ALPHA FLIGHT : LES AVENTURES DE LA DIVISION ALPHA DE JOHN BYRNE

L'omnibus de la Division Alpha par John Byrne est enfin arrivé en librairie, chez Panini. Sauf qu'il s'agit de la branche italienne, pas française : nos voisins transalpins ont donc eu droit cet automne à un formidable cadeau, indispensable pour les amateurs de comics des années 80. Il s'agit là d'une série anticonformiste et particulièrement réussie, qui correspond à une période de créativité extraordinaire et productive chez le scénariste-dessinateur le plus prolifique d'alors. 29 épisodes absolument superbes qui mettent en scène un groupe pensé par le même Byrne et Chris Claremont, sur les pages de Uncanny X-Men. La formation était alors au service du gouvernement canadien, et elle était guidée par James McDonald Hudson, c'est-à-dire Guardian, l'ami d'un certain Wolverine, plus connu de tous comme le mutant griffu des X-Men. La Division a été chargé d'aller retrouver Logan en Amérique, pour le convaincre de retourner au Canada et de travailler pour les forces locales. Byrne propose dans les années 80 ce qui a fait le succès des comics Marvel, lors de la création des premières séries légendaires, sous la houlette de Stan Lee : des super-héros avec des super-pouvoirs et des super-problèmes. Chaque membre du groupe possède des failles évidentes. Puck est un nain, Sasquatch un scientifique de renommée qui se transforme en monstre possédant un côté animal difficilement raisonnable, Northstar (Jean-Paul Beaubier, Véga en Vf) est un champion de ski gay, même si au départ les textes de Byrne sont retouchés pour ne pas que l'orientation sexuelle du héros apparaisse évidente. Sa sœur (Aurora) est schizophrène : une partie de sa personnalité est bourgeoise et complètement bigote, l'autre est héroïque, débridée, et aime la provocation (y compris aguicher les hommes). Guardian est un type froid, voire rigide. Snowbird (Harfang en Vf) n'est même pas vraiment humaine et cache de lourds secrets alors que Shaman, le magicien du groupe, n'est pas sûr de lui, et a des relations bien conflictuelles avec sa fille Talisman. Et je ne parle pas de Marrina, la jolie sirène, qui aura une relation avec le prince Namor, et qui est émotionellement instable. La série démarre de manière assez classique, face à la menace de Toundra, une entité ancestrale canadienne, et contre le Maître (Master of the world). Rien ne laisse présager que Byrne va rapidement transformer cette formation en un creuset étonnant de nouvelles idées, et de techniques narratives fascinantes. 


C'est que l'artiste n'avait au départ pas une folle envie de s'occuper de cette série, qui ne fut crée que pour donner des antagonistes bon marché à la domination des X-Men. Mais il est clair, en relisant son travail, qu'il va commencer à se divertir de plus en plus, et jouir d'une carte blanche enviable, puisque la matière première est composée de personnages de second ordre, qui n'ont pas un impact dévastateur sur le reste du Marvelverse. Byrne aime se focaliser sur certains héros en particulier, avec notamment dans la première année du titre, des numéros exclusivement tournés vers Puck, ou encore Snowbird, et le duo des jumeaux Aurora et Northstar. A d'autres occasions ce sont les origines d'autres membres qui sont traités en tant que pages de complément, et qui viennent donc empiéter sur le récit mère (c'est ainsi qu'on en apprend plus sur Guardian, à titre d'exemple). Il expérimente, et ne manque jamais de souligner combien les Alphans, au départ, n'ont guère envie de collaborer ensemble, et sont trop marqués par leurs caractères différents, leurs tourments intimes, pour fonctionner pleinement en tant qu'unité chorale. Au long de cet omnibus, on croise une belle galerie de vilains pittoresques, de méchants subtilement vintage, mais qui firent leur bel effet, lors de ces belles années 80. Citons notamment les Omega Flight (autre groupe important car c'est là qu'apparaissent de futurs membres de la Division Alpha, comme Madison Jeffries capable de transmuter la matière métallique, et la sculpturale Diamond Lil). Sans oublier les Grandes Bêtes, ces créatures élementales qui empoisonnent le Canada et seront les ennemis les plus meurtries de la formation.Autre personnage très important, une femme au foyer, sans pouvoirs (au départ, cela changera avec un joli costume légué par le défunt mari). Heather McDonald-Hudson a tout de la secrétaire timide et pas très bien dans sa peau, mais c'est elle, avec la détermination et sa force intérieure, qui va lentement souder les autres, et s'attaquer à la désunion ambiante. On a droit a de belles apparitions dans la série, comme Susan Richards des Fantastiques, le prince Namor (et un rcit poignant avec Marrina, déjà évoqué) ou bien Wolverine, cela va de soi. Et n'oublions pas (j'en parle quelques lignes plus haut) que la Division Alpha n'a pas de chance, car comme le veut la tradition des eighties, très portée sur les décès d'envergure, et fondateurs, le leader de la team va trouver la mort, dans des circonstances presque absurdes, et choquantes. 
John Byrne est un dessinateur qui n'aime pas les effets spéciaux pour masquer le manque de matière. Avec lui, tout est axé sur la lisibilité, la clarté du story-telling, et ses formes souples et élégantes sont immédiatement identifiables et appréciées. Il s'amuse aussi parfois, comme avec une suite de pages blanches qui est censée représenter une tempête polaire, dans l'épisode consacrée à la semi-déesse nordique Harfang (ce coup-ci je la nomme en vf, la belle Snowbird). Alpha Flight est devenu depuis une série culte, et sur les forums, les réseaux sociaux, les appels à une réédition ne manquent pas, tant il subsiste aujourd'hui un noyau dur de fans nostalgiques qui n'attendent que ça. Je me range dans cette catégorie, même si étant aussi un lecteur de Panini Italia, mon voeu s'est trouvé exaucé cet automne. Je pense alors à ceux qui ne lisent que le français, et espèrent un signe du coté de Panini France. N'hésitez pas à leur demander gentillement, voire partager cet article, en attendant de récolter assez de lecteurs potentiels pour faire pencher la balance en votre faveur. Car c'était chouette, les Alphans de John Byrne! 




