UNIVERSCOMICS LE MAG 50 - FEVRIER 2025 (CAPTAIN AMERICA)


 UniversComics Le Mag 50 - février 2025

Le mensuel #comics #BD gratuit.

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Au sommaire, #captainamerica et toutes ses déclinaisons, un dossier sur le #SwampThing de Wein puis de Moore, Le cahier critique et les sorties du mois (on file cette fois chez Éditions Dupuis Delirium Panini Comics France Petit à Petit Ankama Editions Éditions Soleil Éditions Delcourt ), l'actualité de la BD avec le podcast #lebulleur , un petit portfolio hommage à #Rahan et le preview de #redhulk #1 chez #marvelcomics 


Merci tout particulier au graphiste héroïque #benjamincarret pour tout le travail  et toute l'aide apportée.

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FAN MAN : L'HOMME AU VENTILO (UN TRIP CHEZ PETIT À PETIT)


Nous voici donc devant la nouvelle bande dessinée réalisée par la fine équipe de R.I.P. (Gaet's et Julien Monier), publiée chez Petit à Petit, destinée à créer l'événement en cet hiver pluvieux. Elle met en scène un personnage (Horse Badorties) qui a dépassé depuis longtemps la frontière de ce que l'on appelle la clochardisation. Il vit dans un appartement totalement insalubre où les immondices se sont entassés depuis des années, où plus rien ne semble être vraiment à sa place, au point qu'il est aisé de confondre l'évier avec un simple fauteuil. Il en est de même pour la propreté corporelle et les tenues vestimentaires du personnage, qui sont assez improbables et faites de bric à brac, avec beaucoup d'imagination, de sorte qu'une rallonge électrique peut servir de ceinture, un serpent en caoutchouc de cravate, ou qu'il se balade avec deux chaussures différentes. Et lorsqu'il sort dans les rues de New York, pour déambuler entre les quartiers de Greenwich Village et de Chinatown, en passant par Central Park, notre quasi vagabond se balade avec un ventilateur à piles à la main, qui l'accompagne dans ses pérégrinations. Sorte de doux rêveur qui interprète la réalité selon ses fantasmes, Horse Badorties est donc un type qui ne ferait pas de mal à une mouche, mais qui clairement semble vivre en marge de la normalité qui l'environne. 
Nous sommes bien entendu dans les années 1970 et c'est l'époque de la contre-culture, de la fumette facile, de l'exaltation de la marge comme mode de vie parallèle, et Badorties représente exactement tout cela. Lorsqu'il est dans les rues, c'est pour se lancer à la recherche de jolies filles, les "poulettes" comme il les appelle, à qui il propose de participer à une chorale de l'amour dans une église, en vue d'un concert qui doit se tenir à Central Park. Et bien entendu, toute cette inspiration musicale, il la trouve dans le bruit des hélices de son petit ventilo, un objet fétiche qu'il propose à tous les commerçants de la ville avec qui il a l'occasion de converser, et qui est aussi un instrument de musique mystique dont les sons vibratoires lui transmettent des rêves de beauté et d'harmonie. Bref, ne cherchez pas spécialement à comprendre, le type ne vit pas sur votre même plan d'existence, il a le sien, qui lui est propre.


