Un film = une anthologie. La règle est désormais bien établie, et l'arrivée du Sorcier Suprême sur grand écran n'échappe pas à la règle. Pour tout savoir sur Stephen Strange, Panini vous propose de lire une anthologie intitulée Je suis Doctor Strange. Bien sûr, impossible de présenter ce genre de produit sans en passer par les origines du personnage phare. Du coup l'ouvrage s'ouvre avec les premières aventures de Lee et Ditko, des récits brefs de sept huit pages qui remontent au début des années 60, dans un mensuel fourre-tout du nom de Strange Tales (d'où le nom du mage, au fait). Si les raisons pour lesquelles un chirurgien play-boy et égoïste devient le roi des arts mystiques ne sont pas explicitées au premier rendez-vous, c'est le cas assez rapidement. Tout comme apparaissent les premiers ennemis historiques, qui vont devenir des figures récurrentes au sein de la série. Le Baron Mordo est un ancien apprenti de l'Ancien, le mentor de Strange, dont il est une sorte de double maléfique, privé de la bonté et de la grandeur d'âme de son collègue. Dormammu est lui un démon majeur, déshumanisé derrière un visage enflammé et stylisé. On trouve aussi Cauchemar, qui règle sur le dimension des rêves, et d'autres adversaires moindres comme un certain Rasputin, qui volent des secrets d'état et use de la magie pour asseoir sa domination sur le monde. On peine à croire, avec le recul, que le bon Docteur ait autant de mal à vaincre de tels pieds nickelés, mais à le voir passer son temps sous sa forme astrale, à courir après ses amulettes et sa cape magique, on finit par se dire que ses premières années ont été fort cahotiques. Ce Doctor Strange des années 60/70 est un prétexte à retrouver avec plaisir de grands artistes qui ont écrit la légende des comics, comme le dessinateur Gene Colan, qui a illustré à plusieurs reprises le personnage, ici présent avec différents épisodes, dont un dyptique face à Dracula, un mini cross-over avec Tomb of Dracula, où le prince des vampires parvient (en apparence) à tuer le mage suprême. Grande joie de lire également une vingtaine de pages confiées à Barry Windsor Smith, du fantastique onirique qui emmène le lecteur au royaume de Cauchemar, avec la nature et l'hmme qui se confonde et se délivrent des messages, dans une folle inventivité débridée.
La période plus moderne commence vraiment en 1976 avec le premier annual de la série en cours ces années-là. Elle est illustrée par P.Craig Russel, qui signe un petit chef d'oeuvre racé, alliant la légéretè et la précision, avec des personnages éthérés qui dansent comme des flammelles, et une aventure fort réussie où Strange se retrouve dans le royaume inconnu de Phaseworld, face à la souveraine locale qui l'emprisonne, et où les règles du bien et du mal sont momentanément brouillées. Roger Stern et Paul Smith opposent eux Strange et le Chevalier Noir, Dane Whitman, de retour à notre époque, mais avec de sérieux problèmes psychologiques qui le rendent violent et sujet à des crises homicides. L'influence de l'épée d'ébène le torture, et brouille sa réadaptation à notre monde. Un bon épisode agréable d'autant plus que j'adore le personnage. Les Défenseurs sont aussi de la partie dans cette anthologie. Cette formation de gros bras, comprenant entre autres Hulk, le Surfer d'Argent et Namor, a pour mission de sauver les îles Hawaï de l'ambition d'un démon qui fait des siennes, et a réveillé tous les volcans du coin. C'est censé être drôle mais c'est assez brouillon, en réalité. Il faut dire que nous avons là la quatrième partie d'un crossover entre plusieurs annuals, comme cela se pratiquait souvent autrefois en période estivale. Et soyons honnêtes, en général Marvel y incorporait des récits qui n'avaient pas leur place dans les titres réguliers, pour des raisons qualitatives. Sinon, plaisir de lire quelques pages dessinées par Alan Davis, où le Docteur reçoit Stan Lee en personne, et lui expose ses problèmes économiques du moment. Vraiment ironique et bien vu. On en fini avec un autre annual, beaucoup plus récent (2014) dans lequel le Doctor Strange est à la recherche d'un plus grand pouvoir, pour contrer les incursions des autres Terres, qui menacent l'éffondrement de toute notre réalité (oui, je parle bien sûr de ce qui a donné naissance à Secret Wars, sous la houlette de Hickman, ces mois derniers). Un face à face ésotérique face à un démon puissant donne au héros le prétexte pour l'aborber et en faire une sorte de combustible pour les durs moments à venir. Mais à quel prix?