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INFAMOUS IRON MAN #1 : VICTOR VON DOOM ENDOSSE L'ARMURE

Soyons sérieux un instant : est-il vraiment envisageable que Victor Von Doom puisse s'amender, et qu'au terme des Secret Wars il soit devenu quelqu'un d'autre, désireux de se racheter une conduite, au point de pouvoir prétendre légitimement au statut de héros, et de se glisser dans l'armure d'Iron Man? Chacun peut avoir son idée sur le sujet, bien sûr, mais il convient de se poser la question des motivations de l'ancien dictateur, de ce qui peut pousser un type aussi riche et aussi puissant à continuer de briguer et tramer contre ses pairs. Que veut et que vaut-il réellement? Une scène extraite du passé récent, avec the Hood en élément déclencheur, permet d'aborder brièvement cette question. Tout comme elle sert de révélateur sur un des grands moments fondateurs de la carrière de Fatalis : la libération de sa propre mère, dont l'âme était détenue par un démon mineur. Gros problème de cette nouvelle série signée Bendis, le fait qu'elle soit consécutive à la fin de Civil War II, et que du coup elle porte en son sein un énorme spoiler quand au destin d'un des principaux héros impliqués dans cette saga. De plus, un simple raisonnement peut facilement vous laisser entendre ce qui a pu se passer, et vous ruiner la surprise (vous avez remarqué que Tony Stark laisse son armure entre les mains de Doom? A votre avis, c'est un choix où il n'est plus là pour s'opposer? En récompense écrivez à "Marvel spoiler" qui vous enverra une copie gratuite de ce premier numéro).
Infamous Iron Man est au fond un comic-book plus introspectif et psychologique qu'autre chose. On observe avec fascination, on veut comprendre, et certains points nous échappent encore. Pourquoi cette intérêt pour Stark et sa technologie? La rédemption entamée est-elle un vaste bluff qui sert un dessein plus grand et énigmatique? L'absence de Reed Richards laisse t-elle un vide si grand que Doom en perd ses motivations à faire le mal? Ou est-il poussé à semer le bien, comme plus grand esprit de la planète, désormais? Une scène avec Maria Hill et Diablo se révèle être assez savoureuse en terme d'écriture, d'humour, de justesse. On apprécie ce Bendis là, quand les dialogues sont efficaces et font mouches, quand on a l'impression d'avoir sous les yeux la version papier d'un épisode d'une bonne série télévisée. Et puis Alex Maleev reste un artiste qui sait régaler, pour peu qu'on adhère à son style, ses ambiances sombres et poisseuses.
Bref un premier numéro qui donne assurément envie d'aller plus loin, et de vérifier si toutes nos plus folles théories seront confirmées. Mais qui est publié trop tôt, et vient se heurter avec Civil War II et requiert un ordre de lecture précis et rigoureux, afin d'éviter de voir la surprise éventée. Encore que la couverture, et la connaissance de l'identité du protagoniste soient déjà suffisants en eux-mêmes. Marvel a si hâte de passer à la suite? 


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JE SUIS DOCTOR STRANGE : UNE ANTHOLOGIE DISPONIBLE CHEZ PANINI

Un film = une anthologie. La règle est désormais bien établie, et l'arrivée du Sorcier Suprême sur grand écran n'échappe pas à la règle. Pour tout savoir sur Stephen Strange, Panini vous propose de lire une anthologie intitulée Je suis Doctor Strange. Bien sûr, impossible de présenter ce genre de produit sans en passer par les origines du personnage phare. Du coup l'ouvrage s'ouvre avec les premières aventures de Lee et Ditko, des récits brefs de sept huit pages qui remontent au début des années 60, dans un mensuel fourre-tout du nom de Strange Tales (d'où le nom du mage, au fait). Si les raisons pour lesquelles un chirurgien play-boy et égoïste devient le roi des arts mystiques ne sont pas explicitées au premier rendez-vous, c'est le cas assez rapidement. Tout comme apparaissent les premiers ennemis historiques, qui vont devenir des figures récurrentes au sein de la série. Le Baron Mordo est un ancien apprenti de l'Ancien, le mentor de Strange, dont il est une sorte de double maléfique, privé de la bonté et de la grandeur d'âme de son collègue. Dormammu est lui un démon majeur, déshumanisé derrière un visage enflammé et stylisé. On trouve aussi Cauchemar, qui règle sur le dimension des rêves, et d'autres adversaires moindres comme un certain Rasputin, qui volent des secrets d'état et use de la magie pour asseoir sa domination sur le monde. On peine à croire, avec le recul, que le bon Docteur ait autant de mal à vaincre de tels pieds nickelés, mais à le voir passer son temps sous sa forme astrale, à courir après ses amulettes et sa cape magique, on finit par se dire que ses premières années ont été fort cahotiques. Ce Doctor Strange des années 60/70 est un prétexte à retrouver avec plaisir de grands artistes qui ont écrit la légende des comics, comme le dessinateur Gene Colan, qui a illustré à plusieurs reprises le personnage, ici présent avec différents épisodes, dont un dyptique face à Dracula, un mini cross-over avec Tomb of Dracula, où le prince des vampires parvient (en apparence) à tuer le mage suprême. Grande joie de lire également une vingtaine de pages confiées à Barry Windsor Smith, du fantastique onirique qui emmène le lecteur au royaume de Cauchemar, avec la nature et l'hmme qui se confonde et se délivrent des messages, dans une folle inventivité débridée. 

La période plus moderne commence vraiment en 1976 avec le premier annual de la série en cours ces années-là. Elle est illustrée par P.Craig Russel, qui signe un petit chef d'oeuvre racé, alliant la légéretè et la précision, avec des personnages éthérés qui dansent comme des flammelles, et une aventure fort réussie où Strange se retrouve dans le royaume inconnu de Phaseworld, face à la souveraine locale qui l'emprisonne, et où les règles du bien et du mal sont momentanément brouillées. Roger Stern et Paul Smith opposent eux Strange et le Chevalier Noir, Dane Whitman, de retour à notre époque, mais avec de sérieux problèmes psychologiques qui le rendent violent et sujet à des crises homicides. L'influence de l'épée d'ébène le torture, et brouille sa réadaptation à notre monde. Un bon épisode agréable d'autant plus que j'adore le personnage. Les Défenseurs sont aussi de la partie dans cette anthologie. Cette formation de gros bras, comprenant entre autres Hulk, le Surfer d'Argent et Namor, a pour mission de sauver les îles Hawaï de l'ambition d'un démon qui fait des siennes, et a réveillé tous les volcans du coin. C'est censé être drôle mais c'est assez brouillon, en réalité. Il faut dire que nous avons là la quatrième partie d'un crossover entre plusieurs annuals, comme cela se pratiquait souvent autrefois en période estivale. Et soyons honnêtes, en général Marvel y incorporait des récits qui n'avaient pas leur place dans les titres réguliers, pour des raisons qualitatives. Sinon, plaisir de lire quelques pages dessinées par Alan Davis, où le Docteur reçoit Stan Lee en personne, et lui expose ses problèmes économiques du moment. Vraiment ironique et bien vu. On en fini avec un autre annual, beaucoup plus récent (2014) dans lequel le Doctor Strange est à la recherche d'un plus grand pouvoir, pour contrer les incursions des autres Terres, qui menacent l'éffondrement de toute notre réalité (oui, je parle bien sûr de ce qui a donné naissance à Secret Wars, sous la houlette de Hickman, ces mois derniers). Un face à face ésotérique face à un démon puissant donne au héros le prétexte pour l'aborber et en faire une sorte de combustible pour les durs moments à venir. Mais à quel prix? 
Comme souvent dans ce cas, l'anthologie propose des aventures allant du silver age à notre époque, alternant styles et techniques narratives fort différentes. C'est un témoignage éloquent de comment les comics, et le Docteur Strange, ont pu évoluer au fil des décénnies. A mon avis, ce sont les aventures de la fin des années 60, début années 70, qui tirent particulièrement leur épingle du jeu. A lire et découvrir, puisque le mage suprême n'a eu qu'une carrière fragmentaire et cahotique en Vf, avec Aredit/Artima, un éditeur qui ne prenait guère le temps de publier ses récits avec cohérence et logique. Aujourd'hui, l'offre librairie permet de rattraper un peu le retard, à l'occasion d'un film qui vaut le détour.



