COVER STORY RELOADED épisode 2 : THE PUNISHER (PLUS CAGE) #60

Cover Story (reloaded) c'est une cover, une histoire, quelques explications. Second épisode, avec The Punisher #60 (1992).
Non, on ne vous a pas menti, je vous assure. Le Punisher est bien un personnage tout ce qu'il y a de plus blanc, le justicier Wasp par excellence, avec une famille détruite et une soif de vengeance inextinguible. Alors que fait-il sur cette cover, plus bronzé que Barack Obama, en compagnie de Luke Cage, la plus grande star afro-américaine made in Marvel? Le Punisher est donc devenu noir, depuis l'intervention de chirurgie plastique d'une infirmière junkie, Melinda Brewer. Ceci s'est produit dans une saga en sept parties, intitulée The Final Days, durant l'été 1992. Disons qu'il s'agissait là d'un moyen désespéré pour rendre à Frank Castle son apparence première, après qu'il eut été défiguré atrocement par son ennemi archi-connu, Jigsaw. Première répercussion de ce changement étonnant : alors qu'il fait route vers Chicago et s'assoupit au volant, Frank Castle est arrêté par des policiers qui le contrôlent sans ménagements, ce qui provoque une rixe à caractère raciste. Heureusement, le monde Marvel est très petit : Luke Cage, "héros à louer" doté d'une peau plus dure que le diamant (et donc quasi invulnérable) passait par là et va le tirer d'affaire. Une manière comme une autre de dénoncer cette violence policière de toujours, qui fait qu'il vaut mieux, aux Etats-Unis, avoir la peau claire en cas de contrôle, pour éviter de fâcheux ennuis. 
Les deux compères vont ensuite s'associer pour investir une des vieilles caches du Punisher, censée contenir un bon paquet d'argent (Cage fait toujours payer ses services!) et de nombreuses armes (Castle en a bien besoin pour ses activités diverses et variées). Relire ces pages après bien des années est plus pertinent que jamais, dans la mesure où les deux héros sont devenus des stars du petit écran chez Netflix, Luke avec sa récente série en 13 épisodes, et Castle dans pas très longtemps, avec ce qui s'annonce déjà comme un événement explosif.
C'est Val Mayerik qui illustre ce team-up surréaliste scénarisé par Chuck Dixon, qui a pour mission première de mettre le doigt sur les brimades racistes subies par la communauté afro-américaine. Style basique et honorable, avec le lointain voisinage de la touche Ron Lim. Bref, un comic-book tout sauf inoubliable, pour ce qui est de sa qualité intrinsèque, mais qui est une sacrée curiosité pour les aficionados du personnage, et de surcroît inédit en VF. A ce sujet il est incroyable de voir tout le matériel existant à ce jour, et jamais publié en français. Des sagas rocambolesques comme celles-ci, mais également d'autres aventures mieux construites et qui ont fait l'histoire de l'anti héros, comme Suicide Run, Welcome to Psychoville, ou encore les derniers numéros des trois premières séries régulières, où le Punisher est acculé au bord de la folie par Microchip, son propre aide de camp, qui ne voulait pourtant que son bien, et le soigner de sa fixation morbide sur les criminels. 
Avec l'effet Netflix, qui sait si un jour prochain vous n'allez pas pouvoir lire même ce numéro "what the fuck?" qui fait sourire?



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OLDIES : ANN NOCENTI, CONSCIENCE SOCIALE ET POLITIQUE DE DAREDEVIL

Lundi dernier, nous avions quitté Daredevil en fâcheuse posture, malmené et laissé pour mort par Typhoid Mary. Le héros aveugle va mettre un certain temps à se remettre sur pieds, d'autant plus qu'en parallèle son titre mensuel est fortement impacté par le crossover Inferno, qui voit des ordres de démons infecter Manhattan, avec les objets du quotidien qui prennent vie, comme le métro par exemple, qui avale ses passagers. Daredevil va peu à peu se reprendre et vivre de rapides aventures à la campagne, mais c'est finalement à partir du numéro 271 que la scénariste Ann Nocenti va à nouveau frapper un grand coup. Nous parlons souvent de conscience sociale et politique, lorsque nous évoquons cette artiste, et pour cause, à partir de ce fameux numéro, c'est tout un discours qui va s'élaborer, contre la consommation excessive de viande, l'élevage intensif, et la maltraitance des animaux. Ainsi que le rôle de la femme, piégée par la publicité et les injonctions masculines, à la recherche d'une perfection illusoire. Nous pénétrons ainsi à l'intérieur d'une ferme ultra moderne, où les profits augmentent au fur et à mesure que les frais diminuent. En contrepartie, les bêtes qui vont finir à l'abattoir grandissent dans des conditions inhumaines. La fille du propriétaire -une certaine Brandy- a bien conscience des activités de son père, et elle ne peut rester les bras croisés. Fille à papa élevée dans la ouate, elle a toutefois développé une conscience personnelle qui la pousse à devenir chef d'un groupe d'activistes, qui lutte pour le droit des animaux, mais aussi pour une forme moderne de féminisme. Les chemins de Brandy et de Daredevil se croisent, lorsque pour des raisons différentes ils se retrouve dans la ferme incriminée : grande stupeur au menu, avec la découverte, dans une sorte de cuve cryogénique, des corps de jeunes femmes soumises à des modifications génétiques et physiques, les amenant à rejoindre la perfection, telle qu'on pourrait l'attendre dans l'imaginaire machiste, de ceux pour qui la bimbo décérébrée et consentante est l'idéal féminin. Une de ces créatures est libérée, lorsque sa cuve se brise. Elle ne porte pas de nom, simplement un numéro de série (numéro 9) ; c'est une blonde aux formes généreuses, qui ne vit que pour servir l'homme auquel elle va s'attacher. Et bien entendu, puisque Daredevil est plus ou moins responsable de sa libération, autrement dit de sa naissance, voilà qu'elle s'attache à notre héros, et fait de son mieux pour le servir, lui prépare de savoureux petits sandwichs, ou lui dispense massages et compliments à longueur de journée. Une créature totalement soumise donc, qui entre bien vite en conflit avec Brandy la rebelle.


