SECRET WARS : FUTURE IMPERFECT #1

Les lecteurs qui étaient déjà là à la bonne époque Semic ont probablement beaucoup d'affection pour ce vieux Top Bd qui publiait en Vf une aventure hors continuity de Hulk, intitulée Future Imparfait. En fait une des parutions les plus marquantes consacrées au géant vert, de tous les temps. On y faisait connaissance avec le Maestro, version encore plus puissante s'il en est de Hulk, vieilli et aigri, s'adonnant sans vergogne à ses plus vils penchants, et doté d'une salle des trophées conquis et arrachés à tous ses adversaires, trucidés les uns après les autres. Une image saisissante, que nous devons à la minutie de George Perez. Et bien Future Imperfect aussi est de retour, avec Secret Wars. Nous mettons le cap sur Dystopia, une zone où le Maestro peut exercer ses talents de tyran dans son château et son territoire. La résistance tente de s'organiser, mais c'est une mission quasi impossible qui attend les insurgés. Ruby Summers (issue du run de Peter David sur Facteur X), mutante doté d'une peau en quartz rubis et projetant des rafales de plasma, décide de passer à l'action après avoir fait une heureuse rencontre dans le désert : Odin, le père des dieux, ces mêmes dieux auxquels plus personne ne croit et qui ont été ravalé au rang de mythes. Présence rassurante et permettant de faire l'espace de quelques pages la jonction avec l'univers Marvel traditionnel, ce Odin peut aussi être vu comme un élément perturbateur, qui pourrait libérer Dystopia et même faire chanceler le pouvoir suprême sur le Battleword, détenu par Doom. Oui mais voilà, tout ceci n'est qu'apparence, faux semblants, ruse, et la vérité, qui éclate dans la seconde partie de ce numéro un, est aussi cruelle que réjouissante. Peter David doit bien se divertir avec ce Maestro dont il connait par coeur les codes, pour être le scénariste originel de la première mouture de Future Imperfect. On sent le fun et l'inspiration, on entrevoit là une série parmi les toutes meilleures de la grande tapisserie Secret Wars. Greg Land est le dessinateur qui succède à Perez, donc. Le style est différent, mais ce bon Greg s'en sert fort bien. Il limite ses défauts et ses tics structurels (poses ultra figées et copier coller assumés d'une série à l'autre) et parvient à transmettre une puissance, un dynamisme enviable dès que l'action s'emballe. On l'aime bien ce Maestro, presque invincible, et de surcroît intelligent, fourbe, pervers. Que des qualités quand on vise le rôle de grand méchant charismatique. Misez une pièce sur ce titre, vous n'allez pas demander à être remboursé, d'autant que le second numéro sera le prétexte à une belle bastion classique et légendaire, entre deux antagonistes de longue date. 


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INFINITY : L'INTEGRALE EN JUILLET CHEZ PANINI

Double front! Les Vengeurs sont débordés... Dans le plus profond de l'espace la situation est en train de vite dégénérer avec l'avancée inexorable de la race des Bâtisseurs qui envahissent et remodèlent tous les mondes qu'ils rencontrent. Accessoirement ils peuvent aussi les détruire. Sur terre c'est de Thanos dont il faut se méfier. Le Titan Fou a décidé d'écumer le cosmos à la recherche de tous les enfants illégitimes qu'il y a semé. Sur notre planète son rejeton vit caché au beau milieu d'une cité inhumaine secrète, mais avec les bonnes armes et un peu de persuasion on finit toujours par obtenir les renseignements les plus précieux. Thanos a su s'entourer d'un équipage aussi cruel que lugubre avec des créatures véritablement antipathiques et repoussantes, comme Proxima Minuit, Corvus Glaive ou Mâchoire d'ébène (dont le nom est tout un programme). Et dans les étoiles c'est la déroute, la débandade. Les Avengers pensaient avoir du pain sur la planche mais ils vont au devant d'une cuisante catastrophe et ils accumulent revers sur revers, devant ainsi se rendre à l'évidence... dans un conflit de cette ampleur avec de tels enjeux, les pertes humaines sont à prévoir, et il faudra un sacré talent de stratège pour trouver la faille et changer le cours d'un conflit inexorable. Vous souhaitez mettre la main sur une grande fresque ambitieuse et truffée de rebondissements militaires? Vous avez demandé Jonathan Hickman, ne quittez pas.

Infinity est un peu le point d'orgue de tout le travail du scénariste, depuis son arrivée sur la franchise des Vengeurs. Certes, nous savons depuis que son véritable objectif est encore plus dingue : déconstruire le Marvel Universe avec Secret Wars, et insuffler l'énergie pour un nouveau départ qui sera donné dans quelques semaines. D'un coté, il place les Avengers devant un adversaire dont les moyens et la détermination font que rien ne semble pouvoir l'abattre, de l'autre il se sert de Thanos, un des personnages préférés des fans, pour provoquer des événements qui cette fois ne seront pas sans répercussion. Tout d'abord nous allons faire la connaissance de Thane, le fiston, qui se veut guérisseur, mais apporte la destruction. Puis le face à face entre le titan et Flèche Noire sera le prétexte à un acte insensé en apparence, qui va bouleverser la géo-politique Marvel, reléguer les mutants à l'arrière plan, pour donner une visibilité extrême au peuple des Inhumains. Il y a un peu de tout dans Infinity. Des héros qui se détestent et se trahissent (pour sauver tout un peuple, peut-on en sacrifier un autre?), des hommes dépassés par l'ampleur des enjeux, perdus dans l'espace, confrontés à la modestie du devenir humain, enfin des affrontements homériques, mis en scène avec brio par un Dustin Weaver dont le trait précis et analytique frôle très souvent la perfection, tant on le découvre à l'aise et inspiré avec cette parade de personnages, où il n'oublie et ne néglige personne. Panini propose de redécouvrir l'intégralité de la saga avec trois volumes librairie d'un coup. Le premier est consacré à la saga Infinity en elle même. le second et le troisième contiennent les histoires annexes publiées dans les mensuels Avengers et New Avengers, et que vous auriez tort de négliger, car s'insérant parfaitement dans la grande trame de Jonathan Hickman (pour cause, c'est lui l'unique scénariste). Incontestablement le plus réussi des grands "events" de ces dernières années, voilà une lecture fortement recommandable. 

