SHANGAI RED : VENGEANCE RADICALE ET HALETANTE CHEZ HI COMICS


 Au départ, tout est affaire d'identité(s). Molly n'est pas celle que l'on croit. La jeune fille, que tout le monde appelle Red, revêt l'apparence d'un garçon, depuis très jeune, dans le but de subvenir aux besoins de sa famille. Une éducation à la dure, au cœur du XIX° siècle, dans une ville de Portland qui a tout de la cité malfamée et corrompue comme le veut l'imaginaire collectif de l'ouest américain d'alors. Dans les tavernes, on peut y faire de drôles de rencontres, et notre héroïne, sous les traits de Jack, est enlevée par une bande de délinquants sans scrupules, au service du capitaine d'un navire prêt à embarquer pour Shangaï. Le but est simple, se fournir en main d'œuvre bon marché, des "muscles" qu'on kidnappe au milieu de la nuit, des individus qui se font "shangaïer" et servent à bord des bateaux, tels des esclaves, pendant deux ans. Passé ce délai, on leur propose un choix tout aussi inique; poursuivre l'aventure (façon de parler...) sur les océans, mais cette fois en tant que chiourme rémunérée, ou retrouver la liberté, mais sans la moindre ressource, à l'autre bout du monde. Deux ans d'angoisse et de torture donc, pour Red et ses compagnons d'infortune, jusqu'à ce qu'arrive le jour fatidique où il faut prendre une décision. Qui sera surprenante et radicale, à savoir l'extermination atroce de ceux qui ont tenu le fouet durant cette captivité, pour ensuite faire route vers les Etats-Unis, et châtier les vrais responsables, les cerveaux et ceux qui financent ce genre d'exaction. Red voit rouge (facile...) et sa vengeance est inexorable. On pourrait même parler d'obsession, tant il ne reste plus grand chose au fond du cœur et de l'âme de celui/celle qui a perdu tout contact, tout lien avec sa famille. Faire couler le sang en abondance est l'exutoire le plus immédiat, le moyen de se réapproprier un peu de dignité, de ces mois volés, tout en représentant également un chemin de perdition, l'assurance d'une existence brève et chaotique, qui ne peut finir autrement que brisée par les balles d'un revolver ou une lame de couteau. Une fuite éperdue droit devant, mais le regard en arrière, avec une liste de noms à éliminer, sans faire la moindre concession. 

Rarement une histoire aussi sombre aura brillé d'un tel éclat mortifère. Oui, Shangai Red est une réussite indéniable, et si c'est le cas, c'est principalement car Christopher Sebela, le scénariste, est parvenu à éviter les pièges inhérents au genre, et à renouveler les enjeux. Ainsi, nous ne lirons pas un récit féministe engagé, ou une énième dénonciation de la condition féminine, où la faiblesse des héroïnes succombe devant l'outrecuidance et la violence masculine. Ici Red/Jake/Molly possède différentes identités, mais sa quête de vengeance, les ressorts intérieurs du personnage, peuvent très bien être interprétés de façon asexuée. Le reste du cast féminin (la soeur, une tenancière d'un local égrillard et les employées des lieux) ce sont d'ailleurs des figures assez fortes voire carrément agressives, qui ne s'en laissent pas remontrer. La vengeance n'est pas l'apanage d'un homme, d'une femme, elle est consubstantielle à tous, et rien ni personne ne peut la contrôler et la revendiquer pour lui/elle seul(e). Ensuite, les auteurs évitent de nous réserver une surprise finale et tirée par les cheveux, un dernier chapitre où tout à coup Jake se révélerait être une jolie rousse longiligne grimée en homme. Non, on a vite compris de quoi il en retourne, par un biais scénaristique malin et délicat (le changement du timbre de voix, qui met la puce à l'oreille de l'équipage). Pour finir, le dessin s'accorde à merveille avec les intentions de départ. La violence et la mort ne sont pas le prétexte à des vignettes ou des planches morbides et esthétisantes, mais on plonge bien dans la crasse, le sordide, les souterrains où la pègre organise ses petites affaires. On y est, immergé jusqu'au cou, par la dextérité de Joshua Hixon, dans un style qui ressemble un peu au télescopage des oeuvres d'Azaceta et de Maleev (même si le travail des textures est fort différent). L'équipe artistique instaure une ambiance glauque à souhait, tout en brossant des portraits crédibles et attachants. Shangai Red est haletant d'un bout à l'autre, fonctionne comme un jeu de montagnes russes émotionnelles, fait entrevoir une possibilité de bonheur pour vite l'éclipser ou la remettre à plus tard. Une fuite éperdue vers le néant, guidée par une obsession personnelle, doit-elle nécessairement finir mal, ou peut-elle espérer une rédemption inattendue? Vous le découvrirez en donnant sa chance à cette nouvelle belle trouvaille de Hi Comics, dont le catalogue de titres indés commence à avoir sérieusement de la gueule. 