Nocenti est honnête avec le lecteur : elle présente les contradictions de Brandy, qui prétend vivre dans la marge de son père, s'émanciper de son ombre, mais a toujours eu besoin de son argent pour sa propre existence. Numéro 9 est une bombe sexy qui semble ne pas avoir de personnalité propre, mais au fur et à mesure des épisodes, on découvre qu'elle est plus attachante et intègre qu'on pourrait le penser. Une femme tragique, dotée de surcroît du pouvoir de guérir de toutes ses blessures, même face à la dernière version en date de Ultron, trafiquée et relâchée dans la nature par Fatalis, à l'occasion d'un autre crossover qui croise la route de Daredevil, les Actes de Vengeance. Une fois résolu le dilemme moral et éthique entre Brandy et son père (au passage nous avons droit à de jolies scènes de crêpages de chignons, sans doute un fond de jalousie motive t-il la rebelle à s'en prendre à la blonde docile) le récit devient moins passionnant. Les Inhumains s'en mêlent, puisqu'ils sont sur Terre à la recherche du fils du couple royal, momentanément éloigné de leur refuge pour des raisons d'état. Karnak l'intellectuel réfléchi et Gorgone la brute séductrice finissent par se taper dessus, excités à l'idée que Numéro 9 puisse leur préférer l'ami rival. C'est que dans la coulisse Blackheart, le rejeton de Mephisto, se plaît à manipuler les esprits, et faire monter l'animosité. Tout cela va se terminer carrément aux enfers, dans un long épilogue mystique et poétique, qui n'est pas très clair et noie le poisson. Nous étions partis avec une dénonciation sociale bien vue, et pertinente, et on quitte l'aventure embarqués chez le diable, le prince du mensonge, sans trop comprendre le comment du pourquoi, et surtout l'intérêt de ce genre de final. Romita Jr est encore au dessin pour la grande majorité de ces épisodes. Excellent Romita, ajouterais-je, tant à l'époque il avait ce don de synthèse, faisant naître mouvement et vie de chaque planche, avec un trait dur et nerveux, et l'encrage remarquable de Al Williamson. Ces épisodes furent publiés dans les années 90 par Semic, dans les petits fascicules "version intégrale" et sont toujours en attente d'une publication librairie, qui viendra peut-être un jour. Ce ne sont pas les plus connus de la longue carrière de Daredevil, mais ils sont indiscutablement parmi les plus surprenants et novateurs. Et méritent grandement une (re)lecture de votre part. 



JUSTICE LEAGUE LEGENDES (DC COMICS LE MEILLEUR DES SUPER-HEROS TOME 38 CHEZ EAGLEMOSS)

Il existe de multiples façons pour tenter de détruire un super-héros; la plus efficace est probablement aussi la plus subtile. Inutile de rouer de coups un de ces colosses en costume, mieux vaut s'attaquer à sa réputation, sa psychologie, le faire tomber de son piédestal, ruiner la confiance qui peut l'unir au grand public. Pour une fois Darkseid décide de ne pas foncer bille en tête, mais il recourt à une sorte de prédicateur du nom de Gordon Godfrey, qui passe son temps à tenir des discours haineux à la télévision, et a provoqué la méfiance chez le spectateur moyen. Les super-héros sont présentés comme des engeances, des personnages néfastes, qui finalement attirent plus d'ennuis que les problèmes qu'ils sont censés ensuite résoudre. Du coup les américains embrigadés finissent par prendre en aversion ceux qui sont chargés de les protéger : à Gotham, Batman et Robin sont pris à parti par une foule déchaînée, dans un supermarché, alors qu'il venait d'éviter un cambriolage. Le jeune prodige se fait même sérieusement amocher. Pire encore, encore Billy Batson -alias Shazam- est convaincu d'avoir tué son adversaire, lorsqu'il tente de repousser la menace d'un géant comme MacroMan. La nouvelle Ligue de Justice, conduite par le Limier martien, se fait elle bien malmener par Brimstone, un être de soufre et de feu, apparut de nulle part. Vous l'avez compris, Darkseid tire les ficelles de ce qui se passe depuis Apokolyps : son but est clair, une fois que la confiance, que le lien entre les héros et le public aura été définitivement rompu, il lui sera beaucoup plus facile de débarquer sur Terre, et d'instaurer sa domination et sa tyrannie. Nous sommes là dans l'univers Dc Comics, juste après Crisis on Infinite Earths. Il s'agit de reconstruire, de relancer de nouvelles séries; Légendes a donc une importance particulière, et introduit de nouveau concept, de nouvelles parutions, comme la Suicide Squad d'Amanda Waller. 