GEOFF JOHNS PRESENTE SUPERMAN TOME 6 : ORIGINES SECRETES

Qu'est ce qui peut bien pousser certains auteurs à vouloir écrire, encore et encore, les origines de nos héros de fantaisie, tant bien même celles ci sont archi connues du grand public, et régulièrement suggérées d'une aventure à l'autre? Personne n'ignore la genèse de Superman, même ceux qui ne lisent habituellement pas de comic-books savent que le petit Kal-El est arrivé sur notre planète à bord d'une fusée, dernier rescapé de la planète Krypton, et qu'il a été adopté par une famille d'américains moyens du Kansas, les Kent. Geoff Johns, qui avait déjà commis "un "Green Lantern - Secret origins" lors de sa longue carrière remet le couvert avec le plus célèbre des personnages de l'univers de la Bd super héroïque. Le cahier des charges est bien entendu respecté scrupuleusement. On y trouve de l'émotion et des bons sentiments (avec les parents adoptifs et tout l'amour qu'ils transmettent à leur rejeton), le cast habituel de la série (Lex Luthor et le premier grand coup de foudre, Lana Lang, suivie de Loïs Lane) et les murs porteurs qui soutiendront par la suite toute la légende du héros. C'est aussi un récit initiatique, avec le jeune Clark qui découvre progressivement ses incroyables pouvoirs (il est quand même invulnérable, il sait voler, il a une vision laser, entre autres). John Byrne avait déjà admirablement raconté plus ou moins les mêmes choses, juste à la suite de la mythique saga Crisis on Infinite Earths. Le titre s'appelait "Man of Steel" et il avait permis de remettre un peu d'ordre et de rationalité dans le panthéon de Superman. 20 ans d'aventures et de continuity malmenée ont probablement posé les jalons pour cette énième relecture, qui soit dit en passant, est un excellent investissement pour les nouveaux lecteurs de la série. Elle permet d'ailleurs de donner une version définitive et claire de ce qui a précédé les aventures modernes de Superman, pour ce qui est de la période classique de l'univers Dc; Depuis les New 52 sont passés par là et la donne à encore varié.

Il faut dire aussi que le tout est ici bien raconté, et fait même sourire assez souvent. Comme lorsque le jeune Kent, encore inexpérimenté, embrasse pour la première fois la tendre Lana, ce qui déclenche par la même sa vision thermique (une belle parabole pour toute autre chose, inutile que je vous fasse un dessin. Dans le même ordre d'idée, voir Peter Parker, ado frustré, qui s'entraîne tout seul dans sa chambre à lancer de la toile d'araignée gluante.) Clark Kent va devoir aussi apprendre l'amitié, ou tout du moins construire ce qui peut l'être, quand on a affaire à un génie arrogant et retors comme Lex Luthor. L'écueil d'une relation équivoque et dégoulinante de bons sentiments déplacés (Smallville, par exemple) est brillamment évité, car ce Luthor là est vraiment un type qu'on apprend vite à haïr, et avec délectation. Il  faudra aussi que Clark trouve les expédients justes pour maintenir son identité secrète, ce qui fait sourire quand on pense que depuis des décennies, il y parvient avec un peu de gel et une vieille paire de binocles. Johns nous emporte également dans le futur avec les Légionnaires de Brainiac ou Saturn girl, histoire de broder avec dextérité sur la période Superboy du héros. Les nouveaux lecteurs de l'univers Dc, qui souhaitent en apprendre d'avantage sur le kryptonien le plus célèbre, où les nostalgiques, qui apprécièrent à sa juste valeur le Superman for all seasons de Loeb et Sale, par exemple, ne rateront pas cet album simple et efficace. Magnifié qui plus est par le trait pur, clair et rassurant, d'un Gary Frank très inspiré. Une maîtrise totale qui suinte l'émotion, la retenue, l'amour pour le personnage et son univers doucereusement rétro. Ce n'est pas parce qu'il n'y a rien de bien nouveau sous le soleil que ce n'est pas agréable pour autant de lézarder le dos à l'air, par une belle journée d'été.


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COSPLAY MANIA Episode 5

Retour de notre Cosplay Mania ce vendredi. après quelques semaines de repos, principalement à cause de l'arrivée de l'avalanche Secret Wars, nous revoici donc pour partager quelques unes des versions les plus drôles, sympatiques, réussies, ou tordues, de ce que l'univers du Cosplay fait subir à nos héros préférés. En toute donc pour la sélection du jour.


Et on commence avec un tour chez les Transformers, ce vendredi. Mais pourquoi se déguiser en robot, selon vous?


Doom est à la mode, avec Secret Wars. c'est le moment de se prendre pour un dictateur Latvérien.


Miss Sinistre. Pas si sinistre que ça quand même.


Gambit a toujours les bonnes cartes. Orange, seriously? 


La mode Peter Quill continue de faire des ravages en ce moment. Tout le monde veut se la jouer Star-Lord...


Autre mode inépuisable, Poison Ivy. Il faut le physique qui va avec...


Daredevil Part 1 : pour les amateurs de cuir rouge


Daredevil part 2 : Merci Netflix, le costume noir est quand même plus abordable, par tous. 


EX MACHINA : LA SERIE DE BRIAN K.VAUGHAN ET TONY HARRIS

La politique et le super héroïsme se mêlent dans Ex Machina la série ultra intelligente écrite par Brian Vaughan. Le protagoniste de ce récit s'appelle Mitchell Hundred et il est le maire de la ville de New York; mais avant d'accéder à cette haute fonction il avait aussi été brièvement un super-héros du nom de la Grande Machine. Son principal fait d'armes avait été de prêter main forte durant les attentats du 11 septembre où il avait contribué à sauver des vies. Adulé par certains, vu comme une supercherie par d'autres, il décide finalement de faire preuve de courage et de réalisme et abandonne la carrière héroïque pour se lancer en politique sans la moindre étiquette ni sans soutien d'aucun parti. Son équipe restreinte est composée de son meilleur ami et garde du corps (Bradbury) et d'une sorte de mentor d'origine russe qui est aussi un peu un père de substitution (Kremlin). Mitchell a un pouvoir fantastique, celui de pouvoir communiquer et donner des ordres à toutes les machines de la planète; il est en liaison télépathique directe avec elles mais ce don il ne l'a pas acquis de manière innée. En effet il a été victime de l'explosion un étrange engin repêché sous un pont, et les éclats lui ont laissé des cicatrices sur la partie gauche du visage, et sans que personne ne comprenne comment ni pourquoi Hundred est devenu un être à part. Mais dès son arrivée à la mairie de New York ils se rend compte, entre les arcanes de la politique qui parfois lui échappent et les tentatives d'assassinat durant les discours devant la presse, que cette nouvelle existence ne sera pas de tout repos. Plus encore lorsque la ville est paralysée par un hiver très rude et qu'un mystérieux assassin décide de s'en prendre aux conducteurs de chasse-neige qui désengorgent la ville. 

