JUSTICE LEAGUE HS 1 : DC UNIVERSE REBIRTH (TOP DEPART!)

Un an plus tard, l'onde de choc Rebirth débarque en France, chez Urban Comics. L'objectif avoué est simple : faire amende des cinq ans qu'ont duré les New 52, renouer avec les lecteurs perdus, désorientés par l'abandon de certains caractères ou personnages iconiques, tout en ménageant les plus récents, et en opérant un retour en arrière maîtrisé et cohérent. Pour mieux aller de l'avant. Le résultat? Des ventes qui se sont envolées, au point d'aller faire la nique à Marvel en termes d'exemplaires placés. Et tout commence par un long one-shot, présenté par Urban sous la forme d'un hors-série.
Première constatation, ce récit refondateur de plus de 80 pages, Rebirth donc, est d'un niveau qualitatif tout simplement excellent. Geoff Johns démontre qu'il a une emprise remarquable sur l'univers DC, et qu'il est capable de tirer tous les fils de la tapisserie en même temps, de manière à fournir un résultat homogène. C'est émouvant, poignant, bien écrit, une grande réussite artistique. Le problème se pose pour la suite... si la qualité de cette sortie ne fait aucun doute, ses implications futures risquent par contre de faire grincer des dents, et pas seulement auprès des détracteurs patentés, mais tout simplement celles du lecteur lambda, qui risque de se sentir trahi dans ce qu'il a toujours connu jusque-là, et ce qu'on va lui demander d'acheter et accepter à partir de demain. Comme vous allez le lire, nous sommes à mi-chemin entre une idée de génie et un énorme coup de canif dans le contrat moral et artistique entre créateurs et lecteurs. Vous l'avez lu et découvert partout sur le web (et en Vo dans les pages du crossover The Button, si vous lisez l'américain), le rapprochement entre l'univers des Watchmen d'Alan Moore et le DCverse classique semble être à l'horizon. Passons par contre sur le retour de Wally West dans la continuité... pour peu que vous ayez fréquenté internet ces mois derniers, l'information ne vous aura pas échappé, car elle a fuité partout. Inutile donc de faire semblant de ne pas être au courant, et autant aborder le sujet de plein fouet! Wally West était perdu dans la force véloce -une grande habitude chez les Flash quand on les croit morts- et puisque ces derniers temps le tissu même de la réalité a subi quelques contre-coups, il est parvenu à émerger sur notre plan d'existence, pour une ultime tentative de se raccrocher au monde tel qu'il apparaît désormais. Son premier réflexe est d'aller trouver Batman, en vain. Il va donc aller solliciter l'aide de tout ceux qu'il connaît le mieux, de ces super-héros alliés et amis, jusqu'à Linda Park, celle qu'il aime depuis toujours, mais c'est bien évidemment Barry Allen qui détient peut-être la clé de son retour définitif. Tout ceci est emblématique du problème qui tenaille DC. Les personnages ne se reconnaissent plus, leurs historiques, leurs relations, qui étaient le fondement même du mode de raisonner et fonctionner de l'éditeur, tout ceci a été réduit à néant, sacrifié sur l'autel d'un reboot mal dosé. Du coup le lecteur aussi est en terrain inconnu, et s'est perdu.


Geoff Johns sème les indices et les allusions au long de ces dizaines de pages, le retour en arrière, à la tradition, ne fait que commencer. Batman s'interroge en ce sens, Atom est de la partie (le vrai Atom), Wally revient, Superman a disparu, et la version père de famille, marié à Lois Lane, est remise en question... Mais il y a tellement de travail à accomplir, et il ne pourra pas faire tout ceci seul. On sent que les intentions sont bonnes, que la voie à prendre est correcte, mais comment donner le coup de volant décisif, franchir le pas, sans que cela semble forcé, ou opportuniste? Et puis il y a ces dernières pages, cette immense révélation, qui fait entrer dans l'équation des personnages jusqu'ici iconiques et tenus en dehors de l'univers super-héroïque classique. De quoi faire bondir et hurler des hordes de fans. Le lapin qui sort du chapeau, ou la trahison de trop? Nous avons devant nous des mois passionnants, et l'impression que Dc comics joue gros, très gros, et accepte le pari de se remettre totalement en question. L'espoir est immense, la crainte et l'habitude d'être trompé en partie sur la marchandise aussi. Reste un mot à dire sur les dessinateurs de ce numéro, Ethan Van Sciver, Gary Frank, Ivan Reis, et Phil Jimenez. C'est beau, iconique, puissant, bref, à la hauteur de l'événement. Vendu à moins de trois dollars, ce Rebirth est le comic-book du printemps chez Urban, celui par qui tout pourrait arriver. J'ai bien dit tout. Souhaitons que ce ne soit pas tout et n'importe quoi. 
ps : le manifeste officiel chez DC Comics pourrait être  Et bien voilà, nous avions l'intention de faire quelque chose de bien et de novateur avec les New 52, nous avons tenté, mais ça ne s'est pas passé comme nous le voulions. En cours de route nous avons perdu le fil conducteur, et nous nous sommes rendus compte que ce n'était pas ce que le public attendait. Alors vous savez quoi? On annule tout et on recommence! Bien sur, ça ne vous dérange pas les amis? 