Les démiurges au scénario sont deux. John Ostrander écrit ces six épisodes, tandis que Len Wein s'occupe des dialogues, histoire de donner une voix crédible à chacun des personnages, car ils sont fort nombreux dans Légendes! John Byrne est quand à lui fraîchement arrivé chez Dc pour les dessin de cette saga, après un long contrat chez Marvel. Il a le mérite de travailler vite, et bien, tout en fluidité, caractérisant avec aisance tout ce joli monde, qui a certes de bien curieuses manies en terme de tenues vestimentaires. Les années 80 sont cruelles, comme pour Captain Boomerang et sa tunique bleutée assez improbable, ou le voleur de Temps Chronos, qui n'a pas peur du ridicule. Légendes, c'est donc le récit d'une humiliation, un maître plan diabolique orchestré par Darkseid, avec la présence de Ronald Reagan lui-même, qui cède à la tension ambiante, et signe un décret obligeant les super-héros à rester sur la touche. Superman s'exécute, Batman n'en a cure, et la police est en ébullition. Un album qui lorgne donc sur les problèmes sociaux et politiques, et ne se contente pas d'empiler des baffes et des combats, même si la réthorique et la morale sont parfois lourdes, comme lorsque Ostrander nous rappelle, régulièrement, que les enfants eux ne sont pas affectés par cette violence, et qu'ils ont toujours foi en leurs héros. Du vintage, c'est toujours bon à prendre, en somme, et c'est avec plaisir que nous constatons que la collection Dc de Eaglemoss n'oublie pas de faire, de temps en temps, un bond en arrière nécessaire. 




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SANDMAN OUVERTURE : NOUVEAU ET ULTIME CHAPITRE DU GRAND OEUVRE DE NEIL GAIMAN

Il est toujours hautement périlleux (et souvent hautement opportuniste) d'aller mettre la main à un chef d'oeuvre du passé, pour en proposer un appendice, ou une autre mouture. La mode ces temps derniers est à la "préquelle", c'est à dire raconter des choses qui se sont déroulées avant le récit proprement dit. Sandman n'échappe pas à cette tentation, avec une ouverture qui nous explique les raisons de la faiblesse et de la lassitude physique et mentale qui ont causé (en partie) l'asservissement du Rêve, tel que nous le rencontrons au début de l'oeuvre majuscule de Neil Gaiman. Tout est fait pour que le lecteur (habitué) ne soit pas dérouté. Les personnages principaux sont présents ou évoqués, comme les Infinis, ou le Corinthien, par exemple. L'imagination débridée et déconcertante de Gaiman frappe d'entrée, avec un aréopage de races et de mondes qui est convoqué, allant de la créature gazeuse à l'alien repoussant. C'est un feu d'artifice visuel, une orgie débridée qui explose la rétine et le cerveau. L'histoire décolle lorsque le Sandman et le Corinthien ont une divergence d'opinion assez animée, en 1915, au point que le maître des rêves décide de "décréer" la créature. Mais son intention est interrompue par une bien étrange convocation, qui l'amène sur un monde lointain, où est réunie une multitude de versions de lui-même, tel que perçues ou représentées par différentes races, cultures, univers. On y apprend que c'est la création toute entière qui est menacée, à cause d'une étoile qui est devenue folle et se comporte comme une métastase destructrice. C'est le début d'un parcours métaphysique, accompagné de la petite Espoir, qui porte bien son nom, et d'une incarnation alternative du Sandman, un gros matou énigmatique, qui permet un dialogue continu entre le "moi" du personnage et son "for intérieur". Encore que peut-être les choses ne sont-elles pas comme elles le semblent, et la vérité éclatera uniquement lorsque viendra l'heure de conclure ce album si déroutant. 

Les deux seuls problèmes que posent éventuellement cet album époustouflant, sont respectivement : l'impossibilité, pour le lecteur novice, de pénétrer dans l'univers de Sandman à travers cette Ouverture. Il est clair que celui qui n'a jamais lu auparavant les épisodes mythiques de la série, ou n'est pas familier avec l'écriture onirique et ultra dense de Gaiman, se sentira exclu de la fête, et ira voir ailleurs. Mais aussi (et ceci est mon ressenti personnel) le caractère plus "cosmique" et grandiloquent de ces pages, qui délaissent quelque peu l'intime et le relationnel humain, qui a fait le charme de certaines des pages les plus poétiques de Sandman. Je pinaille, car il est évident que nous avons entre les mains quelque chose de somptueux. J.H.Williams III au dessin est fantastique. Il possède une imagination débridée, une versatilité impressionnante, qui le pousse à varier les styles, les ambiances avant tout, selon le contexte qu'il représente, que ce soit la cité de lumière, par exemple, ou le royaume du père de notre Sandman (le Temps), et celui de la mère, la Nuit, où rien ne subsiste si ce n'est l'obscurité la plus totale, celle qui ne comprend et n'accepte en son sein que la solitude la plus totale. Le travail sur la couleur de Dave Stewart est tout aussi stupéfiant. Expliqué et documenté dans les bonus, c'est un autre atout majeur pour cette Ouverture qui donne parfois envie de s'arrêter longuement sur des doubles pages (ou plus, par deux fois il vous faudra déployer une sorte de longue splash page à panneaux) truffés de détails, de renvois au Sandman initial, d'éclairs lyriques inattendus. Quête fabuleuse mais hermétique, cet ouvrage est bien entendu absolument indispensable pour tous les lecteurs du travail de Neil Gaiman, et fortement conseillable à ceux qui placent de hautes exigences dans la bande-dessinée américaine moderne. Comme toute poésie échevelée qui se respecte, le sens et l'interprétation finale de cette Ouverture n'est pas aussi évident ou unique qu'on pourrait s'y attendre. Et on attend avec délectation la fin, les derniers mots, les dernières cases, pour s'assurer que tout ce qu'on a lu avant, depuis plusieurs décennies, existe bien et n'est pas seulement qu'un rêve, ultime pied de nez de Morphée, maître des songes, ceux qui hantent nos nuits et peuplent les entre-cases de nos chères comics, les enrichissent et les rendent si précieux. 