Et la situation ne peut qu'empirer. Cela se terminera très mal, c'est Hundred lui même qui nous le dit, dès l'introduction dans le premier numéro. Un bond dans le futur, mais aussi de fréquentes incursions dans le passé, des flash-back qui peu à peu s'agencent pour mieux nous permettre de comprendre ce qui s'est produit avant l'accession au poste de maire, et les secrets enfouis qui n'attendent que d'être révélés. Dans le premier tome d'ailleurs, d'étranges graffitis fleurissent un peu partout dans le métro, et aussi à la surface, et ils rendent les gens qui les fixent totalement dingues. Des symboles en rapport avec l'explosion de l'engin qui a conféré ses pouvoirs au héros. Ex Machina brille par le soin apporté au traitement de la vie politique, des enjeux sociaux (l'école publique contre l'école privée), certains encore d'actualité, plus que jamais, comme le mariage homo-sexuel, qui concerne le frère du principal collaborateur de Mitchell, avec son petit ami. Le chef de la police locale aussi est lesbienne, et Vaughan dépeint tout ceci avec naturel, sans surjouer ou dramatiser ce qui fort justement devrait être l'ordinaire. Les dessins de Tony Harris font dans le réalisme, et suivent au plus près les silhouettes, les corps, toujours en mouvement, en gesticulations, insufflant de la vie mais aussi parfois un peu de chaos aux planches belles et froides de l'ouvrage. On appréciera aussi le titre, tout simplement, qui est un joli jeu de mot lié au Dieu qui sort de la machine, pour résoudre les tragédies grecques dont l'issue semblait fort trop incertaine, mais aussi à l'abandon de La Grande Machine, qui a laissé son jet-pack aux vestiaires et a décidé de mener une vie civile, pour s'investir en politique et changer le monde autrement. Bien mal lui en a pris, c'est la descente aux enfers. Une série à suivre chez Urban, en cinq tomes. 


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JUSTICE LEAGUE OF AMERICA #1 DE BRIAN HITCH

La nouvelle série targuée "Justice League of America", réalisée intégralement par Brian Hitch, est arrivé dans les comic shops. Essayons de resituer d'abord l'action dans son contexte : le line-up de départ de la JLA comprend tous les gros calibres de la première mouture (je parle bien sur des débuts des New 52). Le couple Superman/Wonder Woman ne s'est pas encore formé et Aquaman doit justifier la position des atlantes devant le conseil de l'O.N.U. Hal Jordan est toujours le Green Lantern que nous connaissons et aimons. Bref, c'est un saut en arrière, quand tout était plus simple, plus frais. La menace elle est d'ordre apocalyptique. Dès al première page, on sent que ce pourrait bien être la fin de tout, et que cette fois Superman ne sauvera pas la mise, bien au contraire. D'ailleurs, lorsqu'il est invité à rencontrer un scientifique de génie au sein des entreprises Infinity Corporation (une invitation adressée à Clark Kent, ce qui n'est pas de bonne augure car sa double identité n'est normalement connue que de bien peu de monde...), l'homme d'acier fait une découverte bouleversante, qui aurait de quoi glacer le sang au plus solide des héros. Il se retrouve dans une pièce abritant les cadavres d'une soixante de Supermen prélevé à travers le temps, tout défaits et morts, et apparemment responsables de la fin du monde, de leurs mondes. Le scientifique, un jeune gamin irritant mais ultra doué, ainsi que sa collègue, ne sont en réalité pas ce qu'ils semblent être, et le mystère plane pour ce qui est de leurs vrais objectifs. Pour le moment, ils demandent au kryptonien de se "mettre en retrait" et de sacrifier sa mission pour le bien général, cesser d'agir pour sauver des milliards de vie. En parallèle, le Parasite a été volontairement libéré et il peut se déchaîner contre les membres de la Justice League, qui ont été convoqué par une un ennemi extérieur, rassemblé pour faire face à la menace et se prendre une rouste mémorable, comme de vulgaires débutants qui n'auraient pas potassé le fiche concernant les pouvoirs et les capacités de leur ennemi. Brian Hitch est égal à lui même et livre un service conforme à ce pourquoi on lui a confié les commandes d'une telle sortie. Combats titanesques et bigger than life, action à foison et luttes spasmodiques, et quelques pistes semées ici et là pour faire monter la pression, dérouter le lecteur, et laisser l'intrigue s'étoffer, s'épaissir, sous le signe du complot, des forces de l'ombre, d'une menace encore non identifiée mais toute puissante. Si nous l'avons déjà vu plus inspiré sur les gros plans et certaines anatomies, il n'empêche que le job est garanti, et qu'il se pourrait bien que ce titre soit une des bonnes surprises de l'été. Avec les gros bras à nouveau tous ensemble et une opposition d'envergure qui reste encore à déchiffrer, on devrait normalement avoir de quoi se réjouir dans les prochains numéros. Affaire à suivre, donc.

SECRET WARS : WEIRDWORLD #1

Arkon est un barbare, un soldat, un guerrier, un macho pur et dur. D'ailleurs sa nation d'origine s'appelle Polemachus, ce qui est tout un programme en soi. Hélas pour lui, il erre dorénavant sans fin, complètement perdu, à travers une étrange contrée où les lois de la physiques n'ont plus cours, et où le quotidien est emprunt d'absurde, de violence et de folie. C'est que nous sommes sur le Weirdworld, une des émanations les plus bizarres, les plus insolites, de l'univers repensé à l'occasion de Secret Wars. Arkon a beau être un homme fier et courageux, à force de tourner en rond et de ne plus savoir où diriger ses pas, il en finit par ressentir une profonde lassitude, voire même des tendances suicidaires qui le poussent à abandonner à jamais la quête pour retrouver son chemin. Mais renoncer ne lui est pas permis, et armé de sa carte où il trace peu à peu le plan des lieux qu'il traverse et de ce qu'il y rencontre, le voici qui va se mesurer à un dragon, des ogres, et un panorama qui semble dessiné sous LSD par un Mike Del Mundo toujours aussi poussé vers l'expérimentation, la merveille visuelle, l'audace formelle, ce qui donne des planches fichtrement bien construites et exigeantes. Vous l'avez compris, nous sommes là dans un univers fantasy, et ce n'est pas non plus une nouveauté absolue, puisque le Weirdworld remonte aux années 70, et avait été adoubé par des artistes du calibre de Mike Ploog ou Doug Moench. Arkon le barbare n'en est pas issu à la base, on est plus habitué à le voir aux cotés de la sauvage Thundra, et fréquemment il rencontre des héros plus traditionnels qui sont de passage dans son univers particulier. Jason Aaron a trouvé le subterfuge parfait pour exposer ses idées, sans devoir tout expliquer de A à Z. Placer un héros désemparé, lui aussi dépassé par les événements, c'est prendre le lecteur par la main et lui dire "suis moi, nous allons en voir de belles, mais sois patients, car tu sera perdu au début". M'est avis que cette série aura peu de répercussions directes sur le noyau central des Secret Wars, mais peut-être est-ce mieux ainsi car les auteurs vont pouvoir écrire et dessiner en roue libre, sans devoir se plier aux exigences et aux trames de leurs collègues. En tous les cas le pari ne manque pas d'audace, ni de panache, d'autant plus que ce #1 se termine par une apparition sympathique, qui apporte un enjeu supérieur à cette incursion dans le Weirdworld. Un titre dont on n'attendait rien (on ne l'attendait pas, tout simplement) mais qui mérite qu'on y prête attention. Je suis bien curieux de voir où et comment Panini le publiera en Vf. 