L’adaptation de Fan Man, roman déjanté de William Kotzwinkle, est un pari audacieux relevé avec brio par Gaet’s et Julien Monier. Cette BD retranscrit l’irrévérence et l’humour absurde du livre original, tout en rafraîchissant certains dialogues pour un public contemporain (qui a vraiment lu le livre, ne trichez pas, bande de petits mythos). Son héros, Horse Badorties, électron libre aussi attachant qu’imprévisible, traverse un New York effervescent des années 1970 dans une errance burlesque où chaque rencontre est une nouvelle aventure (et la succession de personnages secondaires est un des plaisirs coupables du tout). Certes, ces temps insouciants sont désormais bien loin et peuvent apparaître totalement surannés aux lecteurs les moins portés sur la chose, sans compter des tics de langage omniprésents (le mot mec, par exemple) qui à la longue peuvent filer un peu d'urticaire. Le dessin expressif de Julien Monier donne vie à ce chaos subi, cette passivité géniale. Ses planches détaillées et colorées traduisent à merveille l’esprit anarchique du récit, tandis qu’une mise en page dynamique renforce le rythme effréné de cette plongée dans un univers décalé. L’ensemble forme une œuvre atypique, qui séduira autant qu’elle pourra désarçonner, tant par son ton débridé que par le flot ininterrompu des élucubrations de son protagoniste. Une bande dessinée aussi déroutante qu’envoûtante, face à laquelle vous feriez mieux de garder l’esprit (grand) ouvert et une bonne dose de second degré, pour en apprécier toute la finesse. Mec. 



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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : LES MÉMOIRES DE LA SHOAH


 Dans le 192e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Les mémoires de la Shoah, adaptation en bande dessinée des articles d’Annick Cojean parus dans Le Monde mis en scénario par Thea Rojzman et en dessin par Tamia Baudouin, un ouvrage publié chez Dupuis sous le label Aire Libre et dans une collection qui met en avant les gagnants du prix Albert Londres. Cette semaine aussi, je reviens sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :


- La sortie de l’album Mon ami Kim Jong-Un que l’on doit à Keum Suk Gendry-Kim et aux éditions Futuropolis


- La sortie de l’album Fan Man, adaptation du roman de William Kotzwinkle que l’on doit au duo Gaet’s au scénario et Julien Monier au dessin et c’est sorti aux éditions Petit à petit


- La sortie de l’album Les jardins invisibles que l’on doit à l’auteur Alfred et qui est édité chez Delcourt


- La sortie de l’album Première dame que l’on doit au scénario de Didier Tronchet, au dessin de Jean-Philippe Peyraud et c’est sorti chez Glénat dans la collection 1000 feuilles


- La sortie de l’album Anzuelo que l’on doit à l’autrice espagnole Emma Rios, un album sorti aux éditions 404 graphic


- La réédition en version colorisée dans son édition d’origine du Lotus bleu, la cinquième aventure de Tintin que l’on doit à Hergé et qui est éditée chez Casterman en collaboration avec les éditions Moulinsart.



 
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SHADOWLAND : LA CHUTE DE DAREDEVIL


 Tout a forcément une fin. Y compris les bonnes choses, plus encore les bonnes choses. Le long run de Bendis sur Daredevil, idéalement prolongé par le travail de Brubaker, se termine en eau de boudin, entre les mains d'un Andy Diggle qui a le mérite de vouloir écrire quelque chose qui secoue l'univers de Daredevil jusque dans ses fondements, mais qui peine fortement à se révéler crédible, et ne rend pas hommage à tout ce qui a précédé. Petit rappel des faits, pour bien comprendre l'entité du désastre : Norman Osborn est tombé, et le cycle dénommé Dark Reign touche à son terme. Matt Murdock est toujours sur le pont, après avoir échappé à Bullseye, qui avait reçu l'ordre de le faire souffrir et de l'éliminer. La bataille fut rude et tragique, mais comme d'habitude Daredevil s'est imposé, au prix de terribles pertes. Traumatisé, le héros décide de prendre le contrôle de la secte de ninjas La Main, et il installe son quartier général en plein Hell's Kitchen, faisant de la zone une sorte de royaume des ombres; le Shadowland, donc. Oui, on nage en plein délire métaphysique et il parait peu sérieux de croire que Daredevil s'installe en position dominante au sein d'une organisation de tueurs impitoyables, plus encore qu'il tente d'en faire "sa chose" et de modifier le modus operandi de ses hommes, selon son bon vouloir. D'ailleurs, ça ne marche pas, et c'est la descente aux enfers, rapidement. Pour se faire respecter et instaurer l'ordre le plus total et fascisant dans son quartier, le Diable Rouge s'entoure de personnages discutables au curriculum tâché d'hémoglobine , et va même jusqu'à trucider Bullseye dans une scène spectaculaire et jouissive : le genre d'événement que les fans attendaient depuis des lustres. Le Tireur l'a bien mérité, après tout, non ? Sauf qu'à coté de cela, on doit lire d'autres phases déconcertantes, comme les anciens amis ou alliés de Matt qui défilent pour chapitrer celui qui s'est laissé séduire par le coté sombre, et se font botter les fesses à chaque fois. Ou Wilson Fisk qui prend ses propres mesures, en allant même à invoquer l'essence du Ghost Rider… Andy Diggle dérape, et nous propose alors un Daredevil Vs tout le reste de la ville, où ça cogne, grince des dents, mais ne fait preuve d'aucune vraie personnalité, ou inspiration. 