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WE ARE ROBIN : LA SERIE EN KIOSQUE DANS BATMAN UNIVERS HS 3

Quand le chat n'est pas là, les souris dansent, et quand Batman est absent, les rouge-gorges le remplacent avec plaisir. C'est que Batman n'est plus vraiment de la partie, ces temps derniers, du coup qui peut défendre Gotham contre les nombreuses menaces qui continuent de poindre, jours après jours? La réponse est simple : des jeunes gothamites, des volontaires, des individus animés de bonnes intentions mais pas toujours formés de manière adéquate, qui descendent sur le terrain, avec leurs poings et leurs compétences acerbes, pour faire régner tant bien que mal un peu d'ordre et de justice. Le plus connu d'entre eux pour les lecteurs s'appelle Duke Thomas. Son drame intime est simple : il a perdu ses parents, dans le sens où il ne sait pas où ils sont passés, depuis que le Joker à infecté toute la ville avec son virus sardonique. Peut-être sont-ils morts, peut-être sont-ils à la dérive dans les sous-sols du métro, toujours est-il que pour le moment sa quête reste vaine. Mais le jeune homme est vite recruté par une association mystérieuse, qui répond au nom de code du Nid. Il n'est pas le seul, d'autres adolescents font partie de cette bande de nouveaux Robin, sans pour autant qu'ils sachent véritablement qui tire les ficelles et leur donne des ordres dans les coulisses. Logiquement la plupart pensent que c'est Batman qui est derrière tout ceci, mais la vérité est toute autre. Duke est à deux doigts de se faire tabasser dans les sous-sols de Gotham par une bande de SDF fanatiques, qui a placé une bombe sous les archives municipales. Les gamins vont se donner fort à faire, et parvenir à désamorcer l'engin, mais ce ne sera pas sans y laisser des plumes, malheureusement. Et puis un nouveau Batman entre dans la danse, affublé d'une armure! Le commissaire Gordon ne ressemble pas à son prédécesseur, et ça ne lui plaît pas trop de voir ces kids volontaires mais maladroits tenter de jouer au super-héros.

La série we are Robin débarque donc sous forme d'un hors-série de 132 pages, publié chez Urban Comics, pour moins de 6 €. Ne cherchez pas, au niveau qualité-prix voilà un rapport exceptionnel, et je le répète pour la énième fois, nous adorons véritablement cette solution, qui est la plus simple pour que tout le monde puisse se procurer ces aventures. Lee Bermejo est au scénario mais aussi aux couvertures, et si le départ est un peu long, rapidement la sauce monte, et nous suivons les épisodes avec la certitude d'avoir entre les mains un produit pensé et bien écrit, pour les lecteurs les plus jeunes notamment. Côté dessins, Jorge Corona fait par moments penser à Humberto Ramos,  plus sage et moins audacieux dans la construction des planches. C'est d'ailleurs Rob Haynes qui s'occupe du découpage. C'est efficace, pas toujours très gracieux, alternant de bonnes planches à d'autres plus modestes. La série a énormément recours aux nouvelles technologies, avec des Robin qui passent leur temps à jouer du smartphone, ou se plaindre de ne plus avoir de réseau, alors qu'ils sont au front. Des ados de notre temps, quoi. Encore un titre qui n'a aucunement honte d'aller draguer sous la barre de l'âge majeur, avec interroge l'engagement ou l'apathie des ados devant une cause plus grande qu'eux. Ces Robin là ont fait leur choix, et tant pis si ça ne semble pas plaire à tout le monde. Dans l'univers Dc, la mise en danger de mineurs, après tout, c'est le pain quotidien des plus grands héros. N'est-ce pas Batounet? 


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DOCTOR STRANGE : LA REVIEW DU FILM

Nous avons eu le plaisir et l'honneur, mardi soir, d'organiser avec nos collègues d'Alfa BD l'avant-première du film Docteur Strange, au cinéma le Pathé Gaumont Masséna de Nice. Une sortie pas évidente, car il est clair qu'une grande partie du public était venue sans pour autant connaître le personnage, ou tout du moins avec une vague idée de qui il est, de quelles sont ses caractéristiques. Du coup, il est normal que le choix artistique de proposer avant tout une origin story soit considérée la meilleure des options, au moment de rédiger le scénario. Voilà concrètement un long-métrage qui ne nous épargne rien, et choisit de mettre en avant Steven Strange (non pas Stephen comme dans les comics), et sa personnalité discutable, avant qu'il ne devienne le maître des arts occultes. C'est qu'auparavant le héros était un brillant chirurgien, qui n'est pas sans rappeler à certains égards un dénommé Tony Stark. Contrairement à celui-ci, Steven  n'est pas un industriel, mais un médecin qui sauve des vies, en utilisant des techniques révolutionnaires, et avec une audace professionnelle qui lui vaut admiration, mais aussi jalousie et une pointe de mépris. C'est que le bonhomme est hautain, égoïste et imbu de lui-même; il aime le luxe et la volupté, l'argent, et affiche clairement sa condition sociale. Un modèle bling-bling de premier ordre qui passerait bien ses vacances sur le yacht de Bolloré. Mais on peut très bien avoir une belle collection de Rolex, et conduire un bolide ultramoderne, sans pour autant s'épargner une sortie de route spectaculaire, au sens propre comme au sens figuré. En fait Strange est victime d'un terrible accident de voiture, dont il sort vivant, mais sans pouvoir désormais utiliser ses mains si expertes pour opérer : elles ont été brisées dans l'impact, et même si il en récupère partiellement l'usage, il restera à jamais lourdement handicapé. Quand on ne parvient plus à se raser convenablement, dur d'imaginer pouvoir pratiquer une intervention à coeur ouvert. Bien entendu, l'orgueilleux médecin n'accepte pas cette situation, et passant de la dépression à l'agitation (la recherche d'une cure miracle) il va tout tenter pour inverser ce funeste destin, y compris dépenser ses derniers deniers pour s'en aller à l'improbable rencontre de guérisseurs orientaux, du coté du Tibet. Le seul cas de patient atteint du même handicap et ayant miraculeusement récupéré est passé par là, et Steven entrevoit là l'ultime recours, bien que sa formation purement scientifique se heurte très vite avec le savoir ésotérique et pratiquement new-age de l'Ancien, puits de science local, qui va devenir son mentor. L'Ancienne, plutôt, puisqu'au cinéma c'est Tilda Swinton qui hérite du rôle, de manière expressive et sobre en même temps.  