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MARVEL SAGA 7 : THE PUNISHER (RETOUR EN VILLE)

On avait laissé le Punisher de Nathan Edmondson en pleine panade. Et bien ça ne s'arrange pas, croyez moi. Rappelez-vous, Frank Castle était parti vivre à Los Angeles, et une fois sur la cote ouest, il avait entrepris de nettoyer la ville comme il peut le faire régulièrement à l'est, dès que l'occasion se présente. Sous le soleil, la violence n'en est pas moins présente, avec des gangs rivaux qui se déchirent et des meurtres un peu partout, sauvages. Frank a fort à faire face au gang des dos Soles, et ses hommes de main (Electro). il est aussi braqué par les hommes des Howling Comandos, des barbouzes à la solde de l'état, probablement. Du coup, laissé pour mort, il franchit la frontière du Mexique, se fait capturer et se retrouve torturé quelque par vers le Nicaragua ou le Costa-Rica. C'est qu'il y a une grosse prime sur la tête du Punisher, et les acquéreurs ne manquent pas. La bonne nouvelle c'est qu'il ne sera pas abattu avant d'avoir été cédé à bon prix, la mauvaise c'est que l'acheteur envoie Crossbones sur les lieux pour récupérer le captif, et ce mercenaire est un dur à cuire, un vrai. c'est assez bizarrement un Punisher version "militaire" que nous découvrons dans les premiers épisodes de ce Marvel Saga. Il se lie d'ailleurs avec un malheureux soldat américain échoué dans les parages, et ensemble ils organisent une évasion spectaculaire qui prévoit quelques bobos et l'utilisation d'un armement lourd. Il y a un peu des embûches au Viet-Nam ou en Irak dans ces pages, et Castle a tendance à accepter l'idée de ne plus opérer seul, ces temps derniers. Je dois admettre que si ça se laisse lire sans déplaisir, ce ne sont pas les meilleurs moments, et que c'est à partir du troisième épisode, quand la situation se clarifie et que le Punisher passe à l'offensive en compagnie de Black Widow, que le récit commence à gagner en volume, et à me captiver. C'est aussi à ce moment là que nous revoyons un peu du personnage que nous connaissons, toujours aussi motivé et inflexible, toujours prompt aux missions suicide. 

Le Punisher a t-il changé? En tous les cas, il est le premier à le reconnaître. Il est fatigué, certaines petites choses lui manquent (comme le snack où il avait pris ses aises, à Los Angeles) et quand les malfrats mettent la main sur les ultimes membres de sa famille (pour en savoir plus sur leurs identités il faudra attendre la prochaine fournée d'épisodes), il ne fait pas passer les questions personnelles avant tout, mais il poursuit son plan méthodique pour nettoyer la ville, pour la mettre à sa botte, à sa façon. On a toujours l'impression, par contre, que de courir au devant d'un destin funeste ne fait pas peur à Frank Castle. C'est un homme en sursis, qui a une mission, et qui n'attend que le jour où celle-ci le portera sur un chemin sans retour, avec la mort au bout du parcours. Ce qui est drôle avec Edmondson, c'est que ce Punisher est suffisamment éloigné de ce que nous avons lu récemment pour en faire une série originale et à suivre, et en même temps on ne peut pas dire non plus que l'anti héros a été repensé en profondeur. Son "aide de camp au féminin", Rachel Cole-Alves, héritage du run précédent de Greg Rucka, fait ausi son apparition dans ce Marvel Saga, ce qui prouve bien qu'il s'agit avant tout d'aller de l'avant avec les bonnes idées du passé, plutôt que de vouloir réinventer le Punisher sur la West Coast, avec des chemises hawaïennes et un Malibu à la main. Et puis cette évidence que nous savions déjà, pour l'avoir lue sous tant de formes autrefois; le Punisher n'est jamais aussi dangereux que lorsqu'on le place dans une prison, ou qu'il est en otage. Ses ennemis ne peuvent pas l'enfermer, car ils sont enfermés avec lui. Mitch Gerads au dessin poursuit son job, le trait est maîtrisé, l'action suinte de chaque planche, même si je ne suis pas trop fans du visage actuel du personnage, il faut admettre que l'artiste rend une copie intéressante. A moins d'un euro l'épisode, c'est une aubaine et vous auriez tort de refuser. Pensez aux américains qui dépensent presque quatre dollars par mois, pour la même chose, sur un semestre!


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MARVEL DELUXE : SHADOWLAND (LA CHUTE DE DAREDEVIL)

Tout a forcément une fin. Y compris les bonnes choses, plus encore les bonnes choses. Le long run de Bendis sur Daredevil, idéalement prolongé par le travail de Brubaker, se termine en eau de boudin, entre les mains d'un Andy Diggle qui a le mérite de vouloir écrire quelque chose qui secoue l'univers de Daredevil jusque dans ses fondements, mais qui peine fortement à se révéler crédible, et ne rend pas hommage à tout ce qui a précédé. Petit rappel des faits, pour bien comprendre l'entité du désastre : Norman Osborn est tombé, et le cycle dénommé "Dark Reign" touche à son terme. Matt Murdock est toujours sur le pont, après avoir échappé à Bullseye, qui avait reçu l'ordre de le faire souffrir et de l'éliminer. La bataille fut rude et tragique, mais comme d'habitude Daredevil s'est imposé, au prix de terribles pertes. Traumatisé, le héros décide de prendre le contrôle de la secte de ninjas La Main, et il installe son quartier général en plein Hell's Kitchen, faisant de la zone une sorte de royaume des ombres; le Shadowland, donc. Oui, on nage en plein délire métaphysique et il parait peu sérieux de croire que Daredevil s'installe en position dominante au sein d'une organisation de tueurs impitoyables, plus encore qu'il tente d'en faire "sa chose" et de modifier le modus operandi de ses hommes selon son bon vouloir. D'ailleurs, ça ne marche pas, et c'est la descente aux enfers, rapidement. Pour se faire respecter et instaurer l'ordre le plus total et fascisant dans son quartier, le Diable Rouge s'entoure de personnages discutables au Cv tâché d'hémoglobine , et va même jusqu'à trucider Bullseye dans une scène spectaculaire et jouissive, le genre d'événement que les fans attendaient depuis des lustres. Le "Tireur" l'a bien mérité, après tout, non? Sauf que à coté de cela, on doit lire d'autres phases déconcertantes, comme les anciens amis ou alliés de Matt qui défilent pour chapitrer celui qui s'est laissé séduire par le coté sombre, et se font botter les fesses à chaque fois. Ou Wilson Fisk qui prend ses propres mesures, en allant même à invoquer l'essence du Ghost Rider... Andy Diggle dérape, et nous propose alors un Daredevil Vs tout le reste de la ville, où ça cogne, grince des dents, mais ne fait preuve d'aucune vraie personnalité, ou inspiration. 