C'est là le hic. La descente aux enfers de Matt est trop vite expédiée. Voilà, il est devenu impitoyable, un meurtrier, c'est comme ça, acceptez-le ou changez de lecture. Ah non, pas tout à fait… il est possédé. Du coup tout est permis. Même de considérer qu'il est normal de voir Foggy Nelson tenter de venir à la rescousse en escaladant un mur comme s'il avait été mordu par une araignée radioactive, ou que Murdock se retrouve représenté sous la forme d'un démon désarticulé à qui il pousse des cornes. Dire que tout avait commencé, sous Bendis, par un polar froid et glaçant, emprunt d'un réalisme confondant… Là, tout est prétexte à écrire ou dessiner n'importe quoi, même si le costume noir de DD, au final, je le trouve assez seyant et angoissant (les dessinateurs sont bons finalement, avec un Billy Tan et un Roberto De La Torre assez classieux). D'ailleurs, il aurait fallu voir venir la chose de loin : à chaque fois que Marvel perd les pédales et ne sait plus quoi raconter ou comment finir une histoire qui est allée trop loin, on nous ressert les artifices magiques (le Punisher en a fait les frais tout récemment). Un peu comme lorsqu'il avait fallu effacer l'identité publique de Spider-Man, quitte à bousiller un mariage et des années de croissance pour un personnage qui avait enfin atteint la maturité. Ici tout est clinquant, rutilant, cherche à faire de l'esbroufe et épater la galerie, mais le quotient de crédibilité de Shadowland, et sa capacité à séduire un public habitué aux aventures de Daredevil, le héros qui ne connaît pas la peur ni l'idée de renoncer à lutter, est proche de zéro. Daredevil sombre dans le mal, et le scénario lui s'abîme dans la bêtise. On ne remerciera jamais assez Mark Waid pour avoir su ramener Murdock en surface, après ce qui ressemblait fort à une noyade dans un verre d'eau. 


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TANIS TOME 1 : LES TOMBEAUX D'ATLANTIS (CHEZ DUPUIS)


