptez en profiter pour y faire une ballade, n'hésitez pas à me contacter. Non seulement on pourra parler comics, mais aussi aller se prendre un excellent apéritif à l'italienne. Si vous souhaitez vous y rendre, manifestez-vous. 



Pour résumer, les artistes présents (d'autres sont à annoncer) seront 

Emanuele Barison (Diabolik, Tex, Zagor)
Jordi Bernet
Bruno Bozzetto
Bruno Brindisi (Dylan Dog, Tex)
Giorgio Cavazzano (Disney)
Fabio Civitelli (Tex, Dylan Dog, Mister No)
Paolo Mottura (Disney)
Filippo Scozzari (Frigidaire, Il Mago, Blue)
Sergio Tisselli (Tex, Le avventure di Giuseppe Pignata, acquerelli degli Indiani)







Un grand merci à Larry A. Camarda et toute l'équipe qui organise cet événement. 


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MARVEL SAGA 2 CONTEST OF CHAMPIONS : UN TOURNOI REGRESSIF

Contest of Champions, c'est un peu une orgie réservée à tous les fan-boys de l'univers Marvel. Héros, vilains, tout le monde est là, tout le monde s'affronte (et tant pis pour le scénario) et au final, ça ressemble à une sorte de Coupe du Monde des personnages Marvel, le coté extrême assumé. Cette histoire est datée (au départ) des années 80, mais c'est aussi un jeu pour smartphone, qui a connu un succès notable, avant que Marvel et Kabam ne tissent une nouvelle synergie pour en faire un titre moderne, où les règles restent plus ou moins identiques. Des équipes, des héros et vilains issus de différentes périodes de la fameuse continuité (par exemple on trouve Hulk dans sa version grise, sous le patronyme de Joe Fixit) et de la castagne. L'occasion de dépoussiérer des justiciers assez peu connus, ou mis de coté, comme le Punisher britannique (Outlaw). Nigel Higgins a en effet un temps officié aux cotés de Frank Castle, l'épaulant dans certaines missions à travers l'Europe, à l'époque glorieuse où Castle avait droit à trois titres mensuels. Pas très sûr de lui et poissard, il est de l'aventure, téléporté sans savoir par qui ni pourquoi, dans un lieu peuplé de dinosaures et d'autres confrères à super pouvoirs. C'est dans à travers lui que l'ancrage "humaine" s'effectue, sans super pouvoirs et autres facultés merveilleuses. Entre autres compagnons citons Venom, dans sa version bon gros alien/symbiote d'autrefois, et Gamora, la femme la plus dangereuse de la galaxie. On croise Iron Man, ou bien encore le Maestro, lui aussi un avatar de Hulk, vieilli mais plus dangereux et invincible que jamais, totalement amoral et violent. D'ailleurs il n'est pas là par hasard...
Qui dit joueurs, dit aussi règles du jeu, et arbitres ou organisateurs pour vérifier que tout se passe comme prévu. Il faut donc aller regarder du coté des Doyens de l'univers (les mêmes que Thanos se chargea de descendre les uns après les autres, lorsqu'il partit en quête des joyaux de l'âme, dans les années 90). Le Collectionneur a subi un lifting sérieux, et le Grand Maître traîne aussi dans ces pages. Après, j'admets que j'ai quelques problèmes pour bien comprendre en quoi cette parution est fidèle (ou fort différente) du jeu car je n'ai jamais pratiqué, ayant cessé de me pencher sur ce genre de choses depuis la disparition de la console NES Nintendo. En gros, après Sensible Soccer, tout ce qui s'est fait m'a toujours semblé trop compliqué. Pardonnez-moi. Paco Medina est pour sa part fidéle à son style, avec un trait jeune et dynamique qui permet des versions facilement identifiables et grand public de tous les personnages, et en conservant une qualité graphique globale fort respectable. Le truc sympathique avec Contest of Champions, c'est qu'on puise dans tout ce qui se fait, toutes ères et plans d'existence possibles (vous avez dit Secret Wars?) ce qui permet de convoquer sur le terrain le Punisher 2099 (la série fut boudée par Semic, qui préféra Ravage...) ou Ares, dieu de la guerre au repos forcé depuis que Sentry l'a écartelé. C'est régressif, fun (pas non plus de quoi avoir des crampes à la mâchoire à force de rire) et au final... assez futile. Panini publie cela dans un format kiosque fort économique, du coup c'est accessible et vous pourriez vous laissez tenter. Mais n'en attendez pas grand chose non plus...