C'est là le hic. La descente aux enfers de Matt est trop vite expédiée. Voilà, il est devenu impitoyable, un meurtrier, c'est comme ça, acceptez-le ou changez de lecture. ah non, pas tout à fait ... il est possédé. Du coup tout est permis. Même de considérer qu'il est normal de voir Foggy Nelson tenter de venir à la rescousse en escaladant un mur comme s'il avait été mordu par une araignée radioactive, ou que Murdock se retrouve représenté sous la forme d'un démon désarticulé à qui il pousse des cornes. Dire que tout avait commencé, sous Bendis, par un polar froid et glaçant, emprunt d'un réalisme confondant... Là, tout est prétexte à écrire ou dessiner n'importe quoi, même si le costume noir de DD, au final, je le trouve assez seyant et angoissant (les dessinateurs sont bons finalement, avec un Billy Tan et un Roberto De La Torre assez classieux). D'ailleurs, il aurait fallu voir venir la chose de loin : à chaque fois que Marvel perd les pédales et ne sait plus quoi raconter ou comment finir une histoire qui est allée trop loin, on nous ressert les artifices magiques. Un peu comme lorsqu'il avait fallu effacer l'identité publique de spider-Man, quitte à bousiller un mariage et des années de croissance pour un personnage qui avait enfin atteint la maturité. Ici tout est clinquant, rutilant, cherche à faire de l'esbroufe et épater la galerie, mais le quotient de crédibilité de Shadowland, et sa capacité à séduire un public habitué aux aventures de Daredevil, le héros qui ne connaît pas la peur ni l'idée de renoncer à lutter, est proche de zéro. Daredevil sombre dans le mal, et le scénario lui s'abîme dans la bêtise. On ne remerciera jamais assez Mark Waid pour avoir su ramener Murdock en surface, après ce qui ressemblait fort à une noyade dans un verre d'eau. 




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AXIS CHAPITRE 2 : INVERSION

Tout change vite, en 24 heures. Hier nous étions ici même en train de louer sans vergogne les talents de scénariste de Rick Remender, de dire tout le bien que nous pensions de ce type. Le lendemain, c'est à dire aujourd'hui, nous vous retrouvons pour vous annoncer que oui, Remender aussi a des traites pour la maison, la voiture, ou ce genre de dépenses régulières, et que comme tout le monde il doit bien trouver un moyen de les payer, pour vivre confortablement. Alors il écrit des trucs pas toujours très nets, mais beaucoup plus vendeurs et ronflants, et comme cela l'affaire est dans le sac. Ce doit être ça, la véritable origine de ce "Axis" qui se poursuit dans le second mini fascicule disponible en kiosque. On y retrouve la bataille homérique entre Onslaught le rouge et tous les héros, qui se sont fait rétamés de belle manière, et qui ont besoin de l'intervention d'un groupe de cinglés, d'assassins et de psychopathes notoires, pour avoir une possibilité de renverser la vapeur. Je veux bien croire à tout, y compris l'impensable, mais voir Carnage faire équipe avec d'autres calibres dans le genre, pour sauver les fesses de nos amis en costume, j'ai du mal à avaler la couleuvre. Tout le monde se tape dessus,, Leinil Francis Yu dessine ça en mode pilotage automatique (c'est meilleur dans l'épisode 4), c'est la foire à la blague à deux sous, même en pleine tragédie. Bien sur, comme c'est le troisième épisode seulement, le suspens est relatif, et on devine qui va s'imposer, à la longue. Après une vingtaine de pages d'une absurdité colossale et quasi insultante, enfin il se produit quelque chose qui mérite d'être noté : un sort d'inversion, lancé par Scarlet Witch (celle-ci, quand elle fait de la magie, il vaut mieux ne pas traîner dans le coin...). En gros les gentils présents sur le lieu du sortilège vont devenir un peu moins sympas, tandis que les méchants vont développer une tendance héroïque. Tout ceci alors que mutants et Avengers s'étripent au sujet du Crâne Rouge, neutralisé et emprisonné, et dont le destin est l'occasion d'une nouvelle dissension, après celle encore récente de Avengers Vs X-Men. Du coup le récit décolle et on va enfin pouvoir lire des choses plus pertinentes et bien pensées, même si reste le problème de fond. Axis est coincé entre Original Sin et Secret Wars, n'est que l'émanation de ce que Remender avait prévu sur sa série Uncanny Avengers, et n'a aucune ambition réelle de marquer les esprits à long terme, vu qu'il se passe des choses autrement décisives dans l'univers Marvel, au même moment (allez voir chez Hickman). Pas facile dans ces conditions de trouver le bon ton. Un bon point pour Panini qui publie un certain nombre de variant covers en pleine page, ça sonne presque comme un bonus agréable. 


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BLACK SCIENCE TOME 1 : DE CHARYBDE EN SCYLLA

Avec Black Science vous allez pouvoir plonger dans la théorie de l'Infinivers et de l'oignon. Imaginez donc que vous puissiez passer à travers toutes les couches de la réalité, que vous puissiez sauter d'un monde à l'autre et bondir ainsi d'un univers à son prochain, à la rencontre de scénarios fantasmagoriques tout droit issus de la science-fiction la plus débridée. Au centre de cet oignon dont vous visiteriez toutes les strates se trouve quelque chose d'encore inconnu, une sorte d'instant originel que l'on pourrait peut-être même appeler Dieu, et que des scientifiques exploreront peut-être un jour. En attendant la Ligue Anarchiste Scientifique menée par son fondateur Grant Mc Kay sont dans la panade la plus totale. Certes ils sont parvenus à inventer un appareil qui leur permet de partir à la découverte de toutes ces dimensions inconnues, mais la merveille technologique mise au point a été endommagé et les voici précipités d'un monde hostile à un autre, sans aucune possibilité de faire marche arrière. Les morts ne manquent pas, les catastrophes non plus; ce qui était au départ un fabuleux projet scientifique devient une expédition impossible dans le seul but est la survie. Au centre de ce drame, Grant a embarqué sa famille (et son amante) dans une odyssée qui vire au vinaigre. Sa femme, ses enfants, ses collègues, c'est tout son monde qui subit le contrecoup de décisions égoïstes ou mal pondérées, alors que d'un épisode à l'autre la situation ne fait qu'empirer et devenir intenable. Avec à chaque fois un impératif, se rapprocher du Pilier (le nom de baptême de cette invention qui permet les "sauts quantiques") qui après un temps donné les propulsera vers une nouvelle réalité fort différente. 