 Je fais partie de cette catégorie de gens qui continuent de lire l'hebdomadaire Spirou, avec assiduité. Il faut bien l'admettre, ça permet de découvrir tout un tas de nouvelles propositions, dans des styles très variés, sous forme de récits prépubliés. Avec Tanis, Denis Bajram et Valérie Mangin au scénario, associés au talent de Stéphane Perger pour le dessin, nous embarquent depuis le mois dernier dans un récit où se mêlent mystère, mythologie et aventures épiques. Le trio magique plonge dans une Égypte reculée, tandis que l’histoire joue sur l’idée fascinante de civilisations disparues, de pouvoirs surnaturels qui président aux destinés des hommes. Le premier tome dans son format album cartonné est arrivé en librairie, l'occasion de relire l'ensemble d'une seule traite et d'éviter la pause de sept jours qui parfois vient nuire à l'appréciation globale. Le scénario de ces Tombeaux d'Atlantis, situé 10 000 ans avant notre ère, propose une héroïne prénommée Tanis, belle jeune fille atypique à la chevelure blanche, intouchable dans son village (en raison de cette particularité) mais au destin hors du commun. Entourée de personnages forts et ambigus, comme Sepi, son ami (probablement voudrait-il plus) qui va devenir malgré lui l’incarnation d’Osiris, Tanis évolue dans un monde marqué par des luttes de pouvoir, des catastrophes surnaturelles et l’arrivée de redoutables envahisseurs. La richesse de l’intrigue réside dans l’exploration des thèmes universels du pouvoir et des croyances. L’idée qu’un pouvoir divin, lorsqu’il est confié à des mortels, devient une arme à double tranchant, imprègne ces pages. Sepi est dépeint comme une sorte de couard, au départ, qui se laisse encourager par Tanis à faire preuve d'audace, à pénétrer là où normalement des jeunes gens comme eux n'ont pas le droit d'aller. Du coup, lorsqu'il découvre un masque divin et qu'il l'appose sur son visage, la transformation n'en est que plus forte. De nouveaux dons inattendus lui permettent de vite montrer l'étendue de sa puissance (et de son savoir) et d'instaurer le respect et l'adoration des siens. Pas seulement des siens, d'ailleurs, puisqu'il parvient à mâter l'irruption des guerriers vikings, adeptes de la violence et de l'esclavage. 

Tanis n’est pas exempt de défauts, ni d'audace. Certains éléments narratifs, comme le manichéisme des ennemis vikings ou des moments un peu prévisibles, peuvent donner une impression de simplicité par endroits, mais derrière tout cela se cache aussi des choix qui interrogent et sont loin d'être aussi évidents ou convenus qu'on pourrait l'imaginer. Citons par exemple la manière dont la relation entre Tanis (une jeune fille. Vraiment jeune) et le grand et viril évolue. Un couple improbable, voire dérangeant pour les esprits calibrés sur la morale et la société moderne, qui donne la sensation d'une héroïne/victime, qui durant l'essentiel de ce premier tome assiste aux événements (qu'elle a pourtant largement favorisés) sans pouvoir peser de façon concrète.  Les décisions du nouvel Osiris se font sans qu'elle soit consultée, et les meilleures intentions sont le plus droit chemin pour finir dans une impasse. Le pouvoir corrompt, mais ce n'est pas tout : s'il impose le respect par la crainte, il ne protège pas de la trahison et de la vengeance, à la première occasion, s'il vient à chanceler un instant. Graphiquement, Stéphane Perger livre une œuvre magistrale. Ses dessins réalistes et dynamiques, sublimés par une palette de couleurs chaudes, confèrent aux décors et aux personnages une profondeur qui captive dès le premier coup d’œil. Vous qui fréquentez ces colonnes virtuelles et qui aimez particulièrement le comic book américain, vous serez en terrain conquis avec l'artiste, qui apporte la patine de crédibilité et de maturité nécessaires pour toucher un public plus large et expérimenté. De quoi promettre à Tanis un succès assez large et auprès de publics fort variés. On attend la suite, pour comprendre ce que va devenir cette héroïne malgré elle.  


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POP HISTOIRE D'UN MARIN : LA GRANDE AVENTURE HUMAINE SELON FABIANO AMBU


