Retour ce jour sur un album de la collection 100% Marvel, CAPTAIN AMERICA : THE CHOSEN, qui m'avait toujours echappé ! N'oublions pas que le personnage est né avant tout comme exutoire pour les soldats et la population engagés dans le seconde guerre mondiale, c'est donc un comic-book qui a le conflit et la patriotisme dans le sang, ce qui explique parfois une réthorique ampoulée et pas toujours très subtile. Ici, nous suivons le combat de Jimmy Newman, un marine embourbé dans la sale guerre d'Afghanistan. Ce soldat n'a rien de particulier, il ne vole pas, n'a pas de super force ni de super intelligence. Mais il a un sacré courage, celui de surmonter et vaincre ses peurs, ce qui lui permet, au moment décisif où ses compagnons blessés comptent plus que jamais sur son aide, d'être l'homme de la situation et de sauver des vies. Mais le courage a besoin d'une source d'inspiration pour être alimenté et jaillir à flots. La source de Jimmy, c'est Captain america, qu'il voit apparaître à ses cotés, pour déjouer une embuscade rebelle, ou pour le pousser à dépasser ses phobies et sortir d'une grotte condamnée suite à une explosion, avec ses camarades du front blessés et dépendants. Ce qui est assez étonnant, compte tenu que Steve Rogers, pendant ce temps là, est en Amérique, et se meurt ! Le sérum qui lui donne depuis toujours ses pouvoirs ne semble plus faire effet, et au contraire, il agit comme un poison qui le ronge de l'intérieur. Son dernier geste de courage sera de participer à une expérience parapsychologique : projeter ses pensées, son image astrale, à de courageux américains aspirants à devenir de simples héros, de simples humains à la bravoure illimitée.
Ne cherchez pas trace de continuity dans ce récit, il n'y en a pas la moindre, et c'est tant mieux. Cet album fait partie de la collection alternative "The end", qui envisage la manière par laquelle les plus grands héros pourraient bien tirer leur révérence. Au même moment, par ailleurs, Cap se faisait tirer dessus sur les marches de la Cour Suprême, et disparaissait également (momentanément) de l'univers Marvel traditionnel. La grande force de cet album est de convoquer les bons sentiments typiques de la série (tu seras un patriote mon fils, et puis tu n'auras peur de rien, God bless America), les scènes de guerre (une guerre confuse, où l'ennemi et l'etranger dans le besoin se confondent), sans pour autant tomber benoîtement dans l'imbecillité ou le conformisme nationaliste. Il n'est pas honteux de dire qu'on aime son pays, et qu'on souhaite se dépasser quand on lutte pour lui. Autrement je serais peut être en train de rédiger cet article en allemand. Ou pas du tout, car je m'étonnerais fort, dans cette hypothèse, que Captain America puisse être publié tout court. D'où mon intérêt pour cette ode au courage et au dépassement de soi. David Morrell, l'homme derrière ce récit, sait de quoi il parle, c'est même un éminent spécialiste du genre. Il est l'auteur de nombreux romans de ce type, dont le plus fortuné d'entre eux fut, en 1972, à la base de ce qui allait devenir par la suite un des plus grands films (et franchises) du cinéma guerrier, Rambo. Mitch Breitweiser est particulièrement efficace aux dessins, ses planches jouent à merveille avec le noir, les ombres, le réalisme cru et anguleux d'une existence précaire, à trembler sous l'uniforme, en terre hostile. Encore un de ces albums à conseiller à ceux qui ne lisent pas forcément de comic-books traditionnels, à base de capes et de spandex. Une aventure auto-conclusive, qui se veut avant tout une expérience humaine, une tragédie qui se consumme par les deux bouts : ce que l'homme a de plus abject, et ce qu'il conserve de plus noble au fond de lui. Avons nous vraiment tous un peu de Captain America enfoui sous nos peurs?
Rating : OOOOO
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