Après Spiderman, l’univers NOIR embrasse maintenant les X-men, pour le second album d’une série qui s’annonce bien plus longue que prévue. Noir, fort justement, car l’atmosphère, le décor, les couleurs, tout concourt à créer une bd « pulp » classieuse, un véritable petit bijou graphique qui suinte l’Amérique de l’entre deux guerres, usant jusqu’au cliché des codes du genre, mais toujours avec une maitrise artistique telle qu’on ne peut qu’adhérer. Et je ne vous parle pas des couvertures, où le travail de Dennis Calero atteint des sommets ombrageux du plus bel effet. Mais revenons à cet album : tout débute par un meurtre, ce qui est fort logique vu le ton du récit. La victime est une belle jeune femme, une rousse du nom de Jean, qui porte un tatouage intrigant, un X, et dont le destin ne semble intéresser absolument personne, hormis un nouveau venu dans la police new-yorkaise, un certain Peter. Fred Van Lente, le scénariste, ressort de ses vieux cartons un personnage oublié, Thomas Halloway, qui fut autrefois le premier « Angel », durant le Golden Age de Marvel, et qui fit son apparition en 1940, pratiquement à la même époque à laquelle est située l’action de notre album. Halloway se met en tête de découvrir la vérité et commence ses investigations en allant interroger un détenu un peu spécial, un psychologue paraplégique du nom de Xavier, qui professe dans ses ouvrages la venue de la nouvelle génération d’êtres humains dominants dans notre société moderne et corrompue : les sociopathes ! Il aurait d’ailleurs contribué aux soins mentaux et à l’éducation de certains d’entre eux, un petit groupe de prétendus hors la loi génériquement définis comme étant les « X-men ». Le chef de la police, lui, installé à son poste par les pouvoirs mafieux locaux, ne voit pas d’un très bon œil l’avancée de l’enquête. Il faut dire qu’il s’agit d’Erik Lensherr, immigré russe en Amérique, et que ses méthodes discutables ne prévoient ni atermoiements ni pitié. L’histoire devient complexe, se déploie sur plusieurs niveaux, entre trafic d’héroïne, collusion mafieuse, corruption et recherche de l’assassin de Jean. Au point qu’on finit même par y perdre ses petits en cours de route.
Les X-men de cette aventure sont Scott « Cyclops » Summers, Bobby « Iceman » Drake et Henry « Beast » McCoy. Warren Worthington III s’est lui suicidé peu de temps auparavant en se jetant du toit de l’institut de Xavier, pensant qu’il pouvait voler (il a du se tromper d’univers Marvel). En réalité, il a probablement été poussé dans le vide par la Confrérie, l’organisation qui gère le crime à NY, et qui a à sa tête Magnus, eugéniste intraitable pour qui la moindre faiblesse équivaut à une condamnation à mort. Le refus de Xavier de s’allier avec lui est de cet ordre. Mais Magnus doit tout à Sebastian Shaw, leader du Club des Damnés, et il a lui aussi des comptes à rendre sur ses activités. Shaw a un grand ennemi, Unus, dit l’intouchable, qui est un autre des grands noms de la pègre de l’époque, et qu’il souhaiterait enfin voir manger les pissenlits par la racine. Magnus est donc chargé de mettre la main sur une certaine Anna-Marie Rankin, dont le pouvoir de « s’adapter » à la personnalité et aux capacités de son interlocuteur en fait une arme aussi efficace qu’unique. Et là je m’arrêterai, avant d’avoir recours au reste du tube d’aspirine, pour vous raconter le reste de l’album. Qui est bon, indéniablement, capable de s’affranchir de la traditionnelle imagerie mutante et super héroïque, mais qui désire également explorer tant de ramifications et de secondes pistes à la fois qu’il en devient pratiquement indigeste, trop dense pour au final quatre petits épisodes qui sont tiraillés entre toutes les potentielles directions à suivre, sans jamais vraiment se décider. Si j’ai souligné l’excellent ouvrage de Callero, je voudrais juste ajouter que l’atmosphère profondément sombre joue aussi de vilains tours aux lecteurs, qui doivent parfois ruser pour clairement identifier quel est le personnage représenté dans telle ou telle case, et participer au grand jeu : mais de quel X-man s’agit-il, dans cette représentation « noir », saurais-je le reconnaître ? Mais aussi que Panini n’a pas fait preuve de grand discernement en remplaçant certaines interjections, certaines insultes, par une censure subtile en forme de gros XXX majuscules. L’album étant de toutes manières destiné à un public averti (voir le petit macaron rouge en bas de couverture) je n’en vois franchement pas la nécessité. Pire encore, ayant entre les mains un album titré « X-men », j’ai dans un premier temps mis quelques secondes à réaliser qu’il s’agissait bien d’une forme de censure, et pas un artifice propre à l’histoire. Cela dit, ça ne gâche pas un autre des petits plaisirs de ce type d’album : savourer l’odeur des pages et de l’encre, lorsque celle-ci est à peine sèche et que votre volume est flambant neuf ; une autre manière de se droguer, ou de se laisser bercer par les effluves super héroïques des rotatives.
Rating : OOOOO
Rating : OOOOO
C’est vrai, le graphisme est superbe et sert très bien ce récit "NOIR". Dennis Calero est au top, je crois que c’est aussi lui qui a dessiné Daredevil Noir. Petite déception cependant car j’espérais le bouquin à 10 euros comme pour le Spider-Man. Eh bin non, c’était mal connaitre Panini, maintenant c’est 12 et malheureusement j’ai le sentiment que pour le reste de la série NOIR aussi! Ils sont vraiment XXXXXX chez Panini ! C’est vraiment des XXXXXXX !
RépondreSupprimerUne énorme ( bonne ) surprise ! Les dessins donnent tout de suite le ton et le scénario est exellent ( j'ai connu plus compliqué chez Marvel ) et les personnages de la terre Marvel original sont habilement intégrés dans cet univers ! Un album qui me donne envie de connaitre la suite de la série Marvel Noir !
RépondreSupprimerCe n'est pas un album qui a séduit tout le monde; j'admet l'avoir trouvé pas mauvais, mais trop confus, et les dessins sombres n'aident pas à apprécier l'histoire. Une opinion personnelle, bien entendu.
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