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IRRECUPERABLE : BREAKING BAD AVEC LE PLUTONIEN


Le mal, après le bien.  Le Plutonien est le plus grand des super-héros de la Terre. Plus ou moins Superman, il en possède les pouvoirs, l'aura, la force de frappe. Dans l'univers bâti par Mark Waid, c'est un être que tout le monde connaît, celui qui a déjà sauvé notre planète à maintes reprises. Le plus grand, le plus fort, le chantre de la bonté, du bien. Oui mais. Le scénariste, dont le nom est lié à de nombreuses histoires de super-héros devenues culte, est à l'œuvre pour aborder le thème de la corruption du héros, qui avait été à la base de sa saga la plus célèbre: Kingdome Come. Et il le fait selon une technique de déconstruction désormais éprouvée. C'est-à-dire en extrayant des détails de l'intrigue narrative plutôt classique, et en imaginant des conséquences qui ne peuvent être osées, pour des raisons commerciales, dans des comics tout public. Pour être honnête, l'idée du super-héros bon et sensé qui succombe au côté obscur n'est pas tout à fait nouvelle. La saga X-Men du Black Phoenix est un exemple historique, et en d'autres occasions les justiciers comme Superman ou Captain America ont du composer avec des versions distordues d'eux-mêmes, ou momentanément se plier à l'envie de faire le mal. Sauf que dans Irrécupérable, le titre signifie quelque chose. Le mouvement de bascule est sans appel, le Plutonien sombre, et ne pourra jamais refaire surface. Nous suivrons donc le héros à travers toutes les phases de son inexorable descente aux enfers, découvrant quelles déceptions et traumatismes l'ont transformé en un monstre imparable auquel nous sommes confrontés aujourd'hui. Régulièrement adopté puis rejeté par plusieurs familles d'accueil, Tony (dans le civil) ne souhaite finalement rien d'autre que d'être aimé, et de ne plus être vu comme une "bombe ambulante sur le point d'exploser". Mais il est difficile de donner tort à ceux qui ont croisé son chemin, semé d'accidents déplorables ou de violence involontaire. Et même lorsqu'il est animé par les meilleures intentions, comme lorsqu'il confie à un savant certaines trouvailles technologiques récupérées après une invasion alien, le résultat s'avère catastrophique et particulièrement culpabilisant, même pour un tel surhomme. Ajoutez à cela un cœur brisé, et il n'en faut pas plus pour qu'un homme perde ses repères, et entrevoie dans la puissance et la fascination du mal la seule porte ouverte vers un avenir possible. Le Plutonien du passé est également très différent en apparence. Des cheveux, avec l'abandon d'une belle crinière flottante pour une coupe paramilitaire frontiste, à la combinaison rouge et blanche qui cède la place à des couleurs sombres et à une démarche sinistre. N'oublions pas les dessins de Peter Krause (Pouvoir de Shazam) qui ont un style agréablement classique et parviennent à alterner une atmosphère lumineuse de l'âge d'argent dans les nombreux flash backs à un trait plus sombre et nerveux lorsqu'il s'agit de montrer le présent de l'ange maintenant muté en un démon que rien ni personne ne peut arrêter. Une série à (re)découvrir avec un grand plaisir, disponible en français chez Delcourt Comics, qui propose depuis peu une Intégrale. Pourquoi se priver?  



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LE PODCAST LE BULLEUR PRESENTE : LE CHOEUR DES FEMMES


 Dans le 90e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente l'album Le chœur des femmes que l'on doit à Aude Mermilliod, qui adapte ici le roman de Martin Winckler et c'est édité chez Le Lombard. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La réédition de la série Djinn dont les Tomes 1 à 4 du cycle Ottoman sont déjà disponible. Nous la devons au scénario de Jean Dufaux, au dessin d'Ana Mirallès et c'est édité chez Dargaud

- La sortie de l'album Une histoire du nationalisme Corse que l'on doit au scénario d'Hélène Constanty, au dessin de Benjamin Adès et c'est co-édité chez Dargaud et La revue dessinée

- La sortie de l'album Bonjour Offenbach ! Que l'on doit au scénario de Luigi Formola, au dessin d'Antonio Caputo et c'est édité chez Stockdom

- La sortie de l'album Le petit astronaute que l'on doit à Jean-Paul Eid et aux éditions La pastèque

- La sortie de l'album Mon album Platini que l'on doit au scénario de l'historien Sylvain Venayre, au dessin de Christopher et c'est édité chez Delcourt

- La sortie de l'album Le genre, cet obscur objet du désordre que l'on doit au dessin d'Anne-Charlotte Husson, au dessin de Thomas Mathieu et c'est édité chez Casterman



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PATRIA : OEUVRE MAGISTRALE DE TONI FEJZULA CHEZ ANKAMA


 Patria est un récit choral, dans le sens où chacun des personnages y prend la parole, explicite ses motivations, entre en scène et la quitte régulièrement, pour des tranches de vie qui se juxtaposent, se côtoient, se complètent. Un exercice artistique d'équilibrisme narratif, qui est rehaussé par une pluralité des points de vue et des thématiques qui sont abordés, là encore de manière fragmentaire, éparse, sans jamais que le lecteur ne perde le fil d'une histoire qui se densifie au fur et à mesure d'une apparente déconstruction. Patria, donc. Mais de quoi parlons nous ici, de quelle patrie allons nous nous préoccuper? Celle pour laquelle donner son sang, cet idéal nationaliste à défendre jusqu'au dernier souffle, sans jamais prendre le temps de peser sur la balance de l'existence le poids des drames et de la souffrance, engendré au nom de la souveraineté sur un territoire, aussi mince et fragile soit-il? Ici nous sommes aux Pays Basque espagnol, à cette époque pas si lointaine où les membres de l'ETA exigent le paiement d'un impôt révolutionnaire aux plus nantis de la région, pour subventionner la lutte armée dont ils se sont auto proclamés les paladins. Ou simplement celle qui habite nos souvenirs, nos sensations, celle faite d'images, d'odeurs, de sons, celle que nous avons élu et choisi, par affinité, par amour véritable, par pragmatisme? Ces deux propositions sont recevables, à la lecture de cette œuvre monumentale et poignante, signée Toni Fejzula, et librement inspirée du roman à succès de Fernando Aramburu. Le sang coule souvent, et la violence insensée divise même les familles les plus unies, séparent les amis, brisent les rêves de plusieurs générations. Pour rien. Ou si peu. Txato, le mari de Bittori, est assassiné par un triste après-midi quelconque, pour ne pas avoir totalement réglé la somme qui lui avait été demandée. On ne sait pas vraiment qui est l'homme qui a appuyé sur la gâchette, mais tout porte à croire qu'il pourrait s'agir de Joxe Mari, un jeune exalté qui brûle son existence au service d'une cause qui le manipule. Et dont la mère, Miren, est liée avec l'épouse de la victime, par des rapports amicaux, à l'instar des enfants. L'onde de choc est dévastatrice, entre les non-dits, la solitude et l'incapacité de communiquer, la peur et la haine, l'envie de fuir et l'honneur qui dicte ses exigences, et dresse des murailles impénétrables. Les vies de tous se désagrègent lentement, ou radicalement. La maladie, la prison, l'exil, l'indifférence, rythment ces destins croisés et cabossés, ces trajectoires aléatoires qui échappent parfois à la collision mais certainement pas à la sortie de route. 