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KIRBY & ME : LE PROJET HOMMAGE AU KING KIRBY EST SUR ULULE

Difficile d'imaginer un lecteur de comics qui ignore l'existence de Jack Kirby. Difficile de penser à un passionné de comics, qui n'apprécie pas tout ou grande partie des oeuvres du maître Kirby. C'est pourquoi le projet actuellement proposé sur Ulule est des plus pertinents, et mérite toute notre (et votre) attention.
Kirby & Me est un ouvrage commémoratif (en août 2017 Kirby aurait eu 100 ans,), actuellement proposé sur la plateforme de financement participatif la plus connue du moment. Au menu, vous y trouverez

un ouvrage de type artbook (31cm de hauteur par 25 cm de large)
une couverture cartonnée
un livre totalement bilingue français et anglais
plus de 300 pages
plus de 150 participants
des bénéfices reversés à une association caritative (Hero initiative)
des illustrations inédites et commentées par les artistes eux-mêmes 
des comics créés pour l'occasion
des textes hommages
des analyses de spécialistes
des interviews inédites dont une de Joe Simon !
et encore plein de surprises...



L'objectif sera atteint à partir de 500 ouvrages vendus, ce qui semble très raisonnable, étant donné la qualité de ce qui est proposé.
Le lien vers le projet sur Ulule est ici. Cliquez donc! 


Vous pouvez, si vous êtes à Angoulême ces jours-ci, rencontrer sur place Mickael Gereaume de PlaneteBd, et lui poser toutes vos questions. questions que vous pouvez aussi envoyer aux auteurs de la manière suivante :
mickael@planetebd.com / alain@planetebd.com

Bonne chance à ce projet Kirby & Me, nous en recauserons en détail dans pas trop longtemps, ça me semble évident. 



COVER STORY RELOADED épisode 1 : THE AMAZING SPIDER-MAN #129

Cover Story (reloaded) c'est une cover, une histoire, quelques explications. Premier épisode, avec The Amazing Spider-Man #129.
Une couverture mythique, peu s'en faut. Cette cible au premier plan, ces deux personnages désormais incontournables, de l'univers Marvel, vous les connaissez tous. C'est que pourtant, derrière cette cover ultra classique, se cache un coup de poker réussi, l'irruption d'un nouveau "vigilante", destiné à devenir un des anti héros les plus populaires, la décennie suivante. C'est en effet la première apparition historique du Punisher, sur les pages de la série phare du tisseur de toile. C'est sous la plume de Gerry Conway, qui invente là un justicier au croisement de Mak Bolan (L'Exécuteur) et de Charles Bronson (dans Un justicier dans la ville), que nait l'homme à tête de mort sur la poitrine. Nous le découvrons associé au Chacal, alias Miles Warren, le prof de biologie de Peter Parker, qui hait secrètement son élève depuis qu'il le tient pour responsable de la mort de Gwen Stacy, dont il était également amoureux. Sa vengeance sera terrible, et dans un premier temps, il parvient à convaincre Frank Castle d'éliminer le tisseur de toile. Le Punisher d'alors est encore très obtus, crédule, loin d'être le personnage complexe qu'il deviendra ensuite. Il mord à l'hameçon et heureusement, échoue dans sa tentative. Sous les crayons de Ross Andru, Castle semble avoir la quarantaine, un physique massif et frustre. Il rajeunira par la suite, semble t'il. Ses origines ne nous sont pas encore vraiment dévoilées, ses motivations restent floues. Cette première apparition n'est qu'une ébauche de ce qui viendra dix ans plus tard, quand les temps seront mûrs pour la consécration du Punisher. On notera que Castle a déjà sa propre déontologie, aussi discutable que cela puisse paraître. S'il parvient à désarçonner Spider-Man et à le faire choir du haut d'un immeuble (croyant ainsi l'avoir liquidé dès le premier coup, grossière erreur), il reproche au Chacal ce "coup bas" et le fait d'avoir frappé un adversaire dans le dos, ce qui est hautement déshonorable. C'est un Punisher encore ingénu, qui laisse traîner ses armes, et il emploie du matériel dont même un type comme Peter Parker peut retrouver la trace, l'origine. 




Pas mal de petits défauts, d'incohérences (vues avec le temps) ou de naïveté...en attendant, ce numéro historique est absolument incontournable pour tous les grands sentimentaux que nous sommes, avec des dialogues savoureux, à l'ancienne, et un Punisher qui va devoir s'entraîner pour ne plus rater sa cible : si vous regardez bien les impacts sur la couverture, et où se situe pourtant la mire du viseur, vous noterez pourquoi il n'a jamais vraiment pu faire de dégâts chez Spidey...
C'est un épisode crucial pour la première apparition de Castle, donc, mais aussi pour celle du Chacal, alias Miles Warren, qui va devenir une épine dans le pied du tisseur, au point d'être le grand vilain derrière la longue et épuisante Saga du Clone des années 90, et de revenir, en ce moment même en Vo, sous forme d'une foultitude de clones, dans The Clone Conspiracy. Bref, en février 1974, c'est l'histoire des comics Marvel qui s'écrit, sans que cela saute aux yeux immédiatement. De Gerry Conway et Ross Andru, cover de Gil Kane. 