A partir de là Steven Strange peut enfin accéder à sa véritable destinée. Il étudie, et à mesure que son savoir grandit, ses compétences en matière de mysticisme deviennent de plus en plus importantes. Bientôt il est en mesure de produire de l'énergie avec un peu de concentration, ou d'ouvrir des portails dans l'espace temps pour sauter d'un point du globe à un autre, d'un monde à l'autre. Ce qui tombe bien, car un ancien disciple de l'ancien passe à l'offensive, bien décidé à faire régner son nouveau maître, le terrible Dormammu, en employant les forces de la dimension noire, pour soumettre notre plan d'existence. Une victoire finale pour la mort, que seule le plus grand sorcier de tous les temps, le Docteur (il insiste bien sur ce titre) Strange peut encore conjurer. Sauf que la route est longue, et que les premiers combats ne lui sont pas forcément très favorables....
Le film aurait pu être une purge, vraiment. Il aurait pu ressembler à un produit tardif, le genre de long métrage suranné qui aurait fonctionné dans les années 70 mais totalement passé de mode de nos jours. Heureusement, il évite ce naufrage en deux temps trois mouvements. Grâce tout d'abord à l'humour, omniprésent, avec notamment un Strange qui a toujours une boutade en réserve, pour chaque instant, y compris les plus délicats. On peut sourire (ou pas) mais globalement j'ai adhéré à cette version désinvolte. Ensuite, la durée resserrée du film, qui n'excède pas les 1 heure trois quarts. Du coup l'action est concentrée, pas de trop longs temps morts (juste quelques dialogues trop appuyés et didactiques de ci de là) et un public qui ne s'ennuie jamais. Dernière touche de génie, avoir choisi Cumberbatch pour le rôle phare, tant l'évidence est flagrante. Il est taillé pour la cape du Docteur, que ce soit physiquement, que caractériellement, avec cette morgue mystérieuse, cette outrecuidance sympathique, qui en font un héros sûr de lui mais friable dans le fond. Du coup autour de lui c'est un peu le régime à l'eau sec. Mordo (Chiwetel Ejiofor), le collègue apprenti (qui deviendra un jour un farouche ennemi) n'est guère subtil dans son jeu impassible, et le grand vilain Kaecilius (Mads Mikkelsen) est un gentil cosplayer avec du mascara sur les paupières pour faire peur. On a vu plus terrible, comme opposition. Mais l'essentiel n'est pas là, plutôt dans les scènes fantasmagoriques où la réalité se déchire et se reconstruit par gestes et à coups de sortilèges. Une tuerie visuelle qui emprunte beaucoup à Inception, mais va plus loin, ravalant le film de Nolan aux même rang que les 101 Dalmatiens ou la Belle et le Clochard, en terme de folie inventive. La 3D est pour une fois un plus appréciable, tant le décor et ses mutations extrêmes tendent à occuper le centre de la scène à de nombreuses reprises, éclipsant vraiment enjeux et trame du film. D'ailleurs celle-ci est fort linéaire, et le scénario, résumé de manière schématique, est assez mince. Le Doctor Strange de Scott Derrickson a placé toutes ses billes sur l'épate et les prouesses de l'image, et la caractérisation toute emprunte de coolitude égoïste d'un personnage principal qui a besoin de percer enfin dans le coeur des spectateurs. Dans les deux cas, le résultat est atteint, haut la main. Reste le sentiment que le plus dur commence, à savoir insérer Doctor Strange au sein du reste de l'univers Marvel cinématographique, et lui trouver une place et une fonction au sein du grand ensemble qui poursuit sa croissance. Mais avec un acteur comme Cumberbatch, ça n'a rien d'impossible.


Nous remercions encore une fois très sincèrement les cinémas Pathé Gaumont (Masséna, dans le cas présent) et tout particulièrement Jean Beaugé pour nous avoir donné l'opportunité de préparer une avant-première un peu particulière. Bien sur, ces remerciements valent aussi pour Alfa Bd, toujours chauds quand il s'agit d'oeuvrer pour les comics et la Bd, et les cosplayers de Cosplay Azur. Et merci à l'artiste, mister Benjamin Carret! Si vous étiez dans le public, vous qui lisez ces lignes, merci également de votre présence. Venez la fois prochaine, ce sera bigger, stronger, better. 



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Et de votre coté, on ne vous le redira jamais assez, vous n'avez qu'une mission une seule pour nous soutenir. Allez faire un tour sur la page FB et vérifiez bien que votre "like" y figure déjà. Plus nous serons nombreux, plus il sera simple et évident d'organiser ce genre de petits rendez-vous sympas. Merci!


HOMMAGE A STEVE DILLON (1962-2016)

Comme c'est souvent le cas dans ce genre de tragiques circonstances, tout le monde est fan. Et pourtant, récemment encore, c'était loin d'être le cas. C'est juste, et normal, la valeur des artistes ne s'accorde pas toujours, loin de là, avec le consensus unanime. Steve Dillon nous a donc quittés, à l'âge de 54 ans, des suites d'une longue maladie. Ceux qui l'ont aperçu lors de la présentation de Preacher, la série télévisée, l'auront vu amaigri, émacié, mais toujours prêt à échanger un sourire ou une bonne blague. Ceux qui l'ont fréquenté le disent et le répètent, la gentillesse et la causticité du bonhomme étaient grandement appréciées. Dillon a débuté très tôt, à seize ans, sur un simple épisode de commande (chez Marvel Uk) pour Hulk, le géant vert, et depuis il n'a eu de cesse de collaborer avec les grandes majors du comics américain, laissant derrière lui une biographie qui force le respect, et dont les gemmes les plus précieuses, pour le grand public, sont le Punisher, Preacher, et Hellblazer. En collaboration avec un certain Garth Ennis, comme par hasard. Outre travailler ensemble, ces deux-là ont du aussi bien s'amuser, ça ne fait pas l'ombre d'un doute!
Dillon a grandement profité de la vague des auteurs britanniques, qui dans les années 80 ont commencé à déferler sur le continent américain. Je me souviens aussi de son passage sur Animal Man, titre dont je suis particulièrement friand, au point d'avoir l'intégral de ce qui le concerne. C'était Milligan et Veitch qui s'occupait du scénario, pour des aventures grotesques, voire horrifiques à un certain point. L'horreur, la violence. Voilà un peu ce qui deviendra le fond de commerce de Steve. Car son style, simple et même caricatural en apparence, permet une distanciation évidente avec la cruauté des situations, et les crédibilise tout en y ajoutant cette humour froid so british qui rend attachante la moindre scène d'éviration ou de décapitation. Dillon est très bon quand il s'agit d'humaniser les personnages, de les rendre complices avec le lecteur, et son story-telling est d'une grande simplicité, lisibilité, qui lui permet de toucher vite et efficacement la grande majorité des lecteurs, sans avoir besoin de rodomontades ou d'effets spéciaux encombrants. 