Miren est de retour dans son village natal du Guipuscoa, et bien que malade et très âgée, sa seule présence ravive douleurs et culpabilités jamais vraiment enfouis. C'est que la vérité, dans Patria, n'existe probablement pas, et n'est probablement même pas au centre des enjeux de ce pavé monumental. Et nous arrivons là à cette seconde acception du terme patrie, à savoir un ensemble sensitif et affectif, qui participe à la définition de notre identité. L'artiste lui-même, Toni Fejzula, explique parfaitement dans une postface captivante son rapport à cette problématique, entre sa nationalité serbe, son attachement pour la ville de Belgrade, et son être espagnol aujourd'hui. Il n'y a pas de vérité géographique sans réalité historique, et chacun s'accommode de menus mensonges, voire de terribles trahisons, tant qu'elles servent les desseins personnels. La situation dans les Balkans, les attentats nationalistes de l'organisation basque, tout ceci au nom d'idéaux cauchemardesques qui sont emportés par le temps, comme le sable par la mer. L'obsolescence de la lutte, qui ne laisse que des cicatrices. Qui a vraiment assassiné Txato? Le pardon est-il encore possible pour Joxe Mari, dont la jeunesse a fané année après année dans les geôles espagnoles? Ce même pardon, serait-il capable de le demander, de s'amender en partie, ou la haine dévorera t-elle jusqu'à son dernier souffle? On a rarement lu quelque chose d'aussi fort, d'aussi vrai, d'aussi beau, tout simplement. Huit personnages en quête d'une paix qui leur a été arrachée sans raison, sans crier garde, au bout du canon d'un revolver. Chacun fait entendre sa voix, tâtonne pour trouver sa voie, et Fejzula use d'une science extraordinaire à travers l'emploi de couleurs subtilement différentes, tout en parvenant à gérer le tour de force d'illustrer le temps qui passe, et transforme aussi bien les corps que les âmes. Le trait peut sembler brut, et rebuter le lecteur à la recherche d'un réalisme photographique, pour autant chaque vignette, sans la moindre exception, est un concentré de sensations, d'émotions, et parvient à en dire bien plus dans la suggestion, qu'en assénant de lourdes évidences convenues. Le travail sur les textures, les couches successives, l'évanescence du contour même des cases, le montage des planches, tout dénote une maîtrise totale, absolue, d'un artiste qui aime à réinventer, pour explorer de nouveaux horizons, et qui ici atteint une maturité et une plénitude remarquables. L'adaptation (libre) du roman de Fernando Aramburu accouche d'une excroissance qui parvient à dépasser sans rougir les ambitions de l'œuvre originelle, et sans jamais hausser la voix, transmet ce cri du cœur que les membres de ces deux familles déchirées n'ont jamais pu étouffer, cette paix bafouée qui trouve peut-être, pour la première fois, une chance de se réaliser, avec un armistice et la décision de l'ETA de rendre les armes, point de départ d'un voyage humaniste et historique extraordinaire. Ajoutons que la forme a su se hisser à la hauteur du fond, tant Ankama a soigné la version française de Patria. De la qualité du papier à la richesse du rédactionnel, l'objet est tout simplement sublime, un travail d'adaptation comme on souhaiterait en voir souvent, toujours. Vous lirez bien peu de choses cette année, aussi touchantes, ou simplement belles, que ce chef d'œuvre de Toni Fejzula. 

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JUSTICE LEAGUE : SECONDE CHANCE AVEC LE SNYDER'S CUT


 C'est l'histoire d'un film qui s'est retrouvé en salle sans pouvoir se reconnaître. Comme si le photographe chargé d'exécuter votre portrait se permettait de retoucher la coiffure, d'ajouter des moustaches, et de modifier la couleur des yeux. Du coup, l'échec relatif du long métrage de la Justice League criait vengeance. La grande interrogation était : où voulait vraiment en venir Zack Snyder, avec quelles armes, vers quel grand dessein? Admettons-le, le charcutage de Joss Whedon n'avait rien d'un plat de fin gourmet, aussi hésitions nous entre le risque d'une indigestion définitive (quatre heures ou presque...) et un rachat inespéré. Le Snyder's cut, un beau jour, est finalement arrivé. L'essentiel réside bien entendu dans le film, l'histoire en elle-même. Et là les temps sont durs, les temps sont sombres, chez les héros Dc. La violence et le terrorisme semblent être devenus monnaie courante (dans le premier quart une scène d'attentat déjoué par Wonder Woman, vraiment spectaculaire et bien troussée, vient annoncer la couleur) et l'espoir qu'incarnait la figure héroïque de Superman repose entre quatre planches, ce qui ouvre aussi la porte à des menaces plus grandes encore que tout ce qui a été aperçu précédemment. Ce n'est donc pas un hasard si depuis quelques temps on peut croiser des paradémons à l'appétit aiguisé par la peur, et si les différentes "boites mères" (les "mother box" permettant de créer des tunnels boom, et chers au Fourth world de Jack Kirby) se trouvant sur la planète, se mettent à s'agiter et envoyer des signaux préoccupants. L'envahisseur arrive, et pas uniquement pour prendre un apéritif au bar du coin. Steppenwolf, le grand méchant du film, est au service de Darkseid, mais à lui seul il possède suffisamment de pouvoir pour mettre la pâtée à n'importe quel justicier masqué. Les amazones subissent une déroute mémorable. Seul un certain kryptonien pourrait l'arrêter, mais justement, le monde n'a pas encore fini de le pleurer. Du coup, c'est Bruce Wayne et ses ressources faramineuses qui va devoir s'y coller. Pour parer à la menace, une chauve-souris ne suffira pas, mais une équipe de types à super-pouvoirs, ça pourrait le faire? Aidé par Wonder Woman, Batman part faire du recrutement, et à l'ère de Linkedin et d'Internet, il préfère des entretiens face à face, qui ne sont pas tous aussi probants que prévus. Mais l'important, c'est que Steppenwolf arrive, ainsi la Justice League n'aura-t-elle d'autre alternative que de se former, et de partir à l'assaut pour sauver les meubles. Au fait, Steppen who? Nous, nous le connaissons, mais imaginez la tête des novices qui ont l'intention de se divertir en ayant comme uniques point de repère Superman, Batman, et le Flash de la série CW. Pas certain qu'ils accrochent à ce super vilain, dont l'animation motion capture accuse quelques ratés, et ne décrochera pas l'oscar du genre (on note toutefois des améliorations dans cette nouvelle mouture). Mais bon, réjouissez-vous, avec le Snyder's cut, Darkseid aussi est porté à l'écran. Orgasme de geek assuré. 