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Le Rebirth Deluxe Edition en VO:



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SUPERIOR IRON MAN : TONY STARK ET LA CRUELLE LOI DU MARCHE

Le Tony Stark que nous découvrons, dans la série Superior Iron Man, n'a pas les idées et l'esprit très clairs. Il faut se souvenir que durant le grand événement Axis, une "inversion" avait rendu certains vilains très héroïques, et certains des "bons" étaient devenus de véritables pourritures. Du coup, nous avons là une version plus cynique et froidement calculatrice du play-boy milliardaire que tout ce que nous avons pu lire auparavant. Ce n'est pas peu dire, tant ces dernières années le personnage a été traité comme un héros à la morale parfois discutable. Cette fois, c'est pire. Bien pire. Tony a mis au point une nouvelle application pour smartphone, dérivée de la technologie Extremis. Vous la téléchargez gratuitement sur votre portable Stark, puis elle s'occupe du reste : voici la population de San Francisco transformée en êtres parfaits, au physique de rêve; tout le monde peut devenir une bimbo droit sortie de Hollywood ou un culturiste au regard de braise (en gros, me ressembler). Bien sur, si vous êtes habitués au monde impitoyable de l'économie de marché, vous comprendrez vite que passée ce qu'on nomme la période d'essai, certains logiciels bien utiles peuvent se révéler coûteux, et susceptibles de vous ruiner. Stark tient ainsi les utilisateurs sous sa coupe : s'ils veulent retrouver ce moment de rêve illusoire garanti par l'application, il va falloir passer à la caisse, et souscrire un abonnement. Au passage, les tarifs sont exorbitants. Rien n'arrête ce Tony Stark là, qui traite les être humains comme des marchandises, pas même Daredevil, le super-héros aveugle, qui s'est depuis peu installé dans le coin et va rendre une visite à son d'ordinaire allié, pour comprendre ce qui se trame. Comme vous le savez, lui aussi souffre d'un handicap, que l'application saurait guérir. Une tentation à exploiter, un point faible sur lequel appuyer?




Disons le franchement, je suis enthousiasmé et convaincu par l'idée de base qui donne l'impulsion du titre et par Tom Taylor. Tony Stark est plus arrogant que jamais, et il est juste qu'il en soit ainsi. Superior Iron Man est aussi un joli portrait de ce qu'est le capitalisme sauvage aujourd'hui : avec l'argent, tout s'achète et se vend, et l'art de créer des besoins qui n'existaient pas auparavant, et qui deviennent rapidement de véritables dépendances pour lesquelles des millions de personnes acceptent de s'endetter, est une triste réalité. C'est de tout cela dont il est question dans les premiers épisodes. Un monde mercantile qui se soumet devant des idoles illusoires, qui accepte la génuflexion face au Dieu dollar pour une existence sur papier glacé, un cauchemar moderne. Le dessin est confié à Yildiray Cinar, plus habitué à réaliser des couvertures, et qui n'a pas encore la maîtrise et l'inventivité nécessaires pour briller sur un grand titre Marvel. Certes, son style simple et clair a le mérite d'être lisible, et comme nous sommes en plein comic-book mainstream, ce n'est pas désagréable, mais il manque cette pointe d'audace, de folie, d'âme, qui est la marque des artistes avec un A Majuscule. Il n'est pas seul, le soutien vient de Laura Braga, et avec l'italienne c'est plus carré, plus maîtrisé, si vous voulez mon humble avis. Qu'à cela ne tienne, Superior Iron Man est globalement une bonne surprise. Qui n'était pas née pour durer, et perd de son charme et de sa pertinence sur la longueur, mais dépasse de loin le Iron Man de Gillen, qui l'a précédé. 