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THE FLASH REBIRTH : LE RETOUR DE BARRY ALLEN EN 2009

Ce n'est pas la première fois que l'univers Dc Comics nous promet un Rebirth et place Flash en son centre. Cela était déjà le cas en 2009, avec la mini série en six parties de Geoff Johns, The Flash : Rebirth, qui nous présentait le retour de Barry Allen parmi les siens. Techniquement ce retour remonte à quelques semaines auparavant, dans les pages de Final Crisis, mais c'est avec ces pages que nous découvrons comment le plus grand et célèbre des bolides reprend ses marques dans un quotidien qui est allé de l'avant en son absence. Barry s'était sacrifié durant la saga Crisis on Infinite Earths, datée de 1985. Depuis, le rôle phare de Flash a été occupé par Wally West, son protégé, puis par Bart Allen, un gamin venu du futur. Mais notre héros n'est pas vraiment mort pour autant. Il était retenu à l'intérieur de la "Force véloce", la source du pouvoir de tous les bolides, dont on apprend qu'il est à l'origine, par ailleurs. Il ne puise pas ses dons de cette force, mais c'est lui qui a donné naissance à cette dernière, le jour où il fut frappé par la foudre, dans son laboratoire, juste avant d'aller retrouver la journaliste Iris West, avec qui il avait un rencard peu après. Johns maîtrise à la perfection tous les codes du personnage, et il en fait étalage avec une science de précision. Ceci implique bien entendu le plus grand ennemi de Barry Allen, à savoir le Reverse Flash, Eobard Thawne. Originaire du XXV ème siècle et frappé d'une jalousie pathologique envers son "ancêtre", ce scientifique dingo est parvenu à reproduire les conditions particulières qui ont permis la création du speedster à l'éclair. Depuis il n'a de cesse de lui pourrir la vie, au point qu'il décide même de le faire sortir de la Force Véloce, de le ramener au monde réel, juste pour le tourmenter à nouveau, et de la pire des façons. Contaminé par la version "en négatif" de l'énergie cinétique de son ennemi, Flash ne peut plus approcher ses amis et alliés dotés de dons similaires sans les réduire en poussière. Il est devenu l'incarnation du Flash Noir, de la mort, et le jouet de Thawne. Mais il n'est pas seul, et tous ceux qui l'aiment et le soutiennent sont décidés à lui prêter main forte; à commencer par un aréopage de coureurs, dont Wally West, Bart Allen et ses deux enfants (qui ont d'autres pouvoirs au départ, mais cela va évoluer), Liberty Belle (avant qu'elle ne devienne Jesse Quick), Jay Garrick (le premier Flash de l'âge d'or) ou encore Max Mercury et Johnny Quick.


C'est bien de cela qu'il s'agit. De l'idée de liens, d'héritage, qui a fait les beaux jours de Dc Comics, avant que les New 52 n'envoient aux orties des décennies de continuity, parfois alambiquée, mais qui permettait de donner aux personnages et à leurs entourages un substrat et une généalogie sans autre pareils. C'est tout l'univers de Flash qui est ainsi présenté aux lecteurs, de manière que le petit dernier pourra apprendre à identifier et apprécier chacun des intervenants, en comprenant son rôle, sa place, et le vieux briscard se réjouira de voir que tout coïncide, que le mécanisme d'horlogerie donne encore l'heure exacte. Les révélations ne manquent pas, avec un face à face entre Barry et le Reverse Flash qui n'a jamais été aussi tendu, aussi voué à une conclusion mortifère. Ceux d'entre vous qui ont appris à aimer le bolide avec sa série sur CW (je sais qu'il y en a, n'ayez pas honte) retrouveront aussi le concept de la course à rebrousse temps, la possibilité de remonter les ans, et de réécrire l'histoire, à travers une intervention avant que celle-ci ne se déroule. Ce sera, quelques mois plus tard, le moteur de Flashpoint, qui va exaspérer cette idée, en la poussant à son paroxysme, avec un Flash qui craque, et commet l'irréparable. Aux dessins, Ethan Van Sciver propose son style plastiquement fort agréable, lisse et naturel, avec des héros tous bien caractérisés, parfois dans des poses et des contorsions un peu forcées, que l'on mettra sur le compte de la vitesse, et du mouvement qui traverse toutes ces pages. C'est beau et prenant, et même si certains ont fait la fine bouche lorsque ce Rebirth a été publié la première fois, je l'ai toujours relu avec plaisir et considéré comme un récit fondamental dans la légende moderne du personnage. On y voit un Barry Allen humain, replongé dans un monde qui avait appris à aller de l'avant sans lui, sans que personne ne lui demande son avis, ou ne remette en doute ses vrais sentiments, ceux d'un héros humble et iconique, doutant de sa propre importance. Cette aventure a été publiée alors que Panini détenait encore les droits de l'univers Dc, dans le premier numéro de DC Heroes, qui allait accueillir par la suite plusieurs mini séries liées à Blackest Night. De bons souvenirs que nous devons à un amoureux du Silver Age et véritable généalogiste des comics, monsieur Geoff Johns. 