Vox populi, vox dei. Un axiome qui a encore plus de force à l'ère des réseaux sociaux, qui ont vu fleurir le hashtag #ReleasetheSnyderCut et une campagne active, pour que ce saint Graal du fan de Superman et consorts sorte enfin des cartons. Une pression qui trouve des alliés inattendus en la personne du coronavirus, qui paralyse les tournages en cours ou prévus, et en la crise larvée chez HBO, à la peine pour trouver du contenu original et de qualité susceptible de booster le nombre des abonnés à sa plateforme de streaming. Du coup, c'est une jolie enveloppe de 70 millions de dollars qui est allouée afin que puisse aboutir cette seconde mouture survitaminée et plus fidèle aux intentions de départ. Snyder jubile mais initialement ne sait plus sur quel pied danser. Serait-il bon de proposer un film monolithe, un pavé gargantuesque, ou au contraire de tout miser sur une mini série en quatre ou six volets? Au final ce sera un travail hybride, et fascinant. Non, cette Justice League n'est pas le miroir parfait du projet de départ de Snyder, mais bien une nouvelle vision, fruit de l'eau qui a coulé sous les ponts, le dépoussiérage et remaquillage d'un film qu'on avait assassiné, mais dont on apprend en fin de compte qu'il avait un frère jumeau. Ou presque. Car le réalisateur a également des comptes à régler, avec ces mêmes grands pontes de la production, qui lui ont bien signifié que l'avenir s'écrira sans sa personne, sans ses idées, sans son esthétique. Tant qu'à baisser le rideau, autant que ce soit dans une orgie pyrotechnique élégiaque. Et c'est ce que fait le bon Zack, usant et abusant de ralentis qui à eux seuls diluent la sauce pour toute la tablée. La Justice League évolue dans un tableau fort sombre, sous des couleurs sursaturées du début à la fin d'un film qui a le goût de l'acier et de l'ozone. On s'y cogne en prenant la pose, chaque coup et chaque attitude relèvent plus d'un mythe en cours d'écriture que du super héroïsme pur et dur. La logique narrative, la construction rationnelle est bouleversée par l'envie d'en découdre, de tous (des personnages et de Snyder lui-même) produisant un effet de surenchère permanent dans le merveilleux, le spectaculaire, sans prêter attention aux moyens déployés pour atteindre la cible. Tous les coups sont permis, mon cher Darkseid. En parallèle le film joue parfois aussi la carte de l'humour. Même le Batman de Ben Affleck, atteint de sinistrose aigue précédemment, y va de son petit numéro d'humour cabotin, et le Flash de Ezra Miller crée un décalage permanent avec les autres, avec son sentiment d'insécurité et de précarité dans le métier, qui en fait une sorte de transfuge des films Marvel, perdu au royaume de la Distinguée Concurrence. Aquaman (Jason Momoa) est toujours ce matador badass qu'on devinait, mais suinte aussi la vulgarité de ces gros bras de quartier qui se complaisent à mater les plus faibles, à la force de biceps qui leur servent de cerveaux. Rien de royal chez cet Arthur Curry là, qui tient plus du repris de justice (League) hipster. Cyborg est une bonne surprise, son rôle n'est pas que mineur, et il a droit à un traitement respectueux, au point qu'il apparaît décisif pour la résolution de l'intrigue. Wonder Woman (Gal Gadot, naturellement) est fidèle à elle même, à savoir fort limitée dans les expressions faciales et dans l'explosion de sa rage, mais disons le franchement, un regard en coin, malicieux, et voilà qu'on lui pardonne beaucoup. Ce n'est donc pas le panthéon du genre qui est l'objectif fixé par Zack Snyder, mais plutôt le blockbuster ultime, décomplexé et nombriliste, tel le boxeur qui sait déjà qu'il a perdu le combat pour le titre, mais qui assurera le spectacle pour les foules, jusqu'à l'ultime round, à la barbe de la technique et de la subtilité, à coups de béliers et de grands moulinets. Du reste, ne voici pas que s'élève la clameur du public, juste sur le gong? #ReleaseThe SnyderVerse! A suivre au prochain épisode? 


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LE PODCAST LE BULLEUR PRESENTE : WANTED LUCKY LUKE


 Dans le 89e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente l'album Wanted Lucky Luke que l'on doit à Matthieu Bonhomme et qui est édité chez Lucky comics, filiale de Dargaud. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La sortie de l'album Alicia Prima Ballerina Assoluta que l'on doit au scénario d'Eileen Hofer, au dessin de Mayalen Goust et c'est édité chez Rue de Sèvres

- La sortie de l'album George Sand, ma vie à Nohant que l'on doit au scénario de Chantal Van Den Heuvel, au dessin de Nina Jacqmin et c'est édité chez Glénat

- La sortie de l'album Fake news, l'info qui ne tourne pas rond, titre que l'on doit au scénario de Doan Bui, au dessin de Leslie Plée et c'est édité chez Delcourt

- La sortie de l'album Comment devenir un auteur à succès (ou, à défaut, un critique acerbe) que l'on doit à La Mine et aux éditions Delcourt dans la collection Pataqués

- La sortie de l'album Impact que l'on doit au scénario de Gilles Rochier, au dessin de Deloupy et c'est édité chez Casterman