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LE PRINTEMPS DES COMICS - FCBD 2017 VOUS DONNE RENDEZ-VOUS LES 5 ET 6 MAI A NICE CHEZ ALFA BD

Nous y sommes.
Le Printemps des comics c'est dans moins de trois jours!

L'association Univers Comics et la librairie spécialisée  Alfa BD organisent les 5 et 6 mai 2017 Le Printemps des comics.

Le samedi 6 mai, le printemps des comics est aussi le cadre du free comic book day, qui proposera comme chaque année des bandes dessinées gratuites à l'attention du public. Ce rendez-vous est une tradition désormais internationale, attendue par les lecteurs du monde entier, une fois par an, au printemps.

À quelques mètres de la place Garibaldi et du Vieux-Nice,  l'événement donnera la possibilité au public de rencontrer une sélection d'artistes internationaux, lors de séances de dédicace et de conférences, qui seront elles organisées à la bibliothèque nationale Louis Nucéra. Le Printemps des comics propose aussi de nombreuses animations, comme un concours cosplay, ou de très nombreux comics a remporter. Il se déroulera principalement chez Alfa BD, librairie spécialisée, située aux abords du Lycée Masséna et du Vieux-Nice. Mais aussi à la Villa la Tour (juste en face, rue de la Tour) et à la bibliothèque Louis Nucéra. 



Les artistes présents lors du printemps des comics fcbd 2017 sont les suivants :
Claudio CASTELLINI (Silver Surfer, Wolverine The End, Conan...)
Marco SANTUCCI (Injustice, Spider-Man...)
Goran PARLOV (Punisher, Starlight...)
Toni FEJZULA (Veil, Rumble...)
Fernando DAGNINO (Suicide Squad, Supergirl...)
Roland BOSCHI (Punisher, Captain America, Ghost Rider...)
Vincenzo FEDERICI (Androïdes, Kabuki...)
Maria Laura SANAPO (Charmed, DC Bombshells...)
à ces artistes s'ajoute la présence de Benjamin CARRET, jeune dessinateur local émergent, qui viendra faire découvrir son travail au public.



Un cycle de conférences est organisé, les 5 et 6 mai, à l'auditorium de la Bibliothèque nationale Louis Nucéra. Voici l'intitulé, les horaires et les invités de ces conférences

Vendredi 5 mai 14h 
MARVEL COMICS 2017 Où en est Marvel en 2017? Aussi bien au cinéma que dans les comics, Marvel s'est lancé dans un grand défi, renouveler et rajeunir ses personnages, et conserver son hégémonie sur le marché. En présence de R.Boschi
Vendredi 5 mai 17h30 
CLAUDIO CASTELLINI La carrière du maestro italiano. Nous reviendrons sur la carrière de l'artiste, en sa présence, et sur sa vision personnelle de l'industrie des comics.
Samedi 6 mai 11h 
DESSINATEURS RASSEMBLEMENT! Devenir ou être dessinateur de comics/Bd, ce n'est pas seulement un rêve d'enfant, la plupart du temps c'est un métier fait de sacrifices, et la difficulté d'obtenir une juste reconnaissance. Nous parlerons de la profession, ses enjeux, en présence de T.Fejzula, ML.Sanapo, V.Federici, et B.Carret
Samedi 6 mai 14h 
DC COMICS TODAY Entre DC Rebirth, les New 52, et des films qui commencent à se multiplier, où en est vraiment DC Comics? En présence de F.Dagnino et M.Santucci
Samedi 6 mai 17h 
GORAN PARLOV Rencontre publique avec Goran Parlov, un dessinateur formidable à la carrière polymorphe.