Rick Remender se définit lui même un accroc à la création de nouvelles séries. Avec ce Black Science, il a assurément mis toutes les cartes de son coté, en pouvant aller puiser à la source de tous ses travaux précédents, pour en faire une sorte de synthèse inépuisable. En effet, chacune des dimensions à explorer dans ce récit lui donne autant de nouvelles pistes, est une nouvelle donne scénaristique, lui permettant de faire évoluer ce titre vers des horizons modulables et inédits. La toile de fond est empruntée à la science-fiction la plus pure, mais il y est aussi question des rapports humains, d'un groupe d'individus et ses relations tendues (collègues de travail qui se jalousent, épouse et amante accompagnées des enfants délaissés) et des compromis qu'il faut bien faire pour maintenir un semblant de vie en société, indispensable pour la survie du groupe. Oui, c'est aussi une des thèses du Walking Dead de Kirkman, il faut croire que c'est bien dans l'air du temps. Cette fuite en avant est interrompu par moments par des flash-backs qui permettent de compléter l'histoire, et donnent au lecteur les informations manquantes pour justifier les réactions et les sensibilités des uns et des autres, en situation de stress intense. Matteo Scalera signe au dessin un boulot irréprochable, avec son trait nerveux et incisif, qui jongle entre bande-dessinée européenne et un petit coté Sean Murphy tout sauf désagréable. Il a fait des progrès de géant depuis ses premières séries pour Marvel, et il a un avenir radieux devant lui. Soulignons aussi le travail de Dean White sur les couleurs, qui explosent littéralement dans de nombreuses planches, et caractérisent parfois à elles-seules les paysages fantastiques de Remender. Une série au potentiel indéniable, que je vous recommande chaudement d'essayer. le Tome 1 était proposé par Urban Comics à dix euros, qui dit mieux? 




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SECRET WARS : YEARS OF FUTURE PAST #1

Avec Years of Future Past, on replonge dans un grand classique de l'univers Marvel, à savoir la chasse impitoyable aux mutants, jusqu'à l'extermination, ou la détention dans des camps de sinistre mémoire, qui font écho à la politique nazie durant la seconde guerre mondiale. Le plot de départ est à trouver bien entendu du coté de Days of Future Past, qui est aussi la source pour l'inspiration du plus récent long métrage mettant en scène les élèves de Charles Xavier. Impossible de dire si oui ou non Marvel a décidé de mettre à part les mutants pour son grand nouveau départ, au terme des Secret Wars, mais pour le moment ils sont choyés, avec de nombreuses séries clins d'oeil à ces sagas qui firent leur bonheur voilà des années. On reste alors dans le basique. Dans les camps, avec des détenus dont les pouvoirs sont contenus grâce à des colliers inhibiteurs, et qui servent même parfois comme cobayes pour des expériences scientifiques. Marguerite Bennett insuffle du sans frais en mettant en scène la fille de Kitty Pride et Colossus, et heureusement que le scénario nous le dit clairement très rapidement, car elle a un air de famille si frappant qu'elle pourrait jouer le rôle de sa mère sans que cela ne surprenne personne. Wolverine est de la partie (mais combien de Wolverines différents hantent donc ces titres targués SecretWars? Comme d'habitude Logan sert à toutes les sauces et accompagne tous les plats...) dans une mission qui le rapproche du baby-sitter sage et baroudeur. La jeune héroïne est une figure importante car elle est la dernière mutante née avant qu'une gigantesque vague de stérilisation ne mette la race entière en grand péril. Surtout que Magneto traîne ses guêtres dans un fauteuil roulant (c'est Scott Summers dans Inferno, comme si les auteurs ne pouvaient s'empêcher de décliner l'infirmité de Xavier dans toutes les variantes possibles) ou que Rachel Summers et Colossus sont impuissants. En cadeau bonus, on vous offre aussi le rejeton de Wolverine, histoire de contenter tout le monde. L'histoire reste basique, sans surprise étonnante, joue la carte de la sûreté. Mais ça fonctionne en grande partie, et l'ensemble se laisse lire sans sourciller, voire même fera venir un peu de nostalgie aux lecteurs dont le coeur se serre à l'évocation de ces pans de l'histoire mutante. Le dessin est de Mike Norton, et tout est fait, jusqu'à la mise en couleur, pour donner au titre un ton rétro qui le rapproche de l'aventure originelle dont il est tiré, tout en restant conscient que prétendre égaler John Byrne est une pure utopie. Years of Future Past s'en tire avec les honneurs. 


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JUSTICE LEAGUE OF AMERICA : ANNEE UN (TOME 0)

La Justice League, ce n'est pas que ce groupe de super-héros "badass" que vous connaissez depuis l'arrivée de la ligne New 52. Auparavant, c'était une des légendes du monde des comics, avec les Avengers chez Marvel, et un groupe aux multiples facettes, au roster en évolution permanente, et à la génése pas forcément très claire, puisque Dc avait fini par s'embrouiller les pinceaux avec des histories de "crises" aux conséquences parfois mal assumées (comme avec Superman, dont la nouvelle version ne lui permet plus d'être un membre fondateur de la JLA). C'est à Mark Waid qu'il incombe logiquement de remettre un peu d'ordre et de bon sens, avec ce Year One qui a l'intelligence de mettre en avant des personnages qui vivent trop souvent dans l'ombre de la Sainte Trinité (Superman Batman Wonder Woman, ici absents), et qui se révèlent pages après pages, en alternant scènes efficaces d'action super-héroïque et moments de vulnérabilité et de sensibilité personnelle. Le casting associe Black Canary (pas celle de la série Arrow, heureusement), The Flash, Green Lantern, Martian Manhunter (qui joue ici un rôle prépondérant et est une des clés du récit), et le roi des mers Aquaman. Les héros sont appelés à la rescousse par les forces militaires, pour s'occuper du corps de deux aliens, qui suscitent également l'intérêt d'un groupe d'hommes masqués en uniforme, qui tentent de s'en emparer. La situation dégénère lorsque les aliens reviennent à la vie et qu'un furieux pugilat éclate et oppose tout le monde. Au final, ce n'est pas un triomphe pour nos larrons en costume, qui perdent une des créatures, et sont discrètement évalués dans l'ombre par une étrange organisation, le tout à leur insu. Qu'à cela ne tienne, toute nouvelle équipe mérite une belle conférence de presse pour se dévoiler au public, et une bonne échauffourée en public pour montrer de quel bois elle se chauffe.

Nous sommes ici au lendemain de la célèbre Crisis on Infinite Earths, ce qui permet de travailler sur une matière encore malléable et d'éviter de se perdre dans la tapisserie de la continuity. Pour peu bien sur qu'on ferme les yeux sur l'absence de Superman ou Wonder Woman parmi les membres fondateurs de l'équipe. Mark Waid excelle comme souvent dans la caractérisation des personnages, n'oublie personne en chemin, et parvient à différencier chacun d'entre eux en révélant peu à peu aux lecteurs leurs faiblesses, et leur atouts, à trouver du coté de la vie privée. Il est aussi très féru de la bonne vieille époque du Silver Age et étale sa connaissance des amis et ennemis les plus disparates de la Ligue, en convoquant dans ces épisodes un bon nombre de personnages mineurs qui sont autant de clins d'oeil pour les lecteurs au long cours. L'ensemble s'étale sur douze épisodes et semble par moments exagérément dilués, voire désuets, tant le lecteur moderne a du s'habituer à des codes narratifs et des automatismes différents depuis que ce Year One a vu le jour. Mais il ne faut pas oublier le contexte, et ne pas bouder son plaisir pour autant. Puisqu'on parle de classicisme et de charme suranné mais évident, les dessins de Barry Kitson, essentiels et fuyant l'esbroufe, sont à mon sens efficaces et fort appréciables, avec un trait dur et énergique qui donne force et prestance aux personnages mis en scène. Coté bonus, il faut aussi remarquer que Urban a pensé inclure un épisode tiré de Secret Origins #56. C'est une excellente occasion de lire du jeune Grant Morrison, fraîchement auréolé d'une gloire naissante avec Arkham Asylum et les épisodes inédits en Vf à ce jour (une injustice criante que personne ne semble en mesure de réparer...) d'Animal Man, qui versent carrément dans la méta bande-dessinée. Rétro is beautiful, alors laissez vous tenter, vous ne le regretterez probablement pas. (Chez Urban, l'Année Un est présentée dans le tome 0. Histoire de chiffres à garder en tête)