- La sortie de l'album Underground que l'on doit au scénario d'Arnaud Le Gouëfflec, au dessin de Nicolas Moog et c'est édité chez Glénat


 

INTÉGRALE THE PUNISHER 1974-1981 : FRANK CASTLE DANS LES SEVENTIES


On ne pourra pas reprocher à Panini Comics de ne pas faire preuve de courage éditorial avec sa collection intégrale, ces dernières semaines. Après le super groupe canadien de la Division Alpha, que nous désespérions de voir proposer dans cet écrin, c'est autour du Punisher d'avoir droit à son moment de gloire. Le timing est audacieux, car soyons objectifs, le personnage n'a plus les faveur des pontes de Marvel, depuis que ce qu'il représente, à commencer par son célèbre crâne blanc arboré sur la poitrine de Frank Castle, a été récupéré par une frange  conservatrice et violente de la société américaine, forces de l'ordre en tête. Même si beaucoup nient encore cette évidence, il n'y a plus la moindre série régulière en vue. Ensuite un certain temps s'est écoulé depuis la série The Punisher sur Netflix, et aucune saison 3 n'est envisagée pour le moment, depuis que Disney + a récupéré les droits d'adaptation. Pour autant, voici que débarque le célébrissime anti-héros dans la collection Intégrale! Ce premier volume ne s'intéresse pas aux aventures à proprement parler du Punisher, mais nous montre ses toutes premières apparitions, qui pour la plupart ont eu lieu sur les pages de Spider-Man. Il faut dire qu'au commencement Castle a été recruté pour un contrat (Amazing SM #123), par un des ennemis récurrents du tisseur de toile, le Chacal. Ce n'est pas un "vigilante" qui fait dans la finesse ou l'introspection qui nous est offert, c'est un personnage facilement manipulable et totalement obsédé à l'idée de tirer sur Spidey. Mais attention, Gerry Conway le dote d'un code d'honneur, pas question d'éliminer un adversaire groggy ou à terre, le Punisher entend bien mener sa mission sur un certain pied d'égalité, avec des armes assez farfelues, comme ce fusil qui déploie un filin résistant pour bloquer Spider-Man. Castle a déjà un sale caractère, et lorsque le Chacal l'encourage à hâter l'issue fatale, il hérite d'une baffe monumentale qui l'envoie dans les cordes. Bien entendu, même l'aspect physique (le dessin est de Ross Andru) est ici bien éloigné de ce qu'on peut trouver aujourd'hui. L'homme est déjà vieillissant et pratiquement dégarni des tempes, c'est un ancien combattant désabusé et sauvage, qui va rajeunir avec le temps. Sa seconde apparition est véloce, quelques mois plus tard, à l'occasion d'un combat contre le terroriste Tarantula, et ses redoutables bottines à dards empoisonnés. Dans un de ces quiproquos typiques des histoires de super-héros, le Punisher intervient en étant persuadé que les deux types en costumes devant lui sont de mèche, avant de se raviser, et de faire équipe avec Spider-Man à la fin du second épisode concerné par ce récit. Surprise, si Castle se moque bien de l'idéalisme angélique de son partenaire du jour, on croit rêver lorsqu'il se contente de traîner ses victimes assommées, comme de vulgaires sacs de pommes de terre, à remettre à la police. L'idée de Conway est d'emblée de placer le Punisher du bon coté de la barrière morale, d'en faire une victime de la violence urbaine (dois-je vraiment vous rappeler les origines du personnage, la famille assassinée lors d'un règlement de compte entre mafieux, dans Central Park?), sans pour autant qu'il soit possible de le justifier pleinement, ou d'en faire un exemple à suivre. 


Nous avons parlé de quiproquos. Voilà un artifice usé jusqu'à la corde, en ces belles années "vintage". La plupart du temps les "bons" finissent par rencontrer un congénère avec lequel ils se battent, sans raison apparente, si ce n'est une incompréhension passagère, comme par exemple un criminel qui se déguise et interprète le rôle d'un des contendants. C'est ainsi qu'un peu plus loin dans cet album, le Punisher est confronté à Spider-Man (once again) et à Nightcrawler, des X-Men, à la recherche d'un sniper dont tout le monde ignore la véritable identité. Tout ceci ne dépose pas en faveur des capacités cognitives et stratégiques de Frank Castle, qui il faut bien le dire passe le plus clair de son temps, dans les années 70, à endosser le costume du bourrin qui tire, avant d'émettre une faible pensée critique. Ces épisodes là jouent sur le même registre. Une menace criminelle apparaît (un détournement, l'enlèvement de JJ Jameson) et la route du Punisher et de Spider-Man se croisent. Les deux font la fine bouche (et parfois se tapent dessus) mais on les retrouve vite ensemble, pour un team-up du désespoir, où la résolution confirme que oui, le Punisher est bien plus cruel et pratique que le Tisseur, mais que oui aussi, il lui reste un semblant d'humanité, et ce ne sera jamais un vrai méchant (quand au sommet de la Statue de la liberté, il doit choisir entre sauver la vie de Peter Parker, ou de s'occuper d'un criminel qu'il souhaite éliminer, il opte pour la main tendue envers son allié du moment). Les enjeux se corsent un peu avec Marv Wolfman, qui écrit un Punisher encore plus sensible de la gâchette, qui tire sans se poser de questions, y compris sur l'Araignée! Avant que le lecteur ne pousse un gros soupir de soulagement, et remercie les balles en caoutchouc...  Ce qui est valable pour Spider-Man l'est tout autant, voire plus, pour d'autres rencontres fortuites, comme lorsque le Punisher est face à face avec Captain America. Les idéaux de ces deux-là sont fort éloignés, mais le respect du drapeau et de la justice chez Castle est réel, ce sont les moyens d'action qui alimentent le conflit inévitable, que nous retrouvons aussi dans cette première Intégrale. Soulignons également que le nom de Frank Miller apparaît en gros sur la couverture, juste après ceux de Conway et Andru, mais sa contribution est mineure, se cantonne aux dessins d'un annual, qui au final n'apporte pas grand chose de très original à un schéma qui se met en place peu à peu, quitte à ronronner. Nous sommes encore loin de ce que va devenir le Punisher dans les années 80, avec un discours qui va se radicaliser et s'éloigner dans un premier temps de l'univers des super types en costumes, pour se concentrer sur les ravages d'une guerre des gangs, de la drogue, des armes, qui à l'époque mettent l'Amérique de Reagan à très dure épreuve. Ce premier tome est alors une mise en bouche, les prémices d'un phénomène éditorial important et en devenir, qui s'insère dans une époque où l'idée de dompter le feu par le feu commence faire son chemin, à séduire de nombreux adeptes, n'en déplaise à Spider-Man et son angélisme à l'épreuve des balles. 