Le Printemps des comics est un événement totalement gratuit, l'entrée est libre pour chacun


Le vendredi 5 mai à 10h, l'inauguration de l'événement aura lieu à l'auditorium de la Bibliothèque nationale Louis Nucéra. 
L'opening sera l'occasion pour le public invité, ainsi que la presse et les médias ayant sollicité une accréditation, de rencontrer l'intégralité des artistes présents, autour d'un petit déjeuner offert par l'un de nos partenaires, la boulangerie Lagache. En parallèle, toujours à la bibliothèque, sera inaugurée l'exposition Marvel french touch à savoir les œuvres des artistes français ayant travaillé pour la célèbre maison d'édition americane, ainsi qu'une sélection de couvertures inédites, de dessinateurs du monde de la bande-dessinée franco-belge,  qui réinterprètent selon leurs propres codes stylistiques les super-héros américains. Cette exposition est réalisée par l'éditeur Panini Comics, qui propose chaque mois l'adaptation française de toutes les séries Marvel, depuis 20 ans, et elle a été présenté précedemment au festival de la BD d'Angoulême cet hiver. On y retrouvera avec plaisir des artistes comme Roland Boschi,Claire Wendling, Philippe Briones ou encore Paul Renaud, Bastien Vivés et Joann Sfar .



D'autres événements rythmeront ces deux jours, au mois de mai. Un concours cosplay sera organisé, sous le patronage des deux associations du département, Cosplay Azur, et Galaxie Vésubie. De très nombreux ouvrages seront offerts au public, avec différentes tombolas et jeux chez Alfa Bd.
Une soirée spéciale "Gardiens de la Galaxie 2", le prochain grand film des studios Marvel, est prévue le vendredi 5 mai au soir, au Pathé Masséna de Nice.

Vous souhaitez être accrédités pour cet événement? Une rencontre avec les artistes pour interview, reportages?
Contactez nous rapidement au 06 02 66 41 77 ou sur la page FB www.facebook.com/FCBDNice

Rendez-vous à Nice ce week-end! 

La carte pass, trois euros
Avec loterie "pass" pour des comics à gagner
Avantages chez nos partenaires
entrée assurée et privilégiée à l'opening et conférences



Le site du printemps des comics : www.fcbd-nice.com
La page FB : www.facebook.com/FCBDNice

Et bien entendu, nous sommes tous les jours sur www.facebook.com/universcomics



THE KABUKI FIGHT : VINCENZO "VISKA" FEDERICI REALISE SON "STREET FIGHTER"

Pour la recette de The Kabuki Fight, veuillez prendre les ingrédients suivants. Une bonne pincée de comic books, saupoudrez de manga, ajoutez tout à tour des jeux vidéos en 2D d'alors tels que Street Fighter, Samurai Shodown ou Tekken. Veuillez ensuite vous placer près de la borne d'arcade, et commencer la partie. Voilà ce à quoi nous invite Vincenzo "Viska" Federici, pour sa première oeuvre toute personnelle, écrite et dessinée, et mise en couleurs (et attention, ici la couleur est vraiment soignée et apporte un plus indéniable) par Valentina Pinto. C'est une publication hautement récréative, une sorte de délire compulsif qui mêle ninjas et Ken le Survivant, course poursuite en grosses cylindrées et corps à corps à coups de manchettes dans les dents. L'histoire se concentre sur une série de personnages qui ont tous en commun un art, un sport, une tradition, un défi personnel à relever, le Kabuki. Il s'agit d'une lutte qui nécessite de la force, de la discipline, et du sang. Une danse, un affrontement, le ballet des coups et de la grâce. Certains comme la belle et mystérieuse Meiyo le font pour l'honneur, et retrouver un père disparu. D'autres comme le napolitain Pietro Russo fréquentent les cercles de combats clandestins, et doivent aussi aider leur famille. Enfin d'autres encore sont plus étranges, insaisissables, et ne se révèlent qu'après y avoir été obligés, comme la fascinante Rose, voleuse de voiture rencontrée à Berlin par Pietro, qui ressemble par ailleurs à un croisement génétique entre Ken (pas le mec de la Barbie, mais du jeu vidéo) et le Capitaine Flam. 
Si les personnages déjà cités dansent et frappent portés par des valeurs somme toute positives, ce Kabuki ne manque pas non plus de figures pathétiques ou foncièrement mauvaises, qui viennent donc renforcer le coté dichotomique et fun du récit. On trouve un mystérieux shogun disparu, un ancien allié devenu mi homme mi androïde, après des années qu'il est porté disparu, ou encore une cité abandonnée et putrescente, où se déroulent des expériences peu recommandables. 