Comme souvent dans ce cas, l'anthologie propose des aventures allant du silver age à notre époque, alternant styles et techniques narratives fort différentes. C'est un témoignage éloquent de comment les comics, et le Docteur Strange, ont pu évoluer au fil des décénnies. A mon avis, ce sont les aventures de la fin des années 60, début années 70, qui tirent particulièrement leur épingle du jeu. A lire et découvrir, puisque le mage suprême n'a eu qu'une carrière fragmentaire et cahotique en Vf, avec Aredit/Artima, un éditeur qui ne prenait guère le temps de publier ses récits avec cohérence et logique. Aujourd'hui, l'offre librairie permet de rattraper un peu le retard, à l'occasion d'un film qui vaut le détour.
La période plus moderne commence vraiment en 1976 avec le premier annual de la série en cours ces années-là. Elle est illustrée par P.Craig Russel, qui signe un petit chef d'oeuvre racé, alliant la légéretè et la précision, avec des personnages éthérés qui dansent comme des flammelles, et une aventure fort réussie où Strange se retrouve dans le royaume inconnu de Phaseworld, face à la souveraine locale qui l'emprisonne, et où les règles du bien et du mal sont momentanément brouillées. Roger Stern et Paul Smith opposent eux Strange et le Chevalier Noir, Dane Whitman, de retour à notre époque, mais avec de sérieux problèmes psychologiques qui le rendent violent et sujet à des crises homicides. L'influence de l'épée d'ébène le torture, et brouille sa réadaptation à notre monde. Un bon épisode agréable d'autant plus que j'adore le personnage. Les Défenseurs sont aussi de la partie dans cette anthologie. Cette formation de gros bras, comprenant entre autres Hulk, le Surfer d'Argent et Namor, a pour mission de sauver les îles Hawaï de l'ambition d'un démon qui fait des siennes, et a réveillé tous les volcans du coin. C'est censé être drôle mais c'est assez brouillon, en réalité. Il faut dire que nous avons là la quatrième partie d'un crossover entre plusieurs annuals, comme cela se pratiquait souvent autrefois en période estivale. Et soyons honnêtes, en général Marvel y incorporait des récits qui n'avaient pas leur place dans les titres réguliers, pour des raisons qualitatives. Sinon, plaisir de lire quelques pages dessinées par Alan Davis, où le Docteur reçoit Stan Lee en personne, et lui expose ses problèmes économiques du moment. Vraiment ironique et bien vu. On en fini avec un autre annual, beaucoup plus récent (2014) dans lequel le Doctor Strange est à la recherche d'un plus grand pouvoir, pour contrer les incursions des autres Terres, qui menacent l'éffondrement de toute notre réalité (oui, je parle bien sûr de ce qui a donné naissance à Secret Wars, sous la houlette de Hickman, ces mois derniers). Un face à face ésotérique face à un démon puissant donne au héros le prétexte pour l'aborber et en faire une sorte de combustible pour les durs moments à venir. Mais à quel prix?
Comme souvent dans ce cas, l'anthologie propose des aventures allant du silver age à notre époque, alternant styles et techniques narratives fort différentes. C'est un témoignage éloquent de comment les comics, et le Docteur Strange, ont pu évoluer au fil des décénnies. A mon avis, ce sont les aventures de la fin des années 60, début années 70, qui tirent particulièrement leur épingle du jeu. A lire et découvrir, puisque le mage suprême n'a eu qu'une carrière fragmentaire et cahotique en Vf, avec Aredit/Artima, un éditeur qui ne prenait guère le temps de publier ses récits avec cohérence et logique. Aujourd'hui, l'offre librairie permet de rattraper un peu le retard, à l'occasion d'un film qui vaut le détour.
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