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LE RETOUR DU MESSIE : VERSET 1 CHEZ DELCOURT COMICS


 Il arrive parfois que certains éditeurs ratent le coche. Ils reçoivent de bonnes histoires, une opportunité de présenter une série de qualité, susceptibles d'être un vrai succès dans le temps. Mais voilà, comme au tennis en final d'un tournoi du grand chelem, le bras peut devenir lourd, face à la pression. En l'occurrence, la pression des associations chrétiennes intégristes, d'un certain lectorat "bien pensant" qui a réagi épidermiquement dès l'annonce du projet de Second Coming (le titre Vo) initialement présenté par DC Comics. Oui, cela peut sembler incroyable qu'en 2021 ce genre d'histoire puisse effrayer, faire s'insurger, autant de personnes à la fois, mais toujours est-il que Mark Russell a du changer son fusil d'épaule, et s'en aller publier son récit ailleurs, chez Ahoy Comics. L'ignorance crasse. Et pourquoi donc? Car l'ouvrage (une mini série en six volets, une seconde est déjà en cours) met en scène Jesus-Christ, fils de Dieu, de retour parmi l'humanité. La première fois qu'il était descendu des cieux, c'était pour "réparer" les erreurs de son père, et remettre l'Homme dans le droit chemin. Nous savons tous comment ça c'est (mal) terminé, sur une croix. Depuis Jésus n'a pas eu l'occasion de se tenir au courant des événements, presque par punition; car Dieu est déçu d'avoir un fils aussi peu enclin à se faire respecter, à savoir hausser le ton quand les conditions le requièrent. Le pardon, tendre l'autre joue, ce n'était pas la manière rêvée, pour s'attirer les grâces de ce géniteur farceur et désabusé, qui n'a guère d'illusions sur sa création (il regrette d'ailleurs d'avoir utilisé l'Adn des primates, n'en déplaise à celles et ceux pour qui Darwin n'est qu'un imposteur). 2000 ans plus tard donc, tout est appelé à changer. Jésus revient (parmi les siens?) et il va avoir un exemple à suivre, un modèle lui permettant de se réajuster à l'époque en cours, d'en comprendre les enjeux, et le modus operandi nécessaire pour survivre en société. Ce sera son colocataire, qui n'est pas n'importe qui, mais bel et bien Superm... euh pardon, Sunstar, le plus grand super-héros de l'univers pensé par Mark Russell. Les pouvoirs sont plus ou moins les mêmes, mais pas la vie quotidienne. Sunstar est plus violent, expéditif, et son couple est voué à une union stérile; impossible d'avoir un enfant, même par adoption. On ne peut pas sauver le monde en douce, avoir une identité de policier le jour, et être ponctuel aux rendez-vous les plus importants. Sunstar et Jésus, une doublette inattendue, et qui fonctionne, d'une certaine façon. 


Le reproche le plus fréquent que j'ai pu constaté, en ce qui concerne ce Retour du Messie, serait de ne pas oser aller aussi loin que possible dans la manière de désacraliser le texte biblique, de ne pas profiter pleinement du potentiel religieux pour en donner un aperçu décapant et approfondi. Mais est-ce bien l'ambition de Mark Russell? Le premier épisode revient avec sagacité sur les contradictions du christianisme, le message de Jésus, les ambitions du plan supposé de dieu, envers sa création, les hommes. Mais la suite est aussi un comic boook d'aventure, drôle et mordant, pas une leçon théologique assénée sans grâce. On finit d'ailleurs par ne pas comprendre ces fondamentalistes qui n'ont de toutes façons pas lu l'ouvrage, car le Christ y est présenté sous un jour plutôt flatteur. Certes, le scénariste le brocarde à plusieurs endroits, et on peut trouver son comportement un peu naïf, mais au final, sommes-nous si loin du message des Evangiles? Jésus n'arrête pas des criminels que Sunstar a mis en fuite, au contraire il soigne leurs blessures et les laisse partir. Il finit par goûter au cachot de la ville, car incapable de se départir de son message de paix et de tolérance, même face aux nazillons qui le provoquent. Ou encore, et c'est le point crucial, il refuse de recourir aux "miracles faciles" pour convaincre ses nouveaux fidèles, mais insiste sur l'importance d'ouvrir son cœur, sans contrepartie évidente. Ce Jésus là est éminemment révolutionnaire, car notre monde n'a guère changé depuis sa "première apparition". Nous continuons à nous nourrir de notre nature avide, cupide et violente, et un message de paix et d'amour universel reste inaudible, ou source de tant de quiproquos que cette histoire en est amusante par essence, car jouant sur l'infinie distance qui sépare les textes sacrés de la façon dont on les a traduits/trahis , et notre existence présente où tout n'est que compétition et course en avant. Le dessin est lui partagé entre Leonard Kirk et Richard Pace, dès lors que les séquences à représenter sont axées sur l'histoire proprement dite, ou que ce soit le religieux qui prime. Globalement ils sont de bonne facture, et collent particulièrement bien à l'ambiance de ce titre, qui aurait pu tomber dans la facilité de "l'indie comic" et proposer des planches un peu plus indigentes ou hermétiques. Ici personne ne se sent perdu ou lésé, et le plaisir de lecture est évident. Et si finalement les seuls à rester sur leur faim étaient ceux qui espéraient trouver dans ces pages une critique au napalm du fait religieux, du christianisme? Mark Russell a visiblement d'autres ambitions. Proposer une histoire qui tient debout, qui fait réellement sourire, et qui possède un vrai fond intéressant, ce qui confirme qu'un doute sincère, même sarcastique, caustique, vaut mieux qu'un dogme tout prêt, que ce soit celui du croyant aveuglé ou de l'athée qui veut absolument en découdre. Ici la liberté de créer, de raconter, emporte l'adhésion sur tout le reste. 