 Nous  avons récemment fêté les 90 ans d'un personnage phare de la bande dessinée américaine et mondiale, à savoir Popeye, inventé par E.C.Segar. Ce célèbre marin a connu de longues heures de gloire, des adaptations de toutes sortes, bandes dessinées, dessins animés, films, objets commerciaux… Mais comme beaucoup d'autres avant lui et après lui, Popeye a fini par tomber dans un relatif oubli, en tous les cas par abandonner le devant de la scène à d'autres types de héros et d'histoires. Imaginons un peu ce que serait devenu le marin aux gros biceps, de nos jours, s'il était bel et bien réel, au delà de ce qu'on connaît de lui sur le papier. C'est de ce postulat que part Fabiano Ambu, qui nous présente un protagoniste vieillissant et profondément marqué par la vie. C'est que sa femme (Olive, donc) son fils et son père ont été sauvagement assassinés, au cours de ce qui semble être un simple cambriolage qui a mal tourné. Depuis Pop(eye) n'est plus que l'ombre de lui même, et il s'est installé à Venise, sur une embarcation qui mouille dans le port. Il survit au quotidien en organisant des spectacles de rue, alors que son plus jeune fils est un agitateur social, qui se rebelle devant l'apathie du père, et remonte peu à peu la piste qui l'amène à découvrir la vérité sur le carnage de sa famille. Il se pourrait bien qu'ils aient en fait tous été assassinés ! L'enquête est périlleuse et se déroule au risque de sa vie. Le paternel, lui, ne veut rien savoir… il préfère noyer son chagrin dans l'alcool, plutôt que de regarder en face cette autre version des faits. Mais une fois encore, le destin ne va pas lui laisser le choix. Le peu qu'il lui reste, on va aussi le lui prendre. Dès lors, c'est un homme meurtri, totalement aux abois, qui va se réveiller et tenter un dernier tour de force; à défaut de pouvoir obtenir justice, pourquoi ne pas faire tomber le rideau sur une vie fantastique, en réclamant vengeance ?



Les amateurs de bande dessinée d'aventure, de parcours humain poignant, et de belles histoires tout simplement, ont tous rendez-vous avec cet album, qui est littéralement bluffant. L'art de Fabiano Ambu est ici merveilleusement bien mis en scène, du dessin mélancolique et élégant, opérant dans la suggestion, pour exploser dans une réalité crue, au scénario intelligent mêlant déchéance, puis résurrection humaine, et clins d'œil à l'amour de la Bd. Comme cette rencontre récurrente entre Pop(eye) et celui qu'on comprend être Corto Maltese, ou l'emploi de tout le cast de la série traditionnelle de Popeye. L'ensemble est aussi émaillé d'instants où explose une violence sociale latente, qui n'est pas sans rappeler certaines heures récentes de l'histoire italienne. Pop parvient à donner du corps et de la consistance à la matière de nos songes sur papier, pour en faire le matériau brut d'une chronique désabusée, mise en couleur et dotée d'une solide identité graphique, par Rosa Puglisi (Vorticerosa), ici parfaite dans son interprétation du pessimisme ambiant et la traduction d'une ville imprégnée d'une évidente décadence aquatique. Tout ceci fait de Pop un véritable petit bijou indispensable, qui fait l'objet d'une réédition à l'occasion du festival d'Angoulême 2025. Si vous ne pouvez pas vous y rendre mais que vous souhaitez obtenir votre exemplaire dédicacé avec un joli dessin de Fabiano Ambu, il suffit de nous contacter par mail : universcomics.lemag@gmail.com



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L'HISTOIRE D'UN VILAIN RAT : UNE OEUVRE FONDAMENTALE DE BRYAN TALBOT