Vincenzo Federici fait mouche, car il est honnête. Il ne cherche pas à nous vendre un traité de philosophie ou une oeuvre élégiaque, mais à se faire plaisir, nous faire plaisir. C'est fun et agité, musclé et débordant de vitamines. Bien sûr ce premier vrai numéro (un mini Kabuki "Emblemi" avait été proposé l'an passé au Comicon de Naples) est en italien, et je serai bien dans l'impossibilité de vous dire si une traduction française verra le jour (encore qu'on va se mettre au travail en ce sens), mais il n'empêche, vous avez là pour douze euros 80 pages que tout amateur des bornes d'arcade des années 80/90 et de comics électriques risque fort de dévorer. Si vous souhaitez en savoir plus sur l'artiste, je vous invite à nous rejoindre vendredi et samedi 5 et 6 mai à Nice. Viska sera notre invité (avec bien d'autres) au Printemps des Comics, chez Alfa Bd, Villa la Tour, et la bibliothèque Louis Nucéra. L'ouvrage est aussi disponible sur demande, vous pouvez nous contacter et nous transmettrons à l'artiste et à Noise Press, la maison d'édition. 
Le risque avec ce genre de petite review en passant, c'est d'être un peu trop complaisant envers l'auteur, quand on le connaît et qu'on l'apprécie sincèrement. Avec Kabuki, croyez-moi, inutile de faire le moindre effort, les louanges sont spontanées.






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NAPOLI COMICON 2017 : NAPLES CAPITALE DES COMICS

Habituellement le proverbe récite voir Naples et mourir; avec le Comicon de Naples, il convient de le corriger tout de suite : ce serait plutôt aller à Naples et forcément y revenir. Cela fait plusieurs années que nous sommes fidèles à ce grand rendez-vous de la bande dessinée et de la pop culture en Italie. Du côté transalpin il s'agit de la plus grande foire du genre avec celle de Lucca, qui se tient à l'automne. Pour vous aider à mieux comparer sachez juste que l'espace occupé par le Comicon (la Fiera d'Oltremare) correspond plus ou moins au double de ce que vous avez pu voir à la récente Paris comics expo 2016, à mon sens le rendez-vous le plus réussi de ce type en France ces dernières années. Le Comicon est l'occasion de retrouver toute une série d'artistes italiens mais aussi internationaux, avec la présence de toutes les grandes maisons d'édition, mais et aussi d'une artist alley en construction, qui permet de faire de superbes découvertes, comme par exemple Marco Russo ou Luca Strati, deux excellents dessinateurs. Mais aussi de retrouver des artistes et des amis comme Luca Maresca, Pasquale Qualano, Tina Valentino, dont le travail est fort apprécié chez nos amis américains ou même australiens, comme c'est le cas pour Vincenzo Mercogliano.  Seule petite déception cette année à Naples l'annulation la dernière semaine de Greg Tocchini le fabuleux dessinateur de la série Low. Pour le reste Panini Comics ou bien Lion RW, qui détient les droits de DC en Italie et donc correspond un peu à notre Urban Comics national, avaient invité des noms que vous connaissez forcément, comme Marco Checchetto, Scott Koblish, Alessandro Vitti, David Lopez ou encore Mirka Andolfo et Giuseppe Camuncoli. Les amateurs de manga n'était pas en reste puisque Toyotaro, que l'on retrouve sur Dragon Ball Super, était la cause de files d'attente impressionnantes, pour des séances de dédicaces attendues. Cette année le thème du Comicon de Naples était les rapports qui unissent la bande dessinée avec Internet, ce qui explique certains choix artistiques notamment le magister 2017 confié à Roberto Recchioni, scénariste et dessinateur italien très actif sur Internet, au point de s'être construit un personnage qui confine fortement à l'antipathie chez beaucoup de monde, votre serviteur y compris. Le type est irritant et un peu égocentrique, mais il faut reconnaître qu'il sait aussi la plupart du temps se révéler être un observateur de choix de l'actualité de son secteur de prédilection. C'est lui qui aujourd'hui préside à la destinée de Dylan Dog par exemple, et sa dernière œuvre personnelle Monolith vient de sortir sous forme de bande dessinée, alors que le film est prévu pour cet été.