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LE PODCAST LE BULLEUR PRESENTE : LISA ET MOHAMED

 


Dans le 88e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente l'album Lisa et Mohamed, que l'on doit au scénario de Julien Frey, au dessin de Mayalen Goust et c'est édité chez Futuropolis. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La sortie de l'album Presque que l'on doit à Cathy Karsenty et aux éditions du Seuil

- La sortie de l'album Fluide que l'on doit au scénario de Joseph Safieddine épaulé par Thomas Cadène, au dessin d'Adam Benjamin et c'est édité chez Dargaud

- La sortie de La grande panne, premier tome d'une série baptisée Happy End que l'on doit au scénario d'Olivier Jouvray, au dessin de Benjamin Jurdic et c'est édité chez Le Lombard

- La sortie de l'album Chez toi que l'on doit à Sandrine Martin et aux éditions Casterman

- La sortie de l'album En toute conscience que l'on doit au scénario d'Olivier Peyon, au dessin de Livio Bernardo et c'est édité chez Delcourt

- La sortie de Pile et face, premier tome de la série La peau de l'autre que l'on doit au scénario de Serge Le tendre, au dessin de Gaël Séjourné et c'est édité chez Bamboo dans la collection Grand angle

 

 
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UNIVERSCOMICS LE MAG' #10 AVRIL 2021

                  UNIVERSCOMICS LE MAG'




Mensuel et gratuit. Format Webzine et PDF

Chaque mois, la revue s'articule autour d'un thème précis, évoque l'actualité des comics et du cinéma, propose des interviews avec des artistes internationaux, et un portfolio. 





Le numéro en cours (#10 avril 2021)




UniversComics Le Mag' #10 de avril 2021. 80 pages. Gratuit.
Téléchargez la version PDF ici :



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Pour lire en ligne :
COMICS, RELIGION ET MYTHOLOGIE
Sommaire
* Le dossier : Comics, mythologie, religion.
* Jésus Christ et les comics : le plus grand des superhéros?
* #AvengersEndgame la mythologie moderne sur grand écran, avec Anthony Huard
* Et l'homme créa les dieux chez Futuropolis album de #JosephBehe. De Eddy Maniette (Le Bulleur podcast)
* #ThorRagnarok La fin des dieux nordiques avec Alexandre Chierchia
* Interview #GiuseppeCamuncoli. En collaboration avec Filippo Marzo de la chaîne #ComicsReporter
* Focus : Thor. Guide de lecture, les différents "Thor" de l'univers Marvel.
* Le portfolio du mois d'avril
* Preview. Découvrez le #KabukiFight de
Vincenzo Viska Federici
sortie prochaine chez Editions Reflexions
* Focus. Admirez les premières pages de l'Anneau du Nibelung, qui vient de sortir chez Neofelis Editions
* Guide de lecture VF du mois d'avril
Cover signée Tomas Tellez. Concepteur graphique the mighty #BenjaminCarret
Nous remercions tout particulièrement les éditions Neofelis, Réflexions, et Delcourt, pour leur aide, leurs conseils, le soutien apporté. Ainsi que Filippo, grazie!
Pour nous aider, c'est très simple.
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BIG GIRLS DE JASON HOWARD : 404 COMICS ENTRE EN JEU


Le rôle des femmes n'a pas toujours été celui d'occuper la première place dans les comics traditionnels; ce n'est pas un hasard si dès les années 60 Marvel propose à Janet Van Dyne d'incarner le rôle de la Guêpe chez les Vengeurs, alors que Susan Storm-Richards est la Femme Invisible. Toutes petites ou bien carrément impossibles à voir, elles restent dans les coulisses et ne montrent que rarement le bout de leur nez. Inversement les hommes tirent la couverture à eux. Ils sont Giant Man ou Superman par exemple. Dans Big Girls la situation s'est inversée; Disons que les hommes ont tendance à devenir, par la suite d'un mystérieux virus, des créatures géantes et monstrueuses, héritées des kaijus japonais, qui finissent par semer le trouble et dont il faut se débarrasser. Et pour leur faire face, quoi de mieux que des femmes géantes, une "justicière" capable de mettre fin à cette menace de taille XXL, en rivalisant sur le plan de la stature et de la force brute? 



404 comics débarque donc dans le panorama des éditeurs français du genre avec deux titres (Dunce étant l'autre) dont celui-ci qui est de très loin l'album qui aiguisait le plus mon appétit. Le discours féministe est évident même s'il n'atteint pas non plus des sommets de philosophie moderne, car il s'agit avant tout d'une aventure adrénalinique, où on peut regretter un tantinet le côté bourre-pif permanent et où le spectacle prend souvent le dessus sur la pensée. Les personnages n'ont ainsi pas le temps d'être sérieusement travaillés, appréhendés. Toutefois Big Girls mérite vraiment qu'on s'y attarde, la qualité de l'ouvrage est indéniable, aussi bien dans la finition de l'objet que dans l'histoire qui est proposée à l'intérieur; d'ailleurs même si les femmes sont géantes elle restent assujetties à une certaine forme de domination masculine, puisque assignées à une mission bien précise, même si c'est elles qui reflètent la capacité de s'insurger, d'éprouver de l'empathie, de ne pas forcément obéir aveuglément à des ordres qu'on devine jusqu'au-boutistes. Avec Ember, Jason Howard introduit le ver dans la pomme, cette pensée libre et autonome, qui ne se plie pas si simplement à la hiérarchie et à ce qui est attendu. C'est le détonateur de l'histoire, son glissement vers l'intime. Jason Howard est clairement pour l'ouverture d'esprit, refuse le repli sur soi, les certitudes granitiques qu'on assènent et valent comme un dogme. Bons ou mauvais, belles ou monstrueux, ce n'est pas forcément à l'apparence qu'il faut s'arrêter, mais bien au delà de la première impression qu'il faut aller chercher le peu de vérités qu'on peut encore mettre à jour. Les amateurs de manga, eux, ne seront pas totalement dépaysés dans Big Girls, tant le dessin lorgne vers ce style, sans jamais le présenter purement et simplement en tant que tel. Les contorsions des personnages, la manière d'aborder l'action, qui explose d'une page à l'autre et mange l'espace, tout ceci finit par créer un joli crossover artistique, du comic book affranchi et perméable à ce qui vient d'ailleurs. Comme d'ailleurs la leçon qu'on peut retirer de ce Big Girls. N'ayez pas peur de la différence, et ne restez pas cristallisés sur votre première impression. Où Ember s'occupera de votre cas, que vous soyez monstrueux ou pas. 