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ALL-STAR BATMAN #1 : SNYDER ET ROMITA Jr POUR UN SUCCES ATTENDU

All-Star Baman était annoncé comme un titre anthologique et hors continuité, avec différents artistes de renom prêts à se succéder le temps d'arcs narratifs distincts. Tout un programme alléchant, d'autant plus que nous trouvons aux manettes, pour les grands débuts, Scott Snyder et John Romita Jr. Le premier cité a abandonné son sceptre de scénariste sur la série régulière de Batman, mais il reste donc dans l'orbite du justicier qu'il a accompagné plusieurs années durant. Pour le coup, le voici guéri de son obsession pour le Joker (on l'a un peu trop vu, soyons honnête) et apte à repartir sur de nouvelles bases. En fait les premières pages ne sont pas très claires car l'action évolue à rebours. On part d'une situation donnée, pour petit à petit dénouer les fils qui y ont menés. Et on se rend compte que le vilain choisi pour All-Star Batman est Double-Face. Un ennemi intéressant et effrayant, car particulièrement bien dépeint, avec un coté sombre et psychopathe qui formule ses habituelles machinations, mais aussi la version "Harvey Dent" qui se rend tragiquement compte du danger qu'il est devenu. C'est d'ailleurs pour cela qu'il met au courant son adversaire d'un lieu secret où il pourrait le mener, pour qu'il cesse enfin de nuire. Le problème est que l'autre partie de sa personnalité a prévu un plan diabolique pour l'en empêcher, qui englobe de lourds et peu reluisants secrets, dont tous les habitants de Gotham semblent être détenteurs. 
Il y a de bonnes idées et des fulgurances qui vont probablement vous plaire, c'est certain. Batman la tronçonneuse à la main est un des moments les plus réjouissants de ces dernières années. La foule du bled paumé où atterri le Dark Knight, et l'appat du gain qui la pousse a prendre parti, est aussi bien vue, et montre que Snyder a encore pas mal de trouvailles dans son sac. Pour mettre en valeur l'ensemble, Romita Jr se décarcasse et nous prouve que l'heure de la retraite n'a pas encore sonné. Requinqué par son arrivée chez Dc, et tout particulièrement par le rapprochement avec l'univers de Batman, le voici à nouveau en mesure de nous offrir des planches qui suintent le dynamisme et le mouvement, bien qu'elle soient, d'une certaine manière, toujours aussi empreintes des qualités et des défauts de l'artiste. On remarque encore cette manie de flirter avec la caricature et de torcher les visages sans soin particulier, mais c'est indéniablement musclé et assez tonique pour faire passer aux lecteurs d'agréables moments. En complément nous avons une back-up story qui se focalise sur le personnage de Duke Thomas. Que lui réserve Batman? Pas un vrai role de Robin, puisqu'il n'a de cesse de répéter que l'heure est venue d'essayer autre chose. Declan Shalvey et Jordie Bellaire font du beau travail, comme ils en ont l'habitude, et sont les artisans de ce qui pourrait être une nouvelle dynamique dans le quotidien des héros de Gotham.
Reste que je n'ai pas encore mentionné le cliffhanger qui vient clore ce numéro. Très déroutant. Le genre de révélation qui sera ou une grosse maladresse un peu forcée, ou un truc au final hautement exagéré, sans réelles conséquences. Mais bon, moi j'ai vu des larmes, du complot, de la trahison dans l'air, alors je souhaite que Snyder ait prévu un gros paquet surprise à nous offrir dès le #2. En tous les cas on voudrait y croire. Allez, parution adoptée, vous pouvez acheter. 



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JUSTICE LEAGUE LA SAGA DE RED TORNADO (DC PAPERBACK)

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