 Bryan Talbot est un immense auteur, dont le talent protéiforme ne cesse de surprendre à chaque nouvelle œuvre (re)publiée. Avec Delirium, vous aurez peut-être l'occasion de (re)découvrir l'une de ses créations fondamentales, L'histoire d'un vilain rat, apparue à la fin des années 1990. Ce récit met en scène la fugue d'une jeune fille prénommée Helen, qui décide de quitter son foyer pour des raisons précises et, hélas, tristement répandues. La jeune fille subit régulièrement les agressions sexuelles de son père, tandis que sa mère choisit de détourner les yeux. Cette dernière va jusqu'à ignorer totalement sa fille et semble même regretter sa naissance. Dans ce contexte toxique, Helen porte depuis des années un sentiment de culpabilité écrasant, persuadée que tout ce qui lui arrive est de sa faute. Elle se sent également inadéquate, incapable de répondre aux attentes des autres. C'est là l'une des cruautés les plus profondes dans ce genre de situation : les victimes en viennent à croire qu'elles sont responsables de leur propre souffrance. Puis survient un événement de trop, une agression qui fait déborder le vase. Encore adolescente, mais forcée de mûrir précipitamment, Helen décide de fuir. Elle part seule, emportant avec elle un compagnon insolite : un rat qu'elle a recueilli et qu'elle garde précieusement dans son blouson. Cet animal, qu'elle protège et dont elle connaît tout après s'être passionnée pour ces créatures mal aimées, devient son fidèle allié. Ce lien singulier semble traduire une forme d’identification : Hélen se reconnaît dans ces rongeurs méprisés, que l'on qualifie souvent de nuisibles ou de parasites, mais qui cachent en réalité des qualités insoupçonnées. Helen est aussi fascinée par les œuvres de Beatrix Potter, une artiste britannique dont les récits et dessins lui servent de refuge. À travers le parcours chaotique mais finalement brillant de cette auteure, elle trouve un espoir : la certitude qu'il est possible de surmonter les pires épreuves, de construire quelque chose de beau même dans l'obscurité la plus totale, même lorsque tout semble voué à l’échec. Les premiers jours d'Helen à Londres sont cependant éprouvants. La météo hostile et les abris de fortune rendent son quotidien cauchemardesque. Pire encore, certains hommes qu’elle croise, qui semblent d’abord vouloir l’aider, cachent des intentions troubles. Ces rencontres lui rappellent douloureusement pourquoi elle a dû fuir son foyer dans la précipitation.



Et c’est ainsi qu’Helen, la jeune fugueuse, marche sur les traces de son auteure préférée et traverse une série d’aventures et de rencontres oscillant entre le tragique et un regain d’espoir en l’humanité. La période passée dans la rue est évidemment la plus difficile : pour survivre, il lui faut parfois accepter des compromis. Ainsi, elle se retrouve impliquée, malgré elle, dans un vol, ou encore accueillie par une bande d’amis qui vivent dans un squat. Là, elle fait une rencontre touchante : celle d’un jeune musicien un peu perdu, mais convaincu (justement) que la gloire l’attend au tournant.
 Cependant, Helen n’est pas prête à s’ouvrir aux autres, encore moins à tolérer qu’on la touche ou qu’on lui témoigne de l’affection, même avec les meilleures intentions. Ce refus est typique des victimes, souvent submergées par une culpabilité qui les empêche d’accepter l’intérêt sincère et respectueux que les autres peuvent leur porter. Après avoir décidé de faire de l’auto-stop vers le Nord de l'Angleterre, Helen finit par atteindre le village où résidait Potter. Elle y fait une rencontre décisive avec un couple d’aubergistes qui lui offrent du travail. Grâce à eux, elle comprend peu à peu qu’il est possible de s’ouvrir aux autres, que le mal ne se cache pas partout, et surtout qu’il n’y a aucune honte à être une victime. Ce nouveau départ lui permet de libérer ses émotions et de poser les premières pierres d’une lente reconstruction. La fin de l’album offre une véritable catharsis, aussi salvatrice qu’une bonne séance de psychothérapie. Bryan Talbot dirige son récit avec une intelligence et une humanité remarquables. Touchant et profondément juste, le récit évite habilement toute sensation de voyeurisme ou de spectaculaire malvenu. Le dessin, en parfaite harmonie avec le ton de l’histoire, s’adapte brillamment pour livrer des planches d’une sincérité rare. On suit de près l’évolution de cette fugueuse au destin cabossé. Mais cet album n’est pas qu’une simple bande dessinée : c’est aussi une œuvre d’utilité publique, reconnue comme telle. La bonne nouvelle pour les festivaliers d’Angoulême 2025, c’est qu’ils pourront découvrir cette nouvelle édition en avant-première, dédicacée par Bryan Talbot en personne, au stand de Delirium. Un espace où il faudra absolument s’arrêter dans les prochains jours !



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