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MAJOR X : QUI EST MAJOR X ? (ROB LIEFELD IS BACK)

 


Presque trente ans après avoir écrit la légende, avec le personnages de Cable ou l'apparition de la X-Force, Rob Liefeld remet le couvert chez Marvel, pour une mini série du nom de Major X. Oui, Liefeld. Qui ignore encore le gabarit de l'artiste? C'est qu'il est à la fois un de ceux qui ont le plus marqué les années 90, et un de ceux que le public se plait à détester. Il est parfois adulé, d'autre fois cruellement moqué. C'est que Robert Liefeld n'est pas un dessinateur "classique", qui a suivi des écoles d'art, et dont les fondamentaux sont brillants. C'est un self made man, qui très jeune a appris sur le tas, en se concentrant sur l'aspect spectaculaire, sur le mouvement, l'explosion graphique, au détriment d'un réalisme anatomique presque toujours pris en défaut. Et puis c'est une autre époque, une autre manière de voir les choses. Les années Image, première mouture, où la qualité de l'histoire s'efface derrière des couches d'effets spéciaux, qui ne prennent pas en compte le bon goût, juste le résultat. La fin justifie les moyens. Liefeld signe le scénario de Major X, mais en fait il se contente de dessiner les volets inauguraux et finaux de l'ensemble, comptant sur la talent de Brent Peeples (un peu plus appliqué et classique) et Whilce Portacio (autre transfuge des années 90, qui nous fit rêver avec les X-Men) pour boucler un récit dont personne n'avait eut l'idée, et pour cause, car personne n'en voyait l'intérêt.



Il s'agit en fait de Liefeld for fans. C'est à dire une histoire qui récupère tous les codes du genre (voyages dans le temps, timeline menacée et nécessité de revenir en arrière pour changer le futur) et les personnages qui vont avec (Deadpool, Wolverine, Cable, bref toute la ribambelle qui trente ans plus tôt furent les clés d'une ascension rapide pour un jeune artiste aux dents longues). Le Major X débarque d'une sorte d'îlot de calme et volupté pour les mutants, un royaume privé où ils se la coulent douce, dans un lointain futur, mais menacé par une disparition subite. Qui est Major X, annonce le titre, avec un héros phare doté d'un casque orné d'un grand X central, sorte de viseur rappelant celui de Scott Summers dans sa période "je viens d'endosser le rôle du plus grand terroriste mutant recensé", et un code couleur assez classique (Deadpool-esque)? La réponse est banale et sortie de nulle part, dès la fin du premier numéro. On préfère vous la taire, si l'envie vous vient d'en savoir plus. Pour maintenir le lecteur en haleine, Liefeld ne peut pas compter sur un talent de conteur hors norme, alors il ressort l'artillerie lourde, héritée (encore une fois) des années 90. Autrement dit on tape d'abord, on s'explique ensuite. On sort les griffes avant la poignée de main. On tire à vue, sur qui, on s'en rend compte ensuite. Bref, c'est du Rob Liefeld, c'est du comic book avec des héros sous perfusion de testostérone, qui grimacent rien qu'en soulevant une tasse de café, dotés de mâchoires si anguleuses qu'on pourrait y dessiner un rectangle à main levée. Reste à savoir si en 2021 vous aurez encore envie de lire ce genre de récit. 

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LE PODCAST LE BULLEUR PRESENTE : LE REGARD D'UN PERE

 


Dans le 87e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente l'album Le regard d'un père que l'on doit à Laurent Bonneau et aux éditions Des ronds dans l'O. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La sortie de Vanko 1848, premier tome de la série La fortune des Winzclav que l'on doit au scénario de Jean Van Hamme et au dessin de Philippe Berthet. L'album est édité chez Dupuis.

- La sortie du Fort des landes, premier tome de la série Les âges perdus que l'on doit au scénario de Jérôme Le Gris, au dessin de Didier Poli et c’est édité chez Dargaud

- La sortie de l'album Discount héros que l'on doit au scénario de James, au dessin de Boris Miroir et c'est édité chez Fluide glacial

- La sortie du premier tome de la série Le canonnier de la tour Eiffel que l'on doit au scénario conjoint de Jack Manini et Hervé Richez, au dessin de David Ratte et c'est édité chez Bamboo dans la collection Grand angle

- La sortie du premier tome de la série Le tatoueur que l'on doit au scénario de Matz, au dessin d'Attila Futaki et c'est édité chez Bamboo dans la collection Grand angle

- La sortie de Wild Mustang Saloon, deuxième tome de la série Julie Doohan que l'on doit au scénario de Thierry Cailleteau, au dessin de Luc Brahy et c’est disponible aux éditions Delcourt

Pour écouter le podcast :

 
 

COSMOPIRATES TOME 1 : CAPTIF DE L'OUBLI (JODOROWSKY / WOODS)

 Xar-Cero est typiquement le genre de mercenaire sur lequel on peut compter. Si vous avez une mission à exécuter, soyez certain qu'il ir...