On lui a reproché souvent de produire des visages qui se ressemblent tous, d'avoir une certaine difficulté à caractériser les femmes (il est vrai que sa Elektra, au sein des Thunderbolts, n'avait rien de très sexy) mais il en était ainsi. Les apparences sont trompeuses, et si vous revoyez de plus près la Tulip de Preacher, où la gallerie de vilains qui jonchent le sol après le passage du Punisher, vous comprendrez que derrière cette évidente simplification se cache en fait un trait essentiel, direct, qui fait de Dillon ce type de mec qui rend toujours une bonne copie sans donner l'impression d'avoir passé la nuit à étudier, et qui fini toujours par récolter les bons points, même quand les têtes fortes de la classe se plantent eux-aussi régulièrement le jour des contrôles les plus pointus. L'année 2016 est donc particulièrement cruelle et avide de décès d'importance, et le départ de Steve Dillon est là pour le rappeler. Le meilleur hommage qu'on puisse lui rendre est en ce moment en librairie. Chez Urban avec l'intégrale du Preacher dans une version Deluxe absolument indispensable, et chez Panini avec le retour en Marvel Icons de l'irrésistible Punisher du duo Ennis/Dillon. Si vous ne connaissez pas encore je vous envie, car ce sont des heures et des heures de lecture d'exception qui vous attendent. Merci Steve. 


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THE WALKING DEAD LA SAISON 7 : NOTHING WILL BE THE SAME. ANYMORE

(Spoiler dans le second paragraphe : Attention)
A l'ère moderne d'Internet, tout le monde voudrait savoir avant les autres, et finalement personne ne veut savoir vraiment. Je veux parler bien entendu du fatidique spoiler, ce moment aussi désagréable qu'inéluctable, ou nous apprenons une nouvelle qui nous tenait en haleine et sur le gril depuis des mois, parfois des années, et qui vient démonter complètement la moindre velléité de surprise ou d'émerveillement, sur le moment. Alors bien sûr, on l'a forcément cherché, admettez-le donc, vous ne voulez pas savoir, mais vous fréquentez les réseaux sociaux et internet, avec la fébrilité de celui qui pense qu'entre les lignes se cachent des indices capitaux. Du coup, coup de massue sur la nuque, vous savez avant de lire ou de regarder, et ce n'est plus pareil. Prenez par exemple la célèbre série The Walking Dead : la saison 7 a enfin commencé. C'était dimanche dans la nuit; des hordes de fans ont suivi le premier épisode en direct, ne pouvant plus tenir un seul instant. Nous allions enfin savoir qui allait être l'heureux élu -où les heureux élus- de Lucille, la batte de base-ball utilisée par Negan, pour mettre fin au jours d'un -ou plusieurs- des rescapés historiques de la série, qui bat tous les records d'audience. Certains ont été déçus, d'autres -la plupart- ont adoré (et sont choqués) et souligné le côté gore, malsain, et ultraviolence de ce retour en fanfare. Pour notre part, rien de bien surprenant puisque nous avions déjà deviné l'identité de la ou des victimes, depuis très longtemps. Ceux qui nous croisent parfois au hasard des réseaux sociaux se rappellent probablement de notre raisonnement. J'invite formellement tous ceux qui ne veulent rien savoir, et qui redoute le moindre spoiler, à ne pas poursuivre la lecture, et se contenter de ce premier paragraphe. Dans le second nous allons aborder concrètement le chapitre des victimes, stoppez donc la lecture maintenant, et rendez-vous demain pour un autre article. Autrement ne venez pas dire que nous ne vous avions pas prévenus! Les autres, on continue.

Finalement la série télévisée opte pour la solution la plus simple et la plus courue, à savoir rattraper les comics et la série de Robert Kirkman. Les deux personnages qui connaissent un destin tragique au début de cette saison 7 sont en effet déjà morts dans la version papier. Pour Glenn c'est un crève-cœur, car il accompagne le groupe depuis les tout débuts, et on peut imaginer l'impact dévastateur de son trépas sur Maggie, qui attend de lui un enfant. Pour Abraham nous avions vu juste, l'acteur qui l'interprète (Michael Cudlitz) avait en effet participé à de très nombreux -trop nombreux- Comicon et salons de la BD à travers l'Europe et les États-Unis... une activité suspecte totalement incompatible avec l'emploi du temps du tournage de la saison 7. C'était aussi une façon probablement de le remercier, et de le dédommager pour quitter précocement le show. Reste que la tension narrative est incroyable du début à la fin de l'épisode, votre pouls monte à son maximum, les plus émues verseront des larmes à torrents, et ceux qui aiment le gore et les actes sanguinolents vont être à l'aise avec ce déferlement de violence, personnifié par un Negan brillant (Jeffrey Dean Morgan), détestable à souhait, qui s'impose comme le grand vilain tant attendu de la série, depuis le départ du Gouverneur. Et à côté celui-ci était vraiment un enfant de chœur.
Reste donc un champ de ruines. Rick et les siens semblent brisés. Physiquement, mais aussi psychiquement, moralement. Ils ont compris la leçon, et la résignation est de mise. Même Rick a du faire face à l'insoutenable. Il croyait avoir tout connu, tout affronté, mais là Negan le pousse à l'ultime retranchement, et le fait sien, aux yeux de tous. The Walking Dead connaît donc avec cette saison 7 un tournant capital. Il ne reste plus rien du très mince espoir qui a toujours soutenu les rescapés depuis les débuts. Plus personne n'y croit encore. L'horreur et la désillusion sont totales, absolues. L'humanité s'est envolée, une dernière fois. Inutile de le préciser, on attend donc des épisodes denses et étouffants, cruels et passionés, et plus que jamais, il faudra avoir l'estomac bien arrimé. Bienvenue en enfer, le vrai. 


