LES SAISONS DE SUPERMAN (DC - Panini)


Un Superman pour chaque saison. Dis comme ça, ça ressemblerait presque à ces vieux albums Disney, « Une histoire par jour », où les gamins des années 80 pouvaient lire un bref récit de leurs héros préférés. Là, à quatre saisons quatre parties, qui se répondent en écho les unes avec les autres, dans une harmonie, un équilibre, qui fait tout le sel de cet album indispensable. Fouin de batailles homériques, de testostérone en excès et de toute puissance jamais contredite, c’est la version intimiste, presque poétique de Superman, que Jeph Loeb nous propose de découvrir. Oui oui, ce même Loeb qui a su à lui seul mettre un terme à l’excellence de « Ultimates », avec une troisième saison si insipide et décousue que les deux premières n’en ressortent que grandies plus encore.



Superman n’a pas toujours été un homme d’acier, occupé toute la sainte journée à sauver Métropolis, sa cité, et le monde, dans la foulée. Sa jeunesse, ses racines, elles sont à Smallville, dans le midwest profond, là où l’américain moyen cultive la terre et rythme ses activités sur le cycle des saisons, justement. En bon fils adoptif d’agriculteur, Supes aussi s’adapte au cours naturel du temps et des choses. Loeb a la grande finesse de multiplier les points de vue narratifs, et il le fait en choisissant avec soin qui prend la parole, pour narrer chacune des saisons. Ainsi le printemps, l’aube des saisons, permet de donner voix à Jonathan Kent, figure paternelle et initiatrice, et par là même rassurante et protectrice. La chaleur et l’érotisme de Loïs Lane embaument l’été, la froideur et la désillusion de Lex Luthor contamine l’automne, alors que l’hiver donne sa mesure avec une Lana Lang apaisée, sur fond de tapis de neige ouatée.


Le coté graphique n’est pas en reste. Tim Sale est vraiment très bon, avec ces crayonnés bouffants, amples et simples en même temps, et qui bénéficient d’un traitement couleur des plus pertinents et éclairés. Les fonds de case sont épurés et la couleur, justement, l’horizon et les nuances pastelles du ciel, remplacent la minutie d’un décor qui s’efface au service de l’histoire. Excellente initiative donc que ce Superman intimiste, ce superhéros tout puissant qui doit lui aussi composer avec la nostalgie, le temps qui passe inexorablement, certes pas forcément pour lui-même, mais pour tout ce monde qu’il a fait sien et l’a fait sien, et dont la finitude et la fragilité est au fond une des seules faiblesses du kryptonien. Homo sentimentalis vulnerabilis : Même sans être un grand connaisseur ou admirateur du personnage, ces saisons de Superman sont un classique qui ne craint ni la pluie ni le beau temps, à recommander fortement pour tout public.

Les saisons de Superman ( Superman for all seasons ) vient de sortir chez Panini.

Rating : OOOOO

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