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INFINITY 8 EN ALBUMS LIBRAIRIE : TOME 1 ROMANCE ET MACCHABEES

A l'occasion de la publication du projet Infinity 8 en librairie (sous forme d'albums complets reprenant chacun un cycle) je me suis enfin penché sur la série qui a fait parlé d'elle ces temps derniers. Le premier tome s'appelle Romance et Macchabées, et il met en scène l'agent Yoko Kersen, pour d'improbables aventures dans l'espace, entre gaudriole et science-fiction. Infinity 8 est un vaisseau géant, qui est dirigé vers la galaxie d'Andromède, mais rencontre un obstacle sérieux sur sa route. Un amas d'artefacts non identifiés barre la route du croiseur spatial; pour l'essentiel il est composé de débris de civilisations, fusées détruites, bref une vaste nécropole flottant dans l'éther. C'est pour cette raison que le capitaine de l'Infinity 8, un petit homme ventru et alcoolique, fait appel à Yoko Kersen, pour activer la procédure 8, ce qui signifie l'incroyable possibilité de revenir en arrière dans le temps (de huit heures) avant de décider si poursuivre avec cette nouvelle ligne temporelle, ou opérer le "reboot" si à la mode dans les comics. L'agent Kersen est aussi active qu'agréable à regarder, ce qui lui vaut les regards concupiscents de pas mal de mâles, de différentes races présentes dans le vaisseau (257!), mais elle, ce qu'elle désire, c'est trouver un géniteur apte à lui assurer une descendance. Pas de chance, ceux qu'elle croise ont tous des défauts et ne font pas l'affaire. En cours de mission, elle se heurte à la race des kornaliens, des êtres monstrueux et nécrophages, que la présence de la mort en suspension dans l'espace excite au plus haut point. L'un d'entre eux, Sagoss, se montre plus raisonnable et va se révéler être un allié inattendu pour l'affriolante Yoko, dont il va tomber raide dingue amoureux après avoir dévoré le cadavre d'un poète extra-terrestre. Une romance loufoque va naître, entre remarques salaces, envolées lyriques au goûts douteux, et effluves de putréfaction aromatiques. Bref c'est dingue à raconter, dingue à lire, et ça part par moments dans tous les sens. 



C'est Lewis Trondheim et Olivier Vatine qui chapeautent ce projet, annoncé lors du festival d'Angouleme de l'an passé. Infinity 8 est une histoire qui va se dérouler sous formes de huit cycles, les deux premiers bénéficiant au préalable d'une publication sous forme de trois fascicules, presque à l'américaine. Dominique Bertail est au dessin du premier tome, avec l'ambition de faire vivre une odyssée de l'espace totalement foutraque, orchestrée par une héroïne pulp et indépendante, qui est harcelée par un alien dégueulasse mais persévérant. Une histoire d'amour improbable au premier regard, mais sous les apparences et l'humour lourd, peut-être que l'autre, le différent, le monstre, n'est pas aussi marginal qu'il ne paraît, et possède sa propre dignité, ses propres qualités. Les pages sont fort dynamiques, inventives et iconoclastes, à grands coups de tentacules, cadavres putréfiés, et formes généreuses de l'héroïne. Les détails des visages et les silhouettes de certains personnages secondaires n'ont rien de formidables, mais Bertail se rattrape sur les vignettes les plus larges avec de jolies intuitions bordéliques. Le scénario, écrit aussi avec Zep, ne s'embarrasse pas de réalisme (même de loin) et coupe avec franchise dans l'absurde, la série B cosmique, et le délire en apesanteur. Expérience qui peut être déroutante, déconcertante, mais qui ne laisse pas un goût désagréable en bouche, après consommation, loin de là. 
Publié aux éditions Rue de Sèvres. 



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INJECTION TOME 1 : DU WARREN ELLIS A DIX EUROS CHEZ URBAN COMICS

Maria Kilbride, ainsi que quatre autre génies de sa trempe, furent appelés à faire partie de l'unité des contaminations culturelles croisées. Leur mission était des plus simple, anticiper la prochaine grande révolution de l'humanité, qui dopée par les progrès constants de la science, sera appelée à une véritable mue épocale. Chacun de ces génies a été choisi pour un secteur de compétence bien particulier, afin de couvrir tous les domaines importants du savoir possible. Retour au présent ; la situation est dramatique. Maria est internée dans une structure psychiatrique, et une mystérieuse entité non humaine a accédé à la conscience, pour briser les certitudes de l"humanité, et rendre tangible tout ce qui appartenait au domaine de la chimère et de l'improbable. Technologie futuriste ou simple folklore populaire, tout est possible. Mais qu'est donc vraiment cette Injection, qui est (vous l'aurez deviné) le fruit des cerveaux débridés de Maria et de ses collègues? Voilà, vous avez compris l'essentiel de la trame de cette histoire, qui part ensuite dans tous les sens et refuse avec persistance de suivre un cheminement classique, pour apparaître éclatée, destructurée, à première vue, c'est à dire en fait exiger une lecture patiente et approfondie, en réalité. Le récit fonctionne sur plusieurs niveaux avec deux veines temporelles qui se croisent, tandis que les révélations sont régulièrement dosées, avec leur lot de coups de théâtre qui ouvrent de nouvelles portes dans un grand ensemble qu'on devine foisonnant. Tous les personnages ont leur importance dans Injection, et chacun semble se mouvoir comme le pion d'un échiquier, partie individuelle et décisive d'un grand tout qui ne se laisse guère entrevoir. Warren Ellis réussit le tour de force de passer d'un lieu à l'autre, d'un personnage à l'autre, d'une ligne temporelle à la suivante, sans jamais se perdre, et en gardant le cap et une direction voulue. 



Une des raisons de tenter l'aventure avec Injection, c'est aussi parce que les dessins sont confiés à l'irlandais Declan Shalvey, qui est en train de devenir une petite référence, ces dernières années. Déjà fort appréciés sur le Moon Knight de Ellis justement, le revoici avec un trait dur et dynamique, jamais surchargé, inventif à souhait dans la manière de construire son storytelling. Les couleurs de Jordie Bellaire s'accordent parfaitement avec l'inventivité de Shalvey, qui sert le coté visionnaire du scénariste, et ses idées complètement folles, appliquées à un monde nouveau.
Reste que c'est tellement dingue et spasmodique, par endroits, que tout le monde ne va pas adhérer d'emblée. Ellis est comme toujours en quête de sens, partant des bonnes intentions de scientifiques et autres gros esprits, pour mettre une fois encore le monde devant le fait accompli, et en observer le possible crépuscule, sans dévoiler d'entrée la manière dont il passera à la trappe. Injection est dense, solide, intelligent, et n'est pas à recommander pour une lecture entre deux gares, ou aux toilettes après un chili trop épicé. Vous êtes prévenus, l'accessibilité se mérite, et il faudra faire l'effort. La récompense en vaut la chandelle. Surtout à dix euros. 



