Habituellement le proverbe récite voir Naples et mourir; avec le Comicon de Naples, il convient de le corriger tout de suite : ce serait plutôt aller à Naples et forcément y revenir. Cela fait plusieurs années que nous sommes fidèles à ce grand rendez-vous de la bande dessinée et de la pop culture en Italie. Du côté transalpin il s'agit de la plus grande foire du genre avec celle de Lucca, qui se tient à l'automne. Pour vous aider à mieux comparer sachez juste que l'espace occupé par le Comicon (la Fiera d'Oltremare) correspond plus ou moins au double de ce que vous avez pu voir à la récente Paris comics expo 2016, à mon sens le rendez-vous le plus réussi de ce type en France ces dernières années. Le Comicon est l'occasion de retrouver toute une série d'artistes italiens mais aussi internationaux, avec la présence de toutes les grandes maisons d'édition, mais et aussi d'une artist alley en construction, qui permet de faire de superbes découvertes, comme par exemple Marco Russo ou Luca Strati, deux excellents dessinateurs. Mais aussi de retrouver des artistes et des amis comme Luca Maresca, Pasquale Qualano, Tina Valentino, dont le travail est fort apprécié chez nos amis américains ou même australiens, comme c'est le cas pour Vincenzo Mercogliano. Seule petite déception cette année à Naples l'annulation la dernière semaine de Greg Tocchini le fabuleux dessinateur de la série Low. Pour le reste Panini Comics ou bien Lion RW, qui détient les droits de DC en Italie et donc correspond un peu à notre Urban Comics national, avaient invité des noms que vous connaissez forcément, comme Marco Checchetto, Scott Koblish, Alessandro Vitti, David Lopez ou encore Mirka Andolfo et Giuseppe Camuncoli. Les amateurs de manga n'était pas en reste puisque Toyotaro, que l'on retrouve sur Dragon Ball Super, était la cause de files d'attente impressionnantes, pour des séances de dédicaces attendues. Cette année le thème du Comicon de Naples était les rapports qui unissent la bande dessinée avec Internet, ce qui explique certains choix artistiques notamment le magister 2017 confié à Roberto Recchioni, scénariste et dessinateur italien très actif sur Internet, au point de s'être construit un personnage qui confine fortement à l'antipathie chez beaucoup de monde, votre serviteur y compris. Le type est irritant et un peu égocentrique, mais il faut reconnaître qu'il sait aussi la plupart du temps se révéler être un observateur de choix de l'actualité de son secteur de prédilection. C'est lui qui aujourd'hui préside à la destinée de Dylan Dog par exemple, et sa dernière œuvre personnelle Monolith vient de sortir sous forme de bande dessinée, alors que le film est prévu pour cet été.
Les rapports entre la bande dessinée et internet donc, ce qui explique la présence de blogueur/artistes comme le français Boulet, qui était venu participer à une conférence avec l'Institut de culture de langue française. La France à l'honneur puisque Daniel Pennac était aussi un des grands noms annoncés de ce Comicon, en tant que parrain de cette édition. Bien sûr le Comicon est aussi une excellente occasion pour retrouver un nombre impressionnant de cosplayeur, et de superbes expositions organisées un peu partout le long de la Fiera d'Oltremare ( en face du stade de l'équipe de foot local, durant 4 jours, du 28 avril au 1er mai inclus). Outre un ensemble de photos et planches originales consacrés au déjà cité Recchioni, nous avons particulièrement apprécié l'exposition sur les 25 ans de la maison d'édition Image Comics, avec une série fort pertinente d'originaux, de Liefeld à l'ère moderne. Rosinski, le papa de Thorgal, était aussi de la partie, avec une autre fort jolie exposition. Également à Naples le splendide travail de Giorgio Comolo, qui a adapté des tableaux mondialement célèbre (de Léonard de Vinci à Salvador Dali) sous forme d'oeuvres comics, avec nos personnages les plus célèbres comme Batman, Fatalis ou Galactus. Un travail absolument stupéfiant de la part d'un artiste à part, qui fera l'objet d'un article dans les prochains jours sur UniversComics. Le Comicon c'est aussi des concerts durant les 4 jours, un très grand espace consacré aux jeux vidéos et aux arts ludiques, des dizaines de négociants qui proposent des tonnes de bandes dessinées d'occasion ou de goodies, de quoi se ruiner pour plusieurs existences successives. C'est le chaos, la vie qui fourmille, la pizza et le caffé ristretto, la pastiera napoletana (spécialité locale à base de ricotta) et toute la chaleur du sud. Bref, c'est un rendez-vous absolument incontournable. En 2018 je vous invite vraiment à venir y faire un tour, vous verrez, ce sera un week-end mémorable, d'autant plus que la ville de Naples recèle de trésors touristiques incomparables.
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