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JUSTICE LEAGUE TOME 10 : LA GUERRE DE DARKSEID (2) LE BOUQUET FINAL

L'Anti Monitor est arrivé sur Terre, et il est parvenu à terrasser Darkseid. Ce qui ressemble a priori à une bonne nouvelle est en fait le début d'une catastrophe. Les pouvoirs du dieu terrassé ont par exemple été compensés par d'autres, qui ont été conférés à différents membres de la Justice League, qui ont subi une transformation impressionnante, et doivent désormais composer avec un nouveau degré de puissance. Les voici donc métamoprhosés en Néo-Dieux. Batman s'est assis sur la chaise qui appartenait à Metron, et il est devenu détenteur du savoir absolu... Flash à combiné son être avec le Pisteur noir devenant de la sorte l'incarnation même de la mort... Superman lui, a été plongé dans les puits d'Apokolyps, devenant ainsi le dieu de la force, avec un caractère agressif et vindicateur, et il est animé par une violence aveugle. Bref nos amis super-héros ne sont plus tout à fait comme avant, et ils sont pris au piège d'un vaste échiquier, alors que tous les pions abattent leurs cartes plus ou moins en même temps. Il ne faut pas non plus oublier Graal, qui est la fille de Darkseid, née d'une union avec une compagne amazone de Wonder Woman. Elle aussi a des plans pour ce qui est de la puissance autrefois détenue par son père, et elle n'attend que l'instant propice pour s'en servir. Pendant ce temps-là, le mano a mano entre Superman et Lex Luthor, sur Apokolyps, a tourné court pour le second cité. Abandonné par le kryptonien, Lex semblait voué à une mort certaine, jusqu'à ce qu'il soit récupéré parl les rebelles d'Ardora, aussi appelé le peuple oublié. Ils vont faire subir au milliardaire une transformation radicale ,et lui aussi va se retrouver investi d'une puissance faramineuse, se transformant ainsi en une sorte de Dieu d'Apokolyps. 

C'est le dernier tome pour la Justice League version New 52, et la seconde partie de ce que nous nommons la Guerre de Darkseid. Quand un Dieu semble battu, la nature s'empresse de combler le vide, et souvent le pire se substitue au mieux, avant même qu'on puisse pousser un soupir de soulagement. C'est le cas ici, avec le bouquet final concoté par Geoff Johns. L'occasion également de revoir en action le Syndicat du Crime, ces versions démentes de la Justice League, qui sont peut-être les mieux placés pour appréhender la complexité -et donc maitriser- d'un adversaire comme Mobius, c'est à dire l'incarnation définitive de l'Anti Monitor, le grand vainqueur du moment, qui risque de laisser derrière lui un champ de bataille, des ruines fumantes causées par l'équation d'anti-vie, l'arme la plus puissante de l'univers. Au final il s'agit d'une conclusion digne de ce nom pour la Justice League. Si dans les tous premiers épisodes (post New 52) les humains comme vous et moi nourrissaient une crainte réelle envers des êtres dotés de super-pouvoirs, qui faisaient de leur mieux pour gagner la confiance des foules, nous trouvons en bout de chaîne ces mêmes justiciers accédant au rang de dieux, capables de balayer la planète ou l'existence des autres d'un revers de la main, ou par simple caprice. Le pouvoir corrompt, et même Superman n'échappe pas à cet adage, ce qui amène tout simplement une décision radicale et surprenante de la part de Johns, puisque la héros kryptonien va tomber au champ de bataille. La boucle est bouclée, et dans une gerbe impressionante d'étincelles.
Le dessin est lui majoritairement confié à deux artistes d'exception. Francis Manapul est un de mes favoris. Ici le trait est moins gras et schématique que dans Wonder Woman, par exemple, et la souplesse, et la légibilité des planches (construites avec moins d'audace, mais plus de lisibilité) sont remarquables. Un travail sans tâches, sublime. Puis Jason Fabok, qui opère toujours dans la catégorie du réalisme et du détail froid et clinique, baigné dans una ambiance sombre à souhait. L'élève à dépassé le maître et David Finch semble aujourd'hui loin derrière de Fabok majestueux. Dernier tome donc, qui en jette, dans les grandes largeurs! 


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MARVEL UNIVERSE 5 : NOVA (LA NOUVELLE SERIE DE SEAN RYAN ET CORY SMITH)

L'abondance des séries cosmiques fait que le titre consacré à Nova se transfert dorénavant sur les pages de la revue Marvel Universe, et se retrouve donc en kiosque. C'est une bonne nouvelle à mon avis, car nous allons ainsi avoir des arcs narratifs complets pour moins de 6 €, ce qui est la formule la plus intéressante que puisse nous proposer Panini. Le jeune Sam Alexander endosse toujours le costume de la sentinelle cosmique, mais il n'est plus seul puisque son père, qu'il croyait disparu à jamais, est de retour à ses côtés, lui aussi en tant que membre du corps des Nova. Non ce n'était pas un affabulateur, et il avait vraiment vécu des aventures à travers le cosmos! Même si son casque est actuellement sujet à quelques pannes fort importunes, il n'empêche, c'est désormais un duo qui patrouille dans l'univers, mais aussi dans la modeste ville de Carefree, en Amérique. On pourrait penser que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour Sam, mais ce n'est pas tout à fait vrai... tout d'abord, trouver en permanence des excuses pour fausser compagnie aux amis ou échapper aux devoirs de l'école finit par avoir de fâcheuses conséquences sur le quotidien. Ensuite une terrible révélation va venir ébranler le monde de Nova. Elle concerne le père, et je préfère en rester là pour ne pas vous gâcher la surprise. Toutefois c'est un tremblement de terre, un séisme de portée invraisemblable qui va secouer la famille Alexander, et remettre à plat toutes les certitudes acquises dans les derniers numéros précédent Secret Wars. En parallèle à cela, nous retrouvons les all new all different Avengers, à savoir la nouvelle génération. Sam n'est pas seul; à ses côtés nous comptons la nouvelle Miss Marvel, ainsi que Miles Morales, l'ancien Ultimate Spider-Man, désormais autonome et libéré de cet encombrant épithète qui précèdait son identité costumée. Le trio va avoir fort à faire puisque les monstres souterrains du royaume de l'Homme Taupe commencent à remonter en surface, et qu'une guerre de succession fait des ravages dans les profondeurs de la Terre. Un duel sans pitié qui oppose le vilain aveugle, ennemi historique des Quatre Fantastiques, et son propre fils. Tiens, voilà justement une histoire qui fait écho à celle qu'est en train de vivre Sam Alexander...



Sean Ryan semble très à l'aise avec ce titre. Il récupère très rapidement ce qui fait la particularité du quotidien de Sam, ce qui le rend attachant et en phase avec la tradition Marvel de dépeindre des ados à super-pouvoirs à la recherche d'une identité et d'une stabilité héroïque et affective, et balance sa bombe narrative dès le twist marquant la fin du premier épisode. Nous passions donc du cosmique à l'intime, et curieusement Nova, policier du cosmos, va passer beaucoup de temps dans les entrailles de la Terre... Cory Smith démontre un savoir faire intéressant. Les dessins sont agréables, sufisament détaillés et soignées, avec une facilité évidente pour imprimer le mouvement, calquant par endroit le manga et ses lignes cynétiques, épousant à d'autres la tradition des comics la plus pure. Ce numéro de Marvel Universe s'adresse donc à tous les publics, et se révèle ultra accessible pour un nouveau lecteur qui voudrait se familiariser avec la new generation. Sympathique et rafraîchissant, cette série est une petite aubaine, dans ce format et à ce prix. 