THE ART OF ... ALESSANDRO BIFFIGNANDI (1935-2017)

Vous êtes tous tombés, dans votre jeunesse (attention, là je parle de celles et ceux de ma génération, qui ont grandi dans les années 70 ou 80) sur ces parutions bon marché, des bande dessinées petit format en noir et blanc, au belles couvertures cartonnées, orientées assez souvent sur des thématiques guerrières ou érotiques. Un marché lucratif où les italiens ont su se tailler une part notable, travaillant souvent pour une production italienne et américaine. Parmi les artistes les plus actifs et influents, citons Alessandro Biffignandi, dessinateur romain, né en 1935, qui nous a malheureusement quitté le week-end dernier.

Biffignandi avait quitté rapidement le lycée pour intégrer une école artistique, fortement poussé et séduit par les illustrations pour le cinéma, qui lui paraissaient mythiques, au point de devenir naturellement l'élève d'un des maîtres du genre, Averardo Ciriello. A l'âge de vingt ans seulement il est déjà recruté par les studios de Augusto Favelli, la référence du genre dans les années 50, pour illustrer ce type d'affiches. Il part ensuite pour Milan et se spécialise dans la production de splendides couvertures pour les marché anglais et italiens, avec donc une classe particulière dès lors que les thèmes sont la guerre, et le sexe. Les "fumetti" sexys deviennent sa grande spécialité dans les années 70, avec l'éditeur Edifumetto, et des héroïnes ou séries comme Zora la Vampire, ou Cimiteria. Chez Korero Press, un splendide ouvrage de 160 pages vous permettra de reparcourir les grandes oeuvres de cet artiste, qui coïncident avec une ère révolue de la bande-dessinée, celle des petits formats qui s'échangent sous le manteau, avec des aventures érotiques improbables et parfois fort inventives, où se rencontrent aliens, vampires, monstres, espionnage, et bien sûr moments coquins. En France, c'est chez Lug que Biffignandi a aussi été repéré dns le passé (couvertures pour Kiwi, Yuma, Rodeo, Hondo...). L'artiste s'est éteint à l'âge de 81 ans. Ce n'est pas forcément le nom qui revient le plus souvent sur toutes les lèvres, mais nous gardons un vif souvenir de ce genre de productions, qui mériteraient d'être reconsidérées pour leur qualité graphique trop souvent insoupçonnée.







OLDIES : DAREDEVIL FACE A TYPHOID MARY (AVEC ANN NOCENTI ET JOHN ROMITA JR)

Un des "run" les plus surprenants et riches en interprétations de Daredevil est assurément celui de Ann Nocenti. Journaliste de profession, elle est appelée dans la seconde moitié des années 80 a venir prendre les choses en main sur le titre de Tête à cornes, qui ne s'est toujours pas remis, à l'époque, du pic qualitatif atteint sous l'ère Frank Miller, suivi d'une lente plongée inexorable. Après avoir fait ses classes notamment sur la mini dédiée à Longshot, Nocenti bouleverse le regard que nous portons sur Daredevil, en mettant de coté les sempiternelles luttes poisseuses dans les ruelles malfamées de Hell's Kitchen, et en ouvrant grandes les vannes de la réalité sociale, saupoudrées d'introspection et de métaphysique. Si les premiers épisodes n'osent pas encore s'aventurer sur ces territoires glissants, très vite la scénariste va innover, quitte à ne pas forcément être comprise d'emblée par des lecteurs déroutées. Matt Murdock est au centre de cette petite révolution. Puissamment influencé par son background judéochrétien, l'avocat aveugle respecte -à sa manière- un ensemble de codes et de règles déontologiques, qui le font aller de l'avant, et lui donnent inconsciemment ce sentiment de supériorité sur les autres, et qui justifie son statut de redresseur de torts, en contradiction avec son métier au civil. Ici, il a aidé Karen Page, sa flamme de toujours, au monter une association venant en aide aux plus pauvres, et qui prend en charge le cas d'un gamin rendu aveugle par des déchets toxiques abandonnés avec nonchalance dans la nature, par une grande compagnie vérolée. Derrière celle-ci se cache le Caïd et son empire financier malfaisant, et pour assurer la défense de l'indéfendable, c'est Foggy Nelson, l'ami momentanément en disgrâce, qui s'y colle. Mais Matt a de plus gros soucis en tête. Il a rencontré une certaine Mary, une brune mystérieuse, qui excite et étourdit ses hyper sens, et qui fait monter en lui un désir brûlant et irréfrénable. Inoubliable les scènes où Matt et cette jolie créature s'embrassent et se caressent sous les yeux du petit aveugle, qui devine ce qui se passe, sans la voir formellement, et constate avec dépit que les adultes profitent de sa cécité pour faire comme s'il n'existait pas. C'est que Mary est en fait un pion du Caïd, destinée à faire chuter, une fois encore, le toujours debout Murdock. Et surtout, Mary a deux personnalités, une schizophrénie de premier ordre, qui la pousse à devenir quelqu'un d'autre, une meurtrière impitoyable, un monstre de perversion, la bien nommée Thypoïd Mary. Et ça, Daredevil (et Matt Murdock donc) l'ignore totalement...