Les rapports entre la bande dessinée et internet donc, ce qui explique la présence de blogueur/artistes comme le français Boulet, qui était venu participer à une conférence avec l'Institut de culture de langue française. La France à l'honneur puisque Daniel Pennac était aussi un des grands noms annoncés de ce Comicon, en tant que parrain de cette édition. Bien sûr le Comicon est aussi une excellente occasion pour retrouver un nombre impressionnant de cosplayeur, et de superbes expositions organisées un peu partout le long de la Fiera d'Oltremare ( en face du stade de l'équipe de foot local, durant 4 jours, du 28 avril au 1er mai inclus). Outre un ensemble de photos et planches originales consacrés au déjà cité Recchioni, nous avons particulièrement apprécié l'exposition sur les 25 ans de la maison d'édition Image Comics, avec une série fort pertinente d'originaux, de Liefeld à l'ère moderne. Rosinski, le papa de Thorgal, était aussi de la partie, avec une autre fort jolie exposition. Également à Naples le splendide travail de Giorgio Comolo, qui a adapté des tableaux mondialement célèbre (de Léonard de Vinci à Salvador Dali) sous forme d'oeuvres comics, avec nos personnages les plus célèbres comme Batman, Fatalis ou Galactus. Un travail absolument stupéfiant de la part d'un artiste à part, qui fera l'objet d'un article dans les prochains jours sur UniversComics. Le Comicon c'est aussi des concerts durant les 4 jours, un très grand espace consacré aux jeux vidéos et aux arts ludiques, des dizaines de négociants qui proposent des tonnes de bandes dessinées d'occasion ou de goodies, de quoi se ruiner pour plusieurs existences successives. C'est le chaos, la vie qui fourmille, la pizza et le caffé ristretto, la pastiera napoletana (spécialité locale à base de ricotta) et toute la chaleur du sud. Bref, c'est un rendez-vous absolument incontournable. En 2018 je vous invite vraiment à venir y faire un tour, vous verrez, ce sera un week-end mémorable, d'autant plus que la ville de Naples recèle de trésors touristiques incomparables.











COVER STORY RELOADED (8) : SHAZAM #1 (1987)

Cover Story (reloaded) c'est une cover, une histoire, quelques explications. Sixième  épisode, avec Shazam en 1987
Cette rubrique nous donne la possibilité de revenir sur des épisodes précis, parfois tombés (à tort ou à raison) dans un oubli relatif. Si j'ai choisi ce Shazam de 1987, c'est parce que le personnage a été brillamment revisité ces dernières années par un Geoff Johns des grands jours. Dans cette version datée des années quatre-vingt, le jeune Billy Batson passe une soirée insouciante en compagnie de l'oncle Dudley, vieux magicien à la carrière ratée, lorsque qu'un coup de téléphone retentit, et brise à jamais son existence. L'appel annonce la mort de ses parents dans un tragique accident de voiture. Orphelin, l'enfant fait la connaissance, le jour des obsèques, de l'oncle "caché" de la famille. Et pour cause, il s'agit du sinistre docteur Thaddeus Sivana, vieux savant rabougri et aigri, qui dans un premier temps affecte de vouloir prendre le neveu sous son aile. Rien qu'à voir son rictus complaisant, on comprend de suite que ses intentions sont tout sauf guidées par la noblesse, mais Billy est naïf et soucieux d'aider Dudley, pour qui il ne souhaite pas être une charge, un poids mort. Lorsque les tribunaux statuent sur son sort, il choisit d'être élevé dorénavant par Sivana, chez qui il va rapidement savoir ce que signifie la maltraitance, et la privation de liberté. Batson finit par s'échapper, et durant sa fugue, il suit un mystérieux inconnu jusque dans une station de métro désaffectée, où se produit la plus extraordinaire des scènes. Un vieillard à la longue barbe blanche, menacé par un lourd rocher suspendu au dessus de la tête et retenu par une cordelette usée, lui demande de répéter son nom à voix haute : Shazam. Lorsque le gamin s'exécute, le voici transformé en une sorte de Superman invincible en pyjama écarlate, avec un éclair jaune sur la poitrine, et une grosse cape dont on ne comprend pas bien l'utilité. Là où Johns utilise l'ironie, le décalage stylistique, et une écriture moderne et rafraîchissante, Roy et Dan Thomas emploient le sérieux et l'académisme de l'époque, pour pondre en 25 planches la genèse d'un héros qui passe de l'enfance à la toute puissance en l'espace de cinq lettres. Une transformation traitée sous un voile de désinvolture, tandis que les moments tragiques de ce premier épisode (c'est une mini série en quatre parties) sont éludés ou sommairement traités (on ne voit pas les coups de Sivana ou les parents déchiquetés par la tôle de la voiture, les années Image ce sera pour plus tard). L'académisme, c'est aussi ce qui transparaît des dessins de Tom Mandrake, qui choisi une approche basique dans la construction de ses planches, et allie exposé didactique (la naissance du héros en quatre leçons) et clarté du propos. Tout ceci a un parfum rétro fort intéressant et qu'il est agréable de comparer avec la récente back-up publiée chez Urban Comics. Surtout quand on feuillette cette histoire présentée sur du papier buvard granuleux qui résiste comme par miracle depuis trois décennies. Shazam, c'est magique!




