Sky-Doll est un récit d'anticipation. Une histoire de science-fiction sociale particulièrement aboutie, tant au niveau du scénario qu'au niveau des dessins qui sont remarquables. Au début des années 2000 le duo Alessandro Barbucci et Barbara Canepa (à la base des studios Disney) débarque avec cette aventure, qui nous parle aussi bien de la condition humaine, du progrès, que de religion. Ce dernier thème est omniprésent est il abordé de manière iconoclaste et désacralisée. C'est à la station-service Heaven que débute d'ailleurs le récit, sur une planète qui porte le nom de Papathea. Dans l'univers de Sky-Doll le pouvoir est aux mains d'une sorte de papesse qui dicte sa volonté au peuple et qui a usurpé le trône de sa propre sœur, quelle a évincé et relégué au rang d'hérétique, comme tous ses fidèles. Mais la religion qui est ici proposée est bien différente de ce que l'on peut s'attendre à lire : le vice et le stupre sont partout, et d'ailleurs le titre Sky-Doll se réfère à des sortes de poupées gonflable ultra technologiques qui sont utilisées pour de basses besognes, mais aussi on s'en doute pour satisfaire les appétits érotiques et sexuels des clients. Elles sont régulièrement révisées, remises à jour et les souvenirs sont peu à peu effacés, afin qu'elles continuent leur travail dans l'insouciance et le plaisir de faire. Noa est un peu différente des autres, elle a acquis une plus grande conscience de soi, se trouve être malheureuse de son sort et ne rêve que d'une seule chose, changer d'existence. Un jour elle se retrouve par accident à bord du vaisseau de deux ambassadeurs en mission pour Papathea. Jay est doté d'une sensibilité et d'une finesse que son équipier ne possède pas, lui qui a bien d'autres objectifs qu'une simple visite diplomatique en tête, sur la planète Aqua. Jay va peu à peu s'éprendre de l'automate et lui venir en aide. Noa est bien plus qu'une Sky-Doll banale, en réalité elle est aussi porteuse d'un lourd secret qui pourrait bien changer à jamais le regard à porter sur cet univers si particulier.
Barbucci et Canepa ont écrit le scénario à quatre mains et c'est le premier mentionné qui se charge du dessin, tandis que la seconde évoquée s'attaque à la mise en couleurs. Le dessin est propre, clair et détaillé, il est difficile de définir son inspiration tant il semble à la croisée de nombreux chemins (y compris du manga) et la mise en couleur souvent froide et clinique, qui tout à coup s'illumine, provoque un jeu de contrastes et instaure une beauté précieuse, vraiment agréable à regarder. Le tour de force consiste à proposer une bande dessinée où tout le monde peut trouver quelque chose de différent. L'univers dépeint par Barbucci et Canepa tient vraiment la route et ce n'était pas gagné, car la manière dont ils évoquent le sacré et tous les secrets liés à Noa peuvent constituer, au départ, une masse d'informations confuse; mais tout trouve un sens et la quête de la poupée devient franchement intéressante au fil des pages. Sky-Doll a été publié en Vf chez Soleil, avec une trêve de dix ans entre le troisième et quatrième tome, ainsi que sous forme d'une intégrale, qui reprend les tomes 1 à 3 et une dizaine de pages inédites. Toujours chez Soleil, en 2010.
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