Wilson Fisk a parfaitement compris qu'il est plus aisé de détruire Daredevil de l'intérieur, que l'extérieur. DD encaisse bien les coups, mais sa psyché a tendance à parfois lui jouer des tours. Son sentiment de culpabilité pèse comme une roche granitique. Devant le bonheur "conjugal" enfin rejoint avec Karen Page, l'homme souffre et ressent la honte du péché face à la douce Mary; pire encore il est en proie à une répulsion/attraction mortifère face son alter égo maléfique, Typhoid, qui l'excite autant qu'elle le dégoûte. Eros et Thanatos sont convoqués, avec le remords, la faute, le carcan de l'éducation, qui perturbent un homme qui se croyait un héros, et estime en perdre le statut dès lors que ses lèvres cherchent celles de la femme qui le perturbe. Bien sûr, cela finira par se savoir, Karen par partir, et l'existence de Matt volera en éclats une fois encore. Au point qu'il va devoir prendre la route, s'isoler, entamer une sorte de road trip solitaire au beau milieu de nulle part. Un calvaire qui débute par un passage à tabac en règle, avec une succession d'ennemis qui pris indépendemment n'ont rien d'invincibles, mais qui laissent Daredevil exsangue, et meurtri. La touche finale est apportée par de simples voyous, dans une ruelle, qui achèvent le diable rouge. Abandonné, il est laissé pour mort, agonisant, et les new-yorkais s'interrogent sur le destin du héros, qui semble avoir déserté la ville. Miraculeusement sauvé et épargné par Typhoid, Matt Murdock se retrouve dans un lit d'hôpital, couvert de bandages et sous perfusion (et l'identité secrète alors?), et pour son plus grand malheur, Karen croise Mary, et apprend ce qui se trame derrière son dos. 
Ann Nocenti s'attaque donc au héros. L'immaculé personnage qui prétend être donneur de leçons, mais a bien du mal à assumer son humanité, ses faiblesses, ses pulsions. A se vouloir irréprochable, Matt Murdock est le pire ennemi de Daredevil, le maillon faible, quand il n'est plus en collants, et s'abîme dans la luxure, qui le dégoûte tout autant. Aux dessins, John Romita Jr est dans une forme étincelante. Il suggère tout autant qu'il révèle. Al Williamson est parfait à l'encrage, et les planches se brouillent, les repères s'amenuisent, et Daredevil traverse lentement l'enfer, en se perdant en chemin, sans savoir vers qui se retourner. Une très grande période, donc nous évoquerons la suite bientôt.
Vous pouvez retrouver ces épisodes dans les Versions Intégrales Daredevil, publiées par Semic, en 1990. Pour la Vo, il existe un excellent tpb intitulé Lone Stranger, qui présente une belle brochette d'épisodes du run d'Ann Nocenti, dont les suivants, que nous aborderons la semaine prochaine. Sans oublier un pavé comme le Marvel Epic collection, A touch of Typhoid, vers lequel vous trouverez un lien ci dessous. 



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MONSTERS UNLEASHED #1 : LES MONSTRES SONT DE SORTIE

Ce Monsters Unleashed n'a pas de temps à perdre. Du coup, on plonge dans l'action dès la première page. Une boule de feu s'écrase en plein New-York, laissant au sol un monstre, énorme, gargantuesque, vite pris en charge par les Avengers, qui ont retrouvé Hercules dans toute sa gloire, pour le plaisir des fans. Les plus grands héros de la Terre ont du pain sur la planche, mais bon, un monstre, aussi gros soit-il, cela reste dans leurs cordes. Sauf que un monstre, ce n'est que le début. Londres, le Wakanda, Venise... l'événement se produit un peu partout sur le globe, et heureusement que les super-héros Marvel sont nombreux et ont l'habitude de fonctionner par équipe... Du coup les Inhumains sauvent les meubles en Italie, les X-Men interviennent en Angleterre, les Champions à Los Angeles, et ainsi de suite. C'est là qu'on se rend compte du boulot (de monstre. Ok, c'est facile) que le dessinateur Steve McNiven a du abattre. Je n'ai pas compté le nombre d'intervenants dans ce premier numéro, mais c'est assez remarquable, tout le monde y passe, et même si c'est assez simple et pompier comme manière de faire (oh un monstre, oh un groupe de héros, et tout le monde tape sur la méchante créature) les amateurs de planches truffées de détails et de costumes vont en avoir pour leur argent, car c'est une aubaine. Coté scénario par contre, c'est plus modeste et recentré, sauf que par moments on nous montre un gamin en train de dessiner (des monstres justement) dans son cahier, qui ressemble furieusement à ceux qui sont en liberté, au dehors. Alors comme on n'est pas idiot, et qu'on se dit qu'il n'y aurait aucune raison que Cullen Bunn raconte ceci, si ça n'avait pas d'incidence... Le twist de la dernière page clarifie la situation, tout en donnant envie d'en savoir plus, et de comprendre ce qui se passe vraiment. C'est là que la série va prendre son envol, en fonction de ce qui va suivre. Car le premier numéro est avant tout du déballage de pouvoirs, des combats dantesques d'une case à l'autre.
Après j'aimerais bien trouver une conclusion digne de ce nom pour en finir avec cette review, mais il se trouve que je n'y parviens pas. Tout a été dit, c'est du comics décomplexé, ça frappe et ça tire, ça cogne et ça tombe, mais si vous cherchez la moindre (pour l'instant) implication intérieure, psychologique, vous faites fausse route. C'est l'heure de la récréation, vous n'avez pas besoin de vos livres et vos cahiers, même pas le cartable. Just for fun. 