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LIFE ZERO (LUMIERE NOIRE) DE STEFANO VIETTI ET MARCO CHECCHETTO : L'EDITION VF EST ARRIVEE

Les personnes présentes au Comic-con de Paris ce week-end auront l'occasion de découvrir l'album en avant-première. Life Zero, de Stefano Vietti et Marco Checchetto, arrive en France, après une carrière fort remarquée en kiosque chez nos amis italiens. Je ne m'étendrais pas plus sur la salon parisien (dont je ne cautionne rien, de l'attitude vis à vis des médias comme le nôtre, à leur façon de voir et exploiter notre passion commune), par contre, on se penche à nouveau sur cette histoire de zombies qui sort un peu de l'ordinaire. 
Si à ce stade nous ignorons tout des origines du nuage toxique qui s'est répandu au dessus de la ville de New Easton, et n'en finit plus de se propager par voie aérienne, en revanche nous en connaissons parfaitement les effets. Les personnes contaminées deviennent de véritables zombies, qui à leur tour transmettent la maladie par une simple morsure. Ces morts vivants vous repèrent au bruit, et la seule façon de s'en débarrasser est de leur placer une balle dans la tête. Non, je ne suis pas en train de vous refaire le pitch ultra-connu de The Walking Dead, mais de vous parler du projet de Stefano Vietti et Marco Checchetto, publié en exclusivité pour Panini Italia dans un premier temps, avant de s'exporter avec bonheur de par chez nous. Au centre du récit nous trouvons un groupe des forces spéciales, une sorte de commando à la Navy Seals, dont le leader est malheureusement pour lui en prison. On devine que ce Derek Shako est un homme expéditif, capable d'accès de violence, même si prêt à beaucoup sacrifier pour son ex femme et sa fille. Si la société a choisi de le placer provisoirement en détention, il est logique qu'il se sente en droit de sortir et de prendre en main la situation, lorsque toutes les conventions et les structures s'effondrent, minées par une contamination inconnue qui menace la métropole, et probablement bien plus. Une fois au dehors, Derek et ses hommes vont devoir survivre, progresser, sortir de la cité, s'ils veulent prêter main forte et dans le même temps sauver ce qui peut l'être encore, à savoir la famille de leur meneur. Vietti a le mérite de plonger d'emblée le lecteur dans une histoire au rythme évident, qui ne se perd pas en conjectures et en introspection, mais semble animée par une volonté cinématographique de crever la page, d'exploser les attentes, avec un scénario écrit en live-action, qui nous ramène en de nombreuses occasions à l'univers des jeux-vidéos du genre. Les dialogues sont concis, et les informations sont distribuées au compte-goutte au lecteur, en jouant sur les silences, les non-dits, et des indices muets sont subtilement disséminés à travers les planches de Checchetto, comme l'a confirmé l'auteur en personne lors d'une conférence sur son travail, durant le Cartoomics de Milan en février dernier. Car si tout ceci vous semble très convenu, déjà vu, déjà lu, c'est que vous devez encore comprendre ce qui est le plus intelligent avec Life Zero : c'est l'évolution de la trame, sa progression, ses enjeux, qui vous conduisent en des territoires pas forcément attendus.

Comme le temps semble compté, et que l'intrigue nous prend aux tripes et ne nous laisse (à nous mais aussi à Derek et sa troupe) guère de moments pour souffler, on note rapidement des changements de direction, de petits coup de volant qui envoient Life Zero sur d'autres chemins de traverse, sans pour autant risquer la sortie de route. C'est intraitable, cruel, froid, et plutôt pessimiste, comme le rappelle une phrase qui revient comme un leitmotiv en ouverture de chaque numéro (Nescis quid vesper serus vehat), citation latine qui explique que nous ignorons ce qui nous attend au coeur de la nuit. Si Vietti écrit ce comic-book avec l'incisivité et la puissance de perforation d'une balle à bout portant, il faut souligner l'excellent travail de Marco Checchetto aux dessins. J'ai déjà eu l'occasion, à plusieurs reprises, de dire tout le bien que je pense de l'artiste italien. Ici il parvient à employer son talent de maître du réalisme, pour des planches bluffantes, avec une variation des angles de vue, un soin du détail morbide et chirurgicale, qui contribuent grandement à instaurer un climat de fin du monde, d'urgence, épaulé par la complémentarité évidente qui s'est formée avec Andres Mossa. Celui-ci s'occupe de la mise en couleurs, et joue sur les ambivalences, soufflant le chaud et le froid, qui se mêlent au rouge du sang et au blanc de la neige, qui s'abat sur des personnages en fuite perpétuelle, et dont le monde s'est écroulé en quelques pages, sans crier garde. L'expérience visuelle peut aussi se prolonger auditivement : grâce à un flash code inséré initialement à la fin de chaque numéro, vous pouviez écouter et télécharger une bande-son idéale à Life Zero, concoctée et réalisée par Checchetto et Luca Fattoretto. Life Zero devient alors un produit multimedia fascinant, qui n'a rien à envier, pour ce qui est des standards qualitatifs (l'histoire, mais aussi l'édition) au meilleur de la production américaine actuelle. Avec un gros twist moral et éthique qui vient vous estomaquer et figer sur place dans la dernière partie, précision fort commode pour ne pas que vous baissier votre garde au moment le moins opportun. Life Zero gagne en intérêt au fil des pages, et vous ne quittez pas la lecture sans pertes et fracas. 


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DOCTEUR STRANGE - LE DÉBUT ET LA FIN (MARVEL DARK) + SOIREE AVANT-PREMIERE AU PATHE MASSENA DE NICE