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SECRET WARS : INFERNO #1

Vous avez peut être en tête la saga Inferno, qui marqua l'univers des mutants dans les années 80. Une horde démoniaque s'était emparé de Manhattan et la ville de New-York était devenue momentanément le terrain de jeu de créatures infernales, qui terrorisaient les habitants et donnaient du fil à retordre aux héros. Qui finirent par gagner. Mais pas dans ce monde issu de Secret Wars, où la victoire a basculé dans l'autre camp, qui en a profité pour capturer Illyana Rasputin, alias Magie. Cela fait quatre ans qu'elle est apparemment retenue en détention, et chaque année, à la date anniversaire, son frère Piotr tente l'impossible, avec une poignée d'amis, pour aller délivrer la jeune blonde. Mais cela se termine toujours mal, avec des soldats qui tombent au champ de bataille, comme lors de la tragique quatrième tentative. Scott Summers est grièvement blessé et finit dans un fauteuil roulant (tiens, le voici donc devenu son mentor, Charles Xavier...), alors que Colossus lui même est attaqué par Illyana, et regagne ses pénates avec un bras inutilisable à jamais. Dennis Hopeless a décidément un nom de famille qui colle bien à l'ambiance de ce titre, et il prend un malin plaisir à tourmenter Piotr, qui la rage au ventre et les idées embrumées par l'amour fraternel, ne se rend pas compte qu'il ne fait que courir systématiquement à la défaite et fait monter ses camarades mutants sur l'échafaud, à date fixe. D'ailleurs à moins d'être totalement stupides, les démons ont bien du se rendre compte que chaque année, il y a un jour plus sensible que les autres, où le X-Man en acier perd les pédales, et monte une opération suicide. Reste un détail, et pas des moindres : si les forces de l'enfer sont si fortes, que font-elles le reste du temps, et pourquoi acceptent-elles qu'une rébellion puisse être fomentée de temps en temps? Le vice de pouvoir la détruire à domicile, dès qu'elle pointe le bout de son nez? Et que font donc exactement Madelyn Prior et Alex Summers, qui apparaissent en "barons" de la zone, en fin d'épisode? Comme je n'ai à ce jour lu que le premier numéro, je ne peux pas encore répondre à ces questions, et je vous laisse découvrir le fin mot de l'histoire. Parlons aussi des dessins de Javier Garron. Ce n'est pas mon style, trop basiques et pas assez soignés. Mais les planches sont bien fichues, les héros bien caractérisés, et surtout on sent que Secret Wars oblige, les conséquences peuvent être lourdes, poignantes, ça ne choque ou ne dérange personne de trucider des héros. Et puis le plaisir de revoir les costumes de la période Facteur X (avec Scott Summers en tête de gondole), ce n'est pas rien non plus! Il y a du potentiel dans cet Inferno là, promis. 


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THOR PAR WALTER SIMONSON

Prendre la suite d'auteurs réputés comme Stan Lee ou Roy Thomas n'est pas une chose aisée. C'est probablement aussi pour cela que le mensuel Thor avait fini par battre sérieusement de l'aile, à l'orée des années 80. Plutôt que de fermer boutique, Jim Shooter eut la bonne idée d'appeler Walter Simonson en renfort, en 1983. Celui-ci avait déjà usé ses crayons sur le personnage, mais le travail de l'encreur Tony De Zuniga n'avait pas laissé un souvenir impérissable du produit fini. Simonson avait été séduit dans sa jeunesse par la mythologie liée au fils d'Odin, et il va entreprendre un vaste chantier de rénovation, de réappropriation de l'univers d'Asgard, au point de laisser une empreinte indélébile dans la longue histoire de Thor. Pour commencer, le scénariste choisit de rompre avec le passé immédiat, qui n'avait plus grand chose à apporter au personnage. Il décide par exemple de mettre un terme à la double identité Thor/Donald Blake, privant ainsi le lecteur du coté mortel du héros, et de ses amourettes avec les terriennes, mais en échange, il escogite un nouveau guerrier appelé à devenir l'égal du grand blond avec un marteau, un certain Beta-Ray Bill. Dernier survivant d'une race alien vouée à la destruction, pourchassée par des goules cosmiques, BRB défait le divin Thor en combat singulier, avec un coup de pouce d'Odin le Père, qui dans sa sagesse avait entrevu la noblesse et la grandeur d'âme de l'antagoniste. Thor est séduit par la vaillance de Bill, lui même en réalité impressionné et respectueux de ces preux Asgardiens qui l'ont accueilli avec bienveillance. Au final les deux rivaux deviennent de véritables amis, et Bill également se voit doté d'un marteau qui lui est propre (Stormbreaker), possédant des caractéristiques similaires à Mjolnir. Au passage c'est lui qui emporte momentanément le coeur de la belle guerrière Lady Sif, fatiguée de voir qu'on la réduit trop souvent au rôle de potiche à défendre. Thor retourne sur Terre et s'en va chercher du boulot, et un appartement, comme tout bon nouvel arrivant à Manhattan. Un petit coup de main de la part de Nick Fury lui permet de travailler sur un chantier, avec une paire de lunettes et une queue de cheval, histoire de s'inventer l'identité de Sigurd Jarrlsonn, pour vivre en toute quiétude parmi les humains (clin d'oeil à la double vie de Superman/Clark Kent, qui effectue même un cameo dans un épisode). Comme il célibataire, la perfide Lorelei (soeur de l'Enchanteresse) décide le suivre, et de le charmer à coups de potions magiques, afin d'en faire son esclave personnel. Ne croyez-pas que le Thor de Simonson soit un roman à l'eau de rose, car voici que les premiers grands défis arrivent à l'horizon. Avec notamment Malekith, et le démon Surtur. 