UNIVERSCOMICS : UN PETIT DON POUR UNE GRANDE CAUSE

En 2017, notre association (de loi 1901) va mettre les bouchées doubles, et nous participerons et organiserons différentes manifestations liées aux comics. Cela ira d'un véritable week-end sous le signe de la Bd, à l'occasion du FCBD (début mai à Nice, les Free Comic-Book DayS, avec Alfa Bd), à la participation/présence dans d'autres manifestations (à Fréjus, par exemple, au Manga Game Show début mars), en passant par des conférences ici à Nice (le 23 mars la prochaine, sur les comics et le cinéma/les séries télévisées) et les soirées avant-premières au cinéma (Logan nous attend...).
Nous fonctionnons depuis la toute première heure en totale autonomie, c'est à dire sans publicité, sans liens avec les maisons d'édition, sans ressource financière particulière, sur fonds propres. En 2017 les besoins augmentant exponentiellement, plutôt que de vous balancer des pop-up ou de la pub stérile, nous avons eu l'idée de lancer un appel aux dons modeste, tout en vous proposant quelque chose en retour.
Ainsi, à partir de 5 euros de don (oui, cinq, approchez messieurs dames) je vous enverrai un dessin A4 sur papier de qualité (pour l'aquarelle, que j'utilise souvent). Un sketch en couleurs, une 'recreation", un dessin original, il y en a pour tous les goûts, et vous pourrez consulter ceux qui sont disponibles (avant de faire votre don) en suivant le lien placé en bas de cet article. Juste un détail, 1,50 euros de frais de port tout de même car figurez-vous que la Poste n'est pas trop dans l'idée de nous concéder le franco de port, quelle surprise... Ou bien remise en main propre, au détour d'un festival ou sur Nice et la région.
Comment faire un don? Contactez-nous en message privé ici, sous forme de commentaire, ou sur la page FB, et je vous donnerai l'adresse paypal ou postale. Sachez qu'à partir de quinze euros (si vous êtes riches et que vous nous aimez bien) vous pouvez carrément commander le dessin de votre choix, et pas vous contenter d'aller piocher dans ceux qui sont disponibles.
Voilà, c'était l'appel aux dons du jour, merci d'avance à celles et ceux qui feront le geste, sachant que même si personne ne se manifeste, cela n'empêchera pas UniversComics de poursuivre sa route. Mais avec votre aide, celle-ci n'en sera que plus florissante.
Dernier détail, UniversComics est une association de loi 1901 et à ce titre les sommes versées peuvent en partie être déductibles de vos impôts. Certes, 5 euros, ce n'est pas non plus ce qui changera la donne...



Encore merci à toutes et à tous et bon week-end.

Les dessins à choisir (si vous le souhaitez) sont ici


BLOODSHOT REBORN TOME 3 : L'HOMME ANALOGIQUE

Cela fait maintenant quelque temps que je répète qu'il existe une excellente alternative au comics mainstream Marvel et DC : allez donc jeter un œil chez Valiant, notamment à la série Bloodshot Reborn, qui est tout simplement une petite perle du genre. En plus, vous ne serez pas dépaysés, car je vous ai déjà dit que je voyais beaucoup de similitudes entre ce personnage et Wolverine. Outre sa capacité à se régénérer (il n'a pas de facteur auto guérisseur mais des nanites dans le sang) Bloodshot ignore qui il est vraiment, et ce qu'il a pu subir pour en arriver là. Dans le volume 3, nous le retrouvons 30 ans dans le futur, dans une Amérique post apocalypse, inhospitalière, et disant le franchement, ça a un petit côté Old Man Logan (ou Mad Max) assumée. Pénurie d'eau, guerre impitoyable entre les Shadowmen (des espèces de pillards de l'ombre) et les rares survivants d'une colonie protégée par Bloodshot, le tout à l'ombre de la forteresse gigantesque qu'est devenue Los Angeles, et qui est aux mains d'une sorte de milice impitoyable, possédant une arme absolue, le gel glu, voilà le menu. Cette substance est constituée de nanites bien plus sophistiqués que ceux qui pullulent dans le sang de Bloodshot, ce qui leur permet de faire tout et n'importe quoi, et explique pourquoi notre héros est invisible : c'est que celui qui autrefois était une arme de guerre ultra moderne est devenu une relique du passé, et cela lui permet d'opérer dans les marges. Bloodshot semble heureux, il est en couple avec Magic depuis toutes ces années, et pourtant la tragédie va le rattraper, accompagnée de Ninjak, qui lui aussi refait surface. Sa vengeance s'annonce terrible.


Oui mais voilà les choses ne sont pas vraiment telles qu'elles le semblent. Pour comprendre où veux en venir Jeff Lemire, il va falloir que vous lisiez jusqu'au dernier épisode, et bien entendu il est hors de question que je vous gâche la surprise. Mais sachez que tout ce que je viens de vous dire est sujet à caution. Jetez-vous sur l'album, et vous comprendrez pourquoi! Tiens d'ailleurs, on peut tracer un parallèle avec ce que je vous racontais avant-hier, avec notre critique du volume 1 du Moon Knight de ce même Lemire, à sortir en février. Le dessin de ce volume 3 de Bloodshot Reborn est stupéfiant; Lewis LaRosa est de retour, est son style qui pioche aussi bien dans le réalisme photographique, que dans l'action pure et dure, typique des comics des années 90, est une réussite totale. Que le progrès il a pu faire ces dernières années! La mise en couleurs et le traitement graphique digital prennent tout leur sens, avec par moments des doubles pages qui sont littéralement somptueuses. Je vous le disais, difficile de ne pas aimer Bloodshot dans ces conditions. Le personnage a un véritable potentiel, et il récupère et recycle avec intelligence les codes de certains héros, qui ont fait le succès de Marvel par le passé. Chaque arc narratif se concentre sur un aspect particulier, et pour l'instant Lemire réalise un véritable sans faute avec ce titre. Bref, Bliss comics est véritablement arrivé dans l'aventure au bon moment : Valiant n'a jamais été aussi en forme et tendance qu'en 2017, et on va encore en voir de belles! 



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