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SKY-DOLL - LA SERIE DE BARBARA CANEPA ET ALESSANDRO BARBUCCI

Sky-Doll est un récit d'anticipation. Une histoire de science-fiction sociale particulièrement aboutie, tant au niveau du scénario qu'au niveau des dessins qui sont remarquables. Au début des années 2000 le duo Alessandro Barbucci et Barbara Canepa (à la base des studios Disney) débarque avec cette aventure, qui nous parle aussi bien de la condition humaine, du progrès, que de religion. Ce dernier thème est omniprésent est il abordé de manière iconoclaste et désacralisée. C'est à la station-service Heaven que débute d'ailleurs le récit, sur une planète qui porte le nom de Papathea. Dans l'univers de Sky-Doll le pouvoir est aux mains d'une sorte de papesse qui dicte sa volonté au peuple et qui a usurpé le trône de sa propre sœur, quelle a évincé et relégué au rang d'hérétique, comme tous ses fidèles. Mais la religion qui est ici proposée est bien différente de ce que l'on peut s'attendre à lire : le vice et le stupre sont partout, et d'ailleurs le titre Sky-Doll se réfère à des sortes de poupées gonflable ultra technologiques qui sont utilisées pour de basses besognes, mais aussi on s'en doute pour satisfaire les appétits érotiques et sexuels des clients. Elles sont régulièrement révisées, remises à jour et les souvenirs sont peu à peu effacés, afin qu'elles continuent leur travail dans l'insouciance et le plaisir de faire. Noa est un peu différente des autres, elle a acquis une plus grande conscience de soi, se trouve être malheureuse de son sort et ne rêve que d'une seule chose, changer d'existence. Un jour elle se retrouve par accident à bord du vaisseau de deux ambassadeurs en mission pour Papathea. Jay est doté d'une sensibilité et d'une finesse que  son équipier ne possède pas, lui qui a bien d'autres objectifs qu'une simple visite diplomatique en tête, sur la planète Aqua. Jay va peu à peu s'éprendre de l'automate et lui venir en aide. Noa est bien plus qu'une Sky-Doll banale, en réalité elle est aussi porteuse d'un lourd secret qui pourrait bien changer à jamais le regard à porter sur cet univers si particulier.

Barbucci et Canepa ont écrit le scénario à quatre mains et c'est le premier mentionné qui se charge du dessin, tandis que la seconde évoquée s'attaque à la mise en couleurs. Le dessin est propre, clair et détaillé, il est difficile de définir son inspiration tant il semble à la croisée de nombreux chemins (y compris du manga) et la mise en couleur souvent froide et clinique, qui tout à coup s'illumine, provoque un jeu de contrastes et instaure une beauté précieuse, vraiment agréable à regarder. Le tour de force consiste à proposer une bande dessinée où tout le monde peut trouver quelque chose de différent. L'univers dépeint par Barbucci et Canepa tient vraiment la route et ce n'était pas gagné, car la manière dont ils évoquent le sacré et tous les secrets liés à Noa peuvent constituer, au départ, une masse d'informations confuse; mais tout trouve un sens et la quête de la poupée devient franchement intéressante au fil des pages. Sky-Doll a été publié en Vf chez Soleil, avec une trêve de dix ans entre le troisième et quatrième tome, ainsi que sous forme d'une intégrale, qui reprend les tomes 1 à 3 et une dizaine de pages inédites. Toujours chez Soleil, en 2010.



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