Malekith est le roi des elfes noirs, et il désire mettre la main sur l'écrin de tous les hivers, première étape vers une destruction massive. Surtur, lui, est un démon du feu que seul Odin avait pu vaincre autrefois, et qui prépare sa vengeance page après page, épisode après épisode, dès lors qu'on le voit forger une arme qui devrait lui permettre de provoquer Ragnarok, la fin de tout pour Asgard. Certes, on pourra reprocher à Simonson d'être un peu trop verbeux et de proposer des dialogues parfois ampoulés (la Vf en ce sens souffre de la traduction de Geneviève Coulomb, dans les Intégrale Thor, qui fait preuve d'une grande richesse lexicale certes, mais qui déroute par un choix de termes à la limite du ridicule par endroits) mais le scénariste se rattrape bien en ajoutant une ironie notable à son propos, et en multipliant l'action, les rebondissements, les sous-trames qui s'enchevêtrent avant de se rencontrer véritablement. Coté dessin, son style est remarquable. Il tire les leçons du maître Jack Kirby, et impose des personnages colossaux, de véritables forces de la (sur)nature comme ce Surtur gigantesque, ou le dragon Fafnir. Dans les scènes de bataille, on appréciera en oute son sens de l'onomatopée, sa capacité à reproduire les sons de la lutte et à les rendre partie intégrante des vignettes, voire de la construction de la planche elle même. Pour lire tout ce cycle, il existe un Omnibus en Vo, de presque 1200 pages, qui est malheureusement épuisé et se vend d'occasion à des chiffres fous (200 euros...). En France, Panini a présenté le Thor de Simonson dans une série d'Intégrales, mais là aussi les volumes ne sont plus présents en librairie, et la spéculation a fini par s'emparer du phénomène. Je regrette personnellement que la décision de nous offrir ce Thor par Simonson, en format Omnibus géant, n'ait pas encore été prise. Ce serait un juste hommage pour ce monument d'inventivité de l'histoire Marvel, un des grands tournants des années 80, et les dieux asgardiens n'y ont jamais été aussi bien dépeints. Un oubli à réparer, un jour prochain. 


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UNIVERSCOMICS CHERCHE ... UN DESSINATEUR





UNIVERSCOMICS CHERCHE UN DESSINATEUR !


Et bien voilà ... Au cas où ....

Je suis en train de terminer le story-board d'un comic-book (french comics, on le classera dans cette catégorie alors...) que je compte bien, d'une manière ou d'une autre, pouvoir publier en 2016. Dans l'absolu je souhaiterais pouvoir me présenter à Lucca Comics, en Italie (fin octobre) avec le #1 (voire le #2) déjà dessiné et encré.

Est arrivée la phase de la recherche d'un dessinateur.

Pour faire bref, un dessinateur qui souhaite se lancer, pour une aventure au long cours, si ça marche comme je l'entends. 35 ans de lecture comics passée en revue et digérée dans cet ouvrage qui a du potentiel (si si je vous assure, ça peut être une vraie bonne série )

Pour ce dessinateur, qui comme moi (sur le scénario) travaille bénévolement dans l'espoir que ça marche, le deal est le suivant : tout, des gains potentiels un jour (en gros le contrat avec la Fox dans deux trois ans pour l'adaptation ciné ) aux crédits officiels, est sur la base du 50/50. Ce n'est pas mon comic-book, ce serait notre comic-book, à égalité parfaite pour tout, dans le triomphe comme dans la poussière.


        



Je recherche plutôt un dessinateur au trait réaliste, ou alors quelqu'un qui (à l'opposé) lorgne du coté d'un Jeff Lemire, par exemple.

C'est une Bd d'anticipation, qui mêle survivance, conspiration, relations humaines et géo-politique. Le point de départ est à Nice, mais très vite on partira vers d'autres contrées, l'Italie et les States notamment. Voire la Russie.

Ceux qui sont intéressés me contactent par mail ou en commentaire et me disent en quelques lignes ce qu'ils savent faire, et comment (en gros, vous vous encrez? avez déjà publié des trucs? des techniques particulières? Des dessins à me faire voir?). En retour je vous enverrai sous quelques jours une planche "story-boardée" à réaliser, avec une consigne simple : la réaliser assez proche du plan de départ, tout en ayant loisir de me surprendre si vous avez d'autres idées pour le cadrage, la mise en page, etc... Je suis ouvert à tout et l'idéal serait une vraie collaboration planche par planche, avec quelqu'un qui a une vraie vision de ce qu'est le story-telling (moi mes dessins sont trop figés et je ne souhaite pas dessiner moi même, je n'ai pas le talent).

Amis artistes, vous voulez vous faire un nom, au delà de quelques commissions ou jolis dessins de ci-de là, tentez l'aventure ! Merci ! !



SECRET WARS : SECRET WARS 2099 #1

Je ne sais pas pour vous, mais moi, si personnellement il est un univers narratif Marvel que j'apprécie, pour ce qui est de la tentative de réinventer les héros classiques en quelque chose de neuf et d'inattendu, c'est bien du monde de 2099 dont je parle. La bonne époque Semic, Miguel O'Hara en Spider-Man, Fatalis qui débarque et prétend être celui que nous connaissons, et veut gouverner le monde, Ravage le super héros d'un Stan Lee sur le retour, ou encore une version cybernétique et anarchiste du Ghost Rider... Ici, avec Secret Wars, nous découvrons un territoire inédit, avec l'univers 2099 tel que nous ne l'avions pas encore vu. Par exemple, là-bas, ce sont les Avengers du futur qui assurent la paix et la sécurité, au service de Alchemax, la méga corporation désormais aux mains d'une vieille connaissance des lecteurs... Ces Avengers sont une première, et ils ont un point faible selon moi, c'est les costumes assez hideux, surtout celui de Iron Man, et de Captain America. Celle-ci est une héroïne donc, tout comme la Veuve Noire (qui n'hésite pas à user de son dard pour tuer), alors que le reste de l'équipe est formé par Hercule (l'Olympien est immortel et toujours en activité (et il boit beaucoup, et drague les victimes qu'il secourt...), Hawkeye (assez transparent dans ce premier épisode) et la Vision, qu'on découvre gisant dans une cuve remplie de liquide, dans un rôle de pré-cognitif. Peter David fait de son mieux pour présenter l'ensemble avec le brio et la verve qu'on lui attribue sans peine, mais il ne semble pas être dans un grand soir. Il y a trop de disparités de traitement entre les personnages (Hercule et Captain america en tête d'affiche, Hawkeye au dernier rang) et les seuls moments notables sont ceux où l'Olympien est en piste avec ce qui semblent être des problèmes d'alcool (encore qu'on le découvre avec du cidre en fin d'épisode...). Sliney lui s'en sort plutôt bien, avec une vision futuriste de Nueva-York et du dynamisme à tous les étages, suffisant pour sauver les meubles et rendre cette parution plus sympathique et attachante que réellement intéressante. Il va donc falloir durcir le jeu dès le second numéro, au risque de finir dans la catégorie des tie-in dispensables à l'événement. Un gros défaut quand on voit l'avalanche de récits liés à Secret Wars, et le niveau qualititf moyen assez élevé de l'ensemble. Un petit effort!


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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : BILLY LAVIGNE

 Dans le 196e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Billy Lavigne que l’on doit à Anthony Pastor, un ouvrage publié chez Casterma...