De toutes les sorties consacrées à Docteur Strange, juste avant l'arrivée du film dans les salles, voici venir celle qui est à réserver principalement aux néophytes, qui ne connaissent pas grand-chose au personnage. Il peut toujours être intéressant de redécouvrir les origines du mage le plus célèbre de l'univers Marvel, d'autant plus que cette mini série de J.M Straczynski avait pour ambition de redéfinir ce bon docteur, dans une version plus moderne et adapté aux lecteurs d'aujourd'hui. L'histoire d'un chirurgien arrogant, qui trouve l'humilité et la sagesse le jour où il perd tout. Au départ Strange est riche, fier et égoïste, et il ne tient guère compte de sa famille et des affects. Une sorte de Tony Stark du scalpel ,certainement pas un mauvais bougre, mais pas non plus un exemple de vertu et d'humanité profonde.Cc'est lors d'un stage au Tibet qu'il va pour la première fois entrer en contact avec d'autres méthodes, et un autre monde. C'est là-bas qu'il va découvrir un temple abandonné, perdu dans les montagnes himalayenne, mais c'est lorsqu'il va avoir un tragique accident à son retour, que sa vie va prendre un nouveau tournant. Que devient en effet un chirurgien lorsque l'usage de ses mains ne lui est plus permis comme auparavant, lorsqu'il ne peut plus en récupérer la pleine fonctionnalités? Une des grandes qualités de ce récit des origines est que les personnages secondaires sont plutôt bien caractérisés, que ce soit l'Ancien, Wong son fidèle serviteur, qu'il avait soigné bien des années auparavant, ou Devon le docteur qui lui sert de meilleur ami. On pourra peut-être juste regretter le rôle de Cléa, qui finit par s'éclipser de la scène, remettant ainsi en question la relation entre elle et Strange, telle que nous l'avons connue durant des décennies, dans les comics. Le choix de Brandon Peterson au dessin est particulièrement pertinent, c'est un artiste capable de faire de très belles choses, que j'avais appris à aimer lors de son passage sur les séries mutantes dans les années 90; ici il livre des planches spectaculaires et semble très à l'aise lorsqu'il doit représenter des démons, ou pour les dessins mystiques. Les splash page sont très convaincantes, la couleur de Justin Ponsor est également pour beaucoup afin de magnifier l'ensemble, qui a tout pour séduire le lecteur de passage.Ce qui manque à cet album? Peut-être plus d'humour, de recul, ce que j'espère d'ailleurs trouver au cinéma... par contre nous ne sommes pas déçus pour ce qui est de l'action et des rebondissements. Il s'agit probablement de la lecture la plus simple d'accès et immédiate, pour tous ceux qui souhaitent récupérer le temps perdu, avant de pénétrer dans les salles obscures, et qui n'ont pas l'intention de dévorer les vieilles histoires d'il y a plusieurs décennies, dont le caractère vintage et dépassé -au niveau de la narration- a de fortes chances de rebuter les moins préparés.Bbref si vous emmenez votre petit frère au cinéma, et qu'il est encore innocent et vierge de lecture super héroïque, vous avez trouvé votre clé d'accès à l'univers Marvel mystique.





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Et le mardi 25 octobre au Pathé Masséna de Nice, ne mqnauez pas l'avant-première Doctor Strange, avec animations, cosplay, débat, organisée par le Pathé Gaumont de Nice, et UniversComics, avec notre partenaire Alfa BD. Séance à 19h45, mais rendez-vous avant (dès 18h) pour le début des hostilités, si vous ne voulez pas repartir bredouilles, et passer un bon moment en notre compagnie!




SPIDER-MAN – LES SANTERIANS : LE SPIDER GRAPHIC NOVEL DE L'AUTOMNE

Comme vous le savez, dans l'univers Marvel, les super-héros qui tombent au combat ne restent morts guère longtemps. Très vite on les revoit gambader en pleine forme, comme s'il s'agissait juste d'une mauvaise maladie qui se soigne très bien, avec quelques antibiotiques. Alors les new-yorkais ne devraient finalement pas trop s'émerveiller du retour d'un père de famille qu'on disait condamné et rongé par la maladie, puis régulièrement décédé et enterré. Depuis, c'est le mutisme, et le refus de parler à la presse qui caractérise ce miraculé bien discret. Dans ce graphoc Novel publié par Panini, vous allez lire une série dans la série, écrite par Jose Molina. On est un peu surpris par ce qu'on découvre, et la façon dont évolue l'action, car depuis le lancement de l'opération All-New All-Different, la vie de Peter Parker a véritablement évolué. A la tête d'un conglomérat international, le jeune homme a un emploi du temps ultra chargé, et de nouvelles obligations qui ne devraient pas lui permettre de virevolter tranquillement en ville, plus encore de s'intéresser de près à ce genre de cas absurde, qui ne requiert par ailleurs aucune urgence immédiate. Le mystère s'épaissit lorsque Parker enquête sur les soins reçus par l'ancien malade en phase terminale, ce qui le mène à rencontrer le groupe des Santerians. Nous parlons là d'une formation apparue sur les pages de la mini série Daredevil:Father, de Joe Quesada. Il s'agit à la base d'un groupe de super-héros latinos, emmenés par un certain Nestor Rodriguez, et qui pratiquent une religion étrange à la croisée des chemins du catholicisme et d'une forme d'animisme africain. Ils opèrent à New-York et patrouillent particulièrement dans le quartier porto-ricain de la ville, qui est de la sorte sous leur protection effective. Avec Spidey, tout ce petit monde va se retrouver assez vite à Cuba, un lieu géographique finement représenté dans certaines de ses subtilités, par un scénariste du Porto-Rico, à l'aise dans ces sphères géographiques. Là-bas Spider-Man va se confronter à l'ésotérique, au religieux. 

C'est ici que ce graphic-novel aurait pu être plus approfondi. Amener un réel questionnement sur le rapport de Peter Parker avec le fait religieux. où se situe vraiment le Tisseur de toile, lui qui cotoie par exemple des Dieux nordiques, et est déjà mort, avant de renaître? Est-il simple protestant non pratiquant (comme semble l'indiquer la carrière décennale du héros) ou bien cache t-il une spiritualité plus complexe et stratifiée? Nous n'aurons pas les réponses, et ce "Santerians" a trop tendance à s'éparpiller, à donner dans la confusion, pour atteindre totalement son but.
Cette histoire est dessinée par Simone Bianchi, qui reste un artiste hautement spectaculaire, et raffiné, dès lors qu'il s'agit de mettre en place des anatomies confondantes de travail et de méticulosité. Mais ses planches ont parfois une tentation à la surcharge, et la mise en couleurs un peu étrange (criarde?) notamment sur le costume new-look du tisseur de toile produit un effet final que je qualifierai de légèrement décevant, quand on voit ce qu'il est capable d'offrir par ailleurs. J'ai beaucoup plus apprécié les preview en noir et blanc où son trait d'orfèvre est bien mieux mis en valeur, que le produit fini. Son soin du détail finit par être parfois trop évident pour des comics grand public comme celui-ci, et cela se fait au détriment du dynamisme et de la lisibilité des planches incriminées. Mais bon, comprenez moi, nous parlons de Simone Bianchi, tout de même, et le moins bon chez lui fait écho au meilleur chez beaucoup d'autres, alors permettez-moi cette licence critique. Un graphic Novel d'agréable facture dans l'ensemble, mais qui ne tient pas toutes les promesses initiales, et ressemble assez à une occasion manquée. 




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LA NUIT DES LANTERNES CHEZ DELCOURT : LE DEUIL, LA COLÈRE, L'HORREUR

 Le personnage principal de cet album signé Jean-Étienne s'appelle Eloane. C'est une jeune femme qui retourne dans la maison familia...